Le concept de communication sociale, développé dans les années 1970, recouvre des réalités
très diverses mais souvent figées dans des codes qui peinent aujourd’hui à atteindre leur
public. Avec une problématique : délivrer un message militant à un public qui l’est de moins
en moins…
Parce que les années soixante véhiculaient l’idée qu’il y avait une place pour une communication
différente de celle diffusée par les mass média en pleine expansion, avec l’explosion de la télévision
et de la publicité, elles ont vu naître des médias engagés, qui ont largement échoué dans
l’audiovisuel mais ont trouvé un terreau fertile dans les milieux associatifs jusqu’à la fin des années
soixante-dix. Depuis, le concept de communication sociale a été récupéré par le marketing des
grandes causes sociales et par la communication d’entreprise. Il recouvre ainsi des réalités très
diverses. Toutefois, dans les milieux associatifs et militants, la communication sociale a conservé
son sens et sa vocation première : la mise en œuvre de politiques et de pratiques d’information par
des organismes ne relevant pas du secteur marchand stricto sensus.
Une communication non commerciale
Hervé Collet, consultant en communication, auteur de Communiquer : pourquoi, comment ? et
défenseur de l’idée d’une altercommunication, distingue dans le champs de la communication
sociale trois types d’acteurs :
Ceux de l’économie sociale qui se réclament de la notion d'intérêt général ou à but non
lucratif : les mutuelles, les coopératives et les associations gestionnaires.
Ceux du monde militant, des syndicats, associations, organismes de droit public proches du
système associatif comme les comités départementaux du tourisme ou les conseils
consultatifs.
Ceux de la société civile.
Or depuis une dizaine d’années, le mutualisme ayant été soumis aux règles de la concurrence et le
militantisme à une grave crise de l’engagement citoyen, on a vu certains secteurs basculer de la
communication sociale au marketing pur et simple, abandonnant des codes jugés vieillots et
inefficaces.
Ainsi, les coopératives et les mutuelles ont-elles désormais une communication très proche de celle
des entreprises et rejoignent bien souvent le secteur de la communication commerciale. Elles
conservent cependant la volonté d’offrir un service, un conseil, une fonction d’accompagnants qui
passe le plus souvent par une information qui se veut utile, indépendante de tout lobbying : articles
de prévention santé, conseil juridique, sujets de société. A ce titre, elles demeurent dans le champ de
la communication sociale. Mais, on le voit, leur positionnement est délicat : comment faire la
promotion de ses services sans être assimilé au secteur marchand ? Comment obtenir des
adhésions ? une participation ? un engagement ? Comment convaincre, dans le cas d’une
association ou d’un organisme militant, sans céder aux codes publicitaires que l’on réprouve par
ailleurs et dont l’utilisation jetterait le discrédit sur les valeurs défendues ? C’est donc tout
naturellement dans le secteur associatif, et plus particulièrement dans les milieux socioculturels, que
les résistances à la communication et à la publicité sont les plus fortes. Mais c’est aussi là qu’ont
émergé de nouveaux modes de communication sociale. Ainsi, Aids détourne les codes de la
communication commerciale afin de capter un public qui réagit plus volontiers à une pub Coca-
Cola qu’à un message de prévention sur le Sida… Moyennant quoi, l’association reste cohérente
avec les valeurs qu’elle défend (elle ne cautionne pas la publicité commerciale et son