
société, où le criminel devait se purifier avant de pouvoir reprendre sa place dans son groupe
social.
Dans cette définition on peut s’interroger : qu’est-ce qu’une infraction grave ? le critère de
gravité est-il toujours valable pour classifier des infractions, des déviances réelles ou
supposées ? Mais il est intéressant de souligner l’importance de la volonté de remettre dans le
droit chemin l’auteur de l’acte considéré hors norme.
En tout état de cause, le châtiment est donc une peine, une sanction qui a pour objet de punir
le déviant, le contrevenant, le délinquant, le criminel, l’insurgé, le révolté, le rebelle,
l’insoumis, l’indiscipliné,… toutes ces figures d’être en opposition ou en transgression des
règles qu’une Autorité (mandatée, imposée, reconnue, choisie, élue) va réaffirmer par le
pouvoir de la sentence pour garantir la stabilité du groupe social. Le châtiment corporel se
distingue donc de la vengeance privée et suppose l’intervention de la société pour produire la
référence et les limites à ne pas dépasser. Ce qui est complexe pour notre époque, car la
pluralité des sources de ce qui peut faire autorité s’entrecroisent (de la pyramide au réseau ?
renvoi de lecture François OST et Michel VAN DE KERCHOVE) ; et l’étau se resserre
autour de la famille nucléaire premier lieu de l’expérience du lien social.
Si l’on se penche sur l’étymologie du châtiment et de la vengeance, il est intéressant de
comprendre le lien indéfectible qui existe entre la dimension quasi tutélaire du châtiment et
l’ordre social que l’on souhaite imposé. Si la vengeance comme le châtiment a un contenu de
souffrance corporelle et psychique, elle ne concerne que deux parties.
Les grecs anciens ne s’y étaient pas trompés et nous avons vécu pratiquement jusqu’au XIX°s
sur la distinction suivante entre « kolasis » et « timôria ».
Ainsi le mot kolasis qui signifiait « émonder », « empêcher les arbres de croître » va désigner
de façon technique une « punition à fin préventive » pour éviter que l’homme se laisse
dominer par ses désirs incontrôlés ; dans la logique grecque celui qui est dans cet état
d’immoralité se dit « a-kolastos » « celui qui n’a pas subi de punition » ; l’akolastos ne se
serait jamais dégradé si en temps utile il avait été corrigé… cqfd.
Dans le mot « timôria », on retrouve « ôra » qui signifie « soin », « souci » et « timè » qui
désigne « la valeur d’existence reconnue ou attribuée à un homme par la société ». Le sens de
« timôria » est donc « le soin qu’un homme apporte à sa « timè ». La violation de la « timè »