Socialisation Intro : La sociologie doit être considérée comme un savoir spécifique parce qu’elle produit un savoir qui n’est pas indépendant de son environnement et aussi parce qu’elle construit nécessairement son sujet en fonction de son environnement. Le savoir du sociologue porte la marque d’une époque et des caractéristiques de son environnement. Une dimension centrale de la sociologie est celle de la construction de ses objets de recherche parce que justement expliquer le social ne ressort pas d’une évidence. La sociologie présente des spécificités sui tiennent au rapport qu’elle entretien avec son objet de savoir et à la façon de connaître et d’expliquer les faits sociaux. Durkheim (1858-1917) a donné à la sociologie une bonne part de ses fondements épistémologique. Avec lui, il s’opère un changement important : seul les sociologues ont du savoir, peuvent analyser la société. Il parle de socio scientifiques, c'est-à-dire une science de la sociologie. C’est dans son ouvrage « les règles de la sociologie » qu’il soutient sa thèse centrale sur la nature du social et la façon de le reconnaître (ex : « il faut traiter les faits sociaux comme des choses ; doit être considérée comme une chose tout ce qui est donné et tout ce qui s’impose à l’observation. Considérer ainsi les faits sociaux s’impose car nous ne connaissons pas ce qu’ils sont. »). Ainsi Durkheim recommande de prendre la mesure de notre ignorance en traitant les faits sociaux comme des faits extérieures auxquelles il faut appliquer une méthode d’observation et d’analyse permettant une prise de distance de l’observateur. C’est l’idée qu’il faut aller « des choses aux idées, et non des idées aux choses ». La 1ère démarche du sociologue pour Durkheim « c’est dans la nature de la société elle-même qu’il faut aller chercher l’explication de la vie sociale ». La sociologie est une science qui recherche les lois causales qui lient les phénomènes entre eux. Il faut traiter les faits sociaux comme des choses, et doit être considérer comme chose tout ce qui est donné et tous ce qui s’impose à l’observation. On explique le social par le social, la science a pour but de rechercher les lois causales, elles opèrent pour expérimentation. Chapitre 1 : les fondements de la sociologie Il y a un rapport étroit entre une demande sociale et les étapes de la production des connaissances sociologiques. Tous les sociologues s’accordent sur l’idée que la sociologie est une science et qu’elle se définit comme un ensemble de 2 connaissances : la dimension théorique la dimension empirique L’objet de la sociologie est construit et non spontané, les choix sociologiques de chaque sociologue sont fonction du mode de construction de son objet et détermine le type de connaissance scientifique qu’il en tirera. Il y a une étroite solidarité entre la définition de l’objet, ses choix méthodologiques et les concepts théoriques, on ne peut parler de sciences qu’à partir du moment où ces 3 éléments sont réunis et fonctionnent pour produire une connaissance véritable. Dans les règles de la méthode sociologiques, Durkheim présente une approche méthodique de la vie sociale, il tente d’y établir sur des bases rationnelles, une méthodologie d’investigation scientifique. Il commence dans cet ouvrage par définir l’objet de la sociologie : « est fait social toutes manières de faire fixées ou on, susceptibles d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ». Les principaux éléments sont la contrainte extérieur ou individuelle. Pour Durkheim, la vie sociale se caractérise comme différente de a seule accumulation des comportements individuels. Il propose en conséquence un ensemble de règles fondamentales analogues à celles que connaisse par exemple la physique de son temps. La 1ère de ses règles : « il faut considérer les faits sociaux comme des choses ». Il ne dit pas que les faits sociaux sont des choses, il dit que les faits sociaux doivent être étudié avec la même objectivité et la même rigueur que pour l’étude des objets physiques. Ces faits sociaux pour Durkheim ne sont pas le produit de l’imagination et leur résistance est extérieure à la conscience ce qu’il préconise est que le sociologue soit dans l’état d’esprit des physiciens et qu’il se tienne prêt a des découvertes qui le surprendrait et le déconcerterait. L’objet de la sociologie est bien l’étude du fonctionnement de la sociologie, c'est-à-dire tout ce qui touche à la vie de l’homme => étude de l’homme en tant qu’être social, en effet à sa naissance chaque personne trouve des manières de penser déjà formée et qu’il intériorise progressivement, via les processus de socialisation et donc progressivement il s’intègre à la société à laquelle il appartient. Si la sociologie met en évidence si les individus sont socialement conditionnés ne veut pas dire qu’ils sont des marionnettes, des structures sociales. Sociologie = comprendre la société, son fonctionnement, comment elle se reproduit et les différents faits sociaux qui peuvent s’y dérouler. Elle étudie la société humaine, leur organisation… On peut doc dire que la société, les groupes sociaux, les institutions et systèmes, les organisations, les structures constituent la réalité sociale et matérielle qui fait l’objet de la sociologie. Les processus d’accès à la connaissance : Que veut dire « connaître » ? C’est avoir une représentation exacte de la réalité, au niveau de la pensée => la connaissance est le reflet le plus adéquat et le plus conforme de la réalité sociale. Dans ce contexte, la vérité scientifique n’est autre que l’exactitude de la représentation du monde, elle implique un contact avec cette réalité sociale obtenue par la pratique sociale. Comprendre la société est à la portée de tous puisque chacun fait parti d’elle. Sans doute cette perception particulière est limitée parce que toute société est en mouvement permanent de sorte que toutes les connaissances se trouvent obsolètes car les organes de perception sont forcément imparfaits. Cette perception immédiate des choses est source d’erreurs, le sociologue doit s’en éloigner. Chapitre 2 : « la formation de l’Esprit Scientifique » G. Bachelard I – Etude du texte de G Bachelard (voire TD) Bachelard explique que « c’est en termes d’obstacles qu’il faut poser les problèmes de la connaissance scientifique ». Obstacles = illusions, préjugés, fausses évidences. « Les obstacles provoquent des lenteurs et des troubles, de l’inertie et donc des blocages ». « La connaissance du réel est une lumière qui projette toujours quelque part des ombres » Réel = ce qu’on veut expliquer comme fait social. Lumière = vision de ce que l’on peut comprendre, de ce qui nous intéresse. « Le réel n’est jamais ce qu’on pourrait croire, mais il est toujours ce qu’on aurait pensé ». Penser = construit. La réalité scientifique d’un fait social n’est jamais ce qu’on pourrait croire. « On connaît une connaissance extérieure en détruisant des connaissances mal faite » : c’est l’idée que la connaissance n’est pas linéaire, elle est vraie tant qu’elle n’a pas été contredite par d’autres scientifiques. « Quand il se présente à la culture scientifique, l’esprit n’est jamais jeune, il est même très vieux car il a l’âge de ses préjugés » => les préjugés sont ancrés dans la civilisation depuis longtemps. La science s’oppose à l’opinion (différent de la connaissance scientifique), nos convictions profondes peuvent être infondées. « En désignant des objets par leur utilité, on s’interdit de les connaître ». Dans la formation de l’Esprit Scientifique, les connaissances doivent être questionnées et on ne doit pas s’arrêter à l’utilité => toutes connaissances est une réponse à une question : « rien ne va de soi, rien n’est donné, tout est construit » Il y a une vulgarisation par leur caractère utilitaire, les sociologues cherchent à comprendre le fait social : il explique, analyse et d’autres utilisent sa recherche. La connaissance scientifique est l’aboutissement d’un travail scientifique, cette connaissance n’est pas disponible : on ne peut pas la donner spontanément. Si on ne questionne pas toutes connaissances, « des obstacles épistémologiques s’incrustent sur la connaissance non questionnée » = préjugés qui sont très vieux parce que non questionnés depuis longtemps « il vient u temps où l’esprit aime mieux les réponses que les questions » => la remise en cause permanente n’est pas faite systématiquement, les hommes préfèrent entendre une idée en conformité avec eux-mêmes et leurs connaissances que ce qu vient le déranger : le sociologue ne va pas accepter une nouvelle idée mais va se demander quel est son fondement. Bachelard nous met en garde sur le fait que quand une idée scientifique devient familière, elle se charge de beaucoup de psychologique et il y a un problème pour la remettre en cause, or une vérité scientifique est vraie jusqu’à ce que quelqu’un d’autre démontre que ce n’est pas vrai (ex : tout tourne autour de la terre mais plus tard tout tourne autour du soleil). Le scientifique désire savoir mais ce désir de savoir doit se situer dans une perspective de nouvelles interrogations. Un même mot peut avoir plusieurs significations => le scientifique doit définir ce qu’il pense derrière ses mots : c’est une démarche scientifique. Bachelard dit qu’il y a une utilité de mobiliser de façon permanente une connaissance ouverte et dynamique => il faut donc de combattre tous savoirs fermés et statiques. C’est l’observation première qui produit les savoirs fermés, c’est la raison pour laquelle l’observation première est toujours un premier obstacle pour la culture scientifique parce qu’elle apparaît concrète, naturelle et facile => on croit la comprendre. Pour Bachelard, il y a rupture et non pas une continuité entre l’observation et l’expérimentation « il est nécessaire que la pensée quitte l’empirisme immédiat ». II – Epistémologie et science. L’épistémologie dit ce qu’est la science et met une barrière entre ce qui est légitime d’être considéré comme science de ce qui ne l’est pas => épistémologie se doit de suivre et d’accompagner la démarche du savant : l’histoire des sciences ne peut se constituer qu’en prenant en compte le point de vue de l’épistémologue. Ce concept de rupture de l’épistémologie permet à Bachelard de fonder une sociologie de la science en distinguant plusieurs sortes de ruptures : la 1ère se manifeste par un long travail de définition, de notions et de concepts que l’on utilise. Le 2ème consiste pour le chercheur à questionner toutes les problématiques qui l’ont précédé dans son champ de recherche. Bachelard nous dit que la rupture épistémologique nous permet dans ces conditions non seulement de rompre avec l’idéologie au sens large mais permet aussi au chercheur de garder son autonomie par rapport aux autres discours scientifiques => il peut aussi questionner les autres discours scientifiques. Ce concept qui introduit des « lenteurs et des troubles » affectent l’avancement de la connaissance => la progression de la science se fait dans un champ mouvant « où se déploie les notions empiriques et les problématiques préscientifiques produites par les grandes idéologies qui constituent la conscience d’une époque ». La conscience d’une époque : un élément historique : ex : la peine de mort est abolie alors qu’une majorité de gens était pour, aux Etats-Unis c’est contre leur idéologie => on ne la supprimera jamais. Un élément contextuel : où il y a toujours une idéologie (ex : contraception, avortement, droit de vote aux femmes, l’euthanasie, les soins palliatifs, légalisation du cannabis (c’était impensable d’en parler il y a des décennies mais c’est encore minoritaire) avant on risqué la prison pour ces sujets => l’élément contextuel est important. Ces grandes idéologies produisent des connaissances toutes faites => produit des lenteurs et des troubles. Elles sont à relier aux époques, ce n’est pas quelque chose de statistique (ex le racisme apparaît plus ou moins selon l’époque), ça repose sur le système des préjugés qui nuisent à la recherche scientifique => obstacle épistémologique. Bachelard nous donne la typologie de ces obstacles : c’est une connaissance première, générale et utilitaire qui renvoie à la même chose. Pour lui, il est très important que « l’ancien doit être pensé en fonction du nouveau cela permet de définir les limites d’une problématique ancienne et d’ouvrir le champ, de permettre l’émergence d’une nouvelle problématique. Chapitre 3 : « le fait social » Introduction : Durkheim (1958-1917) est le 1er a avoir occupé la place de professeur de sociologie. « Il faut traiter les faits sociaux comme des choses », il a opéré une véritable opération qui a permis le développement de la sociologie : il donne une méthodologie à la sociologie pour en faire une science. « Les individus sont beaucoup plus un produit de la vie commune qu’ils ne la déterminent » : la socialisation. « Il faut considérer les phénomènes sociaux en eux-mêmes détachés des sujets conscients qui se les représentent » : il faut traiter les faits comme des choses, nécessité d’une démarche méthodologique, scientifique sociologique pour atteindre l’objectivité requis. Les trois grandes préoccupations dans l’ensemble des œuvres de Durkheim : Comment les hommes sont-ils liés entre eux ? Durkheim distingue 2 modes de liaisons entre les hommes : solidarité mécanique qui caractérise les sociétés primitives, solidarité fondée sur la ressemblance. solidarité organique qui caractérise les sociétés modernes : très forte division du travail, sentiment de dépendance mutuelle. Quelle est l’origine de la croyance religieuse ? Durkheim répond dans son ouvrage les formes élémentaires de la vie religieuse (1912) où il montre que ce n’est pas la religion qui explique la société mais plutôt la société qui s’exprime à travers la religion. Durkheim établit une mise en relation entre la structure mentale (pensée) et la structure sociale (société). Il y a une nécessité du respect de la méthode sociologique pour réaliser un travail scientifique. Durkheim fournit des instruments indispensables à une réflexion épistémologique permettant de fonder la sociologie comme pratique scientifique. Pour lui, l’un des problème majeur de la sociologie réside dans la difficulté à partager (à bien démarquer) le discours commun (préjugés, prénotions…) du discours savant sur le monde social. <il y a une importance de s’écarter des préjugés, des prénotions : le discours commun produit une connaissance spontanée, subjective tandis que le discours scientifique produit une vérité en terme d’une connaissance scientifique. Pour lui, les faits d’ordre psychologiques n’existent pas indépendamment de leur enracinement dans les structures sociales => la sociologie et la psychologie sont loin de s’opposer : elles sont en fait deux disciplines complémentaires : pour Durkheim, il n’est pas possible de distinguer des faits purement sociaux et des faits purement psychologiques car l’individu est un produit de l’Histoire qui renvoie à un certain état des structures sociales. => « L’histoire est notre inconscient social » : nos manières de penser, nos institutions, nos habitudes qui paraissent inscrites dans une représentation collective trouvent leur origine dans le passé => lien avec Bachelard. I – Définition du fait social (voir TD biographie de Durkheim) C’est un fait extérieur qui s’impose à l’individu. Notion de coercition, de contrainte. C’est un fait qui s’intériorise par le processus de socialisation, éducatif. Le fait social se distingue de tous les autres phénomènes pouvant se produire dans la société. Le fait social s’oppose à la biologie, la psychologie et toutes les autres sciences de la nature. La spécificité du fait social résulte de l’éducation, se qui en résulte, ce qui fonctionne indépendamment des usages. « Les faits qui présentent cette remarquable propriété qu’ils existent en dehors des consciences individuelles » Durkheim : faits extérieurs à l’individu « faits qui présentent une puissance impérative et coercitive » => des faits qui s’affirment dès que je tente de résister. Ex : le droit, les normes. La notion de contrainte et de répression est très importante chez Durkheim : « les faits sociaux font suffisamment ressentir leur puissance contraignante par la résistance qu’ils opposent », « les faits sociaux consistent en des manières d’agir, de penser et de sentir extérieurs à l’individu et qui sont doués d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à nous ». Attention : Durkheim ne nie pas la personnalité et l’autorité : il y a une importance de l’éducation dans ses exemples : notion de contrainte et d’autorité. II – les prénotions sur le monde social Bachelard : « l’opinion pense mal ; elle ne pense pas ; elle traduit des besoins en connaissances […] l’esprit scientifique nous interdit d’avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas ». Cette phrase renvoie au discours du sens commun, au discours spontané puis à la connaissance utilitaire (le scientifique doit rompre avec cette connaissance car elle empêche d’accéder à la connaissance scientifique). « Le problème des sciences sociales est que l’Homme (le groupe social) est un objet d’étude très particulier puisqu’il s’agit d’un objet qui parle et qui est prompt de donner ses raisons quand on l interroge » : ça renvoie au métier de sociologue et les spécificités de la sociologie (voire intro). 1) La rupture avec le sens commun : Durkheim dit que les individus ont sur le monde social une représentation spontanée, des prénotions (Bachelard appelle ça des obstacles épistémologiques), c'est-à-dire que la sociologie peut se construire et se développer. Il insiste sur la nécessité que le chercheur établisse une rupture avec ce qui n’est pas cru collectivement et ce qui est cru collectivement : les évidences communes car pour lui elles sont presque toutes des erreurs premières. Les représentations, Durkheim dit qu’elles sont des croyances profondément ancrées car elles remplissent bien souvent des fonctions sociales et donc elles se présentent d’abord par leur caractère utilitaire (qui introduit un obstacle à la connaissance scientifique). Comprendre le comportement d’autrui est une nécessité pour tout individus car cela leur permet d’ajuster leur comportement pour fonctionner en toute harmonie dans la société : nécessité vitale de la vie sociale selon Durkheim. Les autres caractéristiques sociales sur la représentation spontanée : elles n’expliquent rien, elles consistent le plus souvent à dire que les gens font ce qu’ils font car ils sont prédisposés à le faire (« ce qui réussissent sont doués » n’explique rien sociologiquement sur la réussite scolaire qui s’explique par le régime social) : l’explication spontanée est fausse. 2) Les représentations sociales et les « erreurs bien fondées » (Durkheim) Durkheim explique que le fait de vivre en société oblige les individus à être « des sociologies spontanée » car il faut bien qu’ils déchiffrent les actions qu’ils mènent et qu’ils donnent un sens et une explication à leurs propres comportements et à ceux d’autrui. Le sociologue doit commencer par expliquer ses croyances qui constituent déjà en elles-mêmes des faits sociaux : le sociologue doit comprendre pourquoi les gens pensent ou croient à telle ou telle chose car pour Durkheim ces représentations sociales autour des croyances sont loin de se former de manière aléatoire, elles obéissent à des régularités qu’il s’agit aussi de découvrir. Durkheim prend l’exemple des relations sur le marché matrimonial et dit que loin d’obéir au seul sentiment amoureux, l’analyse statistique montre que les conjoints se choisissent en fonction de leurs caractéristiques sociales objectives : Durkheim insiste sur l’idée que les représentations sociales ne sont pas de banales erreurs de perception mais qu’elles font partir intégrante de la réalité sociale ainsi le véritable objet de la sociologie est l’étude des lois selon lesquelles les structures sociales tendent à se reproduire en produisant des individus capables d’engendrer des pratiques adaptées à ces structures et Durkheim accorde une place privilégiée aux instances de socialisation (famille, école, etc.). III – Des règles de la méthode sociologique Durkheim dit que puisque « l’objet d’une science est un objet construit et non un objet spontané, le chercheur doit choisir et respecter des règles de méthodologie pour mener à bien son travail de recherche scientifique ». Durkheim insiste sur l’étroite corrélation entre la définition de l’objet de recherche et les choix méthodologiques qui seront utilisés pour expliquer le phénomène social. La sociologie étant une science, elle doit fonctionner de façon contrôlée, réglementée pour produire une connaissance vérifiée et par conséquent scientifique. Ces règles de la méthode sociologique développent une approche méthodique de la vie sociale. En effet, Durkheim tente d’établir sur des bases rationnelles une méthode d’investigation scientifique et une définition du domaine de la sociologie. Il commence par définir l’objet de la sociologie en définissant le fait social, les éléments principaux de cette définition sont les contraintes extérieures aux individus et la généralité du phénomène. Pour lui, la vie sociale se caractérise comme différente de la seule accumulation des comportements individuels. Il propose donc en conséquence un ensemble de règles fondamentales analogues à celle que connaît la physique et la biologie de son temps. La 1ère de ces règles est qu’il faut « considérer les faits sociaux comme des choses » : Durkheim ne dit pas que les faits sociaux sont des choses mais il insiste sur la démarche qu’il faut adopter pour les étudier : il faut adopter les faits sociaux avec la même objectivité et la même rigueur que pour une étude physique. Il insiste sur le point suivant : les faits sociaux, à l’étude, sont séparées de l’observateur, c'est-à-dire qu’ils ne sont pas le produit de l’imagination, leur existence est extérieure à la conscience. Cette 1ère règle exige que la sociologie se mette dans l’état d’esprit où sont les physiciens : le sociologue doit se tenir près à faire des découvertes qui peuvent surprendre. La 2ème règle importante est «le fait que « le sociale s’explique par le social » : l’explication d’un fait social ne peut être établi que par un fait social et dans la prise en compte d’une finalité sociale, sa méthode est fondamentalement comparative, elle exige la prise en compte de l’ensemble des phénomènes à la fois dans sa diversité temporelle et dans différentes sociétés. Cette étude du lien social Durkheim l’aborde à travers 3 thématiques : le travail le suicide la religion mais aussi l’éducation Sous plusieurs aspects, il va développer une recherche sur la cohésion sociale dans son ouvrage « la division sociale du travail » (1893) où il montre que l’évolution de l’organisation du travail est caractérisée par une division de plus en plus grande et une spécialisation des tâches. Il va développer 2 types de solidarité (organique et mécanique) pour montrer que quand il y a une situation d’anémie, il y a un développement marqué du suicide (« le suicide »). Cette étude de la cohésion sociale, il va également l’étudier avec la question du suicide (1897), le suicide était considéré exclusivement sous l’angle d’un comportement individuel => c’est un ouvrage novateur. Durkheim va établi le caractère social de cet acte et écarter les explications du suicide qui ne tiennent pas compte des caractéristiques des différents groupes sociaux. Le 3ème volet de sa recherche touche à la dimension symbolique et idéologique de ce qui fait la cohésion sociale à savoir « le phénomène religieux où le recours au sacré », dans cet ouvrage sur la vie religieuse, Durkheim montre que sous ces différentes formes (« les formes élémentaires de la vie religieuse ») ce qui est en cause dans le phénomène religieux est une forme d’idéalisation du groupe et da sa représentation => Durkheim développe la conception d’une morale fondée sur l’appréhension rationnelle des nécessité de la vie sociale. Conclusion du chapitre A partir de l’ouvrage « le métier de sociologue » de Pierre Bourdieu, JC Chamboredon et JC Passerah l’idée principale est la méthode, comment le sociologue doit exercer son métier et dans cette démarche les auteurs insistent sur les outils techniques et conceptuels qui permettent de donner toute sa rigueur et toute sa force à la vérification expérimentale : le métier de sociologue est un métier scientifique. Dans ce cadre, les auteurs donnent une place essentielle à la réflexion épistémologique qui se justifie et qui s’impose particulièrement dans le cas de la sociologie. Pour les auteurs, l’épistémologie a pour fonction de saisir la logique de l’erreur pour construire la logique de la découverte de la vérité scientifique, en d’autres termes, la fonction épistémologique est de soumettre des vérités approchées (du sens commun) de la science et des méthodes qu’elles utilisent à la vérification expérimentale => la vigilance épistémologique a pour objectif d’accroître et de préciser la connaissance de l’erreur et des conditions qui la rend possible et parfois inévitable comme Bachelard et Durkheim mais sous une forme différente, un vocabulaire différent mais le fond est le même (la connaissance de l’erreur = les préjugés chez Durkheim et les évidences premières chez Bachelard ; les conditions qui la rend possible = la notion de contexte plus propice à un discours du sens commun chez Bachelard). Il faut donc une vigilance épistémologique permanente qui doit subordonner l’utilisation des techniques à une interrogation sur les conditions et les limites de leur validité (tout doit être questionner et penser car rien n’est définitif). Les auteurs reprennent la définition de l’épistémologie du Robert : « c’est l’étude critique des sciences destinées à déterminer leur origine logique, leur valeur et leur portée » chez Bachelard c’est ce qui permet de dire ce qu’est une science et ce qui ne l’est pas. La définition du Robert est plus générale. I – L’épistémologie et la méthodologie Les auteurs insistent sur le fait que la connaissance scientifique s’acquiert, elle n’est pas donné et pas directement observable : il faut adopter une démarche de programmation méthodologique effectuée par les chercheurs. C’est la raison pour laquelle il faut soumettre la pratique scientifique à une réflexion qui s’applique non pas à la science qui est faite mais à la science se faisant (la pratique scientifique doit s’appliquer du début à la fin du processus de méthodologie) : c’est une tâche épistémologique qui consiste à découvrir dans la démarche du chercheur les conditions qui permettent de dire ce qui est vrai et ce qui est faux ou comme le dit Bachelard qui permet de partir d’une connaissance approchée d’un fait social à une connaissance rectifiée. Il est illusoire de penser que seule l’activité intellectuelle produit de la connaissance scientifique, il y a une nécessité de s’attacher à une théorie de la vérité ou en d’autres termes d’une théorie de l’erreur rectifiée (chez Bachelard, le connaître doit évolué avec le connu et que pour bien connaître les connaissances antérieures doivent être questionnées). Dans les situations réelles de la pratique scientifique, on ne peut construire de problématiques qu’à condition de renoncer à l’ambition impossible de tout dire sur tout (ça nous renvoie à Bachelard « la connaissance du réel est une lumière qui projette toujours des ombres » : on ne peut pas tout dire en une foi, il faut faire plusieurs recherches), on a une connaissance scientifique sur ce qu’on a étudié (c’est l’idée que le fait scientifique est compris, construit et constaté) : c’est récusé à la fois l’empirisme qui réduit la connaissance à un constat et donc dans le processus d’accès à la connaissance scientifique la notion d’épistémologie est essentielle car il oblige la sociologie à subordonner le constat à la construction et la construction à la rupture. Donc forcément, tout le début du travail du sociologue c’est la mise en évidence et l’explication des obstacles épistémologiques qui se présentent sous différentes formes au cours de l’activité de recherche. II – La rupture Les auteurs insistent sur le fait que la familiarité avec l’univers social (puisqu’on fait partie de la société) constitue pour la sociologie l’obstacle épistémologique par excellence parce qu’elle produit des conceptions de connaissances en même temps que les conditions de leur crédibilité (comme ce sont des connaissances utilitaires ça paraît crédibles mais c’est dangereux c’après Durkheim). Aussi les auteurs disent que « le sociologue n’en a jamais fini avec la sociologie spontanée », ça renvoie à tout ce qui est la production du discours commun chez Durkheim et chez Bachelard c’est l’opinion qui pense mal. Cette emprise des notions communes est si forte (ancrée et présente depuis des générations) que toutes les techniques d’objectivations doivent être mise en œuvre pour accomplir une rupture épistémologique et Bourdieu prend l’exemple de la statistique qui permet d’établir une première rupture par rapport ç ce que l’on peut penser (à peine 10% de la population du NPDC de 45 ans et plus sont diplômés de l’enseignement supérieur). L’univers dans lequel on vit est un danger de généralisation de ce qu’on connaît car c’est subjectif et non scientifique. L’autre obstacle, c’est la définition des notions et des concepts, on l’utilise pour casser avec leur signification du discours commun : c’est établir une première rupture. Quand le sociologue veut travailler sur un objet de recherche, il doit mettre à plat ses 1ères connaissances qui sont spontanées car l’objet choisi a un lien avec sa propre histoire et toute cette connaissance doit être questionnée. Une fois qu’il a fait le point, il peut créer des connaissances scientifiques de son objet de recherche. Il est important de commencer par ce questionnement. On voit que Bourdieu insiste sur cette nécessité de rompre avec les prénotions comme Bachelard et Durkheim. D’autant plus que Bourdieu cite Durkheim : « la réflexion est antérieure à la science qui ne fait que s’en servir avec plus de méthode, l’homme ne peut pas vivre au milieu des choses sans s’en faire des idées d’après lesquelles il règle sa conduite […] les hommes n’ont pas attendus l’avènement de la science sociale pour se faire des idées sur le droit, la morale, la famille, l’Etat ou la société car ils ne pouvaient pas s’en passer pour vivre » et Bourdieu ajoute que « la sociologie ne doit pas oublier que les choses sociales (les faits sociaux chez Durkheim) ne se réalisent que par les hommes et, par conséquent, sont un produit de l’activité humaine ». Dans cette perspective, on comprend bien que le sens commun n’éprouve aucunes peines à comprendre les faits sociaux quels qu’ils soient et à leur trouver des explications plausibles. Lazarsfeld fait une illustration et compare les sciences sociales et les sciences de la nature : « les sciences sociales et les sciences de la nature ont pour objet commun de découvrir des régularités et de déterminer des critères de signification mais il y a des différences essentielles entre les deux : les évènements sociaux sont moins visibles par rapport aux évènements de la nature ». Les évènements de la nature sont le chaud et le froid par exemple et les évènements sociaux sont les idées que les uns et les autres se font du bien ou du mal, ça varie d’une culture à l’autre et à l’intérieur d’une même culture, d’un groupe social à un autre. Ainsi Lazarsfeld nous explique que « la seule description du comportement humain, de ses variations d’un groupe à l’autre et de ses changement suivant les situations est une entreprise extrêmement difficile » et là il met bien ce qui fait la spécificité de la science sociale par rapport à la science de la nature. III – L’illusion de la transparence et le principe de la non conscience. L’illusion de la transparence procède de l’idée que pour expliquer et comprendre les institutions, il suffirait de ressaisir les intentions dont elles sont le produit. Par exemple, pour comprendre et expliquer le fonctionnement des asiles, les gens ont d’abord pris le fait que les gens internés sont fous et qu’il fallait les enfermer avant, depuis on s’est rendu compte que c’était une maladie et qu’ils ne constituaient pas un danger, qu’il n’était pas nécessaire de les enferme malgré un suivi très important : on arrive à comprendre et à créer des traitement et c’est différent d’avant, à travers cet exemple, on s’aperçoit qu’il faut remonter dans l’histoire car la création de ces institutions sont un produit de l’histoire. Durkheim écrit que « il y a à chaque moments du temps un type régulateur d’éducation donc nous ne pouvons nous écarter sans nous heurter à de vils résistances, or, les coutumes et les idées qui déterminent ce type d’éducation ce n’est pas nous individuellement qui les avons faites, elles sont le produit de la vie en commun et en exprime les nécessités ». C’est l’idée que les modèles éducatifs sont l’œuvre des générations antérieures, Durkheim développe que tout le passé de l’humanité a contribué à faire cet ensemble de principes qui dirigent l’éducation d’aujourd’hui, toute notre histoire y a laissé des traces, lorsqu’on étudie historiquement la manière dont sont formés les systèmes d’éducation, on s’aperçoit qu’ils dépendent de la religion, de l’organisation politique, du degré de développement des sciences, de l’état de l’industrie et de la place des enfants dans la société. Dans la religion car si on enlève cette dimension, pourquoi y aurait-il des écoles catholiques, pourquoi y aurait-il un débat sur la laïcité ? De l’organisation politique car il y des réformes, des décisions de programme et la façon dont on va sélectionner l’élite (en France c’est par rapport aux maths). Du degré de développement des sciences et de l’état de l’industrie car il y a une utilisation accrue de l’informatique, des langues => avec l’évolution, la société a introduit des savoirs nouveaux et des exigences plus difficiles (comme les maths qui sont de plus en plus difficile). Si on ne tient pas compte de cela, en faisant un détour de l’histoire, on ne comprend pas pourquoi les choses sont comme elles sont. Bourdieu dit que l’individu ne peut pas expliquer scientifiquement tels ou tels aspects par sa seule réflexion privée car l’explication scientifique du système éducatif ne relève pas de la pensée individuelle. Le sociologue se trouve toujours en face de la réalité qu’il n’a pas créée, qu’il ne peut pas détruire et qu’il ne peut pas transformer selon sa volonté. Durkheim écrit : « il ne peut agir sur elles que dans la mesure où il a appris à les connaître, où il sait quelle est leur nature et les conditions dont elles dépendent » (Education et sociologie) : cette idée on la retrouve chez Marx : « dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ».Marx nous renvoie aux idées de Bachelard qui dit que les individus ont une existence qu’ils sont persuadé détenir mais ils ne la contrôle pas. De même que Weber s’interdisait de réduire le sens culturel des actions aux intentions subjectives des acteurs : c’est la même idée qui est développée avec une insistance avec ce sens subjectif des acteurs mais il y a quand même une part de déterminisme qui échappe à l’individu. Durkheim reconnaît à Marx le mérite d’avoir rompu avec l’illusion de la transparence parce que chez ce dernier la part de déterminisme est très forte (les hommes font leur histoire mais ils ne s’en rendent pas compte) « Nous croyons féconde cette idée que la vie sociale doit s’expliquer non pas par les conceptions que s’en font ceux qui y participe mais par des causes profondes qui échappent à la conscience ». Dans les règles de la méthode sociologique, Durkheim dit que « les faits sociaux sont des choses au même titre que les choses matérielles, est chose tout ce que l’esprit ne peut arriver à comprendre qu’à condition de sortir de lui même par voie d’observation et d’expérimentation en passant progressivement des caractères les plus extérieurs et les plus immédiatement accessibles au moins visible et au plus profond », traiter les faits sociologiques comme des choses ce n’est pas les classer dans telle ou telle catégorie du réel mais c’est respecter le principe d’ignorer absolument ce qu’ils sont : c’est une démarche, un état d’esprit pour que le sociologue se tienne prêt de faire des découvertes qui le surprendront et le déconcerteront. Durkheim : « pour qu’il pu y avoir une science véritable des faits sociaux, il fallait arriver à voir dans les société des réalité comparables à celle des autres sciences ». Chapitre 4 : le sociologue passe à son objet de recherche et à l’actualité Introduction : Bourdieu (« la leçon de la leçon ») : « une véritable science sociale ne peut se constituer qu’en refusant la demande sociale d’instruments de légitimation et de manipulation » c'est-à-dire que dans les sociétés il y a des faits sociaux (le suicide, l’alcoolisme, etc.), le sociologue va devoir respecter les règles de la méthode sociologique pour le comprendre comme objet de connaissance scientifique mais ce n’est pas le seul qui essaie de comprendre : tout le monde essaie (comprendre pour la baisse), l’homme politique (pour montrer qu’il est compétent pour se faire élire : prendre des mesures visibles), le journaliste (nous rappeler et raconter les informations relatives au fait social), etc. => dans la société, les préoccupations des uns et des autres ne sont pas les mêmes : le sociologue doit donc délimiter son travail des autres, il doit construire une connaissance de son objet en ne se préoccupant pas des buts des autres et s’inscrire dans une démarche scientifique. Suite à cette citation, sur un plan méthodologique, il est pertinent de poser tout d’abord le problème de l’interaction entre l’observateur et l’objet observé avant d’aborder la place du savant dans la société. I – L’interaction entre le chercheur et son objet On doit d’abord s’intéresser à la dimension du débordement émotionnel qui a une influence directe sur l’observateur, le chercheur et le regard du chercheur dans ces conditions laisse toujours plus ou moins transparaître une certaine émotion face à son objet de recherche. Dans cette interaction, il existe forcément des phénomènes de résonance entre le chercheur et les acteurs en situation, c'est-à-dire que tous ces phénomènes qui peuvent entraîner un débordement émotionnel peuvent provoquer une résistance à la recherche car ils peuvent provoquer des dérives idéologiques militants, politiques ou religieuses qui peuvent conduire le chercheur a abandonner son statut d’homme scientifique. Ex : la difficulté de faire des recherches à Gaza : les phénomènes de violences liés à des situations extrêmes peut produire des attitudes qui conduisent le chercheur soi d’être absorber par son objet de recherche ou de le rejeter. Ce n’est pas parce que certains objets de recherche sont plus difficiles que d’autres qu’il faut les abandonner, au contraire. II – La place du savant dans la société Le savant c’est l’homme de science : dans toutes les sociétés, il y a une coexistence de discours explicatifs des faits sociaux qui nous entourent mais ces discours sont une opinion : ce n’est pas parce qu’un individu pense ça que c’est une opinion qui doit être généralisée. Le journaliste (les médias en général aussi) c’est différent, il collecte les informations, un homme politique agit visiblement sur les faits sociaux pour se faire élire mais le savant, lui, c’est la connaissance pour la connaissance : faire progresser la connaissance, expliquer et comprendre => aller au-delà de tous ce qui est évident (ex : la violence, les 1er accusés sont les jeunes mais d’après des études sociologiques ce sont les exclus de la société qui engendre la violence). Le savant doit être présent dans la société, son discours scientifique doit être présent dans la société et il doit s’intéresser à tous les types d’objets de recherche. Le discours savant ne doit pas être coupé des autres discours, le savant est « quelqu’un qui s’occupe de ce qui le regarde mais qui est accusé de s’occuper de ce qui ne le regarde pas » (Bruno Etienne). Le discours des chercheurs est éloigné du discours de tous les autres individus mais il est souvent à l’opposé des attentes de la société civile (Bachelard : « la société pense mal » ; la violence, l’échec scolaire…). Bruno Etienne : « l’information se fait toujours au détriment de la connaissance », Bachelard : « la connaissance se fait toujours contre soi-même mais aussi contre les autres ». Chapitre 5 : immigration, exclusion : vraie question ou fausse alternative ? Introduction : Bourdieu : « La France est aujourd’hui une société multiraciale et multiculturelle : la promesse de liberté, d’égalité et de fraternité n’est pas encore accomplie spécialement pour le tiers état contemporain qui compte notamment dans ses rangs la population musulmane actuelle » c'est-à-dire que la France est un vieux pays d’immigration et où il y a une multiplicité des cultures d’origine, le tiers état sont les immigrés et les catégories françaises victimes de l’exclusion. Cette citation ne traite pas seulement des immigrés. Il y a une focalisation sur les peuples les plus touchés : les maghrébins (dans l’échec scolaire, le taux de chômage => exclusion sociale). L’immigration aujourd’hui dans les principaux pays d’Europe, la France est un vieux pays d’immigration et de par ses caractéristiques historique de son immigration, la France a accédé à une sorte de maturité : les finalités économiques qui justifiaient la peine aux étrangers par le passé ont fini par être acceptées sinon reconnues par tous (ex : dans les années 60, au niveau du contexte politique d’après guerre, la France devait vite reconstruire le pays : modernisation ou main d’œuvre non qualifiée massive, le choix de la France fut cette main d’œuvre car elle coûtait moins cher mais politiquement, ce n’était pas un choix général). Ce recours à l’immigration c’est fait au prix d’acquis importants : la législation en matière de droit de séjours et de travail, le code de la nationalité et le bénéfice des droits sociaux. Il faut savoir qu’en France, jusque dans les années 80, il y a une avance de la politique migratoire par rapport aux autres pays : c’est une avance considérable jusque la crise économique où on va retoucher à ces acquis. Toutefois, la France a atteint une maturité car elle met plus vite en œuvre une politique de réintégration et donc on voit qu’actuellement on est dans une période où il y a une actualité qui grossit outrancièrement les problèmes liés à l’immigration met en évidence une corrélation entre les populations immigrées et les problèmes sociaux majeurs tels que les villes, les banlieues, l’insécurité, le chômage, la pauvreté… On s’aperçoit que la crise économique est venue casser avec une certaine avance la gestion de ces populations immigrées. I – Les changements de la politique de l’emploi a) 2 objectifs : - favoriser l’intégration des immigrés anciennement installés et en situation régulière. - maîtriser l’introduction de nouveaux flux migratoires par une multiplication des contrôles et une réglementation plus sévère en cas de non respect. La politique d’intégration prend en compte la population immigrée dans son développement mais c’est devenu caduc car les moyens n’ont jamais étaient à la hauteur des besoins. Les moyens n’ont pas suivis et au niveau de la politique ce qui a primé c’est la volonté de restreindre les droits à l’intégration des nouveaux entrants : le nouveau contrôle des flux l’a emporté sur la dimension d’intégration. On en est resté à des énoncés de principe. Dans le contexte français, il y a eu une remise en cause de ces populations immigrées avec la question de légitimité de leur présence. b) les remises en cause de la politique d’intégration A chaque périodes cruciales de son histoire, l’immigration tend à devenir un enjeu politique ce qui entraîne un accroissement des tensions sociales et contribue au développement voire à la banalisation d’attitudes racistes. Il y a un fossé entre cette préoccupation sociale et politique de l’intégration et la mise en place de certains acteurs : entre la théorie et la pratique. Les chercheurs montrent que la seule vision politique de la question d’intégration, pour être efficace, aurait supposé un accord sur les modalités, le problème, c’est qu’il n’y a pas eu d’accord sur le modèle d’intégration, les pratiques des uns et des autres peuvent aboutir ç une contradiction par rapport à ce qui est souhaité politiquement et les chercheurs explique ça par l’idéologie qui vient donner forme au modèle d’intégration et joue un rôle important. Mais ça empêche une vision objective de la situation passée, actuelle et qui empêche de se projeter dans l’avenir. Les chercheurs ont mis en évidence l’impossibilité de se prononcer sur le degré d’intégration ou plus ou moins des bonnes qualités de l’intégration des populations immigrées car leurs recherches sont vites confrontées aux limites des dispositifs statistiques existants. Quand elles concluent à une situation plus défavorable, elles ne peuvent pas démontrer que cela résulte de la condition d’immigrés. II – La crise et les nouveaux contextes de l’immigration a) les effets économiques de la crise : A la fin des années 80, la question de l’immigration se présente de manière nouvelle car la crise économique est venue perturber la signification économique qui légitimait la présence des immigrés. On peut dire que l’immigration parvient alors à un tournant et son statut devient à nouveau un enjeu politique majeur. On peut aussi dire que l’immigration signifie qu’aux anciens problèmes qui subsistent (travail, chômage…) s’en ajoutent de nouveaux comme la désocialisation et l’exclusion sociale (le chômage du père entraîne une difficulté d’insertion professionnelle des enfants). Dans les années 80, pour la troisième fois, les immigrés sont touchés de plein fouet par la crise de l’emploi ce qui va perturber leur modalité d’insertion culturelle et sociale dans la société. Il est vrai que les changements économiques ont modifiés en profondeur les processus d’intégration des populations immigrées ou non : l’intégration par l’emploi s’est fortement affaibli pour eux-mêmes et pour la population française qui présentaient les mêmes caractéristiques sociologiques. b) l’immigration et la crise sociale : La dimension sociale de la crise revêt plusieurs aspects qui touchent prioritairement les immigrés tant les anciens que les récents : la crise des banlieues, le chômage, les mesures de protections sociales à l’égard des plus démunis, etc. Ex : la crise des banlieues : on constate que l’on est passé de la crise de l’emploi qui affectait majoritairement les travailleurs étrangers, à la crise des banlieues qui touche tous les jeunes de ses quartiers. Les caractéristiques de ces jeunes en situation difficile se sont traduites par une prise de conscience qui débouchait sur des réactions parfois violentes que les chercheurs interprètent comme autant de réponses aux formes d’exclusion qu’ils affrontent. Toutes les mesures en matière de protection sociales ne sont pas accessibles à tous les étranges et qu’une distinction repose sur les règles qui président à l’attribution ou non des mesures sociales. Toutes les mesures qui relèvent de l’assurance sociale sont accessibles à cette population et celles qui relèvent de la solidarité de l’Etat les excluent. De plus, l’ensemble de ces mesures peut être restrictive en fonction de la situation familiale. c) du chômage à l’exclusion : Il y a une nécessité pour le sociologue de déconstruire la catégorie immigrée car elle est utilisée comme variable explicative dans tous les domaines de la vie sociale : la relecture avec l’analyse critique des différentes définitions de données à cette catégories qui est la même pour tous mais en fait il y a une grande hétérogénéité dans ce groupe. Il est primordial de disposer d’une lecture qui intègre le statut politique de la thématique de l’immigration et qui aille au-delà du seul débat politique car si aujourd’hui l’immigration focalise autant l’attention c’est parce qu’elle est chargée de sens politiquement : le problème de fond c’est que le poids politique accordé à cette dimension occulte la signification globale qui convient d’accorder à un phénomène social total qu’est l’immigration. Les chercheurs ont mis en évidence la nécessité de réarticuler l’ensemble des dimensions qui permettent de restituer la complexité de ce phénomène social en sous estimant l’importance des analyses sociologiques et économiques. On se prive de variables indispensables pour expliquer les enjeux. Les problèmes actuels et sociologiques mettent en évidence que sans cette recomposition, on méconnaît les véritables causes de la violence des jeunes qui est liée aux questions des banlieues, du chômage, de la crise sociale et par conséquent toutes ces variables interviennent dans le processus de l’exclusion sociale. Or, les chercheurs montrent que le politique et le religieux prennent le pas sur les aspects économiques et sociologiques. Il y a une mise en évidence que les discours des médias et du politique dont l’amalgame et confondent la cause et les effets. Pourquoi une telle importance politique et culturelle au détriment des autres explications ? C’est un discours simple qui obtient une adhésion importante, il y a 3 autres interprétations liées : la plus ancienne qui est celle des sociologues (Sayad, Dubet) qui dénoncent la difficulté à concevoir la définition à l’objet scientifique approprié à l’immigration. Sayad avait déjà souligné les difficultés à dire que l’objet d’immigration est un objet scientifique, il avait montré que peu de personnes avaient réussi à le faire. Dubet avait dit que c’est l’idéologie qui fait qu’actuellement on ait des opinions par rapport à l’immigration qui s’écartent complètement du point de vue du scientifique et il insiste sur le fait que l’immigration est fait de préjugés. La conjoncture économique et sociale et son idée bouge très vite et elle ne tient pas compte des mutations internes aux populations immigrées : en évoluant dans la société d’accueil, l’immigration tend à perdre ces caractéristiques premières et à en acquérir de nouveaux. C’est l’idée que c’est par le biais du politique que l’on va résoudre les problèmes et c’est cette croyance qui a entrainé l’instauration de politiques locales susceptibles de s’attaquer aux problèmes d’insertion, d’éducation et de formation des jeunes de même que l’instauration de politiques locales des villes. N’ayant jamais eu les fons nécessaires que ce soit en argent et en personnes, ça n’a jamais été possible. Conclusion : l’ampleur de la crise économique et de ses conséquences oblige à reconsidérer la totalité des dimensions qui éclairent l’analyse des modalités d’intégration et d’exclusion et donc que les dimensions politiques et religieuses, fortement utilisée aujourd’hui, sont loin d’être suffisantes.