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La diminution de l'intervention de l' Etat est-elle une source de croissance économique ?
Document 1 : Adam Smith et l'inefficacité de l' Etat
Le rejet du déséquilibre budgétaire par Adam Smith repose sur l'inefficacité de l' Etat à accroître le
revenu national : d'une part, l'action de l' Etat constitue une entrave à la concurrence et par conséquent à
la croissance; d'autre part, l' Etat par une consommation publique non contenue, gaspille des ressources
au détriment des entreprises dont l'investissement est ainsi pénalisé. Des capitaux sont ainsi soustraits à
l'initiative privée pour un usage improductif; il y a donc un effet d'éviction (1) au détriment de
l'investissement privé. A. Smith réfute le financement de dépenses publiques supplémentaires tant par
l'accroissement des impôts que par le recours à l'emprunt, au nom de l'improductivité de l' Etat.
Source : J. F. Peretti-Watel, Déficit et dette publics, Cahiers français, n°279, janvier- février 1997.
(1)Il y a effet d'éviction quand l'augmentation des dépenses publiques et les déficits publics qui en résultent
entraînent une baisse de la demande privée.
Document 2 : Quelques indicateurs pour les principaux pays de l'OCDE
Solde budgétaire
Taux de
Taux de chômage
des
croissance
Dette publique
(% de la
administrations
annuel réel du
brute (% du PIB)
population active)
publiques (1)
PIB (%)
(% du PIB)
Etats-Unis
Allemagne
France
RoyaumeUni
Japon
1990/
1995
(2)
2,4
3,6
1,0
1997
1999
4,2
1,5
1,9
4,2
1,5
2,9
1990/
1995
(2)
6,4
7,1
10,7
1997
1999
4,9
9,8
12,4
4,2
9,0
11,1
1990/
1995
(2)
-4,5
-2,7
-4,3
1,6
3,5
2,1
1,4
1,6
0,3
1997
1999
-0,9
-2,6
-3,0
1,0
-1,1
-1,8
1990/
1995
(2)
72,9
47,1
48,4
8,8
6,9
5,9
-5,2
-2,0
1,1
2,5
3,4
4,7
0,0
-3,3
-7
1997
1999
68,6
63,3
65,2
60,2
63,5
63,9
49,2
56,2
49,7
64,6
97,4
112,8
(1) - = déficit (2) : Moyenne sur la période
Document 3 : Protection sociale et croissance économique
Le couplage d'une production et d'une consommation de masse grâce à une évolution parallèle
des salaires et des gains de productivité et à la constitution d'un salaire indirect est qualifié de
fordisme. La protection sociale, qui assure ce salaire indirect, est donc un des rouages
essentiel de la croissance fordiste. En effet, elle régularise les ressources des ménages quels
que soient les évènements rencontrés. En situation d'arrêt de travail par exemple, le revenu de
remplacement permet de continuer à vivre et consommer, et donc le maintien d'une demande
solvable. La socialisation(1) d'une partie de la consommation (soins de santé, allocations
familiales...), favorise son extension. La consommation de masse peut donc se développer.
Elle accompagne une production de masse stimulée par cette régularisation des revenus. Et un
rythme de croissance rapide autorise en contrepartie une redistribution forte des revenus et
une augmentation importante des dépenses sociales.
Toute forme d'élargissement de la protection sociale dans ces années fastes contribue à
l'extension du modèle d'organisation productive de l'après guerre.
Source : N. Richez-Battesti, La protection sociale en danger, Hatier, coll. Enjeux, 1992.
(1) socialisation des ressources : part des ressources qui n'est pas la contrepartie d'un travail, mais
résulte des politiques de redistribution de l' Etat et des régimes de protection sociale
Etude d'une dissertation rédigée : le plan
La diminution de l'intervention de l' Etat est-elle une source de croissance économique ?
Document 4 :
La remise en cause du consensus keynésien dépasse la simple politique conjoncturelle et
conduit vers un mouvement plus général de désengagement de l'Etat. Si le chômage et la
croissance ralentie ont des causes essentiellement structurelles, la seule chose que l' Etat
puisse vraiment faire consiste en effet à réduire les charges qu'il fait peser sur l'économie et les
obstacles que ses interventions opposent à un fonctionnement plus efficace des marchés. En
matière de croissance, on entre dans l'ère des politiques de l'offre : il ne s'agit plus de stimuler
la demande, mais d'encourager l'offre de biens et facteurs en allégeant les charges et les
contraintes que l' Etat fait peser sur les agents privés. [...]
Les formes du désengagement de l' Etat sont multiples :
- privatisation des entreprises publiques [...] ;
- remise en cause des réglementations et législations limitant la liberté de gestion de la maind'oeuvre et des salaires (autorisation de licenciement, SMIC, durée de travail, etc.) [...] ;
- allégement des impôts sur les revenus pour créer une incitation au travail et à l'épargne ;
- allégement des cotisations sociales à la charge des entreprises.
Source : J. Généreux, Introduction à la politique économique, Editions du Seuil, 1999
Document 5 :
Des pans entiers de l'industrie britannique ont été vendus, certains lourdement déficitaires,
d'autres qui avaient réussi leur redressement. Cette politique aura fait rentrer 80 milliards de
livres dans les caisses de l'Etat, réduisant son endettement. Mais les critiques n'ont jamais
cessé, même si les actions ont été achetées par neuf millions de petits porteurs, symbole du
capitalisme populaire vanté par Mme Thatcher(1).
Autour des privatisations, les initiatives fleurissent dans le domaine de la déréglementation :
réduction des contrôles bureaucratiques, libéralisation du marché du travail, mise au pas des
syndicats. [...]
Le succès sera immédiat : les cours de Bourse des privatisées s'envolent, la productivité
grimpe en flèche, largement grâce aux compressions de personnel [...]
Les disparités sociales et régionales ne vont cesser de s'accroître dans une société de plus en
plus éclatée. [...]. La prospérité de Londres et du Sud de l'Angleterre augmente, alors que le
Nord et les banlieues pauvres sont frappés par la restructuration économique.
Alors que les mailles de la protection sociale se dressèrent aux dépends des plus faibles, les
dépenses sociales que ces réformes étaient censées réduire ne cessent d'augmenter pour
faire face au chômage.
Source : P. de Beer, Doctrine et pratique du thatchérisme, in Le Monde, Dossiers et
Documents, n°263, mars 1998.
(1) : Premier ministre britannique de 1979 à 1990.
Document 6 :
Certaines théories [...] montrent que si la croissance ne se décrète pas, elle n'est pas pour
autant spontanée. Elle ne peut rester soutenue que si l' Etat favorise les investissements de
long termes.
Les dépenses publiques ne sont pas nocives dans le domaine de l'éducation, des
infrastructures, de la recherche : elle contribuent à améliorer l'efficacité des entreprises privées.
Elles sont un des facteurs explicatifs de la productivité du secteur privé. Cette productivité
dépend notamment du niveau des infrastructures publiques de transports (ponts, voies de
chemins de fer, routes...) et de la qualité du système éducatif. Il existe des externalités(1)
positives qui sont à l'origine d'économies d'échelle et qui expliquent pourquoi l'accumulation du
capital ne s'accompagne pas d'une perte d'efficacité des facteurs de production.
Source :F. Teulon, Le rôle de l' Etat dans l'économie, Seuil Mémo, 1997.
(1) externalités : influences (positives ou négatives) d'un action d'un agent sur le bien-être d'un autre
agent.
Etude d'une dissertation rédigée : le plan
La diminution de l'intervention de l' Etat est-elle une source de croissance économique ?
Séparer les paragraphes de la dissertation suivante, en mettant en évidence la structure interne du plan.
Pendant 30 années, de 1945 à 1975, les pays développés ont connu une croissance exceptionnelle,
comme la France qui a connu une hausse de la production en France de 4 à 5 % chaque année. Le rôle
de l'Etat, pendant cette période n'a cessé de croître : la conception dominante ne fut plus celle d'un EtatGendarme chargé de la sécurité, du cadre légal et des infrastructures strictement nécessaires au bon
fonctionnement du maché, mais était passée à celle d'un Etat-Providence chargé, selon l'analyse
keynésienne, de la régulation économique pour éviter les crises, comme celle de 1929, et l'inflation, et,
selon les inspirations bévéridgienne et bismarkienne, d'assurer un minimum social aux familles et aux
individus, en cas de maladie, de vieillesse ou de chômage. L'Etat,organisation détentrice de la force
légale , pour répondre à ces multiples fonctions, s'est diversifié. Il inclut les adminsitrations centrales
comme l'éducation nationale qui rend le service d'éducation, les collectivités locales comme les villes
qui organisent le ramassage des poubelles, la sécurité sociale dont l'assurance maladie qui rembourse
les frais de médicaments, et de l'Europe qui mène, par exemple, la politique agricole.Le ralentissement
de la croissance, à partir de 1975 a mis en cause ces interventions : les théories économiques et les
politiques mises en place par les Etats ont vu un renouveau du libéralisme. Il est possible, avec le recul
des 20 dernières années, de s'interroger sur le degré d'intervention de l'état souhaitable pour la
croissance économique. Le libéralisme a essayé de démontrer, théoriquement et pratiquement, que la
diminution de l'intervention de l'Etat permettrait une nouvelle croissance, mais n'y a-t-il pas des limites
? La théorie libérale a connu un renouveau avec la crise : l'Etat se révélant incapable de restaurer une
croissance durable, n'était-ce pas lui qu'il fallait diminuer ? L'arrivée à la direction de la Federal
Reserve Bank de Greenspace en 1979, et surtout de Mme Thatcher au Royaume-Uni et de Mr Reagan
en 1981 aux Etats-Unis ont permis aux politiques économiques de prendre en compte ces critiques.
Quelles en sont les points forts ? Dès le XVIIIe sicècle, les économistes classiques, comme Adam
Smith ont montré que le rôle de l'Etat devait être limité, la théorie de l'offre a renouvelé cette théorie
de même que celle monétariste. Adam Smith a développé l'image de la main invisible : le marché est
comme guidé pour la satisfaction de tous. Si chaque individu ne cherche que son propre intérêt, les
facteurs de production seront utilisés au mieux, la production sera maximale et les individus satisfaits.
Par exemple, si un boulanger veut gagner le maximum d'argent, il cherchera à faire du bon pain, à un
prix attractif : le consommateur viendra chez lui pour obtenir un bon rapport qualité-prix, et le
boulanger pourra gagner plus. Le fonctionnement du marché permet une adaptation rapide aux
changements de goûts des consommateurs, favorise les innovations grâce à la concurrence, et l'Etat ne
doit pas gêner ce fonctionnement : il doit exister car il faut des règles et des infrastructures, mais ne
doit pas prélever trop. (document 1) Tout prélèvement (impôt, taxe, cotisation sociale) est une
diminution de la richesse des individus qui l'auraient utilisé productivement pour leur profit mais aussi
pour le bien-être de tous grâce à la production réalisée. Il diminue donc la croissance économique en
étant souvent gaspillé par les hommes politiques trop souvent tentés par des réalisations de prestige
improductives mais qui leur servent à se faire réélire. Ces idées ont perdu de leur influence avec la
crise de 1929 : Keynes avait montré qu'un équilibre de sous-emploi était possible et qu'il fallait que
l'Etat intervienne. La "crise" de 1975 et l'inefficacité des politiques keynésiennes qui ont suivi ont
conduit à un renouveau de la théorie néoclassique. Pour eux, la crise de 1975 est due à l'Etat : par ses
prélèvements, il réduit la production. Contrairement aux keynésiens qui considèrent que le dynamisme
économique provient de la demande (sans ventes pas de production), ces théoriciens réaffirment
l'importance de l'Offre : les entreprises ne doivent plus subir les contraintes réglementaires qui les
empêchent d'agir, les impôts et les charges sociales qui diminuent leur rentabilité en augmentant leurs
coûts : il faut laisser l'initiative privée libre; le marché du travail, par exemple, ne peut plus trouver
d'équilibre sans chômage si l'Etat impose un salaire minimum supérieur au salaire d'équilibre égal à la
producitivité marginale du travail; les entreprises n'investissent pas si l'épargne est insuffisante, il faut
donc favoriser celle-ci en supprimant les réglementations qui limitent les marchés boursiers et en
réduisant les impôts des plus riches qui ont une propension à épargner supérieure. La courbe de Laffer
schématise cette analyse : il est évident qu'avec un taux d'imposition nul, les recettes fiscales le seraient
aussi. Il est tout évident qu'avec un taux d'imposition égal à 100 %, les recettes seraient également
nulles : personne n'accepterait de travailler si tout son revenu était prélevé par l'Etat. Entre ces deux
points, la courbe a deux parties : pendant un premier temps, les recettes fiscales augmentent avec le
taux d'imposition, et il suffit à l'Etat de l'augmenter pour équilibrer son budget. Mais dans un deuxième
temps, l'augmentation du taux d'imposition réduit les recettes : les individus préfèrent cacher leurs
revenus ou s'arrêtent de travailler considérant que le revenu disponible après impôt est insuffisant pour
Etude d'une dissertation rédigée : le plan
La diminution de l'intervention de l' Etat est-elle une source de croissance économique ?
compenser l'effort réalisé (la désutilité du travail). La production et donc la croissance se réduit, les
déficits publics s'accumulent car si l'Etat augmente le taux d'imposition pour couvrir ses dépenses, il
obtiendra l'inverse : moins de recettes, plus de déficit. La solution est donc de réduire le taux
d'imposition. Cette diminution du poids fiscal doit s'accompagner pour les monétaristes de la
suppression du financement des déficits par création monétaire. La relance keynésienne en période de
chômage s'appuie sur un déficit public financé par création monétaire. Pour Milton Friedman, c'est une
hérésie économique car cette création provoque l'inflation. Les agents économiques ne se laissent pas
duper longtemps par une illusion monétaire : ils savent que le déficit public provoque une
augmentation illusoire de la demande car elle ne correspond pas à une hausse de la production. Ils
augmentent les prix et non la production. C'est pourquoi l'inflation s'était développée dans les années
1970 avec les déficits et qu'il fallait la stopper. Les théories classique et néoclassique remettent donc en
cause les interventions de l'Etat. Elles se traduisent par de nouvelles politiques à partir de 1979 :
diminuer l'importance des interventions de l'Etat, réduire l'inflation par la politique monétaire. Le
"tournant" libéral s'opère en Grande Bretagne (Thatcher 1979) et aux Etats-Unis (Reagan 1980). Il
interviendra en France et plus tard (après 1983) et de façon moins forte qu'aux EU ou en GB. On peut
distinguer plusieurs "volets" à ces politiques : dans la continuation d'A. Smith, réduire les
interventions; en accord avec la politique de l'Offre, réduire les impôts; lutter contre les déficits
publics; d'inspiration monétariste, mettre en place une politique monétaire contre l'inflation. (document
4) La première forme d'intervention de l'Etat est l'instauration de règles (les lois et réglements) qui
limitent le libre fonctionnement des marchés en fonction d'objectifs d'intérêt général. Un exemple en
est le salaire minimum que le gouvernement de Mme Thatcher avait supprimé : en établissant un
salaire plancher, l'Etat permet aux travailleurs les moins qualifiés d'obtenir un pouvoir d'achat minimal.
Mais si le salaire minimum est supérieur au salaire d'équilibre (et ce n'est que dans ce cas qu'il a un
intérêt), il va créer du chômage, la demande de travail des entreprises se réduisant alors que la demande
augmente. Pour les entreprises, le salaire, qui est un coût pour elles, devient supérieur à ce que rapporte
le travailleur (sa productivité marginale est inchangée). Pour les travailleurs, un salaire plus élevé rend
plus attractif le travail, celui-ci devenant supérieur à la désutilité. Supprimer le salaire minimum doit
permettre de réduire le chômage, donc d'augmenter les revenus, la consommation, et la production.
Ceci n'a pas été immédiat mais à partir de 1986 le taux de chômage a diminué au Royaume-Uni. Une
autre diminution de l'intervention de l'Etat concerne son rôle dans la production : certaines entreprises
sont nationalisées, dans des secteurs très divers selon les pays. Le gouvernement Thatcher a privatisé la
plupart des entreprises nationalisées (document 5). Ceci a favorisé la croissance économique de
plusieurs points de vue. La productivité des privatisées a augmenté grâce aux compressions de
personnel et à la lutte contre les rigidités : la diminution du pouvoir syndical permît d'imposer une
intensité du travail plus élevée. Or la productivité est à l'origine de la croissance car elle signifie
produire plus avec la même quantité de facteurs de production. Cette amélioration des entreprises a
conduit à une hausse des cours boursiers donc à des plus-values pour les actionnaires qui ont pu les
investir ou consommer, donc favoriser la croissance. Les politiques libérales des années 1980 intègrent
donc l'idée classique que l'Etat ne doit pas intervenir dans les domaines où le marché est plus efficace.
Leur plus grande nouveauté est du côté des recettes : pour diminuer le rôle de l'Etat, il faut commencer
par réduire les impôts. Aux Etats-Unis particulièrement, l'élection de Mr Reagan s'est faite sur le
programme de diminution des impôts qui a plus touché les ménages les plus riches et les entreprises.
On attendait donc une reprise de la croissance par plus d'épargne et d'investissement. En fait, c'est la
consommation qui a la première décoller : l'envolée boursière a augmenté la valeur des patrimoines et
donné confiance aux américains qui ont plus dépensé. Le projet de "guerre des étoiles" qui voulait
constituer un bouclier de missiles défensifs autour des Etats-Unis a favorisé les dépenses militaires,
créé un déficit public colossal, et finalement une reprise économique plus keynésienne que libérale. Au
total, les Etats-Unis et le Royaume-Uni qui ont mené les politiques les plus libérales ont connu au
milieu des années 1980 (au moment du libéralisme) une baisse du chômage et une reprise de la
croissance plus forte que les autres pays. Le document 2, postérieur à cette période, montre une
croissance forte aux Etats-Unis et plus irrégulière au R-U. Mais les déficits publics ont-ils été résolus ?
Pour respecter la théorie monétariste et éviter l'inflation, les déficits publics ont cessé d'être financés
par création monétaire, dans les pays anglo-saxons comme en Europe. Ils entraînent un effet d'éviction
sur les marchés financiers : les emprunts publics concurrencent les emprunts des entreprises privées et
les taux d'intérêt augmentent limitant les investissements. Bref, les déficits sont à proscrire, et la
diminution des taux d'imposition n'ayant pas eu un effet suffisant, les Etats ont essayé de réduire toutes
leurs dépenses, ce qui n'est pas facile dans une période de chômage et de faillites d'entreprises où les
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demandes d'aide se multiplient. Les déficits publics se sont réduits en pourcentage du PIB dans tous les
pays cités par le document 2, sauf au Japon qui a maintenu des politiques keynésiennes de relance, sans
succès d'ailleurs. La lecture libérale du document 2, s'appuie sur les résultats américains pour montrer
que la lutte contre les déficits publics est facteur de croissance : le déficit public fort de 1990 à 1995
aux Etats-Unis (- 4,5 % du PIB) a entraîné une faible croissance en moyenne (hausse du PIB hors
inflation de 2,4 % par an); alors qu'en 97 et 99, le déficit devient progressivement un excédent (+ 1 %
du PIB), ce qui permet à la croissance de s'accroître (le PIB réel augmente de 4,2 % par an) . La France
connaît, à un moindre degré, puisqu'elle connaît encore un déficit public, la même corrélation : les
gouvernements mènent bien depuis 1983 des politiques de lutte contre les déficits mais moins libérales
qu'aux Etats-Unis. En Grande-Bretagne, le taux de chômage est en baisse : sur 100 actifs, 8,8 étaient
au chômage en moyenne sur la période 1990-95, 5,9 en 1997. Ce qui est positif. Le premier objectif
des politiques libérales : retrouver la croissance a été atteint pour les Etats-Unis, qu'en est-il du second
: la lutte contre l'inflation ? Du fait des choix théoriques et de l'internationalisation, la lutte contre
l'inflation est devenue une priorité : si les prix intérieurs augmentent plus que ceux des autres pays, la
compétitivité des entreprises baisse, elles exportent moins et importent plus, et la production ne peut se
développer. La lutte contre l'inflation implique la réduction des déficits publics mais ne se limite pas à
cela : les politiques monétaires contrôlent la création monétaire par tous les agents économiques. Seuls
les EU ont eu une politique strictement monétariste de 1979 à 1983 avec Mr Paul Volker président de
la fed, c'est-à-dire ne s'occupant que de la masse monétaire pour qu'elle n'augmente pas plus vite que la
production réelle. L'effet sur l'inflation fut positif puisque la désinflation mondiale date de cette
période. Les autres pays ont été obligés de suivre à des degrés divers ; les taux d'intérêt élevés
américains attiraient les capitaux étrangers et obligeaient à relever les taux nationaux pur éviter une
trop forte baisse des taux de change. L'Europe s'est toujours préoccupée du niveau des taux d'intérêt
pour qu'un niveau trop élevé ne bloque pas les investissements. La construction de l'Union Monétaire
Européenne a notamment pour but de limiter la contrainte de change : 60 % des échanges se font entre
pays européens. Les analyses néoclassiques ont donc fortement inspiré les politiques américaines et
britanniques : les interventions de l'Etat ont été réduites dans le but de sortir de la "crise" et de rétablir
la croissance sans inflation. Du point de vue de l'inflation, le résultat est évident bien que les politques
adoptées n'aient pas été strictement monétaristes. Le résultat sur la croissance est est bon pour les EtatsUnis, moins pour la Grande-Bretagne : la variabilité des taux de croissance donnés par le document 2
empêche de trouver une corrélation entre la baisse des déficits publics et la croissance. N'y a-t-il pas
des inconvénients au désengagement de l'Etat ? Les politiques concrètes ont des limites que l'analyse
économique permet d'expliquer. Prenons l'exemple des privatisations britanniques (document 5). Les
gains de productivité ont été obtenus par des licenciements qui ont augmenté, particulièrement dans les
premières années de la décennie 1980, le chômage. Les déséquilibres entre régions ont été accrus car
les entreprises publiques devaient suivre les indications gouvernementales qui prenaient en compte ce
problème. Certaines régions se retrouvent sans emplois avec un grand nombre de pauvres. Le
libéralisme a fortement accru les inégalités sociales : les individus qui ont les compétences recherchées
par les entreprises trouvent du travail et sont bien payés, mais ceux qui ne sont pas qualifiés ou dont les
qualifications ne sont plus utiles du fait du progrès technique se retrouvent exclus. L'idéologie qui
considère que chaque individu doit se débrouiller seul sans aide sociale pousse certains à réussir mais
ne peut éviter qu'un grand nombre n'ait plus rien. Ceci ne se voit pas forcément dans les taux de
chômage car ne sont rescencés que ceux qui cherchent réellement du travail et non ceux qui,
découragés par l'absence d'emplois dans leur région ou à leur qualification. Les richesses accrues des
plus riches ne profitent pas toujours à la croissance : en France, le taux de marge des entreprises s'est
fortement accru depuis 1983, mais il a fallu attendre la reprise de la consommation pour que
l'investissement redémarre. Malgré leurs profits les entreprises n'investissaient pas car leurs ventes
prévues stagnaient. Au niveau international, la globalisation financière, c'est-à-dire
l'internationalisation des marchés financiers et des capitaux, a certes permis un financement
international plus facile des crédits mais a aussi développé la spéculation et l'instabilité préjudiciable à
la croissance économique. Un pays comme la Corée du Sud a connu deux ans de crise après la
spéculation à la baisse sur sa monnaie et le krach qui a suivi. Ces phénomènes expliquent les effets
nuancés des politiques libérales sur la croissance. Si les Etats-Unis connaissent une croissance certaine
( document 2) , les autres pays ont une hausse de la production irrégulière (cas du Royaume-Uni) ou
encore insuffisante (Allemagne, France) malgré leurs efforts pour réduire les dépenses de l'Etat. La
corrélation statistique faible déficit public - croissance ne montre pas forcément que les pays qui ont le
plus réduit leurs dépenses connaissent la plus forte hausse de leur production : un pays peut dépenser
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La diminution de l'intervention de l' Etat est-elle une source de croissance économique ?
beaucoup et ne pas être en déficit. L'interprétation du document 2 peut également ne pas être libérale :
c'est la forte croissance aux Etats-Unis qui permet un excédent public et non une politique de réduction
des dépenses et des impôts. La croissance signifie en effet que les revenus et les achats progressent,
sans augmenter son taux d'imposition, les recettes fiscales progressent et réduisent le déficit. Au Japon,
au contraire, la très faible croissance conduit au déficit "spontanément". Vouloir, comme en Europe,
réduire les déficits alors que la croissance reste très moyenne implique un renforcement de la
stagnation et du chômage. Ces dangers de l'oubli du social et du rôle nécessaire de l'Etat en période de
crise sont analysés par les keynésiens qui montrent la nécessité de la redistribution, les effets externes
positifs des interventions de l'Etat et leur rôle conjoncturel. Il peut paraître juste que l'individu ne
puisse compter que sur lui-même et ne soit pas poussé à la paresse par des aides sociales, mais c'est
oublier l'effet macro-économique de ces aides et l'injustice de départ des individus. (document 3) Le
fordisme mis en place après 1945 dans les pays développés était basé sur le premier principe : pour que
les entreprises produisent sans cesse plus, il faut que la consommation progresse. Les conventions
collectives ont permis l'augmentation négociée des salaires, mais il restait à maintenir un pouvoir
d'achat aux personnes touchées par les aléas de la vie : l'assurance maladie permet de stabiliser les
revenus et assure le financement des soins qui permettront à l'individu de vite retrouver sa place dans la
production, les retraites permettent aux personnes âgées, qui pendant longtemps ont fait partie des
pauvres, d'avoir un revenu alors qu'elles n'ont plus la rentabilité nécessaire aux entreprises, les
indemnité de chômage permettent à l'individu de vivre pendant qu'il cherche un emploi et maintiennent
la consommation nationale, donc la croissance. On ne saurait donc considérer que l'Etat peut supprimer
les dépenses sociales avec des effets positifs sur la croissance. Il en est de même de nombreuses
dépenses économiques du fait de leurs effets externes. ( document 6) L'entreprise qui augmente sa
productivité en utilisant un jeune qualifié ne doit pas toute son efficacité à elle-même mais en partie à
l'action de l'Etat dans le domaine de l'éducation. Avec une dépense qui avoisine les 30 000 F annuels
par lycéen, l'Etat français permet une qualification qu'une grande partie des parents ne pourraient pas
financer. Les entreprises ont besoin d'infrastructures de transport que le marché ne pourrait pas
spontanément créer car ce sont des biens collectifs qu'il est difficile de faire payer individuellement par
chaque consommateur : multiplier les péages sur toutes les routes serait contre-productif. Tous les
Etats des pays développés, et notamment les Etats-Unis, aident également le financement de la
recherche : certes les entreprises en réalisent, mais, face aux incertitudes et à la concurrence
internationale, l'Etat qui aide ses entreprises permet plus de compétitivité. On pourrait multiplier les
exemples d'intervention qui aident à la productivité comme l'établissement de normes pour la
production (comme le voltage des appareils) ou la détection des maladies contagieuses du bétail.
Contrairement aux critiques libérales, l'Etat n'est pas un boulet pour les entreprises mais favorise la
croissance par ses actions structurelles et aussi par son rôle conjoncturel. L'inefficacité des politiques
keynésiennes de relance est une réalité : lorsque la France a voulu seule retrouver la croissance en 1981
alors que tous les autres pays étaient en récession et en politique de rigueur, l'excédent de dépenses
publiques a plus développé les importations que la production nationale. Lorsque le gouvernement
japonais annonce des successions de plans de relance et rend les taux d'intérêt réels négatifs, les
entreprises continuent de ne pas investir car le manque de confiance (la "trappe à liquidités" de
Keynes) se maintient. Pourtant il est fort discutable de mettre la croissance américaine sur le compte
d'une politique libérale exemplaire. Certes les impôts sur les ménages les plus fortunés et sur les
entreprises ont baissé en 1981-1984, mais ce n'était pas l'épargne et l'investissement qui avaient
provoqué la reprise. Au contraire, profitant d'une hausse de la bourse qui revalorisait leur patrimoine,
les américains avaient consommé. Au même moment, le déficit public augmentait avec les dépenses de
la "guerre des étoiles" qui devait mettre en place un bouclier de missiles protecteurs lancés par
satellites pour protéger le territoire américain : les sommes ont servi au secteur militaire qui a distribué
des revenus et permit une hausse de la consommation. Finalement, la relance fut "keynésienne". De
nouvelles analyses libérales ont favorisé la mise en place de politiques cherchant à diminuer le rôle de
l'Etat pour relancer la croissance au début des années 1980. Les Etats-Unis semblent avoir réussi dans
cette voie en diminuant le chômage et en retrouvant un croissance que les autres pays lui envient. Mais
cette réussite est discutée : les inégalités sociales croissantes sont un handicap pour l'avenir et les
politiques mises en place n'ont pas toujours diminué le rôle de l'Etat. Ce dernier semble incontournable
pour augmenter la productivité générale de l'économie grâce aux biens collectifs, mais aussi pour
relancer la conjoncture. Plutôt que moins d'Etat, ne faut-il pas chercher à améliorer son fonctionnement
sans oublier que la croissance n'a de sens que si elle est durable ?
Etude d'une dissertation rédigée : le plan
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