Le catalogue de radiosources établi par P.C. Gregory et J.J. Condon en 1991 est
important. Ils ont effectué leurs observations à une longueur d’onde de 6 cm. Les
32 000 radiosources les plus intenses sont distribuées dans le ciel de façon
beaucoup plus aléatoire que les galaxies. La distribution ne fait ressortir ni
structures allongées ni vides significatifs.
Par la suite, Martin Ryle et de nombreux autres chercheurs ont effectué
d’importants décomptes de radiosources. En pratique, on sélectionne une zone de
ciel non occupée par des sources locales ou proches, et l’on établit une liste de
toutes les radiosources éloignées, même très faibles, observées dans cette zone.
Elles sont ensuite subdivisées sur la base de leur luminosité, et l’on construit des
graphiques dans lesquels on indique le nombre de radiosources, en fonction de leur
luminosité. Ces graphiques sont appelés diagrammes log n - log S. Or, quelle que
soit la direction du ciel que l’on étudie, les diagrammes log n - log S sont presque
identiques. Cela est une première indication de l’isotropie de l’Univers à grande
échelle. En moyenne, l’Univers présente le même aspect, quelle que soit la
direction du ciel que l’on observe. On verra que ce résultat est confirmé par les
observations du rayonnement de fond du ciel (ou rayonnement cosmologique
fossile), et constitue l’un des principes de base de la cosmologie moderne. Les
diagrammes log n - log S montrent en outre que les sondages les plus « profonds »
concernent des galaxies à des stades évolutifs, différents, présentant donc des
luminosités et des dimensions intrinsèques différentes. On ne doit pas oublier que
nous observons aussi bien des radiosources relativement proches que des
radiosources très éloignées, dont nous recevons aujourd’hui la lumière qu’elles ont
émise il y a plus de dix milliards d’années. À l’époque, elles devaient être encore
dans les premières phases de leur évolution. En observant des radiogalaxies à
différentes distances, et donc à différents âges, on peut restituer la séquence
évolutive de ces objets très intéressants.
Quasars
Les objets les plus éloignés que nous connaissions sont les quasars ou QSO
(acronyme de Quasi Stellar Objects, objets presque stellaires). Ils se trouvent
jusqu’à dix milliards d'années-lumière de notre Galaxie ; leur luminosité est
extrêmement élevée et ils apparaissent au télescope comme des étoiles. Le
Quasar 3C48 a la luminosité de mille milliards de soleils ! En outre, certains QSO
présentent d’importantes fluctuations de leur luminosité, sur des temps courts, qui
vont d’un jour à quelques mois. Cela signifie que la dimension de la zone émissive
est extrêmement petite, de l’ordre du jour lumière (25 milliards de km
« seulement » : rappelons, en revanche, que la luminosité d’une galaxie provient
d’une région 30 millions de fois plus grande !). Dans le cas contraire, en effet, ils ne
pourraient pas fluctuer si rapidement. Si nous supposons par exemple qu’un quasar
mesure 10 années-lumière et que, pendant un court instant, tout le quasar redouble
de brillance, ce que nous observerons sera une légère augmentation de la
luminosité d’une dizaine d’années de durée. En effet, la lumière qui provient des
zones du quasar les plus éloignées de nous a dix années-lumière de distance à
parcourir en plus par rapport à la lumière qui provient des zones du quasar les plus
proches de nous. Le fait que l’on observe des fluctuations d’intensité plus rapides,
de l’ordre du jour de lumière, signifie que le quasar ne peut pas être beaucoup plus
grand qu’une journée de lumière, c’est-à-dire de l’ordre de grandeur du Système
solaire. Comment une luminosité égale à celle de cent galaxies peut-elle se