L'auteur de l'article tient à remercier vivement Loïc Villain et Richard Taillet pour leurs
lectures de ce dossier. Comme d'habitude, s'il devait rester des erreurs et des obscurités,
elles ne sauraient être que les miennes.
Vers la fin du XIXième siècle, la physique classique semble à beaucoup un monument
presque complètement achevé. Les grands principes de l’Univers ont été décryptés, et il
ne reste plus que quelques coefficients numériques dans les équations à déterminer
expérimentalement. Bien sûr, reste encore le problème mathématique de déduire des
principes et des équations de la physique classique tous les aspects du monde physique.
Mais cela, pour les physiciens de l’époque suivant le programme lancé par Descartes
quelques siècles plus tôt, c’est la tâche des générations futures.
Il reste quand même deux petites anomalies, comme le pape de la physique de l’époque,
Lord Kelvin, le mentionnait dans une de ses conférences. La première est bien connue,
c’est le résultat négatif de l’expérience de Michelson-Morley, et la seconde, les
contradictions et les impasses rencontrées lorsque l’on cherche à déduire des équations de
Maxwell, et des principes de la thermodynamique statistique, les lois du rayonnement
d’un corps chauffé.
L’expérience de la vie de tous les jours nous enseigne que lorsqu’on porte un corps à une
température de plus en plus haute, il se met à rayonner de plus en plus de lumière et
change de couleur. De même, le rayonnement émis par un corps chaud chauffe un corps
plus froid, il suffit de penser à l’action du Soleil.
La thermodynamique étant la science des transformations de l’énergie, elle doit avoir son
mot à dire sur les lois déterminant la quantité de lumière produite par un corps chauffé,
ainsi que sur la composition spectrale de cette lumière.
Si l’on considère un ensemble de corps chauffés à des températures différentes, placés
dans une enceinte avec des parois parfaitement réfléchissantes, l’expérience montre que
les plus froids se réchauffent et les plus chauds se refroidissent jusqu’à atteindre une
température uniforme.
L'ensemble constitue alors un système en équilibre thermique ou encore
thermodynamique : une situation identique advenant au bout d'un certain temps avec un
glaçon plongé dans de l'eau par exemple.
Comme on va le voir, le but des physiciens de l'époque était de comprendre et de décrire
le rayonnement précédent à l'équilibre thermique. L'une des étapes les plus importantes
pour cela fut la découverte des lois de Kirchhoff
A) Les lois de Kirchhoff