HYGIENE DU SYSTEME NERVEUX
LA FATIGUE NERVEUSE ET LES DIVERSES FORMES DU REPOS
Les causes de la fatigue
La fatigue marque de son empreinte toutes les formes de l'activité nerveuse. Chez l'organisme fatigué, les réflexes
sont moins rapides, moins intenses et moins précis ; le travail cérébral est plus pénible et moins efficace.
La fatigue nerveuse peut être d'origine physique, intellectuelle ou morale. Dans les collectivités modernes
(usines, cités), elle frappe tous les individus sans distinction ; mais elle est particulièrement redoutable chez les
surmenés et les tourmentés.
La vie moderne, source de fatigue nerveuse.
Le citadin qui circule à pied, à bicyclette ou en voiture dans une grande cité, l'ouvrier spécialisé qui surveille le
fonctionnement de sa machine présentent l'un et l'autre une tension d'esprit constante devant la perspective d'un
accident toujours possible. Ils doivent supporter la lumière aveuglante des panneaux publicitaires ou des
chalumeaux, le bruit assourdissant et les vibrations de toutes sortes dus au passage des poids lourds ou au travail
des machines.
Le bruit, surtout, doit être considéré comme un véritable fléau social :
Il trouble les opérations intellectuelles les plus simples et, par suite, exagère la fatigue cérébrale.
Il gêne le sommeil et diminue ses effets réparateurs.
Il favorise l'éclosion des troubles nerveux et psychiques.
De nombreuses mesures tendent à limiter les effets du bruit : bitumage des chaussées, emploi généralisé des
pneumatiques, construction d'immeubles en matériaux insonores, aménagement de cités-jardins loin des usines et
des grands noeuds de communication... Malgré toutes ces précautions, l'Homme moderne est de plus en plus
émotif et irritable ; il n'est plus "maître de ses nerfs", et son travail laisse souvent à désirer.
Le surmenage intellectuel.
Le surmenage intellectuel est fréquent chez les hommes de science, les médecins, les hommes d'affaires, les chefs
d'industrie... Il a généralement pour cause un travail excessif, et affecte surtout les gens qui manquent de méthode
ou ne savent pas s'arrêter à temps.
Le surmenage scolaire est particulièrement dangereux, car il frappe les jeunes en voie de croissance, chez qui la
résistance physique est moindre. Les programmes trop lourds méritent peut-être les critiques que leur adressent
souvent les parents ; mais il semble bien que cette forme de surmenage aurait tôt fait de disparaître si l'on savait :
orienter vers d'autres voies tous les sujets qui ne présentent pas des aptitudes intellectuelles suffisantes,
interrompre momentanément les études de tous les enfants dont l'état de santé laisse à désirer,
suivre de près les études des élèves doués et robustes, en veillant à ce que chacun d'eux acquière une méthode de
travail conforme à son tempérament propre.
Ainsi, à l'école comme dans la Société, doit s'imposer constamment le triple souci de l'orientation, du contrôle
médical et de l'apprentissage. L'efficacité du travail individuel et le bon équilibre de la collectivité sont à ce prix.
Les tourments.
Un chagrin profond, un deuil brutal, une émotion violente diminuent considérablement la résistance nerveuse et
peuvent, s'ils sont répétés ou si le sujet réagit mal, entraîner un véritable surmenage moral, cause de maladies
nerveuses graves.
La neurasthénie, avec son cortège d'idées noires, de troubles nerveux et organiques, est souvent la rançon du
surmenage moral ; mais elle peut être également la conséquence du surmenage intellectuel. Dans un cas comme
dans l'autre, elle ne frappe guère que les individus prédisposés.
Les différentes formes du repos
Les causes de la fatigue sont trop nombreuses pour qu'il soit possible de lui échapper ; aussi est-il nécessaire, si
l'on veut en limiter les effets, d'avoir recours au repos.
Le repos du système nerveux présente trois degrés :
Le délassement par la variété des exercices.
C'est en changeant d'activité et de milieu que l'on récupère le mieux la force nerveuse perdue.
L'intellectuel trouve un délassement dans la promenade au grand air, le camping, les jeux sportifs, l'activité
manuelle (menuiserie, jardinage). Le manuel, au contraire, recherche les loisirs intellectuels : lecture, musique,
travaux d'art. Il est bon que chaque travailleur possède ainsi une distraction favorite (un "violon d'Ingres") à
laquelle il consacre une partie de ses heures de liberté.
Dans tous les cas, une sorte de compensation doit s'établir entre les activités professionnelles et les loisirs. De
cette compensation dépend le bon équilibre du système nerveux.
Le repos absolu.
Dans certaines professions exigeant une attention soutenue et causant une fatigue intense du système nerveux
(pilotes, chefs d'entreprise, chirurgiens, candidats aux grandes écoles), le simple délassement, devenu insuffisant,
doit faire place au repos absolu.
Pendant une vingtaine de minutes, le travailleur recherche un lieu solitaire, silencieux et obscur. Il s'étend sur un
divan et relâche tous ses muscles. Il arrive ainsi à supprimer tous les influx sensitifs et moteurs qui, dans le repos
incomplet, parcourent encore son système nerveux. Il s'efforce enfin d'écarter momentanément toute
préoccupation et parvient ainsi à ne penser à rien. Cette dernière condition peut sembler difficile à remplir : tous
ceux qui ont tenté l'expérience affirment qu'elle est parfaitement réalisable, avec un peu de volonté et d'habitude.
Le sommeil.
Le sommeil normal assure un repos presque absolu du cerveau ; aussi est-il un élément indispensable de
l'équilibre nerveux.
Pour que le sommeil soit pleinement efficace, il est bon de se coucher chaque soir à la même heure, après une
toilette délassante, et de dormir pendant un temps suffisant (huit heures pour un adulte, neuf heures pour un
adolescent, dix à douze heures pour un enfant d'âge scolaire) dans une chambre fraîche, aérée, obscure et
silencieuse.
Le sommeil est vraiment réparateur :
s'il vient rapidement et naturellement, sans médicaments ni lectures,
s'il est calme et continu, sans rêves ni insomnies,
s'il laisse au réveil une impression de bien-être et de délassement.
LES POISONS DU SYSTEME NERVEUX
Café, thé, etc.
Le café est obtenu par torréfaction des graines de Coffea arabica, arbuste originaire d'Ethiopie. Le principe actif
du café est un alcaloïde, la caféine. Une essence, la caféine, formée au cours de la torréfaction, lui donne son
arôme.
Le thé est obtenu par dessiccation (thé vert) ou par fermentation et dessiccation (thé noir) des feuilles de Thea
sinensis, arbuste originaire d'Extrême-Orient. Le principe actif du thé est la théine, ou théophylline, isomère de la
caféine ayant les mêmes propriétés physiologiques.
Le café renferme 0,75 à 1,5 % de caféine. Le thé renferme 5 % de théine s'il s'agit de thé vert, 2 % s'il s'agit de
thé noir.
A dose modérée, caféine et théine sont des excitants du système nerveux qui semblent favoriser le travail
intellectuel. Mais les personnes qui en abusent présentent parfois des tremblements et souffrent d'insomnies.
Le café et le thé ne conviennent pas aux enfants ; mais, pour les adultes, il s'agit de boissons saines. Les quelques
troubles dus aux excès sont généralement sans gravité ; ils s'effacent d'ailleurs sans laisser de traces dès que
l'usager s'en tient à une consommation raisonnable.
Le chocolat, le coca et les "tonics" sont également des stimulants dont il convient de ne pas abuser.
Alcool, tabac, drogues.
Il s'agit cette fois de substances toxiques dont les effets sont graves et irréversibles.
Par les ravages qu'ils causent dans la société moderne, l'alcoolisme, le tabagisme et les toxicomanies comptent
parmi les fléaux sociaux.
LE PERFECTIONNEMENT DE LA MACHINE NERVEUSE
Il ne suffit pas de protéger le système nerveux contre les risques de surmenage ou d'intoxication ; il faut encore
en améliorer le rendement par une éducation bien conçue. cette éducation doit s'appliquer aux trois domaines :
physique, intellectuel, moral
L'éducation physique.
Par l'entraînement, c'est-à-dire par la répartition rationnelle d'un mouvement donné, l'aiguillage nerveux se
perfectionne, et chaque muscle oriente toute son action dans un sens utile. Le mouvement devient ainsi plus
précis, et la fatigue musculaire s'en trouve réduite d'autant.
En même temps, le mouvement volontaire tend vers l'automatisme. Le mouvement devient alors plus rapide, et,
le cerveau ne dirigeant plus que l'ensemble, la fatigue nerveuse est considérablement diminuée.
L'éducation intellectuelle.
L'acquisition ou le perfectionnement de certaines qualités intellectuelles permettent d'améliorer le rendement de
la machine nerveuse. Là encore, il s'agit d'un véritable entraînement.
Les qualités d'ordre (une place pour chaque chose et chaque chose à sa place) et de méthode (un temps pour
chaque chose et chaque chose en son temps) sont probablement les plus précieuses des qualités intellectuelles.
L'écolier désordonné perd son temps à chercher livres et cahiers ; il disperse ses idées et ne sait comment aborder
son travail ; se sentant pris par le temps, il se précipite et finalement n'aboutit à rien. Il est cependant plus vite
fatigué que l'élève ordonné qui, avec calme et méthode, a su canaliser tous ses efforts dans un sens utile.
La mémoire est également une qualité précieuse. En maintenant à notre disposition le résultat des efforts
intellectuels antérieurs, elle nous épargne des efforts nouveaux et réduit d'autant notre fatigue cérébrale. Mais une
mémoire trop grande n'est pas sans danger si elle réduit à l'excès le travail de jugement et de raisonnement.
Dans nos écoles, les activités intellectuelles sont choisies de façon à développer parallèlement toutes les facultés
de l'esprit. Tout art du pédagogue réside en un tel choix.
L'éducation morale.
Les qualités morales nécessaires à un bon équilibre nerveux sont nombreuses, et, comme dans les domaines
intellectuel et physique, la notion d'éducation se confond avec elle d'entraînement.
Deux catégories d'individus symbolisent l'échec complet de l'éducation morale : les faibles et les mécontents.
Aux premiers manquent la confiance en soi, la volonté, le courage ; aux autres le calme, la gaieté, l'optimisme.
Dans tous les domaines, la volonté et le courage permettent de surmonter les difficultés, et font naître la
confiance en soi qui, à son tour, stimule le courage et la volonté. C'est parmi les sujets confiants et volontaires
que l'on trouve les grands champions, les chefs véritables, les hommes justes et bons.
La gaieté et l'optimisme sont également nécessaires au bon équilibre nerveux et, par contrecoup, à la santé
parfaite. Sachons faire régner la gaieté autour de nous, et communiquons à notre entourage ce bien inestimable
qu'est la joie de vivre
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