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Le Genre
P
leione
Par Denise ROUCOULE
Les Pleiones sont un petit groupe d’orchidées presque rustiques que les
Britanniques appellent orchidées de rebord de fenêtre (window-sill
orchids).
Le nom Pleione vient du grec pleios (nombreux) en référence aux
nombreux pseudo bulbes produits par les touffes de ces plantes.
Dans la mythologie grecque, Pleione était la mère des 7 Pleiades,
transformées par Zeus en 1 groupe d’étoiles.
Le genre a été établi par David Don en 1825, en se basant sur 2 espèces
himalayennes : P. praecox et P. humilis.
Elles sont originaires de Taiwan, de Chine continentale, de Birmanie, du
Laos, du Nord de la Thaïlande, du Nord-Est de l’Inde et du Népal.
On les trouve de 1000 à 4200 m d’altitude dans des régions de montagnes
subtropicales où il y a 4 saisons bien distinctes et où les températures
vont de -5/-7°C à +25/30°C.
Ce sont des orchidées très simples qui se sont différenciées des
Coelogynes pendant leur processus d’évolution : elles ont développé un
cycle végétatif annuel avec pousse vigoureuse et rapide en fin de
printemps et d’été et repos hivernal sévère avec chute des feuilles et
dessèchement des anciens bulbes et des racines.
Cette évolution leur a permis de coloniser les régions himalayennes
froides et leur a donné une extraordinaire résistance au gel et à la neige.
Bien qu’on les trouve dans des régions subtropicales et contrairement à
leurs cousines les Coelogynes, ces orchidées ont un régime qui
s’apparente davantage à celui des orchidées européennes que tropicales.
Elles se sont adaptées à différents habitats puisqu’elles peuvent être
terrestres, épiphytes ou semi lithophytes mais toujours en situation
d’ombre légère et de drainage maximum.
Les espèces chinoises sont, pour la plupart, terrestres.
On les trouve sous des arbres, dans du terreau de feuilles de
rhododendron, de bouleau ou d’aiguilles de pin mais rarement
complètement enterrées.
Les autres espèces sont épiphytes sur des branches et des troncs d’arbre
moussus.
Elles peuvent aussi être lithophytes sur des rochers dans de la mousse
épaisse.
DESCRIPTION
Les plantes ont des pseudo bulbes serrés les uns contre les autres.
Ils mesurent environ 2,5cm de diamètre, parfois moins, parfois plus.
Ils sont annuels : quand le(s) nouveau(x) est pleinement développé,
l’ancien se ratatine et meurt.
Pendant l’hiver, ils restent en repos végétatif, protégés du froid par
l’humus ou la mousse dans lesquels ils vivent.
Ils sont ovoïdes, piriformes (poire + ou – allongée) ou cylindriques,
plutôt écrasés.
Ils peuvent être lisses ou verruqueux, parfois couverts d’une sorte de
« filet » laissé après fragmentation des bractées.
Nota : à l’apex des anciens pseudo bulbes, se forment souvent des
bulbilles qui sont un moyen de reproduction rapide et constituent des
colonies de plantes génétiquement identiques, pouvant fleurir 2 à 3 ans
après leur mise en culture.
Selon les espèces, les pseudo bulbes portent de 1 à 2 feuilles à leur apex.
Ces feuilles sont érigées et plissées et, en automne, elles se dessèchent et
tombent.
Chaque pseudo bulbe peut produire 1 à 2 inflorescences de 2 à 15 cm,
chacune portant 1 ou plus rarement 2 fleurs de 5 à 10 cm d’envergure.
Les fleurs sont de couleur blanche, rose ou magenta avec un labelle
remarquable, + ou – marqué de points ou de stries.
Une seule espèce a des fleurs jaunes : P. forrestii
Nota : chaque espèce se décline également en forma alba ou semi alba
La plupart des espèces et leurs cultivars fleurissent au printemps
(mars, avril, mai) quand le temps s’améliore.
Certains clones de P. formosana comme P. Snow Bunting et des
hybrides comme P. Eiger et Eiger Snow Flake qui ont P. humilis dans
leur filiation, fleurissent dès février/mars.
P. hookeriana clôture la saison en fleurissant fin mai/début juin.
Il y a aussi quelques espèces (et leurs hybrides) qui fleurissent en
automne quand les feuilles tombent et que la température baisse.
Remarque : Il est rarement mentionné que plusieurs espèces produisent
des fleurs parfumées.
Ce sont, plus particulièrement, les espèces à floraison automnale.
P. praecox a une senteur épicée.
P. maculata a un parfum de pomme sucrée.
Parmi les espèces parfumées à floraison printanière, on peut citer certains
clones de P. formosana, ainsi que P. forrestii et P. pleionoïdes.
Nota : les hybrides de ces espèces sont également parfumés.
LES ESPECES
A ce jour, 17 espèces et 6 hybrides naturels ont été reconnus.
Pleiones à floraison printanière
P. albiflora : Nord-Ouest du Yunnan 2400 à 3200 m,
épiphyte/lithophyte. Fl : février/mars. Fleurs : 6 à 8 cm de diamètre, très
légèrement parfumées.
P. aurita : Sud-Ouest de la Chine 1800 à 2500 m, lithophyte sur falaises
et grosses branches moussues. Fl : mars/avril. Fleurs : 8 à 10 cm.
P. bulbocodioïdes : Chine (Yunnan, Sichuan, Guizhou) et Tibet, 900 à
2500 m, terrestre sur pentes abruptes et en forêts ouvertes sous des
buissons de rhododendrons et de pins, enfouie dans de l’humus de
feuilles et d’aiguilles. Fl : mars. Fleurs : 5 à 8 cm.
P. chunii : Extrême Nord de la province de Guangdong, en Chine vers
1800 m, terrestre en sous-bois, repos hivernal un peu moins sévère,
humidifier de temps en temps. Fl : février/mars. Fleurs : 9 cm.
P. coronaria : Centre du Népal, aire de répartition très restreinte, 2800 à
3500 m donc repos + long, épiphyte sur branches ou troncs de
rhododendrons couverts de mousse, au niveau du sol. Fl : avril. Fleurs : 6
à 9 cm.
P. formosana : Centre montagneux de Taiwan, 1000 à 2000 m, terrestre
sur rochers humides couverts de mousse ou sur troncs moussus. Habitat
humide et brouillardeux. Fl : mars. Fleurs : 6 à 9 cm, légèrement
parfumées, couleurs très variables.
P. forrestii : Nord-Ouest du Yunnan et probablement régions limitrophes
de Birmanie, 2400 à 3100 m, lithophyte sur falaises moussues, repos +
long. Fl : mars. Fleurs : 5 à 6cm, les seules du genre à être jaunes (jaunes,
jaune orangé ou jaune crème), légèrement parfumées.
P. grandiflora : Sud-Ouest du Yunnan jusqu’à 2700 m, Terrestre et
lithophyte sur falaises couvertes de mousse, Fl : avril, Fleurs : 9 cm,
blanches, roses ou lavande.
P. hookeriana : Nord-Est de l’Inde, Bhoutan, Népal, Tibet, Nord de la
Birmanie, Laos, 2200 à 4000 m, Epiphyte sur troncs d’arbres et branches
moussus (rhododendrons) ou lithophyte sur falaises couvertes de mousse,
Fl : avril/mai, Fleurs : 2 à 5 cm
Remarque : seule Pleione à produire des stolons.
Difficile à cultiver en raison de l’altitude de son habitat : repos très long
de 7 mois environ, saison végétative très courte de mai à septembre
pendant laquelle il faut « booster » la plante avec un peu de fumier de
cheval.
P. humilis : nom donné à cause du tout petit pédoncule de la fleur, Nord-
Est de l’Inde, Birmanie, Népal et Yunnan, 1800 à 3200 m, Epiphyte sur
rhododendrons moussus, forme généralement de grands colliers autour
des troncs et des branches, Fl : janvier/février, Fleurs : 6 à 8cm
Nota : vraiment pas d’arrosage jusqu’à ce que la fleur soit complètement
fanée.
Les fleurs sont très sensibles à tout changement environnemental donc,
lui choisir, en janvier, un coin frais et tranquille.
P. limprichtii : Ouest du Sichuan et Est du Tibet, 1800 à 3200 m,
Terrestre ou lithophyte, enfouie dans des poches d’humus sur des rebords
de falaises moussues recouvertes de neige en hiver, Fl : mars/avril,
Fleurs : 6 à 8 cm
P. pleionoïdes : (Vendue sous le nom de P.speciosa, non valide), Chine
(Hubei, Sichuan, Guizhou, Yunnan) 1750 à 2250 m, terrestre dans des
crevasses de falaises moussues, forte hygrométrie même en hiver à cause
du brouillard et de la rosée, fl : mars/avril avec souvent 2 fleurs, fleurs : 8
cm
P. scopulorum : Nord-Ouest du Yunnan, 2800 à 4200 m donc repos +
long et pas tout à fait au sec sinon se dessèche et meurt.
Terrestre ou lithophyte dans des habitats variés : bords de falaises
herbeuses, enfouie dans des poches d’humus, au-dessus de torrents
alpins, dans les forêts de pins ou dans des prairies de la zone sub-alpine.
Fl : avril/mai
Fleurs : 1 à 2 petites fleurs de 4 à 5 cm