un prophète, c’est dans une vision que moi, l’Éternel, je me ferai connaître de lui, c’est dans un songe que je
lui parlerai. Il n’en est pas de même de mon serviteur Moïse ... Je lui parle de vive voix” (Nb 12.6-8). Le
Seigneur n’est pas à court de méthode. Comme le dit l’auteur de l’épître aux Hébreux, il “a parlé à plusieurs
reprises et de plusieurs manières” (Hé 1.1). Pour le psychologue la question du mode de révélation est capi-
tale; mais pour le croyant elle est somme toute secondaire. L’essentiel est le contenu du message. Quelqu’un
que j’aime peut me faire parvenir un message par lettre, par téléphone, par télégramme, par radio, ou encore
autrement, cela ne m’est pas indifférent, certes, pourtant ce qui compte surtout pour moi, c’est ce qu’il me
dit. A cet égard l’Écriture nous fournit des renseignements très précis. Elle reproduit les termes mêmes dont
le Seigneur s’est servi. Mais elle reste discrète sur les moyens employés.
Toute la révélation de l’Ancienne Alliance n’est que préparatoire.
Entre Malachie et Jean-Baptiste, comme pour marquer le coup, il y a eu quatre siècles de silence !
Puis la parole de Dieu s’est à nouveau fait entendre, et cela aux oreilles de Jean dans le désert (Lc 3.2). Le
ministère du précurseur était le prélude de la révélation totale et définitive qui nous est accordée en Jésus-
Christ. Malgré toute les interventions divines, les hommes de l’Ancienne Alliance soupiraient après une ve-
nue personnelle du Seigneur. “Oh ! si je savais où le trouver ?” disait Job (Jb 23.3). “Éternel, incline les
cieux et descends !” (Ps 144.5), suppliait David et le prophète Ésaïe lui faisait écho: “Ah ! si tu déchirais les
cieux et si tu descendais !” (És 63.19 - ou 64.1 selon les éditions).
Les croyants d’autrefois osaient s’exprimer ainsi, parce que Dieu avait promis d’intervenir pour eux.
Il a exaucé leur cri lorsque dans la nuit de Noël Jésus est né à Bethléhem. Il était vraiment Dieu avec nous
(Mt 1.23). Il a pleinement manifesté le nom du Père aux hommes (Jn 17.6). Ceux qui le voyaient, voyaient le
Père (Jn 14.9). “Personne n’a jamais vu Dieu” — ce ne sont pas seulement les incrédules et les moqueurs
qui le disent. L’apôtre Jean le dit aussi. Mais il ajoute: “Dieu le Fils unique qui est dans le sein du Père nous
l’a fait connaître” (Jn 1.18).
Après que Jésus ait transmis à ses disciples “tout ce qu’il avait appris de son Père” (Jn 15.15),
quelque chose pouvait-elle encore être ajoutée à la révélation ? Oui, car la manifestation du Fils culmine à la
croix, où “Dieu prouve son amour” (Ro 5.8), et à la résurrection par laquelle Jésus “est déclaré Fils de Dieu”
(Ro 1.4). Avant que ces événements décisifs aient eu lieu, même les disciples étaient incapables d’en saisir
la portée, et quand le Seigneur leur en parlait “ils ne comprenaient pas ses paroles et craignaient de le ques-
tionner” (Mc 9.32). Aussi le Maître leur dit-il dans ses derniers entretiens “J’ai encore beaucoup de choses à
vous dire, mais vous ne pouvez pas les supporter maintenant. Quand l’Esprit sera venu, il vous conduira
dans toute la vérité” (Jn 16.13).
Ainsi, les apôtres, après la Pentecôte, ont bénéficié des lumières que le Consolateur leur communi-
quait : “Dieu a montré à Pierre qu’il ne fallait dire d’aucun homme qu’il est souillé” (Ac 10.28), qu’il con-
venait de faire bon accueil aux païens. Paul n’a pas reçu son Évangile par le truchement d’un homme, mais
“par une révélation de Jésus-Christ” (Ga 1.12). Le dernier livre du Nouveau Testament a pour titre Apoca-
lypse, révélation, et ce titre ne lui a pas été donné après coup. Il figure dans le texte lui-même (Ap 1.1).
La révélation totale que le Fils est venu apporter au monde par son incarnation devait donc être éclai-
rée par l’Esprit Saint pour les premiers témoins. Mais après cela nous n’avons pas d’autres lumières à espé-
rer avant le retour de notre Sauveur. En nous “parlant par le Fils en ces temps qui sont les derniers” (Hé 1.2),
Dieu a dit son dernier mot. “Si quelqu’un annonce un autre évangile, qu’il soit anathème” (Ga 1.8).
Plusieurs ont entrepris de compléter l’Écriture par des visions, des illuminations, des explications. En
principe semble-t-il, ils auraient pu le faire sans contredire la révélation déjà existante. Pourtant par une
sorte de fatalité, invariablement ils en sont arrivés à contredire la Bible d’une manière ou d’une autre. Bien
sûr, le Saint-Esprit peut nous donner des avertissements et des directions pour notre vie personnelle. Il n’y a
pas de texte biblique qui déclare que je doive rédiger ce présent ouvrage, et pourtant je pense bien obéir à un
ordre de Dieu en le faisant. Mais en ce qui concerne la doctrine chrétienne, la révélation est close depuis la
mort du dernier apôtre. Comme le dit la confession de la Rochelle:
“Nous croyons que cette Écriture Sainte contient parfaitement la volonté divine et que tout ce
que l’homme doit croire pour être sauvé y est suffisamment enseigné. Car puisque toute la ma-
nière du service que Dieu requiert de nous y est très au long décrite, les hommes ... ne doivent