innovations que les grosses multinationales hésitent à anticiper, s'écroulent le plus souvent aussi vite
qu'ils sont nés, victimes des aléas économiques et des banques.
En fait, la classe dominante est, dans l'économie actuelle, une bourgeoisie de plus en plus restreinte et
puissante.
A côté de ces propriétaires, il y a les hauts cadres, techniciens très qualifiés, ingénieurs qui représentent
13,9 % de la population active, en incluant les professions libérales et les commerciaux d'entreprises, qui
vivaient et se sentaient plus proches de la bourgeoisie que des travailleurs. Mais depuis la crise des années
80 et la mondialisation, cela a bien changé. Parmi les premières victimes de l'endettement et de l'épargne
salariale, ils commencent à leur tour à être touchés par les licenciements. Dernièrement, les
multinationales font de plus en plus effectuer leur travail high-tech (études d'ingénierie, analyse
financière, études de marché) par des ingénieurs en Inde ou en Chine, ce qui représenterait entre 15 et 35
% des 2,8 millions d'emplois supprimés depuis 2 ans aux USA…
Si la plupart des hauts cadres fonctionnaires sont encore choyés par l'Etat, comme les Trésorier payeur
général qui peuvent gagner jusqu'à 182 000 €, certains comme les directeurs de centre hospitalier (29 000
€ en début de carrière) commencent à être menacés, puisque le plan Hôpital 2007 prévoit que ces
Directeurs ne seront retenus qu'en cas de rentabilité...
Ces hauts cadres du privé ou du public ne sont pas propriétaires de moyens de production, ils sont au
service de patrons ou de l'Etat, mais leur sort est lié à celui des travailleurs. En effet, ils sont dépossédés
par le capitalisme plutôt que confortés, même si certains préjugés peuvent les amener à penser le
contraire.
Seule s'étend la classe de ceux qui ne possèdent rien d'autre que leur force de travail.
En France, les salariés étaient 19 millions en 1990 et 21,37 en 2001 ; aux USA 108 puis 124 millions.
Bien sûr, ce n'est plus la classe ouvrière concentrée dans quelques villes et quartiers industriels, des
bastions du militantisme socialiste puis communiste et syndical d'avant et d'après guerre. 90 % de la
population active en France est salariée. Si elle s'est étendue et que son mode de vie a pu changer, elle
n'en demeure pas moins une classe qui n'a que sa force de travail à vendre.
Les ouvriers, 27 % de la population active en 2002 dans l'industrie, l'artisanat ou l'agriculture, sont
nombreux surtout dans les entreprises de plus de 50 salariés, dans la construction automobile,
l'agroalimentaire et le commerce (où les emplois ont été multipliés par 4,4 en 40 ans). Cependant, dans les
métropoles impérialistes, le nombre d'emplois industriels diminuent sans cesse : - 1,5 millions en 25 ans
en France (5 550 000 en 1978, 4 000 000 en 2002) alors que la population active augmentait de 4 millions
de personnes. Cette baisse est bien sûr due aux licenciements, aux délocalisations accélérées par la
mondialisation. Mais surtout à l'évolution technologique, à l'informatique, à l'automatisation, à
l'utilisation de nouveaux matériaux qui ont développé les services et permis de produire plus avec moins
de personnel (l'heure de travail était 28 fois plus productive en 1995 qu'en 1821 !).
Pour satisfaire sa soif de profits, la bourgeoisie aura toujours besoin du travail industriel mais, pour en
réduire les coûts, elle l'externalise et l'exporte dans ce qu'elle appelle les " pays à bas salaires ", en Asie,
en Amérique du Sud… D'abord, ç'a été des secteurs qui ne nécessitaient pas beaucoup de qualification : le
textile, les jouets, le petit électroménager, la chaussure, l'électronique de loisir. Depuis 15 ou 20 ans, ce
sont aussi des emplois du tertiaire, le traitement des bases de données, la programmation informatique, les
centres d'appel… L'Inde est ainsi devenue le premier exportateur mondial de services informatiques ;
dans de grandes villes comme Bangalore, on travaille comme dans une Silicon Valley pour Alsthom,
Axa, Paribas, le Crédit Lyonnais, France Télécom, Vivendi…
Du coup, la classe des salariés s'élargit au niveau de la planète. Les conditions de vie changent : des
fractions entières de la paysannerie ont perdu leur petite propriété et été plongées dans le salariat
moderne, dans les villes du Tiers monde (dont la population a été multipliée par 6 entre 1975 et 1995),
dans des conditions de misère extrême mais loin des campagnes et des relations qui permettaient de
survivre traditionnellement, hors du tourbillon du capitalisme.
La nouvelle force de travail salariée mondiale, environ 1,9 milliard d'ouvriers et d'employés en 1980, était
de 2,3 milliards en 1990 et de 3 milliards en 1995, autant dire la moitié de l'humanité (Petras, Veltmeyer
La face cachée de la mondialisation). Ces travailleurs sont souvent salariés dans de grands complexes,
avec des méthodes tayloristes modernes, ils manient les dernières trouvailles de la technologie tout en
respirant l'air souillé de produits chimiques, de poussières, 14 heures par jour, en vivant parfois dans des
baraquements appartenant aux patrons… Ces tâches qui exigent des bases techniques et culturelles plus