Lausanne, le 10.06 2003 Grandeur et décadence du Japon Un papier de : Yves Claude Marchini Luis M. Ribeiro Domingos Julien Rey Réalisé dans le cadre du cours d’histoire économique du professeur Jean-Christian Lambelet. 1 Table des matières : 1. Introduction ................................................................................ page 3 2. Grandeur et décadence du Japon ................................................. page 3 3. L'industrie au Japon ..................................................................... page 12 4. Evolution économique du Japon Explications institutionnelles .................................................... page 19 5. Conclusion ................................................................................... page 30 6. Bibliographie ............................................................................... page 31 7. Annexes ....................................................................................... page 32 2 Le rythme de l’histoire propose à l’occidental médusé une brassée de questions sans réponse. « Hubert Brochier ,1965 » Introduction Si nous avons choisi ce thème, c’est parce que si cela a intéressé tant de monde c’est qu’il doit y avoir une raison : la fantastique croissance économique japonaise est-elle vraiment un mystère ? Alors que l’économie mondiale et surtout occidentale réalise ces cinquante dernières années des résultats jamais atteints auparavant, le Japon, lui, performe encore mieux. En 40 ans, le PIB par tête s’est multiplié par 12, alors que la population japonaise a augmenté de 50%. En comparaison, le PIB par tête de l’Europe de l’ouest n’a que quadruplé tandis que la population augmentait de 30% pendant la même période. Cependant, ces dernières années, le Japon a connu une crise économique qui n’est pas encore terminée. Grandeur et décadence de l’économie japonaise Cet exposé a pour but d’essayer de retracer ce formidable développement depuis la guerre jusqu’à nos jours. Dans la première partie, nous commencerons par un bref rappel historique afin de mettre en avant d’éventuelles pré-conditions favorables à un tel essor. Ensuite, nous analyserons quelques facteurs ayant pu jouer un rôle dans ce développement, et nous ferons un récapitulatif chronologique des étapes importantes franchies par les Japonais. La deuxième partie s’intéressera quant à elle à l’industrie nippone, plus particulièrement à l’éventuel rôle du gouvernement dans la planification des avancées techniques et technologiques qui ont permis le développement du pays, ainsi qu’à la structure cartelaire particulière au Japon. Enfin, la troisième partie tentera d’expliquer la fin du miracle, c’est-à-dire les causes et conséquences de la crise des années nonante. Petit rappel historique L'ère Edo(1603-1868) Le Tokugawa Ieyasu, principal vassal de Hideyoshi, reçoit le titre de shogun en 1603, il fait d'Edo (ancien nom de Tokyo) la nouvelle capitale du Japon. Les Tokugawa s'appliquent à mettre sur pied un gouvernement bureaucratique efficace et bien structuré. Faire régner la 3 paix et consolider la stabilité du pays sont les mots d'ordre des Tokugawa. Parallèlement, les shoguns mènent une politique fortement isolationniste pour éviter toute sortie d’or du pays. Dès 1858, voyant la puissance militaire étrangère grandir, (en 1854, les Américains forcent l’ouverture de deux ports pour le commerce international), les Tokugawa entreprennent de réorganiser les forces armées. Mais des rébellions internes se soldent en 1868 par la chute du shogun et la restauration du pouvoir impérial. La restauration Meiji(1868-1912) Il s’agit de l'ère de la reconstruction totale du Japon. Les premières réformes faites consistent à refondre les structures administratives et sociales. Dès 1870, les daimyo (propriétaires) sont dépossédés de leurs fiefs, remplacés par des préfectures, et les paysans deviennent indépendants et peuvent acheter des terres. Les Samurais doivent renoncer au port du sabre et, réduits au simple rang de citoyens, ils perdent tout privilège économique. Ceci illustre un début de lissage des écarts entre classes sociales. En 1885, le conseil impérial est supprimé pour faire place à un cabinet parlementaire. Une nouvelle constitution voit le jour en 1889, l'adoption de ce texte marque un tournant fondamental pour le Japon, elle le place au rang des nations avancées. Un nouveau système monétaire est créé avec le Yen qui arrive en 1871. Le pays devient riche et respecté grâce au traité d'alliance avec la Grande-Bretagne. De 1904 à 1905, la guerre russo-japonaise se termine par la victoire du Japon sur la Russie. Cet événement est important puisque qu’il marque la première victoire d’un pays asiatique contre une grande puissance européenne. Par cette victoire, le Japon fait savoir au monde qu’il faudra dorénavant compter avec lui. En 1912, l'empereur Meiji meurt en laissant derrière lui un Japon consolidé. Le règne de Yoshihito(1912-1926) En 1914, le Japon entre en guerre contre l'Allemagne du fait du traité d’alliance signé avec la Grande-Bretagne. Mais il se garde bien de prendre une part active au conflit, en fait, pendant que les alliés livrent bataille, l'archipel profite des besoins guerriers des Européens pour se tailler d'importantes parts de marché. A la conférence de paix de Versailles, le Japon obtient toutes les possessions allemandes du Pacifique au Nord de l'Equateur (colonies facilement acquises). De 1918 à 1929, l'archipel japonais qui connaît alors sa plus forte croissance 4 jusqu’à ce jour, tente de s’ouvrir encore plus aux Occidentaux, mais le crash boursier replonge le Japon en quasi-autarcie. En 1931, le Japon s'empare de la Mandchourie et les années 1930 à 1936 sont le théâtre de complots organisés par des militaires décidés à prendre le pouvoir. Cette période de troubles s’arrête avec le début de la deuxième guerre, dans laquelle le Japon n’est plus au côté de la Grande-Bretagne. Les conditions pré-développement Pour résumer, (sujet déjà traité par nos camarades), les Japonais possèdent les avantages suivants : -bon système institutionnel, développé par les Tokugawa et restauré sous Meiji (stabilité économique et politique). -bon niveau d’instruction, car les livres européens n’étaient pas soumis aux restrictions d’importation. -bonne conscience nationale, due principalement à l’atténuation des frontières entre classes sociales suite à la suppression du système féodal. De plus, les Japonais ne se sont jamais laisser dominés, pas même par les Chinois (bonne unité nationale quand il s’agit de résister). -l’abondance de la main-d’œuvre (prélevée sur la masse agricole dont la déflation est assurée par une spectaculaire mécanisation et par l’augmentation des rendements). -une bonne organisation structurelle dans l'industrie existante, et une bonne connaissance des théories économiques européennes. En effet, le développement économique précédant la guerre voit les premières expériences du Japon avec la production de masse, ce n’est pas très beau à voir car la plupart des article fabriqués sont de la véritable camelote. Mais cela donne des choses amusantes, comme des parapluies ou des montres vendues au kilogramme. On peut en citer une multitude d’autres, plus ou moins crédibles, comme par exemple un avantage pour le commerce extérieur expliqué par Gallup-Sachs-Mellinger par un faible rapport superficie sur kilomètres de côtes…ceci nous rappelle le cas de l’Angleterre, une ile disposant d’un accès à la mer quasi illimité. Mais toutes ces conditions expliquent en partie la croissance avant la deuxième guerre mondiale, il nous faut donc cette guerre pour expliquer ce qui nous intéresse plus particulièrement. 5 Le Japon en Guerre(1937-1945) Le déroulement de la guerre n’est pas intéressant en lui-même, mais l’entrée en guerre des Américains à la suite de l’attaque de Pearl Harbour par les Japonais, engage ces derniers dans la guerre du Pacifique. Au début, les événements sont favorables : le Japon prend possession de Singapour, des Philippines et des Indes néerlandaises, ce qui lui permet d'avoir des matières premières à disposition. La guerre se termine en défaveur du Japon, tout le monde pensait que c’était la fin du Japon, car toutes leurs possessions du Pacifique (territoires d'outre-mer) sont perdues, le pays est soumis à des bombardements classiques ravageurs (surtout pour l’industrie nippone) et finalement, deux bombes atomiques conduisent à la capitulation. Celle-ci marque le début de l'occupation américaine qui va durer de1946 à 1951, date de la démilitarisation (traité de San Francisco). En 1946, une nouvelle constitution est rédigée et elle instaure une monarchie constitutionnelle (un peu comme le modèle anglais). L'empereur Hirohito tient désormais son pouvoir de la volonté du peuple et non plus de dieu. Conditions d’après guerre En effet, si l’on recherche des causes qui ont vraiment eu un effet majeur sur le nouveau développement économique, par opposition au développement antérieur à la guerre, il faut s’interroger sur l’impact qu’a eu la guerre sur ce pays : -Il s’est ruiné pour financer cette guerre. -Toutes les grandes villes, les centres industriels et les infrastructures d’approvisionnement ont été partiellement voire complètement brûlés et détruits par les bombardements américains, l'industrie est paralysée. La production industrielle diminue de 70% par rapport à l’avantguerre et on compte environ 13 millions de chômeurs. On parle souvent d'Hiroshima et de Nagasaki mais il ne faut pas oublier que le bombardement de Tokyo a fait plus de 200’000 morts, l'étendue de la catastrophe est énorme. -La production agricole a également reculé de 40% et la famine menace le pays. -Les territoires d’outre-mer, sources de matières premières, sont perdus. 6 No comment. Cette situation paraît insupportable, de plus le pays est sous contrôle américain. C’est dans des situations pareilles que l’homme est capable de se surpasser, de répondre à ce nouveau défit. Le défit proposé ressemble étrangement à celui proposé par Diamond comme base d’une civilisation nouvelle : des conditions difficiles mais pas insurmontables. Le peuple japonais ne va pas se laisser faire, il a de la volonté, il va se relever, tout reconstruire plus beau qu’avant et cela sans jamais baisser les bras. C’est bien beau tout cela, mais il ne faut pas croire que ce dynamisme, que cette énorme motivation ne dépend que d’un état d’esprit propre au peuple Japonais : il s’explique également en partie par une démographie en pleine croissance. Celle-ci a trois origines principales. La première est le retour d'environ 6 millions de soldats et colons rapatriés des colonies. Cela constitue un apport de main d’œuvre jeune avec une formation minimale, qui était celle des soldats, et permet la reconstruction du pays. La deuxième raison est la reprise fulgurante de la natalité, que l'on observe généralement après la fin des conflits, due aux reports des naissances, ceci constitue la relève de travailleurs pour les 15 à 20 prochaines années. La troisième raison est que le Japon se trouve amputé de 1/5 de sa superficie nationale à cause de l'occupation américaine. La démographie constitue déjà un élément d'explication, mais cela n'est évidement pas suffisant, il faut donc regarder d'autres conditions éventuelles qui apparaissent après guerre: 7 Autres conditions postérieures à la guerre La nouvelle constitution, adoptée avec la pression des américains en 1946, retire la souveraineté de l'empereur et transforme le pays en une monarchie constitutionnelle. Le pouvoir législatif appartient aux 2 chambres de la Diète, qui sont élues au suffrage universel, le Premier Ministre est désigné par le Parlement. La justice est aux mains des magistrats et de la Cour Suprême. Les droits des citoyens sont reconnus (la réforme du code civil est basée sur la liberté individuelle et l'égalité entre les sexes), l'Etat est séparé de la religion. Elle prévoit également l'interdiction de posséder une armée. Une purge des services d'ordre, de la presse, de l'enseignement, et des cadres supérieurs est effectuée. Ces 220’000 personnes avaient soutenu et servi la cause impériale. Une nouvelle réforme agraire est entreprise (40% des terres sont redistribuées). La terre appartient désormais à celui qui l'exploite (cela empêche la poussée socialiste crainte par les Américains grâce à la propriété privée des biens de production). Les Américains qui sont entrés dans la guerre froide craignent de plus en plus que le Japon ne bascule dans le communisme, c'est pourquoi ils entreprennent de relever l'économie japonaise. Le gouvernement reçoit donc une aide pour la reconstruction plutôt que de continuer à démonter les usines encore entières pour payer ses dettes de guerre.C’est un retournement de situation de la part des Américains. En 1949, on assiste à la création du MITI (Ministère de l'Industrie et du Commerce extérieur). A-t-il joué un rôle important? Nous en reparlerons plus tard(deuxième partie). Pendant la guerre de Corée (1950-1953), le Japon devint la principale base de ravitaillement des forces américaines, ce qui accélère le redressement de son économie. Toutes ces réformes sous contrôle américain créent indiscutablement de bonnes bases institutionnelles propices à un bon relèvement. Le fait de laisser aux Américains le mérite du décollage japonais semble un peu facile: d'autres facteurs dans les structures économiques et sociales du pays permettent également de comprendre le phénomène. Le surpeuplement de cette petite île qu'est le Japon a affecté la structure de l'emploi, contrairement à beaucoup de pays, le Japon n'a pas mis en place un système d'allocation pour ceux qui n'avaient pas d'emplois: il a préféré faire un meilleur partage du travail (tout le monde travaille un peu, plutôt que certains exercent une profession à plein temps et d'autres soient au chômage). Cela a un grand avantage : tout le monde acquiert une formation 8 professionnelle et, si une augmentation de la production survient, la main d'œuvre qualifiée est déjà disponible, cela permet une très grande flexibilité. A l’image de l’Europe, une main d'œuvre supplémentaire s’ajoute à celle déjà existante : il s’agit des femmes qui se sont mises à travailler pendant la guerre pour pallier au manque d'hommes. A ces éléments de démographie et de marché du travail on peut encore mettre en avant des éléments de la structure traditionnelle de l'entreprise japonaise, par exemple l'emploi à vie (shushin-koyo), mais l'effet net de ce facteur n'est pas clair, autant d'un côté la possibilité de s'identifier plus à l'entreprise, et de ne pas avoir peur de perdre son emploi (qui fait souvent prendre de mauvaises décisions) est une bonne chose, autant de l'autre côté, le manque de flexibilité de l'entreprise est un désavantage certain (les entreprises japonaises sont régulièrement en surcapacité). D'autres facteurs plus psychologiques peuvent avoir leur importance mais sont sujet à controverse quant à l'effet net qui en résulte. L'absence d'une rémunération proportionnelle à la productivité (salaires à l'ancienneté et donc pas d'incitations pécuniaires)et le rapport beaucoup plus paternaliste qu'en Europe entre la firme et son personnel, en sont quelques exemples sur lesquels on ne s'arrête pas. A cela on peut encore ajouter un élément culturel qui a de l'importance: les Japonais n'ont jamais eu historiquement la manie qu'ont les Occidentaux de dépenser tout ce qu'ils gagnent, ils ont leur petit train de vie et se plaisent avec ça: cela provoque un taux d'épargne en moyenne deux fois plus élevées qu'en Europe, ce qui facilite grandement les investissements. Quelques une de ces raisons sont reprisent dans un modèle explicatif qui constitue la troisième partie, mais ce qui est sûr, c’est que la raison de ce succès et une combinaison complexe d'une multitude de facteurs plus ou moins importants, il n'est donc pas aisé de faire une recette de la croissance japonaise. Chronologie des développements et faits importants après la guerre En 1947, une loi antitrust contre les concentrations excessives démantèle les zaibatsu (cartels organisés autour des grandes familles japonaises). Jusqu’alors, les 4 plus grands zaibatsu contrôlaient 1/4 du capital national. En réalité, sous la pression, les zaibatsu ont proposé un plan de dissolution volontaire, ce qui évite un vrai démantèlement. De plus, les banques, 9 seules entreprises pas touchées par la nouvelle loi par crainte de voir s’effondrer le système, permettent l'émergence des keiretsu (grands congloméras à tendance cartelaire organisés par les banques qui financent toute ces entreprises) qui succèdent aux zaibatsus (expliquer en détails dans la deuxième partie). D'autre part, le démontage des usines commence pour payer les indemnités de guerre. Cette politique très sévère est vite infléchie par la menace du bloc communiste. En 1948,le gouvernement Ashida reçoit dans le cadre de la guerre froide une aide pour la reconstruction. L’année suivante voit la création du MITI (Ministère de l'Industrie et du Commerce extérieur). De juin 1950 à juillet 1953, la guerre de Corée, menée entre autres par les Américains basés au Japon, favorisant la reprise. En 1951, le chef de la force d’occupation au Japon, le général Mac Arthur est limogé pour avoir préconisé l'usage de la bombe atomique en Corée. Le gouvernement Yoshida réussit la relance économique. Il s’agit du plan Dodge pour casser l'inflation, de plus le gouvernement s’efforce d’équilibrer le budget de l'Etat, de fixer un taux de change unifié, d’établir une législation favorable aux investissements étrangers et refuse également de réarmer le pays. Le 8 septembre 1951, La signature du traité de San-Fransisco rend sa souveraineté au Japon. Le traité de sécurité Nippo-américain (Anpo) est signé le même jour. Ceci met fin à 5 ans d’occupation du territoire. Dès 1954, le Japon décide du renforcement des forces de défense, avec pour cette même année le point culminant du budget militaire (14% du budget de l'Etat).Ceci va donner un bon coup de fouet à l’industrie lourde nippone. En 1955, devant un renforcement de la gauche, les conservateurs s'unissent (PLD).Ils créent ainsi un parti fort qui va presque(sauf 1993-1994) monopoliser le pouvoir jusqu’à nos jours. L’année1956 est marquée par un changement de gouvernement(Hatoyama).et la reprise des relations diplomatiques et économiques avec l’URSS. Malgré un marché intérieur protégé, les échanges du Japon sont déficitaires, le FMI lui accorde un prêt en 1957. De 1958 à 1960, le premier ministre Kishi mène plusieurs réformes au gouvernement. Il rétablit le ministère de l'intérieur et négocie avec les Etats-unis une révision du traité de sécurité en faveur du Japon. Traité qui sera reconduit tacitement en1970. Le taux de croissance culmine a à taux annuel record de 14,4% en 1961et 1965 marque le premier excédent commercial japonais sur les USA. 10 En1965 c’est la création de la banque asiatique de développement par l'ONU qui met à sa tête le Japon. Ces deux derniers événements démontrent bien quelle place occupe désormais le Japon dans le monde. Les accords sur la libéralisation de l'économie japonaise sont signés en 1968. La rétrocession de l'archipel des Bonin a lieu en avril de la même année, suivie en 1972 de la restitution d'Okinawa. Par le traité de paix entre le Japon et la Chine populaire, Le Japon reconnaît en 1978 la république populaire de Chine En 1979, la CEE et les USA protestent contre les barrières non tarifaires du Japon. Malgré son ouverture inévitable et les pressions américaines plusieurs fois répétées, le Japon a de la peine à sortir de sa tradition protectionniste. Adoption en 1980 d'une nouvelle loi sur le contrôle des changes et du commerce extérieur pour garantir la liberté de circulation des capitaux. En mai 1984, le gouvernement Nakasone cédant aux exigences américaines accepte de signer un accord favorisant l'internationalisation du yen et l'ouverture des marchés des capitaux japonais. L’effet est immédiat, le yen bondit de 27% par rapport au dollar ouvrant ainsi l'ère de l'endaka (monnaie nationale forte). L'indice Nikkei de la bourse de Tokyo culmine le 29 décembre1989 à 38915 yens, C'est l'apogée de l'empire économique japonais. Dès 1990 l’éclatement de la bulle spéculative provoque la chute de la bourse et la crise de l'immobilier. Le parti libéral démocrate (PLD) qui régnait en maître depuis la fin de la guerre doit céder la place à une coalition en 1993. Dès 1997, la crise s’étend au reste de l’Asie pour former ce que l’on a appelé la crise financière asiatique. Cette dernière multiplie des faillites au Japon, surtout dans le domaine bancaire (les banque japonaises avaient bien évidemment des intérêts un peu partout en Asie). L’aggravation de la crise économique provoque une montée du taux de chômage qui dépasse même celui des USA en1999. Aujourd’hui, le pays ne s'est pas encore remis, sa production est encore largement inférieure à son niveau de 1989. La longueur et l’ampleur peu commune de cette crise fais se demander au monde où est passé le dynamisme presque légendaire des japonais, est-il mort avec le vieillissement de la population ? 11 L’industrie au Japon Symbole de l'hécatombe d'Hiroshima, le Pavillon de l'Industrie A la fin de la 2ème guerre mondiale, il n’y avait plus de mécanismes de gestion de la sécurité économique. Les Japonais étaient en retard sur les autres pays dans les technologies, ils étaient très peu compétitifs face à la concurrence étrangère. Ils craignaient que des entreprises étrangères prennent le contrôle des firmes japonaises. Les Japonais, pour éviter l’intrusion d’entreprises étrangères dans leur économie, ont dressé des systèmes de protection. Le plus puissant est appelé « keiretsu », qui est soutenu par le MITI. Keiretsu Il s’agit d’un ‘club’ d’entreprises qui ont des intérêts communs. Il en existe deux types : - les keiretsus horizontales, ce sont des entreprises d’un même objectif qui se regroupent - les keiretsus verticales, c’est une forme d’intégration verticale. Ils sont tous constitués d’une grande banque, d’une sogo sasha (sorte de maison de commerce) et d’entreprises industrielles (textile, chimie, industrie lourde). 12 Les liens qui existent entre les firmes, dans un keiretsu, ont 5 caractéristiques : 1. Le financement intra-groupe : la banque de la keiretsu est son armature, elle protège toutes les sociétés « amies » d’OPA, et en assure le financement. La banque est un gros actionnaire des sociétés, et réciproquement les sociétés sont des gros actionnaires de la banque. 2. Il y a donc des participations croisées entre les entreprises d’une même keiretsu. 3. Le sogo sasha a un rôle important, c’est lui qui gère le commerce national et international, qui organise le « club » et qui créé les alliances avec les firmes étrangères. 4. Les cadres des grosses entreprises deviennent en général les directeurs des petites entreprises du keiretsu, tandis que les chefs du département financier des industries viennent en majorité de la banque. 5. Régulièrement, les directeurs du keiretsu se réunissent pour maintenir une cohésion du groupe et parler de leurs problèmes. Il y a, dans les keiretsus, une concentration très forte de ressources. A l’intérieur de ces ‘clubs’, des participations croisées qui existent verrouillent le capital et concèdent peu de pouvoir pour les autres actionnaires, mais le côté négatif du système est qu’il n’existe pratiquement plus d’organes publics de contrôle (par exemple gros actionnaires ou comité d’audit). L’exemple le plus connu est le keiretsu de la banque Mitsubischi. Le contre exemple est celui de la marque Sony, elle n’appartient pas aux grandes keiretsus du Japon et malgré tout, elle a réussi son développement depuis les années 60, cette firme est atypique, c’est une des premières à s’internationaliser et à produire en dehors du Japon. L’’explosion’ industrielle De 1946 à 1951, le Japon nettoya les gravas de la guerre et tenta de faire redémarrer les usines intactes. Tout d’abord, le Japon ne chercha pas à innover, mais voulut rattraper son retard, il ne développa pas de nouvelles technologies, il acheta les machines les plus modernes en 13 Occident ainsi que des brevets (principalement achetés aux Américains, par exemple pour la sidérurgie). Son but était de créer de nouveaux centres industriels afin de produire de grosses quantités de haute qualité. En 1955, cette révolution commença avec la guerre de Corée. Grâce à ses investissements massifs, le Japon fut à la pointe du progrès. De plus, le gouvernement et les industriels furent visionnaires, ils planifièrent avec succès les orientations de la concurrence internationale. Leurs stratégies eurent quatre axes : 1. Passage de l’industrie légère à l’industrie lourde, bien que celle-ci représenta une grosse part de l’industrie japonaise avant la guerre (40%). Ils décidèrent d’augmenter encore cette industrie lourde et l’industrie chimique pour arriver à 65% en 1965. 2. Passage de l’industrie ancienne à l’industrie neuve, c’est-à-dire le développement de résine synthétique et de fibres artificielles par exemple. 3. Passage des industries à fort besoin de main d’œuvre aux industries mécanisées et automatisées. 4. Passage des industries à faible exportation aux industries promettant le maximum de débouchés et plus compétitives (machine domestique, télévision et équipement industrielles). Pour vous citez un exemple, en 1955, 53% des machines japonaises avaient moins de 6 ans, en 1964, cette proportion atteint 75%. Le résultat de ces lourds investissements est que la production japonaise double entre 1960 et 1966. La production de machines (à forte valeur ajoutée) est multipliée par dix en 10 ans, contrairement à la production de textile multipliée seulement par deux en 10 ans. Cela peut être dû au fait que la concurrence dans ce secteur est beaucoup plus importante au niveau international et qui ne permet pas d’avoir de grosses marges. En 1963, le Japon rejoint, dans l’industrie classique, le niveau occidental, donc seulement moins de 20 ans après son démarrage. De plus, les Japonais améliorent les techniques par des usines de conception étrangère, ils obtiennent une production supérieure que celle prévue par les concepteurs étrangers, par exemple une usine de caoutchouc devant produire 50'000 tonnes par an en produit 75'000 tonnes. 14 En résumé, on peut dire que l’importation des techniques étrangères (par exemple achat de brevets) a eu un rôle prépondérant dans l’évolution de l’industrie japonaise, principalement pour les produits chimiques, les machines électriques et les autres machines. Cependant, ce sujet (l’importation des techniques occidentales) est tabou au Japon. L’évolution des salariés Un retournement de situation est intervenu au niveau des offres d’emploi dans l’industrie. En 1955, pour chaque emploi, il y avait en moyenne 3.6 postulants, or cette situation s’est totalement inversée en 1963, pour chaque personne, il y avait 3 postes de disponible et donc une pénurie de main d’œuvre. Ce phénomène s’amplifia encore dans les années qui suivèrent. La conséquence de cette pénurie, comme tout le monde s'en doute, fut une augmentation importante des salaires. L’accroissement des salaires industriels entre 1952 et 1962 fut de 5% par année. En 1967, on constata la plus grande hausse jamais enregistrée au Japon, 13.5% de hausse nominale du salaire. Entre 1957 et 1967, les salaires industriels ont doublé pour les universitaires et triplé pour les employés sans diplôme. Pour vous illustrer la chose, voici l’augmentation du PIB de manière générale: 15 Management au Japon : Comme expliqué précédemment, les entreprises ont des participations croisées entre elles dans les keiretsus, ce qui entraînent l’absence d’influence d’actionnaires importants au sein des entreprises. Grâce à cela, les sociétés ont pu avoir une vision à long terme de développement, et cela a permis de mettre plus en avant leurs collaborateurs. L’environnement organisationnel des entreprises met en avant l’importance du groupe et ignore totalement la vision individualiste qu’on connaît dans nos pays occidentaux. Cela permet une meilleure synergie entre les départements et un meilleur turnover des employés au sein de la société. Les décisions sont prises par consensus (appelé ringi-sho) afin que tous les membres du groupe soient d’accord. Le point positif est que la responsabilité est commune tant pour les succès que pour les échecs, par contre, il y a une lenteur décisionnelle. De plus, comme dit précédemment, il existe au Japon une sécurité de l’emploi. Les salaires ainsi que les promotions sont liés à l’ancienneté des employés. Les Japonais ont une vision différente de croissance : leurs objectifs sont leurs parts de marché détenues et pas le profit à court terme. Ils étudient beaucoup la concurrence étrangère et nationale, cette dernière étant très présente. Le MITI Le MITI est le Ministère du Commerce International et de l’Industrie. Il exerce une subtile influence sur les entreprises en encouragent les keiretsus. Il fut créé en 1949. Ces buts sont : - Promotion de l’industrie domestique, définir les secteurs à développer en priorité - Faire l’interface entre l’Etat et les entreprises - Développer une vision stratégique - Etablir la politique commerciale des importations et des exportations - Analyse du marché et anticipation de la demande 16 - Prospective technologique, en observant se qui se passe dans les universités et dans la recherches - Soutien et coordination des activités de Recherche et de Développement - Traitement et diffusion commerciale et industrielle Une petite chronologie : 1949 : -Création du MITI. 1952-1960 : -Reconstruction et rationalisation. -Réduction de l'inflation. -Restauration de la productivité industrielle et de l'emploi. -Renforcement secteurs prioritaires : charbon, sidérurgie, électricité. 1961 –1973 : -Internationalisation de l'économie -Structuration de grandes branches industrielles par le biais de fusions et mise en place de puissants oligopoles. -Protection des industries naissantes (p.ex. l’électronique). -Croissance par les innovations technologiques. -Promotion de la R&D dans le secteur privé. -Coopération Industrie-Université. MITI à son zénith. Depuis 1973 -Redéploiement vers la mondialisation -Promotion des énergies alternatives au pétrole. Début années 80 : -MITI "célèbre" dans le monde comme centre stratégique pour la politique technologique et la politique économique. -Création des "technopoles". -Directives pour limiter les exportations. -Abaissement des barrières à l'importation. Fin années 80 : -Commerce extérieur de plus en plus aux mains d'autres ministères. -Déclin de l'administration et du MITI. Années 90 : -Nouveaux buts : leadership technologique et scientifique & amélioration de la qualité de vie. -Remise en question de la politique scientifique et technologique. 2001 : -Le MITI devient le METI. 17 D’aucuns prétendent que le MITI est à lui seul l’élément déterminant du développement japonais d’après guerre. Toutefois, d’autres facteurs non négligeables tels que les keiretsus ainsi que la forte productivité de l’industrie constituent également, d’une manière importante, son développement économique. C’est pour cela que nous n’avons pas parlé du MITI dans la partie sur l’explosion’ industrielle. 18 Evolution économique du Japon - Explications institutionnelles Nous allons baser notre étude sur les explications de Bai Gao dans son livre "Japan's Economic Dilemma - The Institutional Origins of Prosperity and Stagnation". Selon Gao l'évolution de l'économie japonaise serait due à plusieurs mesures institutionnelles prises après la Deuxième Guerre Mondiale à la fois sur le plan interne que sur le plan international. Au fur et à mesure que l'économie mondiale et japonaise évoluait, ces systèmes se seraient peu à peu désajustés et auraient mené à la crise de 1989. Dû à leur longue existence, il aurait été impossible de les réformer. Ceci expliquerait la stagnation actuelle. Gao classe ces décisions institutionnelles en trois groupes. Il y a d'abord le cadre international avec les accords de Bretton Woods et du GATT, qui ont sculpté l'économie japonaise et mondiale. Le second groupe de mesures concerne la politique économique et entrepreneuriale japonaise. Elle est caractérisée par une forte coordination et un faible contrôle. Le troisième groupe concerne la politique sociale et l'importance de l'emploi total. Analysons donc l'évolution de ce système institutionnel sur trois périodes. La période Bretton Woods (1947-1971): mise en place du système Le système monétaire de Bretton Woods et le GATT Le système monétaire mondial d'après-guerre fut fondé en 1944 à lors de la conférence de Bretton Woods. Dans ce système, toutes les monnaies des pays adhérents étaient fixées par rapport au dollar qui lui-même était fixé par rapport à l'or. Le dollar était donc la monnaie de référence et ce n'était pas un système à étalon-or classique. En effet, les autres monnaies n'étaient pas convertibles par rapport à l'or mais seulement par rapport au dollar. Leur valeur n'était pas fixée définitivement; les pays pouvaient dévaluer leur monnaie en accord avec le FMI si les conditions économiques (balance des paiements) l'exigeaient. Le dollar par contre ne pouvait pas être dévalué par rapport aux autres monnaies. Il pouvait être dévalué par rapport à l'or, mais ceci ne changeait rien puisque comme toutes les autres monnaies étaient fixées par rapport au dollar elles baissaient avec le dollar. Ce système exigeait évidemment un contrôle des marchés des capitaux. 19 Pour aider la reconstruction des pays alliés, les Etats-Unis encouragèrent fortement l'exportation de ces pays vers les Etats-Unis. Ainsi des capitaux transitaient des Etats-Unis vers les pays européens et le Japon. En somme, les Etats-Unis, en acceptant d'avoir des déficits commerciaux, apportaient de la liquidité aux pays alliés et finançaient ainsi la reconstruction de ces pays et leur forte croissance durant les Trente Glorieuses (1945-75). Cette croissance était désirée par les Etats-Unis puisqu'elle développait aussi des marchés extérieurs et fortifiait l'Europe et le Japon par rapport au bloc communiste. La croissance continue de leur déficit commercial commença cependant à inquiéter les dirigeants américains. Or ils ne pouvaient pas dévaluer le dollar. Ils devaient faire face au dilemme de Triffin. Selon celui-ci, il est impossible de maintenir en même temps un système commercial international libre et un système monétaire international fixe. Dans le cas des Etats-Unis, cela se traduisait par un choix entre des déficit commerciaux élevés et la maintenance de la confiance dans le dollar. Si les Etats-Unis décidaient donc d'augmenter la confiance des marchés dans le dollar, ils devaient réduire leurs déficits commerciaux et donc étrangler la croissance de l'Europe et du Japon. Si par contre ils gardaient des déficits commerciaux importants, la confiance dans le dollar s'éroderait peu à peu, il finirait par y avoir des attaques spéculatives contre le dollar et le système finirait par s'écrouler. C'est cette deuxième possibilité qui se produit et le système s'effondra définitivement en 1973. Pour le Japon, le système de Bretton Woods eut des effets importants sur la politique économique japonaise. Ainsi, les risques des taux de change étaient éliminés puisque contrôlés par la Banque Centrale du Japon. Aussi, comme le marché des capitaux n'était pas ouvert, le Japon put contrôler complètement la politique monétaire du pays, se livrant à des formes d'intervention inconnues dans d'autres pays. Les question commerciales étaient réglées par les accords du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) signé en 1947. Bien que son but était la libéralisation des échanges, il fut utilisé de manière assez unilatérale à ses débuts. Ainsi, le commerce entre le Japon et les Etats-Unis fut caractérisé par ce que Keohane appelle la "coopération asymétrique". Les Etats-Unis ouvraient ainsi leurs frontières aux produits japonais tandis que le Japon pouvait "temporairement" maintenir son protectionnisme. Là encore les Etats-Unis voulaient favoriser le développement des pays alliés. En conséquence, le Japon put exporter encore plus vers les Etats-Unis, multipliant les bénéfices du dollar surévalué. 20 C'est donc dans ce cadre international que le Japon d'après-guerre développa sa politique économique et monétaire. Le but principal de la politique monétaire fut toujours la croissance économique. L'inflation n'était qu'un objectif secondaire, auquel s'adressait la politique fiscale. Le cycle typique commençait par une expansion de la masse monétaire pour favoriser la croissance. Cette expansion finit par provoquer l'inflation et une hausse des importations. Quand le déficit de la balance des paiements devenait trop grand (à l'époque le Japon avait des déficits commerciaux), on réduisait fortement la masse monétaire pour équilibrer la balance des paiements. Ceci causa cependant des récessions. Ainsi, le Japon connut plusieurs petites récessions dans les années 50 et 60, années de très forte croissance. Coordination et contrôle Pour pallier à ces conséquences négatives de la politique monétaire, le Japon développa une politique économique fondée sur une forte coordination entre entreprises et institutions étatiques. Ainsi, la Banque du Japon assurait un accès stable des banques au crédit. Le Ministère des Finances assurait la stabilité du secteur bancaire en limitant l'entrée de nouvelles banques et en préservant les banques en difficulté de la faillite. Le Ministère de la Finance contrôla aussi les ouvertures de nouvelles branches en favorisant les grandes banques; ainsi il garantissait que le capital (l'épargne des ménages) atteigne bien les grandes banques et les grandes compagnies. Le MITI, quant à lui, distribua les quotas de monnaie étrangère selon la taille des entreprises. Les conséquences de cette politique de coordination furent multiples. Les entreprises se finançaient principalement indirectement, donc avec des prêts bancaires (au lieu d'émettre de nouvelles actions). Ceux-ci étaient normalement fournis par les banques principales (main bank). Pour réduire les coûts de transaction et réduire les risques d'OPAs on développa le système des participations croisées (reciprocal shareholding). Les keiretsu étaient la conséquence logique de cette politique de coordination. Les défauts de cette politique se firent cependant bientôt ressentir. Le revers de la forte coordination était en effet un contrôle affaibli. Au niveau étatique, l'accès facilité au crédit engendra du surendettement. Le contrôle du système bancaire encouragea les grandes banques et les investissements risqués. L'impossibilité de faire faillite élimina toute prudence auprès des banques. Au niveau entrepreneurial, le financement indirect diminua le pouvoir des 21 actionnaires sur le management. Le système des main banks liées aux keiretsu via le système d'otages de l'actionnariat croisé réduit le contrôle des banques sur les finances des entreprises. Ce mélange entre coordination forte et contrôle faible se traduisit par une concurrence excessive. Les entreprises japonaises, se souciant peu des actionnaires et ayant accès à des crédits quasi illimités, ne regardaient le profit que comme un objectif secondaire. Selon elles, les parts de marché étaient plus importantes et pouvaient à terme apporter des profits plus élevés. Dans une économie "normale" on assiste progressivement à une concentration des entreprises au sein d'une industrie. Au fur et à mesure que des entreprises font faillite ou sont absorbées, les entreprises croissent et peuvent profiter d'économies d'échelle. Au Japon, le système des keiretsu empêchait les faillites et les OPAs. Bien que le capital se concentra chez les grandes entreprises, celles-ci ne réussirent pas à augmenter leur part de marché. D'autre part, comme le risque de change n'existait pas et les banques ne pouvaient faire faillite, le risque de l'investissement était réduit. Une conséquence bénéfique de cette compétition fut l'innovation technologique qui progressa à grands pas. Elle prépara aussi les entreprises japonaises à la compétition internationale. Une conséquence négative était cependant la constitution de surcapacités. Cette stratégie ne pouvait cependant marcher que dans le cadre du système de Bretton Woods. Les risques de change n'existaient pas grâce à la Banque du Japon qui pouvait ainsi contrôler tout le système par sa politique monétaire, et la croissance et l'exportation réduisaient les surcapacités engendrées par la compétition excessive. La Société-Providence Comme nous l'avons dit, le Japon utilisa la politique fiscale pour réduire l'inflation. La taxation était faible (aussi pour favoriser la croissance) et les dépenses également. Cette stratégie limitait fortement les dépenses sociales et la création d'un Etat-Providence fut impossible au Japon. Ainsi, on groupe souvent le Japon avec les Etats-Unis parmi les pays libéraux, mais cette classification est trompeuse. En effet, la protection sociale existe bel et bien au Japon, mais ce n'est pas l'Etat qui la fournit mais le secteur privé. L'Etat était incapable d'assumer ce rôle dans les années 50 et 60. Il encouragea donc le secteur privé à l'endosser. Comme il n'y avait pas d'assurance chômage, le gouvernement encouragea non seulement l'embauche dans les secteur en croissance, mais découragea aussi les licenciements. 22 Cette stratégie de l'emploi total vise donc un emploi stable pour tous et n'est donc pas égale au plein-emploi qui autorise un chômage résiduel (qui consiste des gens ayant démissionné pour chercher un emploi qui leur plairait plus ou parce qu'ils sont mécontents des salaires). L'emploi total attribue à tous un emploi quelconque, même si ce n'est pas un emploi très utile ou très bien payé. Cette politique va donc à l'encontre de l'allocation optimale des ressources. Cette politique de l'emploi total reposait sur trois piliers: - Les grandes entreprises oligopolistiques et les keiretsu étaient tolérés et même favorisés par le Ministère des Finances, le MITI et la Banque du Japon. Comme le risque des investissements était réduit, ces entreprises pouvaient assurer la sécurité de l'emploi à leurs employés, sécurité qui finit par devenir emploi à vie. - Les PME étaient autorisées à former des cartels, surtout en temps de récession. Ainsi elles évitaient la faillite et on évitait des licenciements et donc une hausse du chômage. - Les petites entreprises familiales, surtout dans le domaine agricole ou du commerce de détail, étaient de plus protégées par diverses régulations limitant la concurrence. On permit ainsi à beaucoup de micro-entreprises ou de petites boutiques de survivre. Toutes ces entreprises étaient en outre protégées de la concurrence extérieure par le protectionnisme du Japon dans le cadre de la coopération asymétrique avec les Etats-Unis. Il faut aussi noter le rôle des femmes dans la société japonaise. Les femmes sont discriminées au Japon, que ce soit dans le travail ou dans la politique. La discrimination des femmes eut cependant une importance capitale pour créer au Japon un société égalitaire d'un point de vue des revenus. D'un côté, il est clair qu'il existe une différence de salaire très appréciable entre les employés de grandes entreprises et des keiretsu et ceux des PME ou des entreprises familiales. Plus encore, on peut dire qu'il y a une hiérarchisation très prononcée au Japon. Néanmoins, si on regarde les revenus par ménage, on remarque que ceux-ci sont assez proches (mesurés par le coefficient de Gini). En fait, les femmes constituent une force de travail flexible qui équilibre les différences de revenu (mais non les différences de hiérarchie). Ainsi, les épouses des employés des grandes entreprises (les fameux salarymen ou sarariman en japonais) ne travaillent pas et s'occupent de l'éducation des enfants. Les épouses des employés des PME travaillent à temps partiel pour augmenter le revenu du ménage. Dans les entreprises familiales, finalement, les épouses travaillent à plein temps (par exemple comme vendeuse dans l'échoppe familiale). Ainsi, d'un point de vue global, les revenus des ménages 23 se rapprochent. Le Japon a ainsi réussi à créer une société égalitaire tout en maintenant une stratification hiérarchique très forte. Le Japon n'est donc pas un Etat-Providence mais plutôt une Société-Providence qui assure à la fois l'emploi total et une redistribution égalitaire des revenus des ménages. Les conséquences de cette stratégie sont très importantes. Ainsi, le Japon connût la paix sociale pendant toute la période Bretton Woods (quand le système marcha le mieux) et aussi après. Contrairement aux pays européens ou à la Corée du Sud, les syndicats y sont peu présents et les grèves très rares. Ce système garantit aussi une stabilité politique incroyable: le parti libéral démocrate (PLD, Jiyu Minshu-to), crée en 1955 de la fusion du parti libéral et du parti démocrate, resta au pouvoir de 1955 à 1993, regagna le pouvoir en 1995 et le conserva jusqu'à aujourd'hui. Un autre avantage du système fut le maintien d'un gouvernement parcimonieux qui put utiliser ses ressources pour promouvoir la croissance au lieu de les utiliser à des fins de redistribution. Comme nous allons bientôt le voir, cependant, ce système a le désavantage d'être très difficile à réformer. Les chemins vers la bulle spéculative (1971-1989) En 1971, le système de Bretton Woods s'effondra suite au dilemme de Triffin. Nixon renonça à la parité-or du dollar. Le système des taux de change fixe se maintint plus ou moins jusqu'à 1973, et fut abandonné complètement en mars 1973. Il est ironique de constater que le pays qui bénéficia le plus de Bretton Woods fut celui qui fit le moins pour sauver le système. A la fin des années 60, les Etats-Unis faisaient appel à leurs alliés pour réduire leurs surplus commerciaux (il fallait en effet réduire le déficit américain - voir dilemme de Triffin). L'Allemagne apprécia ainsi la valeur du mark à deux reprises, en 1961 et en 1969. Le Japon refusa cette option parce qu'il considérait que sa croissance en serait affectée. Les conséquences pour l'économie japonaise furent profondes. Les taux de change flottants bouleversèrent la politique monétaire de la Banque du Japon. En effet, celle-ci commença à subir les effets du trilemme de Mundell-Flemming. Selon celui-ci, il est impossible de maintenir à la fois la convertibilité de la monnaie, la stabilité de la monnaie et 24 une politique monétaire expansionniste, on peut tout au plus atteindre deux de ces objectifs. Il était donc impossible maintenant de favoriser la croissance et de stabiliser le yen (pour équilibrer la balance commerciale devenue largement positive). Le risque de change apparut donc subitement pour les entreprises japonaises qui n'y étaient pas habituées. L'écroulement du système des taux de change fixes poussa les Européens à immédiatement restreindre leurs marchés de capitaux. Le Japon par contre maintint le marché ouvert, subissant ainsi immédiatement l'effet du trilemme de Mundell-Flemming. La Banque du Japon essaya de maintenir les taux de change stables et eut du succès pendant 12 jours. Pendant ce temps les entreprises et les banques vendirent 4 milliards de dollars en spéculant sur une appréciation du yen. Craignant une récession, la Banque du Japon baissa alors ses taux d'intérêts au niveau le plus bas d'après-guerre. En même temps les banques commençaient à avoir de plus en plus de liquidités grâce aux exportations et au taux d'épargne élevé. La conséquence fut que banques commencèrent à repayer leurs emprunts auprès de la banque centrale. Le phénomène de l'emprunt excessif disparut rapidement. La crise pétrolière mit fin à la période de très forte croissance. Craignant là encore une récession, le Japon passa alors d'une politique fiscale prudente à une politique fiscale expansionniste keynésienne pour favoriser la croissance, et celle-ci s'ajouta à la politique monétaire elle aussi expansionniste. Il y eut bientôt une offre trop importante de monnaie qui, comme elle était censée stimuler la demande, se traduit par une hausse des valeurs immobilières et alla directement dans la poche d'entreprises qui se retrouvaient avec de plus en plus de cash. Le gouvernement Tanaka proposa en plus un plan ambitieux de développement des régions défavorisées, de l'industrie et du réseau routier. Bien que ce plan eut des mérites, il ne put éviter la constitution d'une première bulle spéculative autour de l'immobilier dans les années 70. Libéralisation de la finance et zai'tech La fin de la croissance à deux chiffres posa des problèmes pour les entreprises issues du système de forte coordination et de faible contrôle. La concurrence excessive avait en effet depuis le début induit la constitution de surcapacités qui étaient résorbées par la forte croissance. Maintenant ces surcapacités commençaient à s'afficher au grand jour. . 25 Le changement le plus profond dans le système industriel japonais fut cependant la libéralisation de la finance, qui, rappelons-le, avait été fortement contrôlée par le Ministère des Finances auparavant. Ce changement se fit progressivement et fut définitivement entériné par le gouvernement Nakasone. Nakasone suivait des politiques néolibérales semblables à celles de Reagan et de Thatcher et réagit à leur appel d'ouvrir le secteur financier japonais à l'extérieur. Etrangement, les banques japonaises n'en profitèrent pas mais perdirent du pouvoir. En effet, les entreprises se détournèrent du financement indirect et commencèrent à émettre des obligations et des actions. Le pouvoir de contrôle des banques, déjà faible en soi, s'affaiblit encore. Le pouvoir des actionnaires ne s'en trouva cependant pas renforcé comme on pourrait le croire puisque la plupart des nouvelles actions étaient distribuées d'après le système traditionnel d'actionnariat croisé ou sinon à des investisseur institutionnels. Le pouvoir de contrôle des divers ministères diminua en même temps que le pouvoir des banques. Le système bancaire s'en trouva profondément affecté. Alors que les grandes entreprises succombaient aux sirènes de l'equity finance (financement par nouvelles émissions d'actions), les banques durent trouver de nouveaux emprunteurs. Elles commencèrent donc à prêter de plus en plus d'argent aux PME (définition: capital inférieur à 100 millions de yen). La proportion des PME dans les emprunts bancaires grimpa de 39,7% en 1980 à 65,1% en 1990. Les garanties que ces entreprises devaient fournir étaient soit des terrains, de l'immobilier ou des actions. Or tous ces actifs étaient la proie d'une immense bulle spéculative à la fin des années 80. La cause principale de la bulle spéculative fut le développement de la zai'tech (technologie financière). Le nouveau cadre industriel du Japon - fin de Bretton Woods, concurrence excessive, emploi à vie, libéralisation de la finance, réduction du contrôle sur le management - provoqua un profond changement dans la politique d'entreprise japonaise. La croissance n'arrivait plus à absorber les surcapacités, le développement au Japon était limité par la concurrence et les exportations, bien que croissantes, étaient devenues incertaines avec l'appréciation du yen. Les entreprises se tournèrent donc logiquement vers les actifs financiers et la spéculation pour accroître leur bénéfices. La finance devint même une fin en soi et certaines entreprises n'arrivaient à publier un bénéfice que grâce à la zai'tech (surtout les entreprises d'industries en déclin comme les aciéries). En effet, l'investissement dans la production était peu, voire non rentable du fait des surcapacités et de la concurrence. 26 Outre la zai'tech, les entreprises se lancèrent dans d'autres branches où il y avait encore des profits à faire. La concurrence n'en devint que plus accrue. Ainsi, Mazda, constructeur automobile, se lança dans l'informatique, la finance, le leasing, l'éducation et les transports, entre autres. New Japan Steel prévoyait de se lancer dans l'électronique et la santé. Certaines entreprises fondèrent même leur propre université privée. D'autres investissements populaires furent des complexes immobiliers de luxe, des parcs d'attractions et surtout des clubs de golf. Les cartes de membres de clubs de golf réputés devinrent une source de spéculation incroyable. Une carte de membre du club de golf le plus exclusif coûta 350 millions de yen au sommet de la bulle spéculative, assez pour construire un parcours de golf entier en Angleterre. D'autres investissements juteux furent les assurances retraite, les diamants et les peintures célèbres (les Tournesols de Van Gogh, achetés par un japonais, détiennent encore le record du tableau le plus cher acheté dans une enchère). Le secteur immobilier aussi fut la proie de la bulle spéculative et au sommet de la bulle le palais impérial de Tokyo valait plus que toute la Californie. La bourse de Tokyo aussi fut un terrain propice à la spéculation et elle devint brièvement la plus grande bourse mondiale (en terme de transactions). Pétrification du système de Société-Providence Le système de la Société-Providence survécut à la fin de Bretton Woods et la politique de l'emploi total n'en souffrit pas. Néanmoins la fin de la période de forte croissance et de la coopération asymétrique avec les Etats-Unis eurent des conséquences puisqu'elles rendirent le système de plus en plus coûteux et de plus en plus inefficace. Comme nous l'avons vu, il fallait du protectionnisme pour que le système fonctionne. Or le Japon fut de plus en plus mis sous pression par les Etats-Unis pour ouvrir son marché et réduire son surplus commercial avec les Etats-Unis. Le Japon tergiversa, craignant les conséquences du libre-échange sur les secteurs en déclin. Pour calmer les américains, les japonais offrirent alors quelques carottes comme la libéralisation des marchés financiers, avec les conséquences qu'on vient de voir. Il y eut bien des ébauches pour créer un système de protection sociale étatique, mais celles-ci se heurtèrent au choc pétrolier et au combat contre l'inflation qui s'en suivit. Les 27 priorités du gouvernement se tournèrent vers le combat d'une éventuelle récession et on négligea les dépenses sociales. La stratégie japonaise fonctionnait bien durant la période de forte croissance quand il y avait beaucoup d'industries jeunes et dynamiques. Dans les années 70, cependant, il ne restait presque plus de secteur dynamiques et beaucoup de secteurs (comme l'industrie lourde et les textiles) entraient en phase de déclin. Ces secteurs étaient donc protégés à grands frais par les japonais, mais la politique d'emploi à vie fut une cause importante de leur manque de compétitivité et une des raisons pourquoi ils étaient entrés en déclin. On avait donc créé un cercle vicieux qui empêchait la dynamisation des secteurs en déclin. Toutes les tentatives de réforme échouèrent et le système finit par se figer. Un exemple frappant de cette protection est la loi sur les grandes surfaces commerciales (hypermarchés) de 1974 créée pour protéger les petits commerces et qui obligeait chaque magasin de plus de 1500 mètres carrés de s'inscrire auprès du MITI, qui veillerait à ce que les petits magasins n'en souffrent pas trop. En même temps, la société égalitaire vola en éclats à cause de la bulle spéculative. Ceux qui possédaient des terrains ou des appartements à Tokyo pouvaient réaliser des profits immenses sans rien faire. Les gens possédant des actions bénéficièrent de la bulle du Nikkei, qui grimpa de 46% entre octobre 1986 et avril 1987 par exemple. En même temps, la discrimination des femmes s'intensifia et fut même encouragée par le gouvernement qui octroyait des bénéfices fiscaux aux épouses qui ne travaillaient pas. Crise et stagnation (1989-2003) Comme toutes les bulles spéculatives, la bulle japonaise explosa en 1989. Cet éclatement eut des effets sur tous les acteurs économiques. Les entreprises réalisèrent des pertes immenses de leur spéculation dans la zai'tech et autres. La chute des cours boursiers et des prix de l'immobilier entraînèrent certaines entreprises jusqu'à la faillite. Les banques souffrirent particulièrement. Les prêts qu'elles avaient octroyés devenaient douteux (voire complètement impossibles à récupérer) et les collatéraux qu'elles avaient pris (actions et immobilier) avaient perdu la moitié de leur valeur, voire plus. Les faillites de banques se multiplièrent ainsi. Les banques commencèrent à refuser de prêter de l'argent. Ceci poussa encore plus d'entreprises vers la faillite et rendit 28 encore plus de prêts irrécupérables. Un nouveau cercle vicieux était apparu. Les ménages subirent aussi des pertes et perdirent confiance, ce qui ne favorisait pas une relance de l'économie. La sécurité sociale étatique inexistante (elle était encore plus basse qu'aux EtatsUnis) apeura encore plus les ménages qui réduisirent leur consommation et épargnèrent pour les temps difficiles qui allaient venir. Le gouvernement a évidemment essayé de relancer l'économie, mais s'est vite heurté à des problèmes. La politique monétaire a toujours prôné un yen faible ou tout du moins stable. Ceci s'est heurté à la politique américaine qui désirait un yen fort pour réduire le déficit commercial des Etats-Unis avec le Japon. Le yen s'est ainsi apprécié constamment de 350 yen/dollar en 1971 à 80 yen/dollar en 1995. Puis la politique américaine a inversé la tendance en promouvant un dollar fort. Mais entre-temps la politique monétaire avait baissé ses taux à près de zéro pour-cent (0,25 % en 1999, 0,02 % en 2003 pour les prêts à 3 mois) et n'avait plus aucune marge pour relancer l'économie japonaise. La politique monétaire était dans une trappe de liquidité, c'est-à-dire à un niveau tellement bas qu'elle n'a plus aucun effet sur les prix. Les taux réels restent plus "élevés", cependant, parce qu'en même temps on assiste à une déflation, une baisse globale des prix. Le yen fort a évidemment fait beaucoup de mal aux entreprises japonaises qui ont pu moins exporter mais en même temps ont délocalisé leur production à l'étranger. Tout ceci n'a fait qu'accroître les problèmes décrits précédemment. En même temps, le Japon a adopté une politique fiscale très expansionniste. Cela aurait du relancer l'économie, mais ses rigidités structurales liées à l'emploi à vie et aux keiretsu empêchèrent le pays d'en profiter. On adopta certes une réforme des banques, mais celle-ci n'alla pas assez loin et laissa encore bien des banques en difficulté. L'argent fut surtout gaspillé dans des projets sans beaucoup d'utilité. Pire encore, cette politique est maintenant devenue insoutenable. La dette du gouvernement japonais atteint 140 % du PIB en 2002 (Moody's et S&P ont baissé le rating du Japon au rang du Botswana, du Chili et de la Hongrie) et il faudra bien repayer cette dette un jour. Les ménages le savent bien et continuent à épargner, ce qui annule l'effet positif de la politique fiscale. La population japonaise est entre-temps devenue celle avec l'espérance de vie la plus élevée (85 ans pour les femmes) et les retraites vont exploser dans peu de temps. Avec des dettes aussi élevées, le gouvernement japonais devra augmenter les taxes pour faire face à ce nouvel élément et les ménages le savent bien. Le gouvernement japonais est donc dans une situation bien délicate: politique monétaire inutile, politique fiscale insoutenable et structure économique non réformable. 29 Conclusion Comment mieux finir qu'avec une vue sur l'avenir du Japon? Notre analyse nous a montré le développement fulgurant d'un pays détruit, l'élan industriel considérable des Trente Glorieuses, les excès et la décadence liés à la bulle spéculative. Les problèmes auxquels le pays doit faire face aujourd'hui (trappe de liquidité, endettement, structures non réformables, vieillissement de la popultion) sont très préoccupants. Le Japon peut-il s'en sortir? Hélàs rien ne paraît moins sûr. De nombreux économistes réputés cherchent une solution pendant que le pays s'enfonce de plus en plus dans la stagnation. Les politiciens se suivent et ne font rien et l'euphorie qui a suivi l'élection de Junichiro Koizumi est vite retombée. Un début de réforme serait l'assainissement des banques, une mesure douloureuse certes, mais essentielle. Comme le dit The Economist, " If Japan does not write off its bad loans, will the world write off Japan? " 30 Bibliographie Japon troisième grand : R. Guillain, éditions du Seuil Cours Science, Technique et Société, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne Publication : La notion de sécurité économique au Japon et sa dynamique, E. Boulanger Japan : economic growth, ressource scarity, and environmental constraints, Edward A. Olsen, Westview replica edition Le miracle économique japonais, Hubert Brochier, Calmann-Lévy The japanese challenge, Herman Kahn, Thomas Pepper, Harper and Row publishers Plus de nombreux sites internet dont voici la liste : http://perso.wanadoo.fr/jeanbellec/evolution_des_entreprises.htm#Japon http://www.jinjapan.org/kidsweb/foreign/france/fr-i.html http://perso.wanadoo.fr/jeanbellec/historique_des_industries_de_hau1.htm http://histoire.geo.free.fr/3emegeo_2_Etats.htm http://www.cyberport.uqam.ca/francais/pays/japon/EcoAutomne99.htm http://www.cyberport.uqam.ca/francais/pays/japon/EcoHiver2000.htm http://perso.wanadoo.fr/jeanbellec/entreprises_japonaises.htm http://www.guerrerojivaro.host.sk/histoeco/cours/19siecle/deveco.htm http://www.edc.ca/docs/ereports/commentary/w02-27-2002_f.htm http://www.edc.ca/docs/ereports/commentary/w08-29-2001_f.htm http://www.japanecho.co.jp/cahiers/1996/sommaire-68.html http://www.japanecho.co.jp/cahiers/1998/sommaire-76.html http://www.inbo-news.org/info_org/japon.pdf Bai Gao, Japan's Economic Dilemma: The Institutional Origins of Prosperity and Stagnation. Cambridge University Press, 2001. Richard E. Caves, Jeffrey A. Frankel, Ronald W. Jones, World Trade and Payments: An Introduction. 9e édition, Addison Wesley - Pearson Education, 2002. www.economist.com, en particulier les articles A1 for risk, D for effort, 16 mai 2002 Wading in the yen trap, 24 juillet 1999 Japan's lost decade, 26 septembre 2002 Dominique et Michèle Frémy, Quid 99. Editions Robert Laffon, 1998. Pages 1096 à 1098. 31 Annexes : L'évolution du PIB par habitant Population en Khab 19 70 19 68 19 66 19 64 19 62 19 60 19 58 19 56 19 54 19 52 19 50 12000 10000 8000 6000 4000 2000 0 Population japonaise population en milliers 140000.0 120000.0 100000.0 80000.0 60000.0 40000.0 20000.0 18 70 18 80 18 90 18 96 19 03 19 09 19 15 19 21 19 27 19 33 19 39 19 45 19 51 19 57 19 63 19 69 19 75 19 81 19 87 19 93 19 99 0.0 années Lorsque l’on voit la croissance de PIB par tête et celle de la population japonaise, on peut facilement s’imaginer la croissance énorme du PIB. 32 Juste pour illustrer le phénomène de vieillissement de la population, deux pyramides des ages(1990 et 2000). 33