R. DESCARTES,UTILITÉ DE LA PHILOSOPHIE
thème :DE LA PHILOSOPHIE
auteur DESCARTES, Principes de la Philosophie, Lettre -Préface.
classe Terminale S.
A) INTRODUCTION:
1. Idée générale et problème du texte.
- Les Principes de la Philosophie = exposé synthétique de la Philosophie nouvelle de
DESCARTES, rédigé en 1649, à l'adresse d'un public non averti (Philosophie pour l'honnête
homme", en l'occurrence, la reine Christine de Suède).
- Dans ce passage, extrait de la lettre-préface, DESCARTES se propose d'expliquer l'utilité de la
Philosophie pour chacun (# spécialistes, professionnels de la philosophie). A quoi sert la
philosophie ? Ne peut-on vivre sans l'étudier ni la pratiquer ?
- Thèse de DESCARTES:
'C’est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans
philosopher ". DESCARTES ne craint pas de présenter la pratique de la philosophie comme la
condition indispensable pour nous permettre de mener une vie vraiment humaine.
- Cette thèse semble radicale (elle interroge ce qui fait la dignité de l'être humain, par
opposition. à l'animal) et extrême ( elle trace une séparation franche entre ceux qui se consacrent
à la philosophie et ceux qui ne s'y consacrent pas). En quoi consiste donc la lumière de la
philosophie ? Dans quelle mesure faut-il dire qu'on ne peut vivre sans philosopher?
2. Plan du texte (et du commentaire):
1. Enoncé de la thèse (" Or, c’est proprement. pour guider nos pas.') > rôle essentiel de la
philosophie dans l’existence humaine.
a) le choix de la philosophie = comprendre par soi-même (# erreur, illusion)
b) le plaisir que procure la philosophie supérieur à celui de la vision (apparences
essence de la réalité).
c) argument de la nécessité de la philosophie sur le plan pratique = réflexion éthique.
2. Distinction entre l'homme et la bête ( 'Les bêtes brutes.. ils en sont capables.')
a) L'animal est rivé à l'immédiateté des besoins et de la vie instinctive.
b) L'homme = être raisonnable, être de la transcendance.
3. Le courage de penser par soi-même ("Il n'y a point..... >fin).
a) le manque de confiance en soi, premier obstacle à l'exercice de la philosophie.
b) désir d'élévation de la vie intérieure: la quête du bien.
"C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans
philosopher
B) ELEMENTS DE COMMENTAIRE.
1. Enoncé de la thèse ("C’est proprement... nos pas”):
Il se fonde sur 3 arguments : a) le choix de la philosophie. - b) le plaisir que procure la
philosophie. - c) argument de la nécessité de la philosophie sur le plan pratique.
a)le choix de la philosophie.
"Ces C’est proprement vivre les yeux fermés... sans philosopher
- Faire de la Philosophie = effort de lucidité, quête de la vérité par soi-même au moyen de la
raison sur les grandes questions fondamentales, universelles. - Ne pas faire de Philosophie =
('avoir les yeux fermés' ) par ignorance ou par aveuglement?
-par ignorance (ne pas pouvoir savoir / rechercher la vérité > éducation médiocre,
insuffisante / obscurantisme, fanatisme et régimes totalitaires).
- par aveuglement (,"'sans jamais tâcher d’ouvrir les yeux".) = ne pas vouloir savoir /
ne pas faire l'effort de comprendre par soi-même = mauvaise foi (pressentir que l'on est dans
l'erreur ou qu'il existe d'autres vérités mais ne pas chercher à les découvrir) > par goût du
conformisme, "tyrannie de l'habitude" (B. Russel)
- Danger :
+ Risque de l’illusion (prendre l'apparence des choses pour la réalité, confondre nos
désirs et la réalité > opinions, convictions religieuses, politiques ... )
+ Risque de l'erreur ( pb du jugement = incapacité ou usage incorrect du jugement
à distinguer le vrai d'avec le faux > prévention, précipitation = préjugés
b)supériorité de la philosophie sur le plaisir de voir.
- le plaisir de la vue est réel (découverte du monde extérieur, de la nature, des objets >
contemplation).....
- ... mais insuffisant du point de vue de la connaissance du réel à cause des limites de nos sens
par rapport au monde extérieur, au donné = > (" voir toutes les choses que notre vue découvre.").
La vision ne nous livre que la surface des choses, que des phénomènes (les choses telles
qu'elles nous apparaissent). Les apparences ne peuvent rendre compte d'elles-mêmes. Or, le réel
ne se réduit pas à ce que nous en percevons. - En revanche, supériorité du plaisir de philosopher
= activité de l'esprit, élaboration dans l'effort de comprendre les choses au moyen de la raison
(saisir les rapports vrais entre les choses). Pour Descartes, il n'y a de connaissance que grâce à
notre entendement (""les connaissances que l'on trouve par la philosophie"). > il faut
rechercher les essences, les causes des phénomènes ("sauver les phénomènes" = ce ne sont pas
les apparences qui sont trompeuses, mais nos sens et notre jugement qui sont faillibles).
cf. + PLATON, cf. Platon, République VII, : les ombres sur la paroi de la caverne.
+ DESCARTES, Méditations Métaphysiques, II: le morceau de cire.
+ GALILÉE: géocentrisme # héliocentrisme.
c)argument de la nécessité de la philosophie sur le plan pratique.
- Nécessité de la philosophie pour 'régler nos mœurs et nous conduire, en cette vie’ = la
philosophie comme réflexion éthique sur les valeurs (le Bien, le Mal, le juste, la responsabilité
... ) pour guider les conduites humaines > interrogation sur la vraie valeur des choses (qu'est-ce
qui est important dans notre vie ? Quelle vie voulons-nous vivre ?). > Question de notre
responsabilité (réfléchir sur le sens de nos actes et sur les conséquences de ceux-ci pour nous-
mêmes et pour autrui) dans le déroulement de notre existence (choix d'un métier, nos
comportements dans notre vie privée et sociale...
- (cf. au cours: " Il y a des choses qui dépendent de nous et il y a des choses qui ne dépendent
pas de nous.", Manuel, I).
- Ne pas chercher à comprendre l’ordre du monde (monde de la nature et monde humain) c'est
s'exposer à le subir et à souffrir. Comprendre le réel, c'est se donner le moyen d’agir en
connaissance de cause,( savoir ce qui est en notre pouvoir ou non) : c'est la condition même de la
LIBERTÉ.
2. Distinction entre l'homme et la bête... (-"Les bêtes brutes.. ils en sont capables.)
-thèse radicale: la philosophie distingue de l'animal / elle fait la dignité humaine. L'animal ("les
bêtes brutes") se borne à la seule satisfaction de ses besoins immédiats et se confond avec la
nature (vie instinctive) > sans philosophie, l'homme ne se soucie et ne se satisfait que de son
avoir, de la vie du corps, de ses biens matériels. - ("Les Hommes, dont la principale partie est
l'esprit..") = L'homme est un être duel (corps et esprit), attaché aux exigences et aux besoins de
la nature mais aussi être raisonnable, être de la transcendance ( propension à dépasser
l'immédiateté du besoin, du donné = ouvert à tous les possibles: projets, espoirs, pensées,
connaissances, quête de la vérité) = par la philosophie, l'homme peut accéder à la partie la plus
haute de lui-même (spiritualité) et peut comprendre l'ordre du monde et se situer par rapport à
lui.
- Mais cette tâche de penser est ardue > profession de foi humaniste et rationaliste de Descartes
(" je m’assure.” = je suis certain): chacun est capable de penser par soi-même (cf. "Le bon sens
est la chose du monde la mieux partagée..", Discours de la Méthode).
- Mais il y a nécessité de surmonter un obstacle d'ordre subjectif : le manque de confiance en
soi ('il y eh, a plusieurs qui n’y manqueraient pas, s’ils avaient espérance d’y réussir et sussent
combien, ils en sont capables"). La pratique de la philosophie n'est pas affaire de spécialistes ou
de dons intellectuels exceptionnels, mais de courage, de désir et de méthode. Il convient donc
faire le pari de ses propres capacités.
3. Le courage de Penser Par soi-même ("Il n’y a point... >fin).
Cette thèse pouvait sembler extrême > elle semble séparer franchement les philosophes et les
non- philosophes (plus proches des 'bêtes brutes'?). - En réalité, Descartes distingue surtout les
hommes selon qu'ils ont ou non le désir et le courage de se mettre à la "recherche de la sagesse
". Tous 'les hommes, dont la principale partie est l’esprit..." peuvent éprouver ce désir. - Chacun
est capable de "noblesse cliente' c càd.: désir d' élévation de la vie intérieure, spirituelle ( désir
"de. quelque autre grand bien' = rechercher la vérité, la beauté, la justice .... ) et refus de se
borner à la possession de biens matériels et aux seuls plaisirs immédiats ("une âme si fort
attachée aux objets des sens ' = honneurs, richesses, sensualité, paraître ... ) > risque de demeurer
dans la vie superficielle et illusoire.
( cf Spinoza: "Quand l'expérience m’eut appris que tous les événements ordinaires de la vie sont
vains et futiles .... je me cidai enfin de compte à rechercher s'il il n’existait pas un bien,
véritable et qui pût se communiquer, quelque chose dont l’acquisition me procurerait pour
l'éternité la jouissance d’une joie. suprême et incessante' (Traité de la Réforme de
l'Entendement, § 1, éd. La Pléiade, p. 102).
- Aujourd'hui comme hier, nombreux sont les hommes qui, au- delà des satisfactions matérielles,
recherchent ce "quelque autre grand bien,' > la religion, la politique, l’art, le sport, la vie
amoureuse... même s'ils ne sont pas certains de détenir la bonne - ou vraie ?- "clé du bonheur"
("nonobstant, malgré. queue ignore souvent en, quoi elle consiste... -"). Or, la philosophie n’est-
elle pas quête du salut, du bonheur vrai (=art de vivre) ?
Conclusion: Dans ce texte, Descartes soutient que la philosophie est utile voire indispensable à
chacun, thèse en apparence radicale et extrême, car elle heurte l’idée commune qu'on peut vivre
en "honnête homme" sans faire de philosophie. L'auteur s'applique à montrer que:
- 'C'est proprement avoir les yeux fermés, sans tâcher jamais de les ouvrir, que de vivre sans
philosopher", à savoir que ne jamais chercher à penser par soi-même, à comprendre sa vie, ni
l'ordre du monde afin de pouvoir se situer par rapport à lui, c'est prendre le risque de vivre dans
Terreur et dans l’illusion. - Or l'essence de la philosophie est la recherche de la vérité par soi-
me au moyen de la raison. Seule la raison (faculté de distinguer le vrai d'avec le faux) peut
nous aider à connaître, à comprendre, à mesurer la vraie valeur des choses (dans vie intellectuelle
et dans la vie morale). En outre, par la philosophie, l'homme s'élève au-dessus de sa condition
animale originaire (besoins, vie du corps) et exerce la meilleure partie de lui-même: l’esprit. Or,
c'est cette faculté de comprendre le réel, de choisir et de tracer son chemin qui conditionne sa
liberté et sa responsabilité. - Est-ce à dire que seuls les philosophes vivent de façon vraiment
"humaine" ? Non, bien sûr, et pour deux raisons -. tout d'abord, le philosophe est à la "recherche
de la sagesse" , il ne la possède pas. Ce qui le distingue de ses semblables, c'est cette conscience
de son ignorance et son désir de rechercher la vérité par lui-même (et non de rester dans
l'ignorance ou d'adhérer à la vérité d’autrui, par procuration). Ensuite, la philosophie n'est sans
doute pas le seul chemin vers la connaissance : les sciences, la religion, l'art sont d'autres voies
toujours possibles. Néanmoins, la philosophie comporte cet avantage queue nous propose une
méthode pour penser par soi-même avec rigueur et qu’il appartient à chacun de rechercher la
vérité. En cela, elle est l'école de la liberté par la pensée. " Aude sapere !" : Ose savoir, ose te
servir de ton propre entendement, telle est la devise des Lumières écrivait E. Kant.
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