La puissance des Etats

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La puissance des Etats-Unis dans le monde
Chewing gum, Coca-Cola, Jeans, Windows…La liste est encore longue. Ces termes inscrits
dans notre quotidien constituent un petit échantillon des marqueurs de l’influence étatsunienne dans
notre société. C’est cette hégémonie du modèle étatsunien, sans partage depuis la fin de la guerre
froide, qui vaut aux Etats-Unis d’être qualifiés de « superpuissance » c'est-à-dire un Etat qui combine
tous les critères de la puissance, à la fois quantitatifs et qualitatifs, pour exercer une influence à
l’échelle du monde.
Peut-on dire réellement des Etats-Unis qu’ils constituent cette « superpuissance » ?
Il faut remarquer tout d’abord que cette puissance est effectivement multiforme. Ensuite, elle
s’inscrit dans l’espace mondial mais à des degrés divers. Cependant, cette hégémonie ne laisse pas
indifférente. Il convient donc de mettre en évidence les limites de cette superpuissance.
I.
Une puissance multiforme.
A. Les attributs de la puissance.
1) La première puissance économique mondiale.
- Industries diversifiées. 1ers dans secteurs traditionnels + haute technologie (auto, industrie
pharmaceutique, aluminium…)
- 1er rang commercial. Réalisent 13,1% des échanges commerciaux.
- Prolifération des produits « Made in USA ».
- 1ère puissance agricole mondiale (ex : blé, soja, maïs, coton…).
- Suprématie du dollar (sauf dans zone euro).
- 1ère place boursière au monde : grandes bourses mondiales Wall Street à New York et Chicago
« Board of Trade ».
- EU concentrent 38% de la capitalisation boursière mondiale (= valeur de l’ensemble des
actions cotées en bourse).
2)
-
Première puissance diplomatique et militaire.
Club des puissances nucléaires officielles.
Membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU = droit de veto.
Peuvent intervenir militairement sous l’égide de l’ONU (Kosovo, Afghanistan) ou pour
préserver des intérêts étatsuniens (Irak 2003).
3) Première puissance culturelle.
- Impérialisme culturel : diffusion de l’anglo-américain, mode de vie, alimentation, vêtements,
musique, cinéma, littérature…
- Industrie cinématographique puissante avec records d’investissements : Titanic, Matrix,
Avatar.
B. 1er centre d’impulsion de la mondialisation : maîtrise des réseaux de la mondialisation.
1) Les principaux acteurs de la mondialisation : les grandes FTN étatsuniennes.
- 2003 : 12 des plus grandes FTN mondiales = 6 sont EU (Exxon, IBM, General Motors, Ford,
General Electric…).
- FTN EU assurent près d’1/5 du RNB des EU.
2)
-
La maîtrise des réseaux de la mondialisation.
Puissance des médias (Google, CNN, Associated Press, AOL, Times Warner Fox…).
Couverture satellitaire de CNN = couvre le monde entier sauf le Groenland et l’Antarctique.
¾ des images projetées dans le monde = EU.
Ex : Mythe d’Holywood, fait de la Californie (Los Angeles) = centre du cinéma mondial.
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-
1ère place boursière au monde : grandes bourses mondiales Wall Street à New York et Chicago
« Board of Trade ».
EU concentrent 38% de la capitalisation boursière mondiale (= valeur de l’ensemble des
actions cotées en bourse).
3) La maîtrise de l’innovation (« virtuosité technologique » des EU).
- Investissements considérables de l’Etat, technopôle (Silicon Valley, en Californie, région de
Dallas au Texas) Sun Belt = symbole de l’implantation spatiale de l’industrie de haute
technologie. Phoenix, Dallas, Austin, Atlanta…
- EU = inventeurs de l’électronique, ordinateur, microprocesseur, informatique…
- Ex : haute technicité / agriculture (tracteurs équipés de GPS, recours à Internet.
Développement du marché en ligne…OGM = 80% de leur production de maïs, soja, coton…
- Investissements considérables dans le domaine de la défense.
C. Une puissance attractive.
1) Attractivité du modèle américain.
- « L’American Way of Life » = désigne le genre de vie EU (culture de masse, consommation,
matérialisme, réussite individuelle – image du self made man, esprit pionnier…) + mythe du
melting pot (image d’une société où les communautés issues de l’immigration s’insèrent dans
un creuset) = séduit beaucoup, surtout les populations jeunes du monde entier.
2) Attractivité du système universitaire.
- Universités prestigieuses (Yale, Berkeley, Harvard) = attire jeunes cerveaux = brain drain.
3) Conséquence : un pays d’immigration.
- Population immigrée = dynamisme de la population des EU (compte parmi les plus jeunes et
les plus fécondes des pays développés).
- 1990 : 1/3 scientifiques et ingénieurs employés dans la Silicon Valley = étrangers.
II.
Une puissance qui s’exerce à toutes les échelles.
A. Les pôles de la puissance américaine à l’échelle nationale.
1) Les façades maritimes des Etats-Unis : espace moteur de la mondialisation (en
particulier la Mégapolis).
2) Les métropoles et villes-monde.
- New York.
- Ex : Mythe d’Holywood, fait de la Californie (Los Angeles) = centre du cinéma mondial.
3) Les CBD.
- Manhattan.
B. Le poids des Etats-Unis au niveau régional et continental.
1) Rôle des Etats-Unis dans l’ALENA.
- L’ALENA ( NAFTA en anglais) = marché de libre échange nord américain créé en 1994.
Canada et Mexique sont devenus les principaux partenaires des EU (1ers clients et 2èmes
fournisseurs des EU).
- Maquiladoras et autres IDE traduisent l’influence grandissante des EU chez ses voisins. (=
zones franches mises en place par le Mexique et qui bénéficient d’investissement EU).
2) Une influence dans l’ensemble de l’Amérique latine.
- Interventions fréquentes des EU (Nicaguara, Panama).
2
-
Liens historiques forts (« chasse gardée » des EU).
Perspective d’un futur marché élargi à tout le continent ? (ZLEA ?)
C. Présence des Etats-Unis dans le monde.
1) Place prépondérante dans toutes les institutions internationales.
- Place des EU dans plusieurs organisations économiques : FMI, Banque mondiale, GATT
(1947), G8-APEC (Coopération Economique pour l’Asie Pacifique).
- Nombreux pays liés aux EU par des alliances militaires. Ex : création de l’OTAN en 1949
sous l’égide des EU.
- Membre permanent au conseil de sécurité de l’ONU = droit de veto.
2) Présence militaire internationale.
- Bases (aériennes et navales) présentes sur tous les continents et toutes les mers, en particulier
dans les zones stratégiques (détroits, canaux, Arabie Saoudite, Turquie…)
- Présence dans « l’espace ». Leurs satellites assurent la surveillance des télécommunications
pour le renseignement militaire et économique.
- Intervention en Europe (Kosovo 1999), en Afrique (Somalie 1992-1994), en Asie
(Afghanistan), dans la péninsule arabique (guerre du Golfe 1990 1991, Irak 2003).
3) les investissements des EU dans le monde.
- FTN investissent dans le monde entier (fusions, acquisitions, délocalisations) = rôle dans
l’économie des pays où elles sont implantées (Nike en Asie). Certains parlent d’une
« America bis ».
III.
Les limites de la superpuissance des Etats-Unis.
A. Les limites internes de la puissance américaine.
1)
-
Des inégalités sociales et spatiales.
Population endettée.
Augmentation du chômage depuis la fin des années 1990 (6% en 2004).
6 millions de mal logés en 2000. Population pauvre estimée à environ 13%.
Les revenus des plus riches ont augmenté plus vite que ceux des plus pauvres dans les années
90.
Poches de pauvreté. Ex : sud délaissé = Louisiane, ex : ghettos à l’échelle locale.
2) Remise en question du modèle libéral ?
3) Echec du melting pot.
B. Une puissance concurrencée.
1) Les partenaires-concurrents des EU : UE, Japon, Chine, brésil.
- Ex : guerre des bananes, acier, Boeing/Airbus, « protectionnisme culturel » français (quotas
pour favoriser la chanson française, la production télévisuelle et cinématographique française).
- Augmentation considérable des importations notamment / Chine et Japon = 1ers fournisseurs.
2) Le déficit commercial des Etats-Unis atteint des records.
- Déficit commercial des EU atteint plus de 500 milliards de dollars en 2002.
3) Diminution des EU dans le poids de l’économie mondiale.
- Le poids du PIB des EU par rapport au PIB mondial est important mais baisse (40% en 1960,
un tiers aujourd’hui).
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C. Une puissance contestée.
1) Les attentats du 11 septembre 2001.
- Contestation du Sud.
- « Rogues States » = expression utilisée par l’administration Bush pour désigner les Etats
« voyous » ennemis des EU, ou « Axe du mal » (Irak avant intervention 2003, Iran…) + pays
accusés de soutenir des actions terroristes (Lybie, Soudan, Syrie).
- Echec militaire en Afghanistan = puissance des EU militaire non adaptée à la guérilla.
- Intégrismes religieux.
- Terrorisme islamiste = Al Quaida.
2) Position des Etats-Unis est moins confortable dans les nouvelles institutions
internationales.
- Ex : échec des négociations à la conférence de l’OMC à Cancun en 2003 = dénonciation du
protectionnisme déguisé des EU (subvention, produits agricoles exportés).
- Ex : affirmation du G20 au détriment du G8.
3) Contestation altermondialiste.
- Altermondialistes dénoncent la mondialisation libérale = s’attaquent à AWOF qui incarne le
consumérisme et le matérialisme américain.
Force est de constater que les Etats-Unis ne sont pas qu’une grande puissance. Ils rassemblent
bien les critères qui permettent de définir une puissance à la fois à l’échelle continentale et mondiale,
et ceci, malgré les contestations et les limites mises en évidence. On peut donc parler « d’un nouvel
empire mondial ». Si ce leadership n’est pas remis en cause par la crise actuelle, il fait néanmoins
l’objet d’interrogations. Jusqu’où peuvent aller les capacités d’adaptation des EU, notamment au
travers des nouvelles orientations de l’administration Obama depuis son élection en 2008 ?
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