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De la géographie classique aux « nouvelles géographies ».
« Réflexions épistémologiques » générales et appliquées à quelques sujets de l’agrégation interne.
14 Septembre 2006.
Mode d’emploi du fichier :
- Les sujets tombés à l’agrégation (écrit ou oral) sont surlignés en jaune
- Les allusions aux programmes scolaires et à des pratiques pédagogiques sont mentionnées
en bleu
- Ce fichier est un simple copier-coller de mes notes …Tout n’est donc pas rédigé !
Auteur : Serge Bourgeat (Laboratoire CNRS Territoires. Institut de Géographie Alpine. Grenoble. )
Travail en cours en épistémologie sur les discours de la géographie et plus précisément sur le changement
de paradigme : le passage de la géographie classique aux "nouvelles géographies" au travers des filtres
universitaires (agrégation, thèses d’État)
Adresse : serge.bo[email protected]
Intro. Le but de ce topo :
Ce n’est pas de faire le point détaillé sur tous les aspects des questions traitées, mais
1/ de faire une rapide « histoire de la géographie récente » afin de souligner au travers des travaux d’un
certain nombre de géographes quelles sont les problématiques actuelles, les grandes tendances de la
géographie, leur lien entre elles, et les différences avec la géographie classique.
2/ Puisque la géographie change, les géographes ont de plus en plus de préoccupations épistémologiques
et celles-ci sont mises en valeur dans les rapports
- Le rapport d’agrégation de 2006 sur le commentaire sur l’aménagement des territoires
dit de même qu’une « bonne connaissance des évolutions épistémologiques de la discipline
constitue un atout de taille pour trouver l’angle d’attaque le plus pertinent. »
- ou à propos de l’oral : « Les courants, les auteurs, les travaux qui ont marqué leur histoire
doivent être connus. Il faut connaître les grandes collections de manuels d’enseignement
supérieur ; la consultation régulière de revues telles que L’Information géographique,
Mappemonde, L’Histoire, Historiens et Géographes est nécessaire. »
Puis, plus loin :
« Quelle que soit la formulation [des sujets d’oral], l’attente est la même : que soient
précisés les enjeux épistémologiques puis pédagogiques du sujet, son amplitude temporelle
et spatiale, sa signification exacte, en s’appuyant sur l’analyse des termes l’un par rapport à
l’autre »
….quand elles ne tombent pas en tant que telles aux concours.
- Le sujet 2005 de l’agrégation externe était : « le temps en géographie »
et le rapport Historiens-géographes p 153. 393. Fév 2006- dit qu’ « on ne pouvait le
traiter sans avoir à la fois de solides connaissances en épistémologie, et ans tous les
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champs de la géographie »). Sans en arriver à ce type de sujet (vu les programmes), une ou
deux réflexions épistémologiques dans un devoir ne sont pas forcément inutiles …
3/ Cette réflexion ne se veut donc pas théorique, mais en liaison avec l’agrégation. Il s’agit donc à la fois :
- de proposer des angles de réflexion sur le traitement des grands types de sujets (quelles sont
les problématiques à adopter ? (tout en tentant d’adopter une distance critique par rapport à ces
problématiques.). Quelles sont celles à rejeter absolument car trop « datées », trop connotées
« géographie classique »?
- et de suggérer quelques pistes de lecture sur des auteurs considérés comme incontournables à
l’heure actuelle…
Le tout est argumenté :
- à l’aide de sujets pris dans les leçons d’oral de l’agrégation interne qui ont été proposés en 2004
2005 et 2006,
et notamment à l’aide des sujets d’écrit 2006 sur les littoraux de l’Afrique et sur
l’aménagement des territoires
- à l’aide de quelques mises au point ou développements particuliers mis dans des encadrés
- à l’aide de quelques réflexions sur nos programmes scolaires. Car les sujets d’oral demandent
aussi un lien avec les programmes du secondaire, il y aura plusieurs tentatives « d’analyse critique
de ces programmes »
Le but est ainsi de montrer que l'on ne fait pas la même géographie, que l'on n'a pas les mêmes
problématiques quand on fait de la géographie classique que quand on parle de territoire, de polarisation,
de centre-périphérie, de diffusion …
4/ Il est aussi de montrer que ces notions relativisent, mettent au second plan le poids du « milieu
naturel », et permet d’échapper à une « géographie inventaire » qui « couvre le monde »
(Pour cette raison, le topo du mois de Novembre sera consacré spécifiquement au « milieu » de façon à
percevoir quelques problématiques concernant les risques, le développement durable, et « villes et
environnement » (programme de l’agrégation externe 2007)
Plan du topo en 2 parties :
1/ Le changement de paradigme. « De la géographie classique aux nouvelles géographies »
Historique et son application à quelques exemples de sujet tombés à l’oral
Développement particulier sur la géographie tropicale (Programme 2006-2007 : Afrique)
2/ Un développement sur les géographies actuelles au travers de deux notions fortes : celles de
polarisation et surtout de territoire qui sont utilisées dans de nombreux sujets (+ quelques mises au point
sur la polarisation).
La différence avec les notions classiques de région, espace, paysage. Comment caractériser la
notion de territoire ? Car c’est une notion extrêmement complexe et multiforme (Pas moins de
sept propositions de définition figurent dans les derniers dictionnaires de géographie…)
Il sera suivi d’un second topo le 28 Septembre qui approfondit ces notions au travers de la propension de
la géographie à découper l’espace. Il s’agira concrètement de voir que
3/ toute géographie découpe les territoires
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- Que veut dire « découpage régional » ?
- N’est-ce pas l’attitude de base de tout géographe ?
- …Ce qui pose le problème du critère de découpage et donc de démarche
- // Il s’agit d’une attitude traditionnelle mais il y a aussi la nécesside faire le point -dessus à
cause du discours de l'innovation territoriale.
4/ L’aménagement des territoires est un thème important. Censé lutter contre des déséquilibres, il montre
la tendance actuelle des géographes à vouloir « saisir le monde », au contraire d’une géographie classique
qui observait une position de repli et un statut d’observateur.
5/ Le discours de l’innovation territoriale appliqué au découpage régional de la France est un discours
phare.
- Quelles sont les grandes caractéristiques du discours de l'innovation territoriale ? Quels sont
ses rapports avec la notion de polarisation ? l’histoire d’un discours « à la mode »… que je
tenterai de résumer à l’aide d’exemples, notamment en comparant la France et le cas tout à fait
particulier de Rhône-Alpes et l’Espagne. La notion de territoire pose le problème des « nouveaux
territoires » de l’action régionale, il y a nécessité de faire le point :
- sur les epci (communautés de communes, pays ….)
En guise d’introduction, il y a la nécessité de comprendre que nos discours en géographie sont à une
croisée des chemins ils sont encore marqués par une géographie classique, mais intègrent des pans entiers
d’une géographie différente, nouvelle. Et les membres du jury d’agrégation sont eux aussi marqués par cet
entre-deux, comme ne témoigne le rapport sur les littoraux de l’Afrique
I/ De la géographie classique aux « nouvelles géographies »
Il faut au préalable replacer nos discours actuels dans l’histoire de la géographie pour montrer que parler
de territoire, de polarisation, ce n’est pas la faire même géographie que la géographie classique…
11/ Rappels sur la géographie classique
111/ Ses caractéristiques
La géographie française, qui s’est mise en place autour de la première guerre mondiale (autour de Vidal de
La Blache, mort en 1918) avait quatre caractéristiques essentielles :
1111/ L’encyclopédisme la géographie doit dire le monde ») :
Cette démarche était très visible dans les thèses d’État qui dépassaient souvent les 800 pages. Cf aussi
l’image de la géographie véhiculée par le « Petit Prince » : le géographe est un « vieux monsieur » qui
rédige de « gros livres », qui ne s’intéresse pas « à l’éphémère » (et donc aux roses du Petit Prince) et qui
se différencie de l’explorateur…car il ne va pas sur le terrain.
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►►Une conséquence : faire de l’encyclopédisme c’est donc refuser de sélectionner, de trier. C’est aussi
(et surtout ?) favoriser une démarche statique (l’intérieur) par rapport à l’extérieur et aux relations avec
d’autres espaces mais aussi d’autres disciplines.
►► Car c’est un encyclopédisme à l’intérieur d’un champ donné : il y a ce que l’on dit, ce que l’on ne dit
pas et ce que l’on ne doit pas dire.
Cf les fleurs (les roses du Petit Prince) : on n’en parle pas (aucun intérêt reconnu)
Cf le Tiers-monde, politiquement incorrect jusqu’aux années 80
1112/ La géographie classique était une science de synthèse
Une synthèse entre des disciplines très variées allant de la géologie à l’économie (donc la matière a
l’aspect du généraliste en médecine, et pour ses détracteurs du dilettante, de la discipline fourre-tout)
Une telle conception remonte à l’antiquité et est perceptible dès Ératosthène et Aristote (qui apporte la
notion de classement des connaissances) puis Strabon mais va être formalisée au XVIII° s. par Kant puis
Ampère
D’où le plan à tiroir, qui commence par la géologie et finit par la sociologie, sans fil directeur…
Attention : de nombreux rapports d’Historiens-géographes reprochent aux candidats de « dérouler
le thème concerné sans problématique visible »
Un tel plan serait très tentant pour un sujet du type :
- Les Antilles françaises (1)
Ci-dessous, 2 propositions de plan :
Le 1° plan est tiré d’un vieux Que sais-je dirigé par Doumenge
1 Une nature instable
11 Une morphologie contrastée
12 Des mécanismes brutaux
13 Un fort endémisme insulaire
14 Le dynamisme de la végétation
2 Une histoire, un paysage et une population façonnées par le sucre
3 La survivance agraire et halieutique
4 La personnalité des Antilles françaises
5 L’unicité martiniquaise
6 Les visages contrastés de la Guadeloupe
61 Les Guadeloupes rurales
avec : Grande-Terre, Nord et Est de Basse-Terre, La Côte sous le vent (avec :
Bouillante et ses environs, Pointe-Noire)
62 Basse-Terre
63 Pointe-à-Pitre
7Les îliens périphériques
Et les cartes sont des « cartes régionales »
Et en fait, cet usuel date de 1988 (pas si vieux que ça …car vendu pendant une dizaine d’années)
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Ou vaut-il mieux insister sur leur spécificité ? Ce qui donnerait un second plan de ce type :
1. La dépendance par rapport à la métropole
2. La richesse relative par rapport à la Caraïbe
Grâce à des économies de transfert…
Qui permettent une reconversion d’anciennes îles à sucre (de l’agriculture au tourisme)
3. Une situation d’insularité qui crée une identité particulière
Liée à la démographie (des populations jeunes)
Liée à l’insularité
Conclusion sur le dilemme de l’émancipation ou pas ?
Et finir par un schéma à la Brunet comme ci-dessous
Dans les deux cas, on a une démarche opposée : on est dans le premier cas dans « un tableau ». La
géographie est un récit (elle dit le monde). On est dans le second cas dans une analyse de situation
problématisée
Mais la différence n’est pas seulement là :
Dans les deux cas, on a :
- Une approche idiographique en 1/: mon propos est que la Guadeloupe ou la Martinique soit la mieux
connue à la fin de mon exposé ;
- une pensée nomothétique en 2/ : mon propos est globalisant : il est moins le cas particulier de la
Guadeloupe que de montrer la pertinence du sujet et sa valeur d’intérêt par rapport à des problématiques
plus générales
Dans les deux cas on a des outils différents : le récit, et donc la description, contre l’analyse
économique ou sociologique voire le modèle de l’île tropicale à la Brunet :
NB : attention : il s’agit d’un
chorème : c’est-à-dire d’un
modèle qui se veut à portée
générale, et non d’un schéma
chorématique (comme on en
fait parfois avec les élèves) qui
est une version simplifiée et
surtout qui s’adapte à un
particularisme
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