LES MARDIS de L`Académie de médecine Mardi 10 février 2015

LES MARDIS
de L'Académie de médecine
Mardi 10 février 2015, 14h30
Conférence
Fondation de l’Académie. Compte-rendu du forum de Pékin par Jean-Marie DRU, président
SÉANCE THÉMATIQUE
« La pharmacoépidémiologie »
Organisateurs : Jean-Paul GIROUD et Jean-Louis MONTASTRUC
Introduction par Jean-Paul GIROUD (Membre de l’Académie nationale de médecine)
Communications
Qu’est-ce que la pharmacoépidémiologie ? par Jean-Louis MONTASTRUC (Membre de
l’Académie nationale de médecine, Faculté de Médecine et CHU de Toulouse, INSERM UMR
1027)
La pharmacoépidémiologie : une autre surveillance du médicament par Antoine PARIENTE
(Pharmacologie médicale, Université Bordeaux 2 et CHU de Bordeaux, INSERM U 657, Bordeaux.
La pharmacoépidémiologie est une branche de la pharmacologie médicale définie comme « l’étude
de l’utilisation et des effets bénéfiques et indésirables des médicaments en population destinée à
favoriser leur bon usage et ainsi permettre d’améliorer la santé publique ». Cette définition la
rattache justement à la santé publique et permet de montrer en quoi la pharmacoépidémiologie
complète la pharmacovigilance, davantage centrée sur l’étude des effets indésirables.
La pharmacoépidémiologie, discipline individualisée il y a une trentaine d’années, a vu son activité
récemment intégrée dans l’exercice de la surveillance du médicament. Historiquement, l’évaluation
du médicament en population, soit après sa commercialisation, reposait sur les seules vigilances :
pharmacovigilance, destinée à identifier précocement des effets indésirables non détectés au stade
des essais cliniques, et addictovigilance (autrefois pharmacodépendance), destinée à identifier les
risques d’addiction liés à l’utilisation des médicaments. Ces activités de vigilance reposent sur une
analyse individuelle, clinique et pharmacologique, de cas d’événements indésirables observés en
situation de soins courants. Cette analyse approfondie est destinée à estimer la plausibilité d’une
responsabilité médicamenteuse dans la survenue d’événements de santé. Cette détermination de
responsabilité apparaît simple pour certains événements, comme les événements immuno-
allergiques par exemple. Elle s’avère en revanche extrêmement complexe pour les événements
connaissant des facteurs de risques bien établis, ceux-ci constituant alors toujours des alternatives
crédibles à l’hypothèse de responsabilité médicamenteuse. L’étude des événements indésirables
cardiovasculaires permet d’illustrer cette difficulté. La survenue d’un infarctus du myocarde
survenant chez une femme jeune, sans antécédent ni facteur de risque cardiovasculaire, utilisatrice
de contraceptifs oraux, conduira facilement à rechercher une prise médicamenteuse à risque.
Pourtant et quand bien même le même produit utilisé serait identique et également responsable, le
même infarctus, survenant chez un homme de 65 ans, arthrosique, en surpoids, sédentaire et fumeur,
conduira rarement à rechercher une cause médicamenteuse.
De fait, la capacité de la pharmacovigilance à confirmer l’existence d’un risque médicamenteux
apparaît limitée dans certaines situations. En permettant d’évaluer, en population et par des
méthodes comparatives, quelle augmentation (ou diminution) du risque de présenter un événement
de santé peut être associée à l’usage d’un médicament, la pharmacoépidémiologie constitue alors
le meilleur complément à la pharmacovigilance. Parmi les exemples historiques de détection ou
confirmation de risques ou de bénéfices liés à l’emploi des médicaments en population, on peut
citer la mise en évidence, avant la conduite de tout essai clinique, d’une effet cardio-protecteur
potentiel de l’aspirine par le Boston Collaborative Drug Surveillance Group en 1974, la
confirmation d’une augmentation du risque d’hypertension artérielle pulmonaire lié à l’emploi des
anorexigènes ou, plus récemment, la confirmation d’une augmentation du risque de narcolepsie liée
à la vaccination anti-H1N1. Dans ces deux dernier cas, l’effet complémentaire des actions de
surveillance est patent, cliniciens et experts en pharmacovigilance étant à l’origine des signaux
ayant conduit à la réalisation d’études pharmacoépidémiologiques confirmatoires. Dans le dernier
de surcroît, c’est l’exercice d’une pharmacoépidémiologie coordonné à l’échelon européen qui a
permis d’obtenir rapidement une confirmation et une quantification du risque. La fin des années
2000 a en effet marqué le développement de cette recherche. Les projets collaboratifs menés par des
équipes appartenant à différents pays de l’Union Européenne (UE) sont dorénavant nombreux, les
financements ayant pu être obtenus dans le cadre des appels à projets dits FP7 lancés par l’UE
ayant grandement contribué à ce développement. Ceci permet d’entrevoir quelle sera la
surveillance du médicament de demain : une surveillance mêlant efficacement pharmacovigilance
et pharmaco-épidémiologie, et exercée conjointement à l’échelon national et à l’échelon européen.
La pharmacoépidémiologie : ombres et lumières par Joan-Ramon LAPORTE (Pharmacologie
clinique, Université Autonome de Barcelona, Hôpital Vall d’Hebron, Barcelone, Espagne.
Discussion générale
Conclusion par Jean-Louis MONTASTRUC
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