1 Intégration financière et ajustements macroéconomiques en Union Monétaire V. Duwicquet et J. Mazier [email protected]; [email protected] CEPN, CNRS – Université Paris 13 Congrès AFSE Septembre 2008 (Rédaction provisoire) Résumé Avec la mise en place de l’euro, les ajustements au sein de l’Union monétaire face à des chocs ou à des évolutions asymétriques sont devenus plus complexes du fait de la fixation des parités intra-européennes. Ces mécanismes d’ajustement sont de plusieurs ordres. La flexibilité des salaires et des prix relatifs a été, dès le départ, mise en avant mais elle ne permet qu’un rééquilibrage incomplet et très lent. La mobilité de la main d’œuvre est présentée comme un autre mode d’ajustement potentiel mais, même dans le cas américain, les migrations inter-régionales correspondent à des phénomènes permanents qui ne sont pas réversibles à court terme et ne peuvent apparaître comme un facteur d’ajustement. Les politiques budgétaires sont également susceptibles d’intervenir, notamment au niveau fédéral. Enfin des marchés de capitaux bien intégrés, avec diversification des portefeuilles, transferts de revenus du capital et crédits intra-zone, peuvent constituer un dernier mécanisme d’ajustement. Cette question a fait l’objet d’une abondante littérature dans le cadre de l’approche du « risk sharing » depuis la seconde moitié des années 1990. Un bilan rapide de cette approche invite toutefois à en relativiser les conclusions. Si le principe de la méthode d’estimation des coefficients de stabilisation par les revenus du capital et par les transferts fédéraux peut être accepté, il n’en est pas de même pour le dernier, la stabilisation par le crédit. C’est pourquoi une approche différente s’appuyant sur un modèle « stock flux consistent » (SFC) à deux pays en Union monétaire, s’inspirant des travaux de Godley et Lavoie (2006), est proposée ici. Ce modèle décrit d’une manière complète les actifs et les passifs des deux économies ainsi que la matrice des flux réels et financiers qui les engendrent de période en période. Plusieurs versions du modèle sont envisagées: un modèle sans actif financiers étrangers et sans crédit étranger, un modèle complet avec actifs et crédits étrangers mais où le degré d’intégration financière peut être plus ou moins important, un modèle avec crédit international mais sans détention d’actifs étrangers et donc sans revenus du capital provenant de l’étranger. Ces différentes versions sont utilisées pour étudier les ajustements face à des chocs affectant un pays. Par comparaison, il est possible de mesurer les coefficients de stabilisation des revenus du capital étrangers et du crédit étranger. Deux résultats se dégagent. La détention d’actifs étrangers a bien un rôle d’ajustement face à des chocs mais le coefficient de stabilisation des revenus du capital est d’un ordre de grandeur inférieur à ceux donnés par l’approche « risk sharing ». Le recours au financement étranger ne semble en revanche avoir aucun rôle de stabilisation spécifique. Les modèles, avec ou sans financement étranger mais toujours au sein de la zone monétaire, donnent des résultats identiques. Ce résultat est lié au fonctionnement du crédit au sein d’une union monétaire et au rôle clé joué par le refinancement auprès de la Banque Centrale. Au sein d’une Union monétaire, les crédits intérieurs ou intra-zone sont de nature similaire. Il n’ y aurait aucun effet de stabilisation supplémentaire à attendre du développement du crédit intra-zone euro, contrairement à ce qui est espéré par la BCE et la Commission. Key words: Open economy macroeconomics; International finance; Keynes, Keynesian, PostKeynesian JEL classification: F41, F37, E12 2 1. Introduction Avec la mise en place de l’euro, les ajustements au sein de l’Union monétaire face à des chocs ou à des évolutions asymétriques sont devenus plus complexes du fait de la fixation des parités intra-européennes. Or, depuis le lancement de l’euro, les divergences dans les évolutions des économies européennes ont été plus importantes qu’il n’était généralement attendu. Le ralentissement observé après 2001 a été d’une ampleur inégale selon les pays. Le blocage de la croissance dans les grands pays du centre, tout particulièrement en Allemagne avant le rebond des années récentes, a contrasté avec les performances plus enviables d’économies plus périphériques comme l’Irlande ou la Finlande. La France et, plus encore, l’Italie sont enlisées dans la croissance lente tandis que l’Espagne a été portée par un boom immobilier. Les divergences en matière d’inflation ont également été significatives. Un tel environnement a redonné de l’actualité aux questions traditionnelles concernant le fonctionnement d’une Union monétaire, la place des mécanismes d’ajustement et les difficultés soulevées par les évolutions asymétriques. Face à ces asymétries, la conduite de la politique économique s’avère délicate au niveau national avec un instrument budgétaire contraint par le Pacte de stabilité et au niveau européen avec une politique monétaire commune mal adaptée aux différences de conjoncture entre pays. Les mécanismes d’ajustement en Union monétaire, entendus au sens large comme les mécanismes permettant à un pays, après un choc, de retourner à la situation initiale, voire au plein emploi, sont de plusieurs ordres. La flexibilité des salaires et des prix relatifs a été, dès le départ, mise en avant par les promoteurs de la monnaie unique pour servir de substitut, au moins partiel, au taux de change (Commission européenne, 1990). La mobilité des facteurs, particulièrement celle du travail, est présentée comme un autre mode d’ajustement potentiel, conformément aux théories traditionnelles des zones monétaires optimales. Les politiques budgétaires sont également susceptibles d’intervenir au niveau national, dans la limite des marges de manœuvre fixées par le Pacte de stabilité, et au niveau fédéral, si le cadre institutionnel le permettait. Enfin des marchés de capitaux bien intégrés, avec diversification des portefeuilles, transferts de revenus du capital et crédits intra-zone, peuvent constituer un dernier mécanisme d’ajustement important. Ces questions ont donné lieu depuis les années 1990 à un grand nombre de travaux empiriques qui relativisent la portée de ces mécanismes d’ajustement, particulièrement dans le cas de la zone euro. La flexibilité des prix et des coûts relatifs ne permet qu’un rééquilibrage incomplet et très lent. La mobilité inter-régionale de la main d’œuvre est très limitée en Europe et, même dans le cas américain, son rôle doit être nuancé comme mécanisme d’ajustement de court terme. La politique budgétaire a un effet stabilisant et redistributif dans le cadre d’un état fédéral comme les Etats-Unis mais n’a pas d’équivalent dans le cas européen. Les mécanismes d’ajustement liés à des marchés de capitaux intégrés ont fait l’objet d’une abondante littérature dans le cadre de l’approche du « risk sharing ». Ils sont largement utilisés par la Commission européenne et la BCE pour plaider en faveur d’un approfondissement de l’intégration financière au niveau de l’UE afin d’accroître le rôle du canal financier et des mécanismes de marché dans les ajustements macroéconomiques face à des chocs asymétriques. Une analyse des fondements théoriques et des résultats empiriques de cette approche du « risk sharing » met cependant en évidence des limites importantes qui, selon nous, rendent difficile de tirer des conclusions assurées. 3 C’est pourquoi une approche différente s’appuyant sur les modèles « stock flux consistent » (SFC) à deux pays s’inspirant des travaux de Godley et Lavoie (2006) et Lavoie (2003) est proposée. Dans cette perspective un modèle SFC à deux pays en Union monétaire est construit. Ce modèle décrit d’une manière complète les actifs et les passifs des deux économies ainsi que la matrice des flux réels et financiers qui les engendrent de période en période. Une analyse cohérente et explicite des ajustements réels et financiers est ainsi obtenue, décrivant, en particulier, pour chaque pays les revenus du capital (intérêts, dividendes et gains en capital) ainsi que le financement intra-zone (obligations, bons du Trésor, crédit). Plusieurs versions du modèle sont envisagées: -un modèle sans actif financiers étrangers et sans crédit étranger, -un modèle complet avec actifs et crédits étrangers mais où le degré d’intégration financière peut être plus ou moins important (c'est-à-dire où la part des actifs financiers étrangers dans le total des actifs détenus est plus ou moins grande), -un modèle avec crédit international mais sans détention d’actifs étrangers et donc sans revenus du capital provenant de l’étranger. Ces différentes versions sont utilisées en simulation pour étudier les ajustements face à des chocs affectant un pays (perte de compétitivité, chocs de demande). En comparant les différents ajustements, il est possible de mesurer les coefficients de stabilisation des revenus du capital étrangers (variables avec le degré d’intégration financière) et du crédit intra-zone. Deux résultats, qui pourraient être confirmés par une calibration plus précise, se dégagent : -la détention d’actifs étrangers a bien un rôle d’ajustement face à des chocs mais le coefficient de stabilisation des revenus du capital est de l’ordre de 3 à 7% pour une part d’actifs étrangers proche de celle qui est observée. Ce coefficient de stabilisation ne peut s’élever à près de 20% que pour une part d’actifs étrangers dans le total des actifs se montant à 80%. Les coefficients de stabilisation des revenus du capital sont donc d’un ordre de grandeur inférieurs à ceux donnés par l’approche « risk sharing ». -le recours au financement intra-zone ne semble en revanche avoir aucun rôle de stabilisation spécifique. Les modèles, avec ou sans financement étranger mais toujours au sein de la zone monétaire, donnent des résultats identiques. Ce résultat, indépendant des problèmes de calibrage, est lié au fonctionnement du crédit au sein d’une union monétaire et au rôle clé joué par le refinancement auprès de la Banque Centrale. Au sein d’une Union monétaire, les crédits intérieurs ou étrangers sont de nature similaire. Il n’ y aurait aucun effet de stabilisation supplémentaire à attendre du développement du crédit intra-zone euro, contrairement à ce qui est espéré par la BCE et le Commission. Le papier est organisé de la manière suivante. Une deuxième partie dresse un bilan rapide des travaux empiriques sur les ajustements macroéconomiques au sein d’une union monétaire. Une troisième partie retrace les grandes tendances de l’intégration financière au sein de l’UE depuis les années 1990. Une quatrième partie présente la structure du modèle SFC à deux pays en union monétaire. Ce type de modèle décrit d’une manière complète les actifs et passifs de tous les agents (firmes, ménages, Etats) et distingue banques commerciales et Banque centrale. Une cinquième partie donne les résultats des simulations face à des chocs de demande ou d’offre (perte de compétitivité). Les coefficients de stabilisation des revenus du capital et du crédit sont calculés. Une dernière section conclut. 4 2. Les ajustements macroéconomiques au sein d’une union monétaire : une revue de littérature Les ajustements macroéconomiques au sein d’une union monétaire ont donné lieu à un ensemble de travaux empiriques dont les principales conclusions sont les suivantes : -La flexibilité des prix et des coûts relatifs en Europe ne permet qu’un rééquilibrage incomplet et très lent (au delà de dix ans) face à des chocs d’offre ou de demande asymétriques. Ce mécanisme ne peut donc servir de substitut au taux de change comme variable d’ajustement (Mazier, Oudinet et Saglio, 2002 ; Mazier et Saglio, 2008). Des résultats de même nature s’observent au niveau des Etats américains (Blanchard et Katz, 1992). Espérer qu’une plus grande flexibilité des marchés du travail et des produits obtenue à travers des réformes structurelles permettrait d’améliorer les mécanismes d’ajustement est largement illusoire. Les disparités de réaction entre pays européens face à un choc de même ampleur apparaissent, par ailleurs, importantes en raison des différences structurelles et institutionnelles existantes. Ces divergences sont des sources d’asymétries non négligeables compliquant la conduite de la politique économique dans l’Union monétaire. -La mobilité inter-régionale de la main d’œuvre jouerait un rôle rééquilibrant significatif dans le cas américain, à la différence de ce qui peut prévaloir en Europe où la mobilité est très limitée (Blanchard et Katz, 1992). Une étude récente (L’angevin, 2007) montre que dans le cas européen la mobilité de la main d’oeuvre aurait progressé au cours de la dernière décennie, ce qui correspondrait à une forme de convergence avec le modèle américain. Ce dernier résultat est cependant fragile car l’étude assimile l’immigration intra-européenne à l’immigration totale, ce qui est bien différent. Plus généralement cette thèse sur le rôle de la mobilité inter-régionale peut être contestée, même dans le cas américain où les migrations inter-régionales correspondent à des phénomènes permanents qui ne sont pas réversibles à court terme et ne peuvent apparaître comme un facteur d’ajustement. De fait des simulations macroéconomiques menées au niveau des Etats-Unis divisés en quatre grandes régions confirment leur faible impact à court terme (Buiter, 1995 ; Mazier et al, 2002, 2007). -Le rôle stabilisant et redistributif des politiques budgétaires serait important dans le cadre d’un état fédéral comme les Etats-Unis. Selon différentes évaluations anciennes, le coefficient de stabilisation du budget fédéral serait compris entre 15% et 28% (Pisani-Ferry et al., 1992 ; Goodhart et Smith, 1992). Cette question, théorique dans le cas européen du fait de l’absence de budget fédéral, a été reprise dans un cadre méthodologique renouvelé et élargi, celui du « risk sharing ». -Les mécanismes d’ajustement liés à des marchés de capitaux intégrés aux niveaux régional et international ont fait l’objet d’une abondante littérature dans le cadre de l’approche du « risk sharing » depuis la seconde moitié des années 1990. En s’appuyant sur des modèles d’équilibre général dynamiques avec N économies ouvertes et des marchés financiers incomplets, cette approche analyse comment la dynamique de la consommation peut être reliée aux variations de la production en tenant compte des possibilités d’emprunts internationaux et de diversification des portefeuilles internationaux. Le modèle général testé successivement pour les Etats américains, les pays de l’UE ou de la zone euro et les pays de l’OCDE est du type suivant, avec des variantes selon les méthodes utilisées (Asdrubali, Sorensen et Yosha, 1996 ; Asdrubali et Kim, 2004, 2007 ; Kalemli-Ozcan, Sorensen et Yosha, 2004): 5 ΔlogGDPit - ΔlogGNIit = aKt + bK ΔlogGDPit + uKit ΔlogGNIit - ΔlogDGNIit = aFt + bF ΔlogGDPit + uFit ΔlogDGNIit - ΔlogCit = aCt + bC ΔlogGDPit + uCit ΔlogCit = aUt + bU ΔlogGDPit + uUit bK + bF + bC +bU = 1 avec GDP= produit intérieur brut, GNI= revenu national brut, DGNI= revenu national disponible, C= consommation, mesurés par tête et à prix constants Le tableau 1 résume les valeurs obtenues pour les paramètres bi mesurant le « risk sharing », c'est-à-dire le coefficient de stabilisation, obtenu à travers les trois principaux canaux de stabilisation identifiés : -bK pour la stabilisation à travers les marchés internationaux de capitaux, c'est-à-dire à travers les revenus de capitaux issus de la diversification internationale des portefeuilles qui se retrouvent dans la différence entre le GDP et le revenu national brut GNI ; -bF pour la stabilisation à travers les transferts fédéraux (fiscalité et redistribution) ou interétatiques qui permettent le passage du revenu national GNI au revenu disponible DGNI; on retrouve à ce niveau le mécanisme de stabilisation à travers les politiques budgétaires de type fédéral précédemment évoqué ; -bC pour la stabilisation à travers le crédit intérieur et international ; ce mécanisme de stabilisation est peu clair et pose de nombreux problèmes d’interprétation, comme le reconnaissent les auteurs des études ; -bU pour le résidu, c'est-à-dire la partie qui n’est pas stabilisée. Tableau 1: Coefficient de stabilisation « risk sharing » (en %) Zone Zone euro 9 euro EU 15 EC AK OCDE EC MZ AK ASY USA MZ AK bK bF 21.2 5.4 18.1 -1.2 8.7 5 -0.5 39 24 35.8 6.3 3.9 4.3 -1.4 1.7 0 -0.5 13 13 15 bC 15.3 bcg : 14.6 bcc : -11.4 13.3 23.6 43 13 22.3 23 24 13.5 bU 57.1 86.5 62.7 79 42.9 80 78.7 25 39 35.8 Source : EC, European Commission 1999-2006 (2007); AK, Asdrubali et Kim 1960-1990 (2004) ; MZ, Melitz et Zumer 1960-1990 (1999) ; ASY, Asdrubali et al. 1964-1990 (1996) La stabilisation par les revenus du capital (bK) apparaît importante au niveau des états américains (24 à 39%), faible au niveau des pays de l’OCDE (0 à 8%) et d’une ampleur variable selon les estimations au niveau de l’Union européenne (0 à 18%) et de la zone euro (5 à 21%). Ce mécanisme de stabilisation repose sur les revenus du capital provenant des titres détenus à l’étranger par les agents intérieurs ou détenus dans d’autres états dans le cas des Etats-Unis ou de l’UE. Il est d’autant plus important que le biais domestique dans la détention d’actifs est faible, comme l’ont vérifié Sorensen et al. (2007). Le niveau élevé de bK aux Etats-Unis refléterait une intégration financière approfondie avec une diversification des portefeuilles au niveau de l’ensemble de l’espace américain. Assez logiquement ce mécanisme jouerait beaucoup moins au niveau de l’ensemble des pas de l’OCDE où le biais domestique, bien qu’en recul, demeure important. Au niveau de l’UE les résultats sont plus dispersés. En particulier, au niveau de la zone euro, le coefficient de stabilisation chute 6 fortement lorsque l’on en enlève trois petits états, dont deux occupent une place particulière en matière d’investissements internationaux (Luxembourg, Ireland, Portugal). En conséquence, la Commission européenne, comme la BCE, plaide en faveur d’un approfondissement de l’intégration financière au niveau de l’UE afin d’accroître le rôle du canal financier et des mécanismes de marché dans les ajustements macroéconomiques face à des chocs asymétriques. La stabilisation par les transferts fédéraux ou inter-étatiques (bF) est de l’ordre de 13 à 15% aux Etats-Unis et l’on retrouve des ordres de grandeur précédemment trouvés dans des travaux plus anciens pour évaluer le rôle de stabilisation de l’Etat fédéral. Ce mécanisme est évidemment pratiquement inexistant au niveau de l’ensemble des pays de l’OCDE. Au niveau de l’UE les écarts dans les estimations sont à nouveau sensibles (de 0 à 6%), ce qui ne surprend pas là non plus du fait de l’absence de fédéralisme budgétaire. La stabilisation par le crédit (bC) pose plus de problème. Elle serait importante, de l’ordre de 13 à 25%, aux Etats-Unis et encore plus marquée au niveau des pays de l’OCDE (entre 13 et 43%). Au niveau de l’UE les résultats divergent à nouveau (de 3 à 24%). Ce mécanisme de stabilisation soulève de nombreuses difficultés. Il renvoie en théorie aux effets d’amortisseur que peut jouer le crédit international en cas de choc asymétrique négatif, mais aussi à ceux que peuvent jouer le crédit intérieur, voire les transferts publics nationaux (comme cela est le cas dans l’estimation proposée par la CE (2007) avec la distinction entre bCC pour le crédit privé et bCG pour les transferts publics). Les auteurs des estimations économétriques soulignent eux-mêmes les problèmes d’interprétation que pose cette équation, notamment Asdrubali et Kim (2004) dans l’analyse détaillée qu’ils font des cas européens et américains (pages 821, 828, 830). En réalité la spécification de l’équation ne permet guère d’estimer, même grossièrement, l’effet stabilisateur que pourrait jouer le crédit. Le modèle d’ensemble peut d’ailleurs être mis en cause car il est trop centré sur les seuls ajustements consommationproduction et ignore, entre autres, l’investissement et les revenus des entreprises. Le passage aux tests économétriques sous forme du modèle réduit précédent est dès lors périlleux. Dans ces conditions il parait difficile de tirer des conclusions assurées de ces estimations du coefficient de stabilisation par le crédit. C’est pourtant ce que font la Commission européenne et la BCE dans leurs publications récentes. Partant du constat que les effets de stabilisation sont plus limités au sein de l’UE que des Etats-Unis du fait de l’absence de système fédéral et d’une intégration financière intraeuropéenne moins avancée, la Commission et la BCE plaident pour un approfondissement de l’intégration financière. Celle-ci devrait permettre d’accroître simultanément les effets de stabilisation par les revenus du capital (bK) grâce à une diversification internationale des portefeuilles et les effets de stabilisation par le crédit (bC) grâce à un accroissement des financements intra-européens privés et publics. Comme le souligne à juste titre J. C. Trichet (2007), « le fonctionnement des processus d’ajustement est primordial pour tous les pays de l’UE et, en particulier pour la zone euro. L’objectif consiste à éviter qu’un pays ou ne région, par exemple à la suite d’un événement particulier ou d’un choc asymétrique, n’entre dans une période prolongée de faible croissance et de hausse du chômage ou dans une phase de surchauffe persistante ». La BCE et la Commission plaident en faveur de réformes structurelles pour renforcer la flexibilité des marchés du travail et des produits mais l’on a vu qu’il y avait peu à attendre de cette direction. Restent les marchés financiers. Selon J. C. Trichet (2007) « des marchés de capitaux bien intégrés et des possibilités nombreuses de diversification des portefeuilles d’actifs financiers constituent un autre mécanisme de marché important pouvant participer à l’atténuation de 7 l’incidence des chocs dans un pays ou une région. … L’exemple américain montre que le canal financier peut être bien plus important que le canal budgétaire. Voilà bien un argument supplémentaire en faveur de l’accélération de l’intégration financière en Europe ». Le bilan rapide qui a été dressé de l’approche « risk sharing » invite toutefois à réexaminer cette question sous un autre angle. Si l’on peut considérer que les estimations des coefficients de stabilisation par les revenus du capital et par les transferts fédéraux donnent des ordres de grandeur acceptables, il n’en est pas de même pour le dernier, la stabilisation par le crédit, faute d’une analyse explicite et cohérente du rôle joué par le crédit et la finance internationale dans les ajustements macroéconomiques. C’est pourquoi une approche différente s’appuyant sur les modèles « stock flux consistent » (SFC) à deux pays s’inspirant des travaux de Godley et Lavoie (2006) et Lavoie (2003) est proposée. Un modèle SFC à deux pays en Union monétaire permet en effet de décrire les actifs et les passifs des deux économies ainsi que la matrice des flux réels et financiers. Une analyse cohérente et explicite des ajustements réels et financiers est ainsi obtenue avec, pour chaque pays, une modélisation des revenus du capital (intérêts, dividendes et gains en capital) et du financement intra-zone. 3. Diversification des portefeuilles d’actifs financiers au sein de l’UE depuis les années 1990 Une plus grande intégration des marchés de capitaux à l’intérieur d’une zone monétaire favorise l’attrait pour les actifs financiers émis par les pays de cette zone. La détention d’actifs européens devrait donc augmenter significativement avec l’intensification de l’intégration financière européenne, surtout depuis la mise en place de l’euro en 1999. Pour les quatre principaux pays de la zone euro (Allemagne, France, Italie, Espagne)1, au niveau du patrimoine financier des différents agents, on s’aperçoit, aussi bien en termes d’actif que de passif, que les relations avec l’étranger s’intensifient avec, comme effet, une diversification internationale de plus en plus poussée. Concernant le marché des actions, on remarque la même tendance pour les quatre pays, à savoir une part de plus en plus importante d’actions étrangères dans le portefeuille des résidents. Cette augmentation est plus marquée sur la période 1999-2002 et se poursuit sur la période plus récente 2003-2006. En niveau, environ 25 à 30% des actions détenues par les résidents ont été émises par des non résidents. Le tableau 2 résume ce phénomène de diversification en faveur des actions étrangères. Du coté du passif, on remarque les mêmes évolutions qu’à l’actif. Une part de plus en plus importante des actions émises par les résidents est détenue par le reste du monde, autrement dit, les agents étrangers financent plus que dans le passé l’économie nationale. 1 Ils représentent à eux quatre 78% du PIB de la zone euro selon eurostat 8 Tableau 2 : Structure de l’actif et du passif Titres étrangers détenus Actions Obligations par les résidents (en pourcentage du total des 1995-1998 1999-2002 2003-2006 1995-1998 1999-2002 2003-2006 titres détenus) France 18,9% 28,2% 31,7% 16,3% 33,8% 51,3% Allemagne 10,3% 26,5% 30,1% 17,3% 27,1% 35,1% Espagne 19,3% 23,1% 24,1% 27,6% 48,6% 66,9% Italie 22,2% 29,9% 32,1% 12,5% 24,3% 26,4% Titres nationaux détenus Actions Obligations par les non résidents (en pourcentage du total de 1995-1998 1999-2002 2003-2006 1995-1998 1999-2002 2003-2006 titres émis) 17,3% 20,8% 20,3% 19,9% 32,3% 48,9% France 11,4% 16,9% 21,5% 27,9% 35,3% 44,1% Allemagne Espagne 26,4% 30,9% 32,5% 32,0% 48,6% 71,4% Italie 13,5% 13,9% 17,4% 22,7% 33,7% 40,6% Source : Eurostat, comptes de patrimoine, calcul des auteurs Ce phénomène est encore plus marqué si l’on analyse le marché international obligataire. Toujours d’après le tableau 2, globalement tous les pays suivent la même trajectoire à savoir une détention d’obligations étrangères de plus en plus accrue au fil du temps. Sur la période la plus récente (2003-2006), c’est près d’un tiers du portefeuille total qui est composé d’obligations étrangères pour l’Italie (26%) et l’Allemagne (35%) et plus de 50% pour la France (51%) et l’Espagne (67%). Du coté des obligations nationales détenues par les non résidents, la tendance est similaire, voire encore plus en faveur de l’extérieur, notamment pour l’Italie (40% des obligations italiennes sont détenues par l’extérieur) ou l’Allemagne (44% des obligations émises sont souscrites par l’étranger). Par rapport aux deux actifs précédents (actions et obligations), les crédits semblent moins ouverts sur l’extérieur, comme nous le montre le tableau 3. Que ce soit à l’actif ou au passif, pour l’ensemble des pays étudiés, les crédits étrangers sont de l’ordre de 15%. Toutefois, la tendance depuis les années 1990 est plutôt en faveur de l’accroissement des crédits accordés (ou souscrits) à l’étranger (par exemple en France, 19% des crédits accordés par l’économie nationale étaient destinés à des étrangers en moyenne sur la période 2003-2006 alors que ce chiffre n’était que de 10% sur la période 1995-1999. Tableau 3 : Crédits souscrits et accordés au reste du monde Crédits souscrits à l'étranger Crédits accordés à l'étranger 1995-1998 1998-2002 2003-2006 1995-1998 1998-2002 2003-2006 France 5,9% 11,5% 14,0% 10,6% 16,1% 19,0% Allemagne 5,6% 11,2% 13,9% 8,7% 14,7% 17,2% Espagne 10,8% 14,8% 15,5% 5,8% 7,3% 7,1% Italie 16,7% 17,3% 15,9% 14,4% 15,9% 15,1% Source : Eurostat, comptes de patrimoine, calcul des auteurs Crédits Jusqu’ici en s’appuyant sur les comptes de patrimoine nationaux (Eurostat), la part du reste du monde dans le patrimoine des agents nationaux a pu être appréciée. Cependant, le but étant de traiter les ajustements intra-européens, les données les plus pertinentes seraient celles qui retracent les relations entre un pays de la zone euro et le reste de la zone. Grâce aux études 9 annuelles du FMI portant sur les investissements de portefeuille (mesurés en stock) 2, on peut préciser les relations entre un pays et le reste du monde en désagrégeant ce dernier. La décomposition géographique de la partie étrangère de la position extérieure est possible d’après les données du CPIS pour les actions, les titres à court terme et à long terme. Le tableau 4 donne la répartition géographique (zone euro/union européenne/hors union européenne) par type d’actifs. L’intégration financière apparaît importante au sein de l’UE. Pour l’ensemble de la zone euro, environ 60% des actions domestiques détenues par des étrangers le sont par des pays appartenant à l’Union européenne et 50% par ceux de la zone euro. Concernant la détention d’actions étrangères par les résidents, la part intra zone euro y est encore plus forte (70% des actions étrangères détenues par les allemands sont issues de la zone euro, près de 80% sont issues de l’UE). La part des titres de long terme intra européens est élevée aussi bien pour la détention (environ 75 % sur l’ensemble de la zone) que pour l’émission (73% pour la zone euro). Les titres de court terme semblent être relativement moins intégrés que pour le long terme au niveau européen, même si des divergences existent entre pays (en Italie la quasi-totalité des titres de court terme détenus sont européens). La tendance générale qui ressort de ce tableau montre une part majoritaire et importante d’actifs intra européens, ce qui laisse à penser que l’intégration financière européenne bien qu’elle ne soit qu’à son commencement est déjà assez poussée. Tableau 4 : Actifs domestiques détenus par les non résidents et actifs étrangers détenus par les résidents : proportion de la part européenne (2006) (Part de chaque zone dans le total des non résidents) Actifs domestiques détenus par les non résidents Actions Titres de long terme Titres de court terme France Allemagne Espagne Italie Zone euro %Zone %Zone %Zone %Zone %Zone %UE %UE %UE %UE %UE euro euro euro euro euro 39,7% 51,8% 42,3% 56,0% 40,4% 55,1% 50,6% 63,0% 51,4% 63,8% 53,9% 63,5% 53,1% 59,4% 78,6% 88,1% 79,6% 88,1% 63,3% 72,7% 35,5% 48,5% 41,7% 49,8% 73,3% 78,6% 62,1% 68,9% 42,0% 54,5% (Part de chaque zone dans le total des actifs étrangers) Actifs étrangers détenus par les résidents France Allemagne Espagne Italie Zone euro %Zone %Zone %Zone %Zone %Zone %UE %UE %UE %UE %UE euro euro euro euro euro Actions 50,5% 63,6% 69,6% 76,9% 77,0% 82,9% 79,3% 82,6% 49,0% 60,6% Titres de long terme 66,8% 76,6% 66,8% 80,2% 56,8% 69,6% 64,9% 71,0% 63,2% 74,6% Titres de court terme 43,9% 72,1% 67,4% 79,5% 55,7% 64,8% 96,5% 97,5% 36,7% 63,0% Source : CPIS, FMI, calcul des auteurs Après avoir vu quelle était la part de l’étranger pour chaque actif, la suite logique est de s’intéresser à la place occupée le reste du monde en termes de revenus distribués par les sociétés (incluant les dividendes) et d’intérêts. Le tableau 5 représente les intérêts et les revenus distribués par les sociétés et reçus par les différents secteurs de l’économie nationale (sociétés non financières, sociétés financières, administrations publiques, ménages). Les deux dernières colonnes nous informent sur la provenance de ces intérêts et revenus distribués avec le partage économie nationale- reste du monde. On ajoute également une analyse en termes nets afin de mesurer la différence entre ce qui a été reçu par l’économie et ce qui a été versé. 2 Coordinated portfolio investment survey (CPIS), FMI 10 On s’aperçoit pour les quatre pays que les intérêts reçus sont en diminution si l’on compare les années 1995 et 2006. Pour la France, les intérêts reçus sont passés de 25% du PIB en 1995 à un peu plus de 18% en 2006, soit une baisse d’environ 7 points de PIB. C’est l’évolution inverse qui s’observe au niveau des revenus distribués par les sociétés. Toujours pour la France, les dividendes reçus étaient d’environ 6% du PIB en 1995 alors qu’ils sont de près de 14% en 2006, soit plus qu’un doublement. Même si les intérêts ont connu une tendance à la baisse en concordance avec la baisse des taux d’intérêt depuis les années 1990, leur montant reste toujours élevé (19.5% en Allemagne, 18.6% en France et 14.3% en Italie). Si l’on s’intéresse à l’analyse par agents, on remarque que les sociétés financières sont logiquement celles qui reçoivent le plus d’intérêts (même si en Italie, les ménages reçoivent une part également conséquente). Concernant les dividendes, les principaux bénéficiaires sont les sociétés non financières (surtout pour la France avec un montant reçu de 7.45% en 2006) et les ménages (surtout pour Allemagne et Italie avec respectivement 12.6% et 9.3% en 2006). Au niveau international, le tableau 5 montre l’augmentation des intérêts et dividendes reçus de l’étranger (sauf pour l’Italie et l’Espagne où les intérêts sont restés stables), ce qui va de pair avec l’augmentation d’actions et d’obligations étrangères dans le portefeuille d’actif des résidents (tableau 2). Cet accroissement de la diversification internationale des portefeuilles illustre l’importance des revenus du capital en provenance de l’extérieur et le rôle de stabilisation macroéconomique qu’ils pourraient potentiellement jouer. En France, les dividendes reçus par les résidents en provenance de l’étranger ont presque triplé en 10 ans, tout comme en Allemagne ou encore plus en Espagne. Toutefois cette part des revenus du capital provenant de l’étranger demeure relativement modeste par comparaison avec la part des actifs étrangers détenus dans le total des actifs (de l’ordre de 15% du total des dividendes, sauf en Espagne où elle est plus élevée, pour une part d’actions étrangères de 30% ; de l’ordre de 30% du total des intérêts pour une part des obligations étrangères de 50%). Ceci reflète un taux de rémunération moindre des actifs détenus à l’étranger ou un moindre rapatriement des profits. Cette relative faiblesse des revenus du capital en provenance de l’étranger diminue le rôle stabilisateur qu’ils peuvent potentiellement jouer selon l’approche du « risk sharing ». En termes nets, les revenus reçus sont moins importants étant donné que l’on prend en compte le versement des revenus à l’étranger. Les revenus de la propriété (intérêts et revenus distribués) sont légèrement négatifs en France et en Italie (environ -0,5% du PIB) et positifs en Allemagne (0,5% du PIB) et très clairement négatifs en Espagne (-2.2%) en liaison avec l’augmentation de sa dette extérieure. Néanmoins, l’effet de stabilisation peut se révéler pertinent même en terme net dans la mesure où les ménages reçoivent seulement des revenus du capital de l’extérieur et n’ont pas à en verser, ce qui théoriquement pourrait permettre de soutenir leur revenu disponible et leur consommation. Afin d’avoir une vue d’ensemble, le tableau 6 donne le poids relatif des principaux actifs en % du PIB. La financiarisation de l’économie donne un poids grandissant aux actions, plus particulièrement en France. L’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont une structure d’actif plus équilibrée, contrairement à la France où les crédits occupent une moindre place. 11 Tableau 6 : Principaux actifs financiers en pourcentage du PIB France Allemagne Actifs financiers 1995 2006 1995 2006 Monnaie et dépots 99,3% 120,5% 113,7% 162,6% Titres autres qu'actions 78,6% 129,2% 72,6% 110,7% Crédits 107,9% 123,2% 131,9% 152,0% Actions 138,8% 391,5% 91,1% 182,8% Provisions d'assurance 34,4% 70,0% 39,7% 60,3% Autres comptes 29,5% 39,4% 21,9% 36,5% Source : Eurostat, comptes de patrimoine, calcul des auteurs Espagne 1995 2006 113,0% 49,4% 82,2% 65,7% 16,2% 26,9% Italie 121,7% 59,8% 176,9% 159,2% 28,1% 24,2% 1995 2006 98,5% 95,2% 81,5% 57,5% 17,8% 14,0% 99,8% 107,3% 119,5% 131,1% 42,5% 16,8% La richesse financière nette pour chaque secteur est donnée par le tableau 7. Les richesses nettes de la France et de l’Allemagne sont positives, aussi bien en 1995 qu’en 2006, ce qui signifie que ces pays détiennent des actifs nets sur le reste du monde alors que l’Italie et l’Espagne sont endettés vis-à-vis du reste du monde. Les cas de l’Allemagne et de l’Espagne sont opposés : l’Allemagne depuis 1995 voit son actif net augmenter fortement pour atteindre 15% du PIB en 2006. À l’inverse, l’Espagne voit son endettement vis-à-vis de l’extérieur s’accroître en raison du creusement de son déficit courant. Comme on a noté que les titres avaient tendance à circuler à l’intérieur de l’Union européenne, l’Allemagne en dégageant une épargne au niveau international contribue au financement du déficit espagnol, ce qui est favorisé par le fait que les deux pays ont la même monnaie. En France et en Allemagne, la richesse nette négative des sociétés non financières et des administrations publiques est compensée par une richesse nette positive des ménages et des sociétés financières. En Espagne, en dépit de la réduction de leur dette publique nette, la richesse nette des ménages est trop limitée pour contrebalancer la dette nette des entreprises. Enfin en Italie, la hausse de la richesse nette des ménages ne peut équilibrer au niveau domestique la dette publique nette italienne malgré une légère diminution. L’ampleur des fluctuations de la richesse nette est à souligner, en particulier entre 2005 et 2006. Alors qu’en Italie la richesse est relativement stable, on observe qu’en Espagne la richesse diminue fortement entre 2005 et 2006 alors qu’elle continue à augmenter en Allemagne amplifiant la distorsion entre ces deux pays. En France, la richesse nette se réduit de façon conséquente de 2005 à 2006 sous l’effet d’une diminution sensible de la richesse nette des sociétés non financières. Tableau 7 : Richesse financière nette en pourcentage du PIB Actif net France 1995 2005 2006 5,0 9,7 3,6 -56,6 -101,8 -117,5 1,4 22,4 21,6 -37,5 -43,5 -38,2 97,7 132,5 137,7 Allemagne 1995 2005 1,7 9,6 -48,2 -65,4 -0,7 3,0 -30,8 -49,9 81,3 121,9 Économie nationale Sociétés non financières Sociétés financières Administrations Ménages Source : Eurostat, comptes de patrimoine, calcul des auteurs 2006 15,0 -67,1 3,3 -48,7 127,6 Espagne 1995 -21,2 -70,8 -0,6 -50,7 100,9 2005 -49,1 -114,8 2,5 -30,2 93,4 2006 -60,1 -129,1 -0,6 -24,9 94,5 Italie 1995 -7,0 -64,1 5,5 -98,8 150,3 2005 -5,8 -87,7 -13,7 -94,6 190,2 2006 -5,1 -87,7 -13,9 -92,5 188,9 12 Tableau 5 : Intérêts et revenus distribués des sociétés reçus et payés (en pourcentage du PIB) Sociétés non financières France Reçu Intérêts Revenus distribués des sociétés Net (reçu - payé) Intérêts Revenus distribués des sociétés Allemagne Reçu Intérêts Revenus distribués des sociétés Net (reçu - payé) Intérêts Revenus distribués des sociétés Espagne Reçu Intérêts Revenus distribués des sociétés Net (reçu - payé) Intérêts Revenus distribués des sociétés Italie Reçu Intérêts Revenus distribués des sociétés Net (reçu - payé) Intérêts Revenus distribués des sociétés Sociétés financières Administrations publiques Ménages Ensemble de l'économie 1995 2006 En provenance de l'économie nationale 1995 2006 En provenance du reste du monde 1995 2006 1995 2006 1995 2006 1995 2006 1995 2006 2,3% 2,6% 2,9% 7,4% 17,3% 0,9% 13,4% 2,4% 0,5% 0,7% 0,2% 0,4% 4,8% 2,4% 2,1% 25,0% 18,6% 3,6% 6,6% 13,8% 22,5% 6,0% 14,0% 12,1% 2,5% 0,6% 4,6% 1,7% -2,8% -2,8% -1,3% -3,9% 2,9% -0,2% 2,2% 0,3% -3,0% 0,7% -2,4% 0,4% 2,7% 2,4% 0,7% -0,2% -0,8% 3,6% 0,1% 0,4% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% -0,2% 0,1% -0,8% 0,3% 0,9% 0,8% 1,6% 1,8% 14,8% 0,8% 14,2% 2,0% 0,6% 0,4% 0,4% 0,3% 4,9% 3,3% 21,2% 19,5% 8,4% 12,6% 10,4% 16,7% 18,7% 9,8% 14,3% 14,8% 2,5% 0,6% 5,2% 1,9% -1,6% -8,1% -1,0% -12,2% 3,0% -0,6% 2,5% -0,1% -2,9% 0,4% -2,4% 0,3% 1,2% 0,8% -0,4% -0,1% 8,4% 12,6% 0,1% 0,6% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% -0,4% 0,1% -0,1% 0,6% 1,1% 0,8% 0,7% 2,1% 17,5% 0,5% 10,0% 1,2% 0,4% 1,3% 0,4% 0,4% 5,4% 0,7% 2,6% 24,4% 13,7% 2,1% 3,2% 5,8% 22,2% 3,1% 11,5% 4,3% 2,2% 0,1% 2,3% 1,5% -4,3% -1,3% -2,9% -2,5% 6,3% -0,9% 1,4% 0,0% -4,8% 1,3% -1,3% 0,4% 2,4% 0,7% 0,8% -0,4% -2,1% 2,1% -0,3% -0,1% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% -0,4% -0,3% -2,1% -0,1% 1,3% 0,7% 1,2% 2,1% 13,8% 0,5% 8,0% 0,9% 1,3% 0,1% 0,3% 0,2% 11,7% 4,8% 27,9% 14,3% 9,6% 9,3% 10,9% 12,6% 25,7% 10,4% 11,1% 11,6% 2,2% 0,5% 3,2% 1,0% -3,1% -9,5% -0,8% -9,2% 2,4% -0,1% 1,4% -0,6% -10,7% 0,1% -4,4% 0,2% 10,1% 3,8% -1,4% -0,1% 9,6% 9,3% 0,1% -0,2% 0,0% 0,0% 0,0% 0,0% -1,4% 0,1% -0,1% -0,2% Source : Eurostat, comptes nationaux, calcul des auteurs 13 Le constat général qui ressort de l’étude de la structure des actifs et passifs financiers au niveau européen est une accélération de la diversification internationale qui se fait en grande partie au sein de l’Union européenne et, dans une moindre mesure, à l’intérieur de la zone euro. Il en résulte également un accroissement des flux internationaux de revenus du capital au sein de l’UE mais d’une moindre ampleur que l’internationalisation du capital. Cette augmentation de l’intégration financière intra-zone euro pose la question de l’impact des revenus du capital et du financement intra-zone sur les mécanismes d’ajustement au sein des différents pays qui compose l’union monétaire. Cette diversification des portefeuilles va être décrite à l’aide d’un modèle stock- flux consistent (SFC) à deux pays qui permet de prendre en compte les différents actifs financiers afin de mesurer les coefficients de stabilisation liés aux revenus des actifs et au financement extérieur. 4. Un modèle stock-flux à deux pays en Union monétaire avec actions, deux banques et une banque centrale Le modèle représente la zone euro en prenant en compte un pays (le pays N) face au reste de la zone euro (le pays S). Deux pays composent donc la zone avec une asymétrie de taille où le pays S est cinq fois plus important que le pays N. En transposant ce modèle théorique à la situation de l’UE, le pays N a les mêmes caractéristiques réelles et financières que la France. Cette représentation d’un pays face au reste de la zone permet d’identifier les mécanismes d’ajustements entre le pays N (la France) et le pays S (le reste de la zone euro). Ce modèle stock flux en union monétaire est inspiré du modèle de Lavoie (2003) et, plus généralement, de Godley et Lavoie (2006). Lavoie (2003) avait modélisé l’union monétaire avec une banque centrale et deux pays symétriques. Notre approche enrichit ce modèle en introduisant une dynamique d’accumulation du capital, une asymétrie entre les deux pays, deux banques commerciales (une dans chaque pays), les actions et le crédit des entreprises souscrits auprès des deux banques commerciales. Cette représentation globale de l’union monétaire a pour but d’analyser les mécanismes d’ajustement face à des chocs asymétriques et de mesurer les coefficients de stabilisation liés aux revenus du capital (intérêts, dividendes et gains en capital) et au financement intra-zone (crédit, titres). La matrice des stocks ci-dessous retrace le bilan en termes d’actif (variables précédées d’un signe positif) et de passif (variables précédées d’un signe négatif) des différents agents (ménages, entreprises, Etats, banques commerciales, banque centrale). Tableau 8 : La matrice des stocks de l’union monétaire Ménages N Capital Dépots Monnaie Entreprises N +Kn Etat N +BDn +Hnh -BDn +Hn +LnN +LnS -RFn -Ln Crédits Refinancement Obligations +pbn*BnN +pbs*BnS Banques N BCE Ménages S -H +BDs +Hsh -BTn +pbn*BsN +pbs*BsS -BTs Richesse Total -VHn 0 -Vn 0 -Dn 0 -VBn 0 0 +pen*EsNm +pen*EsNe +pes*EsSm +pes*EsSe -pes*ES -Vs 0 -VHs 0 Total +Kn+Ks 0 0 0 0 0 -pbs*BS +BTnN +BTnS +pen*EnNe -pen*EN +pes*EnSm +pes*E*EnSe Banques S -BDs +Hs +LsN +LsS -RFs +RFn+RFs +pen*EnNm Actions Etat S -Ls -pbn*BN Bons Entreprises S +Ks +BTsN +BTsS 0 0 -Ds 0 -VBs 0 -Kn-KS 0 14 Les ménages Dans chaque pays, les ménages consomment (Cn : consommation des ménages du pays N, Cs : celle du pays S) une partie de leur revenu disponible YD et de leurs gains en capital CG (liés aux plus values réalisées sur leur détention d’actions et d’obligations) ainsi que leur richesse financière VH1. Les équations (3) et (13) représentent le revenu disponible et les gains en capital pour le pays N2 : (3) YDn = Wn + id * BDn(-1) + BnN(-1) + BnS(-1) + DIVnNh + DIVnSh - Tn Le revenu disponible des ménages est composé de leur salaire ( Wn ), des intérêts reçus sur les dépôts ( id * BDn(-1) ), des revenus du capital (intérêts reçus de la détention d’obligations ( BnN(-1) + BnS(-1) ), dividendes reçus de la détention d’actions ( DIVnNh + DIVnSh ), moins les impôts payés à l’Etat ( T n ). (13) CGnh = d(pbn) * BnN(-1) + d(pbs) * BnS(-1) + d(pen) * EnNh(-1) + d(pes) * EnSh(-1) CGnh : Gains en capital des ménages du pays N d(pbn) * BnN(-1) : Plus values réalisées sur la détention d’obligations du pays N (domestique) d(pbs) * BnS(-1) : Plus values réalisées sur la détention d’obligations du pays S (étranger) d(pen) * EnNh(-1) : Plus values réalisées sur la détention d’actions du pays N (domestique) d(pes) * EnSh(-1) : Plus values réalisées sur la détention d’actions du pays S (étranger) On obtient le revenu disponible élargi des gains en capital (au sens de Haigh Simon) (5) YHSnh = YDnh + CGnh (9) Cn = a0 + a1 * YHSnh + a2 * VHn(-1) Les paramètres a1 et a2 mesurent respectivement la propension à consommer le revenu des ménages et l’élasticité par rapport à la richesse des ménages. Les actions et les obligations sont aussi bien détenues sous forme de titres domestiques ou étrangers3, ce qui, via la distribution des dividendes et intérêts reçus de l’étranger (le pays S), permet de stabiliser une partie d’un choc qui pourrait toucher l’économie du pays N. La demande de titres se fait par arbitrage entre les différents taux de rendement, comme c’est le cas dans les approches de Godley (1999) et de Tobin (1969). Les ménages détenant trois actifs financiers (leurs dépôts bancaires, les obligations des 2 pays et les actions des 2 pays), on obtient pour le pays N, les demandes d’obligation suivantes : 1 La matrice des stocks présentée précédemment met en évidence la richesse financière des ménages Les mêmes équations sont utilisées pour le pays S, Voir en annexe le modèle complet. 3 La détention d’actifs étrangers étant calibrée selon les données empiriques présentées dans la troisième partie 2 15 (17) pbn * BnN = v0 + v1 * rbn - v2 * rbs - v3 * id - v4 * ren - v5 * res VHn pbn * BnN : Obligations du pays N détenues par le pays N VHn : Richesse des ménages du pays N ren : Rentabilités des actions du pays N rbn : Taux d’intérêt sur les obligations du pays N res : Rentabilité des actions du pays S rbs : Taux d’intérêt sur les obligations du pays S id : Taux d’intérêt sur les dépôts L’équation (17) représente la demande d’obligations des ménages du pays N émises par le pays N. Elle dépend positivement du taux d’intérêt des obligations du pays N et négativement du taux des obligations de l’autre pays (le pays S). De même, le taux d’intérêt sur les dépôts ainsi que les rentabilités sur les actions des deux pays jouent négativement sur la demande d’obligation. Les ménages arbitrent en fonction des taux de rendement relatifs. Les ménages ayant la possibilité dans notre modèle de détenir des obligations émises à l’étranger, on peut représenter de la même façon que pour les obligations domestiques, la demande d’obligations étrangères. (18) pbs * BnS = v0 - v1 * rbn + v2 * rbs - v3 * id - v4 * ren - v5 * res VHn pbs * BnS : Obligations émises par le pays S et détenues par le pays N Une logique identique est reprise pour la demande d’actions de la part des ménages des deux pays. L’équation (21) représente la demande d’actions domestiques émanant des ménages du pays N alors que l’équation (22) s’intéresse à la demande d’actions étrangères. (21) pen * EnNh = v0 - v1 * rbn - v2 * rbs - v3 * id + v4 * ren - v5 * res VHn (22) pes * EnSh = v0 - v1 * rbn - v2 * rbs - v3 * id - v4 * ren + v5 * res VHn pen : Prix des actions du pays N pes : Prix des actions du pays S EnNh : Quantité d’actions du pays N détenus par les ménages du pays N EnSh : Quantité d’actions du pays S détenus par les ménages du pays N Les entreprises Les entreprises accumulent aussi bien des actifs réels (le stock de capital Kn) que financiers (détention d’actions). Elles financent leur investissement par autofinancement, émission d’actions et recours au crédit. (37) d(Ln) = In - UPn - pen * d(EN) + pen * d(EnNe) + pes * d(EnSe) d(Ln) : Demande de crédit des entreprises envers les banques UPn : Profit non distribué du pays N 15 16 d(EN) : Emission d’actions par les entreprises du pays N pen * d(EnNe) : Détention d’actions du pays N par les entreprises du pays N pes * d(EnSe) : Détention d’actions du pays S par les entreprises du pays N In UPn(-1) ) dépend positivement de leur taux de profit ( ) Kn(-1) Kn(-2) Ln(-1) et négativement de leur niveau d’endettement ( ). Traditionnellement, le taux d’intérêt Kn(-1) ( rl ) joue négativement sur l’investissement. Un effet accélérateur demande peut être rajouté selon les scénarios. Leur accumulation du capital fixe ( (29) In UPn(-1) d(Yn) Ln(-1) = k0 + k1 * + k2 * - k3 * - k4 * rl Kn(-1) Kn(-2) Yn(-1) Kn(-1) Les entreprises détiennent à leur actif du capital réel Kn et du capital financier sous forme d’actions domestiques et étrangères. Elles ont un comportement d’accumulation financière qui dépend du taux de rendement économique et de la rentabilité financière des actions détenues à la fois domestiques et étrangères. La diversification du portefeuille d’actions des entreprises est donc fonction du taux de rentabilité financière dans chaque pays. Les deux équations ci-dessous illustrent les demandes d’actions émanant des entreprises. (39) pen * EnNe UPn = f0 + f1 * ren - f2 * res + f3 * (Kn + pen * EnNe + pes * EnSe) Kn(-1) (40) pes * EnSe UPn = f0 + f1 * res - f2 * ren + f3 * (Kn + pen * EnNe + pes * EnSe) Kn(-1) Le taux de rentabilité financière des actions est défini comme le rapport des plus values réalisées et des dividendes versés à la valeur des actions, soit : (45) ren = d(pen) DIVn + pen(-1) pen * EN(-1) d(pen) : Taux de croissance du prix des actions du pays N pen(-1) DIVn : Dividendes versés par les entreprises du pays N pen * EN(-1) : Emission d’action par les entreprises du pays N Les banques D’après la description du bilan des banques commerciales (tableau 8), à leur actif, les banques accordent des crédits aux entreprises, achètent des bons émis par les gouvernements et détiennent des réserves auprès de la banque centrale. À leur passif, figurent les dépôts privés et le refinancement auprès de la banque centrale. Notre analyse se situe dans la lignée des Post- keynésiens 6 qui considèrent que la monnaie banque centrale est fournie de façon 6 Kaldor (1985), Moore (1988), Lavoie (2004) 16 17 endogène. Dans le cas où les banques souffrent d’insuffisance de liquidités, elles peuvent tout de même accorder les crédits demandés dans la mesure où la banque centrale refinance les banques privées en réinjectant de la liquidité. Logiquement, on retrouve à l’actif de la banque centrale les avances accordées aux banques privées et à leur passif la monnaie banque centrale (billets et réserves des banques privées). La banque centrale a donc un rôle de financement clé représenté dans notre modèle à travers le refinancement des banques. (89) d(RFn) = d(Hn) + d(LnN) + d(LnS) + d(BTnN) + d(BTnS) - d(BDn) - BPn d(RFn) : Refinancement de la banque centrale d(Hn) : Réserves des banques privées à la banque centrale d(LnN) : Crédits accordés au pays N par les banques du pays N d(LnS) : Crédits accordés au pays N par les banques du pays S d(BTnN) : Bons émis par le pays N et détenus par le pays N d(BDn) : Dépôts des ménages du pays N BPn : Profit bancaire d(BTnS) : Bons émis par le pays S et détenus par le pays N Le gouvernement Le gouvernement reçoit plusieurs types de taxes, d’une part en provenance des ménages qui paient des impôts, et d’autre part du système bancaire. En effet, les banques versent des taxes aux gouvernements, tout comme la banque centrale qui paye des impôts d’un montant égal au profit réalisé grâce au refinancant des banques commerciales. Le profit de la banque centrale est redistribué entre les deux gouvernements7. D’un autre coté, l’Etat engage des dépenses publiques (qui sont exogènes) et payent des intérêts sur les bons émis ainsi que sur les obligations. Dans le modèle, en cas de déficit public, l’Etat dans un premier temps émettra des obligations qui trouveront preneur chez les ménages des deux pays. Dans le cas où la demande d’obligations ne serait pas suffisante, l’Etat aura recours à l’émission de bons afin de pouvoir financer son déficit. L’équation 65 résume cette idée. (65) d(BTn) = Gn + r * BTn(-1) + BN(-1) - Tn - TBn - TEBn - pbn * d(BN) d(BTn) : Emission de bons du gouvernement du pays N T n : Impôts reçus des ménages Gn : Dépenses publiques TBn : Impôts reçus des banques r * BTn(-1) : Intérêts à payer sur les bons émis BN(-1) : Intérêts à payer sur les obligations émises TEBn : Profit de la banque centrale redistribué au pays N pbn * d(BN) : Emission d’obligations du pays N (en valeur) La dette publique (en stock) est donc composée de bons et d’obligations : (75) Dn = -BTn - pbn * BN 7 Voir en annexe les équations (96) et (97) 17 18 Echanges commerciaux Le modèle comprend deux équations d’importations avec de simples effets volume Log IMn = μ0 + μ 1 Log Yn Xn = IM IMn = imports, Xn = exports Financement des déséquilibres au sein de la zone euro Un déséquilibre de la balance des paiements8 s’analyse en termes simples à partir du cadre comptable précédent. La principale composante de la balance courante est la balance commerciale (exportations – importations). À cela, il faut ajouter les revenus reçus du reste du monde9 à savoir les intérêts (obligations, bons, crédits) mais aussi les interactions entre le système bancaire et la banque centrale. Les banques commerciales paient des intérêts pour se refinancer auprès de la banque centrale mais cette dernière redistribue le profit réalisé aux gouvernements de chaque pays. Pour le pays N, on obtient l’équation de la balance courante suivante : BCOn = Xn - IMn + [ BnS(-1) + r * BTnS(-1) + rl * LnS(-1) + DIVnSh + DIVnSe + TEBn ] Balance commerciale Revenus reçus du reste de la zone euro (le pays S) reçus de la BCE [ BsN(-1) + r * BTsN(-1) + rl * LsN + DIVsNh + DIVsNe + ib * RFn(-1) ] Revenus versés au reste de la zone euro (le pays S) versés à la BCE Si l’on a fait l’hypothèse que le pays N est en situation de déficit courant, le financement de ce déficit s’opère de trois sortes : -Premièrement par achats de titres. En effet, le pays S va détenir plus de titres du pays N que le pays N n’en détient du pays S. Le pays S finance une partie du déficit du pays N en achetant des obligations, des bons et des actions émises par les agents économiques (Etat et entreprises) du pays N. -Le canal du crédit sert également de source de financement. Il s’agit donc pour les banques privées du pays S d’octroyer des prêts aux entreprises du pays N. -Troisièmement, le refinancement de la BCE. Une hypothèse clé de du modèle est que la banque centrale a un rôle actif en terme de financement des déséquilibres au sein de la zone euro. Par ce mécanisme d’avances envers les banques commerciales, elle permet à ces dernières de se refinancer grâce au rôle de prêteur en dernier ressort qu’exerce la BCE. Le calibrage du modèle Le calibrage du modèle s’appuie sur les données empiriques récoltées à l’aide des comptes de patrimoine, des comptes nationaux ou de balance des paiements. Le tableau 9 donne les principales valeurs de calibrage du modèle. 8 9 La matrice des flux en annexe retrace toutes les opérations entre l’économie et le reste du monde On raisonne ici en terme net : revenus reçus – revenus versés vis-à-vis de l’étranger 18 19 Tableau 9 : Principales valeurs de calibrage et croissance Actions Obligations Crédits bons Capital 400 23 50 26 410 élasticités Dividendes recus de l'étranger Interets (obligations) recus de l'étranger Interets (crédits) recus de l'étranger Interets (bons) recus de l'étranger PIB propension à consommer le revenu a1 élasticité à consommmer la richesse a2 effet du taux de profit sur l'investissement k1 élasticité revenu à l'importation mu1 7 0,2 0,2 0,1 100 0,75 0,04 0,5 1 accumulation du capital 7% par an croissance du PIB 2% par an La financiarisation de l’économie est introduite en donnant une place importante mais réaliste au poids des actions. Le pays N étant le pays qui a les caractéristiques les plus proches de la France, les actions sont donc calibrées dans la lignée des chiffres publiés dans les comptes de patrimoine à savoir une valeur de l’ordre de 400% du PIB pour 2006 (tableau 6). La place des autres actifs y est volontairement moins grande que celle des actions. Les dividendes seront donc d’un montant supérieur aux intérêts. Les élasticités sont aussi réalistes et permettent une dynamique de croissance stable dans le temps. Sans choc, le taux d’accumulation du capital est de 7% par an alors que la croissance du PIB est de 2%, ce qui est proche de la trajectoire actuelle. Après avoir présenté les grands traits du modèle et les comportements des différents agents, l’analyse des mécanismes d’ajustement face à des chocs d’offre et de demande peut être menée pour apprécier l’ampleur des coefficients de stabilisation propres aux revenus du capital et au crédit. 5. Ajustements au sein de l’Union monétaire et mesure des coefficients de stabilisation Les quatre versions du modèle Le modèle est utilisé sous forme de quatre versions successives afin de pouvoir identifier les effets de stabilisation propres à chaque facteur. -Le modèle de base (modèle 1) est sans aucun actifs financiers étrangers et sans crédits souscrits à l’étranger et, par conséquent, aucun revenu du capital ne sera reçu de l’étranger. Tout financement international est ici omis. -Le modèle 2 est le modèle complet prenant en compte aussi bien les actifs étrangers et le financement extérieur par le crédit. Deux versions sont distinguées. Le modèle 2-a suppose que les résidents détiennent 25% d’actions étrangères dans leur portefeuille10. Le modèle 2-b fait l’hypothèse que la part des actions étrangères passe à 80% de la détention totale. 10 Le modèle 2-a étant calibré de manière la plus réaliste possible, environ 25% des actions totales détenues par les résidents sont des actions étrangères ; la calibration se fait d’après les données des comptes de patrimoine fournies par Eurostat. 19 20 -Le modèle 3, par rapport au modèle 1, inclut le financement extérieur, c'est-à-dire les crédits souscrits à l’étrangers ainsi que les bons étrangers détenus par les agents domestiques, mais ne comporte pas d’actions ou d’obligations étrangères. Les revenus du capital provenant de l’étranger, dividendes sur les actions et intérêts sur les obligations, sont donc absents. Il s’agit d’estimer le rôle de stabilisation du seul financement extérieur en comparant les résultats du modèle 3 avec celui du modèle 1. Les mécanismes des différents modèles sont comparés à travers trois chocs : -une perte de compétitivité -une baisse de la consommation -une baisse de l’accumulation du capital Pour une meilleure compréhension des mécanismes d’ajustement au sein de la zone euro, on fait l’hypothèse que le choc a lieu dans le pays N (la France) afin de mesurer la stabilisation d’un pays par rapport au reste de la zone euro. Perte de compétitivité Dans la fonction d’importation on suppose que le paramètre μ1n augmente de 1%. Autrement dit, l’élasticité revenu à l’importation ayant augmenté, le pays N importe plus, créant un déficit commercial et courant (graphique 2). Le financement de ce déficit va donner lieu à un endettement extérieur et au versement d’intérêts et de dividendes au pays S. La perte de compétitivité a un effet récessif sur la production dans la mesure où la demande intérieure est satisfaite par l’augmentation des importations du pays N au détriment de l’offre intérieure. Il s’en suit une baisse des revenus distribués dans l’économie du pays N et une perte de pouvoir d’achat avec un effet négatif sur la consommation et sur la richesse des ménages qui demandent globalement à détenir moins d’actions et d’obligations. Du coté de l’offre, les entreprises du pays N versent moins de dividendes, ce qui dégrade la rentabilité des actions du pays N. Une asymétrie entre les rentabilités des actions des deux pays apparaît, rendant les actions du pays S plus attractives. Mais, grâce à la détention des actifs du pays S, les ménages du pays N peuvent amortir une partie de la baisse de leur revenu et de leur consommation et les entreprises une partie de la baisse du profit et de l’accumulation du capital. Le graphique 1 compare les baisses de PIB du pays N à la suite de la perte de compétitivité selon les quatre versions du modèle. Le premier résultat de la simulation est la similarité entre le modèle 1 et le modèle 3 qui intègre seulement le financement extérieur (crédits étrangers et bons étrangers). Cela signifie que le financement extérieur n’a aucun rôle de stabilisation dans le modèle. En effet, puisque la banque centrale refinance automatiquement les banques privées, le rôle du crédit et des bons étrangers détenus à l’actif du bilan des banques privées n’a pas d’effet de stabilisation quel que soit le choc étudié. En union monétaire il n’y a pas de différence de nature entre crédit domestique et crédit extérieur mais intra-zone. Le refinancement par la banque centrale joue de la même façon. La comparaison entre le modèle 1 de base et les deux versions du modèle avec actifs étrangers 2-a et 2-b est éclairante. La baisse du PIB est nettement moins prononcée dans le modèle 2-b où la part des actifs étrangers dans les actifs totaux est élevée (et même très élevée), ce qui signifie que les revenus du capital ont bien un effet de stabilisation. Dans le modèle 2-a où la part des actifs étrangers est plus limitée, l’amortissement du choc est plus limité mais néanmoins sensible à court-moyen terme. 20 21 Graphique 1 : Effets sur le PIB d’une perte de compétitivité (pays N) .000 .000 -.004 -.004 -.008 -.008 -.012 -.012 -.016 -.016 -.020 -.020 -.024 -.024 -.028 -.028 -.032 -.032 -.036 -.036 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Modèle 2-b : 80% actions étrangères Modèle 2-a : 25% actions étrangères, 50% obligations étrangères Modèle 1 : sans actifs étrangers ; Modèle 3 : avec financement exterieur mais sans actions étrangères A très long terme on observe un renversement caractérisé par une stabilisation qui redevient plus importante dans le modèle 1 sans actifs étrangers. Ceci s’explique par une croissance plus forte dans le pays S grâce aux revenus du capital qui sont conversés et non reversés au pays N. Cette croissance plus forte du pays S finit à long terme par soutenir la croissance du pays N à travers les exportations du pays N vers le pays S. Afin de pouvoir chiffrer la stabilisation, on calcule un coefficient de stabilisation mesurant l’écart entre les différents modèles. Pour le modèle 1, la baisse relative du PIB après le choc (qui a lieu à la période 10) s’écrit à la période 13: (Yn après le choc - Yn avant le choc) -1,99%. Yn avant le choc Pour le modèle 2-a, le même calcul nous donne : (Yn après le choc - Yn avant le choc) -1,91%. Yn avant le choc L’écart entre le modèle 2-a et le modèle 1 est obtenu par le ratio entre la baisse relative du PIB dans le modèle 2-a et le modèle 1 : (Yn après le choc - Yn avant le choc)/Yn avant le choc Modèle 2 - a 1,91% = 96,3% (Yn après le choc - Yn avant le choc)/Yn avant le choc Modèle 1 1,99% ce qui équivaut à un coefficient de stabilisation de 3.7% . Le tableau 10 donne les différents coefficients de stabilisation calculés selon le même principe à des périodes différentes et pour les trois modèles. 21 22 Tableau 10 : Coefficients de stabilisation suite à une perte de compétitivité Stabilisation Modèle 2-a Modèle 2-b Modèle 3 t=13 3,7% 14,9% 0,0% t=15 3,9% 18,2% 0,0% t=20 4,2% 23,5% 0,0% La stabilisation par les revenus du capital (selon le modèle 2-a) sera donc de 3,7%, ce qui est faible. Pour le modèle 2-b la stabilisation est de l’ordre de 14,9% pour la période 13, ce qui est plus important mais correspond à une hypothèse peu réaliste, on l’a vu. L’idée sous jacente est que plus les agents du pays N détiennent des actifs du pays S, plus les revenus du pays S vers le pays N ont un effet d’ajustement, étant donné que le pays S bénéficiant d’une reprise économique distribue un montant de dividendes supérieur au pays N, ce qui permet de limiter la dégradation de la demande. La perte de compétitivité et l’endettement extérieur dégradent la balance courante du pays N comme l’illustre bien le graphique 2. Dans un premier temps la balance courante se dégrade, puis s’améliore (de la période 10 à 15) de façon légèrement plus significative que la balance commerciale. Cette effet est du à la distribution des dividendes du pays S vers le pays N, comme le montre le tableau 11 qui relate la situation du compte courant à la période 13 de la simulation (soit trois périodes après le choc). Mais cet effet ne dure pas et est rapidement compensé par la montée des revenus du capital versés au pays S. Graphique 2 : Balance des paiements du pays N suite à une perte de compétitivité (modèle 2-a) 2.0 2.0 1.5 1.5 1.0 1.0 0.5 0.5 0.0 0.0 -0.5 -0.5 -1.0 -1.0 -1.5 -1.5 -2.0 -2.0 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Balance courante Balance commerciale Compte financier 22 23 Tableau 11 : Décomposition du solde courant à la période 13 suite à la perte de compétitivité du pays N Solde courant Solde commercial Dividendes nets reçus du pays S Intérêts nets sur les obligations reçus du pays S Intérêts nets sur les prêts bancaires souscrits dans le pays S Intérêts nets sur les bons du trésor reçus du pays S Impôts versés par la BCE Intérêts payés à la BCE lié aux avances Valeur -0,763 -0,802 0,068 -0,003 -0,002 -0,001 -0,005 -0,018 Le tableau 12 illustre la façon dont est financé ce déficit courant. On se rend compte que plus de la moitié du déficit est financé par la banque centrale. Viennent ensuite le financement par les crédits accordés par les instituions financières du pays S, puis les actions du pays N ainsi que les bons du pays N détenus par les agents du pays S. Le rôle des obligations est moins important que les autres titres en matière de financement. Tableau 12 : Financement du déficit courant Actions nettes détenus par l' étranger : ESN - ENS Obligations nettes détenus par l'étranger : BSN - BNS Crédits nets souscrits à l'étranger : LSN - LNS Bons du trésor nets détenus par l'étranger : BTSN - BTNS Refinancement auprès de la BCE : RFN Demande de monnaie banque centrale pour motif de transaction : HNh Réserves des banques : HN Valeur 0,096 0,022 0,117 0,087 0,421 0,016 0,004 Baisse de la consommation Le second choc étudié porte directement sur les ménages et leur comportement d’épargne. En effet, une baisse de la consommation (baisse de a0n de 1% du PIB) équivaut à une hausse de l’épargne des ménages, ce qui a comme effet de favoriser la demande d’actif (la proportion du revenu alloué à la détention d’actifs financiers sera plus grande en raison de la baisse de la consommation). D’une manière habituelle la baisse de la consommation réduit le PIB du pays N (graphique 3). Mais plus les agents du pays N détiennent des actifs du pays S, plus ils peuvent bénéficier de revenus du capital du pays S qui peuvent soutenir leur consommation ou leur investissement. Les revenus du pays S versés au pays N permettent une stabilisation dans le long terme étant donné que la baisse de la consommation a conduit les agents N à moins importer, ce qui cause un déficit courant dans le pays S. En contrepartie du financement de ce déficit, le pays S verse des intérêts et des dividendes au pays N. 23 24 Graphique 3 : Effets sur le PIB du pays N d’une baisse de la consommation du pays N .004 .004 .000 .000 -.004 -.004 -.008 -.008 -.012 -.012 -.016 -.016 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Modèle 2-b : 80% actions étrangères Modèle 2-a : 25% actions étrangères Modèle 1 : sans actifs étrangers ; Modèle 3 : avec financement exterieur mais sans actions étrangères Ralentissement de l’accumulation du capital Le mécanisme d’ajustement d’un choc portant sur l’accumulation du capital est proche de celui étudié auparavant sur la consommation. Les entreprises détiennent des actions du pays N et ont un comportement d’arbitrage entre les rentabilités des deux pays. Comme on peut l’observer graphiquement, le PIB diminue dans les trois modèles. On constate qu’à court terme la baisse la plus prononcée a lieu dans le modèle 1. Ce résultat n’est pas surprenant dans la mesure où en l’absence de détention d’actifs étrangers le pays N ne peut être soutenu par la croissance du pays S. En revanche le modèle 2-b qui introduit une proportion importante d’actions étrangères permet un redressement de la production plus rapide car le pays S verse des revenus au pays N avec une rentabilité plus élevé, ce qui soutient l’économie du pays N. Comme précédemment, on observe à long terme un renversement dans le modèle 1 sans actifs étrangers. Le pays S conserve ses revenus du capital et connaît une croissance plus forte qui finit par relancer celle du pays N. Graphique 4 : Effets d’un ralentissement de l’accumulation du capital sur le PIB du pays N .00 .00 -.01 -.01 -.02 -.02 -.03 -.03 -.04 -.04 5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 Modèle 2-b : 80% actions étrangères Modèle 2-a : 25% actions étrangères Modèle 1 : sans actifs étrangers ; Modèle 3 : avec financement exterieur mais sans actions étrangères 24 25 Pour les trois chocs, il existe donc un mécanisme d’ajustement par les revenus du capital. Le tableau 13 récapitule les coefficients de stabilisation dans les différents cas de figure et pour trois périodes successives. Il ressort de ce tableau que globalement la stabilisation n’est pas importante, sauf dans le cas extrême où 80% des actions détenues seraient des actions étrangères. Pour la période 13, soit trois ans après le choc, l’ajustement par les revenus du capital est très faible pour le choc baisse de consommation (environ 5% du choc serait ajusté dans le modèle 2-b). Pour le scénario perte de compétitivité, l’ajustement est plus grand et s’accroît avec le temps : à la période 20 (10 ans après le choc) l’ajustement est de l’ordre de 25%. Dans le modèle 2-a qui est le plus réaliste en terme de proportion d’actifs étrangers, l’ajustement par les revenus du capital existe mais est limité (au maximum, 8% du choc serait lissé si l’on regarde le scénario de baisse de l’accumulation du capital, ce qui est peu). Tableau 13 : Coefficients de stabilisation selon la nature du choc étudié Perte de compétitivité Financement extérieur (modèle 3) Revenus du capital (modèle 2-a) Proportion importante d'actions étrangères (modèle 2-b) Baisse de la consommation Financement extérieur (modèle 3) Revenus du capital (modèle 2-a) Proportion importante d'actions étrangères (modèle 2-b) Ralentissement de l'accumulation du capital Financement extérieur (modèle 3) Revenus du capital (modèle 2-a) Proportion importante d'actions étrangères (modèle 2-b) t=13 0% 3,7% 14,9% t=13 0% 3,5% 4,7% t=13 0% 7,7% 16,7% t=15 0% 3,9% 18,2% t=15 0% 5,6% 4,7% t=15 0% 5,6% 18,0% t=20 0% 4,2% 23,5% t=20 0% 14,9% 7,4% t=20 0% -0,1% 16,4% 6. Conclusion Avec la mise en place de l’euro, les ajustements au sein de l’Union monétaire face à des chocs ou à des évolutions asymétriques sont devenus plus complexes du fait de la fixation des parités intra-européennes. Ces mécanismes d’ajustement sont de plusieurs ordres. La flexibilité des salaires et des prix relatifs a été, dès le départ, mise en avant mais elle ne permet qu’un rééquilibrage incomplet et très lent. La mobilité de la main d’œuvre est présentée comme un autre mode d’ajustement potentiel mais, même dans le cas américain, les migrations inter-régionales correspondent à des phénomènes permanents qui ne sont pas réversibles à court terme et ne peuvent apparaître comme un facteur d’ajustement. Les politiques budgétaires sont également susceptibles d’intervenir, notamment au niveau fédéral. Enfin des marchés de capitaux bien intégrés, avec diversification des portefeuilles, transferts de revenus du capital et crédits intra-zone, peuvent constituer un dernier mécanisme d’ajustement. Cette question a fait l’objet d’une abondante littérature dans le cadre de l’approche du « risk sharing » depuis la seconde moitié des années 1990. Un bilan rapide de cette approche invite toutefois à en relativiser les conclusions. Si le principe de la méthode d’estimation des coefficients de stabilisation par les revenus du capital et par les transferts fédéraux peut être accepté, il n’en est pas de même pour le dernier, la stabilisation par le crédit. 25 26 C’est pourquoi une approche différente s’appuyant sur un modèle « stock flux consistent » (SFC) à deux pays en Union monétaire, s’inspirant des travaux de Godley et Lavoie (2006), est proposée ici. Ce modèle décrit d’une manière complète les actifs et les passifs des deux économies ainsi que la matrice des flux réels et financiers qui les engendrent de période en période. Plusieurs versions du modèle sont envisagées: un modèle sans actif financiers étrangers et sans crédit étranger, un modèle complet avec actifs et crédits étrangers mais où le degré d’intégration financière peut être plus ou moins important, un modèle avec crédit intrazone mais sans détention d’actifs étrangers et donc sans revenus du capital provenant du reste de l’Union monétaire. Ces différentes versions sont utilisées pour étudier les ajustements face à des chocs affectant un pays. Par comparaison, il est possible de mesurer les coefficients de stabilisation des revenus du capital étrangers et du crédit intra-zone. Deux résultats, qui peuvent être confirmés par d’autres calibrages, se dégagent en résumé. -la détention d’actifs étrangers a bien un rôle d’ajustement face à des chocs mais le coefficient de stabilisation des revenus du capital est de l’ordre de 3 à 7% pour une part d’actifs étrangers proche de celle qui est observée. Ce coefficient de stabilisation ne peut s’élever à près de 20% que pour une part d’actifs étrangers dans le total des actifs se montant à 80%. Les coefficients de stabilisation des revenus du capital sont donc d’un ordre de grandeur inférieurs à ceux donnés par l’approche « risk sharing ». -le recours au financement étranger ne semble en revanche avoir aucun rôle de stabilisation spécifique. Les modèles, avec ou sans financement étranger mais toujours au sein de la zone monétaire, donnent des résultats identiques. Ce résultat, indépendant des problèmes de calibrage, est lié au fonctionnement du crédit au sein d’une union monétaire et au rôle clé joué par le refinancement auprès de la Banque Centrale. Au sein d’une Union monétaire, les crédits intérieurs ou étrangers sont de nature similaire. Il n’ y aurait aucun effet de stabilisation supplémentaire à attendre du développement du crédit intra-zone euro, contrairement à ce qui est espéré par la BCE et la Commission. Bibliographie P.Asdrubali,, and S. Kim, (2003), “Incomplete Risksharing and Incomplete Intertemporal Consumption Smoothing,” Working Paper, Korea University. P.Asdrubali, , S.Kim, , (2004), “Dynamic Risksharing in the United States and Europe”, Journal of Monetary Economics 51, 809—836. P.Asdrubali, S.Kim,(2007), “The economic effects of the EU budget : A VAR analysis”, Institute of Economic Research, Korea University, discussion paper series n°722. P. Asdrubali, B. Sorensen and O. Yosha (1996), “Channels of inter-state risk-sharing: United States 1963-1990”, Quarterly Journal of Economics, 111, p 1081-1110; M.W.Brandt, J.H.Cochrane, P.Santa clara,(2006), “International risk sharing is better than you think, or exhange rates are too smooth”, Journal of monetary economics 671-698. G.Cavaliere, L.Fanelli, A.Gardini, (2006), “Regional consumption dynamics and risk sharing in Italy”, International review of economics and finance 15, 525-542. European Commission (2007), Quaterly report on the euro area, n°3 W. Godley and M. Lavoie (2007), Monetary economics, Palgrave MacMillan A.Italianer and J.Pisani-Ferry (1992), ‘Systèmes budgétaires et amortissement des chocs régionaux : implications pour l’Union économique et monétaire’, Economie internationale, n° ème 51, 3 trimestre. 26 27 S.Kalemli-Ozcan, B.E.Sorensen and O.Yosha (2004), « Asymmetric shocks and risk sharing in a Monetary Union : updated evidence and policy implications for Europe », CEPR Discussion Paper n° 4463. S.Kim, SH.Kim, Y.Wang, (2003), “Financial Integration and Consumption Risk Sharing in East Asia”, East Asian Bureau of Economic Research, working paper n°303. C. L’angevin (2007), “Dynamiques d’ajustement et mobilité du travail au sein de la zone euro”, Lettre n°14 Trésor-Eco (avril). M. Lavoie (2003), “A fully coherent Post-Keynesian model of the euro zone” in P. Arestis, M. Baddeley and J. McCombie “Globalisation, regionalism and economic activity”, Edward Elgar. J. Mélitz et B. Zumer (1999), “Interregional and international risk sharing and lessons for EMU”, Carnegie Rochester Conference Series on public Policy, vol. 51, pp 149-188. B.E.Sorensen, Y.T.Wu, O.Yosha, Y.Zhu, (2007), “Home bias and international risk sharing: twin puzzles separated at birth”, Journal of international money and finance 587-607. B.E Sørensen, O.Yosha, (1998), International risk sharing and European monetary unification, Journal of International Economics 45, 211-238. L. Taylor (2004), Reconstructing macroeconomics, Harvard University Press J.C.Trichet (2007), « Le processus d’intégration européenne », Fondation Jean Monnet pour l’Europe, BCE, Direction de la Communication. F. Zumer et J. Melitz (2002), « Partage du risque dans l’UE: expériences interrégionales et internationales », Revue de l’OFCE, mars, p 299- 323 27 28 Annex: The model Equilibrium of goods (1) YN = CN + IN + GN + XN - IMN (2) YS = CS + IS + GS + XS - IMS where Y=GDP, C=consumption, G=public expenditures, X=exports, M=imports Households Disposable income (3) YDNh = WN + id*BDN(-1) +BNN(-1) + BNS(-1) + DIVNNh + DIVNSh - TN (4) YDSh= WS + id*BDS(-1) + BSS(-1) +BSN(-1) + DIVSSh + DIVSNh - TS (5) YHSNh= YDNh + CGNh (6) YHSSh= YDSh + CGSh with YDh= households’ disposable income, YHSNh= Haigh Simon disposable income with capital gains (CGh), W= wages, B(-1)= interest on domestic and foreign bonds, id*BD(-1)= interests on bank deposits received by households, DIVh= dividends received by households from domestic (DIVNN or DIVSS) and foreign equities (DIVNS or DIVSN), T=income taxes (7) TN = θ * (WN + id*BDN(-1) + BNN(-1) + BNS(-1) +DIVNNh + DIVNSh) (8) TS = θ * (WS + id*BDS(-1) +BSS(-1) + BSN(-1) + DIVSSh + DIVSNh) Consumption (9) CN = a0 + a1 * YHSNh + a2 * VHN(-1) (10) CS = a0 + a1 * YHSSh + a2 * VHS(-1) VH= households’ wealth Households balance (11) dBDN=YDNh -CN –pbN*dBNN –pbS*dBNS – peN*dENNh – peS*dENSh - dHNh (12) dBDS=YDSh -CS –pbS*dBSS –pbN*dBSN –peS*dESSh – peN*dESNh - dHSh pb= bonds prices, B= bonds, BD= bank deposits, E= equities, H= Central Bank currency. When there are two country symbols (N and S), the first denotes the country in which the asset is sold, the second the country from which the asset originates. Capital gains on equities and bonds held (13) CGNh= dpbN*BNN(-1) + dpbS*BNS(-1) +dpeN*ENNh(-1) + dpeS*ENSh(-1) (14) CGSh= dpbS*BSS(-1) + dpbN*BSN(-1) + dpeS*ESSh(-1) + dpeN*ESNh(-1) Households’ balance sheet (15) VHN = BDN + pbN * BNN + pbS * BNS +peN*ENNh + peS*ENSh + HNh (16) VHS = BDS + pbS * BSS + pbN * BSN + peS*ESSh + peN*ESNh + HSh (which gives dVHN= YDNh- CN + CGNh = households saving + CGNh = YHSNh – CN) Households’ bonds demand (17) pbN*BNN/VHN = v0 + v1 * rbN - v2 * rbS –v3*id –v4*reN – v5*reS (18) pbS*BNS/VHN = v0 + v1 * rbS - v2 * rbN - v3*id – v4*reN – v5*reS 28 29 (19) pbS*BSS/VHS = v0 + v1 * rbS - v2 * rbN –v3*id – v4*reN – v5*reS (20) pbN*BSN/VHS = v0 + v1 * rbN - v2 * rbS –v3*id – v4*reN – v5*reS where rb= interest rate on bonds, id= interest rate on bank deposits, re= rate of return on equities Households’ equities demand (21) peN*ENNh/VHN= v0 - v1 * rbN - v2 * rbS –v3*id +v4*reN – v5*reS (22) peS*ENSh/VHN= v0 - v1 * rbN - v2 * rbS –v3*id –v4*reN + v5*reS (23) peS*ESSh/VHS= v0 - v1 * rbN - v2 * rbS –v3*id –v4*reN + v5*reS (24) peN*ESNh/VHS= v0 - v1 * rbN - v2 * rbS –v3*id +v4*reN – v5*reS Cash demand (25) HNh=λ0*CN (26) HSh= λ0*CS Transaction demand of money Firms (27) UPN = YN - WN - rl * LN(-1) - DIVN + DIVNNe + DIVNSe (28) UPS = YS - WS - rl * LS(-1) - DIVS + DIVSSe + DIVSNe UP= undistributed profit, L= loans, rl= interest rate on loans, DIV= distributed dividends, DIVe = received dividends on equities held Fixed investment (29) INd/KN(-1)= k1*UPN(-1) /KN(-2) +k2*d(YN)/YN(-1) - k3*LN(-1)/KN(-1) -k4*rl +k0 (30) ISd/KS(-1) =k1*UPS(-1)/KS(-2)+k2*d(YS)/YS(-1) - k3*LS(-1) / KS(-1) -k4*rl + k0 General determinants of desired fixed investment with profit effect, accelerator effect, negative influence of the debt ratio and credit cost; K= fixed capital stock (31) INr =d(LNs )+ UPN +peN*dEN – peN*dENNe – peS*dENSe (32) ISr =d(LSs )+ UPS +peS*dES –peS*dESSe –peN*dESNe Ir =restricted investment determined by the different flows of financing profit, equities and credit rationing from banks Ls (33) IN= min(INd, INr ) (34) IS= min(ISd, ISr ) IN=INr if INr <INd IN=INd if INd <INr (35) d(KN) = IN - δ* KN(-1) (36) d(KS) = IS - δ* KS(-1) Balance of firms’ flows of funds (37) d(LNd) = INd - UPN - peN*dEN +peN*dENNe + peS*dENSe (38) d(LSd) = ISd - UPS – peS*dES + peS*dESSe + peN*dESNe Determining the flow of new loans dLd desired by firms by balance of the flow of funds Firms’equities demand 29 30 (39) peN*ENNe/(KN + peN*ENNe + peS*ENSe)= f1*reN – f2*reS+ f3* (UPN/KN(-1)) + f0 (40) peS*ENSe/ (KN + peN*ENNe + peS*ENSe) = f1*reS –f2*reN + f2* (UPN/KN(-1)) + f0 (41) peN*ESNe/ (KS + peN*ESNe + peS*ESSe) = f1*reN – f2*reS+ f3* (UPS/KS(-1)) + f0 (42) peS*ESSe/ (KS + peN*ESNe + peS*ESSe) = f1*reS –f2*reN + f3* (UPS/KS(-1)) + f0 Financial capital accumulation related to the rate of return on equities held (re), with a profit rate effect An alternative specification could be: peN*dENNe/(pen*ENNe)(-1)= f1*reN –f2*reS +f3*(UPN/KN(-1)) + f4*(LN/ (LN+peN*EN +VN))(-1)+f0 Equities issued (43) peN*d(EN) /(IN + peN*d(ENNe) +peS*d(ENSe)) = g1*rl + g2*(LN/ (LN+peN*EN +VN))(-1) + g3 (44) peS*d(ES) /(IS + peN*d(ESNe) +peS*d(ESSe)) = g1*rl + g2*(LS/ (LS+peS*ES+ VS))(1) + g3 New issued equities as a percentage of real and financial investment with a positive effect of credit cost and of the debt ratio; A more simple specification could be used peN*EN/KN = g1*peN + g2*rl+ g3*(UPN/KN)+g4 or peN*EN/(peN*EN+LN+VN) = g1*peN + g2*rl+ g3*(UPN/KN) +g4 Rate of return on equities (45) reN = d(peN)/(peN(-1)) + DIVN/(peN*EN)(-1) (46) reS = d(peS)/(peS(-1)) + DIVS/(peS*ES)(-1) re= rate of return of equities issued; (reN=reNNe=reSNe=reNNh=reSNh; reS= reSSe=reNSe=reSSh=reNSh) (47) EN= ENNh + ENNe + ESNh + ESNe (48) ES= ESSh + ESSe + ENSh + ENSe Balance between equities supply and demand Firms’ net wealth (49) VN = KN + peN*ENNe + peS*ENSe – LN –peN*EN (50) VS = KS + peN*ESNe + peS*ESSe – LS –peS*ES Firms capital gains (51) CGNe= d(peN)*ENNe(-1) + d(peS)*ENSe(-1) (52) CGSe= d(peN)*ESNe(-1) + d(peS)*ESSe(-1) which gives the variation of net wealth: d(VN)= UPN – δ*KN(-1) + CGNe –d(peN)*EN(-1) Income distribution Wages (53) WN = r0 * YN (54) WS = r0 * YS 30 31 (constant share of wages) Dividends distributed (55) DIVN = (1 - sf) * (YN(-1) - WN(-1) - rl * LN(-2)) (56) DIVS = (1 - sf) * (YS(-1) - WS(-1) - rl * LS(-2)) (57) DIVNNe=DIVN*(ENNe/EN)(-1) (58) DIVNNh=DIVN*(ENNh/EN)(-1) (59) DIVSNe=DIVN*(ESNe/EN)(-1) (60) DIVSNh=DIVN*(ESNh/EN)(-1) (61) DIVSSe=DIVS*(ESSe/ES)(-1) (62) DIVSSh=DIVS*(ESSh/ES)(-1) (63) DIVNSe=DIVS*(ENSe/ES)(-1) (64) DIVNSh=DIVS*(ENSh/ES)(-1) Government Budget balance (65) d(BTN) = GN +r*BTN(-1) +BN(-1) - TN - TBN – T€BN –pbNdBN (66) d(BTS) = GS + r*BTS(-1) +BS(-1) - TS - TBS – T€BS -pbSdBS where BT= Treasury bills, T=income taxes, TB= tax paid by Commercial Banks, T€B= tax paid by the Central Bank, r= interest rate on Treasury bills, B= interest on bonds, pbdB= bonds issued by government Treasury bills held by Commercial Banks of both countries (67) d(BTN) = d(BTNN) + d(BTSN) (68) d(BTS) = d(BTNS) + d(BTSS) (69) BTSN= (XN/YN)(0)*BTN (70) BTNS= (XS/YS)(0)*BTS Bonds purchased by domestic and foreign households (71) dBN= dBNN + dBSN (72) dBS = dBSS + dBNS (73) pbN = 1/rbN (74) pbS = 1/rbS rb= interest rate on bonds, pb= bonds price Public debt (75) DN= - BTN –pBN*BN (76) DS= -BTS –pBS*BS D= public debt in stock Banking system Bank profit and tax (77) PBN= (1-θb)*(rl*LNN(-1) +rl*LNS(-1) +r*BTNN(-1) +r*BTNS(-1) –id*BDN(-1) – ib*RFN(-1)) (78) TBN= θb*( rl*LNN(-1) +rl*LNS(-1) +r*BTNN(-1) +r*BTNS(-1) –id*BDN(-1) – ib*RFN(-1)) 31 32 (79) PBS= (1-θb)*(rl*LSS(-1) +rl*LSN(-1) +r*BTSS(-1) +r*BTSN(-1) –id*BDS(-1) – ib*RFS(-1)) (80) TBN= θb*(rl*LSS(-1) +rl*LSN(-1) +r*BTSS(-1) +r*BTSN(-1) –id*BDS(-1) –ib*RFS(1)) TB= tax paid by Commercial Banks, rl= interest rate on loans, id= interest rate on bank deposits, ib= key interest of the Central Bank, RF= advances provided without restriction by the Central Bank to Commercial Banks at the rate ib, PB=bank profit Credit rationing (81) dLNs = αn1(UPN/KN-1) – αn2 (LN-1/KN-1) + αn3 (82) dLSs = αs1(UPS/KS-1) – αs2 (LS-1/KS-1) + αs3 Supply of credit by banks depends of the financial fragility of firms resumed by two parameters, the rate of profit (describing the ability of firms to face debt commitments) and the debt to capital ratio (as a proxy of firms’ financial soundness). (83) dLN= min (dLNd, dLNs) (84) dLS= min (dLSd, dLSs) dLN= dLNd if dLNd < dLNs (demand smaller than supply) dLN= dLNs if dLNs<dLNd (credit rationing) Share of loans supplied by domestic and foreign banks (85) dLN= dLNN + dLSN (86) dLS = dLSS + dLNS (87) LSN = (XN/YN)(0)*LN (88) LNS = (XS/YS)(0)* LS Banks balance (89) dRFN = dHN + dLNN + dLNS + dBTNN + dBTNS – dBDN - PBN (90) dRFS = dHS + dLSS + dLSN + dBTSS + dBTSN – dBDS - PBS (91) HN = ε*BDN (92) HS = ε*BDS H= reserve requirements in high powered money that do not provide interest payments and represent a fixed share of bank deposits (93) d(VBN) = PBN (94) d(VBS)= PBS VB= Bank net wealth whose variation equals bank profit Central Bank (95) T€B= ib*(RFN(-1) + RFS(-1)) (96) T€BN = T€B*(YN/(YN +YS)) (97) T€BS = T€B*(YS/(YN +YS)) The Central Bank pays taxes equal to its profit which are shared between the two national governments (98) H= HNh + HSh + HN+ HS 32 33 Which gives: dH= dRFN + dRFS VHN+VN+VHS+VS+DN+DS+VBN + VBS= KN+KS (not to be written) Interest rates (99) rl= ib +m1b (100) id= ib – m2b (101) r = rl (102) rbN= r (103) rbS= r To simplify interest rate on loans (rl) is supposed equal to the key interest rate of the Central Bank (ib) plus a constant mark up. To realize profits, banks apply a spread between the key rate and the rate on deposits (id). Interest rates on Treasury bills (r) and on bonds (rb) are supposed equal to rl. Foreign trade (104) log(IMN) = μ0 + μ1n * log(YN) (105) log(IMS) = μ0 + μ1s * log(YS) (106) XN = IMS (107) XS = IMN Volume effect only 107 equations for 107 endogenous YN, CN, IN, XN, IMN, YDNh, WN, TN, YHSNh, UPN, BDN, BNN, BNS, DIVNNh, DIVNSh, CGNh, CGNe, VHN, ENNh, ENSh, HNh, INd, INr, pbN, peN, rbN, reN, LNs, LNd, LN, DIVN, DIVNNe, DIVNSe, VN, KN, EN, ENNe, ENSe, DN, BTNN, BTSN, BTN, BN, TBN, T€BN, PBN, LNN, LNS, RFN, HN, VBN T€B, H, r, rl, id GN, GS and ib exogenous 33 34 Table 2: Transaction matrix GoodsN GoodsS Wages Int L HousN -CN -XS + IMS +WN Int BD Int RF +idBDN-1 Int B +BNN-1 +BNS-1 Firms N +YN -IN -WN -rlLN-1 +DivNSh Tax +TN +TBN +T€BN -UPN pBNdBNN -pBSdBNS Tot 0 0 +TS +TBS +T€BS 0 0 0 +rBTSN1 +rBTSS1 -TBS T€B 0 -PBS -dBDS -dHSh +dLS +PBS +dBDS -dHS -dLSN -dLSS +dRFS 0 +dH -dRFNdRFS +pBSdBS -dBTSN -dBTSS +dBTS -peNdESNh peNdESNe -peSdESSh -peSdESSe +peSdES 0 0 +ib(RFN1+RFS-1) +UPS -dBTNN -dBTNS peNdENNe +peNdEN -peSdENSe 0 +DivSSe -DivS pBNdBSN -pBSdBSS +dBTN -peSdENSh +DivSSh -UPS +pBNdBN -peNdENNh +DivSNe -TS +dLN BT Equit +DivSNh -TBN -dBDN -dHNh Tot -BS-1 -rBTS-1 +PBN +dBDN -dHN -dLNN -dLNS +dRFN Central Bank -GS +idBDS-1 +UPN Bank S +rlLSN-1 +rlLSS-1 -idBDS-1 -ibRFS-1 +rBTNN1 +rBTNS1 RF Bonds -IS +BSN-1 +BSS-1 -PBN BD HPM L GvtS -rlLS-1 +DivNNe -DivN +DivNSe -TN Profit HousS Firms S -XN + IMN -CS +YS +WS -WS -BN-1 -rBTN-1 +DivNNh BankN +rlLNN-1 +rlLNS-1 -idBDN-1 -ibRFN-1 Int BT Div GvtN -GN 0 0 0 0 0 0 34