La philosophie des temps modernes 1. Transition ............................................................................................................................. 2 1.1. Galilée ............................................................................................................................. 3 2. René Descartes (16ème siècle) ......................................................................................... 3 2.1. Introduction ................................................................................................................. 3 2.2. Présentation ................................................................................................................ 3 2.3. La pensée de Descartes ............................................................................................ 4 2.3.1. La question de la méthode ....................................................................... 4 2.3.2. La métaphysique de Descartes............................................................... 4 2.3.3. L’homme ....................................................................................................... 5 3. Immanuel Kant .................................................................................................................... 5 3.1. Introduction ................................................................................................................. 5 3.2. Que puis-je savoir ? ................................................................................................... 6 3.2.1. Les 2 types de jugements ........................................................................ 6 3.2.1.1. Les jugements analytiques ................................................................ 6 3.2.1.2. Les jugements synthétiques............................................................. 6 3.2.2. Les 3 instances qui composent la raison structurée ......................... 7 3.2.2.1. La sensibilité ........................................................................................ 7 3.2.2.2. L’entendement..................................................................................... 7 3.2.2.3. La raison ............................................................................................... 8 3.3. Que dois-je faire ? .................................................................................................... 8 3.3.1. Les postulats de la raison pratique ........................................................ 9 3.3.1.1. La liberté humaine ............................................................................... 9 3.3.1.2. L’existence de Dieu ............................................................................ 9 3.3.1.3. L’immortalité de l’âme ........................................................................ 9 1 1. Transition Le sol de croyance sur lequel s’était tenu le moyen-âge en Occident avait été fourni par le message du Christ et l’enseignement de l’Eglise catholique. Ce sol va être de plus en plus mis en question à partir du 12 ème siècle. Le sol va donc devenir mouvant et l’humanité aspirera à une nouvelle base de croyance, à un nouveau sol de convictions. Ce nouveau sol sera la confiance dans la connaissance scientifique, l’idéal de connaissance des sciences positives ou exactes. Toutes les autres sciences et tout particulièrement la philosophie devront se confronter à cet idéal et devront le prendre comme modèle. Le passage du moyen-âge aux temps modernes peut être caractérisés selon 4 directions différentes : - C’est l’époque de la Renaissance et de l’humanisme - C’est l’époque des découvertes, des inventions et de l’essor des sciences - C’est l’époque de la réforme - C’est l’époque où se froment les états nationaux, où le pouvoir économiques passe aux mains d’une bourgeoisie de plus en plus prospère. C’est d’ailleurs de cette nouvelle classe qui s’intercale entre la noblesse et le clergé et la paysannerie que sortiront la plupart des penseurs des temps modernes. La réforme participe au mouvement général de la Renaissance en s’affirmant comme un retour aux sources, un retour au christianisme primitif et à la foi originelle. On se détourne du moyen-âge et on veut faire renaître les pensées grecques. La Renaissance se voulait être une réaction, une ré-animation de la culture antique, de la connaissance et de l’étude de l’antiquité. Favorisé par l’introduction massive en Europe des écrits d’Aristote, ce mouvement va s’amplifier ne se limitant plus à la découverte de l’aristotélisme et du néoplatonisme mais s’étendant au platonisme authentique, au stoïcisme, à l’épicurisme et au scepticisme. Dans pensée moderne ce n’est plus la sagesse divine qui sera l’objet principal de la recherche mais l’homme. La pensée passe du théocentrisme à l’anthropocentrisme. L’homme occupe une place centrale et une position intermédiaire. On le considère comme un microcosme dans lequel se reflète la nature toute entière. L’étude de l’homme mène dans à la connaissance de l’univers tout entier. En étudiant l’homme on peut connaître le tout. L’homme est donc la nature en miniature. Ce que partage les penseurs de cette époque c’est une nouvelle foi dans l’homme, une nouvelle confiance en sa grandeur et son dynamisme individuel. 2 L’humanisme de la renaissance et la réforme convergent donc pour donner naissance à un nouveau culte de l’individualité forte, indépendante et créatrice, culte qui s’accompagne d’une stimulation de l’esprit d’entreprise qui se manifestera dans tous les domaines et spécialement dans la vie économique et la vie scientifique. Ce fut l’ère de la subjectivité. 1.1. Galilée Pour Galilée, la connaissance de la nature est une connaissance mathématique. On passe de la physique qualitative à la physique quantitative, de la science spéculative à la science positive. Par l’observation et l’expérimentation, il s’agira de découvrir les lois qui régissent les phénomènes. La nature est une structure rationnelle à laquelle correspond notre raison et la rationalité est d’ordre mathématique. Le présupposer philosophique : la nature est régie pas des lois. Il y a deux pratiques scientifiques : le pratique et le théorique. 2. René Descartes (16ème siècle) René Descartes est le père de la philosophie moderne, de la philosophie rationaliste. 2.1. Introduction Il vise une méthode universellement valable. Son modèle scientifique sera la science mathématique et la physique mathématique. La modèle est fourni par les mathématiques et plus particulièrement par la géométrie qui dispose d’une structure parfaitement systématique puisqu’elle semble être parvenue à construire, à partir de quelques concepts choisis et quelques axiomes évidents, un édifice scientifique cohérent de démonstrations. L’objet auquel se réfèrent ces concepts et ces principes ne sera plus uniquement le monde corporel mais toute la réalité, l’âme et Dieu. La question épistémologique fondamentale est : « Comment, moi, une conscience qui sait et qui connaît, puis-je connaître un monde qui est en dehors de ma conscience ? » C’est Descartes qui a élaboré en premier ce nouveau concept de conscience et qui a formulé le problème de la méthode universelle. Ce qui lui vaut la dénomination de père de la philosophie moderne. 2.2. Présentation Il fait ses études sous la direction des jésuites. Une discipline avait retenu son attention : les mathématiques pour leur certitude et l’évidence de leur raisons. La philosophie l’avait fort déçu notamment parce qu’elle était incertaine. 3 Descartes se met à voyager à travers l’Europe pour étudier les mœurs des autres hommes mais il ne trouva pas de quoi l’assurer. C’est de là que découle les fondements d’une science formidable. A partir de ce jour Descartes va se consacrer tout entier à élaborer sa pensée en commençant par la description de ce « chemin qu’il devait suivre ». 2.3. La pensée de Descartes 2.3.1. La question de la méthode Pour Descartes, il importe de s’assurer du droit chemin, de la bonne méthode pour qui permet de distinguer le vrai du faux, cette méthode est : la raison. Notre raison doit suivre absolument 4 préceptes : - Le précepte de l’évidence : On ne peut accepter quelque chose de vrai que si cette chose se présente si clairement et si distinctement à mon esprit que je n’eusse aucune occasion de la mettre en doute. Il faut éviter la précipitation et la prévention. C’est l’intuition. - Le précepte de l’analyse : Il faut diviser les difficultés en plusieurs éléments simples pour mieux les résoudre. C’est la simplification. - Le précepte de la synthèse ou de l’ordre : il faut ordonner les pensées en commençant par les objets les plus simples pour aller vers les plus composés. C’est la synthèse, l’ordre, la déduction. - Le précepte du dénombrement : il faut passer tout en revue, tout expliquer pour ne rien omettre. C’est le contrôle. Descartes a fondé sa méthode sur son rêve cartésien dans lequel in entrevoit tout un système philosophique. La méthode cartésienne a été élaborée sur le modèle géométrique. La structure claire de la géométrie peut s’appliquer au monde. Il veut faire de la philosophie une mathématique universelle. Il s’agira d’appliquer la méthode dans les différentes disciplines philosophiques et tout particulièrement en métaphysique. Le point de départ seront les choses les plus simples, les principes appelés à conférer une base inébranlable à la science tout entière, à toute science, à la science universelle. 2.3.2. La métaphysique de Descartes Il est à la recherche d’un principe indubitable. Ce qui est recherche, c’est une vérité ou un principe inébranlable qui pourrait servir de fondement au savoir tout entière, une certitude qui résiste à toute mise en doute. La raison proprement dite est le doute radical. Descartes décide de rejeter tout ce qui est absolument faux, tout ce en quoi il pourrait mettre le moindre doute. Les 5 sens sont trompeurs, la perception par les sens est donc fausse. En raisonnant, je peut donc émettre un paralogisme, une faute non désirée. 4 Pour raisonner, il faut il faut douter. Pour douter, il faut pouvoir penser que tout est faux. Pour penser que tout est faux, il faut exister, être. Ce qui veut dire que l’on ne peut mettre en doute le doute. Si je doute que tout est faux, c’est que je suis une conscience capable de douter et l’existence de cette conscience est indubitable. C’est le cogito ergo sum : je pense donc je suis. Je suis une donc chose qui pense : res cogitan. C’est sur ce cogito ergo sum qu’il va tout reconstruire. Descartes distingue 4 idées claires et distinctes. ère 1 idée claire et distincte : le cogito. Tout ce que je conçois de manière claire et distincte est vrai. ème 2 idée claire et distincte : Dieu existe. Descartes découvre qu’il est imparfait, qu’il connaît et pense au parfait. Il a donc dut recevoir cette connaissance d’une puissance parfaite, Dieu. L’existence est une perfection. Tout ce qui est claire et distincte est vrai et réel. Dieu nous garantit la règle générale et l’existence du monde physique. Pour Descartes, le monde se réduit à une étendue, un espace. 2.3.3. L’homme 3ème idée claire et distincte : l’homme est composé de 2 substances distinctes. L’homme est formé d’une âme et d’un corps. L’âme est pensante et immatérielle. L’âme est le res cogitans, la chose qui pense. Le corps pour Descartes est une portion de l’étendue. Le corps est composé d’une res extensa. (dualisme anthropologique) Il faut toujours considérer l’homme comme un tout. Si on applique le dualisme jusqu’au bout, l’homme ne serait que le résultat d’une juxtaposition de ces 2 substances. Il y a interaction entre le corps et l’âme, se sont les sentiments. 3. Immanuel Kant 3.1. Introduction Il est né et mort en Prusse orientale. Il fut élevé dans une secte luthérienne qui insistait sur la nécessité de la piété personnelle. Il était issu de la petite bourgeoisie et a consacrer sa vie au travail intellectuel. Son enseignement toucha toutes les disciplines de la science de son temps : - Les mathématiques - La physique - L’astronomie - La politique Pour Kant, critiquer signifie séparer, distinguer, connaître en distinguant, JUGER. La raison doit déterminer quels sont ses droits véritables, elle doit déterminer ce à quoi elle peut légitimement prétendre. La philosophie de Kant doit répondre à trois questions : 5 Que puis-je savoir ? c’est la critique de la raison pure, de la raison théorique. - Que dois-je faire ? c’est la critique de la raison pratique. - Que m’est-il permis d’espérer ? c’est la critique de la façon de juger. Pour Kant la métaphysique n’a pas encore réussi à prendre le chemin sûr d’une autre science. Jusqu’à maintenant, personne n’a encore vraiment scruté les possibilités réelles ou les limites exactes de notre faculté de connaître. La seul base de notre faculté de connaître est l’expérience sensible. Notre connaissance ne peut donc s’exercer légitimement et avec fruit que dans le cadre de l’expérience sensible. Or, les questions classiques de la métaphysique n’entre pas dans le champ délimité de notre connaissance. - 3.2. Que puis-je savoir ? Il existe 2 véritables sciences : les mathématiques et la physique. La connaissance scientifique se base sur l’expérience qui lui fournit la matière première. Mais la connaissance scientifique est plus que l’expérience et sa description. Le principe de causalité par exemple se rapporte à des faits d’expériences mais aussi à l’universalité et la nécessité. Le jugement basé uniquement sur l’expérience ne peut être un jugement universel et nécessaire. Donc comme les lois scientifiques sont universelles et nécessaires elles doivent avoir une autre source que l’expérience. Les lois scientifiques sont des jugements synthétiques à priori. Kant distingue 2 types de jugements. 3.2.1. Les 2 types de jugements 3.2.1.1. Les jugements analytiques Les jugements analytiques sont des jugements dans lesquels le prédicat est contenu dans le sujet. Ils n’enrichissent nullement notre connaissance et sont strictement a priori. 3.2.1.2. Les jugements synthétiques Les jugements synthétiques sont des jugements dans lesquels le prédicat ajoute à la notion du sujet, réalise avec lui une synthèse. Ils enrichissent notre connaissance et sont a posteriori. La science a le droit d’émettre des jugements qui se fonde exclusivement sur l’expérience en procédant de manière a priori car : Comme l’universalité et la nécessité ne viennent pas de l’objet de la connaissance, elles doivent venir du sujet connaissant. La raison humaine possède donc un pouvoir propre de connaissance qui est celui de pouvoir conférer ce caractère universel et nécessaire aux jugements scientifiques. Kant présuppose en conséquence que les données de l’expérience peuvent être soumises aux règles 6 propres de la raison. EN SCIENCE, C’EST LA RAISON QUI LÉGIFÈRE, QUI DONNE DES LOIS. La raison peut tirer d’elle-même des règles auxquelles se soumettent les données de l’expérience car : La raison n’est pas un réceptacle passif non-structuré, n’est pas une feuille blanche que viendraient remplir les données de l’expérience. La raison possède en elle dès l’origine tout un ensemble de formes et de concepts. Il lui suffira de l’appliquer aux données de l’expérience qui s’y con-forment. La raison structurée est composée de 3 instances. 3.2.2. Les 3 instances qui composent la raison structurée 3.2.2.1. La sensibilité La sensibilité est la faculté par laquelle nous sont donnés les objets sur lesquels pourra porter notre connaissance. Dans l’expérience, par m’entremise de nos sens, nous recevons un ensemble d’impressions sensibles. Ces impressions sensibles sont la matière de notre connaissance, son volet empirique ou a posteriori. Tous les objets sensibles nous sont donnés comme spatio-temporels, dans l’espace et dans le temps. La temporalité et la spatialité ne sont pas des propriétés réelles des choses, elles relèvent de la structure même de notre sensibilité, ce sont des formes a priori de notre sensibilité. A ce niveau, il n’existe que le phénomène : l’impression sensible filtrée par l’espace et le temps. 3.2.2.2. L’entendement L’entendement a pour fonction d’unifier, de lier, de synthétiser et d’ordonner les impressions sensibles fournies par la sensibilité qui, sans l’entendement, resteraient une cohue d’impressions. L’entendement permet donc de passer des jugements purement empiriques aux jugements scientifiques. L’entendement peut donc être défini comme la faculté d’émettre des jugements scientifiques. L’entendement permet de passer de la constatation empirique au jugement. Ce concept cause ne vient pas des phénomènes, il lie et ordonne les perceptions et permet d’énoncer des lois physiques universelles et nécessaires. Kant connaît 12 de ces concepts qu’il appel catégories. Ces concepts permettent à la raison humaine de connaître véritablement les objets sensibles et d’émettre des jugements scientifiques à leur égard. Il y a deux conséquences importantes : - La rationalité que nous découvrons dans la nature n’est autre que la rationalité qui est mise par notre entendement. - La véritable connaissance scientifique ne peut porter que sur des objets sensibles. Pour qu’il y ait connaissance, il faut en effet 7 toujours un phénomène à la base, un objet sensible spatio-temporel sur lequel l’entendement va alors projeter une ou des catégories. 3.2.2.3. La raison L’esprit humain tend par nature à unifier toujours davantage les phénomènes et aspire à passer à des plants de réalité de plus en plus englobants avec l’espoir l’arriver un jour à un principe explicatif du TOUT. C’est le but de la raison. La raison tend vers l’idéal d’un savoir total, absolu et pleinement achevé. Le rôle de la raison est de nous fournir les idées de monde, d’âme et de Dieu. Comme nous ne pouvons les connaître, il nous est seulement possible de les penser, ce sont des noumènes, des principes régulateurs qui contribuent au progrès de l’esprit humain qui atteint en eux les limites de notre faculté théorique de connaître. 3.3. Que dois-je faire ? Les lois morales sont universelles et nécessaires. Elles sont indépendantes de toute condition empirique. Il n’y qu’une chose que tout le monde s’accorde à trouver parfaitement bonne, la bonne volonté. La bonne volonté n’est pas seulement le fait de se conformer aux règles morales, plusieurs mobile qui ne sont pas moraux peuvent y conduire : - La peur de la punition - L’envie d’être récompensé - … La propre bonne volonté est, pour Kant, la pureté de l’intention qui l’anime : le devoir doit être fait par devoir. Le devoir s’énonce sous la forme d’une obligation, sous la forme d’un impératif. Il distingue deux types d’impératifs : - l’impératif hypothétique : impératif dont le commandement est soumis à certaines conditions ou restrictions - l’impératif catégorique : impératif qui se trouve au-dessus de toute condition empirique, c’est la loi morale. L’obligation énoncée par la loi morale se présente ainsi comme pourvue d’une valeur et d’une portée universelle. La loi fondamentale de la raison pratique est : « agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse valoir toujours aussi comme principe d’une législation universelle. » Le caractère universelle et nécessaire de la loi morale ne peut provenir que de la raison pratique. C’est de la raison pratique que Kant ouvre l’horizon métaphysique. L’existence inconditionnelle incluse dans l’impératif catégorique nous amène à poser un certain nombre de concepts pratiques, de postulats de la raison pratiques. Ces postulats sont au nombre de 3. 8 3.3.1. Les postulats de la raison pratique 3.3.1.1. La liberté humaine La loi morale, comme elle s’impose comme un impératif absolument indépendant de tout conditionnement empirique, postule la liberté de l’homme. La loi morale exige la capacité de pouvoir nous élever au-dessus de nos conditionnements et d’en triompher. Pour faire le bon choix, il faut avoir le choix. 3.3.1.2. L’existence de Dieu Aux yeux de tous, l’homme qui fait son devoir est digne d’être heureux. Or, nous constatons que l’accomplissement du devoir est rarement accompagné du bonheur. Il doit donc exister une instance qui garantit la récompense de notre agir par devoir : Dieu. 3.3.1.3. L’immortalité de l’âme Comme la correspondance entre vertu et bonheur n’est manifestement pas toujours réalisée dans le monde ici-bas, il faut donc supposer qu’elles se réalisera dans un autre monde. La raison pratique postule ainsi l’immortalité de l’âme. Il s’agit donc bien de 3 postulat métaphysiques qui ne sont nullement le résultat d’une démonstration scientifique, nullement l’objet d’un savoir rationnel mais d’une croyance rationnelle. 9