II - Historique
Le concept d’immunité remonte à plusieurs siècles avant JC : la première description de ce
phénomène remonte à Thucydides dans ses observations sur la peste qui ravagea Athènes au Vème
siècle avant Jésus-Christ, et les chinois savaient qu’un individu guéri de variole ne pouvait pas la
contracter une deuxième fois.
Mais c’est la découverte de l’immunité induite, au 18ème siècle, à travers la vaccination, qui
constitue la première étape significative de l’immunologie. Lady Mary Montagu pratiqua la
variolisation en insérant des croûtes varioliques sous la peau de ses propres enfants en 1718. Ce
procédé fut repris par Jenner en 1798 qui inocula par scarification, à un jeune garçon, non pas des
croûtes de variole humaine mais de Cow Pox, poxvirose bovine donnant une affection très
bénigne chez l’homme: ce fut la première vaccination de l’histoire (terme créé plus tard par
Pasteur, en hommage à Jenner)
. Il faut noter qu’à l’époque, on ignorait la nature de l’agent de la
variole.
A la suite de cet événement fondateur, il faut attendre l’ère pastorienne pour voir ce côté pratique
de l’immunologie prendre un nouvel élan. Pasteur découvrit l’atténuation du pouvoir pathogène
des bactéries par le vieillissement des cultures et/ou la chaleur. Ceci lui permit de mettre au point
successivement des « virus-vaccins » ou « vaccins-vivants » contre le choléra aviaire, le rouget,
le charbon et la rage (1895).
On peut décrire cinq périodes dans l’évolution des connaissances, dont certaines d’ailleurs se
chevauchant.
La première période peut être qualifiée de microbiologique: les travaux de Pasteur sur les
vaccins ont montré le rôle bénéfique du système immunitaire (SI), mais déjà à cette époque on a
soupçonné le revers de la médaille, à savoir que ce même SI pouvait dans des circonstances
anormales de fonctionnement être délétère: c'est la découverte de l'anaphylaxie par Portier et
Richet en 1902.
L'ère pastorienne ouvrira les portes à la deuxième époque, sérologique, au tournant du siècle
où les théories s'échafauderont à partir de la pratique expérimentale de la vaccination. Dans les
dix dernières années du siècle seront décrits l'agglutination par Gruber et Durham, la précipitation
par Kraus et le complément par Bordet. Deux théories s'opposeront violemment quant à la nature
de la réponse immunitaire: partisans d'une réponse purement humorale, derrière von Behring et
Kitasato, qui retrouvaient dans le sérum des personnes immunisées des substances capables de se
lier au pathogène immunisant et qu'ils appelaient anticorps, et partisans d'une réponse purement
cellulaire avec Metchnikoff et ses travaux sur la phagocytose. Le point d'orgue de cette période
peut se voir dans la théorie d'Ehrlich qui opérait en 1897 une synthèse hardie et prémonitoire de
ces deux visions opposées, pressentant la dualité fonctionnelle de la réponse immunitaire,
humorale et cellulaire.
Dans le cas particulier de la variole, l’immunologie peut être créditée d’un succès sans précédent, puisqu’en 1980, l’OMS a pu annoncer
l’éradication planétaire de la variole grâce à sa campagne de vaccination.