prêtent ainsi à être envisagés avec le caractère ponctuel exprimé par le passé simple. C’est le cas des
verbes ‘hésiter’, ‘entrer’ et ‘s’arrêter’. Au contraire, l’imparfait n’envisage pas les limites du procès,
s’accordant ainsi avec l’expression de la durée, qui doit être compatible elle-même avec le sens du
verbe, en l’occurrence le verbe ‘trôner’.
Le traitement des valeurs temporelles ou modales des temps verbaux, en particulier de
l’imparfait et du passé simple s’avère indispensable afin de percevoir l’emploi qu’on en fait lors du
passage du discours direct au discours rapporté. L’enseignement de la formation des temps verbaux,
des règles syntaxiques régissant leur emploi et des valeurs d’emploi, voilà les trois volets
nécessaires à suivre dans l’enseignement de la grammaire des temps verbaux. La seule
sempiternelle règle automatique des concordances des temps, dont on se contente trop souvent à ce
sujet, ne suffit plus. Les activités portant sur le passage du discours direct au discours indirect en
témoignent, or ce type d’exercice est inhérent dans tout apprentissage du français, aussi bien au
niveau débutant qu’au niveau avancé, et dans tous les types de communications. Il est temps que la
didactique s’approprie les acquis de la recherche linguistique dans le dessein d’un apprentissage
plus efficient et que la perspective conceptuelle soit adoptée pour atteindre cet objectif. Pour ce qui
est du texte ci-dessus, la tâche est facilitée par la correspondance avec le roumain. Ce parallélisme
que nous soutenons, et qui vient à l’encontre de la méthode du « bain de langue » a ses avantages
certains et d’ailleurs prouvés par l’expérience. Ainsi :
-« battait son plein » « era în toi » (imparfait imperfect) ;
-« étaient installés » « erau/sunt stabiliţi » (imparfait de concordance) ;
-« C’était [l’inauguration] » « avea loc » ;
-« resteraient/allaient rester » « aveau/urmau să fie ». La différence qui apparaît ici par
rapport au roumain ne devrait pas poser problème. Le conditionnel s’explique déjà à l’aide de la
règle de la concordance, pendant que l’autre forme équivalente comme valeur, le futur proche,
connaît un équivalent symétrique en roumain ;
-« avait disposé » « fuseseră dispuse/au fost dispuse » (explication relevant de la
concordance) ;
-« trônait/vs/hésita, entra, s’arrêta » « trona/vs/ezită, intră, se opri ». La symétrie du
roumain facilite sans doute la compréhension des particularités d’emploi des deux formes
temporelles mises en opposition. Très utile peut s’avérer aussi le test qui consiste à interchanger les
formes, ce qui conduit à des phrases agrammaticales. Ex. *…un lion trôna.
La discussion affinée concernant le passé simple s’impose aussi d’un autre point de vue.
Excepté des cas comme celui qui se retrouve dans ce texte, le régime d‘usage de ce temps est
différent dans les deux langues. En français, c’est le temps principal du récit, pendant qu’en
roumain c’est le passé composé qui est investi de cette fonction, le passé simple roumain étant dans
la plupart des cas d’emploi relegué au parler régional.
Dans le passage du discours direct au discours rapporté, certes les formes verbales
représentent la principale modification syntaxique que le texte subit. Mais ce n’est pas la seule.
Examinons un autre exercice de ce type :
2.Transposez le texte suivant au discours indirect, en commençant par « Jean m’a écrit… » :
« Parti hier matin de la ville, je suis arrivé le soir même à Chamonix. Je voudrais que tu
comprennes mon bonheur à me voir enfin libéré de mes soucis. Je respire, je contemple la nature, je
parcours les forêts… Pourquoi ne te décides- tu pas à venir me retrouver ? Prends le train et viens
me rejoindre. »
Une variante possible de transposition est la suivante :
« Jean m’a écrit que, parti le matin de la veille de la ville, il était arrivé le soir même à
Chamonix. Il aurait voulu que je comprenne son bonheur à se voir enfin libéré de ses soucis. Il