-- Au niveau de la répartition primaire, on peut dire que rares sont les décisions des pouvoirs publics qui n'ont
pas d'incidence à ce niveau. Par exemple, toute politique de lutte contre l'inflation exercera une influence certaine
sur la répartition du revenu -- le pouvoir d'achat des consommateurs sera différent si cette politique est restrictive
et consiste à freiner la demande -- le taux de profit des entreprises subira également les effets d'une telle
politique (politique de blocage des prix par exemple).
Toujours au niveau de la répartition primaire, la volonté des pouvoirs publics depuis la fin de la seconde guerre
mondiale s'est nettement affirmée dans le sens de la fixation d'un salaire minimum ( SMIC) -- la loi du 11 février
1950 a donc créé le SMIG devenu SMIC le 2 janvier 1970. Dès 1952 le SMIG a été indexé sur l'indice des prix à
la consommation.
Si le SMIC est automatiquement revalorisé tous les 1er juillet de chaque année, il n'en va pas de même pour les
autres salaires. L'état ne tient pas à contrôler la politique des salaires et l'indexation automatique de l'ensemble
des salaires est interdite -- l'état cherche à éviter qu'une trop grande rigidité pèse sur les salaires car cela
présenterait des risques d'inflation par alourdissement des coûts de production des entreprises. L'état cherche
ainsi à casser la fameuse spirale inflationniste des prix et des salaires (désindexation des salaires depuis 1982).
Notons toutefois que, dans certaines branches d'activités, les conventions collectives sont assez avantageuses
pour les salariés dans la mesure où elles prévoient non seulement une indexation automatique des salaires sur
les prix mais encore une progression du pouvoir d'achat des salariés. Bien entendu, de tels avantages ne
peuvent être obtenus par les salariés que dans les secteurs clés de l'économie.
-- Au niveau de la redistribution des revenus, le rôle de l'état consiste d'une part à redistribuer les impôts en
accordant par exemple des subventions à certaines entreprises ou en finançant des régimes de solidarité et
d'autre part à redistribuer le revenu disponible pour corriger les inégalités sociales -- cette redistribution s'effectue
sous forme d'allocations familiales, allocations chômage, etc....
On retrouve, en toile de fond, l'idée selon laquelle il faut « prendre plus aux uns et moins aux autres » -- notons
toutefois que la justice sociale et fiscale est loin d'être atteinte.
III : Les inégalités de répartition
Durant ces 30 dernières années la croissance a été très lente et le pouvoir d'achat n'a que faiblement augmenté.
La crise économique des années 70 a accentué les inégalités mais tout le monde n'en a pas subi les
conséquences de la même façon.
D'une manière générale, la situation concernant les inégalités peut être résumée de la manière suivante :
-- Ce sont les cadres, les ouvriers et les jeunes qui ont été le plus touchés.
En effet, les cadres et les ouvriers ont dû réduire leurs prétentions salariales pour retrouver des emplois à un
niveau de rémunération souvent très inférieur à l'ancien.
Quant aux jeunes, ils ont dû accepter des salaires d'entrée dans le monde du travail de plus en plus bas. Par
exemple, en 1994 (dernier chiffre disponible à ce jour) les jeunes entre 25 et 30 ans ne touchaient en moyenne
que 70 % du salaire des quadragénaires contre 80 % 20 ans plus tôt.
-- Les richesses ne sont pas réparties de manière égale : il est clair que les salaires ont eu tendance à stagner et
les revenus du capital ont très fortement progressé. Les salaires n'ont progressé que de 15 % environ en 10 ans
(décennies des années 90) alors que les revenus du capital (profits et revenus de la propriété) ont progressé de
plus de 90 % pendant la même période.
On constate donc que les stratégies mises en oeuvre par les entreprises (dans le souci de mieux lutter contre un
avenir incertain et dans le souci de faire face à l'exacerbation de la concurrence internationale) ont entraîné des
gains de productivité importants qui ont eu pour effet de modifier le partage de la valeur ajoutée dans le sens
d'une augmentation de la part des profits au détriment des salaires. De ce point de vue, on peut dire que la
dernière décennie a été celle du capital plus que celle du travail.
-- Les inégalités de rémunération entre les hommes et les femmes se réduisent.
On peut dire qu'il s'agit ici du seul point sur lequel les inégalités se sont réduites de manière assez significatives.
En effet, l'allongement de la scolarisation des filles, les changements de mentalités et la tertiarisation de
l'économie ont abouti à une réduction assez importante ( bien que des progrès restent à faire ! ) des inégalités
entre les rémunérations des femmes et des hommes.
« Le rapport entre le salaire des femmes et celui des hommes stagnait dans les années 50 et 60 : les femmes
gagnaient en moyenne à temps plein un tiers de moins que les hommes. Petit à petit, l'écart a diminué. Au milieu
des années 90, le salaire féminin représente plus de 80 % du salaire masculin. Depuis 1995, il semble cependant
que cette marche en avant soit stoppée. En 1999, ce rapport à même baissait, sans que l'on puisse préjuger d'un
retournement de fond. ». Alternatives Economiques
En conclusion, nous pouvons dire que :
-- Les inégalités de salaire ne diminuent plus.
-- les femmes rattrapent les hommes.