Italiens en France, Français en Italie par Vincent Droguet La

Italiens en France, Français en Italie par Vincent Droguet
La conversion à l'art nouveau à la fin du XVè siècle passe par le mécénat des princes, le truchement des cardinaux, l'expatriation d'artistes
italiens, l'exportation de marbres, de manuscrits, de tableaux et d'objets. Dans une vision très orientée sur le rôle du souverain français, on voit en
effet que l'un des déclencheurs de la Renaissance en France est le fait que c'est le roi qui invite des artistes italiens pour concevoir ses résidences
royales dans le Val de Loire. Néanmoins, des foyers de Renaissance existent auparavant dans d'autres régions. Les guerres d'Italie (1494-1525) ont
certainement accéléré cette pénétration de l'art italien en France. La Renaissance française a des traits spécifiques par rapport aux mouvements
dans les autres pays européens. Tout d'abord, elle s'effectue sous l'influence directe de la Renaissance italienne : les conceptions des Français sur
l'art de vivre et de penser se modifient grâce au contact avec l'œuvre des Italiens au cours des Guerres d'Italie. Ensuite, les forces du mouvement
français sont agitées, dans une très grande mesure, par l'aristocratie et non seulement par la bourgeoisie. Les contemporains, pris d'un
enthousiasme sans bornes pour le renouvellement dans tous les domaines, appellent leur œuvre «guerre contre l'ignorance».
Les artistes et des commanditaires ouverts à l'art nouveau au X En France au XVè s. (comme au début du XVIè) peu de peintures de
chevalet sont produites. La production d'image concerne le vitrail et la miniature. Jean Fouquet, sous Charles VI et Louis XI, de 1440 à 1480, a
fondé un art neuf. Malgré la rareté de ses œuvres, il est considéré comme le plus grand peintre français de l'époque. Il apparaît comme le
précurseur de la Renaissance française. Il allie les traits de son époque à l'apport italien. Il ajoute au réalisme flamand un grand intérêt pour la
représentation de l'espace. L'un des rares artistes français à avoir séjourné en Italie et à connaître l'art du Quattrocento, il synthétise ces différents
apports, gothique international et Renaissance italienne à la tradition tourangelle et constitue un cas unique par ses innovations audacieuses. Il crée
un univers architectural issu du monde de Brunelleschi. Le diptyque de Melun 1450.1452 musées d'Anvers et de Berlin.
Il renouvelait aussi l'art de l'enluminure en appliquant de nouvelles techniques, en introduisant la perspective, les jeux de couleur, des
architectures idéalisées de l'Antiquité, et en appliquant le naturalisme dans l'interprétation des thèmes traditionnels dans des images en pleine page
Livre d'Heures d'Etienne Chevalier 1450 coll Condé Chantilly. Peintre du Pape Eugène IV (portrait perdu) il a vu les œuvres de Fra Angelico à la chapelle Nicoline (fra
Angelico 1447-49 - Fresco Cappella Niccolina, Palazzi Pontifici, Vatican mur est - Condamnation de St Laurent par l'empereur Valerian & le martyre de st Laurent). Les petites cours italiennes apprécient
hautement la peinture du nord et la tapisserie, art dispendieux et essaient de mettre en place des ateliers. Ferrare, les Este font travailler Rubinetto
da Francia sur des cartons de Cosme Tura la ploration du Christ devant d'autel 1470-75 Madrid Thyssen L'art du vitrail s'exporte en Italie. Guillaume de Marcillat
(†1529) réalise les vitraux des chambres du Vatican en 1505 (2 sauvés après le sac de Rome) et ceux de la cathédrale d'Arezzo. 1518 Verrières cathédrale
d'Arezzo. Les religieux présents à Rome sont de grands commanditaires. La Pietà de Michel Ange, œuvre de jeunesse, est une commande du cardinal
français Jean Bilhères de Lagraulas, cardinal et ambassadeur de France auprès du pape. Elle était destinée au monument funéraire du cardinal, dans
la chapelle des rois de France, Ste Pétronille de l’ancienne basilique. Pietà Michel-Ange, 1498-1499 marbre 174 × 69 cm Basilique St-Pierre
Des artistes italiens et des œuvres présents sur le royaume de France dès la moitié du XVè. S. Francesco Laurana est un architecte
sculpteur et médailleur qui a travaillé à Naples. René, duc d'Anjou, comte de Provence et roi de Naples le commissionne pour une série de
médaillons. Il œuvre non seulement pour le roi René mais aussi pour les princes et les grands officiers qui l'entourent vers 1560.1570. Il introduit
le « travail à l'antique » chapelle st Lazare cathédrale de Marseille. Dans la seconde moitié du XV, Louis XI puis Charles VIII furent soucieux du décorum de la
cour. (Louis XI préside le chapitre de Saint-Michel, dans les Statuts de l’ordre de Saint-Michel, enluminure de Jean Fouquet, 1470, Paris, BnF) Il cherchera à acquérir un tableau de Bellini… Par le
jeu des alliances, d'autres œuvres très "contemporaines" arrivent sur le sol de France. Saint Sébastien d'Aigueperse (Auvergne) - Piero della Francesca 1478. 1480 mdL résulte
d'une dot de la fille du marquis Gilbert de Montpensier épouse Claire de Gonzague, fille du marquis de Mantoue, protecteur du peintre Mantegna.
On pense que c'est lors du mariage de sa fille, en 1480, qu'il offre le "Saint Sébastien" en cadeau aux nouveaux époux. Pour compléter le décor de
la collégiale, on se rapproche de l'atelier des Ghirlandaio ; Benedetto Ghirlandaio nativité, adoration par les anges 1490 Aigueperse. Il y a bien chez les seigneurs français un
désir de posséder des œuvres d'art italiennes.
Les conflits : une source de possession… Charles VIII attiré par l'Italie et voulant s'illustrer par une « grande entreprise », il s'assigne comme
but la conquête du royaume de Naples, invoquant à l'appui de ses prétentions les droits de Charles III, comte du Maine, gués à Louis XI. (Charles
VIII - Jean Perréal portrait enluminure) Enchanté par ce qu'il y voit, il s'installe à Poggio di reale d'où il écrit à Anne de Bretagne "il ne manque qu'Adam et Eve
pour en faire le paradis". A la bataille de Fornoue, les français se font dépouillés notamment du portrait du dauphin qu'il essaiera de retrouver Maître
de moulins, portrait du dauphin Charles-Orlant. A son retour il se relance les travaux à Amboise (Plan et aile). Les constructions ne change guère d'esthétique, bien que
Charles se soit pris au goût italien; il fait venir à Amboise vers 1496 des artistes, sculpteurs, jardiniers, orfèvres et architectes comme Guido
Mazzoni, Girolamo Pacchiarotti, Pacello de Mercogliano, Bernadino de Brescia, Dominique de Cortone et Giovani Giocondo. Guido Mazzoni tombeau du roi
Charles XVIII à saint Denis 1498 détruit à la Révolution, 1793. Le schéma est italien avec le sarcophage orné de médaillons et l'utilisation du bronze. Les années
1496/1510 voient l'arrivée de nombreux artistes italiens qui participent à des commandes prestigieuses comme les monuments funéraires. La
Renaissance s'introduit au XVIè s. d'abord par la sculpture spécifique; les sarcophages antiques étant une de sources majeures du nouvel art. . Les
Tombeaux de François II de Bretagne et de Marguerite de Foix, duc et duchesse de Bretagne 1499 à la cathédrale de Nantes sultent d'une commande réalisée par Michel Colombe et
Girolamo da Fiesole (sarcophage et pilastres) . Ils réaliseront également le tombeau des enfants de Charles VIII et d'Anne de Bretagne en 1499 à Tours (cf. sarcophage de
Sixte IV avec couvercle arrondi et décor). Les artistes français vont à leur tour copier et intégrer ce répertoire.
La deuxième campagne d'Italie est tournée vars Milan. Louis d’Orléans, devenu Louis XII, hérite des droits des Valois sur le Royaume de
Naples et estime en avoir également sur le Duché de Milan, par sa grand-mère issue de la famille Visconti. Conseillé par le cardinal-archevêque de
Rouen, Georges d'Amboise, Louis XII prépare minutieusement sa campagne en Italie. Il se rapproche d’abord des Borgia pour s'assurer l’appui du
pape, de Venise, d'Henri VIII et du futur roi de Castille… isolant ainsi le duc de Milan Ludovic le More. Les Français sont commandés par le
condottiere Jacques de Trivulce. Ludovic Sforza reconstitue une armée et reprend Milan en mars 1500. Louis XII envoie alors La Trémoïlle et
Georges d'Amboise reconquérir le duché. Ludovic le More est fait prisonnier à Novare le 10 avril 1500 et est emmené en captivité en France où il
meurt en 1508. Louis XII nomme Charles II d'Amboise de Chaumont gouverneur de Milan (Jean Bourdichon Entrée triomphale de Louis XII à Milan enluminure issu du Le
voyage de Gênes de Jean Marot, 1508, BNF). Louis XII a réellement souhaité tacher la fresque de Leonard de Vinci pour la rapporter en France (d'où les
nombreuse copie à Ecouen, Gaillon, Blois…). Ch. De Chaumont était aussi le neveu de Georges d'Amboise, cardinal et Premier ministre du roi
Louis XII (portrait par Andrea Solario 1507 MdL). Il fut gouverneur de la ville de Paris, du duché de Milan, de la seigneurie de Gênes et de la province de
Normandie. Lieutenant Général en Lombardie en 1501, puis vice-roi de Lombardie. Il assista à l’entrée solennelle de Louis XII dans la ville de
Gênes le 26 août 1502. Solario, artiste milanais ira avec Ch. de Chaumont à Gaillon vers 1507.1709. A l'époque Leonard de Vinci est connu en
France et en Europe. Il ira se mettre au service du gouverneur de milan et conçoit le plan légendé de sa main d'une villa pour lui (plan manuscrit issu des
carnets de onard). Le modèle est issu de Poggio reale, soit une villa avec un gran espace central et 4 blocs aux angles. La villa si elle effectivement
conçue n'est pas réalisée, bien que les terrains aient été acquis. En 1511 Gaston de Foix, reçoit le commandement de l'armée royale en Italie. A
Milan, Léonard de Vinci imagine pour le maréchal de Trivulce un monument équestre (Leonard Etudes (vers 1511) pour le monument Trivulzio (Windsor, Royal Library) tour
copier et intégrer ce répertoire.
Château Gaillon, un haut lieu de l'impact italien début XVIè s. la Normandie grâce au Cardinal Georges d'Amboise fut précurseur dans la
diffusion de la Renaissance italienne en France. Le cardinal Georges d'Amboise, archevêque de Rouen, 1er Ministre de Louis XII et Vice roi du
Milanais, souhaite transposer à Gaillon son image de l'Italie. (Androuet du Cerceau plan du château). La Grand Maison constituait les appartements de Georges
d'Amboise, ce fut la première construction du château du cardinal. Les formes antiques qui caractérisent la Renaissance italienne s'introduisent en
France au travers du château de Gaillon de 3 façons différentes : l'acquisition d'objets en Italie ou la commande à un italien établi en France (La
Fontaine qui ornait la Cour d'honneur offerte par la République de Venise), l'intégration dans les façades des bâtiments d'éléments importés
d'Italie (les 42 daillons ornés l'époque) de profil d'empereur romain en marbre de ne qui entouraient la façade de la Cour d'honneur du
château (Galerie du château) et la sculpture dans la pierre d'ornements l'antique" au milieu d'un décor flamboyant (les pilastres entourant les fenêtres
du pavillon d'entrée). La chapelle est meublée de stalles sculptée et marquetée à l'exemple du studiolo d'Urbino (stalles maintenant à st Denis). Andrea
Solario travaillera au château pour Georges 1er d'Amboise (la déploration du Christ avant 1510 pour Gaillon(?) maintenant au Louvre); Solario est présent 3 ans en France
(15.07-1509, il œuvrera à Blois (la Vierge au coussin vert c.1509 MdL) Le cardinal fera également appel à Antoine Juste de Tour/ Antonio Giusti pour réaliser 12
représentations en terre cuite des apôtres et du Christ, dont il ne subsiste que 2 statues en pied et une tête (Antoine Juste de Tour tête en terre cuite MdL). Ce
sculpteur (et son frère) reçoit la commande du tombeau de Louis XII et Anne de Bretagne vers 1515 Saint Denis dans un style italien.
Les chantiers de François 1er En 1515, François 1er monte sur le trône (Clouet portrait de François 1er MdL). Affichant sa passion pour les arts il lance de
grands chantiers. Il fait agrandir Blois en s'inspirant du Vatican (Château de Blois façade des loges 1516.1517). Il fait venir en 1517 Léonard de Vinci au clos Lucé.
Ne réalisant plus rien depuis des années, Léonard conçoit résidence et château (Romorantin) que le roi souhaitait installé dans un lieu de marais
(plan de Léonard). Chambord, œuvre du règne de François 1er, doit être compris avec le système et les fantasmes de Léonard (plan). Le donjon, la
présence du grand escalier à vis sont à rapprocher des études de rampes autour d'un noyau central pour lequel l'Italien a beaucoup travaillé (dessin
d'escalier à 4 rampes, à 10 rampes). Il trouve en François 1er la confiance et l'ambition pour ses travaux. Quand il meurt en France, ses œuvres iront à son
"aide" Salai, qui finira par vendre au roi la Joconde et la Vierge aux rochers (Louvre). Andrea del Sarto à l'origine du maniérisme, sera en France entre 1518-19.
Il laissera la Charité (Louvre, un st Jérôme, le portrait du dauphin… En 1530 le roi s'installe à Fontainebleau. Pour le décor il fait venir le Rosso
Fiorentino. Selon G. Vasari Rosso dessina à Venise, vers 1530 à la demande de l'Arétin, une allégorie pour le roi de France François Ier Mars désarmé
par Cupidon, et Vénus dévêtue par les nymphes et les amours MdL De lui on connaît Descente de croix du musée de Volterra (1521), Christ mort entre deux anges (Boston, M. F. A.). et la piéta du Louvre, œuvres très
maniéristes. Élève du maniériste Andrea del Sarto, Rosso Fiorentino est l’un des principaux artistes de la première École de Fontainebleau,
rassemblés autour du projet de François Ier pour la décoration du château. Leurs œuvres, à la fois inspirées du maniérisme italien, de la manière
française et des influences nordiques, montrent un choix iconographique original, empreint de mythologie héroïque, de symboles érotiques et
d’allusions au roman courtois. . Il va introduire les décors de Stuc, organisation inédite à l'époque. Il réalise le pavillon de Pomone, le pavillon des
Poesles, la galerie basse et surtout la galerie François Ier (1534-1540), son chef-d’œuvre, pour partie disparu (galerie de François 1er à Fontainebleau, incendie de
Catane, ayant pour modèle l'incendie du Borgo de Raphael au Vatican). 12 fresques dans un fantastique encadrement de stucs d'une extraordinaire variété de motifs
(masques, guirlandes, putti," cuir ") l'ornement joue un rôle privilégié, soulignant ou complétant le sujet de la fresque principale. La mort
soudaine de Rosso en 1540 laisse le champ libre pour trente ans à Primatice arrivé en 1532 comme substitut de Giulio Romano. Devenu en 1544
abbé de Saint-Martin à Troyes, il poursuit sa carrière de Peintre du Roi et oriente son activité vers l’architecture et la sculpture; il structure son
atelier comme ceux de Raphaël et de Giulio Romano. Il dessine pour concevoir et, colonisant le talent d’autrui, s’entoure d’interprètes peintres,
émailleurs ou sculpteurs qui sont des créateurs à part entière : Nicolò dell’Abate, Germain Pilon, Dominique Florentin ou onard Limousin
(dessin du cor de la chambre du roi truit sous Louis XIV, cheminée de la chambre de la reine 1532). En 1540 son style s'est affranchit de Jules Romain, devenant extrêmement
sensuel (dessin pour peinture de la chambre du roi, détruite, fragment à Wiesbaden). Il réalise le décor de l'appartement des bains vers 1541.47 (Coupe époque Louis XIV, dessin Diane
découvrant la grossesse de Callisto MdL) Il réalise le décor de la chambre de la duchesse d'Étampes (1541-1544), défigurée par un escalier sous Louis XV
les grandes figures de stucs rythment symétriquement les fresques, préparées par de magnifiques dessins : la Mascarade de Persépolis (Louvre). Primatice avait
entrepris, dès 1541, de peindre la Galerie d'Ulysse (auj. disparue), à laquelle il travailla presque jusqu'à sa mort : 58 compositions sur les parois, et
sur la voûte, divisée en 15 travées ornées de grotesques, apparaissait une multitude de sujets aux audacieux raccourcis (l'Olympe dessins ; gravures). Il
orne le vestibule de la porte Dorée (1543-44) de 6 compositions, encore en place et la grotte du jardin des Pins (1543, fresques, ruinées) de sujets vus
en perspective (Minerve, Junon, dessins au Louvre). Il réalise de nombreuses copies d'Antiques. (Ariane et Venus) faisant dire à Vasari que Fontainebleau est une
nouvelle Rome.
Benvenuto Cellini sera actif entre 1540 et 45 à Fontainebleau. Sculpteur et Orfèvre, La Nymphe de Fontainebleau (haut-relief en bronze, vers 1543, château d'Anet, puis Louvre)
marque ses débuts dans la sculpture de grand format. On lui doit aussi l'exceptionnelle salière de François 1er (KHV). Toujours au service de François 1er
Sebastiano Serlio, est un architecte bolonais, arrivé en 1541 et qui écrira un traité d'architecture (Frontispice dédié au roi). On lui doit l'hôtel du cardinal de
Ferrare (détruit), Ancy le franc vers 1546. Dès 1540 on s'aperçoit de l'influence italienne sur Jean Goujon (Jubé de saint Germain// piéta du Rosso), sur Jean Cousin (Eva
Prima Pandora MdL // Diane d'Aneth) et sur Germain Pilon (Cœur de Henri II // brûle parfum de Raphaël sans doute exécuté pour François 1er). Les artistes français ont assimilé les principes
italiens. Se met alors en place vers 1540 une formation en Italie des français dont bénéficient Philibert Delorme est en Italie en 1530, Pierre
Lescot, Jean Bullant… c'est ainsi que l'on note au château de st Maur, une absence de toit et un rez-de-chaussée surélevé, à Aneth un plan centré, et que le
tombeau de François 1er et de son épouse possède un arc de triomphe et des motifs antiques. Jean Bullant à Ecouen en 1540 réalise le portique des esclaves de Michel
Ange qu'Anne de Montmorency reçoit en cadeau d'Henri II pour orner les niches de la façade (dessin).
La place acquise par les Italiens en France est conforté sous Henri II et Charles IX par Catherine de Médicis. Entre 1552 et 1556, à
Fontainebleau, Primatice décore la Salle de bal, entièrement peinte à fresque de sujets mythologiques sur les murs et entre les fenêtres (salle de bal,
écoinçons de Cérès avec le modèle issu d'un dessin de Michel-Ange). Il fut aidé par Nicolò Dell'Abate, s 1552, nouveau venu à Fontainebleau, qui deviendra son
collaborateur habituel et aura une carrière propre (Paysage avec Orphée et Eurydice NGL); Il fut un précurseur de Nicolas Poussin et de Claude Lorrain grâce à
ses paysages avec des personnages de la mythologie.
Léonard Limosin ( avant 1577), figure majeure de l'art de l'émaillerie peinte du XVIe siècle, est le seul émailleur documenté à la Cour de France
où il a travaillé pour François 1er, Henri II et les membres de la Cour. Son œuvre frappe par sa très grande qualité, la diversides thèmes, et des
sources, des formes d’élégance, des figures atténuées et l'originalité technique. Le retable de la sainte chapelle vers 1552.53 (MdL) est issu de dessins de Niccolo dell'
Abate (9 dessins à l'EnsBa). La commande précise que la Crucifixion, la Résurrection, les portraits royaux et les médaillons de la Passion devront être
faits suivant les « pourtraicts », c’est-à-dire les dessins, de Léonard Limosin. Catherine de dicis (portrait par Clouet François (vers 1515-1572) Bnf) encourage ces
arts. Elle fait réaliser à Fontainebleau la porte sur les fossés, selon la formule mantouane : une porte de grès, utilisée sur l’ancien fossé caractéristique de cette «
manière italienne » avec ses bossages puissants qui évoquent, de façon attachante, le bloc primitif et le travail du burin. Au-dessus, contrasté mais
cohérent, s’élève un petit dôme à lanternon, en calcaire plus clair (réutilisée dans la porte du Baptistère). L'aile de la Belle cheminée est conçue en 1568.71 par Primatice
qui la dote d'un escalier à deux rampes droites divergentes. Encadrée par les deux pavillons latéraux, la façade offre un rez-de-chaussée à bossages,
un étage à pilastres d'ordre dorique et des combles volumineux. Les niches de la travée centrale renfermaient des bronzes dont Primatice avait
rapporté les moules de Rome. Catherine confiera la pensée du tombeau du couple royal à Primatice. alisé de 1560 à 1573, par Primatice, le
sculpteur italien Ponce Jacquio et le français Germain Pilon, cet ensemble monumental est animé par des marbres de différentes couleurs, une
pratique directement inspirée du nouvel esprit italien. Les monumentales vertus de bronze aux quatre angles du tombeau, sont un exemple
frappant de l’art maniériste. Les deux gisants d’Henri II et de Catherine de Médicis sculptés en vêtement de sacre, peuvent être interprétés comme
une réplique en marbre des effigies funéraires au visage en cire, qui étaient réalisées lors des funérailles royales. Ponce Jacquiot a travaillé à Rome
au palis Ricci Sacchetti introduisant la manière et le bellifontains. Étienne Dupérac, travailla aussi à Rome dans les années 1560. Entre 1567 et
1578, il publia de nombreuses eaux-fortes importanes pour la topographie romaine et l'archéologie, en particulier le recueil I Vestigi dell'Antichità
di Roma (1575) et un grand plan de Rome de 1577. Il œuvra au palazzo Caetani (cor du plafond détruit 2WW), dans un style italien.
Au début du XVIIè les choses s'inversent et ce sont les artistes français qui ont alors une position dominante avec des personnalités comme
Simon Vouet
(la diseuse de bonne
aventure 1618.20 Ottawa) ou
Nicolas Poussin
qui fera toute sa carrière en Italie (la mort de Germanicus - 1628 Minneapolis)
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