1
INTRODUCTION
La psychologie a commencé par s’inscrire dans les disciplines philosophiques
cherchant à étudier l’âme, l’esprit, la vie intérieure, les phénomènes subjectifs, la
conscience .
Les premières ébauches de méthode scientifique ont consisté à accéder à
l’ensemble des expériences subjectives par l’analyse introspective (réflexion du sujet
sur lui-même) et par l’analyse du langage traduisant les émotions, sentiments,
pensées, souvenirs, perceptions .
Le courant scientifique issu du positivisme a conduit à souligner les manifestations
observables et mesurables des faits subjectifs en vue d’en découvrir les lois de
formation, voire les mécanismes matériels, cérébraux et organiques en général .
La méthode expérimentale fut largement appliquée pour analyser les sensations
(psychologique), les réactions motrices élémentaires (psychophysiologie des
réflexes), la mémoire et les processus d’apprentissage, surtout à partir des lois
trouvées chez les animaux .
Le Behaviorisme a consacré la psychologie comme science du comportement
adaptatif, rejetant toute analyse des états de conscience mais aussi de toute
expérience subjective intervenant entre l’action contrôlable des stimuli et les
réactions comportementales mesurées, considérées comme indicatrices
d’apprentissage ou d’intelligence .
Les processus émotionnels ou mentaux intermédiaires ne faisaient pas l’objet d’une
analyse spécifique, et aucune référence directe n’était faite au cerveau ni aux
structures organiques impliquées dans la traduction des stimuli en réponses
comportementales adaptées .
Aujourd’hui, la psychologie étudie pour eux-mêmes les processus émotionnels et
mentaux, élémentaires ou complexes, qui traitent les informations de l’environnement
et produisent diverses catégories de comportement : réactions motrices, réponses
verbales, attitudes sociales, sentiments, activités intellectuelles et symboliques .
Ses méthodes sont diverses : observation des activités motrices (signaux de
communication non verbale), mesure de l’activité corticale (ex : la reconnaissance
des visages et leurs expressions) ou endocrinienne (ex. : réactions hormonales au
stress), réponses verbales à des questionnaires, évaluation des effets d’une
psychothérapie, stratégies de résolution de problèmes logiques, etc.
D’une manière générale, la psychologie contemporaine étudie l’ensemble des
représentations mentales des animaux et des humains, en considérant qu’elles sont
souvent associées à des processus émotionnels .
La psychologie cognitive s’intéresse plus particulièrement aux opérations mentales
qui traitent et transforment les informations physiques, sociales ou culturelles .
Un grand nombre de recherches en psychologie pratique la méthode expérimentale,
en laboratoire ou à partir de données collectées sur le terrain (intervieuws,
questionnaires).
2
Même la psychologie clinique teste des hypothèses empiriques sur des patients et
évalue par des mesures l’effet réel des traitements sur les émotions ou les capacités
cognitives .
Les recherches testent et souvent produisent des modèles théoriques quelquefois
mathématiques (ex. : modèles probabilistes de l’apprentissage), mais dans tous les
cas dotés d’une logique interne et de propositions réfutables .
La psychologie se distingue donc de la littérature populaire consacrée à la pléthore
des problèmes affectifs et sociaux dont souffrent les couples et familles qui nous
entourent .
De même, les psychologues, se distinguent de la nébuleuse de praticiens plus ou
moins sincères et plus ou moins efficaces qui composent la classe des « Psys » .
Aussi, les fédérations nationales des psychologues ne reconnaissent que les
détenteurs d’un diplôme universitaire obtenu à la fin d’une formation complète (alors
qu’un »psychothérapeute » ou un « sexologue » peuvent n’avoir suivi qu’une
formation personnelle auprès d’un maître autoproclamé) .
Enfin, il existe bien des connexions entre la psychologie et d’autres sciences .
3
Exemplespertinents pour un cours de Bac1 en ESPO : *
Biologie Ethologie animale * psychologie animale
(l’homme est 1 primate) Ethologie humaine * « comparative
Sociobiologie * « évolutionniste
Physiologie * « -physiologie
Neurosciences * neuro-psychologie
Médecine Générale * psychologie de la santé
(stress, douleur, dépression)psychiatrie * pathologie
pharmacie psycho-pharmacologie
Pédagogie * psychologie de l’enfant
Sciences de l’éducation « scolaire
Linguistique * psychologie linguistique
Philosophie Epistémologie psychologie cognitive
Ethique « morale
Economie * psychologie économique
Droit psychologie judiciaire
Théologie psychologie de la religion
Sociologie * psychologie sociale
(leadership, * psycho-sociologie
coopération-compétition * psychologie industrielle
organisation des entreprises, * « différentielle
stéréotypes sociaux) (ex : ♂♂ ≠ ♀♀ )
Anthropologie, Ethnologie * psychologie interculturelle
(polygamie-monogamie,
communication non verbale universelle)
Sciences politiques * psychologie politique
(persuasion, charisme à la TV,
préférences partisanes, idéologies)
PREMIERE PARTIE L’EXPLICATION DES COMPORTEMENTS
4
I.1. PAR L’ETHOLOGIE
I.1.1 L’Ethologie a démontré l’existence de comportements instinctifs :
Spécifiques (propres à chaque espèce animale) ;
Indépendants d’un apprentissage, même s’ils sont modifiables par
l’expérience au cours de l’ontogenèse précoce ou tardive : ils sont hérités :
transmis par le programme génétique de l’espèce, sélectionnés et conservés
par l’évolution de l’espèce ; certains sont présents à la naissance (innés), mais
la majorité se développent après des périodes de maturation organique
spontanée ( déterminée par le programme génétique) ou bien influencée par
les stimulations de l’environnement ;
De forme motrice peu variable et présentant peu de différences individuelles
(actes et séquences d’actes stéréotypés) ;
Déclenchés de manière plus ou moins automatiques par des stimuli et
configurations schématiques efficaces en fonction de l’état organique interne
de l’animal (motivation :sexuelle, agressive, alimentaire, parentale, etc …) .
Exemples
Le mâle épinoche en état de reproduction construit un nid autour duquel il
défend un territoire contre des mâles rivaux . Tout comme lui, ceux-ci
présentent un ventre de couleur rouge alors que les femelles pleines
présentent un ventre gonflé de couleur grise . Or, l’agression territoriale du
mâle résident est déclenchée par la détection du ventre rouge du mâle rival .
Tinbergen l’a démontré expérimentalement en introduisant dans les
aquariums des modèles artificiels d’un mâle d’épinoche (méthode des
leurres) : aucun modèle n’est attaqué s’il est dépourvu du signal « ventre
rouge) même s’il ressemble beaucoup à un mâle vivant ; au contraire, la
réaction agressive du mâle territorial est automatiquement déclenchée par
tous les leurres portant un ventre rouge, même s’ils reproduisent de manière
grossière la forme d’un congénère . Par ailleurs, la réaction agressive est
d’autant plus rapide et intense que les modèles possèdent une partie
inférieure rouge plus étendue : même s’il paraît caricatural, ce leurre est
porteur d’un stimulus supra-normal exagéré . la réaction est également plus
intense si le leurre est introduit en position verticale, la tête vers le bas . Un
leurre qui combine ces deux propriétés déclenchantes sera
proportionnellement plus efficace que l’addition de deux leurres porteurs
chacun d’une seule propriété déclenchante : d’une manière générale ,
l’efficacité des divers stimuli déclencheurs tend à se combiner de manière
additive (p.ex. une photographie de taureau portant le stimulus « cornes »
déclenchera davantage d’approches des vaches si elle est présentée
simultanément avec des enregistrements des vocalisations sexuelles du
taureau) .
Le bec de la femelle goéland possède une tache rouge qui déclenche la
quémande alimentaire de son petit, qui picore la tache (expériences en milieu
naturel de Tinbergen avec des modèles faciaux de goéland femelle) .
5
La femelle goéland cherche à couver des leurres d’œufs porteurs d’une
configuration tachetée typique des œufs de son espèce ; elle couvera d’autant
plus vite et longtemps qu’on lui présente un œuf supra-normal (et une femelle
Albatros couvera un pamplemousse ) .
Les pépiements d’alerte et la fuite des poussins sont déclenchés par la vue de
formes cartonnées reproduisant une configuration « faucon », prédateur ailé .
La méthode des leurres est appliquée pour stimuler la reproduction des
animaux d’élevage (leurres supra-normaux de vache pour déclencher la
monte du taureau et collecter son sperme dans le vagin artificiel ; leurre de
verrat, remplacé par l’humain, et sommation de stimuli tactiles, olfactifs et
visuels pour déclencher la réceptivité sexuelle de la truie ) .
Exemples chez les humains
Déclenchement de réactions instructives de protection parentale à la vue des
formes animales juvéniles, infantiles : chiots , chatons, canetons, etc… que
nous trouvons beaucoup plus « mignons », « chou », que dans leur forme
adulte . L’effet de ces formes néoténiques est d’autant plus marqué que
l’animal est petit .
Création par sélection génétique de lapins nains ( stimuli supra-petits) .
Formes très juvéniles des animaux dessinés par W. Disney et autres
créateurs de bandes dessinées pour enfants .
Accentuation depuis 50 ans des traits juvéniles chez Mickey .
Accentuation, depuis un siècle, des traits infantiles chez les ours en peluche .
Attirance des enfants pour les poneys, application à l’ hippothérapie pour
améliorer la communication et la sociabilité des enfants autistes .
Préférences (photos) des enfants de 4 ans (garçons et filles) : chiot (ou chaton
ou lapin nain) > bébé > chien > enfant de 8 ans > jolie femme souriante >
beau jouet, fleurs .
Préférence des enfants de 6 ans : adultes humains avec chiot (photos) >
adultes humains attirants et souriants sans chiot ou avec un enfant .
Applications à la publicité : alimentation pour gros animaux de compagnie
présentée avec des chiots ou des chatons ; produits de consommation
associés à de très jeunes enfants .
Accentuation des stimuli sexuels déclencheurs par le maquillage (grands
yeux, lèvres rouges) et par la chirurgie esthétique (gonflement des lèvres et
des seins par le silicone.
1 / 23 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !