LIEN - Le chant des funambules

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QU’EST CE QU’UNE PSYCHOTHÉRAPIE ?
(Cette fiche répond à quelques questions couramment posées sur ce sujet, elle
n’est pas exhaustive, car ceux qui sont les mieux à même de répondre à la
question : « qu’est-ce qu’une psychothérapie ? » sont ceux qui ont entrepris
d’en faire une…)
Définition
Une psychothérapie est littéralement « un soin par l’esprit ». Elle implique au
minimum deux personnes (deux « esprits ») : le thérapeute et son patient. Une
psychothérapie n’est donc pas une auto-analyse ni une introspection solitaire
puisqu’elle requiert la présence d’un tiers, le psychothérapeute, dont l’esprit va agir
d’une certaine façon sur l’esprit de son patient. Cette action d’un esprit sur un autre
esprit se doit d’être bienfaisante, « aidante », elle est donc un soin susceptible
d’aider le patient, soit la personne souffrante, à trouver des solutions pour améliorer
son état de souffrance intérieure. Le véhicule principal de la psychothérapie et de
son action, ce qui la rend possible, c’est la parole, la volonté, le désir de parler de soi
à un autre et d’accepter, en retour, la parole de cet autre.
Un peu d’histoire
Il est probable que l’idée de psychothérapie est vieille comme l’humanité elle même
puisqu’aucun homme ne peut s’assurer de vivre entièrement seul et que les humains
ont besoin les uns des autres pour survivre. Ainsi, les dialogues platoniciens donnent
un exemple d’une forme ancestrale de psychothérapie : celle par laquelle Socrate en
posant des questions spécifiques à son interlocuteur lui permet de trouver la voie du
juste et du vrai. Une autre forme de ce qui pourrait être les prémisses de la
psychothérapie, est l’invention, au Moyen-Âge, de la confession, pratique par
laquelle les péchés (et les souffrances qui sont sensées en découler), parce qu’ils
sont avoués, sont remis et absous par l’intermédiaire d’un autre sujet, le prêtre. Mais
c’est surtout au XIX° siècle, à l’époque où la médecine moderne telle que nous la
connaissons actuellement, est en train de s’édifier, que l’on commence à soigner
certains troubles mentaux par ce que l’on nommait à l’époque, le « traitement
moral », c’est à dire l’influence que l’autorité du médecin constituait, pour redresser,
guider, rectifier les idées « erronées », délirantes ou déviantes de son malade. La
découverte du pouvoir de l’hypnose, dont l’action permet de guérir certains troubles
physiques d’origine psychique et de faciliter le souvenir de faits anciens, puis l’idée
d’un « inconscient », partie de nous même cachée, qui nous fait agir à notre insu, et
la mise au point qui en découle de la psychanalyse par Freud, vont alors
définitivement assurer le lancement de l’idée de psychothérapie, de traitement par
l’esprit, au sens où nous l’entendons maintenant.
Les trois grands courants psychothérapiques contemporains
Pendant longtemps, jusqu’au milieu du XX° siècle la psychothérapie découlait de la
technique mise au point par Freud, la psychanalyse. Cette psychothérapie est dite
psychodynamique. Depuis d’autres grands courants sont apparus en particulier les
thérapies dites systémiques et les thérapies cognitivo-comportementales. Il faut
maintenant parler de psychothérapies, au pluriel.
En simplifiant considérablement :
les thérapies psychodynamiques sont basées sur l’introspection que le
thérapeute doit favoriser, avec l’idée que « le passé éclaire le présent » et que
les souvenirs d’enfance, les premières relations, les premières émotions,
etc…, continuent d’influer sur notre vie présente, parfois en l’entravant. Il est
nécessaire d’en prendre conscience pleinement et d’élaborer longuement ces
faits et de les éprouver à nouveau pour s’en défaire. Par exemple, telle
personne victime dans l’enfance, d’un père très humiliant continuera sa vie
durant à se soumettre à des personnes qui n’exercent même pas à son égard
de fonctions d’autorité…
- Les thérapies systémiques ciblent plus particulièrement les interactions entre
les sujets d’un même système par exemple d’un même système familial.
Chacun des membres se trouve pris dans une certaine routine relationnelle
croyant faire ce que les autres attendent de lui ou ce qu’il pense être son
devoir de faire. Le patient souffrant n’est en fait considéré que comme la
victime d’un système qui l’oblige pour jouer son propre rôle à s’enfermer dans
des contradictions dont il ne peut sortir que par de la souffrance psychique et
un désarroi symptomatique. Le rôle du thérapeute ou des thérapeutes,
consistera donc à favorise la modification de ces interactions entre les
différents membres du groupe, modifications qui, à terme, devront soulager le
patient de ses contradictions internes.
- Les thérapies cognitivo-comportementales visent à changer les pensées et les
comportements du sujet souffrant. Ce sont les symptômes mêmes du patient
qu’il lui faut apprendre à combattre et le thérapeute est là pour l’y inciter en
l’aidant à sortir d’attitudes, de pensées négatives, qui ne font que pérenniser
ses symptômes. Par exemple les patients déprimés ont tendance à ruminer
leurs idées noires et parfois à s’y complaire à leur insu. Le travail
psychothérapique consiste à les aider à sortir de ce cercle vicieux…
Il y a bien sûr bien d’autres psychothérapies : elles dérivent souvent des
précédentes.
-
Comment faire une psychothérapie ?
Quelle que soit la voie choisie, la psychothérapie que l’on va entreprendre est
une auto-prescription. Cela signifie que si un médecin, un parent, un ami vous
conseille de faire une psychothérapie, ce n’est pas lui qui va la faire à votre place
et qui va en vivre les progrès mais aussi les découragements et les éventuelles
déceptions. Le premier moteur de la psychothérapie et le plus essentiel est la
motivation. Car la psychothérapie est d’abord un travail. Un travail sur soi, qui
comme tout travail ne va pas de soi et demande un effort, un travail qui va (et
doit) remettre en cause sa façon de vivre, ses idées reçues, ses relations avec
autrui. Celui qui entreprend pareille entreprise le fait ni par plaisir, ni par mode
mais parce qu’il a pris conscience que quelque chose dans sa vie ne va plus et
qu’il ne peut continuer à vivre comme il le fait à présent, parce qu’il a trop de
symptômes gênant (angoisses, obsessions, phobies, malaises physiques
divers…) ou que sa vie relationnelle est devenue trop compliquée. Il faut être de
surcroît prêt à partager sa vie psychique (ses pensées et ses pensées parfois
intimes) avec un autre, ce qui n’a en soi rien d’évident, il faut être curieux aussi et
avoir envie d’en apprendre un peu plus sur soi que l’on en sait actuellement, en
acceptant qu’une autre personne vous renvoie des choses qui ne vous feront pas
toujours plaisir.
Enfin c’est un travail qui, quelle que soit la technique employée et quoiqu’on en
dise, prend du temps. Les symptômes psychiques, les troubles relationnels, sont
très profondément ancrés dans l’esprit humain et n’en sont pas extraits comme
un chirurgien vide un abcès ou enlève une tumeur : changer prend du temps et
d’autant plus qu’une partie de nous-même résiste toujours au changement. Un tel
travail ne peut être fait ni « en passant », ni en dilettante, ce qui implique un
certain nombre de séances à un rythme suffisamment soutenu et que l’on ne peut
annuler sous n’importe quel prétexte. Tout cela est évidemment à discuter avec le
psychothérapeute.
Bien entendu les enfants et les adolescents doivent être encouragés et soutenus
par leurs parents ou leurs proches pour pouvoir s’approprier et accepter un travail
dont ils ne comprennent pas toujours au départ le sens, voire la nécessité.
En résumé : il fait être motivé, curieux d’en apprendre sur soi, prêt à
partager sa vie psychique et accepter de consacrer du temps et de l’énergie
à cette entreprise qui est aussi découverte et enrichissement personnel.
Tout le monde ne peut donc pas entreprendre une psychothérapie à n’importe
quel moment et avec n’importe qui. Une psychothérapie n’est pas non plus
l’unique moyen thérapeutique dans tous les cas de souffrance psychique :
certains troubles mentaux nécessitent d’autres abords, en particulier
médicamenteux, mais même dans ces cas-là elle peut constituer une aide
précieuse.
Le choix du psychothérapeute
Il y a évidemment le choix de la méthode, mais celle-ci ne doit pas escamoter le
rôle du thérapeute lui-même. Celui-ci n’est pas seulement l’homme ou la femme
d’une technique mais celui ou celle d’une expérience et d’une formation. A ce
sujet, les études de psychologie ou de médecine assurent sans doute le mieux
les bases d’une formation qui n’est cependant pas suffisante pour être
psychothérapeute. Celle-ci requiert en effet l’expérience d’avoir été soi-même
« en thérapie », d’avoir ensuite été supervisé, c’est à dire d’avoir pu rendre
compte à un thérapeute plus expérimenté que soi de ses premières expériences
en tant que thérapeute, et enfin d’avoir acquis au fil du temps une expérience
suffisante pour assurer à ses patients sécurité et compétence. Un bon
psychothérapeute doit également peser ses indications, connaître ses limites et
savoir faciliter et libérer la parole de son patient.
Mais tout cela ne suffit pas, il est aussi nécessaire que le patient se sente en
confiance avec le thérapeute qu’il sollicite, qu’il est envie de s’engager avec lui,
de la même manière que le thérapeute exigera plusieurs séances avant de
décider de prendre tel ou tel patient en thérapie : se sent-il de la faire, le patient
est-il suffisamment motivé, peut-il vraiment l’aider, etc… ?
Parfois la technique dont se réclame tel ou tel vaut moins que l’expérience dont il
dispose…
La psychothérapie fait peur…
Parfois à juste titre. Tout le monde a en tête ou redoute les manipulations
mentales que peut exercer un esprit sur un autre esprit, la crainte des mauvaises
influences qu’une personne peut exercer sur une autre. Et si un esprit peut être
« aidant », sécurisant, « soignant », on conçoit bien que l’inverse puisse être vrai.
D’où encore une fois, l’importance des garanties que l’on se donne, la nécessité
d’écouter ce que l’on ressent face à son éventuel futur thérapeute, la confiance
qu’on a ou non envie de lui accorder, (se méfier en particulier de ceux qui font du
prosélytisme pour eux-mêmes ou leur propre chapelle…)
Si le statut de psychothérapeute commence à être réglementé en France et dans
un grand nombre de pays européen, il faut déplorer que beaucoup de personnes
qui se prétendent psychothérapeute ou encore psychanalyste n’ont suivi aucune
formation cohérente (quand ils en ont une !) et que d’autres font parfois partie de
sectes prônant des méthodes plus ou moins ésotériques. Se méfier comme la
peste de ceux qui font soi-disant des miracles (il n’y a aucun miracle en ce
domaine : encore une fois les résultats sont d’abord à la mesure de son travail et
de l’investissement qu’on y place). Un très grand nombre de gens savent faire un
commerce substantiel de la souffrance et du désarroi d’autrui.
Un assez bon exemple du travail psychothérapique est illustré par la série
américaine d’origine israélienne In Therapy (mal traduit en français sous le titre :
En Analyse) avec Gabriel Byrne.
Quelques définitions :
Psychothérapeute : qui pratique la psychothérapie.
Psychologue : qui a fait des études de psychologie et qui est titulaire d’un DESS
dans cette discipline.
Psychiatre : qui fait des études de médecine puis une spécialité de psychiatrie
(étude des maladies mentales)
Psychanalyste : qui pratique la psychanalyse (cf. fiche à ce sujet)
Dr Thierry VINCENT
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