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« Le bonheur est dans le pré » : rapport entre le bonheur et la nature avec une identification spatial
ce qui rend possible mais aussi réel en vertu de don inscription dans l’expérience ( hic et nunc) par
opposition à un bonheur d’outre-monde promis par les religions et autres eschatologies.
« Pour vivre heureux, vivons cachés » : caractère privé et fragile du bonheur excluant autrui et la
société (éviter l’injustice par exemple), impératif épicurien de cultiver son jardin .
Définition générale extraite de ces expressions : le bonheur est état de satisfaction suprême,
représenté comme le but ultime de tout individu. Analogie entre la morale et son caractère universel
(il y a des morales partout, dans toutes les sociétés) et le bonheur dans l’universalité du désir
éprouvé par chaque individu et dans sa recherche.
Le bonheur est l’objet d’une heuristique (heuristikê tekhnê « art de découvrir », heuriskein,
« trouver ») et non d’une algorithmique ( processus systématiques de résolution d'un problème
permettant de décrire les étapes vers le résultat, ie une suite finie et non-ambiguë d’instructions
permettant de donner la réponse à un problème comme c’est le cas dans une recette de cuisine.) En
effet le bonheur est une recherche seulement approché et convenable.
Ex d’algorithme : une recette de cuisine car contient les éléments constitutifs :
des entrées (les ingrédients, le matériel utilisé)
des instructions élémentaires simples, dont l'exécution amène au résultat voulu
un résultat : le plat préparé.
L’interprétation des expressions du sens commun conduisent à refuser l’évidence à la notion de
bonheur et à sa réalité. D’où l’impératif de se mettre à la recherche d’un centre de gravité de la
notion.
Le fil conducteur de notre analyse résidera conséquemment dans les interrogations suivantes :
( problématique du cours)
Quid de la nature du bonheur : est-il inscrit dans l’espace et le temps c’est-à-dire dans l’expérience
humaine ou bien est-il transcendant ? Plus radicalement n’est-il qu’un idéal , voire une simple
aspiration illusoire ? Si c’est le cas pourquoi le rechercher malgré tout ?
Par ailleurs la recherche du bonheur est-elle clairement identifiée ? En effet les critères
antagoniques du plaisir et de la vertu sont-ils assez heuristiques pour saisir et réaliser le bonheur ?
A défaut y-a-t-il un critère essentiel du bonheur, critère saisissable rationnellement ? Si oui lequel
à défaut en quoi le bonheur fait-il l’objet d’un art et est-il sujet au génie ? Enfin le bonheur comme
simple horizon se pense-t-il par homologie avec la recherche de la sagesse ?
Trois axes d’exploration: ( esquisse de résolution des apories )
1. Assimilation du bonheur au plaisir ou la perspective hédoniste : le plaisir des sens convoquant la
sensibilité et ayant pour critère la sensation. De la multiplicité des plaisirs et des désirs.
2. Définition du bonheur comme une pratique : celle de la vertu ou la perspective rationnelle
(ascétique) : le bonheur du point de vue de la raison comme équilibre et modération dans les
techniques de soi.
3. Tentative de réconciliation du plaisir et de la vertu : la synthèse rigoureuse de l’épicurisme comme
hédonisme ascétique (la ≠° des plaisirs, leur classification, le rôle du jugement ). Question : la vertu
est-elle un moyen ou une fin du bonheur ? (étude littérale de la Lettre à Ménécée d’Épicure)