C.F.L.N, dès que les circonstances politiques et militaires permettront d'assurer, même au prix de lourds
sacrifices, son succès.
Ils ont l'espoir que les opérations de la Libération du pays, prévues par le plan de l'état major interallié,
pourront ainsi être, le cas échéant, avancées grâce à l'aide apportée par les Français dans la lutte
engagée contre l'ennemi commun, ainsi que l'a démontré l'exemple glorieux des patriotes corses.
Ils affirment solennellement que la France qui, malgré l'armistice, a poursuivi sans trêve la guerre, entend
plus que jamais développer la lutte pour participer à la libération et à la victoire.
Pour mobiliser les ressources immenses d'énergie du peuple français, pour les diriger vers l'action
salvatrice dans l'union de toutes les volontés, le C.N.R décide :
D'inviter les responsables des organisations déjà existantes à former des comités de villes et de villages,
d'entreprises, par la coordination des formations qui existent actuellement, par la formation de comités là
où rien n'existe encore et à enrôler les patriotes non organisés.
Tous ces comités seront placés sous la direction des comités départementaux de la libération (C.D.L). Ils
seront soumis à l'autorité des C.D.L qui leur transmettront, comme directives, la plate-forme d'action et la
ligne politique déterminée par le C.N.R.
Le but des ces comités sera, à l'échelon communal, local et d'entreprise, de faire participer de façon
effective tous les Français à la lutte contre l'ennemi et contre ses agents de Vichy, aussi bien par la
solidarité et l'assistance active à l'égard des patriotes sous l'impulsion et le soutien donnés aux
revendications vitales de notre peuple. Par dessus tout, leur tâche essentielle sera de mobiliser et
d'entraîner les Français qu'ils auront su grouper à l'action armée pour la Libération.
Ces comités devront, selon les circonstances et en se conformant aux instructions données par les
C.D.L, appuyer et guider toutes les actions menées par les Français contre toutes les formes
d'oppression et d'exploitation imposées par l'ennemi, de l'extérieur et de l'intérieur.
Ces comités devront :
1) Développer la lutte contre la déportation et aider les réfractaires à se cacher, à se nourrir, à se vêtir et
à se défendre, enlevant ainsi des forces à l'ennemi et augmentant le potentiel humain de la
RÉSISTANCE ;
2) Traquer et punir les agents de la Gestapo et de la Milice de DARNAND ainsi que les mouchards et les
traîtres ;
3) Développer l'esprit de lutte effective en vue de la répression des nazis et des fascistes français ;
4) Développer, d'une part, la solidarité envers les emprisonnés et déportés; d'autre part, la solidarité
envers les familles de toutes les victimes de la terreur hitlérienne et vichyssoise;
5) En accord avec les organisations syndicales résistantes, combattre pour la vie et la santé des Français
pour une lutte quotidienne et incessante, par des pétitions, des manifestations et des grèves, afin
d'obtenir l'augmentation des salaires et traitements, bloqués par Vichy et les Allemands, et des rations
alimentaires et attributions de produits de première qualité, réduites par la réglementation de Vichy et les
réquisitions de l'ennemi, de façon à rendre à la population un minimum de vital en matière d'alimentation,
de chauffage et d'habillement ;
6) Défendre les conditions de vie des anciens combattants, des prisonniers, des femmes de prisonniers,
en organisant la lutte pour toutes les revendications particulières ;
7) Mener la lutte contre les réquisitions de produits agricoles, de matières premières et d'installations
industrielles pour le compte de l'ennemi ; saboter et paralyser la production destinée à l'ennemi et ses
transports par routes, par fer et par eau ;
8) Défendre à l'intérieur de la corporation agricole les producteurs contre les prélèvements excessifs,
contre les taxes insuffisantes, et lutter pour le remplacement des syndicats à la solde de Vichy et de
l'Allemagne par des paysans dévoués à la cause de la paysannerie française.
Tout en luttant de cette façon et grâce à l'appui de solidarité et de combativité que développe cette lutte,
les comités de villes, de villages et d'entreprises devront en outre:
a) Renforcer les organisations armées des Forces Françaises de l'Intérieur par l'accroissement des
groupes de patriotes : groupes francs, francs-tireurs et partisans, recrutés en particulier parmi les
réfractaires ;
b) En accord avec les états majors nationaux, régionaux et départementaux des F.F.I, organisées milices
patriotiques dans les villes, les campagnes et les entreprises, dont l'encadrement sera facilité par des
ingénieurs, techniciens, instituteurs, fonctionnaires et cadres de réserve, et qui sont destinés à défendre
l'ordre public, la vie et les biens des Français contre la terreur et la provocation, assurer et maintenir
l'établissement effectif de l'autorité des Comités départementaux de la Libération sur tout ce qui aura été
ou sera créé dans ce domaine pour le strict rattachement aux F.F.I dont l'autorité et la discipline doivent
être respectées par tous.