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MASS, L2, S3
E. Reus
HISTOIRE DE LA PENSÉE ÉCONOMIQUE
PLAN DU COURS
Partie I. L’économie classique
Chapitre 1. Introduction à la pensée économique classique
Chapitre 2. Les acteurs économiques et leur rôle dans la production
Chapitre 3. La division du travail
Chapitre 4. La valeur – L’apport de Smith
Chapitre 5. La théorie de la valeur de Ricardo
Chapitre 6. La loi des débouchés
Chpaitre 7. Le libéralisme économique des classiques
Chapitre 8 : Le salaire
Chapitre 9 : La rente
Chapitre 10 : La répartition du revenu national et son évolution à long terme
Partie II. La pensée de Marx
Chapitre 11. Le matérialisme historique
Chapitre 12. Valeur et exploitation
Chapitre 13. Les prix de production
Chapitre 14. L’évolution du capitalisme
Partie III. L’école néoclassique
Chapitre 15. Les grandes figures de la pensée néoclassiques (Disponible sous forme de
photocopie ou document à télécharger)
Chapitre 16. Les caractéristiques de l’approche néoclassique
Chapitre 17. L’économie politique pure de Walras
Partie III. La pensée de Keynes
Chapitre 18. Contexte et caractéristiques de la révolution keynésienne
Chapitre 19. Le modèle keynésien élémentaire
2
BIBLIOGRAPHIE
Les livres qui seront plus particulièrement évoqués dans ce cours1 :
ENGELS Friedrich et MARX Karl, Manifeste du parti communiste, 1848
KEYNES John Maynard, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie, 1936
MALTHUS Thomas Robert, Essai sur le principe de population, 1803.
MARX Karl, Le capital, 1867
RICARDO David, Principes de l’économie politique et de l’impôt, 1817
SAY Jean-Baptiste, Traité d’économie politique, 1803
SMITH Adam, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations, 1776
WALRAS Léon, Éléments d’économie politique pure, 1774
Autres ressources documentaires :
-
Il existe de nombreux manuels d’histoire de la pensée économique (voir à la BU, les
ouvrages d’HPE ont la cote 330.15).
-
Beaucoup d’informations peuvent être trouvées sur Internet (en français ou anglais) en
faisant une recherche par thème ou par auteur.
Les documents des pages suivantes sont des compléments au cours magistral ou des supports
commentés en cours. Ils ne sont pas un substitut de cours destiné aux étudiants non assidus.
Ces derniers doivent se documenter par eux-mêmes sur les différents thèmes mentionnés dans
le plan du cours.
1
La date indiquée est celle de la première édition des livres cités. Il existe une ou plusieurs
éditions modernes, en français, de chacun des ouvrages indiqués.
3
LA PENSÉE ÉCONOMIQUE CLASSIQUE
1. Période
Cette pensée a des représentants jusqu’à nos jours. Par ailleurs, des thèmes de la pensée
classique ont été intégrés à l’économie telle qu’elle est enseignée aujourd’hui. La théorie
économique de Marx doit également beaucoup à l’héritage classique. Toutefois, on considère
que l’âge d’or de la pensée classique se situe entre 1776 (publication de Recherches sur la
nature et les causes de la richesse des nations de Smith) et 1848 (publication des Principes
d’économie politique de J.S. Mill).
2. Contenu
Impossible de caractériser cette pensée en deux mots avant de l’avoir étudiée… Les
économistes classiques ont en commun de s’inspirer de l’œuvre d’Adam Smith. Ils ont entre
eux des similitudes dans la façon de se représenter le fonctionnement de l’économie,
d’aborder les questions de la valeur, de la répartition, de la croissance, de la liberté
économique… Toutefois, quand on lit leurs écrits, on découvre aussi des différences parfois
sensibles entre les thèses défendues par chacun d’eux.
3. Les principaux économistes classiques
Auteur
Titre d’un livre de cet auteur
Adam Smith (1723-1790)
Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations (1776)
Thomas Malthus (1766-1834)
Essai sur le principe de population (1798 et 1803)
Principes d’économie politique (1820)
David Ricardo (1772-1823)
Principes d’économie politique et de l’impôt (1817)
James Mill (1773-1836)
Éléments d’économie politique (1821)
John Stuart Mill
Principes d’économie politique (1848)
Jean-Baptiste Say (1767-1832)
Traité d’économie politique (1803)
4
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CITATIONS SUR LE THÈME DE LA LOI DES DÉBOUCHÉS
A) Citations de Jean-Baptiste Say (Source : Traité d’économie politique, Calmann-Lévy,
1972, chap. 15)
A1) L’homme dont l’industrie s’applique à donner de la valeur aux choses en leur créant un
usage quelconque ne peut espérer que cette valeur sera appréciée et payée que là où d’autres
hommes auront les moyens d’en faire l’acquisition. Ces moyens en quoi consistent-ils ? En
d’autres valeurs, d’autres produits, fruit de leur industrie, de leurs capitaux, de leurs terres :
d’où il résulte, quoiqu’au premier aperçu cela semble un paradoxe, que c’est la production qui
ouvre des débouchés aux produits. (p. 137-138).
A2) Plus les producteurs sont nombreux et les productions multipliées, et plus les débouchés
sont faciles, variés et vastes. (p. 140)
A3) Chacun est intéressé à la prospérité de tous et la prospérité d’un genre d’industrie est
favorable à la prospérité de tous les autres. (p. 142)
A4) C’est par une distinction futile qu’on classe les nations en nations agricoles,
manufacturières et commerçantes. Si une nation réussit dans l’agriculture, c’est une raison
pour que ses manufactures et son commerce prospèrent ; si ses manufactures et son commerce
sont florissants, son agriculture s’en trouvera mieux. (p. 143)
A5) l’importation de produits étrangers est favorable à la vente des produits indigènes.
A6) L’argent ne remplit qu’un office passager dans ce double échange ; et, les échanges
terminés, il se trouve toujours qu’on a échangé des produits avec des produits. [...] Lorsque le
dernier producteur a terminé un produit, son plus grand désir est de le vendre, pour que la
valeur de ce produit ne chôme pas entre ses mains. Mais il n’est pas moins empressé de se
défaire de l’argent que leur procure sa vente, pour que la valeur de l’argent ne chôme pas non
plus. Or, on ne peut jamais se défaire de son argent qu’en demandant à acheter un produit
quelconque. On voit donc que le fait seul de la formation d’un produit ouvre, dès l’instant
même, un débouché à d’autres produits. (p. 140-141)
B) L’adhésion de James Mill et David Ricardo à la loi de Say
B1) James Mill introduit la loi de Say en Grande Bretagne. (Pamphlet publié en 1808 et
intitulé Commerce defended : An Argument by which Mr Spence, Mr Cobbet and others have
attempted to prove that Commerce is not a Source of National Wealth). J. Mill écrit :
La production de marchandises crée un marché pour les marchandises produites, et c’est la
seule cause qui le fasse.
B2) Ricardo, Principes d’économie politique et de l’impôt, ed. Calmann-Lévy
B2a) Personne ne produit que dans l’intention de consommer ou de vendre la chose produite,
et on ne vend jamais que pour acheter quelque autre produit qui puisse être d’une utilité
immédiate, ou contribuer à la production future. Le producteur devient donc consommateur
de ses propres produits, ou acheteur et consommateur des produits de quelque autre personne.
(p. 230)
B2b) On n’achète des produits qu’avec des produits et le numéraire n’est que l’agent au
moyen duquel l’échange s’effectue. (p. 232)
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CITATIONS SUR LE THÈME DU LIBÉRALISME CLASSIQUE
Citations d’Adam Smith
Les numéros de pages renvoient à Recherches sur la nature et les causes de la richesse des
nations: les grands thèmes, idées/Gallimard, 1976.
1) La main invisible
(Ce passage se situe dans le contexte d’une discussion critique des entraves à l’importation)
Premièrement, chaque individu tâche d’employer son capital aussi près de lui qu’il le peut, et
par conséquent, autant qu’il le peut, il tâche de faire valoir l’industrie nationale, pourvu qu’il
puisse gagner par là les profits ordinaires que rendent les capitaux, ou guère moins. [...]
En second lieu, chaque individu qui emploie son capital à faire valoir l’industrie nationale,
tâche nécessairement de diriger cette industrie de manière que le produit qu’elle donne ait la
plus grande valeur possible.
Le produit de l’industrie est ce qu’elle ajoute au sujet ou à la matière à laquelle elle
s’applique. Suivant que la valeur de ce produit sera plus grande ou plus petite, les profits de
celui qui met l’industrie en oeuvre seront aussi plus grands ou plus petits. Or, ce n’est que
dans la vue du profit qu’un homme emploie son capital à faire valoir l’industrie, et par
conséquent il tâchera toujours d’employer son capital à faire valoir le genre d’industrie dont le
produit permettra la plus grande valeur, ou dont on pourra espérer le plus d’argent ou d’autres
marchandises en échange.
Mais le revenu annuel de toute société est toujours précisément égal à la valeur échangeable
de tout le produit annuel de son industrie, ou plutôt c’est précisément la même chose que cette
valeur échangeable. Par conséquent, puisque chaque individu tâche, le plus qu’il peut, 1°)
d’employer son capital à faire valoir l’industrie nationale, et – 2°) de diriger cette industrie de
manière à lui faire produire la plus grande valeur possible, chaque individu travaille
nécessairement à rendre aussi grand que possible le revenu annuel de la société. À la
vérité, son intention en général n’est pas en cela de servir l’intérêt public, et il ne sait
même pas jusqu’à quel point il peut être utile à la société. […] en cela, comme dans beaucoup
d’autres cas, ils est conduit par une main invisible à remplir une fin qui n’entre
nullement dans ses intentions […]. Tout en ne cherchant que son intérêt personnel, il
travaille souvent d’une manière bien plus efficace pour l’intérêt de la société que s’il
avait réellement pour but d’y travailler. (L. IV, chapitre 2, p.255-256)
2) Le système de la liberté naturelle. Ainsi, en écartant entièrement tous ces systèmes ou de
préférences ou d’entraves, le système simple et facile de la liberté naturelle vient se présenter
de lui-même et se trouve tout établi. Tout homme, tant qu’il n’enfreint pas les lois de la
justice, demeure en pleine liberté de suivre la route que lui montre son intérêt, et de porter où
il lui plaît son industrie et son capital, concurremment avec celui de tout homme ou de toute
classe d’hommes. Le souverain se trouve entièrement débarrassé d’une charge qu’il ne
pourrait essayer de remplir sans s’exposer infailliblement à se voir sans cesse tromper de
mille manières, et pour l’accomplissement convenable de laquelle il n’y a aucune sagesse
humaine ni connaissances qui puissent suffire, la charge d’être le surintendant de l’industrie
7
des particuliers, de la diriger vers les emplois les mieux assortis à l’intérêt général de la
société” (L IV, chapitre 8, p. 352).
3) Le troisième devoir du souverain. Et le troisième, c’est le devoir d’ériger et d’entretenir
certains ouvrages publics et certaines institutions que l’intérêt privé d’un particulier ou de
quelques particuliers ne pourrait jamais les porter à ériger ou entretenir, parce que jamais le
profit n’en rembourserait la dépense à un particulier ou à quelques particuliers, quoiqu’à
l’égard d’une grande société ce profit fasse beaucoup plus que rembourser les dépenses. (L.
IV, chapitre 8, p. 353).
Citation de Jean-Baptiste Say
5) Les entraves compriment l'essor de la production, le défaut de sûreté la supprime tout à fait.
(...) Si le gouvernement est un mauvais producteur par lui-même, il peut du moins favoriser
puissamment la production des particuliers par des établissements publics bien conçus, bien
exécutés et bien entretenus... Les académies, les écoles publiques, les musées contribuent à la
production de richesse.
(Traité d’économie politique, 1803)
Citation de John Stuart Mill
6) Toutefois, il faut ajouter que l’intervention du gouvernement ne peut toujours être
renfermée dans la limite des cas qui conviennent par nature à cette intervention. A un
certain moment, et avec une certaine nation, il n’est guère de chose importante pour l’intérêt
public qu’il ne soit désirable, sinon nécessaire, de voir entreprendre par le Gouvernement ;
non que les particuliers ne puissent le faire, mais parce qu’ils ne veulent pas le faire. Il y a des
temps et des pays où il n’y aurait ni routes ni bassins, ni ports, ni travaux d’irrigation, ni
hospices, ni écoles, ni imprimeries, si le Gouvernement ne faisait tout cela ; parce que la
masse du public est trop pauvre pour trouver les fonds nécessaires, ou trop peu éclairée pour
apprécier l’importance des résultats, ou trop peu accoutumée à l’association pour trouver le
moyen de faire ces choses.
(Principes d’économie politique, 1948, livre 5, chapitre 10, § 16)
8
QUELQUES CITATIONS D’AUTEURS CLASSIQUES
SUR LE THÈME DE LA RÉPARTITION
Salaire
1) Salaire et population chez Malthus.
Les salaires réels sont le principal régulateur de la population et sa plus juste limite. (Essai,
Tome 2, p. 177)
2) Le salaire naturel selon Ricardo.
Le prix naturel du travail est celui qui fournit aux ouvriers les moyens de subsister et de
perpétuer leur espèce sans accroissement ni diminution. (Ricardo, Principes de l’économie
politique et de l’impôt, p. 67).
Smith, à propos de la rente
3) Dès l’instant que le sol d’un pays est devenu propriété privée, les propriétaires, comme tous
les autres hommes, aiment à recueillir où ils n’ont pas semé, et ils demandent une Rente,
même pour le produit naturel de la terre. [...] Il faut que [l’ouvrier] cède au propriétaire du sol
une portion de ce qu’il recueille et qu’il produit par son travail. (RN, L I, chapitre 6, p. 75)
Citations de Ricardo
(Source: Principes de l’économie politique et de l’impôt, Calmann-Lévy 1970)
Définition de la rente
4) La rente est cette partie du produit de la terre que l’on paie au propriétaire pour avoir le
droit d’exploiter les facultés productives originelles et impérissables du sol. (p. 45)
Les catégories de la répartition.
5) Le produit total de la terre et de l’industrie de tout le pays se partage en trois portions, dont
la première est destinée aux salaires, la seconde aux profits et la troisième à la rente. (p. 281).
Vers une fin de la croissance ?
6) Le motif qui les pousse à accumuler diminuera à chaque diminution des profits, et il
cessera entièrement quand ils seront tellement minimes qu’ils ne leur offriront plus un
dédommagement suffisant de leur peine, et du risque qu’ils courent nécessairement en
employant leur capital de manière productive. (p. 92)
9
BIOGRAPHIE ET BIBLIOGRAPHIE DE MARX (1918-1883)
On trouve sur Internet plusieurs biographies + bibliographies de Karl Marx. Voir par exemple
ici :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Opium_du_peuple
Parmi ses nombreux écrits retenir ces deux titres :
Friedrich Engels et Karl Marx, Manifeste communiste (1847-1848)
http://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000.htm
Karl Marx, Le Capital, Livre I (1867)
http://marxists.anu.edu.au/francais/marx/works/1867/Capital-I/index.htm
Le Capital est composé en réalité de trois livres, mais Marx est mort avant d’avoir pu achever
les livres II et III. C’est Engels qui après sa mort rassemblera ses notes et fera paraître le livre
II en 1885 et le livre III en 1894.
__________
CITATIONS DE MARX (ou de Marx et Engels)
Source des citations
Marx et Engels, L’idéologie allemande (texte rédigé en 1845-46), Éditions sociales, 1972.
Marx et Engels, Manifeste du parti communiste (première édition en 1848), Éditions de Pékin,
1977.
Marx, Introduction à la critique de l’économie politique (un texte inachevé de Marx daté de
1857) reproduit dans le volume contenant la Contribution à la critique de l’économie
politique (et portant ce titre), Éditions sociales, 1972.
Marx, Le capital, livre I (première édition 1867), éditions sociales, 1975.
Conditions d’existence du salariat et du MDP capitaliste
1) Pour que le possesseur d’argent trouve sur le marché la force de travail à titre de
marchandise, il faut cependant que diverses conditions soient préalablement remplies. [...] La
force de travail ne peut se présenter sur le marché comme marchandise que si elle est offerte
ou vendue par son propre possesseur. Celui-ci doit donc pouvoir en disposer, c’est à dire être
libre propriétaire de sa puissance de travail, de sa propre personne. Le possesseur d’argent et
lui se rencontrent sur le marché et entrent en rapport l’un avec l’autre comme échangistes au
même titre. Ils ne diffèrent qu’en ceci : l’un achète et l’autre vend, et, par cela même tous
deux sont des personnes juridiquement égales.
Pour que ce rapport persiste, il faut que le propriétaire de la force de travail ne la vende jamais
que pour un temps déterminé, car s’il la vend en bloc, une fois pour toutes, il se vend luimême, et de libre qu’il était, se fait esclave, de marchand, marchandise. [...]
La seconde condition essentielle pour que l’homme aux écus trouve à acheter la force de
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travail, c’est que le possesseur de cette dernière, au lieu de pouvoir vendre des marchandises
dans lesquelles le travail s’est réalisé, soit forcé d’offrir et de mettre en vente, comme une
marchandise, sa force de travail elle-même laquelle ne réside que dans son organisme.
Quiconque veut vendre des marchandises distinctes de sa propre force de travail, doit
naturellement posséder des moyens de production tels que matières premières, outils etc. Il lui
est impossible, par exemple, de faire des bottes sans cuir, et de plus il a besoin de moyens de
subsistance. [...]
La transformation de l’argent en capital exige donc que le possesseur d’argent trouve sur le
marché le travailleur libre, et libre à un double point de vue. Premièrement, le travailleur doit
être une personne libre, disposant à son gré de sa force de travail comme de sa marchandise à
lui ; secondement, il doit n’avoir pas d’autre marchandise à vendre ; être, pour ainsi dire, libre
de tout, complètement dépourvu des choses nécessaires à la réalisation de sa puissance
travailleuse. (Le capital, L I, tome I, section II, chapitre VI, p. 171-172)
Les idées, reflet des rapports matériels et sociaux.
2) La production des idées, des représentations et de la conscience est d’abord directement et
intimement mêlée à l’activité matérielle et au commerce matériel des hommes, elle est le
langage de la vie réelle. Les représentations, la pensée, le commerce intellectuel des hommes
apparaissent ici encore comme l’émanation directe de leur comportement matériel. Il en va de
même de la production intellectuelle telle qu’elle se présente dans la langue de la politique,
celle des lois, de la morale, de la religion, de la métaphysique, etc. de tout un peuple. Ce sont
les hommes qui sont les producteurs de leurs représentations, de leurs idées, etc., mais les
hommes réels, agissants, tels qu’ils sont conditionnés par un développement déterminé de
leurs forces productives et du mode de relations qui y correspond. (L’idéologie allemande , p.
50-51).
3) Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées
dominantes, autrement dit, la classe qui détient la puissance matérielle dominante de la
société est aussi la puissance dominante spirituelle. [...] L’existence d’idées révolutionnaires à
une époque suppose déjà l’existence d’une classe révolutionnaire [...] On pourra alors dire,
par exemple, qu’au temps où l’aristocratie régnait, c’était le règne des concepts d’honneur, de
fidélité etc. et qu’au temps où régnait la bourgeoisie, c’était le règne des concepts de liberté,
d’égalité, etc. [...] En effet, chaque nouvelle classe qui prend la place de celle qui dominait
avant elle est obligée, ne fût-ce que pour parvenir à ses fins, de représenter son intérêt comme
l’intérêt commun de tous les membres de la société [...] cette classe est obligée de donner à
ses pensées la forme de l’universalité, de les représenter comme étant les seules raisonnables,
les seules universellement valables. (L’idéologie allemande , p. 87-89)
Spécificité du mouvement prolétarien dans l’histoire de la lutte des classes
4) Tous les mouvements historiques ont été, jusqu’ici, accomplis par des minorités au profit
de minorités. le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l’immense majorité au
profit de l’immense majorité. (Manifeste du parti communiste, p. 47)
11
La particularité de la marchandise « force de travail »
5) Pour pouvoir tirer une valeur échangeable de la valeur usuelle, il faudrait que l’homme aux
écus ait l’heureuse chance de découvrir au milieu de la circulation, sur le marché même, une
marchandise dont la valeur usuelle possédât la vertu particulière d’être source de valeur
échangeable, de sorte que la consommer serait réaliser du travail et par conséquent créer de la
valeur. Et notre homme trouve effectivement sur le marché une marchandise douée de cette
vertu spécifique ; elle s’appelle puissance de travail ou force de travail. (Le capital, Livre I,
tome I, section II, chapitre VI, p. 170)
Le maintien de la domination bourgeoise suppose l’extension du mode de production
capitaliste et le renouvellement permanent des instruments et relations de production
6) La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de
production, ce qui veut dire les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports
sociaux. Le maintien sans changement de l’ancien mode de production était, au contraire,
pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence. [...]
“Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe
entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations.
Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la
production et à la consommation de tous les pays. [...] Sous peine de mort, elle force toutes les
nations à adopter le mode de production bourgeois ; elle les force à introduire chez elles la
prétendue civilisation, c’est à dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle façonne un monde à
son image.[...]
La bourgeoisie, au cours de sa domination de classe à peine séculaire, a créé des forces
productives plus nombreuses et plus colossales que ne l’avaient fait toutes les générations
passées prises ensembles. La domestication des forces de la nature, les machines, l’application
de la chimie à l’industrie et à l’agriculture, la navigation à vapeur, les chemins de fer, les
télégraphes électriques, le défrichement de continents entiers, la régulation des fleuves, des
populations entières jaillies du sol – quel siècle antérieur aurait soupçonné que de pareilles
forces productives dormaient au sein du travail social ? (Manifeste du parti communiste,
pages 36-39)
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CITATIONS D’AUTEURS NÉOCLASSIQUES
1) Rejet du lien entre travail et valeur (Jevons).
“C’est un fait que le travail, une fois qu’il a été dépensé n’a pas d’influence sur la valeur
future d’un objet : il a disparu et est perdu pour toujours. Dans le commerce, ce qui a disparu
a disparu pour toujours : nous devons toujours partir à zéro à chaque moment, et payer les
valeurs des choses en considérant leur utilité future” (Jevons, The Theory of Political
Economy, 1871, p. 159, cité par Denis, p. 477-478)
Citations de Léon Walras
2) La notion économique d’utilité
“Je dis que les choses sont utiles dès qu’elles peuvent servir à un usage quelconque, dès
qu’elles répondent à un besoin quelconque et en permettent la satisfaction. Ainsi, il n’y a pas
à s’occuper ici des nuances par lesquelles on classe, dans le langage et la conversation
courante, l’utile à côté de l’agréable entre le nécessaire et le superflu. [...] Il n’y a pas
davantage à tenir compte ici de la moralité ou de l’immoralité du besoin auquel répond la
chose utile et qu’elle permet de satisfaire. Qu’une substance soit recherchée par un médecin
pour guérir un malade, ou par un assassin pour empoisonner sa famille, c’est une question très
importante à d’autres points de vue, mais tout à fait indifférente au nôtre. La substance est
utile pour nous dans les deux cas, et peut l’être plus dans le second que dans le premier.”
(EEPP, p. 21)
3) Richesse, utilité, rareté, propriété
“J’appelle richesse sociale l’ensemble des choses matérielles ou immatérielles [...] qui sont
rares, c’est à dire qui, d’une part nous sont utiles, et qui d’autre part, n’existent à notre
disposition qu’en quantité limitée. (EEPP, p. 21)
“Les choses utiles limitées en quantité sont appropriables. [...] Bornons-nous à constater, pour
le moment, que l’appropriation (et par suite la propriété qui n’est que l’appropriation légitime
ou conforme à la justice) ne porte que sur la richesse sociale et porte sur toute la richesse
sociale. (EEPP, p. 23)
4) “Si l’économie politique pure, ou théorie de la valeur d’échange et de l’échange [...] est
comme la mécanique, comme l’hydraulique, une science physico-mathématique, elle ne doit
pas craindre d’employer la méthode et le langage des mathématiques.” (EEPP, p. 29)
5) “La méthode mathématique n’est pas la méthode expérimentale, c’est la méthode
rationnelle. [...] Ce qui est sûr, c’est que les sciences physico-mathématiques sortent de
13
l’expérience dès qu’elles lui ont emprunté leurs types. Elles abstraient de ces types réels des
types idéaux qu’elles définissent ; et, sur la base de ces définitions, elles bâtissent a priori tout
l’échafaudages de leurs théorèmes et de leurs démonstrations. Elles rentrent après cela dans
l’expérience, non pour confirmer, mais pour appliquer leurs conclusions.” (EEPP, p. 29)
6) Pour observer cette méthode, l’économie politique pure doit emprunter à l’expérience des
types d’échange, d’offre, de demande, de marché, de capitaux, de revenus, de services
producteurs, de produits. De ces types réels, elle doit abstraire, par définition, des types
idéaux, et raisonner sur ces derniers, pour ne revenir à la réalité que la science une fois faite et
en vue des applications. Nous aurons ainsi, sur un marché idéal, des prix idéaux qui seront
dans un rapport rigoureux avec une demande et une offre idéales. Et ainsi de suite. Ces vérités
pures seront-elles d’une application fréquente ? [...] on verra que ces vérités d’économie
politique pure fourniront la solution des problèmes les plus importants, les plus débattus et les
moins éclaircis d’économie politique appliquée et d’économie sociale. (EEPP, p. 30)
7) “Enfin, pour nous rapprocher de plus en plus de la réalité des choses, nous devons encore
passer de l’hypothèse d’un marché périodique annuel à celle du marché permanent, c’est à
dire de l’état statique à l’état dynamique. Représentons-nous maintenant les données
fondamentales du problème [...] comme variant à chaque instant. [...] Tel est le marché
permanent, tendant toujours à l’équilibre sans y arriver jamais par la raison qu’il ne s’y
achemine que par tâtonnements et qu’avant même que ces tâtonnements ne soient achevés, ils
sont à recommencer sur de nouveaux frais, toutes les données du problème telles que les
quantités possédées, utilités des produits et des services, coefficients de fabrication, excédent
du revenu sur la consommation, exigences de fonds de roulement, etc. ayant changé. Il en est
à cet égard du marché comme du lac agité par le vent et où l’eau cherche toujours son
équilibre sans jamais l’atteindre.” (EEPP, P 369-370)
Source : Les pages des citations tirées des Eléments d’économie politique pure (EEPP) de
Walras renvoient à l’édition LGDJ 1952 (reprise de l’édition de 1902).
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VIE ET ŒUVRE DE KEYNES (1883-1946)
La courte biographie ci-dessous est issue du site « La Toupie » :
http://www.toupie.org/Biographies/Keynes.htm
Une présentation plus détaillée de cet auteur se trouve sur Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Maynard_Keynes
Issu d'une famille d'universitaires (son père est économiste), John Maynard Keynes a une
formation de mathématicien, mais s'oriente vers l'étude de l'économie politique à
Cambridge. Après avoir été haut fonctionnaire au ministère de l'Inde, il enseigne l’économie
au King's College de Cambridge (le centre de l’économie marshallienne, puisque c’est là
qu’enseigne Pigou qui a succédé à Marshall).
Pendant la Première Guerre mondiale, John Maynard Keynes quitte l’enseignement pour
travailler au Trésor britannique, puis représente le ministère des Finances lors de la
conférence de la paix, à Paris. Considérant comme exorbitantes les réparations que doit
verser l'Allemagne, il démissionne trois jours avant la signature du traité. Il publie en 1919
Les Conséquences économiques de la paix, ouvrage auquel la crise économique qui
secouera l'Allemagne donnera raison. Après la guerre, il donne des cours à Cambridge tout
en s'intéressant de près aux affaires publiques et écrit de nombreux articles pour la presse.
Keynes connaît la célébrité avec son ouvrage Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et
de la monnaie (1936). Pendant la seconde Guerre Mondiale, il travaille comme conseiller au
Trésor. Il dirige la délégation britannique lors la conférence de Bretton Woods.
En matière économique, John Maynard Keynes innove en réalisant son analyse au niveau
macro-économique et en mettant en évidence les principaux paramètres (revenu,
consommation, investissement, épargne, emploi, taux d'intérêt). Dans Théorie générale de
l'emploi, de l'intérêt et de la monnaie il défend l'idée, contrairement aux théories classiques,
que l'équilibre du marché, associé au capitalisme, peut être un équilibre de sous-emploi.
L'Etat doit alors y remédier pour réguler l'économie au moyen de l'investissement public ou
privé et en encourageant la consommation par la redistribution des revenus. Ses idées ont
fortement influencé l'économie moderne ainsi que la politique sociale des pays occidentaux.
Principales oeuvres :
La Monnaie et les finances de l'Inde (1913)
Les Conséquences économiques de la paix (1919)
Traité des probabilités (1921)
Essai sur la réforme monétaire (1923)
Les Conséquences économiques de M. Churchill (1925)
Traité sur la monnaie (1930)
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936)
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