
démocratiquement élue et qui a toute la latitude de ne pas adopter cette proposition de loi», rappelant à son 
auditoire que la Tunisie «dispose désormais de garde-fous institutionnels» qui n'existaient dans le passé. 
L'économie a été négligée 
De toute évidence, le volet économique a été au centre de cette conférence-débat. Pêle-mêle, les intervenants 
ont interrogé M. Essid sur la très faible croissance de l'activité économique en Tunisie (estimée à 0,5%, pour 
cette année), sur le taux de chômage de 15%, qui affecte très sérieusement le sort de plus du 1/3 des diplômés 
de l'enseignement supérieur, sur les 60.000 nouveaux diplômés qui, selon un rapport récent de l'Atlantic 
Council (AC)(2), achèvent chaque année leurs études universitaires, alors le pays n'est capable de créer 
qu'environ 35.000 emplois par an… 
Résumant la situation, Karim Mezran, un des auteurs de cette étude de l'AC, a déclaré à ‘‘Al-Monitor'': «Nous 
avons dit aux élites tunisiennes qu'elles se sont concentrées sur les progrès politiques, qu'elles ont accordé de 
l'importance au consensus et au pluralisme. Certes, tout cela est bon. Il n'y a aucun doute là-dessus. 
Cependant, ces élites ont négligé l'important volet de l'économie et celui des réformes économiques que le 
pays se doit d'entreprendre indispensablement. Et cette omission peut, au bout du parcours, porter un sérieux 
préjudice à tout le processus.» 
M. Essid a répondu que son gouvernement a élaboré un plan quinquennal qui s'attellera à résoudre tous ces 
problèmes, notamment par la relance de l'activité de l'industrie du tourisme et par le développement des 
infrastructures (routes, ports, aéroports et bien d'autres grands chantiers) à travers tout le pays – et cela en 
même temps. 
Secouer la machine administrative 
Pour réduire les disparités entre les régions côtières de la Tunisie et celles de l'intérieur, M. Essid a précisé que 
nombre des nouveaux projets seront réalisés dans les régions rurales du pays – celles longtemps oubliées sous 
l'ancien régime. 
Outre le nouveau code des investissements, qui offrira plus d'encouragements aux investisseurs nationaux et 
étrangers et plus d'attractivités, M. Essid s'est engagé à ce que son gouvernement mette en œuvre une réforme 
fiscale «qui secouera» ce qu'il a qualifié de bureaucratie «figée», c'est-à-dire cette machine administrative qui 
s'est montrée lente à répondre aux besoins de la Tunisie. 
Le gouvernement entend également faire passer l'âge de la retraite en Tunisie de 60 à 65 ans, afin de résoudre 
l'épineuse question du déficit du système de la protection sociale. 
Interrogé par Farid Zakaria, l'animateur de cette conférence-débat du CFR, sur la question des jeunes Tunisiens 
qui ont rejoint en Syrie les rangs de combattants de groupes comme l'Etat islamique, M. Essid a répondu que le 
nombre des djihadistes tunisiens a sensiblement décru. Il a imputé ce phénomène du djihadisme en Tunisie à la 
fâcheuse interaction qui existe entre l'idéologie extrémiste et le chômage endémique dont souffre tout 
particulièrement la jeunesse tunisienne, indiquant que la situation confuse qui prévaut en Libye voisine a eu, 
dans ce contexte, un effet néfaste en Tunisie. Il a appelé, à ce sujet, «toute la communauté internationale» à 
aider à la solution de la crise libyenne. «Il est d'une importance cruciale pour la Tunisie que la stabilité soit 
rétablie en Libye, car nombre des problèmes sécuritaires auxquels nous sommes confrontés sont des 
conséquences directes de la crise libyenne», a-t-il dit. 
Sur les risques d'un retour de l'autoritarisme en Tunisie que pourrait occasionner la lutte contre le terrorisme, 
Habib Essid a été clair et catégorique: «Il n'y a aucun doute à avoir là-dessus: la transition démocratique est 
bel et bien un processus irréversible. Personne ne pourra rétablir l'ancien système. Et même si quelqu'un 
pouvait être tenté de le faire, tout le monde lui barrerait la route», a-t-il insisté.