INFLATION Alors qu'au XIX siècle, les hausses et les baisses de prix alternaient selon la conjoncture économique, au XXe les prix augmentent, à un rythme plus ou moins rapide, mais de façon régulière. Il n'y a pas d'explication définitive pour un déséquilibre qui modifie sensiblement la répartition des richesses entre tous les agents économiques. 1. Qu'est-ce que l'inflation ? 1.1 Définition : L'inflation désigne une hausse durable des prix. Lorsque le prix d'un seul bien ou de quelques biens augmente, il n'y a pas forcément d'inflation car les prix de tous les autres biens peuvent ne pas bouger, voire diminuer. L'inflation correspond alors à une hausse du prix moyen de tous les biens et services. Mais il faut aussi que ce mouvement de hausse des prix soit durable. Ainsi, lorsque tous les prix augmentent à une certaine date de 1 % puis restent stables pendant de longs mois, on ne peut pas parler d'inflation. En revanche, s'ils augmentent ainsi tous les mois, on est bien en présence d'inflation. En période d'inflation, certains prix augmentent plus vite que d'autres ; l'inflation s'accompagne donc d'une modification des prix relatifs, c'est-à-dire des rapports de prix entre les biens, considérés deux à deux. 1.2 La mesure de l'inflation: l'indice des prix à la consommation : Comment mesurer le niveau général des prix, c'est-à-dire l'ensemble des prix des biens et des services ? Il faut résumer dans un chiffre unique une quantité importante de prix. Ce chiffre, c’est l'indice des prix à la consommation. La mesure de l'inflation consiste alors à mesurer l'évolution, la variation de cet indice. On s'intéresse d'abord aux prix des produits qui sont consommés par les ménages (on parle aussi, dans ce cas, de prix de détail) ; les prix à la production ou les prix de gros ne sont donc pas pris en compte. Mais il est impossible de mesurer tous les prix, pour tous les produits de consommation et pour tous les points de vente. En outre, tous les ménages ne consomment pas les mêmes produits et ne sont donc pas sensibles à l'évolution des mêmes prix. Il est pourtant impossible de faire un indice des prix correspondant à la consommation d'un cadre supérieur célibataire et un indice correspondant à celle d'une famille nombreuse dont le chef de ménage est ouvrier. L'indice des prix à la consommation, que calcule l'INSEE, consiste à choisir un certain nombre de produits que l'on juge représentatifs de la consommation des ménages. L'INSEE relève ainsi les prix de 266 postes représentant plus des 9/10e des biens et services consommés par les ménages (avant la réforme de l'indice des prix de janvier 1993, il y avait 296 postes). La technique du sondage permet ainsi, après un nombre de relevés suffisants, de calculer les variations des prix de ces 266 postes. La construction de l'indice des prix à là consommation comporte une deuxième étape car il serait absurde de faire la simple moyenne des variations de prix de tous ces postes. Les produits n'étant pas consommés dans les mêmes quantités, il convient d'affecter à ces articles des pondérations correspondant à la part de chacun dans la consommation moyenne des Français. L'INSEE a choisi, pendant longtemps, comme référence des pondérations, les ménages urbains dont le chef est employé ou ouvrier, catégories dont la structure de la consommation était proche de celle de la moyenne de la population totale. Depuis janvier 1993, l'indice est calculé "tous ménages", comme dans les autres pays européens. L'indice des prix à la consommation est donc un instrument statistique élaboré chaque mois par l'INSEE. Comme tout instrument, il présente des limites : comment prendre en compte les changements dans les comportements de consommation des ménages ? Comment intégrer les produits nouveaux ? Cet indice reste cependant une référence importante pour l'économie (relèvement du SMIC, indexation d'un certain nombre de grandeurs économiques). Comment calculer le taux d'inflation ? Le taux d'inflation correspond au taux de variation de l'indice des prix à la consommation entre deux dates. Si l'indice est 145 pour l'année 1 (I1 = 145) et 150 pour l'année 2 (I2 = 150), le taux d'inflation de l'année 2 = (I2-I1)/I1 x 100 = (150-145)/145 x 100 = 3,4 %. Le taux d'inflation annuel peut être calculé en glissement ou en moyenne. Le calcul en glissement compare l'indice des prix du mois de décembre des deux années. Le calcul en moyenne compare la moyenne annuelle de l'indice (moyenne arithmétique simple des douze indices de l'année) des deux années considérées. 1.3 Déflation et désinflation : Si l'inflation caractérise la hausse des prix, la baisse des prix s’appelle la déflation (différent de désinflation qui désigne la baisse du taux d'inflation). Durant les années 80, les pays occidentaux ont connu une désinflation, le taux d'inflation passant, en France par exemple, de près de 14 % en 1981 à 2,1 % en 1986, niveau auquel il s'est fixé depuis. 2. Causes et conséquences de l'inflation 2.1 Les causes de l'inflation : Les économistes distinguent plusieurs causes de l'inflation. L'inflation par la monnaie voit dans la hausse des prix le résultat d'une création monétaire excessive. Cette explication, apparue dès le XVIe siècle lorsque l'afflux de métaux précieux d'Amérique provoqua une hausse des prix, a reçu le nom de "théorie quantitative de la monnaie". L'inflation monétaire provient donc d'une quantité de monnaie excessive ou, plus exactement, d'une croissance de la masse monétaire trop importante par rapport à la croissance de la production. L'inflation par la demande explique la hausse des prix par un déséquilibre entre l'offre de biens, qui est insuffisante, et la demande des consommateurs. Une création de monnaie trop importante peut être une explication de cette demande trop forte, mais d'autres facteurs peuvent intervenir (augmentation de la population par exemple). Cette explication permet de trouver un remède à l'inflation dans l'accroissement de l'offre de biens, dans l'augmentation des capacités de production des entreprises (et pas seulement dans une réduction de la masse monétaire). L'inflation par les coûts met en cause un ou plusieurs coûts de production. Elle se traduit par une répercussion sur les prix de vente d'une augmentation du prix des matières premières, des salaires ou des autres coûts auxquels les entreprises doivent faire face. Une hausse du prix du pétrole peut ainsi se répercuter sur l'ensemble de l'économie (il s'agit en outre d'une inflation "importée", c'est-à-dire liée à l'augmentation du prix des importations). Par ailleurs, si les salaires augmentent plus rapidement que les gains de productivité, le coût du travail augmentera et sera peut-être répercuté sur les prix de vente. L'inflation par les coûts traite des facteurs qui interviennent dans la fixation des prix de revient par les entreprises. Mais aux côtés des coûts, on rencontre aussi le profit. Les entreprises ont ainsi la possibilité d'augmenter leurs prix afin de maintenir ou d'accroître leurs profits résultant de leur activité productive, ce qui influe sur le niveau général des prix. Dès lors l'inflation peut aussi s'analyser comme une spirale salaires-profits ("spirale inflationniste "), la hausse des uns ne faisant que compenser celle des autres. 2.2 Les conséquences de l'inflation : L'inflation correspond d'abord à une diminution du pouvoir d'achat de la monnaie (on peut parler, dans une certaine mesure, de dépréciation de la monnaie au niveau interne). Comme le pouvoir d'achat désigne la quantité de biens et de services qu'un certain revenu permet d'obtenir, la hausse des prix conduit à une diminution de la quantité de biens que permet d'acheter une certaine somme. On peut d'ailleurs calculer l'évolution du pouvoir d'achat d'une certaine somme (10 000 € par exemple) entre deux dates, t1 et t2, pendant lesquelles l'inflation s'est accrue (3% d'inflation par exemple). En t2, 10 000 € ne permettent plus d'acheter la même quantité de biens que durant la période précédente t1. Les prix ont augmenté de 3 % et l'indice des prix est passé de 100 à 103. Le pouvoir d'achat de 10 000 € est devenu : 10 000/103 x 100 = 9 708,70 €. En t2, 10 000 € correspondent à la valeur nominale, ou valeur à prix courants, tandis que 9 708,70 € correspondent à la valeur réelle (le pouvoir d'achat), ou valeur à prix constants par rapport à l'année t1 On dit que l'on a "déflaté" la valeur nominale. Le passage d'une valeur à prix courants à une valeur à prix constants s'est fait grâce à un déflateur (indice des prix ici). Déflater consiste donc à corriger une grandeur économique des effets de l'inflation. On a ainsi : valeur réelle = (valeur nominale/indice des prix) x 100. En période d'inflation, si les revenus augmentent, l'augmentation nominale (celle qui apparaît sur le bulletin de salaire) est moins importante que la véritable augmentation de pouvoir d'achat (augmentation en valeur réelle). Prenons un exemple. Un salaire passe de 7 000 € à 8 000 € entre janvier de l'année 1 et janvier de l'année 2. Durant la même période, l'indice des prix à la consommation passe de 100 à 104,8 (base 100 l'année 1). Sur base 100 l'année 1, le salaire passe à 114,3, soit 14,3 % d'augmentation. Pour trouver l'augmentation du pouvoir d'achat, il ne faut pas faire la différence des pourcentages, mais le rapport des indices de l'année considérée. Indice du pouvoir d'achat = indice du salaire nominal/ indice des prix x 100. Soit, 114,3/104,8 x 100 = 9,1. Le pouvoir d'achat a augmenté de 9,1 % entre les deux dates. L'inflation pénalise donc les détenteurs de revenus fixes (épargnants par exemple) puisque leur pouvoir d'achat diminue. Elle bénéficie alors aux agents endettés puisque la valeur réelle de leur dette diminue. Les effets de l'inflation jouent aussi sur le commerce extérieur puisqu'une inflation plus importante en France qu'ailleurs pénalise les exportations françaises alors que les prix des importations deviennent moins élevés que les prix des produits intérieurs. Il convient dans ce cas, d'observer le différentiel d'inflation entre pays.