1.3 Déflation et désinflation : Si l'inflation caractérise la hausse des prix, la baisse des prix s’appelle
la déflation (différent de désinflation qui désigne la baisse du taux d'inflation). Durant les années
80, les pays occidentaux ont connu une désinflation, le taux d'inflation passant, en France par
exemple, de près de 14 % en 1981 à 2,1 % en 1986, niveau auquel il s'est fixé depuis.
2. Causes et conséquences de l'inflation
2.1 Les causes de l'inflation : Les économistes distinguent plusieurs causes de l'inflation. L'inflation
par la monnaie voit dans la hausse des prix le résultat d'une création monétaire excessive. Cette
explication, apparue dès le XVIe siècle lorsque l'afflux de métaux précieux d'Amérique provoqua
une hausse des prix, a reçu le nom de "théorie quantitative de la monnaie". L'inflation monétaire
provient donc d'une quantité de monnaie excessive ou, plus exactement, d'une croissance de la
masse monétaire trop importante par rapport à la croissance de la production. L'inflation par la
demande explique la hausse des prix par un déséquilibre entre l'offre de biens, qui est insuffisante,
et la demande des consommateurs. Une création de monnaie trop importante peut être une
explication de cette demande trop forte, mais d'autres facteurs peuvent intervenir (augmentation de
la population par exemple). Cette explication permet de trouver un remède à l'inflation dans
l'accroissement de l'offre de biens, dans l'augmentation des capacités de production des entreprises
(et pas seulement dans une réduction de la masse monétaire). L'inflation par les coûts met en cause
un ou plusieurs coûts de production. Elle se traduit par une répercussion sur les prix de vente d'une
augmentation du prix des matières premières, des salaires ou des autres coûts auxquels les
entreprises doivent faire face. Une hausse du prix du pétrole peut ainsi se répercuter sur l'ensemble
de l'économie (il s'agit en outre d'une inflation "importée", c'est-à-dire liée à l'augmentation du prix
des importations). Par ailleurs, si les salaires augmentent plus rapidement que les gains de
productivité, le coût du travail augmentera et sera peut-être répercuté sur les prix de vente.
L'inflation par les coûts traite des facteurs qui interviennent dans la fixation des prix de revient par
les entreprises. Mais aux côtés des coûts, on rencontre aussi le profit. Les entreprises ont ainsi la
possibilité d'augmenter leurs prix afin de maintenir ou d'accroître leurs profits résultant de leur
activité productive, ce qui influe sur le niveau général des prix. Dès lors l'inflation peut aussi
s'analyser comme une spirale salaires-profits ("spirale inflationniste "), la hausse des uns ne faisant
que compenser celle des autres.
2.2 Les conséquences de l'inflation : L'inflation correspond d'abord à une diminution du pouvoir
d'achat de la monnaie (on peut parler, dans une certaine mesure, de dépréciation de la monnaie au
niveau interne). Comme le pouvoir d'achat désigne la quantité de biens et de services qu'un certain
revenu permet d'obtenir, la hausse des prix conduit à une diminution de la quantité de biens que
permet d'acheter une certaine somme. On peut d'ailleurs calculer l'évolution du pouvoir d'achat
d'une certaine somme (10 000 € par exemple) entre deux dates, t1 et t2, pendant lesquelles
l'inflation s'est accrue (3% d'inflation par exemple). En t2, 10 000 € ne permettent plus d'acheter la
même quantité de biens que durant la période précédente t1. Les prix ont augmenté de 3 % et
l'indice des prix est passé de 100 à 103. Le pouvoir d'achat de 10 000 € est devenu : 10 000/103 x
100 = 9 708,70 €. En t2, 10 000 € correspondent à la valeur nominale, ou valeur à prix courants,
tandis que 9 708,70 € correspondent à la valeur réelle (le pouvoir d'achat), ou valeur à prix
constants par rapport à l'année t1 On dit que l'on a "déflaté" la valeur nominale. Le passage d'une
valeur à prix courants à une valeur à prix constants s'est fait grâce à un déflateur (indice des prix
ici). Déflater consiste donc à corriger une grandeur économique des effets de l'inflation. On a ainsi :
valeur réelle = (valeur nominale/indice des prix) x 100. En période d'inflation, si les revenus
augmentent, l'augmentation nominale (celle qui apparaît sur le bulletin de salaire) est moins
importante que la véritable augmentation de pouvoir d'achat (augmentation en valeur réelle).
Prenons un exemple. Un salaire passe de 7 000 € à 8 000 € entre janvier de l'année 1 et janvier de
l'année 2. Durant la même période, l'indice des prix à la consommation passe de 100 à 104,8 (base
100 l'année 1). Sur base 100 l'année 1, le salaire passe à 114,3, soit 14,3 % d'augmentation. Pour
trouver l'augmentation du pouvoir d'achat, il ne faut pas faire la différence des pourcentages, mais le
rapport des indices de l'année considérée. Indice du pouvoir d'achat = indice du salaire nominal/
indice des prix x 100. Soit, 114,3/104,8 x 100 = 9,1. Le pouvoir d'achat a augmenté de 9,1 % entre
les deux dates. L'inflation pénalise donc les détenteurs de revenus fixes (épargnants par exemple)
puisque leur pouvoir d'achat diminue. Elle bénéficie alors aux agents endettés puisque la valeur
réelle de leur dette diminue. Les effets de l'inflation jouent aussi sur le commerce extérieur
puisqu'une inflation plus importante en France qu'ailleurs pénalise les exportations françaises alors
que les prix des importations deviennent moins élevés que les prix des produits intérieurs. Il
convient dans ce cas, d'observer le différentiel d'inflation entre pays.