matériel. L’espace sacré, nous le lisons, notamment dans St Paul, c’est notre corps, notre
corps individuel et c’est le corps social que nous formons les uns avec les autres.
L’espace sacré, c’est celui que Paul appelle le corps du Christ et qu’est-ce que le corps du
Christ ? Eh bien, c’est l’ensemble des chrétiens qui s’unissent les uns les autres, en vue de
rayonner la fraternité autour d’eux. Donc des chrétiens rassemblés par l’amour, le souvenir de
Jésus. C’est là aussi où le sacrement, par excellence qui est le sacrement de l’Eucharistie, –
voir dans Cor 11 le récit de l’institution de l’Eucharistie – où Saint Paul nous apprend à
respecter le corps du Christ. Le commentaire traditionnel c’est de reconnaître que
l’Eucharistie est bien le corps du Christ, le corps individuel du Christ. Non, ce n’est pas du
tout la pensée de Paul. Qu’est-ce qu’il nous dit ? Quand vous vous réunissez pour
commémorer le souvenir du Seigneur, attendez-vous les uns les autres. Ne commencez pas à
manger dès que vous arrivez sans vous occuper de ceux qui ne sont pas là et qui vont arriver
les derniers. Attendez-vous les uns les autres. L’Eucharistie nous apprend à respecter le corps
que nous formons quand nous nous rassemblons autour de Jésus.
C’est cela le corps du Christ qui se noue dans le souvenir de Jésus, son souvenir et son attente,
le Christ à venir, c’est-à-dire tous ces hommes qui nous entourent, qui sont appelés eux aussi
à entrer dans le corps du Christ, à former avec nous une seule et même humanité.
C’est cela la véritable compréhension du sacré chrétien. Jésus a donc sécularisé lui-même le
sacré. Le sacré n’est pas le temple de pierre, le sacré c’est le corps que forme la multitude des
chrétiens rassemblés au nom de Jésus et qui, là, apprennent à se conduire les uns envers les
autres, en frères, pour le faire également avec ceux qui ne sont pas là, rassemblés
présentement dans le corps du Christ, qui sont cependant les enfants du même Père, comme
nous le sommes.
2ème piste de réflexion : la vie du chrétien en Eglise aujourd’hui
La construction de l’Eglise comme espace de vie politique, comme espace politique.
(...) la question se pose : est-ce que le chrétien jouit, dans l’Eglise, de droits citoyens
comparables à ceux dont il jouit dans la société civile ? On peut se poser la question. On y
répond d’ailleurs assez vite.
Il ne faut pas oublier aussi qu’il y a l’inégalité qui tient à la consécration. Le pouvoir
appartient aux clercs depuis l’institution de la distinction entre laïcs et clercs qui remonte au
début du IIIème siècle, avec ce qu’on appelle la tradition apostolique d‘Irénée, qui n’a rien
d’apostolique d’ailleurs. Mais, c’est le moment où l’on a commencé à imposer les mains à des
personnes qui avaient, seules, le droit de participer à la liturgie. Donc, une inégalité hommes –
femmes, puisque l’Eglise ne permet pas aux femmes d’accéder à la consécration. Est-ce que
cet accès à la consécration sacerdotale serait le seul moyen de rétablir des droits politiques
dans l’Eglise ? A vous encore d’y réfléchir. Mais il est certain que l’inégalité homme – femme
devient de plus en plus choquante dans un monde dont l’évolution se caractérise, inversement,
par la participation de plus en plus grande des femmes à tous les échelons du pouvoir, du
pouvoir politique comme du pouvoir industriel. Donc, au regard du monde sécularisé, le
chrétien ne jouit pas, dans l’Eglise, des prérogatives et des libertés qui sont considérées
comme constitutives des droits humains dans le société civile. Le chrétien n’est pas un
individu majeur. Il est encore mineur. La femme encore plus. Et cela contribue très fortement
à la séparation du monde et de l’Eglise, et contribue très fortement à la perte de crédibilité du
langage théologique. Et même quand nous