EXPOSE
Groupe 1
Qu'apporte la prise en compte du temps dans la
compréhension des comportements de consommation
des ménages ?
2003/2004
Barb Amandine 14/11/2003 Exposé
Caroit Eléonore
Boudjemaï Miloud
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Introduction :
Les ménages ayant un revenu disponible brut ont deux options dans le choix de la
consommation de celui-ci. Soit ils le dépensent afin de satisfaire leurs besoins: c'est le
processus de consommation, soit ils l'épargnent afin de le dépenser plus tard lorsque la
nécessité s'en fera ressentir : il s’agit du processus de consommation différée dans le temps. Il
apparaît donc clairement que la prise en compte du temps dans l'analyse économique des
comportements de consommation des ménages est indispensable. Les économistes classiques
et néoclassiques ont tenté d'analyser les comportements de consommation en prenant en
compte uniquement les variations de revenus et de prix pour les premiers et du temps présent
pour les seconds. Bien que n'étant pas fausse ces théories se sont avérées incomplètes.
Aujourd'hui la variable temps s'avère de plus en plus importante dans la compréhension de
des structures de consommation de ménages. C'est pourquoi dès lors, nous pouvons nous
demander en quoi l'introduction du temps dans l'analyse économique de la consommation des
ménages permet une étude plus réaliste et efficace de celle-ci. Dans cette optique il est
nécessaire de voir en quoi est ce que la prise en compte du temps permet une analyse
économique positive plus pertinente de la consommation des ménages et également une
meilleure compréhension des différents choix du consommateur.
I) L'intégration de la variable temps permet d’élargir le champ d'analyse de la
consommation des ménages…
A) Le temps comme outil d'analyse dans la gestion des revenus des
ménages…
1. Les insuffisances de la théorie keynésienne de la consommation…
Les premières théories élaborées pour expliquer les demandes des ménages ne
prennent en compte que le temps présent à la consommation :
Ainsi dans la Théorie du revenu courant (Keynes : Théorie de l’emploi, de l’intérêt et
de la monnaie) : on étudie la consommation courante des ménages en fonction de leur revenu
courant. Mais on tient alors compte de celui-ci comme n’étant pas soumis aux influences
temporaires (brève fluctuation de l’activité, des pertes ou des gains) : c’est le revenu présent,
et il ne bouge pas; le temps est comme figé. Il fonde avec cette théorie la Loi psychologique
fondamentale: si une variation de revenu semble temporaire (comme celle due à une
promotion garantissant un emploi sûr et bien payé), les individus vont consommer une bonne
partie de l’augmentation de ce revenu, puisque de toute manière, ils retrouveront le même au
mois suivant (les variations temporaires qui peuvent affecter le revenu d’un mois à l’autre ne
sont pas prises en compte: ménages ne se préoccupent de consommer qu’au moment présent :
n’intègrent pas le futur, donc le temps à leur réflexion : « Les hommes tendent à accroître leur
consommation à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que
l’accroissement du revenu »: loi suppose aussi que la partie non consommée, l’épargne, est
une fonction croissante du niveau de revenu.
Une théorie non réaliste : elle suppose que les ménages ne tiennent pas compte du
futur, mais seulement du moment correspondant à leur consommation, donc suppose qu’ils
n’ont pas de préoccupations pour leur avenir, et qu’ils sont certains d’avoir à peu près le
même revenu toute leur vie. Or il est évident que tous les ménages ont certaines craintes pour
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l’avenir, même avec un travail stable : peur d’un accident, de mourir (il faut alors que leurs
enfants puissent vivre), d’une récession. Le fait qu’ils ne puissent pas travailler toute leur vie
mène les individus à s’interroger sur les moyens de vivre après. Il est donc évident que les
ménages intègrent ces préoccupations, ou ces espoirs (donc le temps) dans leurs décisions de
consommation. La projection dans le temps (le long terme) influence la demande.
Les remises en cause de Friedman et Modigliani, montrent que l’étude de
consommation des ménages sans prise en compte du temps est incomplète : à court terme, la
propension moyenne à consommer diminue effectivement avec le revenu et l’épargne
augmente, mais pourtant à long terme, cette propension moyenne à consommer ne diminue
pas (étude de Kuznets de 1946 sur la consommation des ménages américains entre 1869 et
1938). Ne pas prendre en compte l’avenir, le temps, entraîne une analyse de la consommation
des ménages insuffisante et incomplète.
2. …nécessite une analyse intégrant la variable temps.
Pour répondre aux insuffisances des principes du revenu courant de Keynes
notamment dans la prise en comte du temps futur d'autres théories ont vu le jour.
Ainsi pour Friedman, la consommation et l'épargne ne dépendent pas du revenu
courant, mais du revenu permanent, entendu comme le revenu dont l'agent peut disposer à
chaque période de sa vie sans entamer son patrimoine. On prend donc le temps de vie futur
dans ce cadre. L'hypothèse de Friedman revient à considérer que les ménages ne dilapident
pas leur patrimoine, mais utilisent seulement les revenus de ce patrimoine. Friedman distingue
deux composantes dans le revenu observé, le revenu permanent et le revenu transitoire. Ce
dernier peut être positif auquel cas le revenu observé est supérieur au revenu permanent, ou
négatif, auquel cas le revenu observé est inférieur au revenu permanent. Selon Friedman, il
existe une relation proportionnelle à long terme entre revenu permanent et consommation. À
court terme, la relation n'est pas proportionnelle, dans la mesure où il existe un revenu
transitoire : en moyenne, les personnes riches ont un revenu transitoire positif, ce qui fait que
leur propension marginale à consommer est faible, alors qu'à l'inverse, un agent pauvre dont le
revenu transitoire est négatif, aura une plus forte propension à consommer.
La théorie du revenu permanent a été remise en cause par la critique de Lucas (1976)
et les hypothèses des anticipations rationnelles. L'économiste de Stanford Robert Hall a alors
pensé une version rationalisée du revenu permanent qui tient compte explicitement de
l'incertain et donc du temps futur. Aujourd'hui, le modèle de cycle de vie en environnement
incertain est devenu un cadre conceptuel central pour penser l'arbitrage consommation-
épargne. Le modèle de Hall montre que la meilleure prévision de la consommation future est
la consommation présente.
Ainsi, la consommation future est très dépendante de l'aléa que constitue
l'innovation du revenu permanent. Cet aléa constitue la principale source de variabilité de la
consommation au cours du temps. En conséquence, l'évolution future de la consommation est
déconnectée de l'évolution passée et présente du revenu et de tout ce que l'agent peut
initialement anticiper. Le principal avantage de cette modélisation est de réconcilier les
évolutions de court terme de la consommation avec celles de plus long terme. En effet, le
modèle implique le lissage de la consommation de l'agent d'une période à l'autre tout au long
du cycle de vie.
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B) …permet une étude pertinente de l'évolution des comportements de
consommation des ménages à long terme.
1) La variable temps dans l'évolution de la consommation des
ménages suivant les périodes de la vie…
Le comportement d’épargne d’un agent économique est une fonction variable dans le
temps. Ceci s’explique par le fait que l’agent économique fait varier le montant de son
épargne dans le but de maintenir, tout au long de la vie, un certain niveau de consommation et
donc de revenu. Selon Ando et Modigliani, in " The life cycle hypothesis of saving ", les
ménages consomment et épargnent en fonction de leur cycle de vie. Cette théorie tend à
démontrer qu'un ménage type, emprunte lorsqu'il est jeune, épargne durant sa vie active et
désépargne à la retraite.
En conséquence, on peut identifier trois périodes :
- dans sa jeunesse : l’agent économique consomme même en l’absence de revenu, son
épargne est donc négative.
- dans sa vie active : l’agent économique va progressivement accroître son effort
d’épargne au fur et à mesure que son revenu augmente pour anticiper la baisse de
revenu liée au passage à la retraite.
- en période de retraite : l’agent économique va puiser dans son épargne pour maintenir
sa consommation au niveau antérieur.
Au niveau d'un pays, on devrait pouvoir trouver une relation entre le taux d'épargne et la
structure par âge de la population qui vérifie cette hypothèse. La théorie du cycle de vie,
repose cependant sur plusieurs hypothèses fortes :
- les ménages épargneraient exclusivement en vue de financer leur période de retraite
durant laquelle ils vont désépargner. C'est oublier cependant que l'on peut souhaiter
transmettre un héritage et donc conserver une épargne.
- les ménages connaîtraient a priori leurs revenus futurs et leur durée de vie. Cela est
peu vraisemblable et laisse du même coup la place à la constitution d'une épargne de
précaution.
- les ménages épargneraient dans la mesure où ils ne perçoivent pas de revenus de
transfert à leur retraite. Or aujourd'hui, les pays industrialisés ont mis pour la plupart
en place des systèmes de retraites obligatoires
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Théorie du cycle de vie
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