Chapitre 2 : LE SYSTEME INTERNATIONAL DEPUIS 1945

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Chapitre 2 : LE SYSTEME INTERNATIONAL
DEPUIS 1945
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I.
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Pierre Grosser, Les temps de la Guerre froide (1995)
Marisol Touraine, Le bouleversement du monde (1995)
L’ordre de la CW :
articulation des RI autours de l’opposition centrale USA-URSS
o affrontements indirects à la périphérie
o Les autres pays définissent leur position en fonction de cette opposition
o Monde séparé en groupes d’Etats ennemis
Notion de bipolarité :
o Grosser : La bipolarité produit la CW : la CW est le produit d’une
configuration particulière des rapports de force issus de la WW2.
o Lien avec la théorie réaliste :
 Cette approche a rendu compte de cette organisation des RI grâce à des
concepts, une grille de compréhension de cet ordre.
 = courants longtemps dominant.
A. Les spécificités du système bipolaire :
1. Un ordre inter étatique :
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Repose sur un découpage du monde en Etat
Première fois que l’on a une approche globale = ordre mondial
o Aron : Configuration particulière des rapports de force englobant l’ensemble
du monde
o Avant : approches englobant une partie du monde.
Marisol Touraine : trois conditions à l’ordre international :
o Existence d’acteurs politiques identifiés et donc légitimés (ici = Etats)
o Existence de règles du jeu reconnues, acceptées et respectées
o Existence d’enjeux communs fondateurs d’une rationalité politique partagée
permettant de se comprendre (ici = poursuite de l’intérêt national)
Connotation positive de la notion d’ordre internationale : il est possible d’organiser
rationnellement le système international.
2. Un ordre international fondé sur l’équilibre des puissances :
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-
L’équilibre des puissance définit d’abord le concert européen (après 1815)
o Système de diplomaties d’Etats et de conférences dans le but de prévenir
l’émergence d’une puissance dominante en Europe (cible = France de
Napoléon)
3 éléments :
o deux acteurs centraux : USA-URSS


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les autres Etats acceptent leur rôle prépondérant
néoréalistes : Waltz : les grandes puissances ont un droit de regard sur
les petits pays qui l’accepte car c’est un gage de stabilité.
o Découpage clair des frontières : Yalta février 45.
o Emergence de coopérations tacites entre les deux grands pour réguler la
compétition et éviter un affrontement direct (surtout après la crise des missiles
de Cuba)
 Cf théories des régimes.
Mécanismes permettant l’équilibre :
o Jeux d’alliances : bloc est/ouest
o Equilibre de la terreur : dissuasion nucléaire
 C’est la menace permanente de la guerre qui permet d’ordonner le
système, de préserver la paix ‘au moins au niveau central) = théorie
réaliste.
On retrouve donc trois postulats réalistes :
o Système inter étatique
o Système d’Etats hiérarchisés en fonction de leur puissance
o Absence de co-gestion du monde (car intérêts divergents) mais rationalité
stratégique commune (nucléaire : introduction d’une logique abstraite du
conflit).
B. Le territoire à son apogée :
-
le système I est fondé sur le principe territorial
o territoire renvoie à une réalité politique incarnée dans un Etat
1. Un découpage territorial du monde :
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Effets de la CW :
o Contribue à préserver et consolider le découpage du monde en Etats après
WW2.
 Découpage surveillé par les deux grands
 Les conflits concernant les deux grands relèvent des affaires internes
(ex : Afghanistan avec URSS) car le découpage est respecté.
o Favorise la diffusion du modèle occidental de l’Etat-nation
 La décolonisation s’est appuyée sur l’importation de ce modèle :
 Bertrand Badie, L’Etat importé
 CW : Impact direct sur cette exportation :
 Rivalité dans la recherche d’alliés : favorise la construction
étatique des pays décolonisés : offre d’un soutien idéologique,
financier…
o Ex : Bayart, L’illusion identitaire : cas de la Somalie.
 = double intérêt des deux grands : obtention d’un allié + assise
d’une domination sur place.
 Imposition ou adoption de ce modèle ?
 Badie : opposition radicale entre modèle politique importé
(fondé sur une allégeance prioritaire à l’Etat) et ordre local
(fondé sur un faisceau d’allégeances dénué d’ordonnancement
hiérarchique)
o = non respect des solidarités communautaires et blocage
des échanges
 Bayart : ordre importé = investit par les acteurs locaux :
o appropriation des ressources politiques et économiques
fournit pare le modèle
o jeu complexe entre exportation forcée et importation
calculée :: mêle effets de domination et stratégies
raisonnées.
o = + nuancé
o Incite les Etats à accumuler des ressources indu, mil, éco
 = renforcement de l’Etat garant du territoire et de son intégrité
 centralisation du pouvoir de décision :
 USA : New Deal
 URSS : Staline...
o Favorise le triomphe du développementalisme :
 = développement doit être favorisé par l’industrialisation volontaire
impulsée par l’Etat.
2. Une fétichisation du territoire : Grosser :
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voir paragraphe 1
Le système bipolaire a mené la logique territoriale jusqu’à sa limite : presque
caricature de la conception territoriale de l’ordre international
Système fondé sur l’organisation territoriale de l’antagonisme :
o Notion de pôle
o = conception géographique de l’affrontement et de la sécurité (protéger son
territoire)
C. Les enjeux de la CW :
1. Une bipolarité porteuse de sens :
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Zaki Laidi, Un monde privé de sens (1994) (ref au monde post CW)
o Théâtralisation des RI : mise en scène de l’affrontement et de ses acteurs
 Objectif = renforcer la cohésion politique et sociale de chaque camp
o Superposition de deux conflits :
 Conflit stratégique et nucléaire : puissance véhiculée par le nucléaire
 Conflit entre deux systèmes de valeur universalistes : sens symbolisé
par le combat idéologique
 Permet de donner un sens au conflit stratégique
 Cette capacité à produire du sens au conflit a renforcé la
puissance de chaque camps
o Conflit est/ouest =
 Principe d’organisation des RI
 Principe de compréhension des RI (ex : fourni des explications toutes
faites aux conflits locaux).
2. Deux modèles concurrents de modernité :
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Point commun :
o Conception du progrès fondée sur le rôle central de l’Etat
o CW = hymne à la rationalité étatique : modèles politique, économique, social
d’une gestion étatique rationnelle.
Conclusion :
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II.
Effondrement URSS :
o Comment expliquer la fin de cet ordre stable et rationnel ? 2 explications :
 Analyse centrée sur le processus diplomatique et stratégique des élites
dirigeantes
 Changements sur le LT des structures et ddes relations politiques,
militaires, économique… Multiplicité des processus en jeu :
 Mouvement d’unification du monde :
o Homogénéisation politique et idéologique : triomphe de
la démocratie de marché et épuisement des utopies
marxiste dès 70’s.
o Homogénéisation économique
 Crise de l’Etat : fin du modèle westphalien
 Mutation de la puissance = plus économique que politique
o Comment rendre compte du nouveau système ?
 = enjeu pour les théoriciens.
Les ruptures de 1989 :
A. L’illusion lyrique de 1989 :
1. La « fin de l’Histoire » : Francis Fukuyama :
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1989 = année 0 d’une nouvelle ère, signe de la victoire de la démocratie sur le
communisme
o formation d’un consensus idéologique autour du modèle démocratique
occidental conçu comme universel
o = réactivation du courant idéaliste.
o Ouvre la voie à un monde sans conflits
Corollaire = discours sur la fin de l’histoire
o Démocratie = point final de l’évolution de l’humanité, = forme finale de tout
gouvernement humain
o Modèle de la démocratie de marché = modèle de la modernité : l’échec du
modèle soviétique en est la preuve (effondrement notamment du à l’attrait vers
le modèle de démocratie libérale)
o 1989 = effondrement de la barrière la plus importante à la diffusion de la
démocratie libérale
Correspondance entre démocratie et marché, entre démocratie et dérégulation :
o Discours utopique sur la communication (Internet…) : fin des obstacles
imposés à la liberté individuelle
o Discours sur la démocratie de marché présentée comme une nécessité et plus
comme un choix politique :
 = seul moyen de faire fonctionner la société et l’économie de manière
viable.
 = évolution inéluctable s’inscrivant dans l’Histoire

= conception téléologique de l’histoire.
2. Le « nouvel ordre mondial » :
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expression apparue dans les 70’s :
o utilisée par les PED
o revendication d’un nouvel ordre mondial pus juste et égalitaire.
o Relayé par CNUCED et PNUD.
1989 : réactivation de cet espoir :
o la fin des rivalité pourrait profiter au sud : fin de l’instrumentalisation dans le
rapport de concurrence entre les deux camps.
Présent dans les discours politiques :
o Guerre du Golfe 1991 = vu comme la 1ère manifestation de l’entrée dans ce
nouvel ordre.
o Discours de Bush : « le monde assiste à l’émergence d’un nouvel ordre
mondial où les diverses nations poursuivent ensemble la même cause et
aspirent à des valeurs universelles comme la paix, la sécurité, la liberté et le
règne de la loi »
 = messianique, utopique : présente la guerre du Golfe comme la
réalisation d’idéaux démocratiques.
 = très contesté :
 on voit dans ce discours le moyen de camoufler la domination
US.
 Critique virulente de Noam Chomsky : diabolisation des USA,
grand prédateur
 Critique des 1/3mondistes : voient dans les discours sur
l’économie de marché une escroquerie destinée à mettre sous
tutelle les pays pauvres
3. Le temps de la démocratie ? :
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Fin CW = vue comme l’amorce d’une 3ème vague de démocratisation par Huntington :
o 1ère vague = émergence de démocraties nationale au 19ème
o 2ème vague = ap WW2 : Europe de l’Ouest, décolonisation, Amérique Latine
o 3ème vague : 1989 : Europe centrale et orientale
= enchaînement temporel des processus de démocratisation dans les 72’s
o est-ce un enchaînement causal ? Y-a-t-il des facteurs explicatifs ?
o Quelles sont les influences internationale dans ce processus ? La démocratie
peut-elle s’exporter ?
Laurence Whitehead, The international dimension of démocratisation (1996) : 3
types d’interactions dans les processus de démocratisation :
o La contagion :
 Existence de séquence géographiques, régionales de démocratisation
 Le proximité est un facteur de diffusion
 Ex : Europe du Sud 70’s : Espagne et Portugal
o Lee contrôle :
 La démocratie est imposée de l’extérieur par une puissance qui y voit
un intérêt (perspective réaliste)
 Ex : politique US en Amérique Latine (intervention militaire USA sous
l’égide de l’ONU à Haïti qui rétablit le gouvernement démocratique du
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père Aristide en 1991), rôle dans la chute des sandinistes au
Nicaragua, politique en Irak.
o Le consentement :
 Interaction entre des processus internes eet externes
 Existence d’acteurs nationaux engagés dans le processus + soutiens
extérieurs (financiers, logistiques)
 notion « d’ingénierie démocratique » : action visant à aider ce
processus : surveillance d’élections, assistance à la rédaction de textes
juridiques…
 aides fournies par des ONG, OI, élus locaux…
 ex : Bosnie, Burkina Faso
Efficacité limitée de l’exportation de la démocratie :
o L’influence extérieure n’a de poids que si elle est relayée par des acteurs
locaux
o Les impactes externes est observable au niveau des facteurs subjectifs
(diffusion des valeurs, des idées) et pas au niveau ds facteurs objectifs
(diffusion par la diplomatie ou la force) : difficile à évaluer.
 Effet de démonstration (Whitehead) : souhait d’imiter des systèmes
politiques via des moyens de communication…
o En général, l’aide extérieure = limitée à implanter des procédures sans suivi.
Or la démocratisation est un processus d’apprentissage. Peut aboutir à des
démocraties de façades.
Conclusion :
o Pas d’enchaînement causal
o Rôle secondaire des facteurs externes
o = plutôt une conjonction particulière entre les évolutions internes et les
évènements externes
« temps de la démocratie » n’est pas pertinent dans le sens de son exercice véritable
o pertinent dans le sens d’une diffusion d’un modèle de référence = temps de son
hégémonie idéologique + que de sa diffusion effective.
o Ces discours sur le temps de la démocratie sont fondés sur une confusion entre
démocratie et civilisation occidentale.
Cette approche = vision optimiste, naïve et idéologique des évolutions internationales
o Remise en cause par la guerre du Golfe
o Cette guerre peut être lue comme l’illustration de l’entrée dans une nouvel
ordre international mais aussi comme une prise de conscience de l’instabilité :
entrée dans un nouveau désordre international
o Les spécialistes de questions de sécurité veulent identifier ces nouvelles
menaces :
 Didier Bigo, Troubler et inquiéter : les discours du désordre
international, Culture et Conflit n°19 (1995)
B. L’analyse culturaliste du choc des civilisations (Huntington) :
1. Une nouvelle anarchie mondiale :
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Point commun avec les théorie de la fin de l’histoire :
o Rupture de 1989 : entrée dans une nouvelle ère
Différences : conclusions opposées :
o Perte des repères politiques traditionnels (Etat, nation) : remet en cause la
stabilité : conception réaliste à ce niveau :
 CW = facteur d’ordre : menace identifiée garantissant la sécurité
 Bipolarité = source d’équilibre
 Dissuasion nucléaire rend impossible les manifestations concrètes de la
violence
o Fin CW :
 Le menace devient diffuse : dure à identifier : sentiment d’insécurité
 Dissémination de la violence : idée de privatisation de la violence :
terrorisme, crime organisé
 Ré émergence des conflits périphériques jadis contrôlé et contenus par
les deux grands
 Violence reprend une dimension physique vs CW (violence virtuelle,
potentielle, symbolique dans les discours idéologiques)
 On parle de la barbarie au Rwanda, en Serbie…
 En réalité, on est pas beaucoup plus barbare qu’en Algérie ou
qu’au Vietnam
o = idée d’un retour à l’insécurité reposant sur la confusion entre deux
phénomènes contemporains :
 fin CW et bipolarité
 diffusion de la violence
o = retour à la thématique réaliste du monde anarchique
 il n’y a plus de système de régulation de cette anarchie.
o Enjeu = rendre compte du désordre par de nouveaux modèles explicatifs
 Huntington remplace le conflit est/ouest par un conflit N/S
2. L’affrontement N/S : Huntington :
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La démocratie ne s’étend pas dans le monde
o Il y a un nombre restreint de sociétés aptes à la démocratie ie les société
avancées au sein de la civilisation occidentale
Le monde se dirige vers une guerre des culture, un choc des civilisations :
o Distinction de 8 à 9 civilisations :
 Occidentale
 Latino-américain
 Musulmane
 Chinois
 Japonaise
 Slavo orthodoxe
 Bouddhiste
 (africaine)
o le conflit se situe principalement entre la civilisation occidentale et les autres
 preuve = entraide entre les autres pour s’opposer à l’occident.
o Deux civilisations sont particulièrement dangereuses pour l’occident :
 Chinoise : dynamisme économique et militaire
 Musulmane : dynamisme démographique et violence terroriste
Le clash n’est plus idéologique mais culturel :
o Diffère du réalisme : les unités pertinentes sont les civilisations et pus les Etats
o Les lignes de partage du monde sont culturelles et ethniques
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o Les pesanteurs culturelles expliquent les retards de développement
économiques et les déficits démocratiques
o La tradition et la culture est vu comme un signe d’archaïsme, ennemi du
progrès.
Explication des conflits :
o Révolution Iran 1979 :
 Victoire de l’obscurantisme islamique sur la démocratie moderne (le
shah d’Iran, parfait démocrate !)
o Rwanda : conflit communautaire entre Tutsi et Hutu
Autres auteurs : Benjamin Barber, Djihad vs. Mac world (1996)
o Oppose deux tendances dangereuses pour la démocratie :
 Mac world : référence aux facteurs d’unification économique,
culturelle, politique du monde = source d’affaiblissement pour les Etats
 Djihad : références aux facteurs de repli sur soi (hausse des
revendications identitaires) = source de multiplication des conflits.
= approche beaucoup reprise car elle offre une grille d’analyse simpliste : impacte
médiatique fort, succès en occident car elle lui donne une bonne place.
Effets politiques de cette approche : Légitime certains choix
o Intervention du nord : ex : rhétorique de l’axe du mal et des Etats voyous,
amalgame islam-islamisme
o Réhabilite l’importance du secteur militaire
o Justifie des politiques plus répressives en matière d’immigration
Critiques : JF Bayart, L’illusion identitaire :
o Cette approche refuse tourte idée d’universalité :
 Compartimente le monde
 Envisage le monde avec fatalité
 Certaines cultures sont antidémocratiques par nature
o Conception de la culture comme ancestrale et immuable :
 La culture est définie comme une réalité objective et l’identité comme
une substance
 Or l’appartenance identitaire est plutôt un fait de conscience : le
sentiment d’appartenance évolue (ex : immigration)
o Approche disant que la culture détermine les actions individuelles :
 L’appartenance identitaire ne conditionne pas tout
 « Il n’y a pas d’identité naturelle, il n’y a que des stratégies
identitaires »
o Occulte la dimension politique des phénomènes : ex :
 Explique le miracle économique japonais par la culture japonaise or il
est surtout lié à une politique volontariste menée par un Etat fort et
nationaliste dans les 30’s.
 Révolution iranienne = politique, sociale et nationaliste avant d’être
religieuse
 Rwanda = plus qu’un conflit identitaire : parmi les miliciens Hutu,
beaucoup de jeunes marginaux déclassé sont payer pour agir =
dimension sociale déterminante.
 Ces identité culturelles sont construite en réponse à des enjeux de
pouvoir non pris en compte par cette approche
 Les conflits sont politiques avant d’être ethniques


L’argument identitaire est invoqué pour légitimer des conflits
politiques de pouvoir.
Jacques Rupnik, Les Balkans : paysage après les batailles
(1996) :
o Argument ethnique = utilisé comme légitimation des
conflits par les combattant et comme mode d’explication
par les observateurs
o Succès auprès des politiques : ex : en 1992 Mitterrand
évoque les « haines ancestrales qui agitent l’Europe de
l’Est »
o = instrumentalisation des identités culturelles à des fins
stratégiques
o En réalité, selon Rupnik, ce n’est pas la haine ancestrale
qui a causé la guerre mais la guerre qui a activé cette
haine (serbes orthodoxes, croates catholiques,
bosniaques musulmans)
Conclusion II. :
-
-
Mutations internationales à partir 1989 ont trouvé des réponses opposées :
o Utopies libérales
o Culturalistes
= analyse différente des conflits post guerre froide : Bigo, Les conflits post
bipolaires : dynamiques et caractéristiques (Culture et Conflit n°8, 1993) :
o utopies libérales : = séquelles de la bipolarité
o culturalistes : = produit d’antagonismes culturels et ils ont une dimension
irrationnelle voir pathologique (les barbaries, le folies du génocide…)
o Selon Bigo ces deux analyses expriment d’abord des enjeux de pouvoir visant
à légitimer certaines politiques. Les acteurs produisant ces thèses sont
multipositionés dans différents champs : avant tout dans le champ politique et
celui de la sécurité et pas dans celui de la recherche.
 Ces thèses = très médiatisées car elles revoient à des enjeux intéressant
les acteurs politiques et ceux du monde de la sécurité (militaire,
police…)
 L’opposition entre les deux thèse = lutte entre les experts de la sécurité
qui veulent imposer la légitimité de leur vision
 Leur discours visent à redonner une place aux spécialistes des RI dans
le champ de la sécurité
 Discours sur la Fin de l’Histoire favorise une position de
mobilité dans ce champ ie produit par des acteurs plutôt
marginaux : notion de sécurité = environnement, santé…
 Discours sur le choc des civilisations = acteurs déjà présent
dans le champs et qui reconvertissent leur savoir (est/est devient
nord/sud).
 Concurrence entre militaire et policier : le phénomène de
violence diffuse relève plus des méthodes policières.
 Thèse de Bigo =
 Met l’accent sur le processus de transnationalisation
 L’évolution des conflit est due à des mutations sociologiques de
long terme et pas au changement d’un ordre stratégique :
épuisement du modèle westphalien (remise en cause des Etats
comme acteurs centraux)
III.
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Le processus de mondialisation :
Définition : Olivier Dolfus, La mondialisation (1997) : = échange généralisé entre
les différentes parties de la planètes
o Echanges de tout type : éco, sociaux, financiers, culturels, politiques…
o Phénomène de multiplication des flux mis en avant par les approches
transnationales.
Trois phénomènes d’interdépendance :
o Accélération des échanges mondiaux
o Multiplication des interactions entre sociétés : disparition de la médiatisation
des Etats
o Emergence de problèmes mondiaux requérant des mesures communes (thème
de la gouvernance globale)
A. L’unification de l’espace mondial :
1. L’avènement d’un temps mondial : Zaki Laidi :
-
Diffusion rapide des événements favorisée par la multiplication des échanges :
accélération, compression du temps : le monde semble vivre un même moment
Systèmes éco, po et sociaux subissent les mêmes influences : évolutions similaires… :
interdépendances
Perception de l’espace comme réduit
= fondé sur une perception : façon dont on envisage le monde et notre rapport au
monde : il y a eu redéfinition du rapport au temps et à l’espace.
2. Les différentes facettes de la mondialisation :
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-
-
Mondialisation technologique :
o Développement des transports, des communications
o Favorise d’autres types d’échanges ie circulation des personnes et des idées
Mondialisation socioculturelle :
o Emergence d’acteurs transnationaux : ONG, multinationales
o multiplication des contacts par les migrations, le tourisme, les échanges
universitaires….
o Favorise l’émergence de références et de valeurs communes
Mondialisation politique :
o Diffusion du modèle de la démocratie libérale
o Vecteurs :
 instances économiques type FMI qui formulent des exigences
politiques en échange de leur aide
 activité de surveillance du respect des droits de l’homme par les ONG
 processus d’imitation grâce aux nouvelles communications
o = difficile de saisir les liens et les influences : ex : Gorby et de Clerk arrivent à
la même époque en URSS et en Afrique du Sud : y a t il diffusion d’un modèle
ou non ?
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Mondialisation économique : Wladimir Andreff , La détérritorialisation des
multinationales
o Globalisation de la production : = liée au poids croissant des multinationales
 Définition multinationales = entreprise de grande taille le plus souvent
qui a implanté plusieurs filiales à l’étranger avec des stratégies conçues
et organisées à l’échelle mondiale
 Selon CNUCED, en 99 : 60000 firmes multinationales représentent 25
% de la production mondiale
 Différents types de stratégies :
 Délocalisation des activités :
o Jusqu-au début 20ème : logique d’approvisionnement :
zones de plantations ou de gisements
o 20ème : logique de conquête de marchés : zones où on
peut écouler sa production
o 60’s, 70’s : logique de rationalisation de la production :
zones où les coûts sont moins élevés
o 80’s : logique d’intégration du processus de production :
implantation des différentes étapes de la production dans
différentes zones = double délocalisation : hors territoire
+ hors entreprise (sous-traitance croissante)
 Investissement à l’étranger :
o Surtout entre pays industriels
o Intérêt vers des les pays d’Europe centrale et orientale
qui recherche l’investissement en s’engageant dans des
politiques d’avantages fiscaux destinés à attirer les
multinationales. Celles ci s’y installent selon la stabilité
politique et sociale du pays : = accompagnement de la
transition vers économie de marché.
 Alliances entre multinationales :
o concentration croissante du pouvoir
o tissage de réseaux d’entreprises : délimitation de +/+
floue de ces réseaux.
 Conséquences de ces stratégies :
o Produits standardisés au niveau mondial
o Flexibilité croissante de la localisation des
multinationales : émancipation vis à vis du territoire
(« exterritorialisation » des multinationales)
o Impact sur l’organisation des entreprise : DIT au sein
même des multinationales : passage d’une division
verticale à une division horizontale
o Globalisation financière :
 Concentration du capital : les multinationales deviennent autant des
groupes financiers que des groupes industriels = processus de
« financiarisation » des multinationales.
 Facteurs de la globalisation du marché financiers :
 Déréglementation financière et bancaire : initiée par les pouvoir
publics dans les 80’s
 Apport des nouvelles technologies : facilitent le traitement des
opérations
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La mondialisation est perçue comme inévitable et souhaitable par les tenants du
néolibéralisme : arguments :
o = avancée de la modernité, source de progrès économique et social : favorise
une DIT plus efficace
o contribue à l’expansion des régimes démocratiques et à la diffusion des idées
libérales considérées comme l’incarnation de la modernité
Le néolibéralisme = cadre idéologique de la mondialisation : légitime un programme
d’action politique caractérisée par la limitation de l’intervention étatique
Acteurs diffusant ce modèle : Grandes OI financières
o On invité à mettre en œuvre des programmes d’ajustement structurels libéraux
pour régler le problème de la dettes des PED dans les 80’s (baisse des barrières
douanières, libéralisation des dispositions relatives au rapatriement des
capitaux étrangers, modification des lois sur les investissement étrangers…) =
ouverture de nombreux marchés
o Ex d’un élève jusqu’à il y a peu modèle : Argentine.
B. L’Etat face à la mondialisation :
-
Comment l’Etat réagit aux phénomènes de mondialisation ?
Quels effets à la mondialisation sur le fonctionnement des Etats ?
1. Redéfinition du rôle de l’Etat : deux analyses opposées :
a. Analyse transnationales : Susan Strange….
-
-
Mondialisation = victoire des néo-libéraux et défaite de l’Etat providence
Retrait du politique en faveur de l’économique, en faveur des « forces impersonnelles
de marché » ie les multinationales
o Pays occidentaux : objectif de stabilité monétaire (modération du déficit
budgétaire…) : limite l’intervention de l’Etat
o Pays Sud : préconisations des OI financières : « privatisation des Etats »
(Isabelle Hibou en 99)
Le mobilité des entreprises limite la marge de manœuvre en matière de fiscalité :
l’espace économique échappe à l’espace politique.
Les Etats sont inadaptés pour réguler la mondialisation
Les Etats font face à des contraintes extérieures préjudiciables aux objectifs intérieurs
(plein emploi, croissance)
b. Thèses néoréalistes : Pierre de Senarclens, Réguler la
mondialisation
-
critique le mythe de l’Etat impuissant
o Budgets des Etats sont en hausse (rapport de la Banque Mondiale de 97) :
dépenses éco et sociales dans les pays industriels ont doublés depuis 1960.
o Le gouvernement continu de mener des politiques publiques, il oriente
toujours les décisions
o pays du Sud : 90’s : marche arrière des OI : remise en cause des politiques
d’ajustement structurel = réaffirmation du rôle des gouvernement dans la
croissance, importance des secteurs de l’éducation et de la santé : les OI ont
revalorisé ces aspects et leur rôle dans la croissance.
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Le degré d’intervention et de protection varie bcp selon les Etat
o Le retrait de l’Etat dans certain pays n’est pas du à la mondialisation mais à
une décision politique motivée
 UK : privatisation SP
 All, Fr : continu à dépenser en matière d’affaires publiques
Nuances :
o Le maintient de l’intervention étatique ne dépend pas que de la volonté
politique des dirigeants : tous les Etats n’ont pas la même capacité à résister à
la mondialisation
 Ex : Crise asiatique : illustre la difficulté à faire face à la
mondialisation : tous ne disposent pas des mêmes protections
(assurances chômage…)
La capacité à faire face à la mondialisation est différente mais les Etats ont en
communs la mutation des modes d’intervention des pouvoirs publics en matière
sociale et économique :
o Logique de réseaux associant acteurs non gouvernementaux : nouvelle forme
de diplomatie avec les entreprises
o Les multinationale ont des ressources les plaçant en position de force face aux
Etats :
 Peuvent arbitrer entre les Etat en comparant les avantages : choix de
l’implantation
 Affaiblissement des organisations syndicales qui tendent à conserver un
ancrage local.
o Négociations directes avec les multinationales
 Pour qu’elles ne quittent pas le territoire
 Pour qu’elles viennent s’installer
o Méthodes : politiques publiques
 Politiques d’avantages fiscaux
 Concessions douanières
 Fourniture de services d’infrastructure
o Les multinationales ne sont plus des instruments au service des politiques
étrangères des Etats mais = partenaires de négociation
Remet en cause la dimension inter étatique des réalistes : la diplomatie intègre des
acteurs non-étatiques.
2. Effacement de la frontière interne/externe
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Vision tradi = monde découpé en unités étatiques, séparation claire matérialisée par
les frontières. = construction historique
Remise en cause : acteurs transnationaux ont des effets sur les politiques publiques
o Multinationales influencent la situation économique intérieure
o Flux religieux : pb du voile : les gouv doivent gérer les allégeances religieuse
transnationales
o = interdépendance croissante entre processus interne/externe
Impose un renouvellement de la réflexion sur les RI
= « diplomatie triangulaire » (Susan Strange) : entre deux Etats + acteur non-étatique
C. Maîtriser la mondialisation :
1. La gouvernance globale et ses limites :
MC Smouts, dirige Les nouvelles RI (1999), écrit une partie : La
coopération internationale : de la coexistence à la gouvernance
globale.
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Concept issu de la théorie des régimes (Krasner, 80’s)
Postulat de base : crise de l’Etat
o Les sociétés modernes est devenu ingouvernable de par leur complexité
o La fonction de commandement politique est assurée par des instances nongouvernementales
Impacte sur les modes de régulation :
o La régulation n’est plus encadrée par un corps de règle préétablies mais se fait
de façon conjointe par un processus complexe de négociation, d’échanges entre
des intérêts multiples et divergentes
Notion de gouvernance : relativise le rôle de l’Etat dans la régulation ie dans la
production de règles et de politiques publiques
o Souligne la disparition d’une conception unitaire et hiérarchique du
gouvernement au profit d’une approche plurielle et interactive du pouvoir
Existence de coopérations associant divers acteurs pour gérer des problèmes globaux
(envi, santé…)
o Ex : Grande conférence des UN 1992 à Rio sur les problèmes d’environnement
Limites :
o = conception libérale de l’action publique qui défend un principe d’efficacité
comme la théorie des régimes : conséquences :
 pas de mise en question de la nature de la régulation produite : équité ?
 Fait l’impasse sur le phénomènes de domination, les rapports de
pouvoir : fait comme si les acteurs étaient égaux
 Diffuse un capitalisme comportant des effets d’exclusion
o Inégalités visibles dans la mise sur agenda des problèmes : il s’agit de ceux qui
préoccupent les organisations les plus puissantes
o Critiques des alter mondialistes
2. Mobilisations protestataires des alter mondialistes :
-
Dénonciation des effets négatifs du néo-libéralisme, des formes de dérégulation des
échanges
-
Arguments :
o La mondialisation a des conséquences économiques et sociales très inégales ;
les profits ne sont pas pour tout le monde :
 Dégradation des termes de l’échange : l’ouverture économique des pays
du Sud ne leur a pas profité : hausse des importations et pas hausse des
exportations
o Rôle des multinationales :
 Créé peu d’emploi
 Destruction des modes traditionnels de production : paysans vs.
Grandes entreprises agricoles…
o Persistance voir aggravation des écarts socioéconomiques entre les différentes
régions :

Rapport 1997 CNUCED : la mondialisation coïncide avec la hausse des
inégalité N/S
o La libéralisation des mouvements de capitaux dans les PED entraîne un
déséquilibre : ces PED ne disposent pas de dispositifs de règles pour y faire
face
o = rejet de la privatisation du monde au profit de politiques interventionnistes
dans des domaines comme la santé, les transports… : par des taxes ou des
normes
-
Rôle des mouvements sociaux sur la scène internationale :
o Définition d’Erik Neveu des mouvements sociaux : Un agir ensemble
intentionnel marqué par le projet explicite des protagonistes de se mobiliser de
concert.
o Vise à défendre une cause et à la revendiquer
o Renvoie aux formes d’action collective
-
Emergence de ces mouvements : étapes :
o Mobilisations locales, nationales (grèves 1995, sans papiers, dénonciation des
conditions de travail dans les grandes marques aux USA, insurrection zapatiste
au Mexique…)
o Tissage de liens progressif entre ces mouvements
 La capacité à émerger sur la scène I tient au caractère plus fluide de la
scène I )
o Tenue de contre forums, manif = consolidation des réseaux
o But = favoriser l’émergence de tels mouvements dans des pays où il est
difficile de les mettre en place (ex : ATAC soutient le RAID en Tunisie)
Deux types de mouvements alter mondialistes :
o NMS :
 Mouvements de jeunes étudiants surtout
 Associations à caractère généralistes : ATAC, MRG (Mouvement de
résistance globale)
o Mouvements plus tradi :
 Syndicats
 Groupes fragilisés : paysans, chômeurs, femmes…
 Grosses ONG (Amnistie…)
Domaines d’intervention :
o Economie et développement
 Commerce équitable pour garantir un juste prix aux producteurs des
pays pauvres et des conditions de travail décentes aux salariés (Artisan
du Monde, Max Havelaar)
o Education populaire
o Environnement (= récent)
o Médias :
 Fort investissement
 = enjeu essentiel
 usage des nouvelles techno : indymedia, acrimed
Registre d’intervention : modes d’action :
o Manifs, contre sommets
o Dénonciation de marques..
o Boycott de marques, de pays
-
-
-
o Désobéissance civile (résistance jugée légitime même si illégale) : démontage
McDo…
o Hacktivisme : hacker/activisme : mailbombing…
-
-
Succès :
o Multiplication de ces groupes, des rencontres
o Intérêt des partis politiques tradi
o Sympathie de l’opinion publique
Limites :
o Difficultés à donner une cohésion
 Entre revendications globales et préoccupations sectorielles propres à
des groupes spécifiques
 Hétérogénéité des profils des militants
o Institutionnalisation, succès : critiques au sein même des mouvements :
 Critique la médiatisation, l’intérêt des partis tradi qui tentent d’investir
le terrain
Conclusion : « mondialisation » : Frederic Cooper (historien), revue Critique
internationale n°10, 2001 : Le concept de mondialisation sert-il à quelque chose ? :
-
-
= terme médiatique, à la mode, qui recouvre des réalités multiples : il faut s’en méfier
Mise en évidence de la confusion entre deux dimensions à distinguer :
o Mondialisation comme discours : on dit qu’elle est inévitable, on risque d’être
pris dans ce discours
o Mondialisation comme processus : c’est cette approche qu’il faut utiliser
Critique l’absence de questionnement historique sur les phénomène observés et leurs
limites
Double relativisation :
o « mondial » : ce processus de multiplication des échange ne s’étend pas au
monde entier : les formes d’ouverture et de résistance sont inégales selon les
pays
o « isation » : ce n’est pas un processus actuel, nouveau : ex : mouvements anti
esclavagistes, compagnies commerciales…
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