La France

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La France
France : fleuves et rivières
France : les régions
1
SITUATION GÉOGRAPHIQUE
2.1
Frontières
Pays d’Europe occidentale, la France est bordée au nord-est par la Belgique, le Luxembourg
et l’Allemagne ; à l’est par l’Allemagne, la Suisse et l’Italie ; au sud-est par la mer
Méditerranée (golfe du Lion) et la principauté de Monaco ; au sud-ouest par l’Espagne, la
principauté d’Andorre et le golfe de Gascogne ; à l’ouest par l’océan Atlantique ; et au
nord-ouest par la Manche et le détroit du pas de Calais, qui sépare la France du RoyaumeUni et relie la Manche à la mer du Nord.
Les frontières nationales qui totalisent 5 660 km correspondent, pour l’essentiel, à des
frontières naturelles. Sur 2 970 km de frontières terrestres, près de 1 750 km sont
représentés par des montagnes (Alpes, Jura, Pyrénées), tandis qu’une partie de la frontière
franco-allemande emprunte, sur 195 km, le cours du Rhin. Le pays possède une façade
littorale de près de 3 427 km, ouverte à la fois sur l’océan Atlantique et ses mers bordières
(mer du Nord, Manche, mer d’Iroise) et sur la mer Méditerranée.
2.2
Superficie
De forme presque hexagonale
et
de
dimension
moyenne,
la
France
occupe,
entre
l’Atlantique et la Méditerranée, un isthme étroit, à l’extrémité occidentale du continent. Elle
s’étend, du nord au sud, sur une longueur de 973 km, et atteint une largeur maximale,
d’est en ouest, d’environ 950 km.
La superficie de la France métropolitaine est estimée entre 543 965 km² selon le cadastre
et 551 695 km2 selon l’Institut géographique national (IGN), d’après les mesures
géodésiques, ce qui place le pays au 3e rang européen après la Russie et l’Ukraine, et au
48e rang mondial. La capitale, Paris, est la plus grande ville du pays.
2.3
Composantes du territoire français
La France continentale s’étend, du nord au sud, entre 51° 5’ et 42° 20’ de latitude nord et,
d’ouest en est, entre 5° 56’ de longitude ouest et 7° 9’ de longitude est. La diversité des
reliefs et des milieux bioclimatiques entraîne une étonnante variété de paysages. Située à
la charnière de l’Europe du Nord et de l’Europe du Sud, la France présente un condensé des
principaux domaines physiques du continent européen (voir Europe).
La France comprend plusieurs îles, dont la plus grande est la Corse (8 680 km²), et dix
possessions d’outre-mer, éparpillées sur l’ensemble du globe : Saint-Pierre-et-Miquelon
(Atlantique Nord), la Guyane (Amérique du Sud), les Antilles françaises (Martinique,
Guadeloupe), Mayotte et la Réunion (océan Indien), les îles et archipels d’Océanie, dans
l’océan Pacifique (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna), et les terres
Australes et Antarctiques françaises (TAAF).
3
RELIEF
3.1
Un pays de contrastes
Pays d’altitude modérée (342 m en moyenne), la France présente des reliefs variés et
contrastés. Alors qu’elle est bordée, sur ses périphéries orientale et méridionale, par des
barrières montagneuses élevées, un ensemble de moyennes montagnes occupe le centre et
le nord-est du pays, ainsi que la Corse, tandis que de vastes régions de plaines, de collines
et de bas plateaux s’étendent depuis le nord jusqu’au sud-ouest. Près de 62 p. 100 du
territoire français sont situés en dessous de 250 m d’altitude et seulement 7 p. 100 audessus de 1 000 m.
La partie du territoire la plus élevée et la plus accidentée se situe à l’est d’une ligne
Bayonne (au sud-ouest)-Thionville (au nord-est). À la France montagneuse de l’Est et du
Sud, aux forts contrastes topographiques et aux reliefs compartimentés s’oppose la France
des bassins et des socles usés (Massif armoricain, Ardenne) du Nord et de l’Ouest, dont les
plaines et les bas plateaux s’étendent à une altitude le plus souvent inférieure à 250 m. Un
ensemble de seuils (passage entre deux bassins), de larges vallées et de fossés
d’effondrement facilite la circulation à travers le territoire.
Au cours des temps géologiques, l’évolution des reliefs a été conditionnée par de multiples
changements climatiques, par des processus d’érosion très variés et par des phases
d’intenses mouvements tectoniques. Trois grands types de reliefs résultent de cette longue
morphogenèse :
les
hautes
montagnes
(Pyrénées,
Alpes
occidentales),
issues
de
l’orogenèse alpine (ère tertiaire) ; les moyennes montagnes constituées, à l’exception du
Jura (plissement alpin), par des massifs anciens hercyniens rajeunis par le contrecoup des
mouvements orogéniques tertiaires (Massif central, Vosges, Corse, Estérel, Maures) ; enfin,
les plaines et les bas plateaux correspondant aux bassins sédimentaires (Bassin parisien,
Bassin aquitain), aux massifs anciens faiblement rajeunis (Massif armoricain, Ardenne),
aux grands fossés tectoniques (Limagne, Couloir séquano-rodhanien, plaine d’Alsace) et
aux plaines côtières (plaines méditerranéennes du Bas-Languedoc et du bas Rhône, Flandre
maritime).
3.2
Montagnes
3.2.1
Hautes montagnes
Issues de mouvements tectoniques récents (plissement alpin) nés de la collision des
plaques eurasienne et africaine (voir tectonique des plaques), les Alpes françaises et les
Pyrénées sont des montagnes jeunes dont la surrection a débuté au cours du crétacé.
L’orogenèse alpine a connu deux phases de paroxysme au cours de l’ère tertiaire : au
début de l’éocène (environ 60 millions d’années) pour les Pyrénées, puis à la fin de
l’oligocène et au début du miocène (entre 25 à 30 millions d’années) pour les Alpes.
Ces hautes montagnes du sud et du sud-est de la France se rattachent à l’Europe
« alpine », caractérisée par une succession de chaînes plissées récentes d’âge tertiaire,
depuis la péninsule Ibérique jusqu’à la mer Noire (chaîne Bétique, Pyrénées, Alpes, Jura,
monts Apennins, Carpates, Caucase). Celles-ci présentent des altitudes souvent élevées
(5 642 m au sommet du mont Elbrous, dans le Caucase), et s’accompagnent d’une forte
instabilité tectonique (volcanisme, sismicité). Le sud-est de la France, comme l’ensemble
du pourtour de la Méditerranée, connaît un risque sismique important (voir séisme).
Fortement escarpées, les Alpes françaises et les Pyrénées ont été sculptées par l’érosion
glaciaire et périglaciaire. Commencées il y a environ 2,5 millions d’années, les glaciations
quaternaires (voir période glaciaire), qui ont donné naissance à de puissants glaciers, ont
fortement marqué les montagnes de leur empreinte : versants abrupts, cirques glaciaires
(cirque de Gavarnie), crêtes acérées, auges glaciaires, dépôts morainiques ou fluvioglaciaires, lacs de surcreusement (lac d’Annecy, lac du Bourget) ou de barrage morainique
(lac Léman), etc. La déglaciation est récente (environ 10 000 ans).
3.2.1.1
Alpes françaises
Les Alpes françaises couvrent une superficie d’environ 35 000 km2. Un grand nombre de
sommets culminent à plus de 4 000 m d’altitude, dont le mont Blanc (4 810 m), plus haut
sommet des Alpes et l’un des sommets les plus élevés d’Europe, ainsi que les Grandes
Jorasses (4 208 m) ou encore la barre des Écrins (4 103 m), dans le massif du Pelvoux (ou
massif des Écrins). Loin de constituer une barrière, en dépit de leur masse et d’une altitude
moyenne élevée (1 121 m), les Alpes françaises constituent un massif montagneux
facilement pénétrable (surtout les Alpes du Nord), ouvert sur le Sillon rhodanien par des
cluses et aéré par de profondes auges glaciaires. Celles-ci forment de larges couloirs de
pénétration longitudinaux (Sillon alpin dans les Alpes du Nord, vallée de la Durance dans
les Alpes du Sud) et transversaux (Tarentaise, Maurienne, Romanche) au cœur des
montagnes qui, en facilitant les communications, ont favorisé des implantations urbaines
très précoces.
Les Alpes françaises, qui forment la frontière avec la Suisse et l’Italie, constituent la
terminaison occidentale de l’arc alpin qui s’étire sur 1 200 km depuis le sud de la France
jusqu’en Autriche. Les Préalpes, d’altitude moyenne (point culminant : 2 752 m), précèdent
les hautes Alpes, aux sommets englacés, au-delà du Sillon alpin.
Les Alpes françaises comprennent deux parties distinctes : les Alpes du Nord et les Alpes
du Sud. Les Alpes du Nord, les plus élevées, se subdivisent, d’ouest en est, en quatre
zones parallèles, orientées nord-est / sud-ouest : les Préalpes du Nord (Chablais-Giffre,
massif des Bornes, les Bauges, Grande-Chartreuse, Vercors) forment un ensemble de
massifs plissés sédimentaires, essentiellement calcaires, séparés par des cluses (cluses
d’Annecy, de Chambéry, de Grenoble), et dominant par de hautes corniches le piémont
dauphinois ; le Sillon alpin est une large vallée en auge, d’une altitude moyenne de 200 m
à 300 m et large de 10 km à 20 km, s’étendant depuis la vallée du Drac au sud jusqu’à la
vallée de l’Arve au nord, englobant le val d’Arly et la moyenne vallée de l’Isère (Combe de
Savoie, Grésivaudan) ; à l’est, la zone axiale est constituée par les hauts massifs centraux
cristallins (massifs du Mont-Blanc, de Beaufort, de Belledonne, du Pelvoux, de l’Oisans) aux
crêtes acérées, couverts de glaciers résiduels (mer de Glace, 2 300 m d’altitude) ; enfin, la
zone interne ou intra-alpine est représentée essentiellement par des nappes de charriage
(massif de la Vanoise, massif du Mont-Cenis). Le Sillon alpin, où débouchent le cours
supérieur de l’Isère (Tarentaise) et la vallée de l’Arc (Maurienne), constitue avec ces
derniers d’importants axes de pénétration et de circulation. Les cols sont élevés, à l’image
du col de l’Iseran (2 770 m), du col du Mont-Cenis (2 090 m) qui permet de communiquer
avec l’Italie, ou encore du col du Petit-Saint-Bernard (2 157 m), en direction de la Suisse.
Les cols du Galibier (2 645 m) et du Lautaret (2 058 m) marquent la limite entre les Alpes
du Nord et les Alpes du Sud. Moins hautes que les Alpes du Nord et plus arides, les Alpes
du Sud offrent davantage d’obstacles naturels et sont moins propices à l’activité
économique. Elles présentent un relief plus confus, dominé par des massifs centraux
(Oisans, Mercantour) et des cols élevés (col de l’Isoard, 2 361 m). Elles se caractérisent
également par une grande extension des massifs de la zone intra-alpine (Briançonnais,
Queyras, Embrunais), précédés à l’est et au sud par les chaînons calcaires des Préalpes du
Sud : Dévoluy, Diois, Baronnies, Lubéron, monts de Vaucluse et mont Ventoux à l’ouest de
la Durance ; Alpilles, Plans de Provence, hauts plateaux désertiques (800 m), entaillés par
des gorges profondes (Verdon), massif de la Sainte-Baume, montagne Sainte-Victoire,
plateau de Valensole, Préalpes de Digne, de Grasse, de Castellane et de Nice, à l’est de la
Durance.
3.2.1.2
Pyrénées françaises
Plus ancienne que les Alpes, la chaîne des Pyrénées, qui marque la frontière entre la France
et l’Espagne, sépare l’Europe de la péninsule Ibérique. Plus abrupte du côté français que du
côté espagnol, elle présente de puissants escarpements et s’allonge sur 430 km, depuis
l’Atlantique (Pays basque) jusqu’à la Méditerranée (Roussillon), formant une chaîne étroite
(40 km de large pour le versant français).
Les Pyrénées françaises culminent dans les Pyrénées centrales (entre la vallée de l’Aspe et
le col de Puymorens), au sommet du pic Vignemale (3 298 m), dans le massif de
Néouvielle. Elles s’abaissent vers l’Atlantique pour laisser place à une moyenne montagne
(Pyrénées occidentales).
Plus massives et plus compactes que les Alpes, les Pyrénées forment, contrairement à ces
dernières, une montagne-barrière difficilement pénétrable, en dépit d’une altitude moyenne
moins élevée (1 008 m). L’isolement et le cloisonnement sont le résultat de l’altitude des
cols (col du Tourmalet, 2 115 m ; col du Somport, 1 632 m) et des vallées orientées nordsud (gave d’Oloron, gave d’Ossau, gave de Pau, Ariège), séparées par des lignes de crêtes
faisant obstacle aux communications transversales est-ouest. Les Pyrénées orientales
(massif du Canigou, 2 784 m) font toutefois exception puisque le relief montagneux y est
aéré par de nombreux bassins : Cerdagne, Capcir (haute vallée de l’Aude), Conflent (vallée
supérieure de la Têt), le Vallespir (haute vallée du Tech).
Les Pyrénées françaises présentent un dispositif structural en bandes longitudinales. On
distingue, du nord au sud, une zone axiale constituée de roches anciennes primaires (mont
Canigou, pic du Midi de Bigorre), une zone nord-pyrénéenne essentiellement calcaire et
fortement plissée et enfin les courts chaînons des Prépyrénées (Plantaurel, Corbières) qui
dominent le vaste piémont pyrénéen, constitué de matériaux détritiques.
3.2.2
Moyennes montagnes
3.2.2.1
Aspects géologiques
Les zones de moyennes
montagnes,
qui
occupent
une
grande
partie
du
territoire,
présentent des caractéristiques communes, à savoir une altitude modérée, le plus souvent
inférieure à 2 000 m, et un relief émoussé, aux formes lourdes et aux sommets arrondis.
À l’exception du Jura, les moyennes montagnes correspondent à d’anciens hauts massifs
hercyniens, constitués principalement de roches cristallines et métamorphiques (granites,
gneiss, micaschistes) formant l’actuel soubassement du territoire français. La formation de
ce socle primaire remonte à près de 280 à 300 millions d’années. La France hercynienne se
rattache, par ses caractéristiques structurales et morphologiques aux reliefs de l’Europe
moyenne.
Après avoir été arasés par de longues périodes d’érosion et nivelés à l’état de pénéplaine à
la fin de l’ère primaire, ces massifs anciens ont été affectés par les grands mouvements
orogéniques de l’ère tertiaire qui ont donné naissance aux Alpes et aux Pyrénées. Le vieux
socle hercynien s’est retrouvé, par contrecoup, soulevé et fracturé. Ce vigoureux
rajeunissement s’est accompagné de dislocations tectoniques : des portions de socle se
sont effondrées (Limagne, Alsace), tandis que certaines cassures ont donné lieu à des
phénomènes volcaniques (Auvergne). Cependant, il n’a pas affecté de la même façon tous
les massifs anciens. Ainsi, le Massif armoricain ou l’Ardenne, faiblement soulevés,
s’apparentent davantage, par leur relief, à la France des plaines et des bas plateaux.
3.2.2.2
Jura
Situé dans le prolongement septentrional des Alpes, le massif du Jura (altitude moyenne :
660 m) marque la frontière avec la Suisse depuis la vallée du Rhône jusqu’à la trouée de
Belfort, également appelée porte de Bourgogne ou porte d’Alsace, dépression permettant le
passage entre les bassins du Rhin (plaine d’Alsace) et de la Saône. Il se poursuit vers le
nord-est en Allemagne (Jura souabe et franconien).
Le Jura français s’étend sur la Franche-Comté (Jura, Doubs) et dans la Région Rhône-Alpes
(Ain), et forme, de Bâle (au nord) à Chambéry (au sud), un long croissant d’environ 250 m
de long et 70 km de large. Il se rattache, par ses altitudes et ses reliefs, à la France des
moyennes montagnes hercyniennes, mais il s’en différencie par sa structure et sa genèse.
Le Jura est en effet une chaîne récente, constituée d’épaisses séries de sédiments
secondaires ou mésozoïques (calcaires jurassiques) dont le plissement est contemporain de
celui des Alpes. Le dispositif structural de la chaîne oppose le Jura des monts ou Jura plissé
(à l’est) au Jura des plateaux (à l’ouest) ou Jura tabulaire.
La partie orientale du massif correspond au Jura interne plissé, caractérisé par des plis
serrés résultant de l’orogenèse alpine. C’est la partie la plus élevée du massif, culminant au
Crêt de la Neige (1 718 m) et au Reculet (1 720 m). Il présente un relief caractéristique
(relief jurassien) constitué de plusieurs chaînons parallèles (monts ou anticlinaux),
d’orientation nord-est / sud-ouest et entrecoupés par des cluses (cluses des Hôpitaux, de
Nantua-Bellegarde et d’Ambérieu-Culoz), et qui se rejoignent vers le sud (Bugey). Ceux-ci
sont séparés par des vaux, dépressions développées dans des synclinaux.
Le Jura occidental, ou Jura externe, est essentiellement constitué de hauts plateaux
karstiques (dolines, rivières souterraines, grottes, reculées, etc.) ondulés, étagés entre
500 m et 1 000 m d’altitude au-dessus de la vallée de la Saône : plateaux de
Champagnole, de Levier, de Moirans, de Poligny, d’Ornans, etc. Le rebord occidental
(Revermont au sud, Vignoble au nord), profondément indenté par des reculées, domine par
des corniches escarpées, d’une hauteur de 300 m, la plaine de la Saône (Bresse au nord,
Dombes au sud), remblayée par des dépôts détritiques tertiaires et des dépôts morainiques
quaternaires.
3.2.2.3
Vosges
D’une altitude modeste (530 m en moyenne), le massif hercynien des Vosges s’allonge au
nord de la trouée de Belfort, parallèlement à la plaine d’Alsace et au massif de la Forêt
Noire (Allemagne) sur 125 km (du nord au sud), et atteint une largeur maximale d’environ
70 km. Il s’étend sur les Régions de l’Alsace, de la Lorraine et sur une petite portion de la
Franche-Comté (Territoire de Belfort, Haute-Saône).
La lourdeur de ses formes
contraste
avec
le
vigoureux
encaissement
du
réseau
hydrographique consécutif au soulèvement tertiaire. Le massif porte les traces des
glaciations quaternaires. La dernière glaciation würmienne a donné naissance à plusieurs
lacs (lac de Gérardmer, lac de Longemer). Inégalement soulevé, le massif vosgien,
essentiellement forestier, présente une double dissymétrie : entre les hautes Vosges
cristallines au sud et les basses Vosges gréseuses au nord d’une part, et entre le versant
raide alsacien (à l’est) et le versant doux lorrain (à l’ouest) d’autre part.
Les Vosges méridionales, ou Vosges cristallines (socle primaire), constituent la partie la
plus élevée du massif (altitude supérieure à 900 m). Ses sommets arrondis (ballons)
culminent au ballon de Guebwiller (1 423 m) ou au ballon d’Alsace (1 250 m). Les Vosges
septentrionales, ou Vosges gréseuses, présentent une couverture sédimentaire (grès roses
du trias) datant du début de l’ère secondaire (mésozoïque), découpée par de larges vallées
profondément encaissées dont l’érosion a dégagé de belles cuestas. D’altitude plus
modeste, elles dépassent rarement 1 000 m.
La retombée des Vosges, sur le fossé tectonique (graben) de la plaine d’Alsace, est
abrupte, en liaison avec la présence d’un escalier de failles. Le versant alsacien, très raide,
présente des dénivellations importantes (jusqu’à 1 000 m dans le sud du massif). Le
contact avec la plaine se fait par le gradin intermédiaire des collines sous-vosgiennes. Les
plateaux gréseux du versant lorrain ont une déclivité moins forte. La traversée du massif
est rendue difficile par l’altitude souvent élevée des cols (1 145 m au col de la Schlucht). La
trouée de Saverne (330 m) constitue le seul passage naturel, à travers les Vosges, entre
l’Alsace et la Lorraine.
3.2.2.4
Massif central
Le Massif central est le plus vaste des massifs hercyniens. À l’instar des Vosges, il a été
vigoureusement rajeuni à l’ère tertiaire par le contrecoup du soulèvement des Alpes et du
Jura, dont il se trouve séparé par le Sillon séquano-rhodanien (vallées de la Saône et du
Rhône). Le socle rigide a été disloqué dans sa partie orientale et centrale en horsts et en
fossés d’effondrement, tandis que des phénomènes volcaniques se sont produits à la faveur
de certaines cassures. Inégalement soulevé, il forme un massif dissymétrique, plus relevé
au sud et à l’est en raison de la proximité du plissement alpin.
Le Massif central constitue un ensemble de hautes terres (altitude moyenne : 715 m)
couvrant près d’un sixième du territoire (environ 90 000 km2). Il s’étend sur l’Auvergne et
le Limousin, ainsi que sur une partie des Régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon,
Rhône-Alpes, Centre et Bourgogne. Fortement compartimenté, il présente une grande
variété de reliefs et de paysages.
La partie occidentale, la moins élevée du massif, est occupée par des plateaux granitiques
disloqués, aux paysages monotones, vestiges de la vieille pénéplaine post-hercynienne,
s’élevant entre 300 m et 1 000 m d’altitude : plateaux du Rouergue et du Ségala, de la
Châtaigneraie, du Limousin (plateau de Millevaches) et de Combraille.
Alors que les plateaux du Limousin entrent progressivement en contact avec le Bassin
parisien, la retombée du Massif central sur le Couloir séquano-rhodanien (à l’est) et sur la
plaine du Languedoc (au sud) est beaucoup plus brutale. Le rebord oriental est constitué
par une succession de grands blocs cristallins, depuis le Morvan (Haut-Folin, 901 m) au
nord jusqu’à la barrière granitique et schisteuse des Cévennes (mont Lozère, 1 699 m ;
mont Aigoual, 1 567 m) au sud. Englobant les monts du Charolais (970 m), du Beaujolais
(1 000 m), du Lyonnais (934 m) et du Vivarais (mont Gerbier-de-Jonc, 1 551 m), ces blocs
cristallins sont entrecoupés de dépressions (bassins d’Autun, de Montceau-les-Mines, de
Saint-Étienne) dont les sédiments primaires carbonifères recèlent des gisements houillers.
Le sud du Massif central
est
composé
de
montagnes
cristallines
(Montagne
Noire,
1 210 m ; Espinouse ; monts de Lacaune, Sidobre) et de hauts plateaux sédimentaires des
Causses (causse Noir, causse Méjean, causse du Larzac, etc.), puissantes tables de
calcaires jurassiques au relief karstique (aven Armand) et découpées par de profonds
canyons (gorges du Tarn, de la Jonte).
Le centre du Massif central est la partie la plus élevée. Elle juxtapose une vaste région de
volcans éteints (Auvergne) et des horsts de socle cristallin qui s’étendent depuis les monts
de la Madeleine au nord jusqu’à la Margeride et le Gévaudan au sud, en englobant les
monts du Livradois et du Forez, aux formes lourdes et aux vallées profondément
encaissées (gorges de la Truyère, de la Sioule, de l’Allier, de la Cère, etc.).
Les grandes cassures du socle ont donné lieu à des éruptions volcaniques au tertiaire et au
quaternaire et à des épanchements de lave (basalte) à l’origine de nombreux édifices
volcaniques, notamment en Auvergne : monts du Velay (mont Mézenc, 1 754 m), cônes
volcaniques de la chaîne des Puys, massif du Cantal (2 500 km2), planèzes de Saint-Flour
et de l’Aubrac, plateaux volcaniques ou cheires (Cézallier, 1 555 m), coulées de basalte du
Coiron (Vivarais) et de l’Escandorgue (au sud du Massif central). Les points culminants du
Massif central correspondent aux vestiges d’anciens volcans : puy de Sancy (1 886 m, dans
les monts Dore), Plomb du Cantal (1 855 m, dans le Cantal) et puy de Dôme (1 464 m,
dans la chaîne des Puys).
Le nord du Massif central est ouvert par de grands fossés tectoniques longitudinaux,
correspondant aux vallées de la Loire et de l’Allier : Bourbonnais, Limagne (Grande
Limagne ou Limagne de Clermont, limagnes d’Issoire et de Brioude), bassin du Puy, bassin
d’Ambert, bassin de Roanne, plaine du Forez, bassin de Montluçon (vallée du Cher). Ces
plaines d’effondrement ont été remblayées par d’épais dépôts détritiques arrachés par
l’érosion aux hauteurs voisines.
3.2.2.5
Maures, Estérel, Corse
D’autres blocs hercyniens ont été rajeunis dans le sud-est de la France, en bordure de la
Méditerranée. Au sud des Alpes, en Provence, s’élèvent le massif schisteux des Maures
(signal de la Sauvette, 780 m) et le massif de l’Estérel (mont Vinaigre, 618 m), constitué
de porphyres. Le vieux socle hercynien de la Corse (altitude moyenne : 570 m), cristallin à
l’ouest et schisteux au nord-est (Castagniccia), a été plus vigoureusement soulevé (monte
Cinto, 2 710 m).
3.3
Plaines et plateaux
3.3.1
Caractéristiques générales
La France du Nord et de l’Ouest est constituée par des terres peu élevées, aux contrastes
topographiques atténués. Le paysage dominant est celui des plaines, des collines et des
bas plateaux, ondulant à une altitude moyenne inférieure à 250 m. Cette France des bas
pays est la plus favorable à l’agriculture et aux communications. On distingue quatre
ensembles structuraux : les grands bassins sédimentaires (Bassin parisien, Bassin
aquitain), les plaines d’effondrement (Limagne, Sillon Saône-Rhône, plaine d’Alsace), les
plaines d’accumulation littorales (Flandre maritime, plaines du Bas-Languedoc et du BasRhône) et enfin les vieilles pénéplaines des massifs anciens hercyniens faiblement rajeunies
(Massif armoricain, Ardenne). Un ensemble de seuils facilite le passage entre ces
différentes plaines : seuil de Bourgogne (entre le Bassin parisien et le Couloir séquanorhodanien), seuil du Poitou (entre le Bassin parisien et le Bassin aquitain), seuil de
Naurouze ou du Lauragais (entre le Bassin aquitain et la plaine languedocienne), seuil du
Cambrésis ou de Bapaume (entre le Bassin parisien et la Flandre).
Les paléoclimats du tertiaire et du quaternaire ont laissé de nombreux vestiges, témoignant
d’une érosion beaucoup plus active que celle qui prévaut aujourd’hui. Ainsi, la meulière et
l’argile à silex du Bassin parisien, le kaolin en Bretagne ou les modelés karstiques du Bassin
aquitain sont des formations héritées des phases chaudes du tertiaire (altération,
décomposition, karstification). Les amples vallées alluviales du Bassin parisien, nappées de
colluvions, les terrasses fluviatiles de la Garonne, directement liées aux variations du
niveau marin, les dépôts éoliens (limons ou lœss du Bassin parisien) ou glaciaires
(moraines de la vallée du Rhône) sont autant de modelés hérités des actions glaciaires et
périglaciaires (gélifraction, gélivation) du quaternaire.
3.3.2
Cuvettes sédimentaires
Deux grands bassins sédimentaires se sont développés dans des cuvettes du vieux socle
hercynien. Ils couvrent près de la moitié du territoire français. La sédimentation de ces
bassins de subsidence s’est effectuée au cours de l’ère secondaire (mésozoïque) et de l’ère
tertiaire. Affaissés dans leur centre (subsidence), ceux-ci offrent des horizons plats
entrecoupés de reliefs plus marqués (vallées encaissées, cuestas, collines). On retrouve le
soubassement hercynien à une profondeur de 3 000 m dans le Bassin parisien (Brie) et à
plus de 7 000 m dans le Bassin aquitain (Landes).
3.3.2.1
Bassin parisien
Le Bassin parisien (altitude moyenne : 178 m) occupe la plus grande partie de la France
septentrionale. Il couvre environ 180 000 km2, soit un tiers du territoire. Bordé par des
massifs anciens (Ardenne au nord-est, Vosges à l’est, Massif central au sud, Massif
armoricain à l’ouest), il présente une large ouverture sur la Manche et se rattache, au nord,
au-delà des collines de l’Artois et de la Thiérache, à la Flandre et à la grande plaine
d’Europe du Nord. Il s’étend principalement sur les Régions Île-de-France, Picardie,
Champagne-Ardenne, Lorraine, Bourgogne, Centre, Basse-Normandie et Haute-Normandie.
Le Bassin parisien est constitué de roches secondaires et tertiaires (calcaires, marnes,
craies, argiles, sables, grès) localement recouvertes de dépôts superficiels ; certains sont
très favorables à l’agriculture, comme les riches limons de plateaux, dépôts éoliens de
lœss, datant du quaternaire, épais de plusieurs mètres, qui caractérisent notamment l’Îlede-France (Brie, Valois, Vexin), la Beauce, la Picardie et la Normandie (pays de Caux).
D’une altitude inférieure à 200 m au centre (entre 25 m et 129 m à Paris), le Bassin
parisien se relève sur ses périphéries occidentales, pour atteindre 400 m d’altitude dans les
collines du Perche, au contact du Massif armoricain, et sur ses périphéries orientales,
jusqu’à 500 m d’altitude, dans les plateaux de Lorraine et de Haute-Saône (plateau de
Langres).
Au centre s’étendent des plaines et des bas plateaux structuraux (plaine de France,
Beauce, Brie, Hurepoix, Vexin) surmontés de buttes témoins et dominant les vallées par
des coteaux parfois abrupts. À l’ouest et au nord dominent les plateaux de craie (pays
d’Auge, pays de Caux, Picardie), accidentés de dépressions argileuses (boutonnières du
Boulonnais et du pays de Bray). Au sud, le paysage se caractérise, de part et d’autre de la
vallée de la Loire (Val de Loire), par des plaines sablo-marneuses ou sablo-argileuses
(Puisaye, Brenne, Sologne), des collines (Sancerrois, Boischaut) et des plateaux (Maine,
Berry) aux talus peu accentués, souvent adoucis par des épandages de sables siliceux issus
du Massif central. À l’est, le Bassin parisien se caractérise par un paysage de cuestas,
disposées en auréoles concentriques de plus en plus relevées vers l’est. Celles-ci se
succèdent depuis l’Île-de-France jusqu’aux Vosges (Lorraine), faisant alterner plateaux de
revers (Argonne, Champagne crayeuse, Hauts-de-Meuse) développés dans des roches
dures (calcaires, craies, grès), talus ou cuestas (côtes de l’Île-de-France, de Champagne,
de Meuse, de Moselle, etc.) et dépressions (plaines) creusées par les vallées dans des
affleurements de roches tendres, argileuses ou marneuses (Champagne humide, Woëvre).
L’ensemble du Bassin parisien se caractérise par de grandes vallées alluviales, larges et
souvent encaissées, aux versants dissymétriques, tapissées de colluvions. Le centre du
Bassin parisien est drainé par le réseau hydrographique de la Seine, le sud étant arrosé par
celui de la Loire. À l’est, la Meuse, la Moselle et leurs affluents s’écoulent vers la mer du
Nord.
3.3.2.2
Bassin aquitain
Le Bassin aquitain (altitude
moyenne :
135 m),
dans
le
Sud-Ouest,
est
un
bassin
sédimentaire dissymétrique, constituant la majeure partie des Régions Aquitaine et MidiPyrénées ainsi qu’une portion de la Région Poitou-Charentes. Bordé par le Massif central à
l’est et par la chaîne des Pyrénées au sud, il est largement ouvert sur l’océan Atlantique à
l’ouest (golfe de Gascogne). Moins vaste que le Bassin parisien, il couvre une superficie de
80 000 km2. Sa structure est également différente, en raison de l’environnement
montagneux. Les séries sédimentaires d’âge secondaire, essentiellement calcaires, ont été
recouvertes, au centre et au sud du Bassin aquitain, par une grande épaisseur de dépôts
détritiques (molasse) d’âge tertiaire et quaternaire, issus de l’érosion pyrénéenne et dont
l’accumulation forme l’actuel piémont pyrénéen. Au quaternaire est venu se superposer, au
pied du massif pyrénéen, le vaste cône de déjection caillouteux du plateau de Lannemezan,
construit par les torrents pyrénéens alimentés par la fonte des glaciers.
Le Bassin aquitain offre un paysage varié de plaines et de plateaux étagés drainé par la
Garonne et ses affluents. De faible altitude au centre et à l’ouest, il se relève à près de
500 m sur ses périphéries montagneuses orientales (Massif central) et méridionales
(Pyrénées). On distingue trois grandes unités régionales : au nord de la Garonne
s’étendent des plaines (Charentes, Aunis, Saintonge) et des plateaux karstiques (causses
du Quercy, Périgord) développés dans les affleurements de calcaires secondaires et relevés
au contact du Massif central ; au sud de la Garonne, le paysage est caractérisé par des
collines molassiques, dissymétriques et découpées dans le piémont détritique par les cours
d’eau pyrénéens (Adour, gaves). Constituées essentiellement de roches tendres et
disposées en éventail au pied des montagnes, elles forment un relief peu marqué : coteaux
de Gascogne, collines de l’Armagnac et du Gers, Chalosse, etc. À l’ouest, en bordure de
l’océan Atlantique, s’étend la vaste plaine sableuse des Landes, immense épandage de
sables quaternaires, saturés d’eau en hiver. Elle est séparée de la mer par un large cordon
dunaire, long de 200 km, abritant de nombreux étangs d’eau douce. L’ample vallée de la
Garonne se caractérise par ses terrasses alluviales étagées ou emboîtées.
3.3.3
Massifs anciens
D’altitude modeste, le Massif armoricain (altitude moyenne : 104 m), à l’extrême ouest, et
l’Ardenne, au nord, sont deux massifs anciens arasés et faiblement rajeunis. Les reliefs
usés de cette vieille pénéplaine offrent un paysage vallonné de collines et de bas plateaux
monotones, aux formes lourdes et aux vallées encaissées.
3.3.3.1
Massif armoricain
Le Massif armoricain (65 000 km2) s’étend sur la Bretagne (monts d’Arrée, 384 m ;
Montagnes Noires, 326 m ; Trégorrois, Cornouaille), la Région des Pays de la Loire
(Vendée, Anjou, Maine) et la Normandie occidentale. Il culmine au mont des Avaloirs
(417 m) et à la forêt d’Écouves (417 m), dans le Bas-Maine (Mayenne).
3.3.3.2
Ardenne
Dans le nord de la France s’étend l’extrémité sud-ouest de l’Ardenne, vaste massif ancien
pénéplané, constitué principalement de grès et de schistes, qui s’étend essentiellement en
Belgique et au Luxembourg, et offre un paysage monotone de collines et de plateaux
forestiers entaillés par des vallées profondes (Meuse). L’Ardenne française culmine à 505 m
au sommet de la Croix-Scaille.
3.3.4
Fossés d’effondrement
Les plaines d’effondrement (fossé rhénan, Couloir Saône-Rhône, Limagne du Massif
central) occupent des fossés tectoniques résultant des dislocations tertiaires. Elles ont été
remblayées par l’accumulation des matériaux détritiques arrachés aux hautes et moyennes
montagnes environnantes.
3.3.4.1
Limagne
Située au nord du Massif central, la Limagne est un ensemble de bassins drainés par
l’Allier. Le plus vaste d’entre eux, la plaine de la Grande Limagne ou Limagne de Clermont,
est surmonté de buttes d’origine volcanique au sud, de terrasses sableuses à l’est (les
Varennes) et de sols marneux très fertiles au centre.
3.3.4.2
Fossé rhénan
Le fossé rhénan, entre les Vosges et le massif de la Forêt Noire, est une plaine de
remblaiement traversée par le Rhin (plaine d’Alsace sur la rive gauche du Rhin, pays de
Bade sur la rive droite). Il communique avec le Couloir séquano-rhodanien par la trouée de
Belfort.
3.3.4.3
Sillon de la Saône
Le Sillon de la Saône (entre Morvan et Jura) et du Rhône (entre Alpes et Massif central)
forme un axe longitudinal de 400 km de long, depuis la retombée méridionale du massif
vosgien au nord jusqu’aux plaines côtières méditerranéennes au sud. Les hauts rebords
occidentaux (plateaux bourguignons, retombée du Massif central) correspondent à des
escarpements de failles. Les rebords orientaux sont liés à une structure plissée
chevauchante (Jura, Préalpes).
D’une largeur pouvant varier de 60 km à quelques kilomètres dans les défilés du Rhône
moyen (Tournon, Donzère) et d’une altitude généralement inférieure à 400 m, le Sillon de
la Saône présente une succession de plaines alluviales et de bas plateaux : plaine de la
Bresse, plateau de la Dombes (collines morainiques parsemées d’étangs), Bas-Dauphiné
(dépôts détritiques et morainiques) et Comtat venaissin (plaine de remblaiement édifiée
par le Rhône et la Durance).
3.3.5
Plaines maritimes
Les plaines côtières sont des zones d’accumulation construites par des alluvions fluviatiles
(Languedoc, Corse), marines (Flandre maritime) ou fluvio-marines (plaine deltaïque de la
Camargue et de la Crau).
Dans le nord de la France, les collines crayeuses de l’Artois, d’une altitude supérieure à
200 m par endroits, et les collines de la Thiérache séparent le Bassin parisien de la plaine
de Flandre (mont Cassel, 176 m), qui constitue la terminaison sud-occidentale de la grande
plaine d’Europe du Nord. De formation plus récente que le bassin de Paris, la Flandre est
une région de basses plaines argileuses et sableuses (Flandre maritime, plaine de la Lys).
Au sud du Couloir rhodanien s’étendent les plaines méditerranéennes du Bas-Languedoc et
du Bas-Rhône, en arrière du golfe du Lion. La basse plaine marécageuse de la Camargue,
qui correspond au delta du Rhône, constitue un milieu amphibie encore très sauvage
(réserve naturelle de Vaccarès). Elle s’oppose à l’est à la plaine caillouteuse et steppique de
la Crau, l’ancien delta de la Durance, aujourd’hui abondamment irrigué. À l’ouest
s’étendent les plaines du Languedoc et du Roussillon. Située entre les Corbières au nord, le
massif du Canigou à l’ouest et les Albères au sud, la plaine du Roussillon est un ancien
golfe occupant une plaine d’effondrement, comblé par des débris arrachés aux massifs
environnants. La plaine du Languedoc s’élève vers l’intérieur par des gradins calcaires (les
Garrigues, Minervois) jusqu’aux premiers reliefs bordant le Massif central (Montagne Noire,
Espinouse). En Corse, les plaines sont rares et exclusivement situées en position littorale
(Balagne, plaine d’Aléria).
3.4
Littoral
3.4.1
Caractéristiques générales
La France métropolitaine dispose d’un littoral de près de 5 500 km (en comptant les
échancrures), qui présente l’originalité d’être ouvert à la fois sur l’océan Atlantique et ses
mers bordières (mer du Nord, Manche) et sur la mer Méditerranée, bordée de plusieurs îles
dont la plus grande est la Corse. Parmi les autres îles figurent les îles d’Hyères et les îles de
Lérins en Méditerranée, les îles d’Oléron, d’Aix, de Ré, d’Yeu, de Noirmoutier, d’Houat,
Belle-Île, l’île aux Moines, l’île de Groix, les îles de Glénan, de Sein, d’Ouessant, et de
Molène dans l’océan Atlantique, les îles de Batz, de Bréhat et les îles Chausey dans la
Manche. Le littoral atlantique, baigné par les eaux de la dérive nord-atlantique et
caractérisé par une grande étendue de la plate-forme continentale, est soumis à l’action
d’une houle puissante et à de fortes marées. Il s’oppose à la côte méditerranéenne, qui
possède une plate-forme continentale étroite et connaît des marées de très faible
amplitude.
Le littoral français présente en outre une très grande variété de reliefs et de modelés. Le
trait de côte, fixé il y a seulement 6 000 à 8 000 ans, à l’issue de la déglaciation, a connu
de profondes modifications au cours des différentes phases des glaciations quaternaires : le
niveau marin a en effet subi d’importantes variations, oscillant entre - 150 m et + 80 m par
rapport au zéro marin actuel.
3.4.2
Littoraux rocheux
On distingue deux grands types de côtes : les littoraux rocheux et les côtes basses
sableuses. Souvent élevées et abruptes (falaises), les côtes rocheuses caractérisent les
régions montagneuses (Alpes maritimes, Pyrénées orientales et atlantiques), les massifs
anciens
hercyniens
(Massif
armoricain,
Maures,
Estérel,
Corse)
et
les
plateaux
sédimentaires du Bassin parisien (pays de Caux, pays d’Auge). Sur l’Atlantique, les côtes
échancrées du littoral breton (Côte d’Émeraude, Côte de Granit rose, etc.) et des Pyrénées
(falaises schisteuses du Pays basque) s’opposent aux hautes falaises rectilignes des
plateaux sédimentaires de Normandie (Côte d’Albâtre) et de Picardie (Côte d’Opale) qui
dominent la Manche. Les côtes bretonnes, profondément indentées, présentent une
succession de caps, de baies, de presqu’îles, de golfes et de rias, souvent favorables aux
abris portuaires (cap Fréhel, golfe de Saint-Malo, cap Sizun, pointe du Raz, baie
d’Audierne, presqu’île de Crozon, golfe du Morbihan, etc.). Les falaises blanches (craie,
calcaire) de Normandie et de Picardie sont entaillées par des vallées sèches suspendues
(valleuses), tronquées par le recul rapide de la falaise.
Elles alternent avec des côtes basses d’accumulations fluvio-marines à l’approche des
estuaires (baie de Somme, Marquenterre, baie de la Seine, baie du Mont-Saint-Michel).
Les côtes rocheuses méditerranéennes, découpées et souvent élevées, correspondent au
littoral provençal (à l’est de l’étang de Berre), à la Côte d’Azur et à la Corse : calanques de
la région de Cassis, falaises de porphyres de l’Estérel, « calanches » de Piana, sur la côte
ouest de la Corse, etc.
3.4.3
Côtes basses sableuses
Les côtes basses sableuses caractérisent les plaines littorales, bordées par des côtes
d’accumulation et régularisées par l’action répétée des vagues, de la dérive littorale et des
courants côtiers. Le littoral flamand, plat et rectiligne, est longé par un long cordon
dunaire, en grande partie fixé par la végétation. L’ancien marais flandrien est aujourd’hui
totalement poldérisé. Du sud de la Bretagne à la Gironde, le littoral atlantique se
caractérise par une côte basse sableuse (Marais breton, Brière, Marais poitevin) au dessin
irrégulier, entrecoupée de pointements rocheux formant une succession de golfes et de
caps. Au sud de la Gironde, la côte landaise, bordée par un cordon dunaire, est régularisée
et
rectiligne,
avec
pour
seule
échancrure
le
bassin
d’Arcachon.
Les
plaines
méditerranéennes sont également ourlées par une côte sableuse et régularisée, bordée par
un étroit cordon littoral (lido) qui isole un chapelet d’étangs lagunaires (étangs de Leucate,
de Thau, etc.) communiquant avec la mer par des passages, les graus.
4
HYDROGRAPHIE
4.1
Organisation géographique du réseau hydrographique français
L’organisation du réseau hydrographique de la France est commandée par l’agencement du
relief.
Véritable
château d’eau
alimenté
par
les
précipitations
apportées
par
les
perturbations venues de l’Atlantique, le Massif central constitue la principale ligne de
partage des eaux entre les bassins versants tributaires de la Manche, de l’océan Atlantique
et de la mer Méditerranée.
L’Atlantique reçoit les eaux des réseaux hydrographiques de la Loire et de la Garonne, ainsi
que de nombreux fleuves côtiers (Aulne, Blavet, Vilaine, Sèvre Niortaise, Charente, Adour).
La Manche reçoit les eaux des bassins de la Somme et de la Seine, ainsi que celles des
fleuves côtiers de Normandie (Orne) et de Bretagne septentrionale (Rance). Les cours
d’eau tributaires de la Méditerranée sont représentés par le réseau hydrographique du
Rhône moyen et inférieur et de son principal affluent, la Saône, ainsi que quelques fleuves
côtiers (Var, Hérault, Aude). Le Rhin et son affluent la Moselle, la Meuse et son affluent la
Sambre, et l’Escaut, s’écoulent vers la mer du Nord.
4.2
Principaux fleuves
Les quatre principaux fleuves de la France sont la Seine au nord, la Loire à l’ouest, le
Rhône à l’est et la Garonne au sud-ouest. Ils se caractérisent par des débits et une
extension relativement modestes comparés aux grands fleuves européens (Danube, Volga).
4.2.1
Loire
Plus long fleuve français, la Loire (1 020 km) prend sa source au pied du mont Gerbier-deJonc, à 1 400 m d’altitude, dans les monts du Velay (Massif central). Elle draine un bassin
de 115 000 km2 (en comparaison, celui du Danube s’étend sur 800 000 km2). Son débit
moyen est d’environ 1 000 m3/s à son embouchure. La Loire connaît un régime très
irrégulier, marqué par de hautes eaux hivernales et par un étiage estival très prononcé,
avec un débit de 200 m3/s à la fin de l’été. Le fleuve se réduit alors à d’étroits chenaux
séparés par de larges bancs de sable.
Mal domestiquée, coulant au-dessus de sa plaine inondable du fait de l’exhaussement de
son lit (ensablement) et entre des levées (turcies) aménagées et consolidées par l’homme,
la Loire est réputée pour ses crues brutales et parfois catastrophiques, avec un débit
pouvant atteindre jusqu’à 9 000 m3/s. Ses principaux affluents sont la Nièvre et la Maine
pour la rive droite, l’Allier, le Cher, l’Indre, la Vienne, le Thouet et la Sèvre Nantaise pour la
rive gauche. La Loire se jette dans l’océan Atlantique par un long estuaire où se sont
implantés deux grands ports, Nantes et Saint-Nazaire.
4.2.2
Rhône
Le Rhône (813 km, dont 522 km en France) est un fleuve puissant, le plus important en
termes de débit (1 500 m3/s en moyenne à son embouchure contre 6 500 m3/s pour le
Danube). Il prend sa source dans les Alpes suisses (glacier du Rhône), à une altitude de
1 850 m environ, puis pénètre en France, au-delà de Genève et du lac Léman. Il draine un
bassin de quelque 100 000 km2. Alimenté par des affluents au régime très diversifié,
venant des Vosges (Saône), du Jura (Ain), des Alpes (Durance, Isère) et de la bordure du
Massif central (Ardèche), il se caractérise par un débit important toute l’année. Ses
principaux affluents sont l’Ain, la Saône (sous-affluent : le Doubs), l’Ardèche et le Gard
pour la rive droite ; l’Isère, la Drôme, l’Aigues et la Durance (sous-affluent : le Verdon)
pour la rive gauche. Il a formé à son embouchure, dans la mer Méditerranée, un vaste
delta (Camargue).
Le Rhône est aujourd’hui domestiqué sur la quasi-totalité de son cours. Il a bénéficié d’un
plan d’aménagement mené depuis les années 1930 par la Compagnie nationale du
Rhône (CNR), reposant sur la construction de barrages, d’aménagements hydroélectriques,
d’équipements industriels et sur le développement de l’irrigation. Malgré ces importants
travaux, le débit du fleuve n’est pas totalement maîtrisé à ce jour. Il peut atteindre jusqu’à
10 000 m3/s lors de crues brutales et souvent dévastatrices, comme celles de l’automne
1993. Importante voie de passage, la vallée du Rhône, au sud de Lyon, est devenue, grâce
à ces aménagements, un axe industriel et urbain majeur de l’espace français.
4.2.3
Seine
La Seine (776 km) draine un bassin de plus de 80 000 km2. Elle prend sa source dans le
plateau de Langres, en Bourgogne, à 471 m d’altitude. Bénéficiant d’une alimentation
homogène, elle possède un débit moyen relativement faible (autour de 500 m3/s à son
embouchure), caractérisé par un régime de hautes eaux hivernales et de basses eaux
estivales, mais le fleuve peut néanmoins connaître des crues exceptionnelles ou de graves
étiages, rendus de plus en plus rares, toutefois, par les importants aménagements
hydrauliques (bassins-réservoirs) réalisés dans le bassin supérieur du fleuve.
La Seine constitue l’axe majeur de peuplement et d’activités économiques de la France. Ses
principaux affluents sont l’Oise, la Marne et l’Aube pour la rive droite, l’Yonne, le Loing,
l’Eure et la Risle pour la rive gauche. La Seine se jette dans la Manche ( voir baie de la
Seine) par un long estuaire où se sont établis deux grands ports, Rouen et Le Havre.
4.2.4
Garonne
La Garonne (575 km, 650 km avec l’estuaire de la Gironde) est le principal fleuve du sudouest de la France. Elle draine un bassin d’environ 55 000 km2. Elle prend naissance dans
les Pyrénées espagnoles (massif de la Maladetta), à environ 1 900 m d’altitude. Son débit
moyen est de 700 m3/s à son embouchure. Son régime est complexe et très irrégulier avec
de hautes eaux hivernales et un long étiage durant les mois d’été et d’automne. Ce fleuve
est lui aussi réputé pour la soudaineté de ses crues, aux conséquences parfois
catastrophiques, malgré d’importants aménagements hydrauliques (barrages).
Les principaux affluents de la Garonne sont l’Ariège, le Tarn et le Lot pour la rive droite, la
Save, le Gers et la Baïse pour la rive gauche. La confluence de la Garonne et de la
Dordogne forme l’estuaire de la Gironde.
4.2.5
Rhin et autres fleuves du nord-est de la France
Le nord-est de la France est drainé par trois fleuves : le Rhin, la Meuse et l’Escaut. Né en
Suisse, le Rhin (1 320 km, dont 195 km en France) présente un débit moyen de
1 000 m3/s à son embouchure, aux Pays-Bas. Ses principaux affluents en France sont la
Moselle et l’Ill.
4.3
Principaux lacs
La France possède peu de lacs, et ceux-ci sont d’une superficie moyenne. Certains ont une
origine naturelle : lacs d’origine glaciaire (lac Léman, lac du Bourget, lac d’Annecy, etc.) et
lacs d’origine volcanique (lac Pavin, en Auvergne), étangs lagunaires de la côte
méditerranéenne (étangs de Berre, de Vaccarès, de Thau, de Leucate, etc.).
D’autres ont une origine artificielle comme les nombreux lacs-réservoirs de barrages (voir
Serre-Ponçon, barrage de). Le plus grand lac naturel français, excepté le lac Léman, dont la
majeure partie se situe en Suisse, est le lac du Bourget (45 km2).
5
CLIMAT
5.1
Caractéristiques générales
5.1.1
Un climat tempéré océanique
Traversée par le 45e parallèle, la France se situe dans la zone tempérée de l’hémisphère
Nord. Grâce à sa large ouverture sur l’océan Atlantique, dont les eaux sont adoucies par la
dérive nord-atlantique, elle bénéficie d’un climat tempéré océanique. Les vents dominants
de secteur ouest, souvent chargés d’humidité, prolongent loin vers l’intérieur les influences
maritimes adoucissantes. Toutefois, celles-ci se dégradent vers l’est sous l’effet des
influences continentales.
5.1.2
De forts contrastes climatiques
Le climat français présente de forts contrastes régionaux et saisonniers. Cette diversité
s’explique
par
la
combinaison
de
plusieurs
facteurs :
la
latitude,
la
circulation
atmosphérique d’ouest, la disposition des reliefs (large ouverture maritime, domaine
montagnard), l’influence de la continentalité vers l’est du pays et l’affrontement entre trois
masses d’air (air polaire maritime frais et humide, air continental froid et sec, air tropical
chaud et sec). La circulation générale d’ouest en est apporte en toutes saisons les
perturbations atlantiques du front polaire. Elle est à l’origine d’une forte instabilité
climatique qui se traduit par de rapides changements de temps.
On constate tout d’abord une forte opposition entre le nord et le sud de la France
concernant les isothermes. Les températures atteignent parfois un écart de plus de 15 °C.
À ce contraste thermique se superpose une opposition entre l’ouest, dont le climat est plus
doux et plus humide, car largement ouvert aux influences et aux perturbations océaniques,
et l’est de la France, davantage soumis aux influences continentales. La disposition des
températures montre donc deux gradients : une augmentation vers le sud et une
diminution vers l’intérieur des terres.
5.2
Saisons
5.2.1
Hiver
L’hiver est bien marqué sur l’ensemble du territoire français. Les températures hivernales
montrent une opposition entre le littoral, privilégié, et l’intérieur du pays. L’hiver se
caractérise, dans les régions littorales atlantiques et méditerranéennes, par la douceur des
températures (+ 11 °C de moyenne hivernale à Monaco). Le gel y est un phénomène
exceptionnel. Les températures s’abaissent progressivement vers l’intérieur, en raison des
effets de la continentalité ou de l’altitude. La Lorraine ou l’Alsace connaissent une moyenne
hivernale négative. Le minimum enregistré en hiver est - 41 °C à Mouthe (Doubs) en 1985.
5.2.2
Été
L’été est également bien net sur l’ensemble de l’Hexagone, y compris dans les régions
montagneuses. Les températures estivales, supérieures à 20 °C sur tout le territoire,
montrent à la fois une opposition entre le nord et le sud du pays, et entre l’intérieur et le
littoral. Les températures et l’ensoleillement augmentent du nord au sud. Les midis
aquitain et méditerranéen sont le domaine du soleil. L’été y est chaud et sec, avec des
températures moyennes supérieures à 22 °C. Le bilan radiatif y est beaucoup plus élevé
que dans le Nord (autour de 1 600 heures d’ensoleillement à Lille contre 2 900 heures à
Toulon). Les maxima de température enregistrés en été sont de + 44 °C à Toulouse en
Haute-Garonne (1923) et, plus récemment, de + 43,9 °C à Entrecastaux (Var) en 1982.
5.3
Précipitations
5.3.1
Répartition temporelle des précipitations
Les précipitations sont
abondantes toute l’année
dans l’Ouest
de
la France, mais
inégalement réparties. Elles diminuent vers l’intérieur, mais augmentent avec l’altitude.
Dans le Sud, elles sont surtout fréquentes sous forme d’averses en automne et au
printemps. Les moyennes annuelles sont d’environ 600 mm à Paris ou à Marseille et de
800 mm à Lyon.
Le climat de la France présente de fortes irrégularités interannuelles. Les excès climatiques
sont fréquents, tant au point de vue des températures que des précipitations : inondations
catastrophiques (Corse, décembre 1993), vagues de froid (février 1956), abondantes
chutes de neige en plaine (vallée du Rhône, 1970), absence de neige dans les montagnes
(fin des années 1980), sécheresse prolongée (été 1976) et vagues de chaleur (2003),
tempêtes (hiver 1999).
5.3.2
Répartition géographique des précipitations
De grands écarts de précipitations
sont
observables
selon
les
régions.
Les
régions
montagneuses du littoral et de l’intérieur, abondamment arrosées, reçoivent en moyenne
1 400 mm par an, voire plus de 2 000 mm au mont Aigoual. Les précipitations sont
inférieures à 600 mm annuels dans certaines plaines du nord du Bassin parisien et dans les
secteurs en situation d’abri (bassins du Massif central, plaines méditerranéennes), en
contrebas des reliefs montagneux. L’Alsace est l’une des régions les moins arrosées de
France.
5.4
Vents
5.4.1
Vents continentaux
La France, et plus particulièrement ses régions occidentales, est soumise à des vents
océaniques dominants de secteur ouest. Relativement frais et tempérés, de direction sudouest en hiver (suroît) et nord-ouest en été (noroît), ceux-ci prolongent loin vers l’est la
douceur océanique. En hiver et au printemps surtout, le nord-est du pays subit des vents
froids continentaux, de secteur nord-est, comme la bise émise par les anticyclones
continentaux stationnés sur l’Europe centrale.
5.4.2
Vents locaux
Il existe également de
nombreux
vents
locaux.
Ainsi,
l’une
des
particularités
météorologiques du sud de la France est la présence du mistral, vent violent de secteur
nord (bise continentale de secteur nord-est canalisée par le Couloir Saône-Rhône) qui
souffle dans la région méditerranéenne (plus de 100 jours par an dans le Bas-Rhône) à des
vitesses pouvant atteindre 200 km/h. Les autres vents locaux méditerranéens sont l’autan
(vent de secteur sud-est, chaud et humide, venu de la mer Méditerranée) et la tramontane
(vent de secteur nord-ouest, froid et sec). Les montagnes sont régulièrement soumises à
un vent de sud-est, chaud et sec, le fœhn.
5.5
Spécificités climatiques régionales
En raison de sa double appartenance à l’Europe du Nord et à l’Europe du Sud, la France se
situe à la charnière des trois grands domaines climatiques de l’Europe (océanique,
continental et méditerranéen). Chacun de ces trois types de climats y est représenté, mais
de façon inégale.
5.5.1
Domaine océanique
5.5.1.1
Climat océanique atlantique
Le domaine océanique est le plus étendu. On distingue le climat océanique typique
(atlantique ou breton) du climat océanique de transition. Le climat océanique atlantique est
brumeux, doux et humide en toutes saisons en raison des effets modérateurs de l’océan. Il
caractérise l’ouest de la France au nord de la Vendée. La faible altitude des reliefs (plaines,
collines, bas plateaux) y favorise la pénétration des influences océaniques vers l’intérieur
du territoire. Les contrastes thermiques y sont peu accusés (faible amplitude thermique
annuelle, hivers doux et étés frais). La dérive nord-atlantique (voir Gulf Stream) et les
vents dominants de secteur ouest adoucissent les températures en hiver et les
rafraîchissent en été.
La douceur océanique se conjugue à une forte humidité. Les perturbations atlantiques,
issues des dépressions formées sur l’océan le long du front polaire (affrontement entre les
masses d’air polaire et les masses d’air tropical), se succèdent toute l’année et sont à
l’origine de précipitations abondantes (voir météorologie). Celles-ci tombent plus de
200 jours par an, le plus souvent sous la forme de fines averses (crachin). Le temps
d’ensoleillement est modeste et le temps facilement instable. Brest connaît une
température moyenne de 10,8 °C et un total annuel des précipitations de 1 100 mm en
moyenne.
5.5.1.2
Climat océanique de transition
Le climat aquitain est davantage ensoleillé, avec des hivers plus doux et des étés plus
chauds
et
moins
humides.
Il
est
soumis
à une
double
influence
océanique
et
méditerranéenne (hautes pressions subtropicales en été), avec des précipitations parfois
très violentes en été et surtout en automne.
Le climat océanique se dégrade progressivement à la fois vers l’intérieur et vers le sud. Le
climat parisien, moins humide et à l’amplitude thermique plus importante (étés plus
chauds, hivers plus froids), présente déjà des nuances à caractère continental. Les
précipitations enregistrent un maximum estival (orages). Paris a une température moyenne
de 3,2 °C en janvier et de 19,5 °C en juillet.
Le climat océanique connaît, vers l’est (Lorraine, Haute-Bourgogne) et dans les dépressions
bien abritées (Alsace, Limagne, Couloir de la Saône), une dégradation continentale plus
accusée en raison des influences climatiques venues de l’Europe centrale. L’influence
continentale, bien qu’atténuée, donne lieu, dans l’est de la France, à des hivers froids, plus
ou moins humides et davantage exposés au gel, et à des étés chauds et orageux. Le climat
devient nettement plus sec, les reliefs montagneux arrêtant une grande partie des
précipitations. L’amplitude thermique est plus forte : Strasbourg connaît une température
moyenne de 0,8 °C en janvier et de 19,1 °C en juillet. À Nancy, la température moyenne
annuelle est de 9,5 °C et le total annuel des précipitations oscille autour de 700 mm.
5.5.2
Domaine méditerranéen
Le climat méditerranéen caractérise le sud-est de la France et la Corse, dont l’originalité est
déterminée par la latitude méridionale, la présence d’une mer chaude et l’existence de
reliefs montagneux faisant en partie obstacle aux influences venues du nord ou de l’ouest.
Marge climatique, à la charnière du monde tempéré et du monde subtropical, la France
méditerranéenne bénéficie en été d’une remontée en latitude des masses d’air tropical
chaud et sec (anticyclone des Açores). Le climat méditerranéen alterne donc des étés
conjuguant chaleur, ensoleillement et sécheresse, et des hivers cléments, durant lesquels
la circulation perturbée d’ouest l’emporte. L’essentiel des précipitations tombe durant les
saisons intermédiaires (automne, printemps) et présente parfois un caractère torrentiel,
notamment à la fin de l’été et au début de l’automne. Les rivières, à l’étiage estival très
bas, subissent alors un brusque gonflement de leurs eaux, qui peut provoquer des crues
importantes.
Nîmes connaît une température annuelle moyenne de 14,2 °C et reçoit en moyenne près
de 740 mm de précipitations par an. Ajaccio, plus au sud, bénéficie d’une température
moyenne annuelle de 16,1 °C et reçoit en moyenne 698 mm de précipitations par an.
5.5.3
Domaine montagnard
5.5.3.1
Caractéristiques générales
Les reliefs montagneux s’accompagnent d’une dégradation du climat de plaines. L’altitude,
la pente et l’exposition influent sur la température, qui diminue d’environ 1 °C par tranche
de 180 m d’altitude (en raison d’une baisse de pression). L’ascension des masses d’air,
provoquée par la pente montagneuse, entraîne un accroissement des précipitations,
principalement sous forme de neige durant la saison froide, supérieures à 2 m pour les
massifs les plus élevés.
Le climat montagnard (moyennes et hautes montagnes) est donc plus rigoureux et plus
humide, et se caractérise par des précipitations neigeuses abondantes, un enneigement
prolongé et par la fréquence du gel (plus de 100 jours par an). En été, les températures
accusent de forts contrastes diurnes et un rafraîchissement nocturne.
5.5.3.2
Spécificités régionales
Le climat montagnard présente cependant des nuances régionales (étés inégalement
chauds, importance et durée de l’enneigement) selon les massifs. Ainsi, aux Alpes du Nord,
qui connaissent un climat montagnard à tendance continentale, frais et humide, avec une
forte amplitude thermique annuelle et un fort enneigement, s’opposent les Alpes du Sud et
les Pyrénées orientales, davantage méditerranéennes, plus sèches et plus ensoleillées,
tandis qu’un climat montagnard de type océanique, très humide et plus ou moins froid,
caractérise le Massif central (Limousin), les Vosges occidentales et les Pyrénées
atlantiques.
Lus-la-Croix-Haute (Alpes du Nord) connaît une température moyenne annuelle de 7,4 °C
et reçoit en moyenne près de 1 100 mm de précipitations annuelles. Les Escalades, dans
les Pyrénées-Orientales, a une température moyenne annuelle de 8,1 °C mais ne reçoit que
597 mm. Les différences d’exposition entre les versants ensoleillés exposés au sud (adret
dans les Alpes, soulane dans les Pyrénées) et les versants faiblement ensoleillés exposés
au nord (ubac dans les Alpes, ombrée dans les Pyrénées) introduisent également des
nuances locales.
6
VÉGÉTATION ET FAUNE
6.1
Végétation
6.1.1
Caractéristiques générales
La France métropolitaine se caractérise par une grande richesse botanique, allant des
lichens et des mousses de type arctique et alpin à des espèces semi-tropicales comme les
oliviers et les orangers. Au début du néolithique, la quasi-totalité du territoire était
probablement recouverte de forêts, qui ont progressivement disparu dans le cadre d’un
processus plus ou moins continu de défrichements.
La forêt française (taillis, futaie), dominée par les bois durs, couvrait 15 millions d'hectares
en 2000, soit 27,9 p. 100 du territoire, ce qui fait de la France l’une des plus grandes
réserves forestières d’Europe (28 p. 100 de la couverture forestière européenne). Elle est
constituée à 61 p. 100 de feuillus (chênes, hêtres, peupliers), à 29 p. 100 de résineux et à
10 p. 100 de forêt mixte en voie d’enrésinement.
La France présente deux grands domaines végétaux, en étroite relation avec le climat : le
domaine bioclimatique méditerranéen et le domaine bioclimatique océanique, aux nuances
variées pour l’un comme pour l’autre, notamment lorsqu’ils interfèrent avec le domaine
montagnard.
6.1.2
Domaine bioclimatique océanique
La France océanique, caractérisée par une végétation naturelle de forêt à feuilles caduques
développées sur des sols brun forestier, est le domaine de la chênaie (35 p. 100 de la
surface forestière) et de la hêtraie. Le nord de la France présente des variétés de chênes
sessiles ou pédonculés, souvent mélangés au hêtre. Le chêne pubescent domine en
Aquitaine et dans la vallée du Rhône. Le hêtre est surtout présent dans les régions
soumises au climat océanique maritime (Bretagne, Normandie), caractérisé par de fortes
précipitations.
Parmi les autres essences figurent le bouleau, les charmes, les châtaigniers et les noyers,
ainsi que les résineux, héritage de paléoclimats plus froids du quaternaire (Picardie). La
dégradation des forêts atlantiques a par ailleurs donné naissance à une végétation basse
de lande océanique (bruyère, genêts, ajoncs) évoluant sur des sols lessivés.
6.1.3
Domaine bioclimatique méditerranéen
La végétation du domaine méditerranéen présente une adaptation au climat, caractérisé
par la sécheresse estivale et par la chaleur : feuilles et tiges protégées d’une couche
cireuse, écorces épaisses, rameaux courts, épines ou petites feuilles, longues racines
pénétrant profondément dans le sol à la recherche de l’humidité, etc. La végétation
climacique y est une forêt dominée par les chênes verts (yeuseraie), caractérisée par de
petites feuilles sempervirentes.
Les autres espèces sont le pin (pin parasol, pin d’Alep), le châtaignier, le chêne-liège,
l’olivier, les bruyères, le laurier, le lentisque, la lavande ou encore le ciste.
La forêt méditerranéenne actuelle est une forme très dégradée de la forêt climacique, à
l’image des formations basses qui constituent le maquis ou la garrigue. Développé sur un
sol généralement siliceux (massifs anciens), le maquis (Corse, Estérel, Maures) se
caractérise par une végétation buissonnante, très difficilement pénétrable, composée
d’arbustes serrés (arbousier, châtaignier, bruyère arborescente, ciste, olivier sauvage). La
garrigue (romarin, lavande, thym, chêne kermès), développée sur des sols calcaires,
présente une couverture végétale beaucoup plus ouverte.
Les conditions climatiques (sécheresse, vents violents, sols squelettiques) rendent la forêt
méditerranéenne très fragile et particulièrement exposée aux incendies.
6.1.4
Domaine bioclimatique montagnard
Les régions de hautes montagnes sont caractérisées par une végétation étagée. Les fonds
de vallées sont le domaine des champs et des prairies. Les versants montagneux sont
couverts de forêts. Les feuillus, dominés par le hêtre, se mêlent aux sapins dans l’étage
montagnard (entre 500 et 1 500 m d’altitude). Au-dessus (étage subalpin, 1 500 à
2 400 m), ils cèdent la place aux forêts de conifères (épicéas, mélèzes, pins). La limite de
la forêt varie entre 1 800 m et 2 400 m d’altitude selon les massifs, en fonction du taux
d’ensoleillement, de l’humidité et de l’exposition. Au-delà (étage alpin) se développent les
formations basses de la pelouse alpine (prairies) constituant les alpages. voir étages de
végétation.
6.1.5
Principaux massifs forestiers
La forêt landaise (1 million
d’ha),
essentiellement
composée
de
pins
maritimes
et
aujourd’hui préservée par l’instauration d’un parc naturel régional, est la plus vaste forêt
d’Europe de l’Ouest. Elle occupe une ancienne plaine marécageuse et insalubre, terres
ingrates à la végétation pauvre (lande océanique), dont le drainage et le boisement ont été
entrepris sous le second Empire, vers 1857.
Les autres grands massifs forestiers sont l’Ardenne (100 000 ha), les Vosges (95 000 ha),
les Maures (67 000 ha) et l’Argonne (45 000 ha). Les principales forêts sont la forêt
d’Orléans (46 000 ha), de Fontainebleau (25 000 ha), de Bitche (20 000 ha), d’Haguenau
(15 000 ha) et de Compiègne (14 500 ha).
Grâce à une active politique de reboisement, menée depuis plusieurs décennies, la forêt
française a fortement progressé (11 millions d’ha en 1965, 14,8 millions en 1992). Mais,
parallèlement, les amputations qu’elle subit sont multiples : défrichement, au rythme de
10 000 ha par an en moyenne (urbanisation) et surtout incendies de forêts, qui
anéantissent
chaque
année
plusieurs
dizaines
de
milliers
d’hectares.
La
forêt
méditerranéenne est la plus touchée. En 1976, 88 300 ha de forêts ont été détruits par le
feu, dont 48 p. 100 en zone méditerranéenne. En 1990, 70 000 ha ont été anéantis, dont
80 p. 100 pour la seule forêt méditerranéenne. Les résineux sont les espèces les plus
privilégiées par le reboisement, car ils sont dotés d’un rendement plus élevé que les
feuillus.
6.2
Faune
La France métropolitaine
est
assez
riche
en
espèces
animales.
On
recense
ainsi
521 espèces de vertébrés se reproduisant régulièrement sur le territoire, comprenant une
centaine d’espèces de mammifères, plus de 270 espèces d’oiseaux, environ 35 espèces
d’amphibiens et 30 de reptiles, ainsi qu’une centaine d’espèces de poissons d’eau douce.
Mais les activités humaines (urbanisation, déboisement, développement du tourisme, etc.)
font peser des menaces importantes sur la survie de nombreuses espèces. Pour la seule
France métropolitaine, sur environ 150 espèces animales menacées à des degrés divers,
122 sont considérées comme « strictement menacées ». Par ailleurs, 8 espèces de
vertébrés ont totalement disparu du territoire depuis le milieu du
6.2.1
XIXe
siècle.
Mammifères
On compte, en France métropolitaine, une centaine d’espèces différentes de mammifères.
Mais, à l’instar du reste de l’Europe occidentale, les grands mammifères sont peu
représentés. Les plus communs sont le cerf, le daim et le chevreuil. L’ours, s’il a fait l’objet
de programmes de réintroduction dans les Pyrénées, n’est plus représenté que par
quelques individus, menacés. On rencontre des chamois dans les hautes régions des Alpes
et des sangliers dans certaines forêts. Parmi les mammifères de taille plus modeste
figurent, notamment, le hérisson d’Europe, le lapin de garenne, le lièvre brun (sur tout le
territoire) et le lièvre variable (uniquement dans les Alpes), ainsi que plusieurs carnivores
de la famille des mustélidés (belette, putois, vison d’Europe).
6.2.2
Oiseaux, reptiles et poissons
Les oiseaux, variés et nombreux, comprennent des espèces résidentes et des migrateurs.
Les reptiles de la métropole sont représentés par une trentaine d’espèces, et les seuls
venimeux sont les vipères. La carpe, la truite et le brochet sont les poissons d’eau douce
les plus courants. Les eaux côtières de l’Atlantique et de la Méditerranée recèlent de très
nombreuses espèces de poissons marins : morue, hareng, merlan, maquereau, flétan,
sardine, thon, dorade, sole, etc.
7
LA FRANCE D’OUTRE-MER
7.1
Caractéristiques générales : diversité et traits communs
7.1.1
Superficie
Très dispersées, les dix possessions françaises d’outre-mer, qui couvrent une superficie
totale de 560 551 km2, dont 91 000 km2 pour la Guyane et 432 000 km2 pour la seule terre
Adélie, présentent une grande variété de paysages et de climats.
7.1.2
Relief
Les possessions françaises ont toutefois de nombreux traits en commun : outre la Guyane
(Amérique du Sud) et la terre Adélie (Antarctique), ce sont des terres insulaires
volcaniques ou coralliennes (sauf la Nouvelle-Calédonie), éparpillées dans tous les océans
du monde (mer des Caraïbes, océan Atlantique, océan Pacifique, océan Indien et océan
Antarctique), bénéficiant d’un climat tropical humide (excepté les terres Australes et
Antarctiques
françaises
et
Saint-Pierre-et-Miquelon).
Elles
montrent
en
outre
une
opposition majeure entre l’intérieur montagneux, très peu peuplé, et une étroite plaine
côtière qui concentre la majeure partie de la population et des activités économiques.
7.1.3
Climat et végétation
Le climat tropical, chaud et humide, favorise un couvert végétal dense et luxuriant, d’une
grande richesse botanique (2 000 espèces en Martinique). Saint-Denis de la Réunion
connaît une température moyenne annuelle de 23,5 °C et reçoit quelque 1 530 mm de
précipitations annuelles. On constate cependant une nette opposition entre les versants
exposés « au vent » (alizé), très arrosés et à la végétation tropicale luxuriante, et les
versants situés « sous le vent », plus secs et à la végétation plus steppique. La mangrove,
essentiellement constituée de palétuviers, caractérise les littoraux tropicaux vaseux (y
compris en Guyane).
7.1.4
Faune
La faune de la France d’outre-mer est extrêmement diversifiée, principalement dans les
terres situées en zone tropicale, et comprend de nombreuses espèces endémiques. À titre
d’exemple, la Guyane française abrite plus de 180 espèces de mammifères et près de
700 espèces d’oiseaux. On trouve, sur l’ensemble des terres d’outre-mer, plus de
200 espèces de reptiles. Les invertébrés sont également très diversifiés avec, par exemple,
environ 400 espèces différentes de mollusques terrestres pour la Guyane et plus de 300
pour la Polynésie française.
7.1.5
Risques naturels
Les risques naturels sont importants : nombreuses sont les régions parmi les territoires de
la France d’outre-mer à être exposées à une menace tellurique (séismes, raz de marée ou
tsunamis), au volcanisme explosif et aux cyclones tropicaux dévastateurs.
7.2
Les Antilles françaises et la Réunion
La Martinique (1 100 km²) et la Guadeloupe (1 690 km²), distantes de 150 km et situées
dans l’archipel des Antilles (mer des Caraïbes), en bordure de la plaque des Caraïbes, et la
Réunion (2 511 km²), dans l’océan Indien, à 700 km à l’est de Madagascar, sont trois
petites îles volcaniques. L’intérieur montagneux présente un paysage de dômes volcaniques
élevés, ravinés par les pluies tropicales, et de collines escarpées, les mornes, anciens
volcans fortement érodés.
La Guadeloupe comprend deux îles principales : l’île de Basse-Terre, montagneuse et
volcanique, dominée par le volcan de la Soufrière (1 467 m d’altitude), dont la dernière
éruption importante date de 1976 ; et l’île de Grande Terre, basse et calcaire, séparée par
un étroit chenal de marée, la rivière Salée. Les îles de La Désirade, de Saint-Martin et de
Saint-Barthélemy lui sont rattachées.
La Martinique est dominée par la montagne Pelée (1 397 m), et la Réunion, constituée par
un empilement de coulées de lave, par le piton des Neiges (3 069 m) et le piton de la
Fournaise (2 631 m), aux coulées de lave périodiques. En 1902, l’explosion de la montagne
Pelée a fait 28 000 victimes, détruisant la ville de Saint-Pierre.
Le climat oppose une saison sèche en hiver (« carême ») et une saison humide en été
(« hivernage »). Des cyclones dévastateurs peuvent s’abattre sur ces îles à la fin de l’été
(fin août-début octobre) ; en septembre 1989, la Guadeloupe a ainsi été ravagée par le
cyclone Hugo. Le littoral montre une alternance de côtes rocheuses à falaises et de côtes
basses vaseuses à mangroves ou sableuses protégées par des récifs coralliens (cayes).
7.3
La Guyane française
La Guyane française (91 000 km2), située entre le Suriname et le Brésil, connaît un climat
subéquatorial (chaleur constante et très forte humidité) favorable au développement d’une
végétation luxuriante. Elle est constituée par un vaste plateau (vieux socle pénéplané)
dominé par des inselbergs et recouvert par la forêt dense, qui jouxte la grande forêt
amazonienne du Brésil. Le littoral est bordé de mangroves (palétuviers).
7.4
Saint-Pierre-et-Miquelon et les terres Australes et Antarctiques
françaises
Saint-Pierre-et-Miquelon (242 km²), située au sud de Terre-Neuve, au large du Canada, à
la convergence des eaux froides du courant du Labrador et des eaux chaudes du Gulf
Stream, connaît un climat rude, froid et brumeux, de type périglaciaire. Elle est recouverte
d’une végétation basse de toundra.
Les terres Australes et Antarctiques françaises (TAAF) sont constituées par les îles
Kerguelen (6 000 km²), les îles Crozet (300 km2), l’île Amsterdam (60 km2) et l’île SaintPaul (7 km2), toutes situées dans l’océan Indien, et de la terre Adélie, qui appartient à
l’immense inlandsis antarctique et abrite des bases scientifiques. Le climat des TAAF est
très rude.
7.5
Les îles du Pacifique
7.5.1
La Nouvelle-Calédonie
Bordée par la mer de Corail, la Nouvelle-Calédonie (19 103 km²), située en Mélanésie, à
1 500 km à l’est de l’Australie, est la plus grande île française du Pacifique (deux fois la
taille de la Corse). C’est une île calcaire montagneuse, culminant à 1 650 m d’altitude. Les
îles Loyauté et l’île des Pins, atolls coralliens, lui sont rattachées. Une barrière de corail
(récif-barrière) protège un magnifique lagon.
7.5.2
La Polynésie française
La Polynésie française, située dans l’océan Pacifique, à 5 700 km de l’Australie et à
6 200 km des côtes américaines, est composée de cinq archipels : les archipel de la Société
(îles du Vent avec Tahiti, îles Sous-le-Vent avec Bora-Bora), les îles Gambier, les îles
Tuamotu, les îles Marquises et les îles Australes). Elle comprend près de 130 îles
volcaniques (volcanisme de point chaud) et atolls coralliens à peine émergés, entourés de
coraux, soit environ 4 000 km2 de terres émergées éparpillées sur une superficie maritime
de 5,5 millions de km2. Les cyclones tropicaux sont rares. Situé entre la Polynésie française
et
la
Nouvelle-Calédonie,
Wallis-et-Futuna
(voir
Mélanésie)
comprend
deux
îles
volcaniques, Wallis et Futuna.
8
CONTRAINTES ET RESSOURCES DU MILIEU NATUREL FRANÇAIS
Le sous-sol français n’est riche ni en minerais ni en combustibles fossiles. Le milieu naturel,
en général peu contraignant, offre cependant de nombreux atouts : accessibilité, potentiel
touristique (mer, montagne, patrimoine paysager), agricole (clémence du climat, fertilité
des sols) et forestier, ressources maritimes et hydrauliques.
8.1
Cadre physique
La France bénéficie d’une situation géographique privilégiée, à la charnière entre l’Europe
du Nord et l’Europe du Sud, avec une double ouverture sur l’Atlantique et sur la
Méditerranée. Elle bénéficie également d’un cadre physique favorable (climat, forêt, sols,
accessibilité naturelle). L’aération du relief par de vastes étendues de plaines et de bas
plateaux à l’ouest, et l’existence de grands couloirs de pénétration (amples vallées
fluviales, fossés tectoniques) à l’intérieur des reliefs montagneux, au centre et à l’est, ainsi
que la présence de seuils (Poitou, Lauragais, Bourgogne, Cambrésis) facilitent les
communications à l’intérieur du territoire. Les chaînes de hautes montagnes, situées à la
périphérie, n’entravent pas les communications intérieures. Seul le Massif central a
longtemps constitué un obstacle naturel.
8.2
Ressources minérales et énergétiques
Le sous-sol français recèle peu de matières premières minérales (minerai de fer, potasse,
bauxite, nickel) et d’énergies fossiles (charbon, hydrocarbures, uranium) à usage
industriel.
8.2.1
Charbon
Le charbon a longtemps
constitué
la
principale
ressource
minérale
française,
mais
l’exploitation en est condamnée à terme. Les réserves de charbon sont estimées entre 500
et 600 millions de t, mais la rentabilité est remise en cause par la qualité médiocre et par
des conditions difficiles d’exploitation (mines souterraines profondes). Le bassin houiller du
Nord, longtemps le plus important gisement en France, a cessé toute activité en 1991. Les
principaux gisements en activité sont aujourd’hui les bassins houillers de Lorraine
(Forbach) et de Provence (gisement de lignite de Gardanne).
8.2.2
Hydrocarbures
La France possède des réserves d’hydrocarbures très limitées. Une prospection active a été
menée sur le territoire français et dans les mers bordières, mais les résultats sont restés
décevants. Les gisements, localisés en Aquitaine et dans la Brie, sont dispersés et peu
productifs.
Le gisement de gaz naturel de Lacq est menacé d’épuisement. L’uranium (Bessines,
La Crouzille) est actuellement la première ressource énergétique nationale. Les réserves
sont estimées à 70 000 t (environ 3 p. 100 des réserves mondiales).
8.2.3
Minerais
La France est mieux dotée en minerais. Le gisement de minerai de fer de Lorraine, le plus
important d’Europe occidentale, situé sous les côtes de Moselle, est phosphoreux et de
faible teneur. Il connaît, comme le gisement de potasse d’Alsace ou les gisements de
bauxite du Midi, une forte baisse de production.
Le nickel constitue la principale richesse de Nouvelle-Calédonie (un quart des réserves
mondiales), qui possède également des mines de cobalt et de chrome. Sa production,
victime de la concurrence internationale, tend à diminuer. La France possède encore
d’importants gisements sous-marins de nodules polymétalliques, dans l’océan Pacifique,
mais leur extraction et leur exploitation industrielle en sont encore à l’état expérimental.
8.3
Catastrophes et risques naturels
8.3.1
Typologie et répartition géographique des risques naturels
Différents types de risques naturels d’ordre
climatique
(sécheresse, coups de
froid,
tempêtes, cyclones tropicaux), tellurique (séismes), volcanique (Antilles françaises,
Réunion), fluviale (inondations) ou autres (glissements de terrain, coulées de boue,
avalanches, etc.) peuvent être recensés sur l’ensemble du territoire français (métropolitain
et d’outre-mer). Près de 10 200 communes sont directement menacées par une ou
plusieurs de ces catastrophes naturelles.
Le quart sud-est de la France cumule le plus grand nombre de risques ; des pluies
diluviennes s’abattent ainsi notamment, à la fin de l’été ou à l’automne, sur le sud de la
France, où elles provoquent régulièrement des crues brutales et des inondations
catastrophiques (importants dégâts matériels) et parfois meurtrières (10 morts à Nîmes en
1988 ; plus de 30 morts à Vaison-la-Romaine en septembre 1992).
8.3.2
Origines des risques naturels
La plupart de ces risques naturels sont une conséquence de l’action humaine. De nombreux
milieux ont, en effet, été fragilisés par des aménagements souvent inconsidérés. La
« bétonisation » excessive (routes, parkings) réduit fortement l’infiltrabilité des sols,
l’arrachage des haies favorise le ruissellement superficiel et les coulées de boue, etc. La
construction en zone inondable suffit à transformer une inondation importante en une
catastrophe.
De même, l’aménagement des versants montagneux n’a pas toujours tenu compte des
précautions indispensables, comme l’attestent les avalanches meurtrières ou les coulées de
boue. En juillet 1987, la catastrophe du Grand-Bornand (Haute-Savoie), provoquée par une
crue exceptionnelle du torrent du Borne à la suite d’un orage d’une rare violence, a fait
21 morts et 2 disparus. En février 1999, les avalanches ont tué au moins 60 personnes
dans les Alpes françaises, autrichiennes, suisses et italiennes, dont 12 dans la vallée de
Chamonix-Mont-Blanc. En outre, le risque de tremblement de terre sur la Côte d’Azur est
accru par l’intense urbanisation littorale.
8.3.3
Solutions et mesures envisagées
D’importants aménagements hydrauliques, couplés avec des équipements hydroélectriques
(barrages-réservoirs), ont été réalisés par les pouvoirs publics afin de régulariser le régime
des cours d’eau et, par conséquent, limiter les dangers des inondations. Tous les grands
fleuves français et leurs affluents en ont bénéficié. La Seine ou le Rhône sont aujourd’hui
des fleuves presque complètement maîtrisés. Toutefois, le projet de régularisation de la
Loire, dernier grand fleuve sauvage de France et d’Europe, n’a finalement été que
partiellement réalisé, en raison de nombreuses pressions écologistes (construction de deux
barrages à Naussac et à Chambonchard).
8.4
Domaine maritime
8.4.1
Un potentiel considérable
La double ouverture sur l’océan Atlantique (et ses mers bordières, la Manche et la mer du
Nord) et sur la mer Méditerranée dote la France métropolitaine d’une façade littorale de
2 690 km et d’un domaine maritime de 150 000 km2. Grâce à ses possessions d’outre-mer,
réparties dans tous les océans du globe, elle dispose d’un vaste domaine maritime de
10 millions de km2, en vertu du principe de la zone économique exclusive (ZEE) qui s’étend
jusqu’à 200 milles nautiques (370 km) des côtes. La France bénéficie donc d’un immense
espace maritime aux potentialités très diversifiées (ressources halieutiques, échanges
commerciaux), ouvert sur les différents espaces économiques mondiaux (aire Pacifique,
etc.).
La France d’outre-mer a une importance géopolitique et géostratégique certaine, dans la
mesure où les possessions françaises d’outre-mer permettent à la France d’affirmer sa
présence partout dans le monde. Leur potentiel économique reste à ce jour sous-valorisé,
en raison d’une trop faible intégration dans leur aire régionale.
8.4.2
Exploitation des ressources
Les littoraux français ont été longtemps délaissés par une population tournée vers
l’intérieur des terres. Ils offrent aujourd’hui de grandes ressources (tourisme, pêche et
aquaculture, sites portuaires et commerce maritime). Le potentiel offert par les mers et par
les franges côtières a été déjà largement entamé par une exploitation, parfois excessive,
au point de fragiliser le milieu ou d’épuiser les ressources (pollution des côtes et des mers,
bétonisation du littoral, surexploitation des fonds océaniques, disparition ou raréfaction des
ressources halieutiques, etc.). La prospection pétrolière dans les mers bordières est, à ce
jour, infructueuse, et l’exploitation des vastes gisements de nodules polymétalliques de
l’océan Pacifique, au large de la Polynésie, reste encore très hypothétique.
8.5
Contraintes d’hier, ressources d’aujourd’hui
8.5.1
Évolution de l’exploitation du milieu naturel
La notion de ressources a fortement évolué depuis les années 1950. Pendant longtemps,
les seules ressources naturelles de la France se limitaient au potentiel agricole et aux
gisements de matières premières (charbon, minerai de fer, potasse). Ces dernières, qui
n’ont jamais été très importantes, ont connu un profond déclin (épuisement des gisements,
rentabilité insuffisante) après avoir fortement contribué à l’industrialisation du pays.
Parallèlement, l’évolution de la société mettant en valeur des milieux autrefois très
défavorisés, de nouvelles ressources sont apparues. Certains de ces milieux (fleuves,
hautes et moyennes montagnes, littoraux, sols incultes), longtemps considérés comme
répulsifs, sont aujourd’hui créateurs de richesses. Ces espaces, alors en marge du
territoire, ont connu, au terme d’aménagements de grande ampleur, un renversement
spectaculaire de leurs potentialités au point d’être aujourd’hui des atouts majeurs dans
l’organisation du territoire.
8.5.2
Aménagements du littoral
L’exemple le plus frappant est la colonisation et la transformation des côtes basses
sableuses (Aquitaine, Languedoc-Roussillon), espaces autrefois insalubres et inutilisés,
voués aux moustiques et au paludisme, et des zones de haute montagne, maintenant
consacrés au tourisme de masse (tourisme balnéaire, sports d’hiver).
Parmi les principaux aménagements
littoraux
figure,
à
partir
des
années 1960,
l’équipement spectaculaire du littoral languedocien en un immense complexe balnéaire. Les
efforts ont également porté sur l’amélioration de la qualité des sols au moyen de procédés
naturels ou artificiels : amendement
par chaulage
(Massif armoricain,
XIXe
siècle),
bonification des marais maritimes par poldérisation (Flandre, Marais poitevin, Marais
breton, Brière). De nombreuses régions aux sols autrefois incultes sont ainsi devenues de
riches terres agricoles ; la transformation des plateaux secs et crayeux de la Champagne
pouilleuse en une riche campagne céréalière, à très fort potentiel agricole grâce à l’apport
massif d’engrais depuis les années 1950 en est une parfaite illustration. On peut également
citer la transformation des landes de Gascogne, plaine marécageuse et insalubre, asséchée
et métamorphosée, il y a plus d’un siècle, en un immense massif forestier de pins
maritimes.
8.5.3
Aménagements de la montagne
La haute montagne française, faiblement exploitée (alpages) et longtemps dépourvue
d’implantations humaines permanentes en raison de la rudesse du milieu (climat rigoureux,
vigueur
des
pentes),
a
connu
pareille
métamorphose
à
la
suite
des
politiques
d’aménagement touristique qui ont marqué les années 1960-1980. Des stations intégrées
de sports d’hiver ont été créées de toutes pièces à des altitudes élevées. Cette bétonisation
de la montagne a entraîné une transformation spectaculaire du paysage montagnard et de
son économie, mettant en valeur des éléments du milieu jusqu’alors répulsifs, comme
l’enneigement, les ubacs (versants exposés au nord permettant un enneigement plus long),
abandonnés à la forêt dans l’économie traditionnelle de montagne, la pente et l’altitude.
Grâce à leurs nouveaux atouts (neige, pentes), les hautes montagnes françaises offrent
désormais d’importantes ressources touristiques, aujourd’hui intensivement exploitées. Les
moyennes montagnes, moins bien pourvues en cet « or blanc » que représente la neige,
sont restées partiellement à l’écart de cette revitalisation. Elles demeurent à ce jour des
milieux souvent peu attractifs, victimes du dépeuplement.
8.6
Potentiel agricole
8.6.1
Richesse des sols
La clémence du climat, les faibles contraintes du relief, la qualité et la variété des sols
donnent à la France un excellent potentiel agricole et forestier. Les trois quarts du territoire
possèdent des sols assez favorables, tandis que le quart restant est couvert de sols
médiocres ou pauvres. Une grande partie de la France appartient à la zone des sols bruns
forestiers issus de la décomposition des forêts de feuillus atlantiques (à feuilles caduques).
En général peu lessivés, ces sols zonaux (liés au climat et à la végétation climacique) sont
riches en matière organique et constituent d’excellentes terres arables.
8.6.2
Une exploitation inégale
Beaucoup de ces sols bruns connaissent une dégradation sous les influences du climat et
du degré de lessivage (sols à tendance podzolique du nord et de l’ouest de la France).
Certains sols sont azonaux, issus de l’altération de la roche en place, comme l’argile à silex,
sols humides et lourds provenant de la décomposition de la craie (pays d’Auge, Perche) ou
encore la terra rossa, argiles de décalcification à bon potentiel agricole, dont la couleur
rougeâtre est liée à la concentration des oxydes de fer. La terra rossa tapisse localement la
région méditerranéenne, dominée le plus souvent par des sols squelettiques peu favorables
aux cultures.
Les dépôts superficiels présentent des potentiels agricoles diversifiés. De vastes plateaux
du Bassin parisien ont été recouverts de lœss, ou limons de plateaux, accumulation
d’origine éolienne parfois épaisse de plusieurs mètres et d’une très grande fertilité.
D’autres régions ont été recouvertes par des épandages de sables argilo-sableux et
caillouteux en provenance du Massif central. De très faible valeur agricole (sols acides), ils
sont parsemés d’étangs, de landes ou de forêts (Sologne, Brenne).
Parmi les autres types de sols médiocres, voire stériles, ou difficiles à exploiter figurent les
rendzines de certains plateaux calcaires (sols secs, peu épais et caillouteux) du nord du
Bassin parisien, les sols acides des régions cristallines (massifs anciens), les terres
marécageuses, les sols argileux trop lourds ou encore les sols squelettiques ou inexistants
de certains plateaux karstiques (Causses).
8.6.3
Techniques modernes d’exploitation
Toutefois, des aménagements ont permis la conquête agricole d’une partie d’entre eux.
Modifiés et améliorés par les hommes (chaulage, fertilisation par engrais chimiques,
irrigation, poldérisation), des sols naguère considérés comme ingrats sont aujourd’hui
dotés d’un excellent potentiel agricole (Champagne sèche, Massif armoricain, marais
flandrien). L’irrigation a ainsi transformé une partie du Midi méditerranéen (plaine
caillouteuse de la Crau) en une riche plaine agricole.
8.7
Potentiel hydraulique
8.7.1
Abondance des ressources
La France possède de grandes ressources hydrauliques offrant de multiples possibilités
d’utilisation (tourisme, loisirs, hydroélectricité, eau potable, irrigation, etc.).
Les disponibilités en eau sont abondantes, mais inégalement réparties sur l’ensemble du
territoire du fait des diversités climatiques et géologiques régionales. Les précipitations
(pluies, neige) déversent sur la France en moyenne près de 450 milliards de m3 d’eau par
an. Plus de la moitié s’évapore. Le reste alimente les cours d’eau et les nappes phréatiques
(par infiltration). Les eaux de surface fournissent 50 p. 100 des besoins en eaux d’origine
domestique, agricole, industrielle ou énergétique. Le reste de la consommation nationale
est fourni par les nappes aquifères, principalement localisées dans les vallées alluviales et
les terrains sédimentaires. Le bilan hydraulique de la France est globalement satisfaisant,
les disponibilités en eau étant supérieures aux besoins.
8.7.2
Ressources hydrauliques et industrialisation
Toutefois, plusieurs années de sécheresse plus ou moins prononcée ont fortement entamé
les réserves, contraignant certaines régions à limiter leur consommation. La France doit
également faire face à une consommation d’eau annuelle croissante, du fait des progrès de
l’urbanisation et des besoins domestiques (élévation du niveau de vie), et surtout des
besoins de l’agriculture (développement de l’irrigation). Les centrales électriques sont les
premières consommatrices (plus de 50 p. 100), suivies par l’agriculture, la consommation
domestique en eau potable et l’industrie.
8.7.3
Politiques de l’eau
Pourtant, la surexploitation, les sécheresses successives et la pollution des eaux douces par
les rejets industriels et urbains, ainsi que par les engrais agricoles, qui atteint des degrés
très élevés en certains endroits, hypothèquent le potentiel hydraulique. Une politique de
l’eau a été mise en place par les pouvoirs publics à partir des années 1960. Les objectifs
sont la lutte contre la pollution des nappes et des rivières et la régularisation des régimes
des cours d’eau. Plus de 60 barrages-réservoirs ont ainsi été construits afin d’augmenter le
volume d’eau stockée en France. Parallèlement, le potentiel hydroélectrique de l’est de la
France (Alpes, Rhône, Rhin) a été mis en valeur par de nombreux équipements
(aménagement du bassin Arc-Isère ou du bassin Isère-Romanche).
8.8
Politique de l’environnement
8.8.1
Un bilan accablant
La France dispose d’un patrimoine naturel et paysager exceptionnel. Celui-ci subit de
nombreuses nuisances, et bien des menaces planent sur l’environnement. De multiples
interventions humaines ont eu des effets pervers : pollution de l’air et de l’eau (cours
d’eau, nappes phréatiques, mers) par l’industrie et l’agriculture, grande consommatrice de
produits
chimiques
(engrais,
pesticides),
bétonisation
et
urbanisation
incontrôlées,
déboisements abusifs et érosion des sols, etc.
8.8.2
Une politique volontariste
Une politique de protection de la nature et de l’environnement a progressivement été mise
en place à partir des années 1960, bientôt chapeautée par le ministère de l’Environnement,
créé au début des années 1970. La gestion du patrimoine naturel repose aujourd’hui sur un
arsenal de mesures de protection des milieux naturels les plus fragiles ou les plus exposés
aux agressions (marais, littoraux, montagnes). De nombreuses dispositions ont été prises
afin de réduire la pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques et d’améliorer la
qualité de l’eau (multiplication des stations d’épuration pour le traitement des eaux usées
et polluées). Depuis l’échouage du pétrolier géant Amoco Cadiz en 1978 sur la côte nord de
la Bretagne (220 000 t de pétrole brut déversées dans la mer, 350 km de côtes polluées),
des mesures draconiennes ont également été prises concernant les couloirs de navigation
maritime. En 1975 a été créé le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres, dont la
mission est de protéger les espaces naturels littoraux ou lacustres. À ce jour, plus de
450 km de côtes ont été acquis et sauvegardés.
En 1976, une loi générale sur la protection de la nature prévoyant la réalisation d’études
d’impact sur l’environnement avant tout aménagement a été adoptée. En 1977, la Directive
d’aménagement national relative à la protection et à l’aménagement de la montagne a été
mise en place. Elle a pour objectif de mettre fin à la bétonisation des montagnes en
limitant et en contrôlant le développement de l’urbanisation en altitude. Les constructions
sont désormais interdites au-dessus de 1 600 m dans les Alpes et au-dessus de 1 400 m
dans les Pyrénées. De telles mesures limitant le nombre de constructions ont également
été prises dans les zones littorales françaises, notamment sur la Côte d’Azur. En 1978, la
Directive nationale relative à la protection et à l’aménagement du littoral interdit toute
nouvelle construction à moins de 100 m des rivages marins ou lacustres.
Plusieurs lois ont été adoptées pendant les années 1980 : loi Montagne de 1985, loi sur
l’eau de janvier 1992, réalisation d’un inventaire du patrimoine naturel. Des procédures de
classement en parc naturel régional (1967) et national (1968) ont également été adoptées.
Aujourd’hui, plus de 9 p. 100 du territoire français (métropolitain et outre-mer) sont
préservés
par
7 parcs
nationaux,
26 parcs
régionaux,
188 réserves
naturelles
et
2 518 sites classés (voir parcs nationaux et réserves naturelles). La France arrive au
premier rang des pays de l’Union européenne pour la surface en zones protégées.
2
POPULATION ET SOCIÉTÉ
2
DÉMOGRAPHIE
2.1
Caractéristiques générales
2.1.1
Population d’un pays industrialisé
La population de la France
métropolitaine
était
estimée,
en
2004,
d'habitants, pour un total de 61,3 millions de Français. Elle occupe le
3e
à
60,4 millions
rang des pays de
l’Union européenne et le 20e rang mondial. Entre le recensement de 1946 et 2004, la
population française est passée de 40,5 millions à 60,4 millions d'habitants, soit un
accroissement de plus de 45 p. 100 en quelque 50 ans contre seulement 4 p. 100 entre
1901 et 1946. La densité moyenne de 111 habitants au km² est nettement plus faible que
celle de ses voisins européens (235 habitants au km² en Allemagne, 250 au Royaume-Uni
et 481 aux Pays-Bas).
La France a aujourd’hui,
comme
l’ensemble
des
pays
développés,
une
croissance
démographique fortement ralentie. Le phénomène est ancien. Le pays a connu une
transition démographique très précoce (dès la fin du XVIIIe siècle) et particulièrement
rapide. Alors que les pays d’Europe de l’Ouest connaissaient les deux phases de la
transition démographique (qui se traduit par un décalage dans le temps entre la baisse de
la mortalité et la baisse de la fécondité), ce qui a engendré une explosion démographique
européenne, la France a vu sa fécondité baisser en même temps que sa mortalité. Le poids
démographique de la France, pays le plus peuplé d’Europe à la fin du XIXe siècle, s’en est
trouvé considérablement modifié. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la GrandeBretagne et l’Italie étaient nettement plus peuplées que l’Hexagone. Au lendemain de la
Libération, l’explosion démographique du baby-boom a mis momentanément fin à plus d’un
siècle de dénatalité et de marasme démographique. Le nombre des naissances a connu une
forte augmentation pour atteindre un premier maximum en 1949 (869 000), puis un
deuxième en 1964 (874 000) contre 600 000 naissances annuelles en moyenne dans les
années 1930. Parallèlement à ce renouveau de la natalité, on enregistrait une baisse du
taux de mortalité qui est passé de 12,7 p. 1 000 en 1950 à 10,6 p. 1 000 en 1970. Pendant
plus de vingt ans, le sursaut du baby-boom a soutenu la croissance démographique, avec
un indice conjoncturel de fécondité supérieur à 2,3 enfants par femme (2,9 enfants en
1964) et un taux de natalité supérieur à 18 p. 1 000. Il a provoqué un fort redressement
démographique et un profond rajeunissement de la population.
Le phénomène s’est ralenti au début des années 1970. Il a été suivi d’une chute brutale de
la natalité au cours des années 1973-1976 (720 395 naissances en 1976), qui coïncida
avec le début de la crise économique mondiale. Depuis cette époque, l’indice de fécondité
se situe en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme).
Après un léger redressement, le nombre des naissances a subi une nouvelle chute au cours
des années 1992-1994 (711 000 naissances en 1994), durant lesquelles l’indice de
fécondité a atteint un record à la baisse, avec 1,65 enfant par femme. Cette baisse
continue de la natalité ou baby-krach, commune à la plupart des nations industrialisées,
est à mettre en relation avec un certain nombre de facteurs socio-économiques parmi
lesquels la crise économique prolongée, l’accroissement du chômage, le prolongement des
études, le recul de l’âge de la maternité, le modèle de la famille à deux enfants, une
précarité croissante de l’emploi ou encore l’augmentation du taux d’activité féminine.
Cependant, toutes proportions gardées, l’année 2000 a vu une recrudescence des
naissances, avec un accroissement de plus de 5 p. 100. La France n’atteint toujours pas le
seuil de renouvellement des générations, mais c’est aujourd’hui le pays de l’Union
européenne qui connaît la plus forte progression de sa natalité.
2.1.2
Vieillissement de la population
La structure par âge de la France révèle un vieillissement accéléré de la population. En
1996, le pourcentage des moins de 20 ans est tombé à 26 p. 100 de la population totale
(contre 29,5 p. 100 en 1946), tandis que celui des 65 ans et plus s’élève désormais à
16,4 p. 100
(contre
11,1 p. 100
en
1946).
Ce
vieillissement
démographique,
qui
caractérise l’ensemble des pays développés, est lié à plusieurs facteurs : la baisse de la
fécondité, qui provoque une réduction du nombre des jeunes au sein de la population, et la
baisse de la mortalité aux grands âges, qui, conjuguée à l’allongement de l’espérance de
vie, entraîne une augmentation du nombre des personnes âgées. Le phénomène ne peut
que s’accélérer au cours des prochaines décennies, en raison du vieillissement des
nombreuses
générations
issues
du
baby-boom et
de
l’augmentation
continue
de
l’espérance de vie à la naissance. Il risque d’entraîner, à moyen terme, une remise en
cause des structures sociales, et notamment du paiement des retraites lorsque se posera le
problème du rapport entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités. Les plus de 60 ans
constituent aujourd’hui un poids économique de plus en plus important, car ils bénéficient
d’une retraite longue et d’un pouvoir d’achat relativement élevé.
L’espérance de vie atteignait 79,4 années en 2004 (83,3 années pour les femmes et 75,8
pour les hommes) contre 73,7 ans en 1980. Elle a connu une très forte progression entre
1930 et 1960, passant de 54 ans à 67 ans pour les hommes et de 59 ans à 74 ans pour les
femmes, mais n’augmente plus que lentement depuis les années 1970. Cet allongement de
la vie résulte essentiellement des progrès médicaux et sanitaires qui ont fait reculer la
mortalité, particulièrement la mortalité infantile et celle des personnes âgées. Il touche
davantage les femmes, dont l’espérance de vie est plus élevée que celle des hommes :
18 p. 100 des femmes pour seulement 12 p. 100 des hommes ont 65 ans et plus.
Les comportements démographiques
opposent
traditionnellement
deux
France :
le
« croissant fertile » de la France du Nord et de l’Ouest, plus jeune et plus féconde, et une
France du Sud, plus vieille et au faible taux de natalité. Ce contraste s’observe toujours,
mais il tend à s’estomper, notamment dans les régions de l’Ouest, autrefois très
prolifiques, dont la natalité est désormais inférieure à la moyenne nationale.
2.1.3
La population étrangère
Entre 1946 et 1974, la
France
a
connu
un
solde
migratoire
très
positif :
+ 1 151 000 personnes entre 1946 et 1954, + 1 387 000 entre 1954 et 1962, + 972 000
entre 1962 et 1968. Après 1974, date de la fermeture des frontières à l’immigration, les
apports migratoires ont fortement diminué : + 137 000 entre 1975 et 1982. La baisse est
particulièrement sensible depuis le début des années 1990. La France a enregistré
68 000 entrées en 1995 (solde migratoire : + 38 000), contre 110 000 en 1992 (solde
migratoire : + 90 000), soit une chute de 40 p. 100 environ. Entre 1993 et 1995, le
regroupement familial a reculé de 30 p. 100.
Il est impossible de connaître exactement le nombre d’étrangers réellement présents sur le
territoire en raison des difficultés de recensement et de l’immigration clandestine, par
définition inchiffrable. Selon le recensement de 1990, la France comptait 4,15 millions
d’immigrés (étrangers nés hors de France, plus naturalisés devenus français par acquisition
de la nationalité) résidant sur son sol, soit 7,7 p. 100 de la population totale, mais
seulement 3,6 millions d’étrangers (nés hors de France, 2,85 millions ; nés en France,
0,75 million). En 1996, 1,6 million de Français vivaient à l’étranger, dont 815 000 en
Europe. Le nombre d’étrangers est passé de 1,74 million en 1946 à 2,62 millions en 1968,
puis à 3,71 millions en 1982. Il est retombé à 3,58 millions en 1990 (soit 6 p. 100 de la
population totale). Parallèlement, les naturalisations sont en constante augmentation. Le
nombre de Français naturalisés est passé de 853 000 en 1946 à 1,7 million en 1990, soit
3,1 p. 100 de la population.
2.1.3.1
Historique de l’immigration
Contrairement aux autres pays européens, qui sont — ou qui ont été — des pays
d’émigration en raison des excédents naturels dégagés par la transition démographique, la
France est un ancien pays d’immigration. Terre d’asile traditionnelle (Russes blancs,
républicains espagnols), confrontée à une longue dénatalité entraînant une stagnation
dramatique de sa population, elle a commencé à accueillir massivement des étrangers dès
la fin du XIXe siècle (plus d’1 million d’étrangers en 1881) et surtout après l’hécatombe
militaire de la Première Guerre mondiale, pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre
masculine. Le pays a alors absorbé d’importants flux d’immigrés européens (Belges,
Polonais, Italiens) et nord-africains. L’immigration a connu une croissance importante au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour satisfaire, une fois encore, les besoins de
main-d’œuvre d’une industrie en pleine croissance (période des Trente Glorieuses).
Des vagues d’immigrés ont d’abord afflué des pays d’Europe méditerranéenne (Italie,
Espagne, Portugal), puis des anciennes colonies du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), et
enfin d’Afrique noire (Sénégal, Mali) et d’Asie (Viêt Nam, Cambodge). La crise économique
et la montée du chômage ont entraîné un durcissement de la politique migratoire de la
France. La fermeture des frontières en 1974 a été suivie de mesures de plus en plus
restrictives, à l’image des lois Debré-Pasqua sur l’immigration (1997), légèrement
assouplies par la loi Chevènement (mai 1998). L’immigration, qui a enregistré un sérieux
coup de frein, n’est pas totalement stoppée. Elle se poursuit dans le cadre du
regroupement familial, qui concerne une population essentiellement féminine, et des
demandes d’asile politique. Les naturalisations (environ 10 000 par an) et les départs,
spontanés (retraités, aides aux retours) ou forcés (expulsions), de l’ordre de 40 000 par
an, l’emportent désormais sur l’immigration, ce qui provoque une diminution progressive
du nombre d’étrangers. Ceux-ci se heurtent à une législation de plus en plus restrictive. La
majorité des demandes d’asile politique est désormais rejetée (84 p. 100 de refus contre
9 p. 100 dans les années 1970), tandis que de nombreuses cartes de séjour ne sont pas
renouvelées. En 1995, 4 700 immigrants (9 p. 100) ont obtenu une carte de réfugié, contre
15 500 en 1991.
2.1.3.2
Composition de la population étrangère
La diversification des
cosmopolitisme
de
sources
la
de
population
l’immigration
étrangère.
La
a
considérablement
communauté
renforcé
étrangère
le
comprend
1,3 million de ressortissants de l’Union européenne et 2,2 millions de ressortissants non
communautaires. Toutefois, plus de la moitié des étrangers sont de nationalité européenne.
En 1990, la communauté étrangère la plus importante par ses effectifs était constituée par
les
Portugais,
au
nombre
de
592 636.
Venaient
ensuite
les
Algériens
(544 540 ressortissants), les Marocains (447 600), les Espagnols (389 224), les Turcs
(160 568), les ressortissants des pays d’Afrique noire (254 132) et de l’Asie du Sud-Est
(149 392). Les Italiens et les Grecs sont également nombreux. Les ressortissants des pays
d’Europe de l’Est (Pologne, ex-Yougoslavie) sont en constante augmentation. Les immigrés,
qui occupent des emplois dans l’industrie et dans les services, sont surtout concentrés dans
les grandes agglomérations urbaines, et plus particulièrement à Paris et dans les
métropoles du Sud-Est (Marseille, Lyon). Ils se caractérisent par une fécondité nettement
plus élevée que la moyenne nationale et contribuent, de ce fait, à soutenir la natalité
française. Ainsi, à la fin des années 1980, les femmes immigrées, principalement celles
originaires d’Afrique du Nord et d’Afrique noire, assuraient près de 11 p. 100 des
naissances. Les immigrés clandestins sont difficilement évaluables. Il s’agit d’une
immigration économique essentiellement masculine. Leur situation irrégulière les prive de
tous droits et de toutes formes de protection sociale. Exploités par des employeurs
généralement peu scrupuleux, ils travaillent clandestinement et vivent dans des conditions
souvent très difficiles.
2.1.3.3
Politiques d’assimilation
Le nombre élevé d’étrangers, dans un contexte de crise économique durable, et leur
intégration, notamment pour les enfants d’immigrés nés en France, sont depuis plusieurs
années au cœur des débats politiques. Le creuset (melting-pot) français a jusqu’à présent
relativement bien fonctionné, et continue de le faire. Tout au long de son histoire, la France
a su assimiler ses immigrés. Ainsi, près d’un tiers de la population française actuelle
possède au moins un ascendant étranger en remontant à trois ou quatre générations.
L’intégration repose sur le principe d’une assimilation culturelle, sociale et économique non
discriminatoire, sans distinction de races, de sexes, de religions ou de cultures. Elle
s’appuie également sur la naturalisation et sur le principe du droit du sol, qui offre la
possibilité à tout enfant né en France de parents étrangers de pouvoir acquérir, s’il en fait
la demande, la nationalité française. Selon des études récentes, 51 p. 100 des immigrés
qui sont mariés vivent avec un conjoint né en France. Toutefois, l’intégration est rendue
difficile aujourd’hui par un phénomène croissant de concentration géographique (banlieues
à habitat collectif) qui, conjugué à une insuffisante politique de logements sociaux et à un
niveau de vie relativement bas, développe un sentiment d’exclusion sociale, se manifestant
régulièrement par des actes de violence, souvent mal perçues dans une partie de la
population.
2.1.4
Les Français d’Outre-mer
En 2004, les DOM-TOM totalisaient 1,91 million d’habitants sur une superficie habitée de
120 000 km2, soit un peu plus de 3 p. 100 de la population. Les trois « îles à sucre » sont
les plus peuplées : la Martinique (429 510 habitants), la Guadeloupe (444 515 habitants)
et la Réunion (766 153 habitants) concentrent à elles seules plus des deux tiers de la
population française d’outre-mer. Les densités y sont très élevées (406 habitants au km2 à
la Martinique).
À l’exception de Saint-Pierre-et-Miquelon,
peuplée
par
les
descendants
d’immigrants
basques, bretons et normands, les Français d’outre-mer se caractérisent par un important
mélange ethnique, particulièrement poussé dans les Antilles françaises et à la Réunion,
dont la population est composée de Noirs descendants des anciens esclaves africains
déportés pour satisfaire les besoins en main-d’œuvre, de créoles descendants des anciens
colons blancs, d’Indiens (Réunion), de Français métropolitains, dont la présence est
souvent temporaire, et de nombreux métis. La Nouvelle-Calédonie est peuplée de Kanaks,
population autochtone
d’origine
mélanésienne
(43 p. 100
des habitants), d’anciens
immigrants français (bagnards, colons), de Français métropolitains, et d’immigrants
originaires du Sud-Est asiatique (Vietnamiens, Indonésiens, etc.). La population de la
Polynésie française est en grande majorité d’origine polynésienne. La Guyane se caractérise
par une grande diversité ethnique, issue du métissage d’éléments amérindiens, d’anciens
esclaves noirs importés d’Afrique et d’anciens immigrants français (bagnards de l’île du
Diable). S’y ajoutent de nombreux métropolitains, venus travailler sur la base de
lancement du Centre national d’études spatiales (CNES), à Kourou, des réfugiés du
Suriname, des populations venues d’Indochine et une forte minorité amérindienne
(Arawaks,
Caribes,
Tupi-Guaranis),
vivant
dans
les
terres
intérieures
isolées.
La
cohabitation entre les différentes communautés est parfois difficile, comme c’est le cas en
Nouvelle-Calédonie où la population mélanésienne est animée d’un fort sentiment
indépendantiste.
La population des DOM-TOM est aujourd’hui nettement plus jeune que celle de la France
métropolitaine. Les moins de 20 ans constituent encore 37 p. 100 de la population. Le taux
de natalité reste encore élevé. Toutefois, l’accroissement naturel est en partie annihilé par
un fort courant d’émigration vers la métropole, qui touche plus particulièrement les
Antilles. D’une manière générale, la grande majorité des habitants des DOM-TOM se
concentrent dans les villes et sur les basses terres littorales. La répartition de la population
oppose ainsi d’étroites plaines côtières très densément peuplées à des intérieurs
montagneux et forestiers aux très faibles densités de peuplement.
2.2
Comportements démographiques
Entre les recensements de 1946 et de 1990, la population de la France s’est accrue de
16 millions d’habitants, dont 12 millions par accroissement naturel et 4 millions par apports
migratoires. La natalité, la mortalité et les migrations sont les trois facteurs qui
conditionnent l’évolution démographique. Ils ont connu de profondes mutations au cours
des dernières décennies, avec, comme principale conséquence, une évolution de la
structure par âge de la population, en faveur d’un vieillissement continu.
Entre 1990 et 1995, la population française a connu une croissance annuelle de 0,45 p. 100
(contre 0,55 p. 100 entre 1985-1990), due pour l’essentiel à l’accroissement naturel. En
2004, l’accroissement naturel était estimé à 0,3 p. 100 (contre 0,7 p. 100 en 1950).
L’excédent naturel est passé de 328 000 en 1950 à 200 000 en 1995. Conjugué à
l’immigration étrangère, fortement ralentie depuis les restrictions successives imposées
depuis 1974, il permet toutefois à la France de poursuivre une timide croissance
démographique.
2.2.1
Le taux de natalité
La natalité française connaît une baisse continue depuis la fin du baby-boom (20,5 p. 1 000
en 1950, 16,7 p. 1 000 en 1970, 13,4 p. 1 000 en 1990, 12,6 p. 1 000 en 1995). Le taux
de natalité atteignait 12,30 p. 1 000 en 2004. En 1996, la France
a enregistré
734 000 naissances soit 6 000 de plus qu’en 1995. Cette hausse de 1 p. 100 semble
poursuivre la tendance à la hausse amorcée en 1995 (+ 2,5 p. 100 par rapport à 1994) qui
faisait
suite
à
trois
années
creuses
(1994 :
indice
de
fécondité
1,65 enfant ;
711 000 naissances). L’indice conjoncturel de fécondité est stabilisé autour de 1,85 enfant
par femme en âge de procréer, un chiffre trop faible pour assurer le renouvellement des
générations mais néanmoins supérieur au taux moyen européen (1,4 enfant par femme), la
natalité française étant traditionnellement soutenue par l’immigration. L’âge moyen de la
maternité est de plus en plus tardif : il était de 29 ans en 1995 contre 27 ans en 1987. Les
causes en sont multiples : prolongation des études, contrôle des naissances grâce à la
généralisation de la contraception, accroissement de l’activité professionnelle des femmes,
crise économique et importance du chômage féminin qui favorise l’attentisme, etc.
2.2.2
Le taux de mortalité
Le taux de mortalité est aujourd’hui l’un des plus faibles des pays développés. Il est de
9,10 p. 1 000 en 2004. En 1998, la France a enregistré 534 000 décès contre environ
650 000 par an dans les années 1930. La baisse de la mortalité et son corollaire, comme
l’allongement de la durée de la vie, résultent essentiellement de la réduction de la mortalité
infantile et de la mortalité aux grands âges, des progrès de la médecine (recherche, soins,
encadrement, prévention), de l’amélioration des conditions de vie, de l’éducation et de
l’hygiène individuelle et collective. Le taux de mortalité infantile, qui s’élevait à
52,3 p. 1 000 en 1950 et encore à 18,2 p. 1 000 en 1970, est estimé à 4,30 p. 1 000 en
2004. C’est l’une des plus faibles mortalités infantiles du monde. La surmortalité masculine
entraîne une surreprésentation des femmes dans la population (51,3 p. 100 en 1994),
surtout sensible au-delà de 65 ans.
2.2.3
Le taux de nuptialité
Le taux de nuptialité (4,4 p. 1 000 en 1994 contre 7,8 p. 1 000 en 1970) a fortement
baissé au cours des deux dernières décennies. L’année 1994 a connu un record à la baisse
avec 254 000 mariages (contre 416 000 en 1972). Ce recul du mariage se conjugue avec
un âge moyen au premier mariage de plus en plus tardif : 28,7 ans pour les hommes (24,4
en 1970) et 26,7 ans pour les femmes (22,4 en 1970). L’année 1996 a été marquée par
une légère reprise de la nuptialité : le nombre de mariages s’est élevé à 279 000, soit une
augmentation de 10 p. 100 par rapport à 1995 et, en 1998, 282 100 unions officielles ont
été enregistrées (4,6 p. 1 000). On note également, depuis deux décennies, une
multiplication des naissances hors mariage, qui concernent désormais un enfant sur trois
(34,9 p. 100 en 1994 contre 6,8 p. 100 en 1970), contre seulement 14,9 p. 100 en
Allemagne, mais plus de 49 p. 100 en Suède, une forte progression des divorces (taux de
divorces : 1,9 p. 1 000 en 1992) et un développement croissant du concubinage et des
ménages « mono-parentaux » (6,6 p. 100 des foyers en 1994 contre 4,4 p. 100 en 1970).
3
DIVISIONS ADMINISTRATIVES ET VILLES PRINCIPALES
3.1
Régions françaises et possessions d’outre-mer
La France métropolitaine
est
composée
de
22 Régions,
qui
sont
subdivisées
en
96 départements et 3 808 cantons. Ces Régions sont : l’Alsace, l’Aquitaine, l’Auvergne, la
Basse-Normandie, la Bourgogne, la Bretagne, la Région Centre, la Région ChampagneArdenne, la Corse, la Franche-Comté, la Haute-Normandie, l’Île-de-France, le LanguedocRoussillon, le Limousin, la Lorraine, la Région Midi-Pyrénées, le Nord-Pas-de-Calais, les
Pays de la Loire, la Picardie, la Région Poitou-Charentes, la Région Provence-Alpes-Côte
d’Azur (PACA) et la Région Rhône-Alpes.
Les dix possessions d’outre-mer, qui constituent les derniers vestiges de l’ancien empire
colonial français, bénéficient de statuts administratifs divers. Il existe quatre départements
d’outre-mer (DOM), la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion, qui constituent
chacun une Région mono-départementale ; quatre territoires d’outre-mer (TOM), la
Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis et Futuna et les terres Australes et
Antarctiques françaises (TAAF), dotés chacun d’un statut particulier et jouissant d’une plus
grande autonomie ; et deux collectivités territoriales, Mayotte (statut de 1976) et SaintPierre-et-Miquelon (statut de 1985). La Polynésie française est administrée par un
gouvernement émanant de l’Assemblée territoriale élue tous les cinq ans dans le cadre de
cinq circonscriptions. Le Territoire élit deux députés et un sénateur, les intérêts de la
République étant représentés par un haut-commissaire. En Nouvelle-Calédonie, le pouvoir
exécutif est exercé par un haut-commissaire nommé par le gouvernement, assisté des
présidents des trois Assemblées de province et du président du Congrès territorial,
groupant l’ensemble des membres des assemblées des provinces. Le Territoire élit
également deux députés et un sénateur. En vertu du protocole d’accord de Nouméa, conclu
en avril 1998, la Parlement a adopté, en février 1999, les projets de loi définissant le
fonctionnement des futures institutions de la Nouvelle-Calédonie, prévoyant un transfert
progressif de compétences de l’État au bénéfice de l’île, jusqu’au référendum sur
l’indépendance qui aura lieu en 2015. Enfin, le Territoire de Wallis et Futuna, qui élit pour
sa part un député et un sénateur, est géré par un administrateur supérieur représentant
l’État.
Celui-ci
est
assisté
par
un
Conseil
territorial,
dont
les
attributions
sont
essentiellement consultatives. Les deux collectivités territoriales, Saint-Pierre-et-Miquelon
et Mayotte, dotées d’un statut particulier, élisent chacune un sénateur et un député, et
possèdent toutes deux un conseil général. L’État y est représenté par un préfet.
3.2
Administration locale et départementale
Les 96 départements métropolitains
sont
répartis
en
21 Régions
et
une
collectivité
territoriale à statut particulier (la Corse). En 1981, le gouvernement du président
Mitterrand a introduit la décentralisation, créant des conseils régionaux aux compétences
élargies. Dans chaque Région, les conseillers régionaux élisent un exécutif régional présidé
par un président de Région. Les départements sont divisés en cantons, qui élisent les
conseillers généraux, et en plus de 36 000 communes, qui sont dirigées par des conseils
municipaux de 10 à 36 membres, élus pour un mandat de cinq ans. Chaque conseil
municipal élit un maire. Dans chaque département, un préfet, nommé en Conseil des
ministres, représente l’État. Il existe également des préfets de Région ( Voir aussi
collectivités locales et territoriales).
3.3
Villes principales et urbanisation
La France est un pays fortement urbanisé. Environ 73 p. 100 des Français résident dans
une agglomération urbaine de plus de 2 000 habitants et 96 p. 100 vivent dans une zone
de peuplement industriel et urbain (ZPIU), celle-ci incorporant les communes rurales
directement sous l’influence des villes.
La présence d’amples vallées fluviales et de vastes couloirs d’effondrement a favorisé le
développement de nombreuses villes-carrefours, tandis que des villes portuaires jalonnent
les côtes françaises de la mer du Nord et de la Manche (Dunkerque, Calais, Boulogne-surMer, Dieppe, Le Havre, Cherbourg), de l’Atlantique (Brest, Lorient, Saint-Nazaire, Nantes,
La Rochelle, Bordeaux) et de la Méditerranée (Marseille, Toulon, Nice).
Vers 1850, les trois quarts des Français vivaient encore dans une commune rurale.
L’urbanisation s’est surtout développée durant le XXe siècle, à la faveur d’un exode rural
massif et d’une rapide industrialisation du pays. C’est en 1934 que la population urbaine a
dépassé la population rurale. Le nombre de communes urbaines a plus que doublé depuis
1851, tandis que la taille moyenne d’une ville est passée de 11 000 à 22 000 habitants.
Le réseau urbain français se caractérise par l’hypertrophie de l’agglomération parisienne,
par la faible taille des pôles secondaires et par un nombre particulièrement élevé de petites
et moyennes communes, sans équivalent en Europe occidentale. La France du Nord et de
l’Est, très fortement urbanisée et densément peuplée (Nord-Pas-de-Calais, 324 habitants
au km²) se rattache à la dorsale ou Mégalopole européenne.
La capitale et la plus grande ville de France est Paris, qui comptait en 1999 une population
de
2 125 246 habitants.
L’immense
agglomération
parisienne
totalise
9,63 millions
d’habitants. Elle constitue, avec Londres, la première métropole d’Europe occidentale, et
connaît un rayonnement international. Les autres grandes métropoles françaises sont Lyon
(445 452 habitants,
1 353 000
dans
l’agglomération),
Marseille
(798 430 habitants,
1 087 376 dans l’agglomération Marseille - Aix-en-Provence), et Lille (184 657 habitants,
950 265 habitants
Bordeaux
dans
l’agglomération
(215 363 habitants,
Lille-Roubaix-Tourcoing).
685 456
dans
Viennent
l’agglomération),
ensuite
Toulouse
(390 350 habitants, 608 430 dans l’agglomération), Nantes (270 251 habitants, 492 255
dans l’agglomération), Nice (342 738 habitants, 475 507 dans l’agglomération), Strasbourg
(264 115 habitants, 388 483 dans l’agglomération), Saint-Étienne (180 210 habitants,
313 338
dans
l’agglomération),
l’agglomération),
Le Havre
Rennes
(190 905 habitants,
(206 229 habitants,
253 627
dans
245 065
dans
l’agglomération)
et
Montpellier (225 392 habitants, 236 788 dans l’agglomération). En 1999, plus de 20 autres
villes françaises avaient une population supérieure à 100 000 habitants. Les citadins se
concentrent de plus en plus dans les grandes agglomérations (contribuant ainsi au
phénomène de métropolisation). Plus de la moitié d’entre eux réside aujourd’hui dans des
métropoles de plus de 200 000 habitants. Quelques grandes régions urbaines (région
parisienne,
région
lyonnaise,
littoral
méditerranéen,
etc.)
concentrent
aujourd’hui
l’essentiel de la population, des activités et des richesses.
Depuis 1975, et même plus tôt pour Paris, les grandes villes françaises voient leur
population diminuer au profit le plus souvent de banlieues tentaculaires. Paris, qui a perdu
près d’un tiers de sa population depuis 1945, détient le record du déficit migratoire. Le
tissu urbain s’est profondément transformé. Le dépeuplement des espaces centraux des
agglomérations s’est accompagné d’une tertiarisation massive des activités (bureaux,
services, commerces, établissements culturels, etc.). Rénovés et embellis, les centres-villes
demeurent, pour l’ensemble des banlieues, des pôles essentiels d’attraction et d’animation.
Le phénomène de desserrement urbain a entraîné une forte croissance spatiale des
agglomérations. Les banlieues s’étalent de plus en plus loin, par le biais de la
périurbanisation et de la rurbanisation, grignotant progressivement les espaces agricoles
environnants. Plus de 12 millions d’habitants résident aujourd’hui dans les communes
périurbaines (10 p. 100 du territoire).
Longtemps victimes du dépeuplement, les campagnes redeviennent des espaces de plus en
plus attractifs, pour des populations urbaines lassées par les nuisances de la ville (exiguïté,
bruit, circulation saturée, pollution) et le coût élevé des loyers, et à la recherche d’un
habitat individuel plus spacieux et plus proche de la nature. Ainsi, ce sont les communes
rurales situées dans les ZPIU qui enregistrent de nos jours la plus forte croissance
(+ 11 p. 100 entre 1982 et 1990). Les activités industrielles et les grands commerces sont
rejetés vers la périphérie et se concentrent dans des espaces spécialisés (zones
industrielles, zones commerciales, parcs d’activités, technopoles). Aujourd’hui, plus d’un
actif sur deux ne travaille pas dans la commune où il réside. Cette dissociation croissante
des zones résidentielles et des zones d’activités induit d’importants mouvements
pendulaires. Certaines banlieues à habitats collectifs souvent anciens et dégradés
concentrent de graves problèmes socio-économiques liés aux difficultés d’intégration des
jeunes populations immigrées, confrontées à la montée du chômage, de l’échec scolaire et
de la violence.
3.4
Mobilité et répartition de la population
La densité moyenne de population masque une très inégale répartition des habitants sur le
territoire français. Quatre Régions monopolisent 43 p. 100 de la population sur 18 p. 100
du territoire national : l’Île-de-France, la Région Rhône-Alpes, la Région Provence-AlpesCôte d’Azur (PACA) et le Nord-Pas-de-Calais. Un premier contraste oppose donc une France
densément
peuplée,
correspondant
aux
Régions
les
plus
fortement
et
les
plus
anciennement industrialisées et urbanisées, situées à l’est d’une ligne Le Havre-Marseille
(90 p. 100 de la population française en 1994), à une France aux faibles densités, plus
rurale, au tissu industriel et urbain moins développé (10 p. 100 de la population).
Un second contraste, particulièrement frappant, oppose la Région Île-de-France, la plus
petite en superficie (12 011 km²) après la Corse, mais la plus fortement peuplée, au reste
du pays (la « province »). Centrée sur l’agglomération parisienne, celle-ci groupait en
2002, sur 2 p. 100 du territoire, 11 078 000 habitants, soit un cinquième de la population.
Cette très forte concentration est le fruit d’une longue politique de centralisation politique,
économique et culturelle autour de la capitale, Paris. Une politique d’aménagement du
territoire, mise en place par la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action
régionale (DATAR), et de décentralisation politique et industrielle, est menée depuis
plusieurs décennies pour favoriser un rééquilibrage régional, mais ses effets sont restés à
ce jour limités. Elle n’a en rien entamé le poids démographique et économique de la
région-capitale. Les autres Régions les plus peuplées (Rhône-Alpes, 5 767 000 habitants ;
PACA,
4 626 000 habitants ;
Nord-Pas-de-Calais,
4 017 000 habitants)
arrivent
loin
derrière.
Aux contrastes est / ouest et Paris / province s’ajoute une dernière dissymétrie opposant
centre et périphérie du territoire. Un tiers seulement des départements a une densité
supérieure à la moyenne nationale, tandis qu’un autre tiers, le « désert français », a une
densité inférieure à 50 habitants au km2. Les espaces de densités élevées, autres que l’Îlede-France, présentent une disposition concentrique sur tout le pourtour de l’Hexagone, en
une couronne discontinue de foyers de peuplement industriel et urbain (Nord-Pas-de
Calais,
Lorraine
septentrionale,
plaine
d’Alsace, Couloir
séquano-rhodanien,
littoral
méditerranéen, vallée de la Garonne, basse Loire, littoral breton, basse Seine et littoral de
la Manche). Ils s’opposent à de vastes espaces très faiblement peuplés, confrontés à un
dépeuplement massif et à un vieillissement accéléré. Cette France du vide forme un vaste
croissant (la diagonale du vide) prenant en écharpe l’Hexagone, depuis le département de
la Meuse (Lorraine) au nord-est jusqu’au département des Landes (Aquitaine) au sudouest, en englobant le Massif central, ainsi que l’est et le sud du Bassin parisien. On peut
également lui rattacher les zones de hautes montagnes (Alpes, Pyrénées). Caractérisée par
des centres urbains et industriels isolés (Troyes, Nevers, Clermont-Ferrand, Limoges, etc.),
elle est formée par un ensemble de départements présentant une très faible densité de
population (10 départements comptent moins de 30 habitants au km2), dépeuplés par plus
d’un siècle d’exode rural. Ces espaces désertés correspondent, le plus souvent, aux zones
de montagnes et de hauts plateaux (Causses, plateau lorrain, garrigues, etc.), caractérisés
par des milieux naturels souvent répulsifs et des terres ingrates, en liaison avec la rudesse
du climat, la rareté des eaux de surface (plateaux karstiques des Causses), la faible
productivité des sols (sols siliceux des massifs anciens), la vigueur des pentes, etc.
Le recensement de 1990 a révélé une grande mobilité de la population française. Les
migrations internes, longtemps dominées par l’exode rural, se caractérisent depuis
plusieurs décennies par deux types de mouvements de population : le desserrement urbain
et les migrations interrégionales. Les migrations interrégionales, qui ont concerné
5 millions de Français entre 1982 et 1990 (surtout de jeunes adultes et de nouveaux
retraités), opposent des Régions attractives (solde migratoire positif) à des Régions
répulsives (solde migratoire négatif). Elles décrivent, pour l’essentiel, un mouvement du
nord vers le sud. La Région Île-de-France, qui, pendant des décennies, a absorbé la plupart
des flux de l’exode rural, continue à être le pivot des migrations internes. Elle exerce une
forte attraction sur les jeunes adultes à la recherche d’un emploi. Inversement, le solde
migratoire devient très négatif pour les retraités. Les Régions du midi de la France (MidiPyrénées, Languedoc-Roussillon, PACA) sont, depuis plus de vingt ans, les plus attractives.
Principales destinations d’accueil, elles présentent un taux de migrations interrégionales
supérieur à 4 p. 100 entre 1982 et 1990. Leur attractivité, phénomène relativement récent,
repose sur un fort dynamisme économique et sur l’héliotropisme conjugué à une meilleure
qualité de vie.
Les Régions connaissant le plus fort taux de départs sont les vieilles régions industrielles du
Nord et de l’Est (Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, Franche-Comté, Champagne-Ardenne),
confrontées à une grave crise de leurs industries traditionnelles, ainsi que l’Île-de-France,
qui a connu un déficit migratoire de 300 000 habitants entre 1982 et 1990. On assiste
donc, depuis quelques décennies, à un renversement des flux migratoires traditionnels.
Après avoir alimenté pendant plus d’un siècle l’exode rural vers l’agglomération parisienne
et les régions industrielles du Nord et du Nord-Est, la France du Sud, et dans une moindre
mesure aujourd’hui, la France de l’Ouest, sont les principales bénéficiaires des migrations
internes en provenance, désormais, des régions de la France septentrionale. Toutefois, une
grande partie des départs y est compensée par un excédent naturel plus élevé que la
moyenne nationale, caractéristique d’une population encore relativement jeune et
traditionnellement féconde.
4
INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE
4.1
Cadre institutionnel : la Ve République
La France est une république ; son régime, semi-présidentiel, est régi par la Constitution
d’octobre 1958. Ce texte réduit les possibilités pour le Parlement de renverser le
gouvernement, renforçant la stabilité ministérielle en développant les mécanismes du
parlementarisme rationalisé (article 49.3, possibilité pour le gouvernement de prendre des
mesures législatives par ordonnances). Parallèlement, la Constitution renforce l’autorité et
les pouvoirs du président, qui se réserve un droit de regard privilégié sur la politique
étrangère et la politique de défense (« domaine réservé »).
Investi de la souveraineté, le peuple français exerce son pouvoir à travers les élections
législatives, l'élection présidentielle et lors des consultations par référendum. Le Parlement
se compose de l’Assemblée nationale (577 députés, élus pour cinq ans) et du Sénat
(321 membres, élus pour neuf ans), qui peuvent être réunis en Congrès pour opérer une
révision de la Constitution. L’Assemblée nationale est élue au suffrage universel direct, au
scrutin majoritaire d’arrondissement à deux tours. L’Assemblée est l’expression directe de
la souveraineté populaire ; investie de la mission de voter la loi, elle peut mettre en jeu la
responsabilité du gouvernement. Les sénateurs sont élus au suffrage indirect, par un
collège électoral composé des députés, des conseillers généraux, des conseillers régionaux
et de délégués des conseils municipaux. Par son mode d’élection, le Sénat tend à accorder
une représentation importante aux régions rurales et aux villes moyennes, ainsi qu’aux
Français de l’étranger.
La Constitution de 1958 a créé un nouvel organe, le Conseil constitutionnel, autorité
indépendante qui a tout pouvoir pour superviser les élections et les référendums et qui
juge de la conformité de la loi à la Constitution et au bloc de constitutionnalité incluant les
grandes lois de la République depuis 1789 et les « principes particulièrement nécessaires à
notre temps », mentionnés dans le préambule de la Constitution de 1946. Le Conseil
comprend neuf membres, nommés pour neuf ans par le président de la République et les
présidents des deux assemblées. Les anciens présidents de la République en sont membres
de droit. Le droit de vote est fixé à dix-huit ans en France.
4.2
Pouvoir exécutif
4.2.1
Le président de la République
Élu au suffrage universel direct depuis 1962, le président de la République est mandaté
pour cinq ans — jusqu’au référendum de septembre 2000, le mandat était fixé à sept ans.
Son mandat est renouvelable et il dispose du droit de dissoudre l’Assemblée nationale
après consultation des présidents des deux assemblées parlementaires. Le président est le
chef des armées et préside le Conseil supérieur de la magistrature, le Comité de défense
nationale et le Conseil des ministres. Il désigne le Premier ministre et nomme les ministres
en accord avec ce dernier. En cas de vacance ou de décès, la fonction présidentielle est
provisoirement exercée par le président du Sénat.
4.2.2
Le gouvernement
Le Premier ministre et le Conseil des ministres sont responsables uniquement devant
l’Assemblée nationale, bien que le Premier ministre ait la possibilité de demander au Sénat
d’approuver une déclaration de politique générale. En pratique, le Premier ministre est
également placé sous l’autorité du président de la République, qui peut lui demander sa
démission en cas de désaccord sur la politique gouvernementale. Le Premier ministre
dispose de l’administration, il est le responsable de la mise en œuvre de la politique
gouvernementale et intervient également à ce titre dans les domaines de la défense et des
affaires étrangères. Lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure, ou
lorsqu’elle rejette le programme ou une déclaration de politique générale, le Premier
ministre doit présenter la démission de son gouvernement.
4.3
Pouvoir législatif
Le Parlement français est constitué de deux chambres, l’autorité législative suprême
appartenant à l’Assemblée nationale. Le Sénat a un vrai rôle législatif et peut retarder, à
défaut de pouvoir l’empêcher, l’adoption des lois : si les deux chambres sont en désaccord
à propos d’une loi, la décision finale dépend de l’Assemblée nationale qui peut, après deux
tours de « navette », ou bien accepter les amendements du Sénat, ou bien faire passer son
propre texte. La Constitution de 1958, qui prévoyait pour les assemblées deux sessions
annuelles d’une durée totale de cinq mois et demi, a été révisée en 1995 pour permettre la
tenue d’une session unique de neuf mois. La responsabilité du gouvernement peut être
mise en jeu par le dépôt d’une motion de censure, qui n’est considérée comme adoptée
que si elle a recueilli la majorité absolue (au lieu de la majorité des votants comme dans la
Constitution de 1946). La Constitution interdit, par ailleurs, à ceux qui ont présenté une
motion de censure repoussée d’en présenter une autre au cours de la même session. À la
différence des Constitutions précédentes, les fonctions de ministre et de parlementaire sont
incompatibles ;
divers
dispositifs
tendent
à
limiter
le
cumul
des
mandats.
Les
amendements constitutionnels peuvent être adoptés après approbation des deux chambres
et un référendum populaire, ou par la simple approbation des trois cinquièmes du
Parlement réuni en Congrès à Versailles.
4.4
Pouvoir judiciaire
Pour les infractions mineures, la justice est rendue par les tribunaux d’instance (au nombre
de 473). Les tribunaux de grande instance (au nombre de 181) jugent les affaires civiles et
les délits punissables de cinq ans de prison. Les cours d’appel (au nombre de 35) jugent en
deuxième instance les affaires traitées par ces tribunaux. Les crimes sont jugés par des
cours d’assises (au nombre de 102). Les décisions des cours d’assises et des cours d’appel
ne peuvent être révisées que par la Cour de cassation, la plus haute instance
juridictionnelle, qui peut annuler des jugements et les renvoyer devant une autre juridiction
pour vice de forme, sans se prononcer sur le fond de l’affaire. Ses décisions font
jurisprudence et donnent l’orientation du droit français sur telle ou telle question.
Des juridictions spécialisées traitent des litiges commerciaux (tribunaux de commerce, au
nombre de 230), des conflits entre employés et employeurs (conseils de prud’hommes, au
nombre de 289), des contentieux relatifs à la Sécurité sociale (tribunaux des affaires de
Sécurité sociale au nombre de 110). Les tribunaux administratifs (au nombre de 33) et les
cours administratives d’appel jugent des affaires relatives au droit administratif et peuvent
être saisis par les particuliers (Voir aussi organisation judiciaire).
4.5
Autres organes prévus par la Constitution
Le Conseil économique et social, composé de personnalités choisies en raison de leurs
compétences,
de
représentants
des
salariés,
des
employeurs
et
des
organismes
professionnels et culturels, joue un rôle consultatif auprès de l’Assemblée nationale et du
Conseil des ministres. Le Conseil d’État assiste le gouvernement dans l’élaboration des
textes de loi et vérifie la conformité de tous les actes émanant des pouvoirs publics au droit
constitutionnel.
4.6
Partis politiques
La France a été longtemps caractérisée par une très grande atomisation des partis
politiques, dont beaucoup, à l’image du Parti radical, constituaient des partis de notables.
Les règles institutionnelles de la Ve République ont cependant obligé les petites formations
à fusionner, favorisant une bipolarisation durable de la vie politique.
Quatre partis principaux, deux de centre droite et deux de gauche, ont dominé la politique
française depuis 1958. Le Rassemblement pour la République (RPR), fondé en 1976 par
Jacques Chirac, se présente comme l’héritier du mouvement gaulliste. En 1999, Charles
Pasqua, qui a quitté le RPR, et Philippe de Villiers, chef du Mouvement pour la France, ont
annoncé, après la victoire de leur liste commune aux élections européennes, la création
d’un nouveau parti le Rassemblement pour la France (RPF). L’Union pour la démocratie
française (UDF), fédération bâtie autour du Parti républicain (PR) — devenu Démocratie
libérale — et du Centre des démocrates sociaux (CDS) — devenu Force démocrate —, a été
fondée par Valéry Giscard d’Estaing en 1978. À gauche, on trouve le Parti socialiste (PS), et
le Parti communiste français (PCF), issus de la Section française de l’Internationale ouvrière
(SFIO).
À ces quatre partis qui forment l’ossature du Parlement et de la vie politique sous la
Ve République, il faut ajouter le Front national (FN), parti d’extrême droite qui s’est scindé
en deux partis distincts et rivaux en 1999, les différents mouvements écologistes,
notamment les Verts (voir écologie politique), les radicaux de gauche, le Mouvement des
Citoyens (MDC), et l’extrême gauche dont les représentants principaux sont Lutte ouvrière
(LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).
Si la vie politique française reste dominée par deux grands blocs droite / gauche qui
alternent au gouvernement depuis 1981, elle présente toutefois des périodes dites de
cohabitation où gouvernent un président de la République et un Premier ministre qui
n’appartiennent pas à la même tendance politique.
4.7
Défense nationale
Le service militaire obligatoire a pratiquement été supprimé par la loi du 28 octobre 1997,
qui réforme profondément la Défense nationale. Il est remplacé par le parcours de
citoyenneté, constitué de plusieurs étapes obligatoires : un enseignement des principes de
défense à l’école, le recensement à l’âge de 16 ans et une journée d’appel à la préparation
à la défense. Il s’applique aux jeunes hommes nés après cette date et aux jeunes femmes
nées après le 31 décembre 1982. La loi prévoit également la professionnalisation complète
des forces et la suspension de l’appel sous les drapeaux pour tous les jeunes hommes nés
après le 31 décembre 1978, la totalité des missions de défense revenant à une armée de
métier.
En 2002, le budget de la défense représentait 2,5 p. 100 du PIB. En 2002, l’armée de terre
avait un effectif d’environ 137 000 hommes, la marine de 44 250 et l’armée de l’air de
64 000, auxquels il faut ajouter la section commune (79 072) et les effectifs d’outre-mer
(19 740).
En
1995,
on
recensait,
toutes
catégories
de
personnels
confondues,
606 000 femmes et hommes (militaires et civils) relevant directement du ministère de la
Défense, ce chiffre devant être réduit en l’an 2000. En 1996, la France a amorcé un
rapprochement avec le commandement militaire unifié du Conseil de l’Organisation du
traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qu’elle avait quitté en octobre 1966, tendance qui s’est
confirmée en juin 1998 par une meilleure intégration de l’armée française au dispositif
militaire.
La France a développé une force nucléaire autonome de dissuasion nationale comprenant
entre autres des sous-marins nucléaires et des missiles balistiques (voir armes nucléaires).
À la fin des années 1990, il y avait encore des forces françaises stationnées à l’étranger,
notamment en Afrique. En 1990, la France a pris part à la guerre du Golfe, envoyant des
troupes et des navires de guerre dans le golfe Persique après l’invasion du Koweït par
l’Irak. Elle a également envoyé des régiments de Casques bleus en Bosnie à partir de 1993
et participé aux opérations militaires en ex-Yougoslavie dans le cadre de la Force
d’intervention rapide créée avec la Grande-Bretagne et l’OTAN, ainsi qu’aux opérations
humanitaires au Rwanda à partir de 1994. La France s’est en outre engagée, en mars
1999, aux côtés de treize des dix-neuf membres de l’Alliance atlantique, dans l’opération
« Force déterminée » menée en Yougoslavie.
5
LANGUES ET RELIGIONS
5.1
Langues
Le français, langue officielle, est parlé par l’immense majorité des personnes vivant en
France, et on compte quelque 122 millions de francophones dans le monde. De
nombreuses langues régionales subsistent et sont même, pour certaines d’entre elles,
enseignées dans les écoles et à l’université. On parle ainsi le breton en Bretagne, le basque
et le catalan dans les Pyrénées, le corse, proche de l’italien, en Corse, l’occitan dans
certaines zones du Midi méditerranéen, le flamand dans les Flandres et l’alsacien, un
dialecte allemand, en Alsace. En 1999, la France a signé certains articles de la Charte
européenne des langues régionales. Le Conseil constitutionnel ayant déclaré ce document
non conforme à la Constitution, celle-ci devra être révisée.
5.2
Religions
La laïcisation de la société française et de l’État s’est accompagnée d’une forte baisse des
pratiques religieuses. Le catholicisme est la religion de 75 p. 100 des Français, encore
nombreux à se dire catholiques et à faire baptiser leurs enfants, mais, pour la majorité
d’entre eux, non pratiquants. En raison de la forte immigration issue du Maghreb, l’islam
est aujourd’hui devenu la deuxième religion de France et compte plusieurs millions
d’adeptes. Le protestantisme et le judaïsme, qui connaît un renouveau religieux au sein de
l’importante communauté juive française, viennent ensuite. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les
cultes étaient financés par l’État. En 1905, la législation française a mis fin au Concordat de
1801, excepté dans la Région Alsace et en Moselle où il est toujours en vigueur ( voir loi de
séparation de l’Église et de l’État). Avec cette mesure, le gouvernement français a
supprimé toute reconnaissance officielle des cultes religieux. La gestion des relations avec
les cultes incombe aujourd’hui au ministère de l’Intérieur.
6
ÉDUCATION
Le système scolaire de la France, même s’il repose sur des institutions héritées de l’époque
médiévale, comme l’Université de Paris fondée au XIIe siècle, est héritier d’une tradition qui
remonte, pour une bonne part, à la Révolution française : l’instruction est publique,
l’enseignement comporte trois degrés (Constitution et décrets de 1793) ; les structures
sont centralisées et hiérarchisées, le monopole de l’enseignement secondaire et supérieur
appartient à l’État (premier Empire) ; l’enseignement primaire est laïque, gratuit,
obligatoire (lois Ferry, 1881-1882).
Des modifications ultérieures ont défini le régime de l’enseignement gratuit dans le
secondaire et les collèges techniques, la séparation de l’Église et de l’État dans l’éducation
en 1905, les lois d’aide aux écoles privées sous contrat, y compris les écoles
confessionnelles, en 1951 (loi Barangé) et 1959 (loi Debré), l’extension de la scolarité
obligatoire jusqu’à seize ans en 1959 (Voir aussi enseignement en France).
6.1
Structures administratives
La France est divisée en 27 districts éducatifs appelés académies. L’enseignement relève
principalement du ministère de l’Éducation nationale. Avec un budget de plus de
351 milliards de francs en 1994, le budget de l’Éducation nationale et des universités est le
premier poste de dépenses de l’État : l’ensemble des dépenses d’éducation atteignait
538 milliards de francs en 1994, soit 6,2 p. 100 du PIB. Tous les fonctionnaires du secteur
sont nommés par le ministre, la plupart du temps après concours ou examen. En 1994, on
comptait en France
environ 892 000 enseignants, secteur public et secteur privé
confondus, dont 70 000 universitaires. Les enseignants, généralement formés dans les
instituts
universitaires
de
formation
des
maîtres
(IUFM)
et
les
écoles
normales
supérieures (ENS), appliquent les mêmes programmes. L’autorité de l’administration
centrale est toutefois tempérée par des organismes consultatifs à l’échelon national, à
l’échelon de l’académie et à l’échelon du département.
Pour répondre aux revendications étudiantes de mai 1968, des réformes universitaires
furent mises en place par le ministre de l’Éducation, Edgar Faure, dans le cadre de la loi
Faure. Le nouveau système enleva au ministère de l’Éducation le contrôle des budgets et le
suivi
des
carrières
l’Enseignement
des
supérieur
enseignants
au
(novembre
niveau
1968)
national.
substitua
aux
La
loi
d’orientation
anciennes
facultés
de
des
universités dotées d’une autonomie de recrutement, tandis que les étudiants se voyaient
accorder un rôle plus important dans la vie de l’université. Plusieurs universités
importantes furent restructurées en unités plus petites, et le nombre d’universités
françaises passa de 23 à environ 70 dans les années 1980. Les Zones d’éducation
prioritaire (ZEP), prévoyant des moyens pédagogiques supplémentaires et des primes
spécifiques pour certains établissements, ont par ailleurs été instaurées en 1981. En 1985,
le gouvernement de Laurent Fabius donna à l’Éducation nationale l’objectif de faire parvenir
au niveau du baccalauréat 80 p. 100 des jeunes d’une même classe d’âge dans les dix ans
à
venir.
D’ambitieux
programmes
de
développement
et
de
démocratisation
de
l’enseignement supérieur furent ensuite votés, dont le plan Universités 2000. À l’issue des
manifestations du mouvement lycéen, le ministre de l’Éducation nationale Claude Allègre a
proposé un plan de réforme des lycées, à l’automne 1998, suivi d’une « charte pour bâtir
l’école du XXIe siècle » en janvier 1999, autant de projets vivement critiqués par les
lycéens et le corps enseignant.
Le ministère de l’Éducation nationale reste un poste clé dans le gouvernement ; dans un
contexte de crise économique aggravée, toutes les réformes mises en œuvre tentent de
répondre au problème crucial du chômage des jeunes, y compris des jeunes diplômés.
6.2
Enseignement primaire et secondaire
En 1991-1992, 34,8 p. 100 des enfants âgés de deux ans et 99 p. 100 des enfants de trois
ans étaient scolarisés en écoles maternelles. Quelque 6,6 millions d’élèves étaient inscrits
dans 41 244 écoles primaires et près de 5,6 millions d’élèves fréquentaient les collèges et
lycées secondaires, au nombre de 11 200. Après une croissance très importante durant les
années 1980 et au début des années 1990, le nombre de candidats au baccalauréat a
diminué pour la première fois en 1996, en raison du vieillissement relatif de la population.
En 1992, le pourcentage de bacheliers rapporté à l’ensemble d’une génération était de
51,2. (Voir enseignement primaire ; enseignement secondaire.)
6.3
Enseignement supérieur
En 2000–2001, près de
2 031 743 étudiants
suivaient
des
études
supérieures.
Si
l’accession au premier cycle universitaire s’est largement démocratisée (au moins au
niveau du DEUG, diplôme d’enseignement universitaire général sanctionnant les deux
premières années d’études dans l’enseignement supérieur), moins de 40 p. 100 seulement
des étudiants parviennent à intégrer un deuxième cycle universitaire (diplômes de licence
et maîtrise) et encore moins un troisième cycle universitaire (DEA et DESS). Parallèlement
aux études universitaires générales, il existe des cycles spécifiques pour les professions de
santé et des cycles courts préparés en instituts universitaires de technologie (IUT). On
compte en France 80 universités dont 13 en région parisienne ; elles totalisent 800 unités
de formation et de recherche (UFR), gérées par un conseil élu au sein de chaque université.
Il existe aussi de nombreuses grandes écoles, qui jouissent d’une place privilégiée et
dispensent des enseignements dans des domaines variés ; on y accède généralement par
concours. Parmi elles, les instituts d’études politiques (IEP), les écoles d’enseignement
littéraire et scientifique (ENS), les écoles de commerce (comme l’École des hautes études
commerciales, HEC ; l’École supérieure des sciences économiques et commerciales,
ESSEC), les écoles d’ingénieurs (l’École polytechnique dite « l’X », les Ponts et Chaussées,
l’École centrale des arts et manufactures dite « Centrale » et les Écoles des Mines) et les
écoles d’administration (l’École nationale d’administration, ENA) ; Voir aussi enseignement
supérieur.
7
CULTURE
7.1
Bibliothèques et musées
La plupart des villes de province ont des bibliothèques municipales et des musées. C’est à
Paris, cependant, que l’on en trouve la plus grande concentration. La Bibliothèque nationale
de France est la plus importante, avec plus de 9 millions de volumes ; une partie du fonds
a été transférée dans la Bibliothèque François-Mitterrand, inaugurée au début de
l’année 1997. Parmi les autres grandes bibliothèques de la capitale (au nombre de 20), il
convient de citer la bibliothèque de la Sorbonne et la bibliothèque Sainte-Geneviève
(3 millions de volumes chacune), la bibliothèque de l’Arsenal, la bibliothèque Mazarine.
On compte en France 33 musées
nationaux,
environ
30 musées
départementaux,
950 musées contrôlés par l’État et plus de 1 000 musées privés. Paris demeure encore à la
première place dans ce domaine. Le musée du Louvre, le plus célèbre des musées
nationaux, abrite l’une des collections d’art les plus importantes au monde, tandis que le
musée d’Orsay est consacré à l’art du XIXe siècle, le musée Guimet à l’art oriental, le
musée de Cluny à l’art médiéval, etc. Le Centre national d’art et de culture GeorgesPompidou, autre musée parisien, possède également des collections majeures, notamment
en peinture et en design du XXe siècle.
Un grand nombre d’églises et de châteaux, classés monuments historiques, sont placés
sous le contrôle de la Direction du patrimoine du ministère de la Culture et bénéficient de
subventions pour leur restauration et leur entretien.
7.2
Communications et médias
Le système des postes et des télécommunications français est placé sous le contrôle de
l’État, toutefois France Télécom a été privatisée en 1998, permettant l’avènement de la
concurrence au sein d’un marché jusque-là monopolistique. Plus de 33,3 millions de postes
téléphoniques étaient en service en 1993. La France compte quelques grands groupes de
communication d’importance mondiale comme Havas et Matra-Hachette.
7.2.1
Secteur audiovisuel
Les services de radio et de télévision sont à la fois publics et privés.
La société nationale Radio France émet sur plusieurs réseaux (France Inter, France Culture,
France Musique, France Info, Radio Bleue, etc.) auxquels s’ajoutent environ 50 radios
locales. Les radios privées, qui se sont multipliées depuis la loi de 1982, sont près de
2 000 : stations périphériques (RTL, RMC, Europe 1, etc.) et stations de la bande FM (Radio
Nostalgie, NRJ, Chérie FM, Fun Radio, etc.).
En 2002, la France compte quatre chaînes de télévision publiques (France 2, France 3,
France 5, anciennement la Cinquième, et Arte), deux chaînes hertziennes privées (TF1,
premier opérateur privé européen en termes de chiffre d’affaires, et M6), une chaîne privée
à péage (Canal +), ainsi que de nombreuses chaînes câblées et par satellites. Plus de
96 p. 100 des Français sont équipés d’une radio et d’un téléviseur et près de 50 p. 100
d’un magnétoscope (Voir aussi télévision française).
7.2.2
Presse écrite
En 1996, on trouvait 117 quotidiens ayant une diffusion totale de plus de 13 millions
d’exemplaires ; la tendance est à la concentration puisqu’il y avait dans le pays 220 titres
(11 millions d’exemplaires) en 1939 et encore 106 titres (12 millions d’exemplaires) en
1965. La France se situe aujourd’hui au 37e rang mondial pour la consommation de
quotidiens. À l’inverse, elle compte parmi les tout premiers pays mondiaux pour la
production et la consommation de magazines. De manière générale, la « presse d’opinion »
a régressé au profit de la « presse d’information », même si les principales tendances
politiques sont représentées au sein des publications. Il existe des quotidiens d’information
nationaux comme le Figaro (diffusion : 392 000 exemplaires en 1995), le Monde
(380 000), Libération (180 000), France-Soir (194 000), des quotidiens régionaux, comme
le Parisien (451 000), le Progrès (438 000), Ouest-France (797 000), le Républicain lorrain
(164 000), Nice-Matin (250 000), auxquels il convient d’ajouter des quotidiens spécialisés,
économiques et financiers (les Échos), sportifs (l’Équipe), médicaux (le Quotidien du
médecin).
Les publications de la presse périodique couvrent une vaste gamme de sujets, des « news
magazines » (l’Express, 562 000 ; le Point, 312 000 ; le Nouvel Observateur, 471 000,
etc.) à la presse féminine (Elle, 340 000 ; Marie-Claire, 544 000) et spécialisée (Science et
Vie, 344 000 ; Télé 7 Jours, 2 900 000, etc.).
4
ÉCONOMIE
2
GÉNÉRALITÉS
2.1
Les mutations de l’économie française
2.1.1
L’État, acteur principal du redressement de la France : les
Trente Glorieuses
La France a connu une rapide et puissante industrialisation après la Seconde Guerre
mondiale. Dès la fin du conflit, le gouvernement, face à l’exigence de la reconstruction
d’une économie dévastée par la guerre, adopte un ensemble de plans ( voir planification), à
caractère incitatif, destinés à favoriser le redressement national, en conférant à l’État un
rôle décisif dans le processus de modernisation de l’appareil productif. Partisan d’un modèle
d’économie mixte impliquant une forte intervention des pouvoirs publics dans la vie
économique, le gouvernement du général de Gaulle procède, entre 1944 et 1946, à la
nationalisation de plusieurs groupes industriels et de grandes banques ; l’État devient dès
lors un acteur de premier plan dans l’industrie automobile, l’électronique et l’industrie
aéronautique ou encore, et surtout, la production énergétique. La présence de l’État dans
ces secteurs de base de l’activité productive se justifie alors par la nécessité de contrôler
divers facteurs nécessaires à l’équilibre économique, comme l’approvisionnement en
énergie et les transports, qui forment un des coûts fondamentaux de toute économie en
raison de leur incidence tant sur le coût de la vie que sur la politique salariale d’un pays. En
outre, ce modèle d’économie mixte se nourrit d’une ambition forte, à savoir faire du
secteur public un secteur pilote du développement économique et social. À cet égard, la
période de croissance caractéristique des Trente Glorieuses est propice à la fonction pilote
des grandes entreprises contrôlées par l’État : l’exemple des accords Renault a longtemps
servi de modèle aux conventions collectives d’entreprise étendant avantages sociaux et
progression des rémunérations à l’ensemble des salariés.
Grâce à cette politique de planification d’État, longtemps citée comme modèle dans les
économies occidentales, bénéficiant également de l’aide financière américaine (inscrite
dans le plan Marshall) et d’une conjoncture économique très favorable (période des Trente
Glorieuses), la France connaît une mutation importante de son économie. La France de la
Libération compte plus de 7 millions d’agriculteurs, soit près de 40 p. 100 de la population
active. En l’espace de quinze ans, le pays va s’urbaniser et s’industrialiser, le salariat
devenant le mode commun d’exercice de l’activité professionnelle, ce qui va entraîner une
profonde transformation de l’univers du travail et de l’activité productive. Son adhésion à la
Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951, puis à la Communauté
économique européenne en 1957 (voir Union européenne ; traité de Rome), dont elle est
l’un des six États fondateurs, et son ouverture commerciale stimulent en outre fortement la
croissance économique. Son produit national brut (PNB) s’accroît de 50 p. 100 environ
entre 1949 et 1954, de 46 p. 100 entre 1956 et 1964. En 1960, la France a rebâti son
économie, effacé les séquelles de la guerre, le taux de croissance enregistré durant cette
période ayant été l’un des plus rapides au monde, uniquement inférieur à celui du Japon.
2.1.2
L’impact des chocs pétroliers : les années 1970
À la suite des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 (le prix du baril de pétrole est
multiplié par 13 au cours de cette période), la croissance française, confrontée à une
inflation chronique, chute fortement tandis que le chômage enregistre une hausse
spectaculaire. La hausse du prix du pétrole répercutée sur les prix industriels (biens
d’équipement et de consommation) a une forte incidence sur les prix de détail ainsi que sur
les salaires. Les années 1970 sont ainsi marquées par un ralentissement général de la
demande
(notamment
investissements,
cette
en
provenance
conjoncture
des
étant
ménages)
aggravée
par
et
par
des
un
fort
désordres
recul
des
monétaires
internationaux pesant directement sur l’économie réelle de production.
2.1.3
Remise en cause du modèle d’économie mixte : le début des
années 1980
En 1981, après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le
gouvernement socialiste conduit par Pierre Mauroy procède à une nouvelle vague de
nationalisations des grandes entreprises considérées comme vitales pour le développement
économique et l’indépendance du pays (entreprises industrielles, grands groupes bancaires,
compagnies d’assurance) et mène une politique de relance de la consommation qui atteint
rapidement ses limites, car elle engendre une augmentation importante des importations,
qui elle-même contribué à creuser les déficits publics. En 1982-1983, c’est le tournant de la
« rigueur ».
L’ouverture
croissante
et
l’internationalisation
de
l’économie
française
contraignent celle-ci à de profondes mutations, remettant partiellement en cause le modèle
français d’économie mixte, fondé sur des structures libérales, mais fortement teinté
d’étatisme..
2.1.4
Libéralisme et mondialisation : depuis la fin des années 1980
La victoire de la coalition des partis de droite se revendiquant du libéralisme aux élections
législatives de 1986, suivie de la formation du gouvernement Chirac, aboutit à un
désengagement progressif de l’État dans l’économie nationale visant à favoriser la
libéralisation des structures économiques dans un contexte de mondialisation des échanges
et de concurrence internationale plus vive. Le mouvement de privatisation devient un fait
majeur de la politique économique de cette décennie. La gestion privée est alors jugée plus
performante car appréciée à l’aune de la rentabilité, ce qui suppose la suppression de toute
garantie financière à caractère étatique.
Ces orientations économiques ne sont pas fondamentalement remises en cause, à partir de
1988, par les gouvernements socialistes Rocard (1988-1991), Cresson (1991-1992) et
Bérégovoy (1992-1993), qui mettent l’accent, en liaison avec les nouveaux impératifs
imposés par la signature du traité de Maastricht (1992), sur la lutte contre l’inflation et le
maintien d’un franc fort, au prix d’une politique de rigueur et de réduction des déficits
publics (au détriment notamment du budget social). Celle-ci a été poursuivie depuis 1993
par les gouvernements Balladur, Juppé et Jospin.
2.2
La quatrième puissance économique du monde
2.2.1
Des indicateurs économiques encourageants
La France constitue la quatrième puissance économique mondiale, derrière les États-Unis,
le Japon et l’Allemagne. Les données statistiques parlent d’elles-mêmes : quatrième
puissance commerciale du monde — quatrième exportateur et cinquième importateur —,
cinquième producteur industriel mondial, deuxième fournisseur de services de la planète,
deuxième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires. Son produit
intérieur brut (PIB), qui s’élevait à 1 431 milliards de dollars en 2002, a connu une
croissance de 50 p. 100 entre 1970 et 1990. Son PNB par habitant (24 170 dollars en
1999) classe la France parmi les pays très riches de la planète ; le niveau de vie des
Français est l’un des plus élevés du monde.
La croissance annuelle du PIB, estimée à 1,95 p. 100 pour la période 1990–2002, était de
1 p. 100 en 1998. Après la récession de 1993, la situation économique de la France s’est
nettement améliorée. Ce redressement s’est notamment traduit par un excédent de la
balance commerciale et par un solde positif de la balance des paiements courants. Ce
retour à la croissance s’explique par le développement des exportations françaises, qui a
fortement stimulé l’économie, et par une conjoncture économique mondiale plus favorable,
liée à la reprise de l’économie américaine. L’investissement, qui avait chuté de 30 p. 100
entre 1990 et 1993, a progressé en moyenne de 5 p. 100 par an depuis 1995. L’inflation
est jugulée depuis déjà plusieurs années (2,6 p. 100 en 2002 contre 5,8 p. 100 en 1985 et
11,8 p. 100 en 1975) ; en 1998, le taux d’inflation a atteint, avec 0,3 p. 100, son plus bas
niveau depuis 1957.
2.2.2
Chômage, précarité, déficit budgétaire et dette publique
Toutefois, la croissance, si elle est réelle, n’a pu contenir la progression continue du
chômage (9,1 p. 100 de la population active en 2002, soit un chiffre supérieur à la
moyenne européenne qui s’établit à 8,6 p
100), en dépit des politiques publiques
successives d’aide à l’emploi menées depuis 1970 environ. Ce fort taux de chômage est un
problème à la fois économique et social préoccupant, dans la mesure où il s’accompagne
d’un développement de la précarité, de la pauvreté et de l’exclusion. L’ampleur du
phénomène menace l’ensemble du système de protection sociale (assurance chômage,
maladie et vieillesse, RMI, politique familiale, insertion des jeunes, etc.) auquel la France
consacre plus d’un quart de son PIB.
Avec un budget de 259 milliards d’euros et un déficit budgétaire qui avoisine 3 p. 100 du
PIB, la France ne peut financer la lutte contre le chômage par une nouvelle politique de
grands travaux et n’a guère la possibilité de réduire la pression fiscale. En outre, après un
léger fléchissement en 1996 et 1997, la dette publique a de nouveau augmenté en 1998
(encours estimé à 4 131 milliards de francs, soit environ 630 millions d’euros).
Les incertitudes qui pèsent sur l’avenir et la persistance d’un fort taux de chômage ont
incité les Français à maintenir une épargne élevée. La France a cependant réussi à
respecter les critères de convergence définis par le traité de Maastricht, afin d’accéder à
l’voir Union économique et monétaire : déficit public inférieur à 3 p. 100 du PIB, dette
publique inférieure à 60 p. 100 du PIB, taux d’inflation minimal, etc. Pour ce faire, elle a
maintenu une politique du franc fort et de rigueur salariale qui n’a pas favorisé la reprise de
l’emploi, ni celle de la consommation. La législation de l’Union européenne oblige désormais
la France à ouvrir progressivement son secteur public (EDF, France Télécom) à la libre
concurrence.
Toutefois, malgré les contraintes de libéralisation des structures économiques, le rôle de
l’État reste important. Par ses interventions, il favorise la politique d’aménagement du
territoire et contribue à soutenir, à réguler (réglementation du travail, fixation du salaire
minimum) et à orienter l’économie (mise en œuvre du XIe plan en 1994). Son rôle est
également crucial dans les négociations sur l’organisation des échanges internationaux
(voir GATT ; OMC).
2.2.3
Le tissu économique français
Depuis les années 1950, les activités économiques ont connu une profonde mutation, sous
l’effet d’une adaptation aux nouvelles technologies et à la concurrence internationale. Pays
précocement industrialisé (voir révolution industrielle), la France s’est trouvée confrontée,
au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à la crise de ses industries lourdes
traditionnelles (industries, main-d’œuvre), issues de la première révolution industrielle,
sous l’effet de la concurrence internationale émanant notamment des nouveaux pays
industriels (NPI), dont les coûts de main-d’œuvre sont comparativement plus attractifs.
Des pans entiers de son industrie ont connu une grave crise dans les années 1970 —
exploitation minière (charbonnage), sidérurgie, chantiers navals, textile, etc. —, plongeant
les vieilles régions industrielles du Nord (Nord-Pas-de-Calais) et de l’Est (Lorraine, FrancheComté) dans une longue et profonde crise de reconversion économique. Devenue négative,
la balance commerciale s’est encore dégradée sous le contrecoup des deux chocs
pétroliers.
Le tissu économique français, grâce à ses capacités de renouvellement et d’innovation, et à
la valeur ajoutée d’une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée, a vu de nouveaux secteurs
économiques prendre le relais, à l’image du développement des services ou des industries
de haute technologie. La tertiarisation massive du système productif français et son
intégration au processus de mondialisation des échanges (économiques, financiers,
informatifs, culturels) sont des phénomènes majeurs de ces dernières décennies. La France
présente aujourd’hui une économie de type postindustriel, fortement impliquée dans
l’économie
mondiale
et
dominée
particulièrement performant
sur le
par
un
puissant
plan national
secteur
tertiaire
(services),
et international. Les entreprises
industrielles elles-mêmes accordent une importance croissante aux activités de conception
et de recherche. Cette explosion des emplois tertiaires en amont de la production ne
compense que partiellement la diminution rapide des emplois industriels de faible
qualification, qui frappe de plein fouet la main-d’œuvre ouvrière.
Depuis le début des années 1990,
la
France
attire
les
investissements
de
capitaux
étrangers (12 p. 100 des investissements mondiaux en 1992, 8,1 p.100 en 2001).
Parallèlement, les entreprises françaises consolident leur insertion dans l’économie
mondiale par des investissements massifs dans les pays d’Europe et dans le reste du
monde.
La puissance de l’économie
multinationales
française
(TotalFinaElf,
repose
Danone,
largement
Bouygues,
sur
Pechiney,
de
grandes
etc.)
qui,
entreprises
à
la
suite
d’investissements massifs à l’étranger, détiennent d’importantes parts de marché dans les
différentes régions du monde. Ainsi, une firme comme Michelin réalise désormais les quatre
cinquièmes de son chiffre d’affaires à l’étranger. À l’inverse, une part croissante de
l’économie française (près de 35 p. 100 des salariés) est aujourd’hui partiellement
contrôlée par des capitaux étrangers. Malgré une forte croissance des PME depuis les
années 1980 (55 p. 100 de l’emploi industriel contre 40 p. 100 en 1970), le rôle des
grandes entreprises reste prédominant dans la production.
2.3
Le poids de l’Union européenne
La puissance économique de l’Hexagone repose en grande partie sur l’Union européenne.
Depuis la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951,
la
France
est,
avec
l’Allemagne,
l’un
des
principaux
piliers
de
la
construction
communautaire. Le Marché commun européen a eu un impact fondamental sur le
développement de l’agriculture française (voir politique agricole commune) et des
échanges.
Les pays de l’Union européenne sont aujourd’hui les premiers partenaires commerciaux de
la France. L’espace économique français est de plus en plus ouvert sur l’Europe.
D’importants projets de coopérations transfrontalières dynamisent aujourd’hui des régions
comme le Nord, en relation avec la Belgique et le Kent (Eurorégion), la Lorraine, qui opère
un rapprochement avec le Luxembourg et la Sarre, l’Alsace, étroitement liée à l’Allemagne
rhénane et à la Suisse, ou encore le Pays basque, avec l’Espagne.
2.4
Évolution de l’espace économique français
2.4.1
La révolution industrielle du
capitale
XIXe
siècle : la suprématie de la
La première révolution industrielle (XIXe siècle) s’est essentiellement centrée sur la capitale
(voir Paris et sa Région, l’Île-de-France) et sur les espaces de production situés à proximité
des gisements de matières premières (bassins houillers, etc.). Le Nord-Pas-de-Calais et la
Lorraine ont ainsi connu un développement privilégié (urbanisation, industries lourdes,
extraction minière, etc.). Des pôles isolés ont également bénéficié d’une forte croissance :
l’agglomération lyonnaise (industrie textile traditionnelle, secteur bancaire), les bassins
houillers situés à la périphérie du Massif central (bassin du Creusot, d’Albi-Carmaux, etc.)
et les ports de l’Atlantique et de la Méditerranée, grâce au commerce colonial (Bordeaux,
Marseille, Nantes, etc.).
2.4.2
La révolution industrielle du
nouveaux pôles économiques
XXe
siècle :
l’apparition
de
La deuxième révolution industrielle (XXe siècle) a encore renforcé le poids économique des
régions urbanisées et industrialisées de la France du Nord et de l’Est, et plus
particulièrement la suprématie de la région parisienne.
À partir des années 1960, la révolution des transports a entraîné un « glissement » des
industries lourdes (développement de la « sidérurgie sur l’eau ») vers les fleuves (axe de la
basse Seine ; Rhône moyen à la hauteur de Lyon) et vers la mer, avec la construction de
vastes complexes pétroliers et industrialo-portuaires dans les ports d’importation de
matières
premières
(Dunkerque,
Fos-sur-Mer,
Saint-Nazaire,
Le Havre-Antifer).
Parallèlement, la révolution de l’agriculture a favorisé l’émergence de nouvelles grandes
régions agricoles (Bretagne, Champagne crayeuse, Aquitaine).
2.4.3
L’aménagement du territoire
C’est également à cette époque que les pouvoirs publics décident de lancer une ambitieuse
politique d’aménagement du territoire afin de pallier le déséquilibre démographique et
économique opposant la région parisienne au reste du territoire — on oppose alors la
capitale, qui concentre l’essentiel des infrastructures, à la province, qui constitue ce que
l’on a appelé le « désert français ». Cette politique, amorcée notamment en 1982, repose
essentiellement sur la décentralisation d’une partie des pouvoirs politiques et administratifs
de la capitale, sur une déconcentration des industries de main-d’œuvre parisiennes
(automobile, électroménager, etc.) en faveur notamment des villes de l’Ouest (Rennes,
Caen), sur la sélection de huit métropoles dites « d’équilibre » (Lille, Nancy, Strasbourg,
Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes) dont les équipements et les fonctions sont
renforcés pour tenter de contrebalancer l’attraction de la capitale, sur la reconversion des
vieilles régions industrielles frappées par la crise et enfin sur une politique de grands
aménagements régionaux à vocation agricole, touristique (littoral languedocien et aquitain)
et industrialo-portuaire, confiés à des sociétés mixtes (CNABRL, Compagnie nationale
d’aménagement
du
Bas-Rhône-Languedoc ;
CACG,
Compagnie
d’aménagement
des
coteaux de Gascogne ; SOMIVAL, Société pour la mise en valeur de la région AuvergneLimousin, etc.). Cette démarche volontariste de décentralisation a donné naissance à des
collectivités territoriales dotées de responsabilités, de compétences et de budgets propres.
En octobre 2002, sous l’impulsion du gouvernement Raffarin, est lancé le projet dit de
« République décentralisée », qui a pour objectif d’accroître les pouvoirs réglementaires
reconnus aux collectivités territoriales.
2.4.4
Répartition géographique des activités économiques françaises
Depuis 1973, consécutivement à la montée de la concurrence internationale et de la
mondialisation de l’économie, on assiste à une nouvelle mutation de l’espace économique
français, de plus en plus centré sur les agglomérations, et à une recomposition partielle du
tissu industriel. Les villes sont aujourd’hui à la pointe du renouveau industriel en
développant, à leur périphérie, des parcs d’activités et des technopoles (Sofia-Antipolis à
Nice, Rennes-Atalite, Metz 2000, Nancy-Brabois, Meylan à Grenoble, etc.) associant
industries de haute technologie et recherche.
Parallèlement, la politique de déconcentration et de décentralisation n’a en rien entamé le
poids économique prépondérant de la capitale et de la région Île-de-France. Celui-ci s’est
au contraire renforcé avec le développement des industries de pointe et des activités de
recherche-développement, et avec l’explosion des activités du tertiaire supérieur. Paris et
ses environs abritent les trois quarts des sièges sociaux des 500 plus grandes entreprises
françaises.
2.5
L’économie des Dom-Tom
2.5.1
L’influence de la métropole
L’économie des Dom-Tom est essentiellement marquée par une forte dépendance à l’égard
de la métropole et par leur insuffisante intégration dans leur aire géographique régionale.
Le recul des cultures vivrières ne permet pas l’autosuffisance alimentaire. L’agriculture est
dominée par les cultures tropicales destinées à l’exportation (bananiers, caféiers, canne à
sucre produisant sucre, mélasse et rhum, ananas, plantes à parfum comme le géranium ou
le vétiver), pratiquées dans de grandes plantations. L’essentiel des matières premières
énergétiques et des biens manufacturés est importé. Les échanges avec la métropole sont
donc gravement déficitaires. Malgré le très fort développement du tourisme, le plus
souvent
par
des
investissements
métropolitains
(chaînes
Méridien,
Novotel,
Club
Méditerranée, etc.), ce sont des économies encore largement dépendantes.
2.5.2
Une économie déséquilibrée
Les Dom-Tom se caractérisent également par une économie déséquilibrée, marquée par
une hypertrophie du secteur tertiaire (plus de 50 p. 100 des actifs dans les « îles à sucre »,
70 p. 100 du PIB) et par un sous-développement industriel. Les activités tertiaires reposent
essentiellement sur le développement du tourisme et sur les services publics. Les DOM ont
largement profité de la départementalisation et les fonctionnaires, qui bénéficient d’un
salaire souvent plus élevé que dans le secteur privé, y sont aujourd’hui surreprésentés (un
tiers des emplois à La Réunion).
Le taux de chômage (plus de 26 p. 100 des actifs) y est plus nettement élevé qu’en
métropole. La Polynésie française, malgré son fort potentiel touristique, souffre de son
isolement à 6 000 km de l’Australie, à 7 000 km des côtes américaines et à 18 000 km de
la métropole. L’arrêt définitif des expériences de tirs nucléaires remet aujourd’hui en cause
la fonction militaire de l’archipel. L’économie de la Guyane française repose essentiellement
sur les services publics et sur le CNES, avec la base de lancement de fusées installée à
Kourou (fusées Ariane). Saint-Pierre-et-Miquelon vit de la pêche à la morue et de ses
dérivés industriels. La Nouvelle-Calédonie possède une importante industrie minière grâce
à l’exploitation de ses gisements de nickel (3e producteur mondial, un quart des réserves
planétaires), dont le contrôle est en partie revendiqué par les indépendantistes.
2.6
La population active
La France comptait en 2002 27 millions d’actifs — ce chiffre incluant les personnes en
recherche d’emploi.
2.6.1
Le chômage
La hausse du chômage caractéristique des années 1990 s’explique par le ralentissement de
l’activité économique, qui a engendré un déséquilibre croissant et persistant du marché du
travail. Alors que la population active augmente régulièrement, l’emploi stagne. Entre 1973
(date du premier choc pétrolier) et 1985, le nombre de chômeurs est passé de 700 000 à
plus de 2 millions de personnes. Le taux de chômage s’établit à 9,1 p. 100 de la population
active. Les « catégories » les plus touchées par le chômage sont les femmes (notamment
les jeunes et les moins qualifiées), les jeunes (le taux de chômage des moins de 25 ans
était de 20,1 p. 100 en 2003) ainsi que les plus de 50 ans. Outre ces disparités, le
chômage, de massif, est devenu « permanent » en ce sens que le chômage de longue
durée touche un nombre de plus en plus important de personnes tant et si bien que le
marché du travail tend à devenir de plus en plus un marché d’exclusion.
2.6.2
Les femmes dans la population active
Les femmes ont aujourd’hui massivement accédé à l’emploi, le nombre de femmes au
travail étant passé de 8,1 millions en 1975 à plus de 11 millions en 2001.
2.6.3
Les immigrés dans la population active
En 1995, les immigrés représentaient 7,8 p. 100 de la population active totale. Les neuf
dixièmes d’entre eux occupent des emplois peu ou pas qualifiés. Ils sont le plus souvent
ouvriers dans l’industrie (automobile) et les BTP (bâtiments et travaux publics) ou
employés dans les services aux particuliers (restauration, sociétés d’entretien, etc.). Ils
sont davantage touchés par la précarité de l’emploi et le chômage (20 p. 100 en 1995),
plus particulièrement les jeunes immigrés (entre 16 et 24 ans), dont près de la moitié est à
la recherche d’un emploi.
2.6.4
Les jeunes dans la population active
Les jeunes arrivent sur le marché du travail de plus en plus tard, en raison de l’allongement
de la scolarité et des études supérieures et d’une augmentation croissante de la
qualification. Ainsi, les catégories professionnelles de type cadres, professions libérales ou
professeurs ont vu leurs effectifs croître de 38 p. 100 entre 1982 et 2001. Les métiers les
moins qualifiés se déplacent aujourd’hui de l’industrie vers les services (employés ou
agents de services).
2.6.5
Les syndicats
Moins de 20 p. 100 des travailleurs français sont membres d’un syndicat. La Confédération
générale du travail (CGT), qui a été la principale organisation syndicale française, a perdu
les deux tiers de ses membres en 20 ans au profit de la Confédération française
démocratique du travail (CFDT) et de Force ouvrière (FO). La Confédération française des
travailleurs chrétiens (CFTC) compte quant à elle 120 000 membres et la Confédération
française
de
l’encadrement-Confédération
générale
des
cadres
(CFE-CGC)
110 000 adhérents.
Les enseignants sont regroupés au sein de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) et
de la Fédération syndicale unitaire de l’enseignement, de l’éducation, de la recherche et de
la culture (FSU), créée en 1993 à la suite d’une scission de la FEN. Le monde paysan est
principalement représenté par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles
(FNSEA) et par la Confédération paysanne. Le salaire minimum, le SMIC, est fixé par
décret gouvernemental, mais les échelles de salaire de la fonction publique font l’objet de
négociations régulières.
Les syndicats participent à la gestion des organismes sociaux, selon le principe du
paritarisme, en partie remis en cause par la réforme de la sécurité sociale de 1995, et aux
négociations contractuelles avec le patronat (Medef), le plus souvent sous l’égide de l’État.
3
LE SECTEUR PRIMAIRE : AGRICULTURE, FORÊTS ET PÊCHE
3.1
Caractéristiques générales
3.1.1
Tradition et potentiel agricoles
En 2002, le secteur primaire employait 4 p. 100 de la population active (contre 10 p. 100
en 1975) et contribuait à hauteur de 2,1 p. 100 du PIB (4,8 p. 100 en 1977). La France
demeure cependant une grande puissance agricole, qui assure à elle seule plus de
20 p. 100 de la production de l’Union européenne. Les terres arables représentent environ
35,6 p. 100 de la superficie du pays (33 millions d’ha cultivés contre 18 millions en GrandeBretagne et en Italie).
La tradition agricole de la France repose sur une mise en valeur ancienne de son territoire,
grâce à un climat et à des sols globalement très favorables, soit naturellement (limons de
plateaux du Bassin parisien, sols bruns forestiers), soit après intervention de l’homme
(amendement, drainage, chaulage, fertilisation par engrais, etc.), à l’image de la
Champagne pouilleuse (voir Champagne-Ardenne) devenue, grâce à des apports massifs
d’engrais, une riche campagne céréalière. Voir aussi France (géographie).
L’agriculture française a réalisé, à partir des années 1950, une profonde modernisation de
ses structures et de ses modes de production. Cette transformation a été soutenue par
l’État dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) développée par la Communauté
économique européenne (CEE). La France est aujourd’hui le premier pays agricole de
l’Union européenne (à la fois 1er producteur et 1er exportateur européen) et le deuxième
exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires. La balance agricole est
toujours excédentaire (7,62 milliards d’euros en 2001).
3.1.2
Restructuration du secteur agricole
La PAC a mis l’accent sur l’amélioration de la productivité et sur l’intensification de la
production. La modernisation de l’agriculture s’est traduite par une baisse massive du
nombre d’exploitations et d’actifs agricoles (substitution du travail par le capital), une
augmentation de la taille moyenne des exploitations, le doublement des surfaces irriguées,
le développement d’une agriculture intensive et une forte hausse des rendements et de la
productivité. Celle-ci a été permise par le remembrement partiel des terres agricoles
(regroupement des parcelles pour répondre aux besoins de la mécanisation), la mise au
point de nouveaux procédés de stockage et de conservation frigorifique, une spécialisation
croissante des cultures et l’ouverture des marchés négociée dans le cadre de la PAC et des
accords du GATT.
D’autres facteurs sont intervenus dans cette modernisation : une mécanisation et une
motorisation très poussées, le développement de l’irrigation (irrigation par aspersion
notamment), qui a permis, entre autres, la mise en culture de la plaine de la Crau, le
drainage de zones inondées et insalubres (Marais poitevin), l’introduction de nouvelles
techniques (amendement des sols, engrais chimiques, pesticides, élevage hors sol, etc.) et
de nouvelles espèces agricoles, grâce à une sélection accrue des espèces animales et
végétales par la génétique.
La production agricole a connu une très forte croissance entre 1960 et 1990, de l’ordre de
2 p. 100 par an. La production de blé a plus que doublé, les rendements moyens à
l’hectare passant de 26 quintaux à 70 quintaux, tandis que les rendements de la production
laitière passaient de 2 000 l par vache à près de 4 500 l au début des années 1990. La
productivité de l’agriculture française reste cependant moyenne face à certains de ses
principaux concurrents.
3.1.3
Évolution des exploitations agricoles
On compte aujourd’hui un peu plus de 735 000 exploitations. En 1970, 70 p. 100 des
exploitations avaient moins de 20 ha. Un grand nombre d’entre elles ont aujourd’hui
disparu. Parallèlement, la taille moyenne des exploitations s’est accrue : elle est ainsi
passée de 15,9 ha en 1963 à 39 en 2001. Si les exploitations de 10 à 30 ha sont encore
nombreuses, elles n’occupent plus que 8,5 p. 100 de la surface agricole utile (SAU), alors
que les exploitations de plus de 100 ha détiennent à elles seules 39 p. 100 de la SAU. La
plupart des grandes exploitations (plus de 50 ha) se concentrent dans la moitié
septentrionale de la France.
La modernisation de l’agriculture a nécessité de lourds investissements, qui n’ont pu être
réalisés qu’au prix d’un endettement considérable du monde agricole ; elle a par ailleurs
donné naissance à une agriculture à deux vitesses. À côté des exploitations très rentables
(grandes exploitations céréalières du Bassin parisien, petites exploitations spécialisées dans
des cultures à forte valeur ajoutée de type primeurs ou vignobles de grande qualité),
véritables entreprises productivistes et capitalistes, de nombreuses petites et moyennes
structures sont peu rentables, fortement endettées, souvent marginalisées ou mal
intégrées dans les grands circuits commerciaux.
3.1.4
Du monde rural à l’industrie agroalimentaire
Malgré de remarquables performances d’ensemble, l’agriculture française n’occupe plus
qu’une part marginale de la population active et ne contribue que de manière résiduelle au
montant du PIB. Toutefois, elle conserve une grande importance aux yeux d’une population
et d’un pays encore fortement marqués par une longue tradition rurale.
Aujourd’hui, l’agriculture française, l’une des plus modernes et des plus performantes de la
planète, est parfaitement intégrée aux circuits commerciaux nationaux et mondiaux. Elle
n’est qu’un maillon central dans le puissant système agro-industriel qu’est la filière
agricole. En l’amont, les industries fournissent les machines agricoles, les engrais
chimiques, les pesticides ou encore les aliments pour bétail, tandis qu’en aval, les
industries agroalimentaires (IAA) assurent la transformation et la distribution des produits
agricoles. L’exploitation agricole est de plus en plus gérée comme une entreprise
industrielle.
3.2
Principales productions
3.2.1
Caractéristiques générales
Les recettes de l’agriculture se répartissent de manière équilibrée entre les cultures
végétales (un peu plus de la moitié du chiffre d’affaires agricole total) et l’élevage animal.
La Politique agricole commune (PAC) a fortement contribué à soutenir les revenus des
agriculteurs. Elle a été amenée, cependant, à instaurer des quotas de production pour
limiter les excédents (les quotas laitiers, par exemple). La crise de surproduction reste
cependant un risque permanent et a donné lieu, depuis 1993, à de difficiles négociations au
sein du GATT (en raison notamment de la concurrence entre l’Europe et les États-Unis
concernant les oléagineux et les céréales), au terme desquelles la France a finalement
réussi à imposer un accord assez favorable au monde agricole, lequel doit faire l’objet
d’une renégociation en 2006.
3.2.2
Productions animales
Les principales productions animales sont les bovins (20,6 millions de têtes en 2001,
14e rang mondial) — production affectée par la « crise de la vache folle » (encéphalopathie
spongiforme bovine) qui a provoqué en 1996 une forte baisse de la consommation de
viande bovine et a eu de graves conséquences sur la « filière bovine » —, les porcins
(15 millions de têtes, 12e rang mondial) et les volailles (1er rang européen).
3.2.3
Productions végétales
Les productions végétales sont très variées. La France est le cinquième producteur mondial
de céréales avec une production de 53,1 millions de t en 1995, réparties essentiellement
entre le blé (36 millions de t, 4e rang mondial), le maïs (17 millions de t, 5e rang mondial),
l’orge (10,16 millions de t, 6e rang mondial), le seigle et l’avoine, ces deux dernières
cultures connaissant un net déclin.
Parmi les autres grandes productions figurent la betterave à sucre avec 34,2 millions de t
en 2002 (1e rang mondial), la pomme de terre (5 millions de t en 1995, 11e rang mondial),
les oléagineux (tournesol, colza, olivier), le tabac, les fruits et légumes. Les cultures
fruitières portent essentiellement sur les poires, les pommes, les prunes, les pêches, les
abricots, les cerises, les fraises, les melons, le raisin, les agrumes, les kiwis ou encore les
noix. Les cultures maraîchères (primeurs, légumes industriels) concernent principalement
les salades, les tomates, les asperges, les concombres, les haricots, les petits pois, les
choux-fleurs, les artichauts, etc.
La viticulture est l’un des secteurs les plus importants de l’agriculture française ( voir vin),
avec une production de 55 millions d’hectolitres en 2000. La France est le deuxième
producteur mondial de vin après l’Italie.
3.2.4
Spécificités régionales
Depuis les années 1970, la France est passée d’un système de production diversifié
associant polyculture et élevage à une plus grande spécialisation régionale des types de
productions. Ainsi, plus de 90 p. 100 des recettes agricoles en Île-de-France proviennent
des cultures, tandis que plus de 90 p. 100 des recettes agricoles du Limousin ou de la
Bretagne sont issues de l’élevage.
On distingue aujourd’hui trois grands types d’espaces agricoles : les régions de grandes
cultures végétales (céréales, plantes industrielles), caractérisées par un paysage agraire
d’openfield (Bassin parisien, Campagne de Caen, Limagne, plaine d’Alsace, Sud-Ouest
aquitain) ; les régions d’élevage, souvent associées aux paysages agraires de bocage
(Ouest, moyennes montagnes, Limousin), à l’image de la Bretagne, première Région
française pour l’élevage laitier et l’élevage hors sol ; et les régions de vignobles de qualité
(Champagne, Alsace, Bourgogne, Côtes du Rhône, Bordelais, etc.) ou de cultures
intensives irriguées, à très forte rentabilité comme le riz de Camargue ou les cultures
maraîchères et fruitières des grandes vallées (bas Rhône, Val de Loire, terrasses alluviales
de la Garonne) et des plaines méditerranéennes (huertas du Comtat Venaissin), destinées
aux marchés urbains.
Aux paysages ruraux traditionnels de bocage, d’openfield, et de type méditerranéen
(opposant plaines irriguées et cultivées, et moyennes montagnes ou hauts plateaux voués
à l’élevage ovin), se substituent de nouveaux types de paysages agricoles (élevage hors
sol, serres, fermes aquacoles, etc.). Une déprise agricole et démographique caractérise
aujourd’hui certaines régions de montagne (Ardèche, Alpes du Sud, Massif central, etc.),
dont les terroirs accidentés (alpages, pentes aménagées en terrasses) sont abandonnés en
raison des surcoûts de production liés à la pente, à l’isolement et à l’accessibilité. Ces
espaces délaissés connaissent un retour à la friche, tout comme les champs soumis au
« gel des terres » imposé par la PAC afin de limiter la surproduction européenne.
3.3
Exploitation forestière et pêche
3.3.1
Forêt
La forêt française (15 millions d'hectares) est aujourd’hui insuffisamment valorisée et sousexploitée. Moins de la moitié fait l’objet d’une exploitation rationnelle. Bien que dotée du
troisième
réseau
forestier
d’Europe,
la
France
importe
massivement
du
bois
(essentiellement des résineux) et de la pâte à papier. Les difficultés d’exploitation sont
liées à l’éclatement des structures de propriétés. Un tiers de la forêt est la propriété de
l’État et des collectivités territoriales. Sa gestion est assurée par l’Office national des
forêts (ONF). Les deux tiers restants relèvent de la propriété privée et sont répartis entre
une multitude de petits propriétaires dont les neuf dixièmes possèdent moins de 4 ha. Les
trois départements français les plus boisés sont les Landes (65 p. 100 du territoire
départemental), le Var (63 p. 100) et les Vosges (53 p. 100).
La production de bois
de
coupe,
un
secteur
d’activité
qui
occupe
directement
ou
indirectement 500 000 actifs, s’est élevée à 35,9 millions de m³ en 2002. La France
exporte des grumes de feuillus. La résine, l’essence de térébenthine et le liège sont
également des productions importantes.
3.3.2
Pêche
La pêche repose sur une flotte de près de 11 000 bateaux employant un peu plus de
15 000 pêcheurs évoluant dans les eaux côtières et en haute mer. En 2002, le total des
prises s’est élevé à 597 293 t se répartissant comme suit : 275 627 t de poissons pour une
valeur marchande de 627 millions d’euros ; 102 064 t de crustacés et autres coquillages
pour une valeur marchande de 231 millions d’euros ; 219 602 t de pêche dite congelée. À
ces chiffres, il convient d’ajouter le résultat de la pêche dans les DOM-TOM évaluée à près
de 25 000 t pour une valeur de 177 millions d’euros. Le colin, la morue, la sole, les
langoustines, les coquilles Saint-Jacques ainsi que le thon comptent parmi les prises les
plus importantes. La consommation française est évaluée, en 2002, à 29 kilos par an et par
personne, ce qui représente un peu plus de 7 p. 100 de la consommation alimentaire
française. Les principaux ports de pêche sont Boulogne-sur-Mer, Concarneau et Lorient.
4
LE SECTEUR SECONDAIRE: MINES ET INDUSTRIES
En 2001, le secteur secondaire
employait
23 p. 100
de
la population
active
(contre
38,6 p. 100 en 1975) et contribuait pour 25 p. 100 au PIB (contre 35,4 p. 100 en 1977).
4.1
Exploitation minière
4.1.1
Tendance générale
Depuis le milieu des années 1990, le secteur minier n’emploie plus que 0,7 p. 100 de la
population active, contribuant pour 0,8 p. 100 seulement à la formation du PNB. Pendant
plus d’un siècle, la France a abondamment exploité ses ressources minérales. Longtemps
considéré comme un symbole de la puissance économique, cette industrie de base a vu son
rôle décroître peu à peu.
4.1.2
Charbon
Les mines de charbon ont cessé leur activité les unes après les autres. La fermeture des
derniers puits du bassin houiller du Nord remonte à 1991-1992 ; elle a été suivie la
fermeture des sites de Forbach (Lorraine), la Mure (Dauphiné) et Carmaux (Tarn) en
1997 ; puis, en 2001, les dernières exploitations de mine à ciel ouvert (Blanzy et Alès) ont
également été interrompues. Il ne subsiste plus aujourd’hui que trois sites souterrains,
dont la fin de l’exploitation a été programmée pour l’année 2005.
4.1.3
Minerai de fer
Les réserves de minerai de fer sont encore abondantes, et la production annuelle atteignait
4,5 millions de t en 2001. La production de bauxite se maintenait autour de 500 000 t en
1989. Ces deux ressources sont néanmoins aujourd’hui en nette diminution, en raison
d’une augmentation des coûts, qui a entraîné un accroissement des importations, plus
avantageuses. La France reste en revanche le troisième producteur mondial de nickel grâce
aux gisements de Nouvelle-Calédonie ; la production atteignait 133 000 t en 1995.
4.1.4
Gaz naturel et pétrole
Le principal gisement de gaz naturel français est situé, depuis 1951, à Lacq, dans le SudOuest. La production de gaz naturel représente aujourd’hui un peu moins de 15 p. 100 de
la consommation énergétique nationale, l’essentiel provenant de l’importation en raison de
l’épuisement du gisement de Lacq exploité par TotalFinaElf.
La production annuelle de pétrole, quant à elle, reste très marginale. Concentrée dans le
sud-est du Bassin parisien et en Aquitaine, elle atteignait 1,4 millions de t en 2002, ce qui
ne couvre que 1,5 p. 100 des besoins de consommation du pays. Le pétrole, qui représente
près de 40 p. 100 de l’énergie primaire consommée en France est donc essentiellement
importée (Mer du Nord, Moyen-Orient, Afrique). En dépit de cette faible production
d’hydrocarbures, la France est dotée d’industries pétrolières et para-pétrolières (extraction
et raffinage) importantes, fédérées autour du groupe pétrolier TotalFinaElf.
4.1.5
Autres ressources
La France extrait également de l’uranium, de la potasse, du sel et de zinc. La France est
aujourd’hui contrainte d’importer la majeure partie des matières premières nécessaires à
sa production industrielle et à sa consommation d’énergie.
4.2
Production et consommation d’énergie : la place de l’électricité
Confrontée à la chute de sa production de charbon, à l’épuisement de ses gisements de gaz
naturel et aux deux chocs pétroliers qui ont provoqué une flambée du prix du baril, la
France a progressivement substitué l’électricité aux autres sources d’énergie. Celle-ci est
devenue le point fort du secteur énergétique français. La France a clairement fait le choix
de la production nucléaire, qui constitue les trois quarts de la production électrique
nationale grâce aux 58 centrales présentes sur le territoire. Ce choix stratégique a permis à
la France de réduire sa facture énergétique et son taux de dépendance vis-à-vis du reste
du monde, mais n’est toutefois pas neutre, notamment du point de vue environnemental,
en raison du coût lié à la gestion et au stockage des déchets radioactifs. On peut y voir la
principale raison de la promotion des énergies dites renouvelables (énergie solaire ou
marémotrice par exemple), qui représentent en 2002 12 p. 100 de la consommation
énergétique nationale.
4.3
Puissance industrielle de la France
4.3.1
Cadre général
Cinquième puissance manufacturière
du monde, loin derrière
les géants américain,
japonais ou allemand, la France est la deuxième puissance industrielle européenne. Elle
totalise 15 p. 100 de l’emploi industriel européen et 21 p. 100 de la valeur ajoutée produite
par l’industrie communautaire.
4.3.2
Évolution de
modernisation
l’industrie
française :
restructuration
La France a connu une période de forte industrialisation après la Seconde Guerre mondiale.
Au début des années 1970, le secteur secondaire était le premier employeur (4 Français
sur 10) et le premier pourvoyeur de richesse. À la fin de cette même décennie, la France
et
est entrée dans une phase de désindustrialisation et de « tertiarisation » de son économie.
Cette dynamique s’est accompagnée d’une mutation des activités industrielles marquée par
la crise prolongée et la restructuration des industries anciennes (première révolution
industrielle), par la croissance des secteurs plus modernes (pétrole, chimie, aéronautique,
automobile), issus de la deuxième révolution industrielle, et par l’émergence des nouvelles
technologies (électricité, électronique, informatique, biotechnologie, robotique, etc.). Le
renouveau de l’industrie française, en France et à l’étranger, s’est appuyé sur de grandes
réalisations technologiques tels Concorde, Airbus, le TGV ou la fusée Ariane (projet francoeuropéen).
4.4
Principaux secteurs de l’industrie
4.4.1
Cadre général
Le premier secteur industriel est celui des machines et du matériel de transport, qui réalise
30 p. 100 de la valeur ajoutée industrielle. L’agroalimentaire vient en seconde position avec
13 p. 100 de la valeur ajoutée industrielle.
Les industries traditionnelles
— textile
et
industries
lourdes
(sidérurgie,
métallurgie,
charbonnages) — ou plus récentes — automobile, électroménager —, à fort coefficient de
main-d’œuvre, connaissent — ou ont connu — une grave récession de leurs activités et des
pertes massives d’emplois. Premières victimes de la concurrence internationale et des
délocalisations, elles cumulent les handicaps (insuffisance des investissements et de la
modernisation, coûts de production élevés, etc.) et ne vivent qu’au rythme des
restructurations, notamment en ce qui concerne les effectifs employés.
4.4.2
Industries dites « traditionnelles »
4.4.2.1
Sidérurgie et métallurgie
La sidérurgie a traversé une grave crise de restructuration, en partie liée à la baisse de la
consommation mondiale. Dominée par le groupe Arcelor (anciennement Usinor), premier
groupe mondial du secteur, et concentrée autour des sites industrialo-portuaires de
Dunkerque et de Fos-sur-Mer (qui ne fonctionne plus qu’au tiers de ses capacités), elle
reste très performante dans le domaine des alliages et des aciers spéciaux.
La métallurgie de l’aluminium résiste plutôt bien avec, notamment, le groupe Pechiney.
4.4.2.2
Textile
Le secteur textile, victime de la concurrence des pays d’Asie du Sud-Est, est en crise depuis
les années 1970. Il conserve cependant son savoir-faire dans le coton et la fibre
synthétique, ainsi que dans les activités de confection (bonneterie, prêt-à porter) et de
mode. Il demeure solidement implanté dans les anciens centres de production : LilleRoubaix-Tourcoing, Troyes, Paris, Lyon, etc.
4.4.2.3
Automobile
L’industrie automobile française, qui reste un grand pourvoyeur d’emplois, continue à
enchaîner compressions de personnel, plans sociaux et fermetures d’usines. En 2001, elle
occupait le 3e rang mondial avec une production de 3,4 millions d’unités. Les deux
principaux constructeurs automobiles français sont Renault et PSA Peugeot-Citroën.
Plusieurs firmes automobiles étrangères ont implanté des usines en France (FIAT, Toyota,
etc.).
4.4.2.4
Bâtiment et travaux publics
Le bâtiment et les travaux publics (secteur du BTP) sont représentés par des groupes
industriels comme Bouygues, Suez-Lyonnaise des Eaux, Fougerolles ou Dumez. Outre le
marché national, ceux-ci se sont spécialisés dans les grands travaux à l’étranger (grande
mosquée de Casablanca, barrages, centrales nucléaires).
4.4.3
Industries de pointe
4.4.3.1
Armement et aéronautique
Parallèlement, à la faveur de ses capacités d’innovation et de conception, la France fait
partie des leaders mondiaux pour un certain nombre d’industries de pointe. Elle occupe
notamment
le
3e rang
mondial
dans
le
secteur
de
l’armement
— Matra,
Thales
(anciennement Thomson) et Dassault Aviation — qui emploie environ 1 million d’actifs.
L’industrie aéronautique (Airbus Industrie) et spatiale (lanceur européen Ariane, satellites)
est dominée par la firme Aerospatiale, privatisée en 1999 ; la fusion d’Aerospatiale et de
Matra Hautes Technologies, la même année, a donné naissance au premier groupe
européen d’aéronautique (5e rang mondial).
4.4.3.2
Agroalimentaire
L’industrie agroalimentaire, qui transforme les deux tiers de la production agricole
française, est le premier secteur par son chiffre d’affaires (130 milliards d’euros en 2001),
et l’une des branches les plus dynamiques de l’industrie. Dominées par des firmes de taille
mondiale (comme le groupe Danone ou Pernod-Ricard), elle employait 650 000 personnes
en 2000. Ses exportations permettent de rééquilibrer une balance industrielle déficitaire
dans d’autres secteurs (informatique, haute-fidélité, électroménager).
4.4.3.3
Industries du luxe
L’industrie française du luxe jouit également d’une réputation internationale de qualité : les
parfums, les champagnes et le vin, la haute couture et le prêt-à-porter, la porcelaine et la
verrerie s’exportent dans le monde entier, confortant l’image d’un savoir-faire français
particulier dans ce secteur, notamment dominée par L’Oréal ou bien encore LVMH. Ce
secteur d’activité a contribué pour près de 6 milliards d’euros à l’excédent commercial de la
France pour l’année 2002.
4.4.3.4
Autres industries de pointe
Parmi les autres secteurs industriels performants figurent les techniques de communication
(France Télécom), le matériel ferroviaire avec notamment le TGV, construit par la firme
Alstom, l’équipement électrique avec Alcatel-Alstom ou encore la chimie organique et la
pharmacie avec Rhône-Poulenc — qui a fusionné en 1999 avec Hoechst pour former le
groupe Aventis.
5
LE SECTEUR TERTIAIRE : SERVICES, FINANCES ET COMMERCE
5.1
Cadre général
En 2001, les services employaient 73 p. 100 de la population active et contribuaient pour
73 p. 100 à la formation du PIB, dont 18 p. 100 pour les services non marchands
(administration) et 13 p. 100 pour le commerce.
Deuxième puissance de services au monde, la France possède une balance des paiements
largement excédentaire (30 milliards d’euros en 2002). Elle occupe une place de choix dans
le domaine de la circulation internationale des « invisibles » et des services, avec une part
de marché estimée à 10 p. 100. Ses points forts sont le tourisme, l’ingénierie informatique,
la réalisation de grands travaux à l’étranger ou encore la prospection pétrolière et minière.
Paris est la première place commerciale française, pour le commerce intérieur comme pour
le commerce extérieur, mais d’autres villes — telles que Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux et
Toulouse — concentrent une part importante de l’activité commerciale. Le secteur de la
distribution est dominé par les grandes surfaces aux mains de quelques grands groupes
comme Carrefour, Auchan, Leclerc ou Pinault-Printemps-Redoute. Les pouvoirs publics
s’efforcent aujourd’hui de limiter leur extension afin de protéger le petit commerce.
5.2
Secteur financier
5.2.1
Monnaie
Jusqu’à l’entrée en vigueur de la monnaie unique européenne, l’unité monétaire de la
France était le franc, divisé en 100 centimes. Le 1er janvier 2002, l’euro est devenu la
monnaie
officielle
de
la
France,
selon
le
taux
de
conversion
suivant :
1 euro = 6,55957 francs. Les faces nationales des pièces en euros émises en France
représentent la Marianne (1, 2 et 5 cents), la Semeuse (10, 20 et 50 cents) et l’arbre de
vie de la République française (1 et 2 euros). La parité du franc CFA (voir zone franc) est
désormais indexée sur l’euro, même si les opérations financières intérieures continuent à
s’effectuer en francs CFA pour les pays de la zone concernée.
5.2.2
Institutions et établissements bancaires
La Banque de France, fondée en 1800 et nationalisée en 1946, bénéficie d’un statut qui
garantit son indépendance par rapport au gouvernement. Elle est présidée par un
gouverneur. Chargée de préparer la France à la mise en œuvre de la monnaie unique, elle
a cependant été dépossédée de la gestion des affaires monétaires par la Banque centrale
européenne.
Depuis 1986, le secteur bancaire a connu un mouvement de privatisations sans précédent
à l’issue duquel la BNP, la Société générale, Paribas, le CCF et le Crédit Lyonnais sont
redevenues des banques privées. Le groupe BNP-Paribas, le Crédit Lyonnais et la Société
générale constituent désormais les plus grandes sociétés bancaires du pays ; elles sont par
ailleurs fortement implantées à l’étranger. Le Crédit agricole est la première banque de
dépôt au monde, position confortée depuis son alliance — avalisée par la Commission des
opérations de Bourse (COB) en mars 2003 — avec le Crédit Lyonnais.
Environ 9,5 p. 100 des actifs travaillent dans les banques et dans les services financiers. La
Bourse de Paris est l’une des grandes places financières européennes, après Londres et
Francfort.
La
France
est
membre
permanent
du
conseil
du
Fonds
monétaire
international (FMI), de l’OCDE, du G7, sommet des sept pays les plus industrialisés de la
planète (France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, États-Unis, Canada et Japon), et du
G8 (pays du G7 auxquels s’ajoute la Russie).
5.3
Commerce extérieur
5.3.1
Balance commerciale
Bien intégrée dans le processus de mondialisation des échanges, la France est devenue la
quatrième puissance commerciale du monde. Au cours des années 1980, le pays a connu
un déficit chronique de son commerce extérieur, principalement dû à ses achats de pétrole
brut. La balance commerciale a opéré un redressement spectaculaire depuis 1992. Elle a
enregistré un excédent record en 1998, soit près de 150 milliards de francs, contre
97,8 milliards en 1995. Ce redressement témoigne du dynamisme des entreprises
françaises et de l’augmentation des exportations. Toutefois, la part de la France dans les
échanges mondiaux tend à diminuer, passant de 6,2 p. 100 en 1990 à 5,2 p. 100 en 2000.
5.3.2
Partenaires commerciaux
Le commerce avec la zone franc (Maghreb, Afrique noire), qui a représenté jusqu’à près de
30 p. 100 du commerce extérieur à l’époque de l’empire colonial, ne représente plus que le
dixième du volume des échanges internationaux de la France. La France réalise désormais
plus de 65 p. 100 de ses échanges avec les pays de l’Union européenne. L’Allemagne est
son premier partenaire commercial, suivi par l’Italie, le Benelux, le Royaume-Uni et les
États-Unis.
5.3.3
Produits échangés
Plus des trois quarts des importations et des exportations portent sur des produits
manufacturés. Les machines et le matériel de transport ont fourni, à eux seuls, en 2000,
près de 38 p. 100 des exportations, et les produits agricoles, 15 p. 100. La même année,
les matières premières (hydrocarbures, minerais, charbon) ont représenté 7,7 p. 100 des
importations.
5.4
Transports
5.4.1
Réseau routier
Le réseau de transports français est l’un des plus développés d’Europe avec notamment
965 000 km de routes et 9 000 km d’autoroutes, ces dernières absorbant 60 p. 100 du
transport de marchandises et près de 90 p. 100 du trafic de voyageurs. D’ici à l’année
2010, le réseau autoroutier — qui bénéficie d’une nouvelle impulsion dans le cadre d’un
schéma directeur adopté en 1990 — devrait être porté à 12 000 km. Au début de l’année
2002, le parc automobile français comptait près de 35 millions de véhicules (environ
29 millions de voitures particulières et 6 millions de véhicules utilitaires) contre 21 millions
en 1980.
5.4.2
Réseau ferroviaire
Les chemins de fer français ont été nationalisés en 1938 avec la création de la SNCF, qui
réunit plusieurs réseaux nationaux. En 2000, le réseau ferroviaire français possédait
environ 32 515 km de voies ferrées, dont 14 200 km de voies électrifiées, lesquelles
assurent 80 p. 100 du trafic total. Aujourd’hui, il est en voie de restructuration. On assiste
à des fermetures de lignes secondaires et au développement des lignes à grande vitesse.
Le train à grande vitesse (TGV) est une réussite technologique, que la France a exportée
dans plusieurs pays. La première ligne, la ligne sud-est reliant Paris à Lyon, est inaugurée
en 1981, suivie par la ligne ouest et sud-ouest en 1990. Le réseau TGV se développe de
Paris vers Lille (depuis 1993), Londres (Eurostar depuis 1994), Amsterdam et Cologne via
Bruxelles (Thalys depuis 1996), et vers le Sud de la France (TGV Méditerranée depuis
2001).
Si le trafic marchandises décline (seuls 20 p. 100 de l’ensemble transite par le rail), le trafic
voyageurs ne cesse de se développer (1 000 km par an par habitant contre 700 en
moyenne dans l’Union européenne).
5.4.3
Tunnels
Le tunnel du Mont-Blanc, l’un des plus longs tunnels routiers du monde (11,6 km),
inauguré en 1965, relie la France à l’Italie. Après un incendie meurtrier (41 morts), en
mars 1999, le tunnel a été fermé puis réouvert aux voitures en mars 2002. Les deux pays
communiquent également par le tunnel routier du col de Fréjus, ouvert en 1980.
L’idée d’un tunnel sous la Manche apparaît dès le début du
XIXe
siècle. Le projet est
cependant abandonné, puis repris en 1957, puis de nouveau gelé par la Grande-Bretagne
en 1973 en raison de son coût. Les travaux débutent finalement en 1987 et sont achevés
en 1993, avec un an de retard. Long de 50,5 km, situé à 130 m de profondeur, le tunnel
relie Folkestone, en Angleterre, à Calais, en France. Il a coûté plus de 16 milliards de
dollars. Il est inauguré officiellement le 6 mai 1994 par la reine Élisabeth II et le président
François Mitterrand, et la première liaison commerciale entre Paris et Londres a lieu en
novembre de la même année. Grâce au tunnel, l’Eurostar, train à grande vitesse, relie les
deux capitales en 3 heures.
5.4.4
Réseau aérien
La France possède une grande compagnie aérienne nationale, Air France, qui absorbe
l’Union des transports aériens (UTA) en 1992 et fusionne avec Air France Europe (ex-Air
Inter) en 1997 ; puis la compagnie est partiellement privatisée en février 1999. Avec la
libéralisation du transport aérien, des compagnies privées apparaissent — AOM (fusion de
Minerve et Air Outre-Mer) et Air Liberté (qui prend TAT en location-gérance en 1997)
notamment — et se restructurent au sein d’une seule et même entité baptisée Air Lib en
2001 ; la compagnie dépose son bilan en 2003.
Le trafic intérieur est
désormais ouvert
aux compagnies étrangères. Les principaux
aéroports, situés dans la banlieue parisienne, sont Charles-de-Gaulle (implanté à Roissyen-France) et Orly.
5.4.5
Voies fluviales et maritimes
Confrontées à la concurrence routière, les voies navigables (8 500 km) n’assurent plus que
2,55 p. 100 du trafic intérieur de marchandises. Si certains grands cours d’eau comme le
Rhin ou le Rhône ont bénéficié d’aménagements importants, le réseau fluvial français
souffre de la trop grande vétusté de nombreux canaux, soit trop anciens, soit de faible
gabarit.
Les grands « ports autonomes » (Marseille, Le Havre, Dunkerque, Nantes-Saint-Nazaire,
Rouen et Bordeaux) assurent à eux seuls 90 p. 100 du trafic maritime alors que le pays
compte 70 stations portuaires. La flotte marchande naviguant sous pavillon français ne
rassemble
qu’une
faible
partie
des
navires
commerciaux
(seulement
210 navires
enregistrés), les compagnies d’armateurs préférant placer leur flotte sous pavillon de
complaisance essentiellement pour des raisons fiscales et salariales.
5.5
Tourisme
5.5.1
Le premier pôle touristique du monde
Avec un excédent de près de 12 milliards d’euros en 2002 et la venue de plus de
70 millions de touristes, la France est le pays le plus visité du monde. L’importance de
cette activité tient principalement à la diversité de ses reliefs et de ses paysages ainsi qu’à
la richesse de son patrimoine culturel (plus de 1 200 musées et plus de 12 000 monuments
classés historiques).
Les étrangers qui visitent la France sont essentiellement européens (près de 90 p. 100 des
visiteurs), notamment allemands et britanniques. L’hexagone est également la première
destination de vacances des Français qui sont chaque année plus de 35 millions à choisir
leur destination de vacances dans une région de la métropole ou d’outre-mer.
5.5.2
Attraits touristiques
C’est le littoral qui draine la majorité de la clientèle touristique, notamment le littoral
méditerranéen (Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ou PACA) et la façade Atlantique
(Bretagne, Aquitaine, Vendée). Viennent ensuite le tourisme montagnard, puis le tourisme
vert (qui connaît une croissance continue), lequel permet aux populations des campagnes
de diversifier leurs ressources grâce à l’aménagement de gîtes ruraux (on en dénombre
plus de 42 000). Le développement de cette forme de vacances, particulièrement adaptée
aux courts séjours, a ainsi permis de dynamiser certaines provinces autrefois peu visitées
et de freiner le dépeuplement de certaines régions rurales.
En l’espace de trente ans (de 1970 à 2000), le tourisme est devenu un puissant vecteur de
croissance économique. Le secteur occupe, de manière directe ou indirecte, plus de
1,5 million de salariés (ce chiffre inclut les emplois saisonniers) et génère annuellement un
chiffre d’affaires global de plus de 130 milliards d’euros.
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