La France France : fleuves et rivières France : les régions 1 SITUATION GÉOGRAPHIQUE 2.1 Frontières Pays d’Europe occidentale, la France est bordée au nord-est par la Belgique, le Luxembourg et l’Allemagne ; à l’est par l’Allemagne, la Suisse et l’Italie ; au sud-est par la mer Méditerranée (golfe du Lion) et la principauté de Monaco ; au sud-ouest par l’Espagne, la principauté d’Andorre et le golfe de Gascogne ; à l’ouest par l’océan Atlantique ; et au nord-ouest par la Manche et le détroit du pas de Calais, qui sépare la France du RoyaumeUni et relie la Manche à la mer du Nord. Les frontières nationales qui totalisent 5 660 km correspondent, pour l’essentiel, à des frontières naturelles. Sur 2 970 km de frontières terrestres, près de 1 750 km sont représentés par des montagnes (Alpes, Jura, Pyrénées), tandis qu’une partie de la frontière franco-allemande emprunte, sur 195 km, le cours du Rhin. Le pays possède une façade littorale de près de 3 427 km, ouverte à la fois sur l’océan Atlantique et ses mers bordières (mer du Nord, Manche, mer d’Iroise) et sur la mer Méditerranée. 2.2 Superficie De forme presque hexagonale et de dimension moyenne, la France occupe, entre l’Atlantique et la Méditerranée, un isthme étroit, à l’extrémité occidentale du continent. Elle s’étend, du nord au sud, sur une longueur de 973 km, et atteint une largeur maximale, d’est en ouest, d’environ 950 km. La superficie de la France métropolitaine est estimée entre 543 965 km² selon le cadastre et 551 695 km2 selon l’Institut géographique national (IGN), d’après les mesures géodésiques, ce qui place le pays au 3e rang européen après la Russie et l’Ukraine, et au 48e rang mondial. La capitale, Paris, est la plus grande ville du pays. 2.3 Composantes du territoire français La France continentale s’étend, du nord au sud, entre 51° 5’ et 42° 20’ de latitude nord et, d’ouest en est, entre 5° 56’ de longitude ouest et 7° 9’ de longitude est. La diversité des reliefs et des milieux bioclimatiques entraîne une étonnante variété de paysages. Située à la charnière de l’Europe du Nord et de l’Europe du Sud, la France présente un condensé des principaux domaines physiques du continent européen (voir Europe). La France comprend plusieurs îles, dont la plus grande est la Corse (8 680 km²), et dix possessions d’outre-mer, éparpillées sur l’ensemble du globe : Saint-Pierre-et-Miquelon (Atlantique Nord), la Guyane (Amérique du Sud), les Antilles françaises (Martinique, Guadeloupe), Mayotte et la Réunion (océan Indien), les îles et archipels d’Océanie, dans l’océan Pacifique (Polynésie française, Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna), et les terres Australes et Antarctiques françaises (TAAF). 3 RELIEF 3.1 Un pays de contrastes Pays d’altitude modérée (342 m en moyenne), la France présente des reliefs variés et contrastés. Alors qu’elle est bordée, sur ses périphéries orientale et méridionale, par des barrières montagneuses élevées, un ensemble de moyennes montagnes occupe le centre et le nord-est du pays, ainsi que la Corse, tandis que de vastes régions de plaines, de collines et de bas plateaux s’étendent depuis le nord jusqu’au sud-ouest. Près de 62 p. 100 du territoire français sont situés en dessous de 250 m d’altitude et seulement 7 p. 100 audessus de 1 000 m. La partie du territoire la plus élevée et la plus accidentée se situe à l’est d’une ligne Bayonne (au sud-ouest)-Thionville (au nord-est). À la France montagneuse de l’Est et du Sud, aux forts contrastes topographiques et aux reliefs compartimentés s’oppose la France des bassins et des socles usés (Massif armoricain, Ardenne) du Nord et de l’Ouest, dont les plaines et les bas plateaux s’étendent à une altitude le plus souvent inférieure à 250 m. Un ensemble de seuils (passage entre deux bassins), de larges vallées et de fossés d’effondrement facilite la circulation à travers le territoire. Au cours des temps géologiques, l’évolution des reliefs a été conditionnée par de multiples changements climatiques, par des processus d’érosion très variés et par des phases d’intenses mouvements tectoniques. Trois grands types de reliefs résultent de cette longue morphogenèse : les hautes montagnes (Pyrénées, Alpes occidentales), issues de l’orogenèse alpine (ère tertiaire) ; les moyennes montagnes constituées, à l’exception du Jura (plissement alpin), par des massifs anciens hercyniens rajeunis par le contrecoup des mouvements orogéniques tertiaires (Massif central, Vosges, Corse, Estérel, Maures) ; enfin, les plaines et les bas plateaux correspondant aux bassins sédimentaires (Bassin parisien, Bassin aquitain), aux massifs anciens faiblement rajeunis (Massif armoricain, Ardenne), aux grands fossés tectoniques (Limagne, Couloir séquano-rodhanien, plaine d’Alsace) et aux plaines côtières (plaines méditerranéennes du Bas-Languedoc et du bas Rhône, Flandre maritime). 3.2 Montagnes 3.2.1 Hautes montagnes Issues de mouvements tectoniques récents (plissement alpin) nés de la collision des plaques eurasienne et africaine (voir tectonique des plaques), les Alpes françaises et les Pyrénées sont des montagnes jeunes dont la surrection a débuté au cours du crétacé. L’orogenèse alpine a connu deux phases de paroxysme au cours de l’ère tertiaire : au début de l’éocène (environ 60 millions d’années) pour les Pyrénées, puis à la fin de l’oligocène et au début du miocène (entre 25 à 30 millions d’années) pour les Alpes. Ces hautes montagnes du sud et du sud-est de la France se rattachent à l’Europe « alpine », caractérisée par une succession de chaînes plissées récentes d’âge tertiaire, depuis la péninsule Ibérique jusqu’à la mer Noire (chaîne Bétique, Pyrénées, Alpes, Jura, monts Apennins, Carpates, Caucase). Celles-ci présentent des altitudes souvent élevées (5 642 m au sommet du mont Elbrous, dans le Caucase), et s’accompagnent d’une forte instabilité tectonique (volcanisme, sismicité). Le sud-est de la France, comme l’ensemble du pourtour de la Méditerranée, connaît un risque sismique important (voir séisme). Fortement escarpées, les Alpes françaises et les Pyrénées ont été sculptées par l’érosion glaciaire et périglaciaire. Commencées il y a environ 2,5 millions d’années, les glaciations quaternaires (voir période glaciaire), qui ont donné naissance à de puissants glaciers, ont fortement marqué les montagnes de leur empreinte : versants abrupts, cirques glaciaires (cirque de Gavarnie), crêtes acérées, auges glaciaires, dépôts morainiques ou fluvioglaciaires, lacs de surcreusement (lac d’Annecy, lac du Bourget) ou de barrage morainique (lac Léman), etc. La déglaciation est récente (environ 10 000 ans). 3.2.1.1 Alpes françaises Les Alpes françaises couvrent une superficie d’environ 35 000 km2. Un grand nombre de sommets culminent à plus de 4 000 m d’altitude, dont le mont Blanc (4 810 m), plus haut sommet des Alpes et l’un des sommets les plus élevés d’Europe, ainsi que les Grandes Jorasses (4 208 m) ou encore la barre des Écrins (4 103 m), dans le massif du Pelvoux (ou massif des Écrins). Loin de constituer une barrière, en dépit de leur masse et d’une altitude moyenne élevée (1 121 m), les Alpes françaises constituent un massif montagneux facilement pénétrable (surtout les Alpes du Nord), ouvert sur le Sillon rhodanien par des cluses et aéré par de profondes auges glaciaires. Celles-ci forment de larges couloirs de pénétration longitudinaux (Sillon alpin dans les Alpes du Nord, vallée de la Durance dans les Alpes du Sud) et transversaux (Tarentaise, Maurienne, Romanche) au cœur des montagnes qui, en facilitant les communications, ont favorisé des implantations urbaines très précoces. Les Alpes françaises, qui forment la frontière avec la Suisse et l’Italie, constituent la terminaison occidentale de l’arc alpin qui s’étire sur 1 200 km depuis le sud de la France jusqu’en Autriche. Les Préalpes, d’altitude moyenne (point culminant : 2 752 m), précèdent les hautes Alpes, aux sommets englacés, au-delà du Sillon alpin. Les Alpes françaises comprennent deux parties distinctes : les Alpes du Nord et les Alpes du Sud. Les Alpes du Nord, les plus élevées, se subdivisent, d’ouest en est, en quatre zones parallèles, orientées nord-est / sud-ouest : les Préalpes du Nord (Chablais-Giffre, massif des Bornes, les Bauges, Grande-Chartreuse, Vercors) forment un ensemble de massifs plissés sédimentaires, essentiellement calcaires, séparés par des cluses (cluses d’Annecy, de Chambéry, de Grenoble), et dominant par de hautes corniches le piémont dauphinois ; le Sillon alpin est une large vallée en auge, d’une altitude moyenne de 200 m à 300 m et large de 10 km à 20 km, s’étendant depuis la vallée du Drac au sud jusqu’à la vallée de l’Arve au nord, englobant le val d’Arly et la moyenne vallée de l’Isère (Combe de Savoie, Grésivaudan) ; à l’est, la zone axiale est constituée par les hauts massifs centraux cristallins (massifs du Mont-Blanc, de Beaufort, de Belledonne, du Pelvoux, de l’Oisans) aux crêtes acérées, couverts de glaciers résiduels (mer de Glace, 2 300 m d’altitude) ; enfin, la zone interne ou intra-alpine est représentée essentiellement par des nappes de charriage (massif de la Vanoise, massif du Mont-Cenis). Le Sillon alpin, où débouchent le cours supérieur de l’Isère (Tarentaise) et la vallée de l’Arc (Maurienne), constitue avec ces derniers d’importants axes de pénétration et de circulation. Les cols sont élevés, à l’image du col de l’Iseran (2 770 m), du col du Mont-Cenis (2 090 m) qui permet de communiquer avec l’Italie, ou encore du col du Petit-Saint-Bernard (2 157 m), en direction de la Suisse. Les cols du Galibier (2 645 m) et du Lautaret (2 058 m) marquent la limite entre les Alpes du Nord et les Alpes du Sud. Moins hautes que les Alpes du Nord et plus arides, les Alpes du Sud offrent davantage d’obstacles naturels et sont moins propices à l’activité économique. Elles présentent un relief plus confus, dominé par des massifs centraux (Oisans, Mercantour) et des cols élevés (col de l’Isoard, 2 361 m). Elles se caractérisent également par une grande extension des massifs de la zone intra-alpine (Briançonnais, Queyras, Embrunais), précédés à l’est et au sud par les chaînons calcaires des Préalpes du Sud : Dévoluy, Diois, Baronnies, Lubéron, monts de Vaucluse et mont Ventoux à l’ouest de la Durance ; Alpilles, Plans de Provence, hauts plateaux désertiques (800 m), entaillés par des gorges profondes (Verdon), massif de la Sainte-Baume, montagne Sainte-Victoire, plateau de Valensole, Préalpes de Digne, de Grasse, de Castellane et de Nice, à l’est de la Durance. 3.2.1.2 Pyrénées françaises Plus ancienne que les Alpes, la chaîne des Pyrénées, qui marque la frontière entre la France et l’Espagne, sépare l’Europe de la péninsule Ibérique. Plus abrupte du côté français que du côté espagnol, elle présente de puissants escarpements et s’allonge sur 430 km, depuis l’Atlantique (Pays basque) jusqu’à la Méditerranée (Roussillon), formant une chaîne étroite (40 km de large pour le versant français). Les Pyrénées françaises culminent dans les Pyrénées centrales (entre la vallée de l’Aspe et le col de Puymorens), au sommet du pic Vignemale (3 298 m), dans le massif de Néouvielle. Elles s’abaissent vers l’Atlantique pour laisser place à une moyenne montagne (Pyrénées occidentales). Plus massives et plus compactes que les Alpes, les Pyrénées forment, contrairement à ces dernières, une montagne-barrière difficilement pénétrable, en dépit d’une altitude moyenne moins élevée (1 008 m). L’isolement et le cloisonnement sont le résultat de l’altitude des cols (col du Tourmalet, 2 115 m ; col du Somport, 1 632 m) et des vallées orientées nordsud (gave d’Oloron, gave d’Ossau, gave de Pau, Ariège), séparées par des lignes de crêtes faisant obstacle aux communications transversales est-ouest. Les Pyrénées orientales (massif du Canigou, 2 784 m) font toutefois exception puisque le relief montagneux y est aéré par de nombreux bassins : Cerdagne, Capcir (haute vallée de l’Aude), Conflent (vallée supérieure de la Têt), le Vallespir (haute vallée du Tech). Les Pyrénées françaises présentent un dispositif structural en bandes longitudinales. On distingue, du nord au sud, une zone axiale constituée de roches anciennes primaires (mont Canigou, pic du Midi de Bigorre), une zone nord-pyrénéenne essentiellement calcaire et fortement plissée et enfin les courts chaînons des Prépyrénées (Plantaurel, Corbières) qui dominent le vaste piémont pyrénéen, constitué de matériaux détritiques. 3.2.2 Moyennes montagnes 3.2.2.1 Aspects géologiques Les zones de moyennes montagnes, qui occupent une grande partie du territoire, présentent des caractéristiques communes, à savoir une altitude modérée, le plus souvent inférieure à 2 000 m, et un relief émoussé, aux formes lourdes et aux sommets arrondis. À l’exception du Jura, les moyennes montagnes correspondent à d’anciens hauts massifs hercyniens, constitués principalement de roches cristallines et métamorphiques (granites, gneiss, micaschistes) formant l’actuel soubassement du territoire français. La formation de ce socle primaire remonte à près de 280 à 300 millions d’années. La France hercynienne se rattache, par ses caractéristiques structurales et morphologiques aux reliefs de l’Europe moyenne. Après avoir été arasés par de longues périodes d’érosion et nivelés à l’état de pénéplaine à la fin de l’ère primaire, ces massifs anciens ont été affectés par les grands mouvements orogéniques de l’ère tertiaire qui ont donné naissance aux Alpes et aux Pyrénées. Le vieux socle hercynien s’est retrouvé, par contrecoup, soulevé et fracturé. Ce vigoureux rajeunissement s’est accompagné de dislocations tectoniques : des portions de socle se sont effondrées (Limagne, Alsace), tandis que certaines cassures ont donné lieu à des phénomènes volcaniques (Auvergne). Cependant, il n’a pas affecté de la même façon tous les massifs anciens. Ainsi, le Massif armoricain ou l’Ardenne, faiblement soulevés, s’apparentent davantage, par leur relief, à la France des plaines et des bas plateaux. 3.2.2.2 Jura Situé dans le prolongement septentrional des Alpes, le massif du Jura (altitude moyenne : 660 m) marque la frontière avec la Suisse depuis la vallée du Rhône jusqu’à la trouée de Belfort, également appelée porte de Bourgogne ou porte d’Alsace, dépression permettant le passage entre les bassins du Rhin (plaine d’Alsace) et de la Saône. Il se poursuit vers le nord-est en Allemagne (Jura souabe et franconien). Le Jura français s’étend sur la Franche-Comté (Jura, Doubs) et dans la Région Rhône-Alpes (Ain), et forme, de Bâle (au nord) à Chambéry (au sud), un long croissant d’environ 250 m de long et 70 km de large. Il se rattache, par ses altitudes et ses reliefs, à la France des moyennes montagnes hercyniennes, mais il s’en différencie par sa structure et sa genèse. Le Jura est en effet une chaîne récente, constituée d’épaisses séries de sédiments secondaires ou mésozoïques (calcaires jurassiques) dont le plissement est contemporain de celui des Alpes. Le dispositif structural de la chaîne oppose le Jura des monts ou Jura plissé (à l’est) au Jura des plateaux (à l’ouest) ou Jura tabulaire. La partie orientale du massif correspond au Jura interne plissé, caractérisé par des plis serrés résultant de l’orogenèse alpine. C’est la partie la plus élevée du massif, culminant au Crêt de la Neige (1 718 m) et au Reculet (1 720 m). Il présente un relief caractéristique (relief jurassien) constitué de plusieurs chaînons parallèles (monts ou anticlinaux), d’orientation nord-est / sud-ouest et entrecoupés par des cluses (cluses des Hôpitaux, de Nantua-Bellegarde et d’Ambérieu-Culoz), et qui se rejoignent vers le sud (Bugey). Ceux-ci sont séparés par des vaux, dépressions développées dans des synclinaux. Le Jura occidental, ou Jura externe, est essentiellement constitué de hauts plateaux karstiques (dolines, rivières souterraines, grottes, reculées, etc.) ondulés, étagés entre 500 m et 1 000 m d’altitude au-dessus de la vallée de la Saône : plateaux de Champagnole, de Levier, de Moirans, de Poligny, d’Ornans, etc. Le rebord occidental (Revermont au sud, Vignoble au nord), profondément indenté par des reculées, domine par des corniches escarpées, d’une hauteur de 300 m, la plaine de la Saône (Bresse au nord, Dombes au sud), remblayée par des dépôts détritiques tertiaires et des dépôts morainiques quaternaires. 3.2.2.3 Vosges D’une altitude modeste (530 m en moyenne), le massif hercynien des Vosges s’allonge au nord de la trouée de Belfort, parallèlement à la plaine d’Alsace et au massif de la Forêt Noire (Allemagne) sur 125 km (du nord au sud), et atteint une largeur maximale d’environ 70 km. Il s’étend sur les Régions de l’Alsace, de la Lorraine et sur une petite portion de la Franche-Comté (Territoire de Belfort, Haute-Saône). La lourdeur de ses formes contraste avec le vigoureux encaissement du réseau hydrographique consécutif au soulèvement tertiaire. Le massif porte les traces des glaciations quaternaires. La dernière glaciation würmienne a donné naissance à plusieurs lacs (lac de Gérardmer, lac de Longemer). Inégalement soulevé, le massif vosgien, essentiellement forestier, présente une double dissymétrie : entre les hautes Vosges cristallines au sud et les basses Vosges gréseuses au nord d’une part, et entre le versant raide alsacien (à l’est) et le versant doux lorrain (à l’ouest) d’autre part. Les Vosges méridionales, ou Vosges cristallines (socle primaire), constituent la partie la plus élevée du massif (altitude supérieure à 900 m). Ses sommets arrondis (ballons) culminent au ballon de Guebwiller (1 423 m) ou au ballon d’Alsace (1 250 m). Les Vosges septentrionales, ou Vosges gréseuses, présentent une couverture sédimentaire (grès roses du trias) datant du début de l’ère secondaire (mésozoïque), découpée par de larges vallées profondément encaissées dont l’érosion a dégagé de belles cuestas. D’altitude plus modeste, elles dépassent rarement 1 000 m. La retombée des Vosges, sur le fossé tectonique (graben) de la plaine d’Alsace, est abrupte, en liaison avec la présence d’un escalier de failles. Le versant alsacien, très raide, présente des dénivellations importantes (jusqu’à 1 000 m dans le sud du massif). Le contact avec la plaine se fait par le gradin intermédiaire des collines sous-vosgiennes. Les plateaux gréseux du versant lorrain ont une déclivité moins forte. La traversée du massif est rendue difficile par l’altitude souvent élevée des cols (1 145 m au col de la Schlucht). La trouée de Saverne (330 m) constitue le seul passage naturel, à travers les Vosges, entre l’Alsace et la Lorraine. 3.2.2.4 Massif central Le Massif central est le plus vaste des massifs hercyniens. À l’instar des Vosges, il a été vigoureusement rajeuni à l’ère tertiaire par le contrecoup du soulèvement des Alpes et du Jura, dont il se trouve séparé par le Sillon séquano-rhodanien (vallées de la Saône et du Rhône). Le socle rigide a été disloqué dans sa partie orientale et centrale en horsts et en fossés d’effondrement, tandis que des phénomènes volcaniques se sont produits à la faveur de certaines cassures. Inégalement soulevé, il forme un massif dissymétrique, plus relevé au sud et à l’est en raison de la proximité du plissement alpin. Le Massif central constitue un ensemble de hautes terres (altitude moyenne : 715 m) couvrant près d’un sixième du territoire (environ 90 000 km2). Il s’étend sur l’Auvergne et le Limousin, ainsi que sur une partie des Régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon, Rhône-Alpes, Centre et Bourgogne. Fortement compartimenté, il présente une grande variété de reliefs et de paysages. La partie occidentale, la moins élevée du massif, est occupée par des plateaux granitiques disloqués, aux paysages monotones, vestiges de la vieille pénéplaine post-hercynienne, s’élevant entre 300 m et 1 000 m d’altitude : plateaux du Rouergue et du Ségala, de la Châtaigneraie, du Limousin (plateau de Millevaches) et de Combraille. Alors que les plateaux du Limousin entrent progressivement en contact avec le Bassin parisien, la retombée du Massif central sur le Couloir séquano-rhodanien (à l’est) et sur la plaine du Languedoc (au sud) est beaucoup plus brutale. Le rebord oriental est constitué par une succession de grands blocs cristallins, depuis le Morvan (Haut-Folin, 901 m) au nord jusqu’à la barrière granitique et schisteuse des Cévennes (mont Lozère, 1 699 m ; mont Aigoual, 1 567 m) au sud. Englobant les monts du Charolais (970 m), du Beaujolais (1 000 m), du Lyonnais (934 m) et du Vivarais (mont Gerbier-de-Jonc, 1 551 m), ces blocs cristallins sont entrecoupés de dépressions (bassins d’Autun, de Montceau-les-Mines, de Saint-Étienne) dont les sédiments primaires carbonifères recèlent des gisements houillers. Le sud du Massif central est composé de montagnes cristallines (Montagne Noire, 1 210 m ; Espinouse ; monts de Lacaune, Sidobre) et de hauts plateaux sédimentaires des Causses (causse Noir, causse Méjean, causse du Larzac, etc.), puissantes tables de calcaires jurassiques au relief karstique (aven Armand) et découpées par de profonds canyons (gorges du Tarn, de la Jonte). Le centre du Massif central est la partie la plus élevée. Elle juxtapose une vaste région de volcans éteints (Auvergne) et des horsts de socle cristallin qui s’étendent depuis les monts de la Madeleine au nord jusqu’à la Margeride et le Gévaudan au sud, en englobant les monts du Livradois et du Forez, aux formes lourdes et aux vallées profondément encaissées (gorges de la Truyère, de la Sioule, de l’Allier, de la Cère, etc.). Les grandes cassures du socle ont donné lieu à des éruptions volcaniques au tertiaire et au quaternaire et à des épanchements de lave (basalte) à l’origine de nombreux édifices volcaniques, notamment en Auvergne : monts du Velay (mont Mézenc, 1 754 m), cônes volcaniques de la chaîne des Puys, massif du Cantal (2 500 km2), planèzes de Saint-Flour et de l’Aubrac, plateaux volcaniques ou cheires (Cézallier, 1 555 m), coulées de basalte du Coiron (Vivarais) et de l’Escandorgue (au sud du Massif central). Les points culminants du Massif central correspondent aux vestiges d’anciens volcans : puy de Sancy (1 886 m, dans les monts Dore), Plomb du Cantal (1 855 m, dans le Cantal) et puy de Dôme (1 464 m, dans la chaîne des Puys). Le nord du Massif central est ouvert par de grands fossés tectoniques longitudinaux, correspondant aux vallées de la Loire et de l’Allier : Bourbonnais, Limagne (Grande Limagne ou Limagne de Clermont, limagnes d’Issoire et de Brioude), bassin du Puy, bassin d’Ambert, bassin de Roanne, plaine du Forez, bassin de Montluçon (vallée du Cher). Ces plaines d’effondrement ont été remblayées par d’épais dépôts détritiques arrachés par l’érosion aux hauteurs voisines. 3.2.2.5 Maures, Estérel, Corse D’autres blocs hercyniens ont été rajeunis dans le sud-est de la France, en bordure de la Méditerranée. Au sud des Alpes, en Provence, s’élèvent le massif schisteux des Maures (signal de la Sauvette, 780 m) et le massif de l’Estérel (mont Vinaigre, 618 m), constitué de porphyres. Le vieux socle hercynien de la Corse (altitude moyenne : 570 m), cristallin à l’ouest et schisteux au nord-est (Castagniccia), a été plus vigoureusement soulevé (monte Cinto, 2 710 m). 3.3 Plaines et plateaux 3.3.1 Caractéristiques générales La France du Nord et de l’Ouest est constituée par des terres peu élevées, aux contrastes topographiques atténués. Le paysage dominant est celui des plaines, des collines et des bas plateaux, ondulant à une altitude moyenne inférieure à 250 m. Cette France des bas pays est la plus favorable à l’agriculture et aux communications. On distingue quatre ensembles structuraux : les grands bassins sédimentaires (Bassin parisien, Bassin aquitain), les plaines d’effondrement (Limagne, Sillon Saône-Rhône, plaine d’Alsace), les plaines d’accumulation littorales (Flandre maritime, plaines du Bas-Languedoc et du BasRhône) et enfin les vieilles pénéplaines des massifs anciens hercyniens faiblement rajeunies (Massif armoricain, Ardenne). Un ensemble de seuils facilite le passage entre ces différentes plaines : seuil de Bourgogne (entre le Bassin parisien et le Couloir séquanorhodanien), seuil du Poitou (entre le Bassin parisien et le Bassin aquitain), seuil de Naurouze ou du Lauragais (entre le Bassin aquitain et la plaine languedocienne), seuil du Cambrésis ou de Bapaume (entre le Bassin parisien et la Flandre). Les paléoclimats du tertiaire et du quaternaire ont laissé de nombreux vestiges, témoignant d’une érosion beaucoup plus active que celle qui prévaut aujourd’hui. Ainsi, la meulière et l’argile à silex du Bassin parisien, le kaolin en Bretagne ou les modelés karstiques du Bassin aquitain sont des formations héritées des phases chaudes du tertiaire (altération, décomposition, karstification). Les amples vallées alluviales du Bassin parisien, nappées de colluvions, les terrasses fluviatiles de la Garonne, directement liées aux variations du niveau marin, les dépôts éoliens (limons ou lœss du Bassin parisien) ou glaciaires (moraines de la vallée du Rhône) sont autant de modelés hérités des actions glaciaires et périglaciaires (gélifraction, gélivation) du quaternaire. 3.3.2 Cuvettes sédimentaires Deux grands bassins sédimentaires se sont développés dans des cuvettes du vieux socle hercynien. Ils couvrent près de la moitié du territoire français. La sédimentation de ces bassins de subsidence s’est effectuée au cours de l’ère secondaire (mésozoïque) et de l’ère tertiaire. Affaissés dans leur centre (subsidence), ceux-ci offrent des horizons plats entrecoupés de reliefs plus marqués (vallées encaissées, cuestas, collines). On retrouve le soubassement hercynien à une profondeur de 3 000 m dans le Bassin parisien (Brie) et à plus de 7 000 m dans le Bassin aquitain (Landes). 3.3.2.1 Bassin parisien Le Bassin parisien (altitude moyenne : 178 m) occupe la plus grande partie de la France septentrionale. Il couvre environ 180 000 km2, soit un tiers du territoire. Bordé par des massifs anciens (Ardenne au nord-est, Vosges à l’est, Massif central au sud, Massif armoricain à l’ouest), il présente une large ouverture sur la Manche et se rattache, au nord, au-delà des collines de l’Artois et de la Thiérache, à la Flandre et à la grande plaine d’Europe du Nord. Il s’étend principalement sur les Régions Île-de-France, Picardie, Champagne-Ardenne, Lorraine, Bourgogne, Centre, Basse-Normandie et Haute-Normandie. Le Bassin parisien est constitué de roches secondaires et tertiaires (calcaires, marnes, craies, argiles, sables, grès) localement recouvertes de dépôts superficiels ; certains sont très favorables à l’agriculture, comme les riches limons de plateaux, dépôts éoliens de lœss, datant du quaternaire, épais de plusieurs mètres, qui caractérisent notamment l’Îlede-France (Brie, Valois, Vexin), la Beauce, la Picardie et la Normandie (pays de Caux). D’une altitude inférieure à 200 m au centre (entre 25 m et 129 m à Paris), le Bassin parisien se relève sur ses périphéries occidentales, pour atteindre 400 m d’altitude dans les collines du Perche, au contact du Massif armoricain, et sur ses périphéries orientales, jusqu’à 500 m d’altitude, dans les plateaux de Lorraine et de Haute-Saône (plateau de Langres). Au centre s’étendent des plaines et des bas plateaux structuraux (plaine de France, Beauce, Brie, Hurepoix, Vexin) surmontés de buttes témoins et dominant les vallées par des coteaux parfois abrupts. À l’ouest et au nord dominent les plateaux de craie (pays d’Auge, pays de Caux, Picardie), accidentés de dépressions argileuses (boutonnières du Boulonnais et du pays de Bray). Au sud, le paysage se caractérise, de part et d’autre de la vallée de la Loire (Val de Loire), par des plaines sablo-marneuses ou sablo-argileuses (Puisaye, Brenne, Sologne), des collines (Sancerrois, Boischaut) et des plateaux (Maine, Berry) aux talus peu accentués, souvent adoucis par des épandages de sables siliceux issus du Massif central. À l’est, le Bassin parisien se caractérise par un paysage de cuestas, disposées en auréoles concentriques de plus en plus relevées vers l’est. Celles-ci se succèdent depuis l’Île-de-France jusqu’aux Vosges (Lorraine), faisant alterner plateaux de revers (Argonne, Champagne crayeuse, Hauts-de-Meuse) développés dans des roches dures (calcaires, craies, grès), talus ou cuestas (côtes de l’Île-de-France, de Champagne, de Meuse, de Moselle, etc.) et dépressions (plaines) creusées par les vallées dans des affleurements de roches tendres, argileuses ou marneuses (Champagne humide, Woëvre). L’ensemble du Bassin parisien se caractérise par de grandes vallées alluviales, larges et souvent encaissées, aux versants dissymétriques, tapissées de colluvions. Le centre du Bassin parisien est drainé par le réseau hydrographique de la Seine, le sud étant arrosé par celui de la Loire. À l’est, la Meuse, la Moselle et leurs affluents s’écoulent vers la mer du Nord. 3.3.2.2 Bassin aquitain Le Bassin aquitain (altitude moyenne : 135 m), dans le Sud-Ouest, est un bassin sédimentaire dissymétrique, constituant la majeure partie des Régions Aquitaine et MidiPyrénées ainsi qu’une portion de la Région Poitou-Charentes. Bordé par le Massif central à l’est et par la chaîne des Pyrénées au sud, il est largement ouvert sur l’océan Atlantique à l’ouest (golfe de Gascogne). Moins vaste que le Bassin parisien, il couvre une superficie de 80 000 km2. Sa structure est également différente, en raison de l’environnement montagneux. Les séries sédimentaires d’âge secondaire, essentiellement calcaires, ont été recouvertes, au centre et au sud du Bassin aquitain, par une grande épaisseur de dépôts détritiques (molasse) d’âge tertiaire et quaternaire, issus de l’érosion pyrénéenne et dont l’accumulation forme l’actuel piémont pyrénéen. Au quaternaire est venu se superposer, au pied du massif pyrénéen, le vaste cône de déjection caillouteux du plateau de Lannemezan, construit par les torrents pyrénéens alimentés par la fonte des glaciers. Le Bassin aquitain offre un paysage varié de plaines et de plateaux étagés drainé par la Garonne et ses affluents. De faible altitude au centre et à l’ouest, il se relève à près de 500 m sur ses périphéries montagneuses orientales (Massif central) et méridionales (Pyrénées). On distingue trois grandes unités régionales : au nord de la Garonne s’étendent des plaines (Charentes, Aunis, Saintonge) et des plateaux karstiques (causses du Quercy, Périgord) développés dans les affleurements de calcaires secondaires et relevés au contact du Massif central ; au sud de la Garonne, le paysage est caractérisé par des collines molassiques, dissymétriques et découpées dans le piémont détritique par les cours d’eau pyrénéens (Adour, gaves). Constituées essentiellement de roches tendres et disposées en éventail au pied des montagnes, elles forment un relief peu marqué : coteaux de Gascogne, collines de l’Armagnac et du Gers, Chalosse, etc. À l’ouest, en bordure de l’océan Atlantique, s’étend la vaste plaine sableuse des Landes, immense épandage de sables quaternaires, saturés d’eau en hiver. Elle est séparée de la mer par un large cordon dunaire, long de 200 km, abritant de nombreux étangs d’eau douce. L’ample vallée de la Garonne se caractérise par ses terrasses alluviales étagées ou emboîtées. 3.3.3 Massifs anciens D’altitude modeste, le Massif armoricain (altitude moyenne : 104 m), à l’extrême ouest, et l’Ardenne, au nord, sont deux massifs anciens arasés et faiblement rajeunis. Les reliefs usés de cette vieille pénéplaine offrent un paysage vallonné de collines et de bas plateaux monotones, aux formes lourdes et aux vallées encaissées. 3.3.3.1 Massif armoricain Le Massif armoricain (65 000 km2) s’étend sur la Bretagne (monts d’Arrée, 384 m ; Montagnes Noires, 326 m ; Trégorrois, Cornouaille), la Région des Pays de la Loire (Vendée, Anjou, Maine) et la Normandie occidentale. Il culmine au mont des Avaloirs (417 m) et à la forêt d’Écouves (417 m), dans le Bas-Maine (Mayenne). 3.3.3.2 Ardenne Dans le nord de la France s’étend l’extrémité sud-ouest de l’Ardenne, vaste massif ancien pénéplané, constitué principalement de grès et de schistes, qui s’étend essentiellement en Belgique et au Luxembourg, et offre un paysage monotone de collines et de plateaux forestiers entaillés par des vallées profondes (Meuse). L’Ardenne française culmine à 505 m au sommet de la Croix-Scaille. 3.3.4 Fossés d’effondrement Les plaines d’effondrement (fossé rhénan, Couloir Saône-Rhône, Limagne du Massif central) occupent des fossés tectoniques résultant des dislocations tertiaires. Elles ont été remblayées par l’accumulation des matériaux détritiques arrachés aux hautes et moyennes montagnes environnantes. 3.3.4.1 Limagne Située au nord du Massif central, la Limagne est un ensemble de bassins drainés par l’Allier. Le plus vaste d’entre eux, la plaine de la Grande Limagne ou Limagne de Clermont, est surmonté de buttes d’origine volcanique au sud, de terrasses sableuses à l’est (les Varennes) et de sols marneux très fertiles au centre. 3.3.4.2 Fossé rhénan Le fossé rhénan, entre les Vosges et le massif de la Forêt Noire, est une plaine de remblaiement traversée par le Rhin (plaine d’Alsace sur la rive gauche du Rhin, pays de Bade sur la rive droite). Il communique avec le Couloir séquano-rhodanien par la trouée de Belfort. 3.3.4.3 Sillon de la Saône Le Sillon de la Saône (entre Morvan et Jura) et du Rhône (entre Alpes et Massif central) forme un axe longitudinal de 400 km de long, depuis la retombée méridionale du massif vosgien au nord jusqu’aux plaines côtières méditerranéennes au sud. Les hauts rebords occidentaux (plateaux bourguignons, retombée du Massif central) correspondent à des escarpements de failles. Les rebords orientaux sont liés à une structure plissée chevauchante (Jura, Préalpes). D’une largeur pouvant varier de 60 km à quelques kilomètres dans les défilés du Rhône moyen (Tournon, Donzère) et d’une altitude généralement inférieure à 400 m, le Sillon de la Saône présente une succession de plaines alluviales et de bas plateaux : plaine de la Bresse, plateau de la Dombes (collines morainiques parsemées d’étangs), Bas-Dauphiné (dépôts détritiques et morainiques) et Comtat venaissin (plaine de remblaiement édifiée par le Rhône et la Durance). 3.3.5 Plaines maritimes Les plaines côtières sont des zones d’accumulation construites par des alluvions fluviatiles (Languedoc, Corse), marines (Flandre maritime) ou fluvio-marines (plaine deltaïque de la Camargue et de la Crau). Dans le nord de la France, les collines crayeuses de l’Artois, d’une altitude supérieure à 200 m par endroits, et les collines de la Thiérache séparent le Bassin parisien de la plaine de Flandre (mont Cassel, 176 m), qui constitue la terminaison sud-occidentale de la grande plaine d’Europe du Nord. De formation plus récente que le bassin de Paris, la Flandre est une région de basses plaines argileuses et sableuses (Flandre maritime, plaine de la Lys). Au sud du Couloir rhodanien s’étendent les plaines méditerranéennes du Bas-Languedoc et du Bas-Rhône, en arrière du golfe du Lion. La basse plaine marécageuse de la Camargue, qui correspond au delta du Rhône, constitue un milieu amphibie encore très sauvage (réserve naturelle de Vaccarès). Elle s’oppose à l’est à la plaine caillouteuse et steppique de la Crau, l’ancien delta de la Durance, aujourd’hui abondamment irrigué. À l’ouest s’étendent les plaines du Languedoc et du Roussillon. Située entre les Corbières au nord, le massif du Canigou à l’ouest et les Albères au sud, la plaine du Roussillon est un ancien golfe occupant une plaine d’effondrement, comblé par des débris arrachés aux massifs environnants. La plaine du Languedoc s’élève vers l’intérieur par des gradins calcaires (les Garrigues, Minervois) jusqu’aux premiers reliefs bordant le Massif central (Montagne Noire, Espinouse). En Corse, les plaines sont rares et exclusivement situées en position littorale (Balagne, plaine d’Aléria). 3.4 Littoral 3.4.1 Caractéristiques générales La France métropolitaine dispose d’un littoral de près de 5 500 km (en comptant les échancrures), qui présente l’originalité d’être ouvert à la fois sur l’océan Atlantique et ses mers bordières (mer du Nord, Manche) et sur la mer Méditerranée, bordée de plusieurs îles dont la plus grande est la Corse. Parmi les autres îles figurent les îles d’Hyères et les îles de Lérins en Méditerranée, les îles d’Oléron, d’Aix, de Ré, d’Yeu, de Noirmoutier, d’Houat, Belle-Île, l’île aux Moines, l’île de Groix, les îles de Glénan, de Sein, d’Ouessant, et de Molène dans l’océan Atlantique, les îles de Batz, de Bréhat et les îles Chausey dans la Manche. Le littoral atlantique, baigné par les eaux de la dérive nord-atlantique et caractérisé par une grande étendue de la plate-forme continentale, est soumis à l’action d’une houle puissante et à de fortes marées. Il s’oppose à la côte méditerranéenne, qui possède une plate-forme continentale étroite et connaît des marées de très faible amplitude. Le littoral français présente en outre une très grande variété de reliefs et de modelés. Le trait de côte, fixé il y a seulement 6 000 à 8 000 ans, à l’issue de la déglaciation, a connu de profondes modifications au cours des différentes phases des glaciations quaternaires : le niveau marin a en effet subi d’importantes variations, oscillant entre - 150 m et + 80 m par rapport au zéro marin actuel. 3.4.2 Littoraux rocheux On distingue deux grands types de côtes : les littoraux rocheux et les côtes basses sableuses. Souvent élevées et abruptes (falaises), les côtes rocheuses caractérisent les régions montagneuses (Alpes maritimes, Pyrénées orientales et atlantiques), les massifs anciens hercyniens (Massif armoricain, Maures, Estérel, Corse) et les plateaux sédimentaires du Bassin parisien (pays de Caux, pays d’Auge). Sur l’Atlantique, les côtes échancrées du littoral breton (Côte d’Émeraude, Côte de Granit rose, etc.) et des Pyrénées (falaises schisteuses du Pays basque) s’opposent aux hautes falaises rectilignes des plateaux sédimentaires de Normandie (Côte d’Albâtre) et de Picardie (Côte d’Opale) qui dominent la Manche. Les côtes bretonnes, profondément indentées, présentent une succession de caps, de baies, de presqu’îles, de golfes et de rias, souvent favorables aux abris portuaires (cap Fréhel, golfe de Saint-Malo, cap Sizun, pointe du Raz, baie d’Audierne, presqu’île de Crozon, golfe du Morbihan, etc.). Les falaises blanches (craie, calcaire) de Normandie et de Picardie sont entaillées par des vallées sèches suspendues (valleuses), tronquées par le recul rapide de la falaise. Elles alternent avec des côtes basses d’accumulations fluvio-marines à l’approche des estuaires (baie de Somme, Marquenterre, baie de la Seine, baie du Mont-Saint-Michel). Les côtes rocheuses méditerranéennes, découpées et souvent élevées, correspondent au littoral provençal (à l’est de l’étang de Berre), à la Côte d’Azur et à la Corse : calanques de la région de Cassis, falaises de porphyres de l’Estérel, « calanches » de Piana, sur la côte ouest de la Corse, etc. 3.4.3 Côtes basses sableuses Les côtes basses sableuses caractérisent les plaines littorales, bordées par des côtes d’accumulation et régularisées par l’action répétée des vagues, de la dérive littorale et des courants côtiers. Le littoral flamand, plat et rectiligne, est longé par un long cordon dunaire, en grande partie fixé par la végétation. L’ancien marais flandrien est aujourd’hui totalement poldérisé. Du sud de la Bretagne à la Gironde, le littoral atlantique se caractérise par une côte basse sableuse (Marais breton, Brière, Marais poitevin) au dessin irrégulier, entrecoupée de pointements rocheux formant une succession de golfes et de caps. Au sud de la Gironde, la côte landaise, bordée par un cordon dunaire, est régularisée et rectiligne, avec pour seule échancrure le bassin d’Arcachon. Les plaines méditerranéennes sont également ourlées par une côte sableuse et régularisée, bordée par un étroit cordon littoral (lido) qui isole un chapelet d’étangs lagunaires (étangs de Leucate, de Thau, etc.) communiquant avec la mer par des passages, les graus. 4 HYDROGRAPHIE 4.1 Organisation géographique du réseau hydrographique français L’organisation du réseau hydrographique de la France est commandée par l’agencement du relief. Véritable château d’eau alimenté par les précipitations apportées par les perturbations venues de l’Atlantique, le Massif central constitue la principale ligne de partage des eaux entre les bassins versants tributaires de la Manche, de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée. L’Atlantique reçoit les eaux des réseaux hydrographiques de la Loire et de la Garonne, ainsi que de nombreux fleuves côtiers (Aulne, Blavet, Vilaine, Sèvre Niortaise, Charente, Adour). La Manche reçoit les eaux des bassins de la Somme et de la Seine, ainsi que celles des fleuves côtiers de Normandie (Orne) et de Bretagne septentrionale (Rance). Les cours d’eau tributaires de la Méditerranée sont représentés par le réseau hydrographique du Rhône moyen et inférieur et de son principal affluent, la Saône, ainsi que quelques fleuves côtiers (Var, Hérault, Aude). Le Rhin et son affluent la Moselle, la Meuse et son affluent la Sambre, et l’Escaut, s’écoulent vers la mer du Nord. 4.2 Principaux fleuves Les quatre principaux fleuves de la France sont la Seine au nord, la Loire à l’ouest, le Rhône à l’est et la Garonne au sud-ouest. Ils se caractérisent par des débits et une extension relativement modestes comparés aux grands fleuves européens (Danube, Volga). 4.2.1 Loire Plus long fleuve français, la Loire (1 020 km) prend sa source au pied du mont Gerbier-deJonc, à 1 400 m d’altitude, dans les monts du Velay (Massif central). Elle draine un bassin de 115 000 km2 (en comparaison, celui du Danube s’étend sur 800 000 km2). Son débit moyen est d’environ 1 000 m3/s à son embouchure. La Loire connaît un régime très irrégulier, marqué par de hautes eaux hivernales et par un étiage estival très prononcé, avec un débit de 200 m3/s à la fin de l’été. Le fleuve se réduit alors à d’étroits chenaux séparés par de larges bancs de sable. Mal domestiquée, coulant au-dessus de sa plaine inondable du fait de l’exhaussement de son lit (ensablement) et entre des levées (turcies) aménagées et consolidées par l’homme, la Loire est réputée pour ses crues brutales et parfois catastrophiques, avec un débit pouvant atteindre jusqu’à 9 000 m3/s. Ses principaux affluents sont la Nièvre et la Maine pour la rive droite, l’Allier, le Cher, l’Indre, la Vienne, le Thouet et la Sèvre Nantaise pour la rive gauche. La Loire se jette dans l’océan Atlantique par un long estuaire où se sont implantés deux grands ports, Nantes et Saint-Nazaire. 4.2.2 Rhône Le Rhône (813 km, dont 522 km en France) est un fleuve puissant, le plus important en termes de débit (1 500 m3/s en moyenne à son embouchure contre 6 500 m3/s pour le Danube). Il prend sa source dans les Alpes suisses (glacier du Rhône), à une altitude de 1 850 m environ, puis pénètre en France, au-delà de Genève et du lac Léman. Il draine un bassin de quelque 100 000 km2. Alimenté par des affluents au régime très diversifié, venant des Vosges (Saône), du Jura (Ain), des Alpes (Durance, Isère) et de la bordure du Massif central (Ardèche), il se caractérise par un débit important toute l’année. Ses principaux affluents sont l’Ain, la Saône (sous-affluent : le Doubs), l’Ardèche et le Gard pour la rive droite ; l’Isère, la Drôme, l’Aigues et la Durance (sous-affluent : le Verdon) pour la rive gauche. Il a formé à son embouchure, dans la mer Méditerranée, un vaste delta (Camargue). Le Rhône est aujourd’hui domestiqué sur la quasi-totalité de son cours. Il a bénéficié d’un plan d’aménagement mené depuis les années 1930 par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), reposant sur la construction de barrages, d’aménagements hydroélectriques, d’équipements industriels et sur le développement de l’irrigation. Malgré ces importants travaux, le débit du fleuve n’est pas totalement maîtrisé à ce jour. Il peut atteindre jusqu’à 10 000 m3/s lors de crues brutales et souvent dévastatrices, comme celles de l’automne 1993. Importante voie de passage, la vallée du Rhône, au sud de Lyon, est devenue, grâce à ces aménagements, un axe industriel et urbain majeur de l’espace français. 4.2.3 Seine La Seine (776 km) draine un bassin de plus de 80 000 km2. Elle prend sa source dans le plateau de Langres, en Bourgogne, à 471 m d’altitude. Bénéficiant d’une alimentation homogène, elle possède un débit moyen relativement faible (autour de 500 m3/s à son embouchure), caractérisé par un régime de hautes eaux hivernales et de basses eaux estivales, mais le fleuve peut néanmoins connaître des crues exceptionnelles ou de graves étiages, rendus de plus en plus rares, toutefois, par les importants aménagements hydrauliques (bassins-réservoirs) réalisés dans le bassin supérieur du fleuve. La Seine constitue l’axe majeur de peuplement et d’activités économiques de la France. Ses principaux affluents sont l’Oise, la Marne et l’Aube pour la rive droite, l’Yonne, le Loing, l’Eure et la Risle pour la rive gauche. La Seine se jette dans la Manche ( voir baie de la Seine) par un long estuaire où se sont établis deux grands ports, Rouen et Le Havre. 4.2.4 Garonne La Garonne (575 km, 650 km avec l’estuaire de la Gironde) est le principal fleuve du sudouest de la France. Elle draine un bassin d’environ 55 000 km2. Elle prend naissance dans les Pyrénées espagnoles (massif de la Maladetta), à environ 1 900 m d’altitude. Son débit moyen est de 700 m3/s à son embouchure. Son régime est complexe et très irrégulier avec de hautes eaux hivernales et un long étiage durant les mois d’été et d’automne. Ce fleuve est lui aussi réputé pour la soudaineté de ses crues, aux conséquences parfois catastrophiques, malgré d’importants aménagements hydrauliques (barrages). Les principaux affluents de la Garonne sont l’Ariège, le Tarn et le Lot pour la rive droite, la Save, le Gers et la Baïse pour la rive gauche. La confluence de la Garonne et de la Dordogne forme l’estuaire de la Gironde. 4.2.5 Rhin et autres fleuves du nord-est de la France Le nord-est de la France est drainé par trois fleuves : le Rhin, la Meuse et l’Escaut. Né en Suisse, le Rhin (1 320 km, dont 195 km en France) présente un débit moyen de 1 000 m3/s à son embouchure, aux Pays-Bas. Ses principaux affluents en France sont la Moselle et l’Ill. 4.3 Principaux lacs La France possède peu de lacs, et ceux-ci sont d’une superficie moyenne. Certains ont une origine naturelle : lacs d’origine glaciaire (lac Léman, lac du Bourget, lac d’Annecy, etc.) et lacs d’origine volcanique (lac Pavin, en Auvergne), étangs lagunaires de la côte méditerranéenne (étangs de Berre, de Vaccarès, de Thau, de Leucate, etc.). D’autres ont une origine artificielle comme les nombreux lacs-réservoirs de barrages (voir Serre-Ponçon, barrage de). Le plus grand lac naturel français, excepté le lac Léman, dont la majeure partie se situe en Suisse, est le lac du Bourget (45 km2). 5 CLIMAT 5.1 Caractéristiques générales 5.1.1 Un climat tempéré océanique Traversée par le 45e parallèle, la France se situe dans la zone tempérée de l’hémisphère Nord. Grâce à sa large ouverture sur l’océan Atlantique, dont les eaux sont adoucies par la dérive nord-atlantique, elle bénéficie d’un climat tempéré océanique. Les vents dominants de secteur ouest, souvent chargés d’humidité, prolongent loin vers l’intérieur les influences maritimes adoucissantes. Toutefois, celles-ci se dégradent vers l’est sous l’effet des influences continentales. 5.1.2 De forts contrastes climatiques Le climat français présente de forts contrastes régionaux et saisonniers. Cette diversité s’explique par la combinaison de plusieurs facteurs : la latitude, la circulation atmosphérique d’ouest, la disposition des reliefs (large ouverture maritime, domaine montagnard), l’influence de la continentalité vers l’est du pays et l’affrontement entre trois masses d’air (air polaire maritime frais et humide, air continental froid et sec, air tropical chaud et sec). La circulation générale d’ouest en est apporte en toutes saisons les perturbations atlantiques du front polaire. Elle est à l’origine d’une forte instabilité climatique qui se traduit par de rapides changements de temps. On constate tout d’abord une forte opposition entre le nord et le sud de la France concernant les isothermes. Les températures atteignent parfois un écart de plus de 15 °C. À ce contraste thermique se superpose une opposition entre l’ouest, dont le climat est plus doux et plus humide, car largement ouvert aux influences et aux perturbations océaniques, et l’est de la France, davantage soumis aux influences continentales. La disposition des températures montre donc deux gradients : une augmentation vers le sud et une diminution vers l’intérieur des terres. 5.2 Saisons 5.2.1 Hiver L’hiver est bien marqué sur l’ensemble du territoire français. Les températures hivernales montrent une opposition entre le littoral, privilégié, et l’intérieur du pays. L’hiver se caractérise, dans les régions littorales atlantiques et méditerranéennes, par la douceur des températures (+ 11 °C de moyenne hivernale à Monaco). Le gel y est un phénomène exceptionnel. Les températures s’abaissent progressivement vers l’intérieur, en raison des effets de la continentalité ou de l’altitude. La Lorraine ou l’Alsace connaissent une moyenne hivernale négative. Le minimum enregistré en hiver est - 41 °C à Mouthe (Doubs) en 1985. 5.2.2 Été L’été est également bien net sur l’ensemble de l’Hexagone, y compris dans les régions montagneuses. Les températures estivales, supérieures à 20 °C sur tout le territoire, montrent à la fois une opposition entre le nord et le sud du pays, et entre l’intérieur et le littoral. Les températures et l’ensoleillement augmentent du nord au sud. Les midis aquitain et méditerranéen sont le domaine du soleil. L’été y est chaud et sec, avec des températures moyennes supérieures à 22 °C. Le bilan radiatif y est beaucoup plus élevé que dans le Nord (autour de 1 600 heures d’ensoleillement à Lille contre 2 900 heures à Toulon). Les maxima de température enregistrés en été sont de + 44 °C à Toulouse en Haute-Garonne (1923) et, plus récemment, de + 43,9 °C à Entrecastaux (Var) en 1982. 5.3 Précipitations 5.3.1 Répartition temporelle des précipitations Les précipitations sont abondantes toute l’année dans l’Ouest de la France, mais inégalement réparties. Elles diminuent vers l’intérieur, mais augmentent avec l’altitude. Dans le Sud, elles sont surtout fréquentes sous forme d’averses en automne et au printemps. Les moyennes annuelles sont d’environ 600 mm à Paris ou à Marseille et de 800 mm à Lyon. Le climat de la France présente de fortes irrégularités interannuelles. Les excès climatiques sont fréquents, tant au point de vue des températures que des précipitations : inondations catastrophiques (Corse, décembre 1993), vagues de froid (février 1956), abondantes chutes de neige en plaine (vallée du Rhône, 1970), absence de neige dans les montagnes (fin des années 1980), sécheresse prolongée (été 1976) et vagues de chaleur (2003), tempêtes (hiver 1999). 5.3.2 Répartition géographique des précipitations De grands écarts de précipitations sont observables selon les régions. Les régions montagneuses du littoral et de l’intérieur, abondamment arrosées, reçoivent en moyenne 1 400 mm par an, voire plus de 2 000 mm au mont Aigoual. Les précipitations sont inférieures à 600 mm annuels dans certaines plaines du nord du Bassin parisien et dans les secteurs en situation d’abri (bassins du Massif central, plaines méditerranéennes), en contrebas des reliefs montagneux. L’Alsace est l’une des régions les moins arrosées de France. 5.4 Vents 5.4.1 Vents continentaux La France, et plus particulièrement ses régions occidentales, est soumise à des vents océaniques dominants de secteur ouest. Relativement frais et tempérés, de direction sudouest en hiver (suroît) et nord-ouest en été (noroît), ceux-ci prolongent loin vers l’est la douceur océanique. En hiver et au printemps surtout, le nord-est du pays subit des vents froids continentaux, de secteur nord-est, comme la bise émise par les anticyclones continentaux stationnés sur l’Europe centrale. 5.4.2 Vents locaux Il existe également de nombreux vents locaux. Ainsi, l’une des particularités météorologiques du sud de la France est la présence du mistral, vent violent de secteur nord (bise continentale de secteur nord-est canalisée par le Couloir Saône-Rhône) qui souffle dans la région méditerranéenne (plus de 100 jours par an dans le Bas-Rhône) à des vitesses pouvant atteindre 200 km/h. Les autres vents locaux méditerranéens sont l’autan (vent de secteur sud-est, chaud et humide, venu de la mer Méditerranée) et la tramontane (vent de secteur nord-ouest, froid et sec). Les montagnes sont régulièrement soumises à un vent de sud-est, chaud et sec, le fœhn. 5.5 Spécificités climatiques régionales En raison de sa double appartenance à l’Europe du Nord et à l’Europe du Sud, la France se situe à la charnière des trois grands domaines climatiques de l’Europe (océanique, continental et méditerranéen). Chacun de ces trois types de climats y est représenté, mais de façon inégale. 5.5.1 Domaine océanique 5.5.1.1 Climat océanique atlantique Le domaine océanique est le plus étendu. On distingue le climat océanique typique (atlantique ou breton) du climat océanique de transition. Le climat océanique atlantique est brumeux, doux et humide en toutes saisons en raison des effets modérateurs de l’océan. Il caractérise l’ouest de la France au nord de la Vendée. La faible altitude des reliefs (plaines, collines, bas plateaux) y favorise la pénétration des influences océaniques vers l’intérieur du territoire. Les contrastes thermiques y sont peu accusés (faible amplitude thermique annuelle, hivers doux et étés frais). La dérive nord-atlantique (voir Gulf Stream) et les vents dominants de secteur ouest adoucissent les températures en hiver et les rafraîchissent en été. La douceur océanique se conjugue à une forte humidité. Les perturbations atlantiques, issues des dépressions formées sur l’océan le long du front polaire (affrontement entre les masses d’air polaire et les masses d’air tropical), se succèdent toute l’année et sont à l’origine de précipitations abondantes (voir météorologie). Celles-ci tombent plus de 200 jours par an, le plus souvent sous la forme de fines averses (crachin). Le temps d’ensoleillement est modeste et le temps facilement instable. Brest connaît une température moyenne de 10,8 °C et un total annuel des précipitations de 1 100 mm en moyenne. 5.5.1.2 Climat océanique de transition Le climat aquitain est davantage ensoleillé, avec des hivers plus doux et des étés plus chauds et moins humides. Il est soumis à une double influence océanique et méditerranéenne (hautes pressions subtropicales en été), avec des précipitations parfois très violentes en été et surtout en automne. Le climat océanique se dégrade progressivement à la fois vers l’intérieur et vers le sud. Le climat parisien, moins humide et à l’amplitude thermique plus importante (étés plus chauds, hivers plus froids), présente déjà des nuances à caractère continental. Les précipitations enregistrent un maximum estival (orages). Paris a une température moyenne de 3,2 °C en janvier et de 19,5 °C en juillet. Le climat océanique connaît, vers l’est (Lorraine, Haute-Bourgogne) et dans les dépressions bien abritées (Alsace, Limagne, Couloir de la Saône), une dégradation continentale plus accusée en raison des influences climatiques venues de l’Europe centrale. L’influence continentale, bien qu’atténuée, donne lieu, dans l’est de la France, à des hivers froids, plus ou moins humides et davantage exposés au gel, et à des étés chauds et orageux. Le climat devient nettement plus sec, les reliefs montagneux arrêtant une grande partie des précipitations. L’amplitude thermique est plus forte : Strasbourg connaît une température moyenne de 0,8 °C en janvier et de 19,1 °C en juillet. À Nancy, la température moyenne annuelle est de 9,5 °C et le total annuel des précipitations oscille autour de 700 mm. 5.5.2 Domaine méditerranéen Le climat méditerranéen caractérise le sud-est de la France et la Corse, dont l’originalité est déterminée par la latitude méridionale, la présence d’une mer chaude et l’existence de reliefs montagneux faisant en partie obstacle aux influences venues du nord ou de l’ouest. Marge climatique, à la charnière du monde tempéré et du monde subtropical, la France méditerranéenne bénéficie en été d’une remontée en latitude des masses d’air tropical chaud et sec (anticyclone des Açores). Le climat méditerranéen alterne donc des étés conjuguant chaleur, ensoleillement et sécheresse, et des hivers cléments, durant lesquels la circulation perturbée d’ouest l’emporte. L’essentiel des précipitations tombe durant les saisons intermédiaires (automne, printemps) et présente parfois un caractère torrentiel, notamment à la fin de l’été et au début de l’automne. Les rivières, à l’étiage estival très bas, subissent alors un brusque gonflement de leurs eaux, qui peut provoquer des crues importantes. Nîmes connaît une température annuelle moyenne de 14,2 °C et reçoit en moyenne près de 740 mm de précipitations par an. Ajaccio, plus au sud, bénéficie d’une température moyenne annuelle de 16,1 °C et reçoit en moyenne 698 mm de précipitations par an. 5.5.3 Domaine montagnard 5.5.3.1 Caractéristiques générales Les reliefs montagneux s’accompagnent d’une dégradation du climat de plaines. L’altitude, la pente et l’exposition influent sur la température, qui diminue d’environ 1 °C par tranche de 180 m d’altitude (en raison d’une baisse de pression). L’ascension des masses d’air, provoquée par la pente montagneuse, entraîne un accroissement des précipitations, principalement sous forme de neige durant la saison froide, supérieures à 2 m pour les massifs les plus élevés. Le climat montagnard (moyennes et hautes montagnes) est donc plus rigoureux et plus humide, et se caractérise par des précipitations neigeuses abondantes, un enneigement prolongé et par la fréquence du gel (plus de 100 jours par an). En été, les températures accusent de forts contrastes diurnes et un rafraîchissement nocturne. 5.5.3.2 Spécificités régionales Le climat montagnard présente cependant des nuances régionales (étés inégalement chauds, importance et durée de l’enneigement) selon les massifs. Ainsi, aux Alpes du Nord, qui connaissent un climat montagnard à tendance continentale, frais et humide, avec une forte amplitude thermique annuelle et un fort enneigement, s’opposent les Alpes du Sud et les Pyrénées orientales, davantage méditerranéennes, plus sèches et plus ensoleillées, tandis qu’un climat montagnard de type océanique, très humide et plus ou moins froid, caractérise le Massif central (Limousin), les Vosges occidentales et les Pyrénées atlantiques. Lus-la-Croix-Haute (Alpes du Nord) connaît une température moyenne annuelle de 7,4 °C et reçoit en moyenne près de 1 100 mm de précipitations annuelles. Les Escalades, dans les Pyrénées-Orientales, a une température moyenne annuelle de 8,1 °C mais ne reçoit que 597 mm. Les différences d’exposition entre les versants ensoleillés exposés au sud (adret dans les Alpes, soulane dans les Pyrénées) et les versants faiblement ensoleillés exposés au nord (ubac dans les Alpes, ombrée dans les Pyrénées) introduisent également des nuances locales. 6 VÉGÉTATION ET FAUNE 6.1 Végétation 6.1.1 Caractéristiques générales La France métropolitaine se caractérise par une grande richesse botanique, allant des lichens et des mousses de type arctique et alpin à des espèces semi-tropicales comme les oliviers et les orangers. Au début du néolithique, la quasi-totalité du territoire était probablement recouverte de forêts, qui ont progressivement disparu dans le cadre d’un processus plus ou moins continu de défrichements. La forêt française (taillis, futaie), dominée par les bois durs, couvrait 15 millions d'hectares en 2000, soit 27,9 p. 100 du territoire, ce qui fait de la France l’une des plus grandes réserves forestières d’Europe (28 p. 100 de la couverture forestière européenne). Elle est constituée à 61 p. 100 de feuillus (chênes, hêtres, peupliers), à 29 p. 100 de résineux et à 10 p. 100 de forêt mixte en voie d’enrésinement. La France présente deux grands domaines végétaux, en étroite relation avec le climat : le domaine bioclimatique méditerranéen et le domaine bioclimatique océanique, aux nuances variées pour l’un comme pour l’autre, notamment lorsqu’ils interfèrent avec le domaine montagnard. 6.1.2 Domaine bioclimatique océanique La France océanique, caractérisée par une végétation naturelle de forêt à feuilles caduques développées sur des sols brun forestier, est le domaine de la chênaie (35 p. 100 de la surface forestière) et de la hêtraie. Le nord de la France présente des variétés de chênes sessiles ou pédonculés, souvent mélangés au hêtre. Le chêne pubescent domine en Aquitaine et dans la vallée du Rhône. Le hêtre est surtout présent dans les régions soumises au climat océanique maritime (Bretagne, Normandie), caractérisé par de fortes précipitations. Parmi les autres essences figurent le bouleau, les charmes, les châtaigniers et les noyers, ainsi que les résineux, héritage de paléoclimats plus froids du quaternaire (Picardie). La dégradation des forêts atlantiques a par ailleurs donné naissance à une végétation basse de lande océanique (bruyère, genêts, ajoncs) évoluant sur des sols lessivés. 6.1.3 Domaine bioclimatique méditerranéen La végétation du domaine méditerranéen présente une adaptation au climat, caractérisé par la sécheresse estivale et par la chaleur : feuilles et tiges protégées d’une couche cireuse, écorces épaisses, rameaux courts, épines ou petites feuilles, longues racines pénétrant profondément dans le sol à la recherche de l’humidité, etc. La végétation climacique y est une forêt dominée par les chênes verts (yeuseraie), caractérisée par de petites feuilles sempervirentes. Les autres espèces sont le pin (pin parasol, pin d’Alep), le châtaignier, le chêne-liège, l’olivier, les bruyères, le laurier, le lentisque, la lavande ou encore le ciste. La forêt méditerranéenne actuelle est une forme très dégradée de la forêt climacique, à l’image des formations basses qui constituent le maquis ou la garrigue. Développé sur un sol généralement siliceux (massifs anciens), le maquis (Corse, Estérel, Maures) se caractérise par une végétation buissonnante, très difficilement pénétrable, composée d’arbustes serrés (arbousier, châtaignier, bruyère arborescente, ciste, olivier sauvage). La garrigue (romarin, lavande, thym, chêne kermès), développée sur des sols calcaires, présente une couverture végétale beaucoup plus ouverte. Les conditions climatiques (sécheresse, vents violents, sols squelettiques) rendent la forêt méditerranéenne très fragile et particulièrement exposée aux incendies. 6.1.4 Domaine bioclimatique montagnard Les régions de hautes montagnes sont caractérisées par une végétation étagée. Les fonds de vallées sont le domaine des champs et des prairies. Les versants montagneux sont couverts de forêts. Les feuillus, dominés par le hêtre, se mêlent aux sapins dans l’étage montagnard (entre 500 et 1 500 m d’altitude). Au-dessus (étage subalpin, 1 500 à 2 400 m), ils cèdent la place aux forêts de conifères (épicéas, mélèzes, pins). La limite de la forêt varie entre 1 800 m et 2 400 m d’altitude selon les massifs, en fonction du taux d’ensoleillement, de l’humidité et de l’exposition. Au-delà (étage alpin) se développent les formations basses de la pelouse alpine (prairies) constituant les alpages. voir étages de végétation. 6.1.5 Principaux massifs forestiers La forêt landaise (1 million d’ha), essentiellement composée de pins maritimes et aujourd’hui préservée par l’instauration d’un parc naturel régional, est la plus vaste forêt d’Europe de l’Ouest. Elle occupe une ancienne plaine marécageuse et insalubre, terres ingrates à la végétation pauvre (lande océanique), dont le drainage et le boisement ont été entrepris sous le second Empire, vers 1857. Les autres grands massifs forestiers sont l’Ardenne (100 000 ha), les Vosges (95 000 ha), les Maures (67 000 ha) et l’Argonne (45 000 ha). Les principales forêts sont la forêt d’Orléans (46 000 ha), de Fontainebleau (25 000 ha), de Bitche (20 000 ha), d’Haguenau (15 000 ha) et de Compiègne (14 500 ha). Grâce à une active politique de reboisement, menée depuis plusieurs décennies, la forêt française a fortement progressé (11 millions d’ha en 1965, 14,8 millions en 1992). Mais, parallèlement, les amputations qu’elle subit sont multiples : défrichement, au rythme de 10 000 ha par an en moyenne (urbanisation) et surtout incendies de forêts, qui anéantissent chaque année plusieurs dizaines de milliers d’hectares. La forêt méditerranéenne est la plus touchée. En 1976, 88 300 ha de forêts ont été détruits par le feu, dont 48 p. 100 en zone méditerranéenne. En 1990, 70 000 ha ont été anéantis, dont 80 p. 100 pour la seule forêt méditerranéenne. Les résineux sont les espèces les plus privilégiées par le reboisement, car ils sont dotés d’un rendement plus élevé que les feuillus. 6.2 Faune La France métropolitaine est assez riche en espèces animales. On recense ainsi 521 espèces de vertébrés se reproduisant régulièrement sur le territoire, comprenant une centaine d’espèces de mammifères, plus de 270 espèces d’oiseaux, environ 35 espèces d’amphibiens et 30 de reptiles, ainsi qu’une centaine d’espèces de poissons d’eau douce. Mais les activités humaines (urbanisation, déboisement, développement du tourisme, etc.) font peser des menaces importantes sur la survie de nombreuses espèces. Pour la seule France métropolitaine, sur environ 150 espèces animales menacées à des degrés divers, 122 sont considérées comme « strictement menacées ». Par ailleurs, 8 espèces de vertébrés ont totalement disparu du territoire depuis le milieu du 6.2.1 XIXe siècle. Mammifères On compte, en France métropolitaine, une centaine d’espèces différentes de mammifères. Mais, à l’instar du reste de l’Europe occidentale, les grands mammifères sont peu représentés. Les plus communs sont le cerf, le daim et le chevreuil. L’ours, s’il a fait l’objet de programmes de réintroduction dans les Pyrénées, n’est plus représenté que par quelques individus, menacés. On rencontre des chamois dans les hautes régions des Alpes et des sangliers dans certaines forêts. Parmi les mammifères de taille plus modeste figurent, notamment, le hérisson d’Europe, le lapin de garenne, le lièvre brun (sur tout le territoire) et le lièvre variable (uniquement dans les Alpes), ainsi que plusieurs carnivores de la famille des mustélidés (belette, putois, vison d’Europe). 6.2.2 Oiseaux, reptiles et poissons Les oiseaux, variés et nombreux, comprennent des espèces résidentes et des migrateurs. Les reptiles de la métropole sont représentés par une trentaine d’espèces, et les seuls venimeux sont les vipères. La carpe, la truite et le brochet sont les poissons d’eau douce les plus courants. Les eaux côtières de l’Atlantique et de la Méditerranée recèlent de très nombreuses espèces de poissons marins : morue, hareng, merlan, maquereau, flétan, sardine, thon, dorade, sole, etc. 7 LA FRANCE D’OUTRE-MER 7.1 Caractéristiques générales : diversité et traits communs 7.1.1 Superficie Très dispersées, les dix possessions françaises d’outre-mer, qui couvrent une superficie totale de 560 551 km2, dont 91 000 km2 pour la Guyane et 432 000 km2 pour la seule terre Adélie, présentent une grande variété de paysages et de climats. 7.1.2 Relief Les possessions françaises ont toutefois de nombreux traits en commun : outre la Guyane (Amérique du Sud) et la terre Adélie (Antarctique), ce sont des terres insulaires volcaniques ou coralliennes (sauf la Nouvelle-Calédonie), éparpillées dans tous les océans du monde (mer des Caraïbes, océan Atlantique, océan Pacifique, océan Indien et océan Antarctique), bénéficiant d’un climat tropical humide (excepté les terres Australes et Antarctiques françaises et Saint-Pierre-et-Miquelon). Elles montrent en outre une opposition majeure entre l’intérieur montagneux, très peu peuplé, et une étroite plaine côtière qui concentre la majeure partie de la population et des activités économiques. 7.1.3 Climat et végétation Le climat tropical, chaud et humide, favorise un couvert végétal dense et luxuriant, d’une grande richesse botanique (2 000 espèces en Martinique). Saint-Denis de la Réunion connaît une température moyenne annuelle de 23,5 °C et reçoit quelque 1 530 mm de précipitations annuelles. On constate cependant une nette opposition entre les versants exposés « au vent » (alizé), très arrosés et à la végétation tropicale luxuriante, et les versants situés « sous le vent », plus secs et à la végétation plus steppique. La mangrove, essentiellement constituée de palétuviers, caractérise les littoraux tropicaux vaseux (y compris en Guyane). 7.1.4 Faune La faune de la France d’outre-mer est extrêmement diversifiée, principalement dans les terres situées en zone tropicale, et comprend de nombreuses espèces endémiques. À titre d’exemple, la Guyane française abrite plus de 180 espèces de mammifères et près de 700 espèces d’oiseaux. On trouve, sur l’ensemble des terres d’outre-mer, plus de 200 espèces de reptiles. Les invertébrés sont également très diversifiés avec, par exemple, environ 400 espèces différentes de mollusques terrestres pour la Guyane et plus de 300 pour la Polynésie française. 7.1.5 Risques naturels Les risques naturels sont importants : nombreuses sont les régions parmi les territoires de la France d’outre-mer à être exposées à une menace tellurique (séismes, raz de marée ou tsunamis), au volcanisme explosif et aux cyclones tropicaux dévastateurs. 7.2 Les Antilles françaises et la Réunion La Martinique (1 100 km²) et la Guadeloupe (1 690 km²), distantes de 150 km et situées dans l’archipel des Antilles (mer des Caraïbes), en bordure de la plaque des Caraïbes, et la Réunion (2 511 km²), dans l’océan Indien, à 700 km à l’est de Madagascar, sont trois petites îles volcaniques. L’intérieur montagneux présente un paysage de dômes volcaniques élevés, ravinés par les pluies tropicales, et de collines escarpées, les mornes, anciens volcans fortement érodés. La Guadeloupe comprend deux îles principales : l’île de Basse-Terre, montagneuse et volcanique, dominée par le volcan de la Soufrière (1 467 m d’altitude), dont la dernière éruption importante date de 1976 ; et l’île de Grande Terre, basse et calcaire, séparée par un étroit chenal de marée, la rivière Salée. Les îles de La Désirade, de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy lui sont rattachées. La Martinique est dominée par la montagne Pelée (1 397 m), et la Réunion, constituée par un empilement de coulées de lave, par le piton des Neiges (3 069 m) et le piton de la Fournaise (2 631 m), aux coulées de lave périodiques. En 1902, l’explosion de la montagne Pelée a fait 28 000 victimes, détruisant la ville de Saint-Pierre. Le climat oppose une saison sèche en hiver (« carême ») et une saison humide en été (« hivernage »). Des cyclones dévastateurs peuvent s’abattre sur ces îles à la fin de l’été (fin août-début octobre) ; en septembre 1989, la Guadeloupe a ainsi été ravagée par le cyclone Hugo. Le littoral montre une alternance de côtes rocheuses à falaises et de côtes basses vaseuses à mangroves ou sableuses protégées par des récifs coralliens (cayes). 7.3 La Guyane française La Guyane française (91 000 km2), située entre le Suriname et le Brésil, connaît un climat subéquatorial (chaleur constante et très forte humidité) favorable au développement d’une végétation luxuriante. Elle est constituée par un vaste plateau (vieux socle pénéplané) dominé par des inselbergs et recouvert par la forêt dense, qui jouxte la grande forêt amazonienne du Brésil. Le littoral est bordé de mangroves (palétuviers). 7.4 Saint-Pierre-et-Miquelon et les terres Australes et Antarctiques françaises Saint-Pierre-et-Miquelon (242 km²), située au sud de Terre-Neuve, au large du Canada, à la convergence des eaux froides du courant du Labrador et des eaux chaudes du Gulf Stream, connaît un climat rude, froid et brumeux, de type périglaciaire. Elle est recouverte d’une végétation basse de toundra. Les terres Australes et Antarctiques françaises (TAAF) sont constituées par les îles Kerguelen (6 000 km²), les îles Crozet (300 km2), l’île Amsterdam (60 km2) et l’île SaintPaul (7 km2), toutes situées dans l’océan Indien, et de la terre Adélie, qui appartient à l’immense inlandsis antarctique et abrite des bases scientifiques. Le climat des TAAF est très rude. 7.5 Les îles du Pacifique 7.5.1 La Nouvelle-Calédonie Bordée par la mer de Corail, la Nouvelle-Calédonie (19 103 km²), située en Mélanésie, à 1 500 km à l’est de l’Australie, est la plus grande île française du Pacifique (deux fois la taille de la Corse). C’est une île calcaire montagneuse, culminant à 1 650 m d’altitude. Les îles Loyauté et l’île des Pins, atolls coralliens, lui sont rattachées. Une barrière de corail (récif-barrière) protège un magnifique lagon. 7.5.2 La Polynésie française La Polynésie française, située dans l’océan Pacifique, à 5 700 km de l’Australie et à 6 200 km des côtes américaines, est composée de cinq archipels : les archipel de la Société (îles du Vent avec Tahiti, îles Sous-le-Vent avec Bora-Bora), les îles Gambier, les îles Tuamotu, les îles Marquises et les îles Australes). Elle comprend près de 130 îles volcaniques (volcanisme de point chaud) et atolls coralliens à peine émergés, entourés de coraux, soit environ 4 000 km2 de terres émergées éparpillées sur une superficie maritime de 5,5 millions de km2. Les cyclones tropicaux sont rares. Situé entre la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna (voir Mélanésie) comprend deux îles volcaniques, Wallis et Futuna. 8 CONTRAINTES ET RESSOURCES DU MILIEU NATUREL FRANÇAIS Le sous-sol français n’est riche ni en minerais ni en combustibles fossiles. Le milieu naturel, en général peu contraignant, offre cependant de nombreux atouts : accessibilité, potentiel touristique (mer, montagne, patrimoine paysager), agricole (clémence du climat, fertilité des sols) et forestier, ressources maritimes et hydrauliques. 8.1 Cadre physique La France bénéficie d’une situation géographique privilégiée, à la charnière entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud, avec une double ouverture sur l’Atlantique et sur la Méditerranée. Elle bénéficie également d’un cadre physique favorable (climat, forêt, sols, accessibilité naturelle). L’aération du relief par de vastes étendues de plaines et de bas plateaux à l’ouest, et l’existence de grands couloirs de pénétration (amples vallées fluviales, fossés tectoniques) à l’intérieur des reliefs montagneux, au centre et à l’est, ainsi que la présence de seuils (Poitou, Lauragais, Bourgogne, Cambrésis) facilitent les communications à l’intérieur du territoire. Les chaînes de hautes montagnes, situées à la périphérie, n’entravent pas les communications intérieures. Seul le Massif central a longtemps constitué un obstacle naturel. 8.2 Ressources minérales et énergétiques Le sous-sol français recèle peu de matières premières minérales (minerai de fer, potasse, bauxite, nickel) et d’énergies fossiles (charbon, hydrocarbures, uranium) à usage industriel. 8.2.1 Charbon Le charbon a longtemps constitué la principale ressource minérale française, mais l’exploitation en est condamnée à terme. Les réserves de charbon sont estimées entre 500 et 600 millions de t, mais la rentabilité est remise en cause par la qualité médiocre et par des conditions difficiles d’exploitation (mines souterraines profondes). Le bassin houiller du Nord, longtemps le plus important gisement en France, a cessé toute activité en 1991. Les principaux gisements en activité sont aujourd’hui les bassins houillers de Lorraine (Forbach) et de Provence (gisement de lignite de Gardanne). 8.2.2 Hydrocarbures La France possède des réserves d’hydrocarbures très limitées. Une prospection active a été menée sur le territoire français et dans les mers bordières, mais les résultats sont restés décevants. Les gisements, localisés en Aquitaine et dans la Brie, sont dispersés et peu productifs. Le gisement de gaz naturel de Lacq est menacé d’épuisement. L’uranium (Bessines, La Crouzille) est actuellement la première ressource énergétique nationale. Les réserves sont estimées à 70 000 t (environ 3 p. 100 des réserves mondiales). 8.2.3 Minerais La France est mieux dotée en minerais. Le gisement de minerai de fer de Lorraine, le plus important d’Europe occidentale, situé sous les côtes de Moselle, est phosphoreux et de faible teneur. Il connaît, comme le gisement de potasse d’Alsace ou les gisements de bauxite du Midi, une forte baisse de production. Le nickel constitue la principale richesse de Nouvelle-Calédonie (un quart des réserves mondiales), qui possède également des mines de cobalt et de chrome. Sa production, victime de la concurrence internationale, tend à diminuer. La France possède encore d’importants gisements sous-marins de nodules polymétalliques, dans l’océan Pacifique, mais leur extraction et leur exploitation industrielle en sont encore à l’état expérimental. 8.3 Catastrophes et risques naturels 8.3.1 Typologie et répartition géographique des risques naturels Différents types de risques naturels d’ordre climatique (sécheresse, coups de froid, tempêtes, cyclones tropicaux), tellurique (séismes), volcanique (Antilles françaises, Réunion), fluviale (inondations) ou autres (glissements de terrain, coulées de boue, avalanches, etc.) peuvent être recensés sur l’ensemble du territoire français (métropolitain et d’outre-mer). Près de 10 200 communes sont directement menacées par une ou plusieurs de ces catastrophes naturelles. Le quart sud-est de la France cumule le plus grand nombre de risques ; des pluies diluviennes s’abattent ainsi notamment, à la fin de l’été ou à l’automne, sur le sud de la France, où elles provoquent régulièrement des crues brutales et des inondations catastrophiques (importants dégâts matériels) et parfois meurtrières (10 morts à Nîmes en 1988 ; plus de 30 morts à Vaison-la-Romaine en septembre 1992). 8.3.2 Origines des risques naturels La plupart de ces risques naturels sont une conséquence de l’action humaine. De nombreux milieux ont, en effet, été fragilisés par des aménagements souvent inconsidérés. La « bétonisation » excessive (routes, parkings) réduit fortement l’infiltrabilité des sols, l’arrachage des haies favorise le ruissellement superficiel et les coulées de boue, etc. La construction en zone inondable suffit à transformer une inondation importante en une catastrophe. De même, l’aménagement des versants montagneux n’a pas toujours tenu compte des précautions indispensables, comme l’attestent les avalanches meurtrières ou les coulées de boue. En juillet 1987, la catastrophe du Grand-Bornand (Haute-Savoie), provoquée par une crue exceptionnelle du torrent du Borne à la suite d’un orage d’une rare violence, a fait 21 morts et 2 disparus. En février 1999, les avalanches ont tué au moins 60 personnes dans les Alpes françaises, autrichiennes, suisses et italiennes, dont 12 dans la vallée de Chamonix-Mont-Blanc. En outre, le risque de tremblement de terre sur la Côte d’Azur est accru par l’intense urbanisation littorale. 8.3.3 Solutions et mesures envisagées D’importants aménagements hydrauliques, couplés avec des équipements hydroélectriques (barrages-réservoirs), ont été réalisés par les pouvoirs publics afin de régulariser le régime des cours d’eau et, par conséquent, limiter les dangers des inondations. Tous les grands fleuves français et leurs affluents en ont bénéficié. La Seine ou le Rhône sont aujourd’hui des fleuves presque complètement maîtrisés. Toutefois, le projet de régularisation de la Loire, dernier grand fleuve sauvage de France et d’Europe, n’a finalement été que partiellement réalisé, en raison de nombreuses pressions écologistes (construction de deux barrages à Naussac et à Chambonchard). 8.4 Domaine maritime 8.4.1 Un potentiel considérable La double ouverture sur l’océan Atlantique (et ses mers bordières, la Manche et la mer du Nord) et sur la mer Méditerranée dote la France métropolitaine d’une façade littorale de 2 690 km et d’un domaine maritime de 150 000 km2. Grâce à ses possessions d’outre-mer, réparties dans tous les océans du globe, elle dispose d’un vaste domaine maritime de 10 millions de km2, en vertu du principe de la zone économique exclusive (ZEE) qui s’étend jusqu’à 200 milles nautiques (370 km) des côtes. La France bénéficie donc d’un immense espace maritime aux potentialités très diversifiées (ressources halieutiques, échanges commerciaux), ouvert sur les différents espaces économiques mondiaux (aire Pacifique, etc.). La France d’outre-mer a une importance géopolitique et géostratégique certaine, dans la mesure où les possessions françaises d’outre-mer permettent à la France d’affirmer sa présence partout dans le monde. Leur potentiel économique reste à ce jour sous-valorisé, en raison d’une trop faible intégration dans leur aire régionale. 8.4.2 Exploitation des ressources Les littoraux français ont été longtemps délaissés par une population tournée vers l’intérieur des terres. Ils offrent aujourd’hui de grandes ressources (tourisme, pêche et aquaculture, sites portuaires et commerce maritime). Le potentiel offert par les mers et par les franges côtières a été déjà largement entamé par une exploitation, parfois excessive, au point de fragiliser le milieu ou d’épuiser les ressources (pollution des côtes et des mers, bétonisation du littoral, surexploitation des fonds océaniques, disparition ou raréfaction des ressources halieutiques, etc.). La prospection pétrolière dans les mers bordières est, à ce jour, infructueuse, et l’exploitation des vastes gisements de nodules polymétalliques de l’océan Pacifique, au large de la Polynésie, reste encore très hypothétique. 8.5 Contraintes d’hier, ressources d’aujourd’hui 8.5.1 Évolution de l’exploitation du milieu naturel La notion de ressources a fortement évolué depuis les années 1950. Pendant longtemps, les seules ressources naturelles de la France se limitaient au potentiel agricole et aux gisements de matières premières (charbon, minerai de fer, potasse). Ces dernières, qui n’ont jamais été très importantes, ont connu un profond déclin (épuisement des gisements, rentabilité insuffisante) après avoir fortement contribué à l’industrialisation du pays. Parallèlement, l’évolution de la société mettant en valeur des milieux autrefois très défavorisés, de nouvelles ressources sont apparues. Certains de ces milieux (fleuves, hautes et moyennes montagnes, littoraux, sols incultes), longtemps considérés comme répulsifs, sont aujourd’hui créateurs de richesses. Ces espaces, alors en marge du territoire, ont connu, au terme d’aménagements de grande ampleur, un renversement spectaculaire de leurs potentialités au point d’être aujourd’hui des atouts majeurs dans l’organisation du territoire. 8.5.2 Aménagements du littoral L’exemple le plus frappant est la colonisation et la transformation des côtes basses sableuses (Aquitaine, Languedoc-Roussillon), espaces autrefois insalubres et inutilisés, voués aux moustiques et au paludisme, et des zones de haute montagne, maintenant consacrés au tourisme de masse (tourisme balnéaire, sports d’hiver). Parmi les principaux aménagements littoraux figure, à partir des années 1960, l’équipement spectaculaire du littoral languedocien en un immense complexe balnéaire. Les efforts ont également porté sur l’amélioration de la qualité des sols au moyen de procédés naturels ou artificiels : amendement par chaulage (Massif armoricain, XIXe siècle), bonification des marais maritimes par poldérisation (Flandre, Marais poitevin, Marais breton, Brière). De nombreuses régions aux sols autrefois incultes sont ainsi devenues de riches terres agricoles ; la transformation des plateaux secs et crayeux de la Champagne pouilleuse en une riche campagne céréalière, à très fort potentiel agricole grâce à l’apport massif d’engrais depuis les années 1950 en est une parfaite illustration. On peut également citer la transformation des landes de Gascogne, plaine marécageuse et insalubre, asséchée et métamorphosée, il y a plus d’un siècle, en un immense massif forestier de pins maritimes. 8.5.3 Aménagements de la montagne La haute montagne française, faiblement exploitée (alpages) et longtemps dépourvue d’implantations humaines permanentes en raison de la rudesse du milieu (climat rigoureux, vigueur des pentes), a connu pareille métamorphose à la suite des politiques d’aménagement touristique qui ont marqué les années 1960-1980. Des stations intégrées de sports d’hiver ont été créées de toutes pièces à des altitudes élevées. Cette bétonisation de la montagne a entraîné une transformation spectaculaire du paysage montagnard et de son économie, mettant en valeur des éléments du milieu jusqu’alors répulsifs, comme l’enneigement, les ubacs (versants exposés au nord permettant un enneigement plus long), abandonnés à la forêt dans l’économie traditionnelle de montagne, la pente et l’altitude. Grâce à leurs nouveaux atouts (neige, pentes), les hautes montagnes françaises offrent désormais d’importantes ressources touristiques, aujourd’hui intensivement exploitées. Les moyennes montagnes, moins bien pourvues en cet « or blanc » que représente la neige, sont restées partiellement à l’écart de cette revitalisation. Elles demeurent à ce jour des milieux souvent peu attractifs, victimes du dépeuplement. 8.6 Potentiel agricole 8.6.1 Richesse des sols La clémence du climat, les faibles contraintes du relief, la qualité et la variété des sols donnent à la France un excellent potentiel agricole et forestier. Les trois quarts du territoire possèdent des sols assez favorables, tandis que le quart restant est couvert de sols médiocres ou pauvres. Une grande partie de la France appartient à la zone des sols bruns forestiers issus de la décomposition des forêts de feuillus atlantiques (à feuilles caduques). En général peu lessivés, ces sols zonaux (liés au climat et à la végétation climacique) sont riches en matière organique et constituent d’excellentes terres arables. 8.6.2 Une exploitation inégale Beaucoup de ces sols bruns connaissent une dégradation sous les influences du climat et du degré de lessivage (sols à tendance podzolique du nord et de l’ouest de la France). Certains sols sont azonaux, issus de l’altération de la roche en place, comme l’argile à silex, sols humides et lourds provenant de la décomposition de la craie (pays d’Auge, Perche) ou encore la terra rossa, argiles de décalcification à bon potentiel agricole, dont la couleur rougeâtre est liée à la concentration des oxydes de fer. La terra rossa tapisse localement la région méditerranéenne, dominée le plus souvent par des sols squelettiques peu favorables aux cultures. Les dépôts superficiels présentent des potentiels agricoles diversifiés. De vastes plateaux du Bassin parisien ont été recouverts de lœss, ou limons de plateaux, accumulation d’origine éolienne parfois épaisse de plusieurs mètres et d’une très grande fertilité. D’autres régions ont été recouvertes par des épandages de sables argilo-sableux et caillouteux en provenance du Massif central. De très faible valeur agricole (sols acides), ils sont parsemés d’étangs, de landes ou de forêts (Sologne, Brenne). Parmi les autres types de sols médiocres, voire stériles, ou difficiles à exploiter figurent les rendzines de certains plateaux calcaires (sols secs, peu épais et caillouteux) du nord du Bassin parisien, les sols acides des régions cristallines (massifs anciens), les terres marécageuses, les sols argileux trop lourds ou encore les sols squelettiques ou inexistants de certains plateaux karstiques (Causses). 8.6.3 Techniques modernes d’exploitation Toutefois, des aménagements ont permis la conquête agricole d’une partie d’entre eux. Modifiés et améliorés par les hommes (chaulage, fertilisation par engrais chimiques, irrigation, poldérisation), des sols naguère considérés comme ingrats sont aujourd’hui dotés d’un excellent potentiel agricole (Champagne sèche, Massif armoricain, marais flandrien). L’irrigation a ainsi transformé une partie du Midi méditerranéen (plaine caillouteuse de la Crau) en une riche plaine agricole. 8.7 Potentiel hydraulique 8.7.1 Abondance des ressources La France possède de grandes ressources hydrauliques offrant de multiples possibilités d’utilisation (tourisme, loisirs, hydroélectricité, eau potable, irrigation, etc.). Les disponibilités en eau sont abondantes, mais inégalement réparties sur l’ensemble du territoire du fait des diversités climatiques et géologiques régionales. Les précipitations (pluies, neige) déversent sur la France en moyenne près de 450 milliards de m3 d’eau par an. Plus de la moitié s’évapore. Le reste alimente les cours d’eau et les nappes phréatiques (par infiltration). Les eaux de surface fournissent 50 p. 100 des besoins en eaux d’origine domestique, agricole, industrielle ou énergétique. Le reste de la consommation nationale est fourni par les nappes aquifères, principalement localisées dans les vallées alluviales et les terrains sédimentaires. Le bilan hydraulique de la France est globalement satisfaisant, les disponibilités en eau étant supérieures aux besoins. 8.7.2 Ressources hydrauliques et industrialisation Toutefois, plusieurs années de sécheresse plus ou moins prononcée ont fortement entamé les réserves, contraignant certaines régions à limiter leur consommation. La France doit également faire face à une consommation d’eau annuelle croissante, du fait des progrès de l’urbanisation et des besoins domestiques (élévation du niveau de vie), et surtout des besoins de l’agriculture (développement de l’irrigation). Les centrales électriques sont les premières consommatrices (plus de 50 p. 100), suivies par l’agriculture, la consommation domestique en eau potable et l’industrie. 8.7.3 Politiques de l’eau Pourtant, la surexploitation, les sécheresses successives et la pollution des eaux douces par les rejets industriels et urbains, ainsi que par les engrais agricoles, qui atteint des degrés très élevés en certains endroits, hypothèquent le potentiel hydraulique. Une politique de l’eau a été mise en place par les pouvoirs publics à partir des années 1960. Les objectifs sont la lutte contre la pollution des nappes et des rivières et la régularisation des régimes des cours d’eau. Plus de 60 barrages-réservoirs ont ainsi été construits afin d’augmenter le volume d’eau stockée en France. Parallèlement, le potentiel hydroélectrique de l’est de la France (Alpes, Rhône, Rhin) a été mis en valeur par de nombreux équipements (aménagement du bassin Arc-Isère ou du bassin Isère-Romanche). 8.8 Politique de l’environnement 8.8.1 Un bilan accablant La France dispose d’un patrimoine naturel et paysager exceptionnel. Celui-ci subit de nombreuses nuisances, et bien des menaces planent sur l’environnement. De multiples interventions humaines ont eu des effets pervers : pollution de l’air et de l’eau (cours d’eau, nappes phréatiques, mers) par l’industrie et l’agriculture, grande consommatrice de produits chimiques (engrais, pesticides), bétonisation et urbanisation incontrôlées, déboisements abusifs et érosion des sols, etc. 8.8.2 Une politique volontariste Une politique de protection de la nature et de l’environnement a progressivement été mise en place à partir des années 1960, bientôt chapeautée par le ministère de l’Environnement, créé au début des années 1970. La gestion du patrimoine naturel repose aujourd’hui sur un arsenal de mesures de protection des milieux naturels les plus fragiles ou les plus exposés aux agressions (marais, littoraux, montagnes). De nombreuses dispositions ont été prises afin de réduire la pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques et d’améliorer la qualité de l’eau (multiplication des stations d’épuration pour le traitement des eaux usées et polluées). Depuis l’échouage du pétrolier géant Amoco Cadiz en 1978 sur la côte nord de la Bretagne (220 000 t de pétrole brut déversées dans la mer, 350 km de côtes polluées), des mesures draconiennes ont également été prises concernant les couloirs de navigation maritime. En 1975 a été créé le Conservatoire du littoral et des rivages lacustres, dont la mission est de protéger les espaces naturels littoraux ou lacustres. À ce jour, plus de 450 km de côtes ont été acquis et sauvegardés. En 1976, une loi générale sur la protection de la nature prévoyant la réalisation d’études d’impact sur l’environnement avant tout aménagement a été adoptée. En 1977, la Directive d’aménagement national relative à la protection et à l’aménagement de la montagne a été mise en place. Elle a pour objectif de mettre fin à la bétonisation des montagnes en limitant et en contrôlant le développement de l’urbanisation en altitude. Les constructions sont désormais interdites au-dessus de 1 600 m dans les Alpes et au-dessus de 1 400 m dans les Pyrénées. De telles mesures limitant le nombre de constructions ont également été prises dans les zones littorales françaises, notamment sur la Côte d’Azur. En 1978, la Directive nationale relative à la protection et à l’aménagement du littoral interdit toute nouvelle construction à moins de 100 m des rivages marins ou lacustres. Plusieurs lois ont été adoptées pendant les années 1980 : loi Montagne de 1985, loi sur l’eau de janvier 1992, réalisation d’un inventaire du patrimoine naturel. Des procédures de classement en parc naturel régional (1967) et national (1968) ont également été adoptées. Aujourd’hui, plus de 9 p. 100 du territoire français (métropolitain et outre-mer) sont préservés par 7 parcs nationaux, 26 parcs régionaux, 188 réserves naturelles et 2 518 sites classés (voir parcs nationaux et réserves naturelles). La France arrive au premier rang des pays de l’Union européenne pour la surface en zones protégées. 2 POPULATION ET SOCIÉTÉ 2 DÉMOGRAPHIE 2.1 Caractéristiques générales 2.1.1 Population d’un pays industrialisé La population de la France métropolitaine était estimée, en 2004, d'habitants, pour un total de 61,3 millions de Français. Elle occupe le 3e à 60,4 millions rang des pays de l’Union européenne et le 20e rang mondial. Entre le recensement de 1946 et 2004, la population française est passée de 40,5 millions à 60,4 millions d'habitants, soit un accroissement de plus de 45 p. 100 en quelque 50 ans contre seulement 4 p. 100 entre 1901 et 1946. La densité moyenne de 111 habitants au km² est nettement plus faible que celle de ses voisins européens (235 habitants au km² en Allemagne, 250 au Royaume-Uni et 481 aux Pays-Bas). La France a aujourd’hui, comme l’ensemble des pays développés, une croissance démographique fortement ralentie. Le phénomène est ancien. Le pays a connu une transition démographique très précoce (dès la fin du XVIIIe siècle) et particulièrement rapide. Alors que les pays d’Europe de l’Ouest connaissaient les deux phases de la transition démographique (qui se traduit par un décalage dans le temps entre la baisse de la mortalité et la baisse de la fécondité), ce qui a engendré une explosion démographique européenne, la France a vu sa fécondité baisser en même temps que sa mortalité. Le poids démographique de la France, pays le plus peuplé d’Europe à la fin du XIXe siècle, s’en est trouvé considérablement modifié. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, la GrandeBretagne et l’Italie étaient nettement plus peuplées que l’Hexagone. Au lendemain de la Libération, l’explosion démographique du baby-boom a mis momentanément fin à plus d’un siècle de dénatalité et de marasme démographique. Le nombre des naissances a connu une forte augmentation pour atteindre un premier maximum en 1949 (869 000), puis un deuxième en 1964 (874 000) contre 600 000 naissances annuelles en moyenne dans les années 1930. Parallèlement à ce renouveau de la natalité, on enregistrait une baisse du taux de mortalité qui est passé de 12,7 p. 1 000 en 1950 à 10,6 p. 1 000 en 1970. Pendant plus de vingt ans, le sursaut du baby-boom a soutenu la croissance démographique, avec un indice conjoncturel de fécondité supérieur à 2,3 enfants par femme (2,9 enfants en 1964) et un taux de natalité supérieur à 18 p. 1 000. Il a provoqué un fort redressement démographique et un profond rajeunissement de la population. Le phénomène s’est ralenti au début des années 1970. Il a été suivi d’une chute brutale de la natalité au cours des années 1973-1976 (720 395 naissances en 1976), qui coïncida avec le début de la crise économique mondiale. Depuis cette époque, l’indice de fécondité se situe en dessous du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme). Après un léger redressement, le nombre des naissances a subi une nouvelle chute au cours des années 1992-1994 (711 000 naissances en 1994), durant lesquelles l’indice de fécondité a atteint un record à la baisse, avec 1,65 enfant par femme. Cette baisse continue de la natalité ou baby-krach, commune à la plupart des nations industrialisées, est à mettre en relation avec un certain nombre de facteurs socio-économiques parmi lesquels la crise économique prolongée, l’accroissement du chômage, le prolongement des études, le recul de l’âge de la maternité, le modèle de la famille à deux enfants, une précarité croissante de l’emploi ou encore l’augmentation du taux d’activité féminine. Cependant, toutes proportions gardées, l’année 2000 a vu une recrudescence des naissances, avec un accroissement de plus de 5 p. 100. La France n’atteint toujours pas le seuil de renouvellement des générations, mais c’est aujourd’hui le pays de l’Union européenne qui connaît la plus forte progression de sa natalité. 2.1.2 Vieillissement de la population La structure par âge de la France révèle un vieillissement accéléré de la population. En 1996, le pourcentage des moins de 20 ans est tombé à 26 p. 100 de la population totale (contre 29,5 p. 100 en 1946), tandis que celui des 65 ans et plus s’élève désormais à 16,4 p. 100 (contre 11,1 p. 100 en 1946). Ce vieillissement démographique, qui caractérise l’ensemble des pays développés, est lié à plusieurs facteurs : la baisse de la fécondité, qui provoque une réduction du nombre des jeunes au sein de la population, et la baisse de la mortalité aux grands âges, qui, conjuguée à l’allongement de l’espérance de vie, entraîne une augmentation du nombre des personnes âgées. Le phénomène ne peut que s’accélérer au cours des prochaines décennies, en raison du vieillissement des nombreuses générations issues du baby-boom et de l’augmentation continue de l’espérance de vie à la naissance. Il risque d’entraîner, à moyen terme, une remise en cause des structures sociales, et notamment du paiement des retraites lorsque se posera le problème du rapport entre le nombre d’actifs et le nombre de retraités. Les plus de 60 ans constituent aujourd’hui un poids économique de plus en plus important, car ils bénéficient d’une retraite longue et d’un pouvoir d’achat relativement élevé. L’espérance de vie atteignait 79,4 années en 2004 (83,3 années pour les femmes et 75,8 pour les hommes) contre 73,7 ans en 1980. Elle a connu une très forte progression entre 1930 et 1960, passant de 54 ans à 67 ans pour les hommes et de 59 ans à 74 ans pour les femmes, mais n’augmente plus que lentement depuis les années 1970. Cet allongement de la vie résulte essentiellement des progrès médicaux et sanitaires qui ont fait reculer la mortalité, particulièrement la mortalité infantile et celle des personnes âgées. Il touche davantage les femmes, dont l’espérance de vie est plus élevée que celle des hommes : 18 p. 100 des femmes pour seulement 12 p. 100 des hommes ont 65 ans et plus. Les comportements démographiques opposent traditionnellement deux France : le « croissant fertile » de la France du Nord et de l’Ouest, plus jeune et plus féconde, et une France du Sud, plus vieille et au faible taux de natalité. Ce contraste s’observe toujours, mais il tend à s’estomper, notamment dans les régions de l’Ouest, autrefois très prolifiques, dont la natalité est désormais inférieure à la moyenne nationale. 2.1.3 La population étrangère Entre 1946 et 1974, la France a connu un solde migratoire très positif : + 1 151 000 personnes entre 1946 et 1954, + 1 387 000 entre 1954 et 1962, + 972 000 entre 1962 et 1968. Après 1974, date de la fermeture des frontières à l’immigration, les apports migratoires ont fortement diminué : + 137 000 entre 1975 et 1982. La baisse est particulièrement sensible depuis le début des années 1990. La France a enregistré 68 000 entrées en 1995 (solde migratoire : + 38 000), contre 110 000 en 1992 (solde migratoire : + 90 000), soit une chute de 40 p. 100 environ. Entre 1993 et 1995, le regroupement familial a reculé de 30 p. 100. Il est impossible de connaître exactement le nombre d’étrangers réellement présents sur le territoire en raison des difficultés de recensement et de l’immigration clandestine, par définition inchiffrable. Selon le recensement de 1990, la France comptait 4,15 millions d’immigrés (étrangers nés hors de France, plus naturalisés devenus français par acquisition de la nationalité) résidant sur son sol, soit 7,7 p. 100 de la population totale, mais seulement 3,6 millions d’étrangers (nés hors de France, 2,85 millions ; nés en France, 0,75 million). En 1996, 1,6 million de Français vivaient à l’étranger, dont 815 000 en Europe. Le nombre d’étrangers est passé de 1,74 million en 1946 à 2,62 millions en 1968, puis à 3,71 millions en 1982. Il est retombé à 3,58 millions en 1990 (soit 6 p. 100 de la population totale). Parallèlement, les naturalisations sont en constante augmentation. Le nombre de Français naturalisés est passé de 853 000 en 1946 à 1,7 million en 1990, soit 3,1 p. 100 de la population. 2.1.3.1 Historique de l’immigration Contrairement aux autres pays européens, qui sont — ou qui ont été — des pays d’émigration en raison des excédents naturels dégagés par la transition démographique, la France est un ancien pays d’immigration. Terre d’asile traditionnelle (Russes blancs, républicains espagnols), confrontée à une longue dénatalité entraînant une stagnation dramatique de sa population, elle a commencé à accueillir massivement des étrangers dès la fin du XIXe siècle (plus d’1 million d’étrangers en 1881) et surtout après l’hécatombe militaire de la Première Guerre mondiale, pour faire face à la pénurie de main-d’œuvre masculine. Le pays a alors absorbé d’importants flux d’immigrés européens (Belges, Polonais, Italiens) et nord-africains. L’immigration a connu une croissance importante au lendemain de la Seconde Guerre mondiale pour satisfaire, une fois encore, les besoins de main-d’œuvre d’une industrie en pleine croissance (période des Trente Glorieuses). Des vagues d’immigrés ont d’abord afflué des pays d’Europe méditerranéenne (Italie, Espagne, Portugal), puis des anciennes colonies du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), et enfin d’Afrique noire (Sénégal, Mali) et d’Asie (Viêt Nam, Cambodge). La crise économique et la montée du chômage ont entraîné un durcissement de la politique migratoire de la France. La fermeture des frontières en 1974 a été suivie de mesures de plus en plus restrictives, à l’image des lois Debré-Pasqua sur l’immigration (1997), légèrement assouplies par la loi Chevènement (mai 1998). L’immigration, qui a enregistré un sérieux coup de frein, n’est pas totalement stoppée. Elle se poursuit dans le cadre du regroupement familial, qui concerne une population essentiellement féminine, et des demandes d’asile politique. Les naturalisations (environ 10 000 par an) et les départs, spontanés (retraités, aides aux retours) ou forcés (expulsions), de l’ordre de 40 000 par an, l’emportent désormais sur l’immigration, ce qui provoque une diminution progressive du nombre d’étrangers. Ceux-ci se heurtent à une législation de plus en plus restrictive. La majorité des demandes d’asile politique est désormais rejetée (84 p. 100 de refus contre 9 p. 100 dans les années 1970), tandis que de nombreuses cartes de séjour ne sont pas renouvelées. En 1995, 4 700 immigrants (9 p. 100) ont obtenu une carte de réfugié, contre 15 500 en 1991. 2.1.3.2 Composition de la population étrangère La diversification des cosmopolitisme de sources la de population l’immigration étrangère. La a considérablement communauté renforcé étrangère le comprend 1,3 million de ressortissants de l’Union européenne et 2,2 millions de ressortissants non communautaires. Toutefois, plus de la moitié des étrangers sont de nationalité européenne. En 1990, la communauté étrangère la plus importante par ses effectifs était constituée par les Portugais, au nombre de 592 636. Venaient ensuite les Algériens (544 540 ressortissants), les Marocains (447 600), les Espagnols (389 224), les Turcs (160 568), les ressortissants des pays d’Afrique noire (254 132) et de l’Asie du Sud-Est (149 392). Les Italiens et les Grecs sont également nombreux. Les ressortissants des pays d’Europe de l’Est (Pologne, ex-Yougoslavie) sont en constante augmentation. Les immigrés, qui occupent des emplois dans l’industrie et dans les services, sont surtout concentrés dans les grandes agglomérations urbaines, et plus particulièrement à Paris et dans les métropoles du Sud-Est (Marseille, Lyon). Ils se caractérisent par une fécondité nettement plus élevée que la moyenne nationale et contribuent, de ce fait, à soutenir la natalité française. Ainsi, à la fin des années 1980, les femmes immigrées, principalement celles originaires d’Afrique du Nord et d’Afrique noire, assuraient près de 11 p. 100 des naissances. Les immigrés clandestins sont difficilement évaluables. Il s’agit d’une immigration économique essentiellement masculine. Leur situation irrégulière les prive de tous droits et de toutes formes de protection sociale. Exploités par des employeurs généralement peu scrupuleux, ils travaillent clandestinement et vivent dans des conditions souvent très difficiles. 2.1.3.3 Politiques d’assimilation Le nombre élevé d’étrangers, dans un contexte de crise économique durable, et leur intégration, notamment pour les enfants d’immigrés nés en France, sont depuis plusieurs années au cœur des débats politiques. Le creuset (melting-pot) français a jusqu’à présent relativement bien fonctionné, et continue de le faire. Tout au long de son histoire, la France a su assimiler ses immigrés. Ainsi, près d’un tiers de la population française actuelle possède au moins un ascendant étranger en remontant à trois ou quatre générations. L’intégration repose sur le principe d’une assimilation culturelle, sociale et économique non discriminatoire, sans distinction de races, de sexes, de religions ou de cultures. Elle s’appuie également sur la naturalisation et sur le principe du droit du sol, qui offre la possibilité à tout enfant né en France de parents étrangers de pouvoir acquérir, s’il en fait la demande, la nationalité française. Selon des études récentes, 51 p. 100 des immigrés qui sont mariés vivent avec un conjoint né en France. Toutefois, l’intégration est rendue difficile aujourd’hui par un phénomène croissant de concentration géographique (banlieues à habitat collectif) qui, conjugué à une insuffisante politique de logements sociaux et à un niveau de vie relativement bas, développe un sentiment d’exclusion sociale, se manifestant régulièrement par des actes de violence, souvent mal perçues dans une partie de la population. 2.1.4 Les Français d’Outre-mer En 2004, les DOM-TOM totalisaient 1,91 million d’habitants sur une superficie habitée de 120 000 km2, soit un peu plus de 3 p. 100 de la population. Les trois « îles à sucre » sont les plus peuplées : la Martinique (429 510 habitants), la Guadeloupe (444 515 habitants) et la Réunion (766 153 habitants) concentrent à elles seules plus des deux tiers de la population française d’outre-mer. Les densités y sont très élevées (406 habitants au km2 à la Martinique). À l’exception de Saint-Pierre-et-Miquelon, peuplée par les descendants d’immigrants basques, bretons et normands, les Français d’outre-mer se caractérisent par un important mélange ethnique, particulièrement poussé dans les Antilles françaises et à la Réunion, dont la population est composée de Noirs descendants des anciens esclaves africains déportés pour satisfaire les besoins en main-d’œuvre, de créoles descendants des anciens colons blancs, d’Indiens (Réunion), de Français métropolitains, dont la présence est souvent temporaire, et de nombreux métis. La Nouvelle-Calédonie est peuplée de Kanaks, population autochtone d’origine mélanésienne (43 p. 100 des habitants), d’anciens immigrants français (bagnards, colons), de Français métropolitains, et d’immigrants originaires du Sud-Est asiatique (Vietnamiens, Indonésiens, etc.). La population de la Polynésie française est en grande majorité d’origine polynésienne. La Guyane se caractérise par une grande diversité ethnique, issue du métissage d’éléments amérindiens, d’anciens esclaves noirs importés d’Afrique et d’anciens immigrants français (bagnards de l’île du Diable). S’y ajoutent de nombreux métropolitains, venus travailler sur la base de lancement du Centre national d’études spatiales (CNES), à Kourou, des réfugiés du Suriname, des populations venues d’Indochine et une forte minorité amérindienne (Arawaks, Caribes, Tupi-Guaranis), vivant dans les terres intérieures isolées. La cohabitation entre les différentes communautés est parfois difficile, comme c’est le cas en Nouvelle-Calédonie où la population mélanésienne est animée d’un fort sentiment indépendantiste. La population des DOM-TOM est aujourd’hui nettement plus jeune que celle de la France métropolitaine. Les moins de 20 ans constituent encore 37 p. 100 de la population. Le taux de natalité reste encore élevé. Toutefois, l’accroissement naturel est en partie annihilé par un fort courant d’émigration vers la métropole, qui touche plus particulièrement les Antilles. D’une manière générale, la grande majorité des habitants des DOM-TOM se concentrent dans les villes et sur les basses terres littorales. La répartition de la population oppose ainsi d’étroites plaines côtières très densément peuplées à des intérieurs montagneux et forestiers aux très faibles densités de peuplement. 2.2 Comportements démographiques Entre les recensements de 1946 et de 1990, la population de la France s’est accrue de 16 millions d’habitants, dont 12 millions par accroissement naturel et 4 millions par apports migratoires. La natalité, la mortalité et les migrations sont les trois facteurs qui conditionnent l’évolution démographique. Ils ont connu de profondes mutations au cours des dernières décennies, avec, comme principale conséquence, une évolution de la structure par âge de la population, en faveur d’un vieillissement continu. Entre 1990 et 1995, la population française a connu une croissance annuelle de 0,45 p. 100 (contre 0,55 p. 100 entre 1985-1990), due pour l’essentiel à l’accroissement naturel. En 2004, l’accroissement naturel était estimé à 0,3 p. 100 (contre 0,7 p. 100 en 1950). L’excédent naturel est passé de 328 000 en 1950 à 200 000 en 1995. Conjugué à l’immigration étrangère, fortement ralentie depuis les restrictions successives imposées depuis 1974, il permet toutefois à la France de poursuivre une timide croissance démographique. 2.2.1 Le taux de natalité La natalité française connaît une baisse continue depuis la fin du baby-boom (20,5 p. 1 000 en 1950, 16,7 p. 1 000 en 1970, 13,4 p. 1 000 en 1990, 12,6 p. 1 000 en 1995). Le taux de natalité atteignait 12,30 p. 1 000 en 2004. En 1996, la France a enregistré 734 000 naissances soit 6 000 de plus qu’en 1995. Cette hausse de 1 p. 100 semble poursuivre la tendance à la hausse amorcée en 1995 (+ 2,5 p. 100 par rapport à 1994) qui faisait suite à trois années creuses (1994 : indice de fécondité 1,65 enfant ; 711 000 naissances). L’indice conjoncturel de fécondité est stabilisé autour de 1,85 enfant par femme en âge de procréer, un chiffre trop faible pour assurer le renouvellement des générations mais néanmoins supérieur au taux moyen européen (1,4 enfant par femme), la natalité française étant traditionnellement soutenue par l’immigration. L’âge moyen de la maternité est de plus en plus tardif : il était de 29 ans en 1995 contre 27 ans en 1987. Les causes en sont multiples : prolongation des études, contrôle des naissances grâce à la généralisation de la contraception, accroissement de l’activité professionnelle des femmes, crise économique et importance du chômage féminin qui favorise l’attentisme, etc. 2.2.2 Le taux de mortalité Le taux de mortalité est aujourd’hui l’un des plus faibles des pays développés. Il est de 9,10 p. 1 000 en 2004. En 1998, la France a enregistré 534 000 décès contre environ 650 000 par an dans les années 1930. La baisse de la mortalité et son corollaire, comme l’allongement de la durée de la vie, résultent essentiellement de la réduction de la mortalité infantile et de la mortalité aux grands âges, des progrès de la médecine (recherche, soins, encadrement, prévention), de l’amélioration des conditions de vie, de l’éducation et de l’hygiène individuelle et collective. Le taux de mortalité infantile, qui s’élevait à 52,3 p. 1 000 en 1950 et encore à 18,2 p. 1 000 en 1970, est estimé à 4,30 p. 1 000 en 2004. C’est l’une des plus faibles mortalités infantiles du monde. La surmortalité masculine entraîne une surreprésentation des femmes dans la population (51,3 p. 100 en 1994), surtout sensible au-delà de 65 ans. 2.2.3 Le taux de nuptialité Le taux de nuptialité (4,4 p. 1 000 en 1994 contre 7,8 p. 1 000 en 1970) a fortement baissé au cours des deux dernières décennies. L’année 1994 a connu un record à la baisse avec 254 000 mariages (contre 416 000 en 1972). Ce recul du mariage se conjugue avec un âge moyen au premier mariage de plus en plus tardif : 28,7 ans pour les hommes (24,4 en 1970) et 26,7 ans pour les femmes (22,4 en 1970). L’année 1996 a été marquée par une légère reprise de la nuptialité : le nombre de mariages s’est élevé à 279 000, soit une augmentation de 10 p. 100 par rapport à 1995 et, en 1998, 282 100 unions officielles ont été enregistrées (4,6 p. 1 000). On note également, depuis deux décennies, une multiplication des naissances hors mariage, qui concernent désormais un enfant sur trois (34,9 p. 100 en 1994 contre 6,8 p. 100 en 1970), contre seulement 14,9 p. 100 en Allemagne, mais plus de 49 p. 100 en Suède, une forte progression des divorces (taux de divorces : 1,9 p. 1 000 en 1992) et un développement croissant du concubinage et des ménages « mono-parentaux » (6,6 p. 100 des foyers en 1994 contre 4,4 p. 100 en 1970). 3 DIVISIONS ADMINISTRATIVES ET VILLES PRINCIPALES 3.1 Régions françaises et possessions d’outre-mer La France métropolitaine est composée de 22 Régions, qui sont subdivisées en 96 départements et 3 808 cantons. Ces Régions sont : l’Alsace, l’Aquitaine, l’Auvergne, la Basse-Normandie, la Bourgogne, la Bretagne, la Région Centre, la Région ChampagneArdenne, la Corse, la Franche-Comté, la Haute-Normandie, l’Île-de-France, le LanguedocRoussillon, le Limousin, la Lorraine, la Région Midi-Pyrénées, le Nord-Pas-de-Calais, les Pays de la Loire, la Picardie, la Région Poitou-Charentes, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) et la Région Rhône-Alpes. Les dix possessions d’outre-mer, qui constituent les derniers vestiges de l’ancien empire colonial français, bénéficient de statuts administratifs divers. Il existe quatre départements d’outre-mer (DOM), la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion, qui constituent chacun une Région mono-départementale ; quatre territoires d’outre-mer (TOM), la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis et Futuna et les terres Australes et Antarctiques françaises (TAAF), dotés chacun d’un statut particulier et jouissant d’une plus grande autonomie ; et deux collectivités territoriales, Mayotte (statut de 1976) et SaintPierre-et-Miquelon (statut de 1985). La Polynésie française est administrée par un gouvernement émanant de l’Assemblée territoriale élue tous les cinq ans dans le cadre de cinq circonscriptions. Le Territoire élit deux députés et un sénateur, les intérêts de la République étant représentés par un haut-commissaire. En Nouvelle-Calédonie, le pouvoir exécutif est exercé par un haut-commissaire nommé par le gouvernement, assisté des présidents des trois Assemblées de province et du président du Congrès territorial, groupant l’ensemble des membres des assemblées des provinces. Le Territoire élit également deux députés et un sénateur. En vertu du protocole d’accord de Nouméa, conclu en avril 1998, la Parlement a adopté, en février 1999, les projets de loi définissant le fonctionnement des futures institutions de la Nouvelle-Calédonie, prévoyant un transfert progressif de compétences de l’État au bénéfice de l’île, jusqu’au référendum sur l’indépendance qui aura lieu en 2015. Enfin, le Territoire de Wallis et Futuna, qui élit pour sa part un député et un sénateur, est géré par un administrateur supérieur représentant l’État. Celui-ci est assisté par un Conseil territorial, dont les attributions sont essentiellement consultatives. Les deux collectivités territoriales, Saint-Pierre-et-Miquelon et Mayotte, dotées d’un statut particulier, élisent chacune un sénateur et un député, et possèdent toutes deux un conseil général. L’État y est représenté par un préfet. 3.2 Administration locale et départementale Les 96 départements métropolitains sont répartis en 21 Régions et une collectivité territoriale à statut particulier (la Corse). En 1981, le gouvernement du président Mitterrand a introduit la décentralisation, créant des conseils régionaux aux compétences élargies. Dans chaque Région, les conseillers régionaux élisent un exécutif régional présidé par un président de Région. Les départements sont divisés en cantons, qui élisent les conseillers généraux, et en plus de 36 000 communes, qui sont dirigées par des conseils municipaux de 10 à 36 membres, élus pour un mandat de cinq ans. Chaque conseil municipal élit un maire. Dans chaque département, un préfet, nommé en Conseil des ministres, représente l’État. Il existe également des préfets de Région ( Voir aussi collectivités locales et territoriales). 3.3 Villes principales et urbanisation La France est un pays fortement urbanisé. Environ 73 p. 100 des Français résident dans une agglomération urbaine de plus de 2 000 habitants et 96 p. 100 vivent dans une zone de peuplement industriel et urbain (ZPIU), celle-ci incorporant les communes rurales directement sous l’influence des villes. La présence d’amples vallées fluviales et de vastes couloirs d’effondrement a favorisé le développement de nombreuses villes-carrefours, tandis que des villes portuaires jalonnent les côtes françaises de la mer du Nord et de la Manche (Dunkerque, Calais, Boulogne-surMer, Dieppe, Le Havre, Cherbourg), de l’Atlantique (Brest, Lorient, Saint-Nazaire, Nantes, La Rochelle, Bordeaux) et de la Méditerranée (Marseille, Toulon, Nice). Vers 1850, les trois quarts des Français vivaient encore dans une commune rurale. L’urbanisation s’est surtout développée durant le XXe siècle, à la faveur d’un exode rural massif et d’une rapide industrialisation du pays. C’est en 1934 que la population urbaine a dépassé la population rurale. Le nombre de communes urbaines a plus que doublé depuis 1851, tandis que la taille moyenne d’une ville est passée de 11 000 à 22 000 habitants. Le réseau urbain français se caractérise par l’hypertrophie de l’agglomération parisienne, par la faible taille des pôles secondaires et par un nombre particulièrement élevé de petites et moyennes communes, sans équivalent en Europe occidentale. La France du Nord et de l’Est, très fortement urbanisée et densément peuplée (Nord-Pas-de-Calais, 324 habitants au km²) se rattache à la dorsale ou Mégalopole européenne. La capitale et la plus grande ville de France est Paris, qui comptait en 1999 une population de 2 125 246 habitants. L’immense agglomération parisienne totalise 9,63 millions d’habitants. Elle constitue, avec Londres, la première métropole d’Europe occidentale, et connaît un rayonnement international. Les autres grandes métropoles françaises sont Lyon (445 452 habitants, 1 353 000 dans l’agglomération), Marseille (798 430 habitants, 1 087 376 dans l’agglomération Marseille - Aix-en-Provence), et Lille (184 657 habitants, 950 265 habitants Bordeaux dans l’agglomération (215 363 habitants, Lille-Roubaix-Tourcoing). 685 456 dans Viennent l’agglomération), ensuite Toulouse (390 350 habitants, 608 430 dans l’agglomération), Nantes (270 251 habitants, 492 255 dans l’agglomération), Nice (342 738 habitants, 475 507 dans l’agglomération), Strasbourg (264 115 habitants, 388 483 dans l’agglomération), Saint-Étienne (180 210 habitants, 313 338 dans l’agglomération), l’agglomération), Le Havre Rennes (190 905 habitants, (206 229 habitants, 253 627 dans 245 065 dans l’agglomération) et Montpellier (225 392 habitants, 236 788 dans l’agglomération). En 1999, plus de 20 autres villes françaises avaient une population supérieure à 100 000 habitants. Les citadins se concentrent de plus en plus dans les grandes agglomérations (contribuant ainsi au phénomène de métropolisation). Plus de la moitié d’entre eux réside aujourd’hui dans des métropoles de plus de 200 000 habitants. Quelques grandes régions urbaines (région parisienne, région lyonnaise, littoral méditerranéen, etc.) concentrent aujourd’hui l’essentiel de la population, des activités et des richesses. Depuis 1975, et même plus tôt pour Paris, les grandes villes françaises voient leur population diminuer au profit le plus souvent de banlieues tentaculaires. Paris, qui a perdu près d’un tiers de sa population depuis 1945, détient le record du déficit migratoire. Le tissu urbain s’est profondément transformé. Le dépeuplement des espaces centraux des agglomérations s’est accompagné d’une tertiarisation massive des activités (bureaux, services, commerces, établissements culturels, etc.). Rénovés et embellis, les centres-villes demeurent, pour l’ensemble des banlieues, des pôles essentiels d’attraction et d’animation. Le phénomène de desserrement urbain a entraîné une forte croissance spatiale des agglomérations. Les banlieues s’étalent de plus en plus loin, par le biais de la périurbanisation et de la rurbanisation, grignotant progressivement les espaces agricoles environnants. Plus de 12 millions d’habitants résident aujourd’hui dans les communes périurbaines (10 p. 100 du territoire). Longtemps victimes du dépeuplement, les campagnes redeviennent des espaces de plus en plus attractifs, pour des populations urbaines lassées par les nuisances de la ville (exiguïté, bruit, circulation saturée, pollution) et le coût élevé des loyers, et à la recherche d’un habitat individuel plus spacieux et plus proche de la nature. Ainsi, ce sont les communes rurales situées dans les ZPIU qui enregistrent de nos jours la plus forte croissance (+ 11 p. 100 entre 1982 et 1990). Les activités industrielles et les grands commerces sont rejetés vers la périphérie et se concentrent dans des espaces spécialisés (zones industrielles, zones commerciales, parcs d’activités, technopoles). Aujourd’hui, plus d’un actif sur deux ne travaille pas dans la commune où il réside. Cette dissociation croissante des zones résidentielles et des zones d’activités induit d’importants mouvements pendulaires. Certaines banlieues à habitats collectifs souvent anciens et dégradés concentrent de graves problèmes socio-économiques liés aux difficultés d’intégration des jeunes populations immigrées, confrontées à la montée du chômage, de l’échec scolaire et de la violence. 3.4 Mobilité et répartition de la population La densité moyenne de population masque une très inégale répartition des habitants sur le territoire français. Quatre Régions monopolisent 43 p. 100 de la population sur 18 p. 100 du territoire national : l’Île-de-France, la Région Rhône-Alpes, la Région Provence-AlpesCôte d’Azur (PACA) et le Nord-Pas-de-Calais. Un premier contraste oppose donc une France densément peuplée, correspondant aux Régions les plus fortement et les plus anciennement industrialisées et urbanisées, situées à l’est d’une ligne Le Havre-Marseille (90 p. 100 de la population française en 1994), à une France aux faibles densités, plus rurale, au tissu industriel et urbain moins développé (10 p. 100 de la population). Un second contraste, particulièrement frappant, oppose la Région Île-de-France, la plus petite en superficie (12 011 km²) après la Corse, mais la plus fortement peuplée, au reste du pays (la « province »). Centrée sur l’agglomération parisienne, celle-ci groupait en 2002, sur 2 p. 100 du territoire, 11 078 000 habitants, soit un cinquième de la population. Cette très forte concentration est le fruit d’une longue politique de centralisation politique, économique et culturelle autour de la capitale, Paris. Une politique d’aménagement du territoire, mise en place par la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale (DATAR), et de décentralisation politique et industrielle, est menée depuis plusieurs décennies pour favoriser un rééquilibrage régional, mais ses effets sont restés à ce jour limités. Elle n’a en rien entamé le poids démographique et économique de la région-capitale. Les autres Régions les plus peuplées (Rhône-Alpes, 5 767 000 habitants ; PACA, 4 626 000 habitants ; Nord-Pas-de-Calais, 4 017 000 habitants) arrivent loin derrière. Aux contrastes est / ouest et Paris / province s’ajoute une dernière dissymétrie opposant centre et périphérie du territoire. Un tiers seulement des départements a une densité supérieure à la moyenne nationale, tandis qu’un autre tiers, le « désert français », a une densité inférieure à 50 habitants au km2. Les espaces de densités élevées, autres que l’Îlede-France, présentent une disposition concentrique sur tout le pourtour de l’Hexagone, en une couronne discontinue de foyers de peuplement industriel et urbain (Nord-Pas-de Calais, Lorraine septentrionale, plaine d’Alsace, Couloir séquano-rhodanien, littoral méditerranéen, vallée de la Garonne, basse Loire, littoral breton, basse Seine et littoral de la Manche). Ils s’opposent à de vastes espaces très faiblement peuplés, confrontés à un dépeuplement massif et à un vieillissement accéléré. Cette France du vide forme un vaste croissant (la diagonale du vide) prenant en écharpe l’Hexagone, depuis le département de la Meuse (Lorraine) au nord-est jusqu’au département des Landes (Aquitaine) au sudouest, en englobant le Massif central, ainsi que l’est et le sud du Bassin parisien. On peut également lui rattacher les zones de hautes montagnes (Alpes, Pyrénées). Caractérisée par des centres urbains et industriels isolés (Troyes, Nevers, Clermont-Ferrand, Limoges, etc.), elle est formée par un ensemble de départements présentant une très faible densité de population (10 départements comptent moins de 30 habitants au km2), dépeuplés par plus d’un siècle d’exode rural. Ces espaces désertés correspondent, le plus souvent, aux zones de montagnes et de hauts plateaux (Causses, plateau lorrain, garrigues, etc.), caractérisés par des milieux naturels souvent répulsifs et des terres ingrates, en liaison avec la rudesse du climat, la rareté des eaux de surface (plateaux karstiques des Causses), la faible productivité des sols (sols siliceux des massifs anciens), la vigueur des pentes, etc. Le recensement de 1990 a révélé une grande mobilité de la population française. Les migrations internes, longtemps dominées par l’exode rural, se caractérisent depuis plusieurs décennies par deux types de mouvements de population : le desserrement urbain et les migrations interrégionales. Les migrations interrégionales, qui ont concerné 5 millions de Français entre 1982 et 1990 (surtout de jeunes adultes et de nouveaux retraités), opposent des Régions attractives (solde migratoire positif) à des Régions répulsives (solde migratoire négatif). Elles décrivent, pour l’essentiel, un mouvement du nord vers le sud. La Région Île-de-France, qui, pendant des décennies, a absorbé la plupart des flux de l’exode rural, continue à être le pivot des migrations internes. Elle exerce une forte attraction sur les jeunes adultes à la recherche d’un emploi. Inversement, le solde migratoire devient très négatif pour les retraités. Les Régions du midi de la France (MidiPyrénées, Languedoc-Roussillon, PACA) sont, depuis plus de vingt ans, les plus attractives. Principales destinations d’accueil, elles présentent un taux de migrations interrégionales supérieur à 4 p. 100 entre 1982 et 1990. Leur attractivité, phénomène relativement récent, repose sur un fort dynamisme économique et sur l’héliotropisme conjugué à une meilleure qualité de vie. Les Régions connaissant le plus fort taux de départs sont les vieilles régions industrielles du Nord et de l’Est (Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, Franche-Comté, Champagne-Ardenne), confrontées à une grave crise de leurs industries traditionnelles, ainsi que l’Île-de-France, qui a connu un déficit migratoire de 300 000 habitants entre 1982 et 1990. On assiste donc, depuis quelques décennies, à un renversement des flux migratoires traditionnels. Après avoir alimenté pendant plus d’un siècle l’exode rural vers l’agglomération parisienne et les régions industrielles du Nord et du Nord-Est, la France du Sud, et dans une moindre mesure aujourd’hui, la France de l’Ouest, sont les principales bénéficiaires des migrations internes en provenance, désormais, des régions de la France septentrionale. Toutefois, une grande partie des départs y est compensée par un excédent naturel plus élevé que la moyenne nationale, caractéristique d’une population encore relativement jeune et traditionnellement féconde. 4 INSTITUTIONS ET VIE POLITIQUE 4.1 Cadre institutionnel : la Ve République La France est une république ; son régime, semi-présidentiel, est régi par la Constitution d’octobre 1958. Ce texte réduit les possibilités pour le Parlement de renverser le gouvernement, renforçant la stabilité ministérielle en développant les mécanismes du parlementarisme rationalisé (article 49.3, possibilité pour le gouvernement de prendre des mesures législatives par ordonnances). Parallèlement, la Constitution renforce l’autorité et les pouvoirs du président, qui se réserve un droit de regard privilégié sur la politique étrangère et la politique de défense (« domaine réservé »). Investi de la souveraineté, le peuple français exerce son pouvoir à travers les élections législatives, l'élection présidentielle et lors des consultations par référendum. Le Parlement se compose de l’Assemblée nationale (577 députés, élus pour cinq ans) et du Sénat (321 membres, élus pour neuf ans), qui peuvent être réunis en Congrès pour opérer une révision de la Constitution. L’Assemblée nationale est élue au suffrage universel direct, au scrutin majoritaire d’arrondissement à deux tours. L’Assemblée est l’expression directe de la souveraineté populaire ; investie de la mission de voter la loi, elle peut mettre en jeu la responsabilité du gouvernement. Les sénateurs sont élus au suffrage indirect, par un collège électoral composé des députés, des conseillers généraux, des conseillers régionaux et de délégués des conseils municipaux. Par son mode d’élection, le Sénat tend à accorder une représentation importante aux régions rurales et aux villes moyennes, ainsi qu’aux Français de l’étranger. La Constitution de 1958 a créé un nouvel organe, le Conseil constitutionnel, autorité indépendante qui a tout pouvoir pour superviser les élections et les référendums et qui juge de la conformité de la loi à la Constitution et au bloc de constitutionnalité incluant les grandes lois de la République depuis 1789 et les « principes particulièrement nécessaires à notre temps », mentionnés dans le préambule de la Constitution de 1946. Le Conseil comprend neuf membres, nommés pour neuf ans par le président de la République et les présidents des deux assemblées. Les anciens présidents de la République en sont membres de droit. Le droit de vote est fixé à dix-huit ans en France. 4.2 Pouvoir exécutif 4.2.1 Le président de la République Élu au suffrage universel direct depuis 1962, le président de la République est mandaté pour cinq ans — jusqu’au référendum de septembre 2000, le mandat était fixé à sept ans. Son mandat est renouvelable et il dispose du droit de dissoudre l’Assemblée nationale après consultation des présidents des deux assemblées parlementaires. Le président est le chef des armées et préside le Conseil supérieur de la magistrature, le Comité de défense nationale et le Conseil des ministres. Il désigne le Premier ministre et nomme les ministres en accord avec ce dernier. En cas de vacance ou de décès, la fonction présidentielle est provisoirement exercée par le président du Sénat. 4.2.2 Le gouvernement Le Premier ministre et le Conseil des ministres sont responsables uniquement devant l’Assemblée nationale, bien que le Premier ministre ait la possibilité de demander au Sénat d’approuver une déclaration de politique générale. En pratique, le Premier ministre est également placé sous l’autorité du président de la République, qui peut lui demander sa démission en cas de désaccord sur la politique gouvernementale. Le Premier ministre dispose de l’administration, il est le responsable de la mise en œuvre de la politique gouvernementale et intervient également à ce titre dans les domaines de la défense et des affaires étrangères. Lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure, ou lorsqu’elle rejette le programme ou une déclaration de politique générale, le Premier ministre doit présenter la démission de son gouvernement. 4.3 Pouvoir législatif Le Parlement français est constitué de deux chambres, l’autorité législative suprême appartenant à l’Assemblée nationale. Le Sénat a un vrai rôle législatif et peut retarder, à défaut de pouvoir l’empêcher, l’adoption des lois : si les deux chambres sont en désaccord à propos d’une loi, la décision finale dépend de l’Assemblée nationale qui peut, après deux tours de « navette », ou bien accepter les amendements du Sénat, ou bien faire passer son propre texte. La Constitution de 1958, qui prévoyait pour les assemblées deux sessions annuelles d’une durée totale de cinq mois et demi, a été révisée en 1995 pour permettre la tenue d’une session unique de neuf mois. La responsabilité du gouvernement peut être mise en jeu par le dépôt d’une motion de censure, qui n’est considérée comme adoptée que si elle a recueilli la majorité absolue (au lieu de la majorité des votants comme dans la Constitution de 1946). La Constitution interdit, par ailleurs, à ceux qui ont présenté une motion de censure repoussée d’en présenter une autre au cours de la même session. À la différence des Constitutions précédentes, les fonctions de ministre et de parlementaire sont incompatibles ; divers dispositifs tendent à limiter le cumul des mandats. Les amendements constitutionnels peuvent être adoptés après approbation des deux chambres et un référendum populaire, ou par la simple approbation des trois cinquièmes du Parlement réuni en Congrès à Versailles. 4.4 Pouvoir judiciaire Pour les infractions mineures, la justice est rendue par les tribunaux d’instance (au nombre de 473). Les tribunaux de grande instance (au nombre de 181) jugent les affaires civiles et les délits punissables de cinq ans de prison. Les cours d’appel (au nombre de 35) jugent en deuxième instance les affaires traitées par ces tribunaux. Les crimes sont jugés par des cours d’assises (au nombre de 102). Les décisions des cours d’assises et des cours d’appel ne peuvent être révisées que par la Cour de cassation, la plus haute instance juridictionnelle, qui peut annuler des jugements et les renvoyer devant une autre juridiction pour vice de forme, sans se prononcer sur le fond de l’affaire. Ses décisions font jurisprudence et donnent l’orientation du droit français sur telle ou telle question. Des juridictions spécialisées traitent des litiges commerciaux (tribunaux de commerce, au nombre de 230), des conflits entre employés et employeurs (conseils de prud’hommes, au nombre de 289), des contentieux relatifs à la Sécurité sociale (tribunaux des affaires de Sécurité sociale au nombre de 110). Les tribunaux administratifs (au nombre de 33) et les cours administratives d’appel jugent des affaires relatives au droit administratif et peuvent être saisis par les particuliers (Voir aussi organisation judiciaire). 4.5 Autres organes prévus par la Constitution Le Conseil économique et social, composé de personnalités choisies en raison de leurs compétences, de représentants des salariés, des employeurs et des organismes professionnels et culturels, joue un rôle consultatif auprès de l’Assemblée nationale et du Conseil des ministres. Le Conseil d’État assiste le gouvernement dans l’élaboration des textes de loi et vérifie la conformité de tous les actes émanant des pouvoirs publics au droit constitutionnel. 4.6 Partis politiques La France a été longtemps caractérisée par une très grande atomisation des partis politiques, dont beaucoup, à l’image du Parti radical, constituaient des partis de notables. Les règles institutionnelles de la Ve République ont cependant obligé les petites formations à fusionner, favorisant une bipolarisation durable de la vie politique. Quatre partis principaux, deux de centre droite et deux de gauche, ont dominé la politique française depuis 1958. Le Rassemblement pour la République (RPR), fondé en 1976 par Jacques Chirac, se présente comme l’héritier du mouvement gaulliste. En 1999, Charles Pasqua, qui a quitté le RPR, et Philippe de Villiers, chef du Mouvement pour la France, ont annoncé, après la victoire de leur liste commune aux élections européennes, la création d’un nouveau parti le Rassemblement pour la France (RPF). L’Union pour la démocratie française (UDF), fédération bâtie autour du Parti républicain (PR) — devenu Démocratie libérale — et du Centre des démocrates sociaux (CDS) — devenu Force démocrate —, a été fondée par Valéry Giscard d’Estaing en 1978. À gauche, on trouve le Parti socialiste (PS), et le Parti communiste français (PCF), issus de la Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO). À ces quatre partis qui forment l’ossature du Parlement et de la vie politique sous la Ve République, il faut ajouter le Front national (FN), parti d’extrême droite qui s’est scindé en deux partis distincts et rivaux en 1999, les différents mouvements écologistes, notamment les Verts (voir écologie politique), les radicaux de gauche, le Mouvement des Citoyens (MDC), et l’extrême gauche dont les représentants principaux sont Lutte ouvrière (LO) et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR). Si la vie politique française reste dominée par deux grands blocs droite / gauche qui alternent au gouvernement depuis 1981, elle présente toutefois des périodes dites de cohabitation où gouvernent un président de la République et un Premier ministre qui n’appartiennent pas à la même tendance politique. 4.7 Défense nationale Le service militaire obligatoire a pratiquement été supprimé par la loi du 28 octobre 1997, qui réforme profondément la Défense nationale. Il est remplacé par le parcours de citoyenneté, constitué de plusieurs étapes obligatoires : un enseignement des principes de défense à l’école, le recensement à l’âge de 16 ans et une journée d’appel à la préparation à la défense. Il s’applique aux jeunes hommes nés après cette date et aux jeunes femmes nées après le 31 décembre 1982. La loi prévoit également la professionnalisation complète des forces et la suspension de l’appel sous les drapeaux pour tous les jeunes hommes nés après le 31 décembre 1978, la totalité des missions de défense revenant à une armée de métier. En 2002, le budget de la défense représentait 2,5 p. 100 du PIB. En 2002, l’armée de terre avait un effectif d’environ 137 000 hommes, la marine de 44 250 et l’armée de l’air de 64 000, auxquels il faut ajouter la section commune (79 072) et les effectifs d’outre-mer (19 740). En 1995, on recensait, toutes catégories de personnels confondues, 606 000 femmes et hommes (militaires et civils) relevant directement du ministère de la Défense, ce chiffre devant être réduit en l’an 2000. En 1996, la France a amorcé un rapprochement avec le commandement militaire unifié du Conseil de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) qu’elle avait quitté en octobre 1966, tendance qui s’est confirmée en juin 1998 par une meilleure intégration de l’armée française au dispositif militaire. La France a développé une force nucléaire autonome de dissuasion nationale comprenant entre autres des sous-marins nucléaires et des missiles balistiques (voir armes nucléaires). À la fin des années 1990, il y avait encore des forces françaises stationnées à l’étranger, notamment en Afrique. En 1990, la France a pris part à la guerre du Golfe, envoyant des troupes et des navires de guerre dans le golfe Persique après l’invasion du Koweït par l’Irak. Elle a également envoyé des régiments de Casques bleus en Bosnie à partir de 1993 et participé aux opérations militaires en ex-Yougoslavie dans le cadre de la Force d’intervention rapide créée avec la Grande-Bretagne et l’OTAN, ainsi qu’aux opérations humanitaires au Rwanda à partir de 1994. La France s’est en outre engagée, en mars 1999, aux côtés de treize des dix-neuf membres de l’Alliance atlantique, dans l’opération « Force déterminée » menée en Yougoslavie. 5 LANGUES ET RELIGIONS 5.1 Langues Le français, langue officielle, est parlé par l’immense majorité des personnes vivant en France, et on compte quelque 122 millions de francophones dans le monde. De nombreuses langues régionales subsistent et sont même, pour certaines d’entre elles, enseignées dans les écoles et à l’université. On parle ainsi le breton en Bretagne, le basque et le catalan dans les Pyrénées, le corse, proche de l’italien, en Corse, l’occitan dans certaines zones du Midi méditerranéen, le flamand dans les Flandres et l’alsacien, un dialecte allemand, en Alsace. En 1999, la France a signé certains articles de la Charte européenne des langues régionales. Le Conseil constitutionnel ayant déclaré ce document non conforme à la Constitution, celle-ci devra être révisée. 5.2 Religions La laïcisation de la société française et de l’État s’est accompagnée d’une forte baisse des pratiques religieuses. Le catholicisme est la religion de 75 p. 100 des Français, encore nombreux à se dire catholiques et à faire baptiser leurs enfants, mais, pour la majorité d’entre eux, non pratiquants. En raison de la forte immigration issue du Maghreb, l’islam est aujourd’hui devenu la deuxième religion de France et compte plusieurs millions d’adeptes. Le protestantisme et le judaïsme, qui connaît un renouveau religieux au sein de l’importante communauté juive française, viennent ensuite. Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les cultes étaient financés par l’État. En 1905, la législation française a mis fin au Concordat de 1801, excepté dans la Région Alsace et en Moselle où il est toujours en vigueur ( voir loi de séparation de l’Église et de l’État). Avec cette mesure, le gouvernement français a supprimé toute reconnaissance officielle des cultes religieux. La gestion des relations avec les cultes incombe aujourd’hui au ministère de l’Intérieur. 6 ÉDUCATION Le système scolaire de la France, même s’il repose sur des institutions héritées de l’époque médiévale, comme l’Université de Paris fondée au XIIe siècle, est héritier d’une tradition qui remonte, pour une bonne part, à la Révolution française : l’instruction est publique, l’enseignement comporte trois degrés (Constitution et décrets de 1793) ; les structures sont centralisées et hiérarchisées, le monopole de l’enseignement secondaire et supérieur appartient à l’État (premier Empire) ; l’enseignement primaire est laïque, gratuit, obligatoire (lois Ferry, 1881-1882). Des modifications ultérieures ont défini le régime de l’enseignement gratuit dans le secondaire et les collèges techniques, la séparation de l’Église et de l’État dans l’éducation en 1905, les lois d’aide aux écoles privées sous contrat, y compris les écoles confessionnelles, en 1951 (loi Barangé) et 1959 (loi Debré), l’extension de la scolarité obligatoire jusqu’à seize ans en 1959 (Voir aussi enseignement en France). 6.1 Structures administratives La France est divisée en 27 districts éducatifs appelés académies. L’enseignement relève principalement du ministère de l’Éducation nationale. Avec un budget de plus de 351 milliards de francs en 1994, le budget de l’Éducation nationale et des universités est le premier poste de dépenses de l’État : l’ensemble des dépenses d’éducation atteignait 538 milliards de francs en 1994, soit 6,2 p. 100 du PIB. Tous les fonctionnaires du secteur sont nommés par le ministre, la plupart du temps après concours ou examen. En 1994, on comptait en France environ 892 000 enseignants, secteur public et secteur privé confondus, dont 70 000 universitaires. Les enseignants, généralement formés dans les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) et les écoles normales supérieures (ENS), appliquent les mêmes programmes. L’autorité de l’administration centrale est toutefois tempérée par des organismes consultatifs à l’échelon national, à l’échelon de l’académie et à l’échelon du département. Pour répondre aux revendications étudiantes de mai 1968, des réformes universitaires furent mises en place par le ministre de l’Éducation, Edgar Faure, dans le cadre de la loi Faure. Le nouveau système enleva au ministère de l’Éducation le contrôle des budgets et le suivi des carrières l’Enseignement des supérieur enseignants au (novembre niveau 1968) national. substitua aux La loi d’orientation anciennes facultés de des universités dotées d’une autonomie de recrutement, tandis que les étudiants se voyaient accorder un rôle plus important dans la vie de l’université. Plusieurs universités importantes furent restructurées en unités plus petites, et le nombre d’universités françaises passa de 23 à environ 70 dans les années 1980. Les Zones d’éducation prioritaire (ZEP), prévoyant des moyens pédagogiques supplémentaires et des primes spécifiques pour certains établissements, ont par ailleurs été instaurées en 1981. En 1985, le gouvernement de Laurent Fabius donna à l’Éducation nationale l’objectif de faire parvenir au niveau du baccalauréat 80 p. 100 des jeunes d’une même classe d’âge dans les dix ans à venir. D’ambitieux programmes de développement et de démocratisation de l’enseignement supérieur furent ensuite votés, dont le plan Universités 2000. À l’issue des manifestations du mouvement lycéen, le ministre de l’Éducation nationale Claude Allègre a proposé un plan de réforme des lycées, à l’automne 1998, suivi d’une « charte pour bâtir l’école du XXIe siècle » en janvier 1999, autant de projets vivement critiqués par les lycéens et le corps enseignant. Le ministère de l’Éducation nationale reste un poste clé dans le gouvernement ; dans un contexte de crise économique aggravée, toutes les réformes mises en œuvre tentent de répondre au problème crucial du chômage des jeunes, y compris des jeunes diplômés. 6.2 Enseignement primaire et secondaire En 1991-1992, 34,8 p. 100 des enfants âgés de deux ans et 99 p. 100 des enfants de trois ans étaient scolarisés en écoles maternelles. Quelque 6,6 millions d’élèves étaient inscrits dans 41 244 écoles primaires et près de 5,6 millions d’élèves fréquentaient les collèges et lycées secondaires, au nombre de 11 200. Après une croissance très importante durant les années 1980 et au début des années 1990, le nombre de candidats au baccalauréat a diminué pour la première fois en 1996, en raison du vieillissement relatif de la population. En 1992, le pourcentage de bacheliers rapporté à l’ensemble d’une génération était de 51,2. (Voir enseignement primaire ; enseignement secondaire.) 6.3 Enseignement supérieur En 2000–2001, près de 2 031 743 étudiants suivaient des études supérieures. Si l’accession au premier cycle universitaire s’est largement démocratisée (au moins au niveau du DEUG, diplôme d’enseignement universitaire général sanctionnant les deux premières années d’études dans l’enseignement supérieur), moins de 40 p. 100 seulement des étudiants parviennent à intégrer un deuxième cycle universitaire (diplômes de licence et maîtrise) et encore moins un troisième cycle universitaire (DEA et DESS). Parallèlement aux études universitaires générales, il existe des cycles spécifiques pour les professions de santé et des cycles courts préparés en instituts universitaires de technologie (IUT). On compte en France 80 universités dont 13 en région parisienne ; elles totalisent 800 unités de formation et de recherche (UFR), gérées par un conseil élu au sein de chaque université. Il existe aussi de nombreuses grandes écoles, qui jouissent d’une place privilégiée et dispensent des enseignements dans des domaines variés ; on y accède généralement par concours. Parmi elles, les instituts d’études politiques (IEP), les écoles d’enseignement littéraire et scientifique (ENS), les écoles de commerce (comme l’École des hautes études commerciales, HEC ; l’École supérieure des sciences économiques et commerciales, ESSEC), les écoles d’ingénieurs (l’École polytechnique dite « l’X », les Ponts et Chaussées, l’École centrale des arts et manufactures dite « Centrale » et les Écoles des Mines) et les écoles d’administration (l’École nationale d’administration, ENA) ; Voir aussi enseignement supérieur. 7 CULTURE 7.1 Bibliothèques et musées La plupart des villes de province ont des bibliothèques municipales et des musées. C’est à Paris, cependant, que l’on en trouve la plus grande concentration. La Bibliothèque nationale de France est la plus importante, avec plus de 9 millions de volumes ; une partie du fonds a été transférée dans la Bibliothèque François-Mitterrand, inaugurée au début de l’année 1997. Parmi les autres grandes bibliothèques de la capitale (au nombre de 20), il convient de citer la bibliothèque de la Sorbonne et la bibliothèque Sainte-Geneviève (3 millions de volumes chacune), la bibliothèque de l’Arsenal, la bibliothèque Mazarine. On compte en France 33 musées nationaux, environ 30 musées départementaux, 950 musées contrôlés par l’État et plus de 1 000 musées privés. Paris demeure encore à la première place dans ce domaine. Le musée du Louvre, le plus célèbre des musées nationaux, abrite l’une des collections d’art les plus importantes au monde, tandis que le musée d’Orsay est consacré à l’art du XIXe siècle, le musée Guimet à l’art oriental, le musée de Cluny à l’art médiéval, etc. Le Centre national d’art et de culture GeorgesPompidou, autre musée parisien, possède également des collections majeures, notamment en peinture et en design du XXe siècle. Un grand nombre d’églises et de châteaux, classés monuments historiques, sont placés sous le contrôle de la Direction du patrimoine du ministère de la Culture et bénéficient de subventions pour leur restauration et leur entretien. 7.2 Communications et médias Le système des postes et des télécommunications français est placé sous le contrôle de l’État, toutefois France Télécom a été privatisée en 1998, permettant l’avènement de la concurrence au sein d’un marché jusque-là monopolistique. Plus de 33,3 millions de postes téléphoniques étaient en service en 1993. La France compte quelques grands groupes de communication d’importance mondiale comme Havas et Matra-Hachette. 7.2.1 Secteur audiovisuel Les services de radio et de télévision sont à la fois publics et privés. La société nationale Radio France émet sur plusieurs réseaux (France Inter, France Culture, France Musique, France Info, Radio Bleue, etc.) auxquels s’ajoutent environ 50 radios locales. Les radios privées, qui se sont multipliées depuis la loi de 1982, sont près de 2 000 : stations périphériques (RTL, RMC, Europe 1, etc.) et stations de la bande FM (Radio Nostalgie, NRJ, Chérie FM, Fun Radio, etc.). En 2002, la France compte quatre chaînes de télévision publiques (France 2, France 3, France 5, anciennement la Cinquième, et Arte), deux chaînes hertziennes privées (TF1, premier opérateur privé européen en termes de chiffre d’affaires, et M6), une chaîne privée à péage (Canal +), ainsi que de nombreuses chaînes câblées et par satellites. Plus de 96 p. 100 des Français sont équipés d’une radio et d’un téléviseur et près de 50 p. 100 d’un magnétoscope (Voir aussi télévision française). 7.2.2 Presse écrite En 1996, on trouvait 117 quotidiens ayant une diffusion totale de plus de 13 millions d’exemplaires ; la tendance est à la concentration puisqu’il y avait dans le pays 220 titres (11 millions d’exemplaires) en 1939 et encore 106 titres (12 millions d’exemplaires) en 1965. La France se situe aujourd’hui au 37e rang mondial pour la consommation de quotidiens. À l’inverse, elle compte parmi les tout premiers pays mondiaux pour la production et la consommation de magazines. De manière générale, la « presse d’opinion » a régressé au profit de la « presse d’information », même si les principales tendances politiques sont représentées au sein des publications. Il existe des quotidiens d’information nationaux comme le Figaro (diffusion : 392 000 exemplaires en 1995), le Monde (380 000), Libération (180 000), France-Soir (194 000), des quotidiens régionaux, comme le Parisien (451 000), le Progrès (438 000), Ouest-France (797 000), le Républicain lorrain (164 000), Nice-Matin (250 000), auxquels il convient d’ajouter des quotidiens spécialisés, économiques et financiers (les Échos), sportifs (l’Équipe), médicaux (le Quotidien du médecin). Les publications de la presse périodique couvrent une vaste gamme de sujets, des « news magazines » (l’Express, 562 000 ; le Point, 312 000 ; le Nouvel Observateur, 471 000, etc.) à la presse féminine (Elle, 340 000 ; Marie-Claire, 544 000) et spécialisée (Science et Vie, 344 000 ; Télé 7 Jours, 2 900 000, etc.). 4 ÉCONOMIE 2 GÉNÉRALITÉS 2.1 Les mutations de l’économie française 2.1.1 L’État, acteur principal du redressement de la France : les Trente Glorieuses La France a connu une rapide et puissante industrialisation après la Seconde Guerre mondiale. Dès la fin du conflit, le gouvernement, face à l’exigence de la reconstruction d’une économie dévastée par la guerre, adopte un ensemble de plans ( voir planification), à caractère incitatif, destinés à favoriser le redressement national, en conférant à l’État un rôle décisif dans le processus de modernisation de l’appareil productif. Partisan d’un modèle d’économie mixte impliquant une forte intervention des pouvoirs publics dans la vie économique, le gouvernement du général de Gaulle procède, entre 1944 et 1946, à la nationalisation de plusieurs groupes industriels et de grandes banques ; l’État devient dès lors un acteur de premier plan dans l’industrie automobile, l’électronique et l’industrie aéronautique ou encore, et surtout, la production énergétique. La présence de l’État dans ces secteurs de base de l’activité productive se justifie alors par la nécessité de contrôler divers facteurs nécessaires à l’équilibre économique, comme l’approvisionnement en énergie et les transports, qui forment un des coûts fondamentaux de toute économie en raison de leur incidence tant sur le coût de la vie que sur la politique salariale d’un pays. En outre, ce modèle d’économie mixte se nourrit d’une ambition forte, à savoir faire du secteur public un secteur pilote du développement économique et social. À cet égard, la période de croissance caractéristique des Trente Glorieuses est propice à la fonction pilote des grandes entreprises contrôlées par l’État : l’exemple des accords Renault a longtemps servi de modèle aux conventions collectives d’entreprise étendant avantages sociaux et progression des rémunérations à l’ensemble des salariés. Grâce à cette politique de planification d’État, longtemps citée comme modèle dans les économies occidentales, bénéficiant également de l’aide financière américaine (inscrite dans le plan Marshall) et d’une conjoncture économique très favorable (période des Trente Glorieuses), la France connaît une mutation importante de son économie. La France de la Libération compte plus de 7 millions d’agriculteurs, soit près de 40 p. 100 de la population active. En l’espace de quinze ans, le pays va s’urbaniser et s’industrialiser, le salariat devenant le mode commun d’exercice de l’activité professionnelle, ce qui va entraîner une profonde transformation de l’univers du travail et de l’activité productive. Son adhésion à la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951, puis à la Communauté économique européenne en 1957 (voir Union européenne ; traité de Rome), dont elle est l’un des six États fondateurs, et son ouverture commerciale stimulent en outre fortement la croissance économique. Son produit national brut (PNB) s’accroît de 50 p. 100 environ entre 1949 et 1954, de 46 p. 100 entre 1956 et 1964. En 1960, la France a rebâti son économie, effacé les séquelles de la guerre, le taux de croissance enregistré durant cette période ayant été l’un des plus rapides au monde, uniquement inférieur à celui du Japon. 2.1.2 L’impact des chocs pétroliers : les années 1970 À la suite des deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 (le prix du baril de pétrole est multiplié par 13 au cours de cette période), la croissance française, confrontée à une inflation chronique, chute fortement tandis que le chômage enregistre une hausse spectaculaire. La hausse du prix du pétrole répercutée sur les prix industriels (biens d’équipement et de consommation) a une forte incidence sur les prix de détail ainsi que sur les salaires. Les années 1970 sont ainsi marquées par un ralentissement général de la demande (notamment investissements, cette en provenance conjoncture des étant ménages) aggravée par et par des un fort désordres recul des monétaires internationaux pesant directement sur l’économie réelle de production. 2.1.3 Remise en cause du modèle d’économie mixte : le début des années 1980 En 1981, après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, le gouvernement socialiste conduit par Pierre Mauroy procède à une nouvelle vague de nationalisations des grandes entreprises considérées comme vitales pour le développement économique et l’indépendance du pays (entreprises industrielles, grands groupes bancaires, compagnies d’assurance) et mène une politique de relance de la consommation qui atteint rapidement ses limites, car elle engendre une augmentation importante des importations, qui elle-même contribué à creuser les déficits publics. En 1982-1983, c’est le tournant de la « rigueur ». L’ouverture croissante et l’internationalisation de l’économie française contraignent celle-ci à de profondes mutations, remettant partiellement en cause le modèle français d’économie mixte, fondé sur des structures libérales, mais fortement teinté d’étatisme.. 2.1.4 Libéralisme et mondialisation : depuis la fin des années 1980 La victoire de la coalition des partis de droite se revendiquant du libéralisme aux élections législatives de 1986, suivie de la formation du gouvernement Chirac, aboutit à un désengagement progressif de l’État dans l’économie nationale visant à favoriser la libéralisation des structures économiques dans un contexte de mondialisation des échanges et de concurrence internationale plus vive. Le mouvement de privatisation devient un fait majeur de la politique économique de cette décennie. La gestion privée est alors jugée plus performante car appréciée à l’aune de la rentabilité, ce qui suppose la suppression de toute garantie financière à caractère étatique. Ces orientations économiques ne sont pas fondamentalement remises en cause, à partir de 1988, par les gouvernements socialistes Rocard (1988-1991), Cresson (1991-1992) et Bérégovoy (1992-1993), qui mettent l’accent, en liaison avec les nouveaux impératifs imposés par la signature du traité de Maastricht (1992), sur la lutte contre l’inflation et le maintien d’un franc fort, au prix d’une politique de rigueur et de réduction des déficits publics (au détriment notamment du budget social). Celle-ci a été poursuivie depuis 1993 par les gouvernements Balladur, Juppé et Jospin. 2.2 La quatrième puissance économique du monde 2.2.1 Des indicateurs économiques encourageants La France constitue la quatrième puissance économique mondiale, derrière les États-Unis, le Japon et l’Allemagne. Les données statistiques parlent d’elles-mêmes : quatrième puissance commerciale du monde — quatrième exportateur et cinquième importateur —, cinquième producteur industriel mondial, deuxième fournisseur de services de la planète, deuxième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires. Son produit intérieur brut (PIB), qui s’élevait à 1 431 milliards de dollars en 2002, a connu une croissance de 50 p. 100 entre 1970 et 1990. Son PNB par habitant (24 170 dollars en 1999) classe la France parmi les pays très riches de la planète ; le niveau de vie des Français est l’un des plus élevés du monde. La croissance annuelle du PIB, estimée à 1,95 p. 100 pour la période 1990–2002, était de 1 p. 100 en 1998. Après la récession de 1993, la situation économique de la France s’est nettement améliorée. Ce redressement s’est notamment traduit par un excédent de la balance commerciale et par un solde positif de la balance des paiements courants. Ce retour à la croissance s’explique par le développement des exportations françaises, qui a fortement stimulé l’économie, et par une conjoncture économique mondiale plus favorable, liée à la reprise de l’économie américaine. L’investissement, qui avait chuté de 30 p. 100 entre 1990 et 1993, a progressé en moyenne de 5 p. 100 par an depuis 1995. L’inflation est jugulée depuis déjà plusieurs années (2,6 p. 100 en 2002 contre 5,8 p. 100 en 1985 et 11,8 p. 100 en 1975) ; en 1998, le taux d’inflation a atteint, avec 0,3 p. 100, son plus bas niveau depuis 1957. 2.2.2 Chômage, précarité, déficit budgétaire et dette publique Toutefois, la croissance, si elle est réelle, n’a pu contenir la progression continue du chômage (9,1 p. 100 de la population active en 2002, soit un chiffre supérieur à la moyenne européenne qui s’établit à 8,6 p 100), en dépit des politiques publiques successives d’aide à l’emploi menées depuis 1970 environ. Ce fort taux de chômage est un problème à la fois économique et social préoccupant, dans la mesure où il s’accompagne d’un développement de la précarité, de la pauvreté et de l’exclusion. L’ampleur du phénomène menace l’ensemble du système de protection sociale (assurance chômage, maladie et vieillesse, RMI, politique familiale, insertion des jeunes, etc.) auquel la France consacre plus d’un quart de son PIB. Avec un budget de 259 milliards d’euros et un déficit budgétaire qui avoisine 3 p. 100 du PIB, la France ne peut financer la lutte contre le chômage par une nouvelle politique de grands travaux et n’a guère la possibilité de réduire la pression fiscale. En outre, après un léger fléchissement en 1996 et 1997, la dette publique a de nouveau augmenté en 1998 (encours estimé à 4 131 milliards de francs, soit environ 630 millions d’euros). Les incertitudes qui pèsent sur l’avenir et la persistance d’un fort taux de chômage ont incité les Français à maintenir une épargne élevée. La France a cependant réussi à respecter les critères de convergence définis par le traité de Maastricht, afin d’accéder à l’voir Union économique et monétaire : déficit public inférieur à 3 p. 100 du PIB, dette publique inférieure à 60 p. 100 du PIB, taux d’inflation minimal, etc. Pour ce faire, elle a maintenu une politique du franc fort et de rigueur salariale qui n’a pas favorisé la reprise de l’emploi, ni celle de la consommation. La législation de l’Union européenne oblige désormais la France à ouvrir progressivement son secteur public (EDF, France Télécom) à la libre concurrence. Toutefois, malgré les contraintes de libéralisation des structures économiques, le rôle de l’État reste important. Par ses interventions, il favorise la politique d’aménagement du territoire et contribue à soutenir, à réguler (réglementation du travail, fixation du salaire minimum) et à orienter l’économie (mise en œuvre du XIe plan en 1994). Son rôle est également crucial dans les négociations sur l’organisation des échanges internationaux (voir GATT ; OMC). 2.2.3 Le tissu économique français Depuis les années 1950, les activités économiques ont connu une profonde mutation, sous l’effet d’une adaptation aux nouvelles technologies et à la concurrence internationale. Pays précocement industrialisé (voir révolution industrielle), la France s’est trouvée confrontée, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à la crise de ses industries lourdes traditionnelles (industries, main-d’œuvre), issues de la première révolution industrielle, sous l’effet de la concurrence internationale émanant notamment des nouveaux pays industriels (NPI), dont les coûts de main-d’œuvre sont comparativement plus attractifs. Des pans entiers de son industrie ont connu une grave crise dans les années 1970 — exploitation minière (charbonnage), sidérurgie, chantiers navals, textile, etc. —, plongeant les vieilles régions industrielles du Nord (Nord-Pas-de-Calais) et de l’Est (Lorraine, FrancheComté) dans une longue et profonde crise de reconversion économique. Devenue négative, la balance commerciale s’est encore dégradée sous le contrecoup des deux chocs pétroliers. Le tissu économique français, grâce à ses capacités de renouvellement et d’innovation, et à la valeur ajoutée d’une main-d’œuvre de plus en plus qualifiée, a vu de nouveaux secteurs économiques prendre le relais, à l’image du développement des services ou des industries de haute technologie. La tertiarisation massive du système productif français et son intégration au processus de mondialisation des échanges (économiques, financiers, informatifs, culturels) sont des phénomènes majeurs de ces dernières décennies. La France présente aujourd’hui une économie de type postindustriel, fortement impliquée dans l’économie mondiale et dominée particulièrement performant sur le par un puissant plan national secteur tertiaire (services), et international. Les entreprises industrielles elles-mêmes accordent une importance croissante aux activités de conception et de recherche. Cette explosion des emplois tertiaires en amont de la production ne compense que partiellement la diminution rapide des emplois industriels de faible qualification, qui frappe de plein fouet la main-d’œuvre ouvrière. Depuis le début des années 1990, la France attire les investissements de capitaux étrangers (12 p. 100 des investissements mondiaux en 1992, 8,1 p.100 en 2001). Parallèlement, les entreprises françaises consolident leur insertion dans l’économie mondiale par des investissements massifs dans les pays d’Europe et dans le reste du monde. La puissance de l’économie multinationales française (TotalFinaElf, repose Danone, largement Bouygues, sur Pechiney, de grandes etc.) qui, entreprises à la suite d’investissements massifs à l’étranger, détiennent d’importantes parts de marché dans les différentes régions du monde. Ainsi, une firme comme Michelin réalise désormais les quatre cinquièmes de son chiffre d’affaires à l’étranger. À l’inverse, une part croissante de l’économie française (près de 35 p. 100 des salariés) est aujourd’hui partiellement contrôlée par des capitaux étrangers. Malgré une forte croissance des PME depuis les années 1980 (55 p. 100 de l’emploi industriel contre 40 p. 100 en 1970), le rôle des grandes entreprises reste prédominant dans la production. 2.3 Le poids de l’Union européenne La puissance économique de l’Hexagone repose en grande partie sur l’Union européenne. Depuis la création de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) en 1951, la France est, avec l’Allemagne, l’un des principaux piliers de la construction communautaire. Le Marché commun européen a eu un impact fondamental sur le développement de l’agriculture française (voir politique agricole commune) et des échanges. Les pays de l’Union européenne sont aujourd’hui les premiers partenaires commerciaux de la France. L’espace économique français est de plus en plus ouvert sur l’Europe. D’importants projets de coopérations transfrontalières dynamisent aujourd’hui des régions comme le Nord, en relation avec la Belgique et le Kent (Eurorégion), la Lorraine, qui opère un rapprochement avec le Luxembourg et la Sarre, l’Alsace, étroitement liée à l’Allemagne rhénane et à la Suisse, ou encore le Pays basque, avec l’Espagne. 2.4 Évolution de l’espace économique français 2.4.1 La révolution industrielle du capitale XIXe siècle : la suprématie de la La première révolution industrielle (XIXe siècle) s’est essentiellement centrée sur la capitale (voir Paris et sa Région, l’Île-de-France) et sur les espaces de production situés à proximité des gisements de matières premières (bassins houillers, etc.). Le Nord-Pas-de-Calais et la Lorraine ont ainsi connu un développement privilégié (urbanisation, industries lourdes, extraction minière, etc.). Des pôles isolés ont également bénéficié d’une forte croissance : l’agglomération lyonnaise (industrie textile traditionnelle, secteur bancaire), les bassins houillers situés à la périphérie du Massif central (bassin du Creusot, d’Albi-Carmaux, etc.) et les ports de l’Atlantique et de la Méditerranée, grâce au commerce colonial (Bordeaux, Marseille, Nantes, etc.). 2.4.2 La révolution industrielle du nouveaux pôles économiques XXe siècle : l’apparition de La deuxième révolution industrielle (XXe siècle) a encore renforcé le poids économique des régions urbanisées et industrialisées de la France du Nord et de l’Est, et plus particulièrement la suprématie de la région parisienne. À partir des années 1960, la révolution des transports a entraîné un « glissement » des industries lourdes (développement de la « sidérurgie sur l’eau ») vers les fleuves (axe de la basse Seine ; Rhône moyen à la hauteur de Lyon) et vers la mer, avec la construction de vastes complexes pétroliers et industrialo-portuaires dans les ports d’importation de matières premières (Dunkerque, Fos-sur-Mer, Saint-Nazaire, Le Havre-Antifer). Parallèlement, la révolution de l’agriculture a favorisé l’émergence de nouvelles grandes régions agricoles (Bretagne, Champagne crayeuse, Aquitaine). 2.4.3 L’aménagement du territoire C’est également à cette époque que les pouvoirs publics décident de lancer une ambitieuse politique d’aménagement du territoire afin de pallier le déséquilibre démographique et économique opposant la région parisienne au reste du territoire — on oppose alors la capitale, qui concentre l’essentiel des infrastructures, à la province, qui constitue ce que l’on a appelé le « désert français ». Cette politique, amorcée notamment en 1982, repose essentiellement sur la décentralisation d’une partie des pouvoirs politiques et administratifs de la capitale, sur une déconcentration des industries de main-d’œuvre parisiennes (automobile, électroménager, etc.) en faveur notamment des villes de l’Ouest (Rennes, Caen), sur la sélection de huit métropoles dites « d’équilibre » (Lille, Nancy, Strasbourg, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux, Nantes) dont les équipements et les fonctions sont renforcés pour tenter de contrebalancer l’attraction de la capitale, sur la reconversion des vieilles régions industrielles frappées par la crise et enfin sur une politique de grands aménagements régionaux à vocation agricole, touristique (littoral languedocien et aquitain) et industrialo-portuaire, confiés à des sociétés mixtes (CNABRL, Compagnie nationale d’aménagement du Bas-Rhône-Languedoc ; CACG, Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne ; SOMIVAL, Société pour la mise en valeur de la région AuvergneLimousin, etc.). Cette démarche volontariste de décentralisation a donné naissance à des collectivités territoriales dotées de responsabilités, de compétences et de budgets propres. En octobre 2002, sous l’impulsion du gouvernement Raffarin, est lancé le projet dit de « République décentralisée », qui a pour objectif d’accroître les pouvoirs réglementaires reconnus aux collectivités territoriales. 2.4.4 Répartition géographique des activités économiques françaises Depuis 1973, consécutivement à la montée de la concurrence internationale et de la mondialisation de l’économie, on assiste à une nouvelle mutation de l’espace économique français, de plus en plus centré sur les agglomérations, et à une recomposition partielle du tissu industriel. Les villes sont aujourd’hui à la pointe du renouveau industriel en développant, à leur périphérie, des parcs d’activités et des technopoles (Sofia-Antipolis à Nice, Rennes-Atalite, Metz 2000, Nancy-Brabois, Meylan à Grenoble, etc.) associant industries de haute technologie et recherche. Parallèlement, la politique de déconcentration et de décentralisation n’a en rien entamé le poids économique prépondérant de la capitale et de la région Île-de-France. Celui-ci s’est au contraire renforcé avec le développement des industries de pointe et des activités de recherche-développement, et avec l’explosion des activités du tertiaire supérieur. Paris et ses environs abritent les trois quarts des sièges sociaux des 500 plus grandes entreprises françaises. 2.5 L’économie des Dom-Tom 2.5.1 L’influence de la métropole L’économie des Dom-Tom est essentiellement marquée par une forte dépendance à l’égard de la métropole et par leur insuffisante intégration dans leur aire géographique régionale. Le recul des cultures vivrières ne permet pas l’autosuffisance alimentaire. L’agriculture est dominée par les cultures tropicales destinées à l’exportation (bananiers, caféiers, canne à sucre produisant sucre, mélasse et rhum, ananas, plantes à parfum comme le géranium ou le vétiver), pratiquées dans de grandes plantations. L’essentiel des matières premières énergétiques et des biens manufacturés est importé. Les échanges avec la métropole sont donc gravement déficitaires. Malgré le très fort développement du tourisme, le plus souvent par des investissements métropolitains (chaînes Méridien, Novotel, Club Méditerranée, etc.), ce sont des économies encore largement dépendantes. 2.5.2 Une économie déséquilibrée Les Dom-Tom se caractérisent également par une économie déséquilibrée, marquée par une hypertrophie du secteur tertiaire (plus de 50 p. 100 des actifs dans les « îles à sucre », 70 p. 100 du PIB) et par un sous-développement industriel. Les activités tertiaires reposent essentiellement sur le développement du tourisme et sur les services publics. Les DOM ont largement profité de la départementalisation et les fonctionnaires, qui bénéficient d’un salaire souvent plus élevé que dans le secteur privé, y sont aujourd’hui surreprésentés (un tiers des emplois à La Réunion). Le taux de chômage (plus de 26 p. 100 des actifs) y est plus nettement élevé qu’en métropole. La Polynésie française, malgré son fort potentiel touristique, souffre de son isolement à 6 000 km de l’Australie, à 7 000 km des côtes américaines et à 18 000 km de la métropole. L’arrêt définitif des expériences de tirs nucléaires remet aujourd’hui en cause la fonction militaire de l’archipel. L’économie de la Guyane française repose essentiellement sur les services publics et sur le CNES, avec la base de lancement de fusées installée à Kourou (fusées Ariane). Saint-Pierre-et-Miquelon vit de la pêche à la morue et de ses dérivés industriels. La Nouvelle-Calédonie possède une importante industrie minière grâce à l’exploitation de ses gisements de nickel (3e producteur mondial, un quart des réserves planétaires), dont le contrôle est en partie revendiqué par les indépendantistes. 2.6 La population active La France comptait en 2002 27 millions d’actifs — ce chiffre incluant les personnes en recherche d’emploi. 2.6.1 Le chômage La hausse du chômage caractéristique des années 1990 s’explique par le ralentissement de l’activité économique, qui a engendré un déséquilibre croissant et persistant du marché du travail. Alors que la population active augmente régulièrement, l’emploi stagne. Entre 1973 (date du premier choc pétrolier) et 1985, le nombre de chômeurs est passé de 700 000 à plus de 2 millions de personnes. Le taux de chômage s’établit à 9,1 p. 100 de la population active. Les « catégories » les plus touchées par le chômage sont les femmes (notamment les jeunes et les moins qualifiées), les jeunes (le taux de chômage des moins de 25 ans était de 20,1 p. 100 en 2003) ainsi que les plus de 50 ans. Outre ces disparités, le chômage, de massif, est devenu « permanent » en ce sens que le chômage de longue durée touche un nombre de plus en plus important de personnes tant et si bien que le marché du travail tend à devenir de plus en plus un marché d’exclusion. 2.6.2 Les femmes dans la population active Les femmes ont aujourd’hui massivement accédé à l’emploi, le nombre de femmes au travail étant passé de 8,1 millions en 1975 à plus de 11 millions en 2001. 2.6.3 Les immigrés dans la population active En 1995, les immigrés représentaient 7,8 p. 100 de la population active totale. Les neuf dixièmes d’entre eux occupent des emplois peu ou pas qualifiés. Ils sont le plus souvent ouvriers dans l’industrie (automobile) et les BTP (bâtiments et travaux publics) ou employés dans les services aux particuliers (restauration, sociétés d’entretien, etc.). Ils sont davantage touchés par la précarité de l’emploi et le chômage (20 p. 100 en 1995), plus particulièrement les jeunes immigrés (entre 16 et 24 ans), dont près de la moitié est à la recherche d’un emploi. 2.6.4 Les jeunes dans la population active Les jeunes arrivent sur le marché du travail de plus en plus tard, en raison de l’allongement de la scolarité et des études supérieures et d’une augmentation croissante de la qualification. Ainsi, les catégories professionnelles de type cadres, professions libérales ou professeurs ont vu leurs effectifs croître de 38 p. 100 entre 1982 et 2001. Les métiers les moins qualifiés se déplacent aujourd’hui de l’industrie vers les services (employés ou agents de services). 2.6.5 Les syndicats Moins de 20 p. 100 des travailleurs français sont membres d’un syndicat. La Confédération générale du travail (CGT), qui a été la principale organisation syndicale française, a perdu les deux tiers de ses membres en 20 ans au profit de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) et de Force ouvrière (FO). La Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) compte quant à elle 120 000 membres et la Confédération française de l’encadrement-Confédération générale des cadres (CFE-CGC) 110 000 adhérents. Les enseignants sont regroupés au sein de la Fédération de l’Éducation nationale (FEN) et de la Fédération syndicale unitaire de l’enseignement, de l’éducation, de la recherche et de la culture (FSU), créée en 1993 à la suite d’une scission de la FEN. Le monde paysan est principalement représenté par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et par la Confédération paysanne. Le salaire minimum, le SMIC, est fixé par décret gouvernemental, mais les échelles de salaire de la fonction publique font l’objet de négociations régulières. Les syndicats participent à la gestion des organismes sociaux, selon le principe du paritarisme, en partie remis en cause par la réforme de la sécurité sociale de 1995, et aux négociations contractuelles avec le patronat (Medef), le plus souvent sous l’égide de l’État. 3 LE SECTEUR PRIMAIRE : AGRICULTURE, FORÊTS ET PÊCHE 3.1 Caractéristiques générales 3.1.1 Tradition et potentiel agricoles En 2002, le secteur primaire employait 4 p. 100 de la population active (contre 10 p. 100 en 1975) et contribuait à hauteur de 2,1 p. 100 du PIB (4,8 p. 100 en 1977). La France demeure cependant une grande puissance agricole, qui assure à elle seule plus de 20 p. 100 de la production de l’Union européenne. Les terres arables représentent environ 35,6 p. 100 de la superficie du pays (33 millions d’ha cultivés contre 18 millions en GrandeBretagne et en Italie). La tradition agricole de la France repose sur une mise en valeur ancienne de son territoire, grâce à un climat et à des sols globalement très favorables, soit naturellement (limons de plateaux du Bassin parisien, sols bruns forestiers), soit après intervention de l’homme (amendement, drainage, chaulage, fertilisation par engrais, etc.), à l’image de la Champagne pouilleuse (voir Champagne-Ardenne) devenue, grâce à des apports massifs d’engrais, une riche campagne céréalière. Voir aussi France (géographie). L’agriculture française a réalisé, à partir des années 1950, une profonde modernisation de ses structures et de ses modes de production. Cette transformation a été soutenue par l’État dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) développée par la Communauté économique européenne (CEE). La France est aujourd’hui le premier pays agricole de l’Union européenne (à la fois 1er producteur et 1er exportateur européen) et le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et agroalimentaires. La balance agricole est toujours excédentaire (7,62 milliards d’euros en 2001). 3.1.2 Restructuration du secteur agricole La PAC a mis l’accent sur l’amélioration de la productivité et sur l’intensification de la production. La modernisation de l’agriculture s’est traduite par une baisse massive du nombre d’exploitations et d’actifs agricoles (substitution du travail par le capital), une augmentation de la taille moyenne des exploitations, le doublement des surfaces irriguées, le développement d’une agriculture intensive et une forte hausse des rendements et de la productivité. Celle-ci a été permise par le remembrement partiel des terres agricoles (regroupement des parcelles pour répondre aux besoins de la mécanisation), la mise au point de nouveaux procédés de stockage et de conservation frigorifique, une spécialisation croissante des cultures et l’ouverture des marchés négociée dans le cadre de la PAC et des accords du GATT. D’autres facteurs sont intervenus dans cette modernisation : une mécanisation et une motorisation très poussées, le développement de l’irrigation (irrigation par aspersion notamment), qui a permis, entre autres, la mise en culture de la plaine de la Crau, le drainage de zones inondées et insalubres (Marais poitevin), l’introduction de nouvelles techniques (amendement des sols, engrais chimiques, pesticides, élevage hors sol, etc.) et de nouvelles espèces agricoles, grâce à une sélection accrue des espèces animales et végétales par la génétique. La production agricole a connu une très forte croissance entre 1960 et 1990, de l’ordre de 2 p. 100 par an. La production de blé a plus que doublé, les rendements moyens à l’hectare passant de 26 quintaux à 70 quintaux, tandis que les rendements de la production laitière passaient de 2 000 l par vache à près de 4 500 l au début des années 1990. La productivité de l’agriculture française reste cependant moyenne face à certains de ses principaux concurrents. 3.1.3 Évolution des exploitations agricoles On compte aujourd’hui un peu plus de 735 000 exploitations. En 1970, 70 p. 100 des exploitations avaient moins de 20 ha. Un grand nombre d’entre elles ont aujourd’hui disparu. Parallèlement, la taille moyenne des exploitations s’est accrue : elle est ainsi passée de 15,9 ha en 1963 à 39 en 2001. Si les exploitations de 10 à 30 ha sont encore nombreuses, elles n’occupent plus que 8,5 p. 100 de la surface agricole utile (SAU), alors que les exploitations de plus de 100 ha détiennent à elles seules 39 p. 100 de la SAU. La plupart des grandes exploitations (plus de 50 ha) se concentrent dans la moitié septentrionale de la France. La modernisation de l’agriculture a nécessité de lourds investissements, qui n’ont pu être réalisés qu’au prix d’un endettement considérable du monde agricole ; elle a par ailleurs donné naissance à une agriculture à deux vitesses. À côté des exploitations très rentables (grandes exploitations céréalières du Bassin parisien, petites exploitations spécialisées dans des cultures à forte valeur ajoutée de type primeurs ou vignobles de grande qualité), véritables entreprises productivistes et capitalistes, de nombreuses petites et moyennes structures sont peu rentables, fortement endettées, souvent marginalisées ou mal intégrées dans les grands circuits commerciaux. 3.1.4 Du monde rural à l’industrie agroalimentaire Malgré de remarquables performances d’ensemble, l’agriculture française n’occupe plus qu’une part marginale de la population active et ne contribue que de manière résiduelle au montant du PIB. Toutefois, elle conserve une grande importance aux yeux d’une population et d’un pays encore fortement marqués par une longue tradition rurale. Aujourd’hui, l’agriculture française, l’une des plus modernes et des plus performantes de la planète, est parfaitement intégrée aux circuits commerciaux nationaux et mondiaux. Elle n’est qu’un maillon central dans le puissant système agro-industriel qu’est la filière agricole. En l’amont, les industries fournissent les machines agricoles, les engrais chimiques, les pesticides ou encore les aliments pour bétail, tandis qu’en aval, les industries agroalimentaires (IAA) assurent la transformation et la distribution des produits agricoles. L’exploitation agricole est de plus en plus gérée comme une entreprise industrielle. 3.2 Principales productions 3.2.1 Caractéristiques générales Les recettes de l’agriculture se répartissent de manière équilibrée entre les cultures végétales (un peu plus de la moitié du chiffre d’affaires agricole total) et l’élevage animal. La Politique agricole commune (PAC) a fortement contribué à soutenir les revenus des agriculteurs. Elle a été amenée, cependant, à instaurer des quotas de production pour limiter les excédents (les quotas laitiers, par exemple). La crise de surproduction reste cependant un risque permanent et a donné lieu, depuis 1993, à de difficiles négociations au sein du GATT (en raison notamment de la concurrence entre l’Europe et les États-Unis concernant les oléagineux et les céréales), au terme desquelles la France a finalement réussi à imposer un accord assez favorable au monde agricole, lequel doit faire l’objet d’une renégociation en 2006. 3.2.2 Productions animales Les principales productions animales sont les bovins (20,6 millions de têtes en 2001, 14e rang mondial) — production affectée par la « crise de la vache folle » (encéphalopathie spongiforme bovine) qui a provoqué en 1996 une forte baisse de la consommation de viande bovine et a eu de graves conséquences sur la « filière bovine » —, les porcins (15 millions de têtes, 12e rang mondial) et les volailles (1er rang européen). 3.2.3 Productions végétales Les productions végétales sont très variées. La France est le cinquième producteur mondial de céréales avec une production de 53,1 millions de t en 1995, réparties essentiellement entre le blé (36 millions de t, 4e rang mondial), le maïs (17 millions de t, 5e rang mondial), l’orge (10,16 millions de t, 6e rang mondial), le seigle et l’avoine, ces deux dernières cultures connaissant un net déclin. Parmi les autres grandes productions figurent la betterave à sucre avec 34,2 millions de t en 2002 (1e rang mondial), la pomme de terre (5 millions de t en 1995, 11e rang mondial), les oléagineux (tournesol, colza, olivier), le tabac, les fruits et légumes. Les cultures fruitières portent essentiellement sur les poires, les pommes, les prunes, les pêches, les abricots, les cerises, les fraises, les melons, le raisin, les agrumes, les kiwis ou encore les noix. Les cultures maraîchères (primeurs, légumes industriels) concernent principalement les salades, les tomates, les asperges, les concombres, les haricots, les petits pois, les choux-fleurs, les artichauts, etc. La viticulture est l’un des secteurs les plus importants de l’agriculture française ( voir vin), avec une production de 55 millions d’hectolitres en 2000. La France est le deuxième producteur mondial de vin après l’Italie. 3.2.4 Spécificités régionales Depuis les années 1970, la France est passée d’un système de production diversifié associant polyculture et élevage à une plus grande spécialisation régionale des types de productions. Ainsi, plus de 90 p. 100 des recettes agricoles en Île-de-France proviennent des cultures, tandis que plus de 90 p. 100 des recettes agricoles du Limousin ou de la Bretagne sont issues de l’élevage. On distingue aujourd’hui trois grands types d’espaces agricoles : les régions de grandes cultures végétales (céréales, plantes industrielles), caractérisées par un paysage agraire d’openfield (Bassin parisien, Campagne de Caen, Limagne, plaine d’Alsace, Sud-Ouest aquitain) ; les régions d’élevage, souvent associées aux paysages agraires de bocage (Ouest, moyennes montagnes, Limousin), à l’image de la Bretagne, première Région française pour l’élevage laitier et l’élevage hors sol ; et les régions de vignobles de qualité (Champagne, Alsace, Bourgogne, Côtes du Rhône, Bordelais, etc.) ou de cultures intensives irriguées, à très forte rentabilité comme le riz de Camargue ou les cultures maraîchères et fruitières des grandes vallées (bas Rhône, Val de Loire, terrasses alluviales de la Garonne) et des plaines méditerranéennes (huertas du Comtat Venaissin), destinées aux marchés urbains. Aux paysages ruraux traditionnels de bocage, d’openfield, et de type méditerranéen (opposant plaines irriguées et cultivées, et moyennes montagnes ou hauts plateaux voués à l’élevage ovin), se substituent de nouveaux types de paysages agricoles (élevage hors sol, serres, fermes aquacoles, etc.). Une déprise agricole et démographique caractérise aujourd’hui certaines régions de montagne (Ardèche, Alpes du Sud, Massif central, etc.), dont les terroirs accidentés (alpages, pentes aménagées en terrasses) sont abandonnés en raison des surcoûts de production liés à la pente, à l’isolement et à l’accessibilité. Ces espaces délaissés connaissent un retour à la friche, tout comme les champs soumis au « gel des terres » imposé par la PAC afin de limiter la surproduction européenne. 3.3 Exploitation forestière et pêche 3.3.1 Forêt La forêt française (15 millions d'hectares) est aujourd’hui insuffisamment valorisée et sousexploitée. Moins de la moitié fait l’objet d’une exploitation rationnelle. Bien que dotée du troisième réseau forestier d’Europe, la France importe massivement du bois (essentiellement des résineux) et de la pâte à papier. Les difficultés d’exploitation sont liées à l’éclatement des structures de propriétés. Un tiers de la forêt est la propriété de l’État et des collectivités territoriales. Sa gestion est assurée par l’Office national des forêts (ONF). Les deux tiers restants relèvent de la propriété privée et sont répartis entre une multitude de petits propriétaires dont les neuf dixièmes possèdent moins de 4 ha. Les trois départements français les plus boisés sont les Landes (65 p. 100 du territoire départemental), le Var (63 p. 100) et les Vosges (53 p. 100). La production de bois de coupe, un secteur d’activité qui occupe directement ou indirectement 500 000 actifs, s’est élevée à 35,9 millions de m³ en 2002. La France exporte des grumes de feuillus. La résine, l’essence de térébenthine et le liège sont également des productions importantes. 3.3.2 Pêche La pêche repose sur une flotte de près de 11 000 bateaux employant un peu plus de 15 000 pêcheurs évoluant dans les eaux côtières et en haute mer. En 2002, le total des prises s’est élevé à 597 293 t se répartissant comme suit : 275 627 t de poissons pour une valeur marchande de 627 millions d’euros ; 102 064 t de crustacés et autres coquillages pour une valeur marchande de 231 millions d’euros ; 219 602 t de pêche dite congelée. À ces chiffres, il convient d’ajouter le résultat de la pêche dans les DOM-TOM évaluée à près de 25 000 t pour une valeur de 177 millions d’euros. Le colin, la morue, la sole, les langoustines, les coquilles Saint-Jacques ainsi que le thon comptent parmi les prises les plus importantes. La consommation française est évaluée, en 2002, à 29 kilos par an et par personne, ce qui représente un peu plus de 7 p. 100 de la consommation alimentaire française. Les principaux ports de pêche sont Boulogne-sur-Mer, Concarneau et Lorient. 4 LE SECTEUR SECONDAIRE: MINES ET INDUSTRIES En 2001, le secteur secondaire employait 23 p. 100 de la population active (contre 38,6 p. 100 en 1975) et contribuait pour 25 p. 100 au PIB (contre 35,4 p. 100 en 1977). 4.1 Exploitation minière 4.1.1 Tendance générale Depuis le milieu des années 1990, le secteur minier n’emploie plus que 0,7 p. 100 de la population active, contribuant pour 0,8 p. 100 seulement à la formation du PNB. Pendant plus d’un siècle, la France a abondamment exploité ses ressources minérales. Longtemps considéré comme un symbole de la puissance économique, cette industrie de base a vu son rôle décroître peu à peu. 4.1.2 Charbon Les mines de charbon ont cessé leur activité les unes après les autres. La fermeture des derniers puits du bassin houiller du Nord remonte à 1991-1992 ; elle a été suivie la fermeture des sites de Forbach (Lorraine), la Mure (Dauphiné) et Carmaux (Tarn) en 1997 ; puis, en 2001, les dernières exploitations de mine à ciel ouvert (Blanzy et Alès) ont également été interrompues. Il ne subsiste plus aujourd’hui que trois sites souterrains, dont la fin de l’exploitation a été programmée pour l’année 2005. 4.1.3 Minerai de fer Les réserves de minerai de fer sont encore abondantes, et la production annuelle atteignait 4,5 millions de t en 2001. La production de bauxite se maintenait autour de 500 000 t en 1989. Ces deux ressources sont néanmoins aujourd’hui en nette diminution, en raison d’une augmentation des coûts, qui a entraîné un accroissement des importations, plus avantageuses. La France reste en revanche le troisième producteur mondial de nickel grâce aux gisements de Nouvelle-Calédonie ; la production atteignait 133 000 t en 1995. 4.1.4 Gaz naturel et pétrole Le principal gisement de gaz naturel français est situé, depuis 1951, à Lacq, dans le SudOuest. La production de gaz naturel représente aujourd’hui un peu moins de 15 p. 100 de la consommation énergétique nationale, l’essentiel provenant de l’importation en raison de l’épuisement du gisement de Lacq exploité par TotalFinaElf. La production annuelle de pétrole, quant à elle, reste très marginale. Concentrée dans le sud-est du Bassin parisien et en Aquitaine, elle atteignait 1,4 millions de t en 2002, ce qui ne couvre que 1,5 p. 100 des besoins de consommation du pays. Le pétrole, qui représente près de 40 p. 100 de l’énergie primaire consommée en France est donc essentiellement importée (Mer du Nord, Moyen-Orient, Afrique). En dépit de cette faible production d’hydrocarbures, la France est dotée d’industries pétrolières et para-pétrolières (extraction et raffinage) importantes, fédérées autour du groupe pétrolier TotalFinaElf. 4.1.5 Autres ressources La France extrait également de l’uranium, de la potasse, du sel et de zinc. La France est aujourd’hui contrainte d’importer la majeure partie des matières premières nécessaires à sa production industrielle et à sa consommation d’énergie. 4.2 Production et consommation d’énergie : la place de l’électricité Confrontée à la chute de sa production de charbon, à l’épuisement de ses gisements de gaz naturel et aux deux chocs pétroliers qui ont provoqué une flambée du prix du baril, la France a progressivement substitué l’électricité aux autres sources d’énergie. Celle-ci est devenue le point fort du secteur énergétique français. La France a clairement fait le choix de la production nucléaire, qui constitue les trois quarts de la production électrique nationale grâce aux 58 centrales présentes sur le territoire. Ce choix stratégique a permis à la France de réduire sa facture énergétique et son taux de dépendance vis-à-vis du reste du monde, mais n’est toutefois pas neutre, notamment du point de vue environnemental, en raison du coût lié à la gestion et au stockage des déchets radioactifs. On peut y voir la principale raison de la promotion des énergies dites renouvelables (énergie solaire ou marémotrice par exemple), qui représentent en 2002 12 p. 100 de la consommation énergétique nationale. 4.3 Puissance industrielle de la France 4.3.1 Cadre général Cinquième puissance manufacturière du monde, loin derrière les géants américain, japonais ou allemand, la France est la deuxième puissance industrielle européenne. Elle totalise 15 p. 100 de l’emploi industriel européen et 21 p. 100 de la valeur ajoutée produite par l’industrie communautaire. 4.3.2 Évolution de modernisation l’industrie française : restructuration La France a connu une période de forte industrialisation après la Seconde Guerre mondiale. Au début des années 1970, le secteur secondaire était le premier employeur (4 Français sur 10) et le premier pourvoyeur de richesse. À la fin de cette même décennie, la France et est entrée dans une phase de désindustrialisation et de « tertiarisation » de son économie. Cette dynamique s’est accompagnée d’une mutation des activités industrielles marquée par la crise prolongée et la restructuration des industries anciennes (première révolution industrielle), par la croissance des secteurs plus modernes (pétrole, chimie, aéronautique, automobile), issus de la deuxième révolution industrielle, et par l’émergence des nouvelles technologies (électricité, électronique, informatique, biotechnologie, robotique, etc.). Le renouveau de l’industrie française, en France et à l’étranger, s’est appuyé sur de grandes réalisations technologiques tels Concorde, Airbus, le TGV ou la fusée Ariane (projet francoeuropéen). 4.4 Principaux secteurs de l’industrie 4.4.1 Cadre général Le premier secteur industriel est celui des machines et du matériel de transport, qui réalise 30 p. 100 de la valeur ajoutée industrielle. L’agroalimentaire vient en seconde position avec 13 p. 100 de la valeur ajoutée industrielle. Les industries traditionnelles — textile et industries lourdes (sidérurgie, métallurgie, charbonnages) — ou plus récentes — automobile, électroménager —, à fort coefficient de main-d’œuvre, connaissent — ou ont connu — une grave récession de leurs activités et des pertes massives d’emplois. Premières victimes de la concurrence internationale et des délocalisations, elles cumulent les handicaps (insuffisance des investissements et de la modernisation, coûts de production élevés, etc.) et ne vivent qu’au rythme des restructurations, notamment en ce qui concerne les effectifs employés. 4.4.2 Industries dites « traditionnelles » 4.4.2.1 Sidérurgie et métallurgie La sidérurgie a traversé une grave crise de restructuration, en partie liée à la baisse de la consommation mondiale. Dominée par le groupe Arcelor (anciennement Usinor), premier groupe mondial du secteur, et concentrée autour des sites industrialo-portuaires de Dunkerque et de Fos-sur-Mer (qui ne fonctionne plus qu’au tiers de ses capacités), elle reste très performante dans le domaine des alliages et des aciers spéciaux. La métallurgie de l’aluminium résiste plutôt bien avec, notamment, le groupe Pechiney. 4.4.2.2 Textile Le secteur textile, victime de la concurrence des pays d’Asie du Sud-Est, est en crise depuis les années 1970. Il conserve cependant son savoir-faire dans le coton et la fibre synthétique, ainsi que dans les activités de confection (bonneterie, prêt-à porter) et de mode. Il demeure solidement implanté dans les anciens centres de production : LilleRoubaix-Tourcoing, Troyes, Paris, Lyon, etc. 4.4.2.3 Automobile L’industrie automobile française, qui reste un grand pourvoyeur d’emplois, continue à enchaîner compressions de personnel, plans sociaux et fermetures d’usines. En 2001, elle occupait le 3e rang mondial avec une production de 3,4 millions d’unités. Les deux principaux constructeurs automobiles français sont Renault et PSA Peugeot-Citroën. Plusieurs firmes automobiles étrangères ont implanté des usines en France (FIAT, Toyota, etc.). 4.4.2.4 Bâtiment et travaux publics Le bâtiment et les travaux publics (secteur du BTP) sont représentés par des groupes industriels comme Bouygues, Suez-Lyonnaise des Eaux, Fougerolles ou Dumez. Outre le marché national, ceux-ci se sont spécialisés dans les grands travaux à l’étranger (grande mosquée de Casablanca, barrages, centrales nucléaires). 4.4.3 Industries de pointe 4.4.3.1 Armement et aéronautique Parallèlement, à la faveur de ses capacités d’innovation et de conception, la France fait partie des leaders mondiaux pour un certain nombre d’industries de pointe. Elle occupe notamment le 3e rang mondial dans le secteur de l’armement — Matra, Thales (anciennement Thomson) et Dassault Aviation — qui emploie environ 1 million d’actifs. L’industrie aéronautique (Airbus Industrie) et spatiale (lanceur européen Ariane, satellites) est dominée par la firme Aerospatiale, privatisée en 1999 ; la fusion d’Aerospatiale et de Matra Hautes Technologies, la même année, a donné naissance au premier groupe européen d’aéronautique (5e rang mondial). 4.4.3.2 Agroalimentaire L’industrie agroalimentaire, qui transforme les deux tiers de la production agricole française, est le premier secteur par son chiffre d’affaires (130 milliards d’euros en 2001), et l’une des branches les plus dynamiques de l’industrie. Dominées par des firmes de taille mondiale (comme le groupe Danone ou Pernod-Ricard), elle employait 650 000 personnes en 2000. Ses exportations permettent de rééquilibrer une balance industrielle déficitaire dans d’autres secteurs (informatique, haute-fidélité, électroménager). 4.4.3.3 Industries du luxe L’industrie française du luxe jouit également d’une réputation internationale de qualité : les parfums, les champagnes et le vin, la haute couture et le prêt-à-porter, la porcelaine et la verrerie s’exportent dans le monde entier, confortant l’image d’un savoir-faire français particulier dans ce secteur, notamment dominée par L’Oréal ou bien encore LVMH. Ce secteur d’activité a contribué pour près de 6 milliards d’euros à l’excédent commercial de la France pour l’année 2002. 4.4.3.4 Autres industries de pointe Parmi les autres secteurs industriels performants figurent les techniques de communication (France Télécom), le matériel ferroviaire avec notamment le TGV, construit par la firme Alstom, l’équipement électrique avec Alcatel-Alstom ou encore la chimie organique et la pharmacie avec Rhône-Poulenc — qui a fusionné en 1999 avec Hoechst pour former le groupe Aventis. 5 LE SECTEUR TERTIAIRE : SERVICES, FINANCES ET COMMERCE 5.1 Cadre général En 2001, les services employaient 73 p. 100 de la population active et contribuaient pour 73 p. 100 à la formation du PIB, dont 18 p. 100 pour les services non marchands (administration) et 13 p. 100 pour le commerce. Deuxième puissance de services au monde, la France possède une balance des paiements largement excédentaire (30 milliards d’euros en 2002). Elle occupe une place de choix dans le domaine de la circulation internationale des « invisibles » et des services, avec une part de marché estimée à 10 p. 100. Ses points forts sont le tourisme, l’ingénierie informatique, la réalisation de grands travaux à l’étranger ou encore la prospection pétrolière et minière. Paris est la première place commerciale française, pour le commerce intérieur comme pour le commerce extérieur, mais d’autres villes — telles que Marseille, Lyon, Lille, Bordeaux et Toulouse — concentrent une part importante de l’activité commerciale. Le secteur de la distribution est dominé par les grandes surfaces aux mains de quelques grands groupes comme Carrefour, Auchan, Leclerc ou Pinault-Printemps-Redoute. Les pouvoirs publics s’efforcent aujourd’hui de limiter leur extension afin de protéger le petit commerce. 5.2 Secteur financier 5.2.1 Monnaie Jusqu’à l’entrée en vigueur de la monnaie unique européenne, l’unité monétaire de la France était le franc, divisé en 100 centimes. Le 1er janvier 2002, l’euro est devenu la monnaie officielle de la France, selon le taux de conversion suivant : 1 euro = 6,55957 francs. Les faces nationales des pièces en euros émises en France représentent la Marianne (1, 2 et 5 cents), la Semeuse (10, 20 et 50 cents) et l’arbre de vie de la République française (1 et 2 euros). La parité du franc CFA (voir zone franc) est désormais indexée sur l’euro, même si les opérations financières intérieures continuent à s’effectuer en francs CFA pour les pays de la zone concernée. 5.2.2 Institutions et établissements bancaires La Banque de France, fondée en 1800 et nationalisée en 1946, bénéficie d’un statut qui garantit son indépendance par rapport au gouvernement. Elle est présidée par un gouverneur. Chargée de préparer la France à la mise en œuvre de la monnaie unique, elle a cependant été dépossédée de la gestion des affaires monétaires par la Banque centrale européenne. Depuis 1986, le secteur bancaire a connu un mouvement de privatisations sans précédent à l’issue duquel la BNP, la Société générale, Paribas, le CCF et le Crédit Lyonnais sont redevenues des banques privées. Le groupe BNP-Paribas, le Crédit Lyonnais et la Société générale constituent désormais les plus grandes sociétés bancaires du pays ; elles sont par ailleurs fortement implantées à l’étranger. Le Crédit agricole est la première banque de dépôt au monde, position confortée depuis son alliance — avalisée par la Commission des opérations de Bourse (COB) en mars 2003 — avec le Crédit Lyonnais. Environ 9,5 p. 100 des actifs travaillent dans les banques et dans les services financiers. La Bourse de Paris est l’une des grandes places financières européennes, après Londres et Francfort. La France est membre permanent du conseil du Fonds monétaire international (FMI), de l’OCDE, du G7, sommet des sept pays les plus industrialisés de la planète (France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, États-Unis, Canada et Japon), et du G8 (pays du G7 auxquels s’ajoute la Russie). 5.3 Commerce extérieur 5.3.1 Balance commerciale Bien intégrée dans le processus de mondialisation des échanges, la France est devenue la quatrième puissance commerciale du monde. Au cours des années 1980, le pays a connu un déficit chronique de son commerce extérieur, principalement dû à ses achats de pétrole brut. La balance commerciale a opéré un redressement spectaculaire depuis 1992. Elle a enregistré un excédent record en 1998, soit près de 150 milliards de francs, contre 97,8 milliards en 1995. Ce redressement témoigne du dynamisme des entreprises françaises et de l’augmentation des exportations. Toutefois, la part de la France dans les échanges mondiaux tend à diminuer, passant de 6,2 p. 100 en 1990 à 5,2 p. 100 en 2000. 5.3.2 Partenaires commerciaux Le commerce avec la zone franc (Maghreb, Afrique noire), qui a représenté jusqu’à près de 30 p. 100 du commerce extérieur à l’époque de l’empire colonial, ne représente plus que le dixième du volume des échanges internationaux de la France. La France réalise désormais plus de 65 p. 100 de ses échanges avec les pays de l’Union européenne. L’Allemagne est son premier partenaire commercial, suivi par l’Italie, le Benelux, le Royaume-Uni et les États-Unis. 5.3.3 Produits échangés Plus des trois quarts des importations et des exportations portent sur des produits manufacturés. Les machines et le matériel de transport ont fourni, à eux seuls, en 2000, près de 38 p. 100 des exportations, et les produits agricoles, 15 p. 100. La même année, les matières premières (hydrocarbures, minerais, charbon) ont représenté 7,7 p. 100 des importations. 5.4 Transports 5.4.1 Réseau routier Le réseau de transports français est l’un des plus développés d’Europe avec notamment 965 000 km de routes et 9 000 km d’autoroutes, ces dernières absorbant 60 p. 100 du transport de marchandises et près de 90 p. 100 du trafic de voyageurs. D’ici à l’année 2010, le réseau autoroutier — qui bénéficie d’une nouvelle impulsion dans le cadre d’un schéma directeur adopté en 1990 — devrait être porté à 12 000 km. Au début de l’année 2002, le parc automobile français comptait près de 35 millions de véhicules (environ 29 millions de voitures particulières et 6 millions de véhicules utilitaires) contre 21 millions en 1980. 5.4.2 Réseau ferroviaire Les chemins de fer français ont été nationalisés en 1938 avec la création de la SNCF, qui réunit plusieurs réseaux nationaux. En 2000, le réseau ferroviaire français possédait environ 32 515 km de voies ferrées, dont 14 200 km de voies électrifiées, lesquelles assurent 80 p. 100 du trafic total. Aujourd’hui, il est en voie de restructuration. On assiste à des fermetures de lignes secondaires et au développement des lignes à grande vitesse. Le train à grande vitesse (TGV) est une réussite technologique, que la France a exportée dans plusieurs pays. La première ligne, la ligne sud-est reliant Paris à Lyon, est inaugurée en 1981, suivie par la ligne ouest et sud-ouest en 1990. Le réseau TGV se développe de Paris vers Lille (depuis 1993), Londres (Eurostar depuis 1994), Amsterdam et Cologne via Bruxelles (Thalys depuis 1996), et vers le Sud de la France (TGV Méditerranée depuis 2001). Si le trafic marchandises décline (seuls 20 p. 100 de l’ensemble transite par le rail), le trafic voyageurs ne cesse de se développer (1 000 km par an par habitant contre 700 en moyenne dans l’Union européenne). 5.4.3 Tunnels Le tunnel du Mont-Blanc, l’un des plus longs tunnels routiers du monde (11,6 km), inauguré en 1965, relie la France à l’Italie. Après un incendie meurtrier (41 morts), en mars 1999, le tunnel a été fermé puis réouvert aux voitures en mars 2002. Les deux pays communiquent également par le tunnel routier du col de Fréjus, ouvert en 1980. L’idée d’un tunnel sous la Manche apparaît dès le début du XIXe siècle. Le projet est cependant abandonné, puis repris en 1957, puis de nouveau gelé par la Grande-Bretagne en 1973 en raison de son coût. Les travaux débutent finalement en 1987 et sont achevés en 1993, avec un an de retard. Long de 50,5 km, situé à 130 m de profondeur, le tunnel relie Folkestone, en Angleterre, à Calais, en France. Il a coûté plus de 16 milliards de dollars. Il est inauguré officiellement le 6 mai 1994 par la reine Élisabeth II et le président François Mitterrand, et la première liaison commerciale entre Paris et Londres a lieu en novembre de la même année. Grâce au tunnel, l’Eurostar, train à grande vitesse, relie les deux capitales en 3 heures. 5.4.4 Réseau aérien La France possède une grande compagnie aérienne nationale, Air France, qui absorbe l’Union des transports aériens (UTA) en 1992 et fusionne avec Air France Europe (ex-Air Inter) en 1997 ; puis la compagnie est partiellement privatisée en février 1999. Avec la libéralisation du transport aérien, des compagnies privées apparaissent — AOM (fusion de Minerve et Air Outre-Mer) et Air Liberté (qui prend TAT en location-gérance en 1997) notamment — et se restructurent au sein d’une seule et même entité baptisée Air Lib en 2001 ; la compagnie dépose son bilan en 2003. Le trafic intérieur est désormais ouvert aux compagnies étrangères. Les principaux aéroports, situés dans la banlieue parisienne, sont Charles-de-Gaulle (implanté à Roissyen-France) et Orly. 5.4.5 Voies fluviales et maritimes Confrontées à la concurrence routière, les voies navigables (8 500 km) n’assurent plus que 2,55 p. 100 du trafic intérieur de marchandises. Si certains grands cours d’eau comme le Rhin ou le Rhône ont bénéficié d’aménagements importants, le réseau fluvial français souffre de la trop grande vétusté de nombreux canaux, soit trop anciens, soit de faible gabarit. Les grands « ports autonomes » (Marseille, Le Havre, Dunkerque, Nantes-Saint-Nazaire, Rouen et Bordeaux) assurent à eux seuls 90 p. 100 du trafic maritime alors que le pays compte 70 stations portuaires. La flotte marchande naviguant sous pavillon français ne rassemble qu’une faible partie des navires commerciaux (seulement 210 navires enregistrés), les compagnies d’armateurs préférant placer leur flotte sous pavillon de complaisance essentiellement pour des raisons fiscales et salariales. 5.5 Tourisme 5.5.1 Le premier pôle touristique du monde Avec un excédent de près de 12 milliards d’euros en 2002 et la venue de plus de 70 millions de touristes, la France est le pays le plus visité du monde. L’importance de cette activité tient principalement à la diversité de ses reliefs et de ses paysages ainsi qu’à la richesse de son patrimoine culturel (plus de 1 200 musées et plus de 12 000 monuments classés historiques). Les étrangers qui visitent la France sont essentiellement européens (près de 90 p. 100 des visiteurs), notamment allemands et britanniques. L’hexagone est également la première destination de vacances des Français qui sont chaque année plus de 35 millions à choisir leur destination de vacances dans une région de la métropole ou d’outre-mer. 5.5.2 Attraits touristiques C’est le littoral qui draine la majorité de la clientèle touristique, notamment le littoral méditerranéen (Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ou PACA) et la façade Atlantique (Bretagne, Aquitaine, Vendée). Viennent ensuite le tourisme montagnard, puis le tourisme vert (qui connaît une croissance continue), lequel permet aux populations des campagnes de diversifier leurs ressources grâce à l’aménagement de gîtes ruraux (on en dénombre plus de 42 000). Le développement de cette forme de vacances, particulièrement adaptée aux courts séjours, a ainsi permis de dynamiser certaines provinces autrefois peu visitées et de freiner le dépeuplement de certaines régions rurales. En l’espace de trente ans (de 1970 à 2000), le tourisme est devenu un puissant vecteur de croissance économique. Le secteur occupe, de manière directe ou indirecte, plus de 1,5 million de salariés (ce chiffre inclut les emplois saisonniers) et génère annuellement un chiffre d’affaires global de plus de 130 milliards d’euros.