
bien du bien commun : la nature et l'équilibre de la relation entre l'individu et la communauté. 
(cité par Claude Rochet). 
Récemment, cette notion a été réactivée par des courants assez divers : certains libéraux, 
comme Popper (The abdication of philosophy : Philosophy and the public good, 1994, non 
traduit), ou Leo Strauss (Histoire de la philosophie politique), mais aussi les courants 
« républicaniste » (Quentin Skinner) voire « populiste » (Christopher Lasch), aux Etats Unis. 
En Europe, citons Ricardo Petrella (Groupe de Lisbonne, altermondialiste, Le bien commun, 
1996), Claude Rochet ( républicain souverainiste, Gouverner par le bien commun 2001). Le 
texte de Jacques-François Marchandise qui introduit l'université adopte ce type de définition 
du bien commun. 
Il me semble que deux thèmes illustrent assez bien cette orientation en faveur du bien 
commun. 
a/ La critique du « relativisme » moral, intellectuel et culturel, du refus des normes et de 
l'autorité, du culte de l'individu et du narcissisme. On condamne particulièrement l'abdication 
des parents devant les enfants, et la judiciarisation de la vie publique ou privée. (Voir le site 
américain http://www.commongood.org). La critique de l'économie - et de l'idéologie 
libéraliste - par ce courant tient essentiellement au fait que l'économie est par excellence le 
domaine où règnent le relativisme et l'individualisme, et où, par conséquent, le respect, ou 
même la reconnaissance ou la discussion du bien commun sont refusés. 
b/ La méfiance à l'égard de l'état et de la bureaucratie, et, en tout cas, la nécessité de ne pas 
confondre bien commun et intérêt général. L'intérêt général serait le bien du prince, dans le 
sens où il est de sa responsabilité, et vise les biens publics et les règles générales de la cité. 
C'est l'exemple classique du service public à la française dont la mission d'intérêt général est 
définie par la loi. Le bien commun, lui, implique plus que le respect de la loi, comme 
exprimant l'intérêt général. Il nécessite un engagement de chacun comme condition de 
fonctionnement de la règle. Le bien commun n'est pas une norme ; il n'est pas défini par 
convention ; mais il existe cependant comme objet d'une discussion entre personnes 
responsables. 
 
4/ Bien commun, bien(s) commun(s) et internet 
Il y a donc un certain nombre de difficultés dans l'utilisation de ces notions. La même formule 
désigne des choses et un état d'esprit, voire une philosophie. Les choses elles même sont très 
diverses et composent un catalogue éclectique : l'eau, l'air, la couche d'ozone, le patrimoine 
génétique, les idées. J'ai lu récemment que le syndicalisme européen et la fonction publique 
européenne devaient être considérés comme des biens communs. 
Cet éclectisme, et ce passage du plus matériel au plus spirituel sont substantiels à la théorie 
même du bien commun. Thomas partait de la constatation que parmi les biens auxquels 
aspirent les hommes, certains, parmi les plus importants, sont partagés dans une jouissance 
commune. De cette base, qui est celle de la communauté humaine, il remontait jusqu'à un 
ordre supérieur, celui du bien commun.