Dossier 6: La pollinisation des Orchidées Introduction Ces fleurs souvent magnifiques, d'autres fois tout à fait bizarres, ces créations de la nature qui exercent un attrait en raison de leur beauté ou de leur complexité, sont le résultat d'adaptations à leur mode de fertilisation par des insectes ou des oiseaux et la preuve d'une évolution étroitement associée à ces mêmes pollinisateurs. Voyons comment les fleurs d'orchidées ont évolué en développant une ou plusieurs caractéristiques qui leur permettent d'attirer les pollinisateurs. Contrairement à plusieurs autres groupes de plantes à fleurs, les orchidées ne sont pas pollinisées par le vent ou l'eau. À l'exception de celles qui s'auto-pollinisent, particulièrement certaines espèces terrestres, les orchidées sont pollinisées surtout par les animaux, principalement les insectes. Ces derniers, tout en assurant la continuité de l'espèce, contribuent de manière active et plus rapide à la sélection et à la recombinaison génétiques que seule une pollinisation croisée peut apporter. L'exemple de la collaboration entre le sphinx et 'orchidée. Un cas de coévolution est illustré ici par une orchidée et son pollinisateur, un sphinx. La fleur possède un nectaire (tube) très long qui peut atteindre plus de 30 centimètres tandis que l’insecte est doté d’une trompe presque aussi longue qui lui permet d’accéder au nectar situé au fond du nectaire. D’après Darwin, la plante et l’animal se seraient adaptés l’un à l’autre au cours du temps. Selon une autre hypothèse récente, l’allongement du nectaire serait une réponse de l’orchidée à la trompe du papillon. En 1862, on présenta à Darwin une orchidée, Agraecum sesquipedale, plus communément appelée «étoile de Madagascar». C’est une épiphyte qui vit sur les arbres et se distingue par ses feuilles blanches en étoile et par son éperon, ou nectaire, un tube qui peut dépasser 30 centimètres de long au fond duquel se trouve le nectar, c’est-à-dire le liquide sucré dont se nourrissent les insectes butineurs. En aspirant le nectar, l’insecte touche les pollinies (amas de pollen), qui se collent alors sur sa tête ou son abdomen. L’insecte s’envole ensuite vers d’autres fleurs pour en aspirer le nectar, et dépose le pollen qui entraînera la fécondation. Ainsi se déroule la pollinisation en général. En examinant l’orchidée, Darwin prédit l’existence d’un papillon muni d’une trompe de la même longueur que le nectaire. L’adaptation mutuelle du nectaire et de la trompe s’explique par la coévolution, une suite de transformations qui se produisent au cours de l’évolution de deux espèces qui s’influencent réciproquement.