Prévention du cancer colorectal dans les pharmacies

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Prévention du cancer colorectal dans les pharmacies
Interview du Prof. Dr. méd. Gian Dorta, CHUV, Lausanne
1. Monsieur Dorta, pensez-vous que le dépistage du cancer colorectal
offert dans les pharmacies à des adultes en bonne santé ne va pas
créer des craintes et des visites médicales injustifiées ?
Il ne faut pas avoir peur de ce dépistage. En effet, un cancer colorectal
diagnostiqué à un stade précoce a beaucoup plus de chance d’être traité
avec succès. Par contre, un cancer colorectal découvert tardivement
reste, encore aujourd’hui, difficile à traiter. Par ailleurs, cette procédure
ne génère pas de visites médicales injustifiées, car seul les personnes
dont le test est positif seront vues en consultation.
Cette campagne ne prendra pas en considération les personnes souffrant de symptômes digestifs, présentant du sang visible dans les selles ou qui ont une anamnèse familiale de cancer colorectal. Toutes ces personnes doivent prendre contact avec leur médecin traitant.
2. La recherche de sang occulte dans les selles est-elle inconfortable ?
Les tests actuels ne nécessitent qu’une quantité minime de selles, dont la récolte sera effectuée
par le participant à la maison. Ce procédé est très simple et hygiénique. L’analyse de
l’échantillon de selle sera réalisée par la pharmacie.
3. Le test utilisé est-il fiable ?
Les tests immunologiques modernes sont très sensibles, ils réagissent à une quantité infime de
sang et sont spécifiques dans la recherche de sang humain. Les tests précédents nécessitaient
la pratique de certains régimes pendant la phase de test et parfois les patients devaient renoncer
à certains médicaments pour ne pas fausser les résultats du test.
4. Est-il vrai qu’un test positif signifie la présence d’un cancer colorectal et qu’un test négatif exclut
un cancer colorectal ?
Malheureusement, cela n’est pas aussi simple. Le test démontre uniquement la présence, ou
non, de sang humain dans les selles. La présence de sang dans les selles peut avoir des origines diverses, cela pourrait effectivement indiquer la présence d’un cancer, mais également signifier l’existence d’hémorroïdes ou de petites lésions non-cancéreuses de l’intestin. Par ailleurs,
un test négatif n’exclut pas la présence d’un cancer colorectal car celui-ci ne saigne pas constamment. Si les tests sont faits pendant une période ou le cancer ne saigne pas, le test restera
négatif. Pour pallier à ceci, il est recommandé de pratiquer un test à la recherche de sang occulte
dans les selles tous les ans à partir de 50 ans par une série de trois tests sur trois selles différentes afin d’optimaliser les résultats du test. La colonoscopie est une autre possibilité de dépistage. Il est recommandé de l’effectuer pour une première fois à l’âge de 50 ans, puis de la répéter tous les 10 ans. La colonoscopie est le moyen de dépistage le plus efficace et offre la possibilité de traiter d’éventuelles lésions précancéreuses.
5. Ne serait-il pas préférable de recommander une colonoscopie pour le dépistage du cancer colorectal ?
Théoriquement cela est correct, mais l’expérience a démontré que seule une petite partie de la
population accepte une colonoscopie de dépistage.
Le dépistage du cancer colorectal n’est à ce jour pas assez connu par la population. Le but de
cette campagne n’est pas de favoriser une méthode de dépistage spécifique, mais de motiver les
gens à participer à ce dépistage.
6. Qui est invité à participer à la campagne de dépistage du cancer colorectal dans les pharmacies ?
Toutes les personnes âgées de 50 ans ou plus, qui ne veulent pas passer par une colonoscopie
de dépistage et qui ne présentent pas de symptômes digestifs, de sang visible dans les selles ou
qui n’ont pas d’anamnèse familiale de cancer colorectal. Mon souhait est que de nombreuses
personnes bénéficient de cette possibilité offerte par les pharmacies suisses.
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