Farge 2011-2012 Damien 18 Octobre 2011 CAPES Notions 1

Farge 2011-2012
Damien 18 Octobre 2011
LMPHI185, D. Forest CAPES Notions 1
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CAPES Notions 1
Second cours sur lhallucination :
Rappel des textes distribués :
Thomas Reid (1710-1796), Essais sur les pouvoirs intellectuels de lhomme, 1785. II
Malebranche, Recherche de la vérité : Livre I, chap. XI, section VI : Quatre choses que
lon confond dans chaque sensation (Pléiade, I, p. 96)
Philosophie et psychologie, La connaissance tacite. Illusion de Ponzo.
G. Kunizsa/Kanizsa, Seeing and thinking.
Cours sur linconscient.
Première chose, il faut savoir de quoi on parle.
Il faut résister à la philosophie freudienne : il faut déborder ce que dit Freud et ce que lon peut en faire. Il ne faut
pas foncer sur la psychanalyse : linconscient ne tient pas dabord dun concept psychanalytique.
Il faut garder la bonne distance avec Freud : il ne faut pas l’éviter ni même le citer comme une évidence.
Il faut faire en sorte que tout le monde comprenne.
Point de départ du cours : Stuart Mill, qui examine la philosophie de Sir W. Hamilton. Un chap. qui sintitule :
les modifications mentales inconscientes, milieu du 19e.
Hamilton défend cette thèse des modifications mentales inconscientes, sous trois formes.
Inconscient - latent : est-ce que tout ce qui est latent est inconscient ?
1er sens de latent : Quelque chose que je sais, mais à quoi, présentement, je ne pense pas. Si on pose une
question de culture générale, et que je connais la réponse, la question actualise une connaissance de mon
encoprésie mentale (ce que lon sait sans y penser) ? Cest lobjet dune thématisassions philosophique ancienne
et topique : Aristote, Le traité de l’âme, II, 5 : distinction entre être savant et exercer la science. Il y a donc deux
sens d’être capable d’écrire : on sait écrire parce quon appartient à lespèce humaine (il suffit dapprendre), ou
bien on sait écrire parce quon le peut (si on veut, on peut puisquon le sait déjà). Il y a donc acquisition dune
disposition.
Qui dit encyclopédie mentale ne dit pas nécessairement activité mentale inconsciente. Une connaissance peut
devenir consciente, mais lexpression connaissance inconsciente renvoie à quelque chose de clair ou de
constatable.
Il y a bien une distinction : la virtualité de la marche nest pas un processus inconscient ; ce nest pas quelque
chose qui serait et quon ne repèrerait pas.
La suggestion que fait Mill est que cet état latent, ce premier type d’état latent, lexistence de lencyclopédie
mentale, ne fait pas quelque chose comme une activité mentale inconsciente : il manque quelque chose
dessentiel, à savoir la notion de dynamique.
2e sens de latent : Ce que je sais ou ce dont je me souviens sans le savoir. Je crois avoir tout oublié dune langue
apprise il y a 20 ans, mais elle me revient.
Selon Mill, ce second cas tombe exactement sous la me objection, à savoir que la mémoire latente, la latence
de souvenir, ne mérite pas le nom de modification mentale. Cest plutôt des dispositions inconnues.
3e sens de latent : Des modifications inconscientes qui se manifestent par des effets dont nous sommes
conscients. « Ce dont nous sommes conscient est construit à partir de ce dont nous ne sommes pas conscients. »
Le premier type dexemple tient de la perception : on retrouve lexemple Leibnizien de la Préface des nouveaux
essais, à savoir le bruit de la mer : ce bruit en tant quil est sensible dérive du bruit des vagues dont aucune nest
véritablement et directement perceptible à elle seule. Il y aura, selon Leibniz, des petites perceptions de
phénomènes eux-mêmes perceptibles, dont lagrégat est quelque chose que je peux percevoir.
Peut devenir conscient le résultat dun processus, une pensée qui a lair incidente ; dont elle serait
laboutissement. Ca se retrouve au 18e siècle chez Carpenter,
« Lesprit peut connaitre des modifications, parfois dune importance considérable sans être conscient des
processus, jusqu’à ce que ces résultats se présentent eux-mêmes à la conscience sous la forme de nouvelles idées,
de nouvelles combinaisons didées que le processus a engendré. »
Lexemple du mot qui nous vient soudainement à lesprit alors que nous avons cesde le rechercher. Lidée est
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donc que la recherche qui abouti, est donc une recherche faite en nous, et donc dune certaine manière sans nous.
On nest donc pas simplement dans la latence, mais dans un processus : on a donc un processus dont la
conscience constate les effets sans y avoir un accès direct.
Quel est le statut de ce processus qui échappe à la conscience ? Mérite t-il d’être appelé mental ? Ne faut-il pas
tout simplement déclarer que le processus inconscient nest non pas seulement donné à la conscience, mais est
un processus physique (cérébral) ? Mill sympathise avec cette version.
La non réduction de la question dinconscient à la question de la psychanalyse :
Lidée dune pensée inconsciente est-elle contradictoire ?
Comment linconscient peut-il se manifester ?
Comment connaître linconscient ?
Il y a deux sortes de sujets : en amont et en aval.
En amont, on a un sujet sur la possibilité ou lexistence de linconscient, qui aura donc essentiellement deux
formes : est-ce que linconscient est possible, au sens de non contradictoire ? Et pourquoi admettre un
inconscient ? Lhypothèse à linconscient est-elle justifiée ?
En aval, sujet sur la détermination de linconscient : pourquoi accepter quil y a telle pensée de linconscient
plutôt que telle autre ? Les sujets en amont ont tout particulièrement besoin dune conceptualisation
philosophique. Question du caractère arbitraire ou non des hypothèses psychanalytiques.
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La défense de limpossibilité de linconscient, il en existerait trois types : Leibniz, Bergson et les variantes sur
linconscient cognitif.
Leibniz : défense qui part de lidée quil faut admettre quil y a une continuité, admettre la réalité du continu. Si
on définit lactivité de l’âme comme lactivité de percevoir, alors labsence daperception, cest-à-dire labsence
de perception consciente, ne signifie pas labsence de lactivité. Voir larticle 14 de la Monadologie.
Bergson : Matière et mémoire, III, p. 156-165 éd. courante. Analyse du préjugé de lexistence des états
psychologiques inconscients. Cesser d’être conscient, pour un état psychologique, ce serait cesser dexister, ce
qui revient à dire que l’état psychologique passé est inexistant, ou bien sil survit, il survit en autre chose (genre
trace cérébrale du souvenir). Il y a donc dissymétrie ou asymétrie entre dune part les choses matérielles que lon
ne perçoit pas actuellement, et puis dautre part, les états psychologiques qui, en dehors de la conscience,
cesseraient dexister par eux-mêmes.
Le véritable rôle de la conscience est d’être lié à laction et au quisit de laction. Par conséquent, la question
d’être conscient ou pas, cest la question d’être lié au besoin immédiat de la question, et non pas la différence
entre exister ou ne pas exister.
Réflexion sur ce quon entend par exister : on considère comme existante les choses hors de nous en tant quelles
peuvent déterminer notre futur : on peut avoir à en tenir compte. Deuxièmement, quand les choses sont
ensembles, elles sont liées entre elles par des irrégularités du type : un ordre spatial du tableau qui est
indépendant, peut importe le sens utilisé pour le regardé. Il y a donc comme critère, celui dobéir à certaines
formes dordre. Ainsi, les états psychologiques existent parce quils jouent les deux rôles en question en tant que
la synthèse des états psychologiques passés est le caractère de lindividu. Par caractère de lindividu, cest le
fait que lon ne renaissait pas à nous même en chaque instant et nos décision futures nous ressemblent et
sinscrivent dans une histoire. Il y a donc une relation de détermination au moins partielle de nos états futurs sans
avoir besoin de se rappeler consciemment ces états psychologiques passés. Ce que soutient à sa manière Bergson
est que des représentations inconscientes, ça existe, cest-à-dire que lon en constate lefficace en permanence du
fait de la manière dont les individus se déterminent à faire ce quil font. En étant nous-mêmes, nous touchons la
réalité de linconscient, cest-à-dire la présence et la réalité des états psychologiques passés.
Helmholtz : il distingue la perception visuelle et la perception de lespace. On passe de l’élémentaire au construit
via une inférence inconsciente. Cest donc un élément de lanalyse de nos capacités. Ce que nous faisons obéit
à des principes que nous navons pas à nous représenter : cest lune des meilleures défense, à savoir la
connaissance cognitive de linconscient.
Linguistique cartésienne : les principes universels de la grammaire sont innés dans lesprit. Ca implique donc
que les différences entre les langues sont superficielles et non profondes. Ensuite, lenfant apprend bien entendu
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à parler, mais il faut comprendre lapprentissage au sens faible, et non au sens fort. Il napprend pas à construire
les principes de la langue de lexpérience linguistiques puisque ces derniers sont déen lui. Cest largument de
la pauvreté du stimulus : dans lapprentissage, lenfant applique des règles qui nont pas à lui être inculquées. Il y
a plus de connaissances linguistique dans ce quil va dire. Les gularités auxquelles ce quil dit vont obéir ne
sont pas réductibles à des régularités quil peut tirer son expérience.
Les interrogatifs polaires : Lhomme est grand. Lhomme est-il grand ?
Lhomme qui est venu hier est grand.
Chomsky soutient lidée que sur le dernier exemple, on ne trouvera jamais une erreur du type : Lhomme qui
est-il venu hier est grand ? Le il sera nécessairement placé dans la principale, et on a pas besoin de linculquer
aux enfants : ils le savent et on a pas besoin dexpliciter cette connaissance pour sen servir. On peut donc
considérer quune des meilleures défenses possibles de la notion dinconscience est celle-là : on peut obéir à
des principes quon a pas besoin dexpliciter pour quils deviennent la règle de nos cisions ou de nos
comportement linguistiques.
Deux passages de Freud sur la défense de la notion dinconscient :
- Notre expérience quotidienne nous fait faire la connaissance didées incidentes dont nous ne connaissons pas la
provenance, et de résultats de pensées dont l’élaboration nous est cachée (pas sûr de la fin)
- Un gain de sens et de cohérence est un motif pleinement justifié pour aller au-delà de lexpérience immédiate.
Selon Freud, la première chose à constater sur la première citation, cest exactement ce que disait Carpenter plus
tôt. La justification de linconscient est que, premièrement, les phénomènes conscients ne portent pas en eux les
principes de leur explication. Deuxièmement, cette hypothèse augmente nos capacités à rendre compte de la
cohérence de la vie psychique. Ca se ramène donc à un point de la théorie de la connaissance générale : pourquoi
admettre quelque chose qui est complètement inobservable, notre conscience dans lexistence de x est fonction
de la valeur explicative dune théorie danalyse qui admet x.
Le deuxième élément de lhypothèse est une défense pragmatique : si on peut édifier sur une hypothèse de
linconscient élaborer une pratique couronnée de succès, alors on aura une preuve de son existence.
Comment linconscient peut-il se manifester ? Comment connaître linconscient ?
Pour le premier, le Moi et le ça, texte de 1920, avec une première section nommée Conscience et inconscience. Il
fait une distinction de deux forme dinconscient : linconscient traditionnel, cest celui de la représentation
latente. Se pose alors la question : ce qui est latent est-il vraiment représenté ? Est-il psychique en un sens
intéressant ? Le débat est-il purement terminologique ? Il y a donc ce quil appelle le point de vue dynamique, à
savoir un processus ou représentation qui ne peuvent pas devenir conscient parce quil existe ce que Freud
appelle une force opposante qui résiste alors à leur apparition à la conscience. Donc, l’état des représentations
inconscientes est lié au refoulement. Il y a donc une forme de résistance. Le prototype de linconscient version
Freud, cest le refoulé car dans ce cas là, la différence nest pas simplement une différence de degré (ex. moindre
conscience), ni même une différence de moment (latence temporaire ou lencyclopédie mentale). Qui dit
inconscient dit symptôme et résistance à lanalyse.
Voir Politzer, qui a publié en 1928 chez Puf, la critique des fondements de la psychologie. Freud selon lui na
pas complètement rompu avec la psychologie traditionnelle puisque celle-ci postulait des stratégies
traditionnelles. Freud aussi substitue à la vie psychologique réelle un conflit entre des entités postulées, comme
linconscient.
Politzer critique aussi linférence du symptôme à linconscient en donnant pour idée que si on décrypte le ve à
la Freud, ça ne marque que selon un certain postulat : le contenu explicite du rêve, cest le travestissement dun
contenu latent. Il y a donc une forme de pensée derrière la pensée, qui existe et à laquelle on a un accès indirect :
une pensée quon aurait toujours eu sans le savoir. Ce que soutient Politzer, est que lon pourrait faire une
psychanalyse sans inconscient (ce qua tenté Sartre dans sa psychanalyse existentielle) : on interprète ce que
Politzer appelle le drame, ou conflit de lexistence, mais on ne postule pas que ça rejoigne une pensée latente qui
existerait déjà. On ne pourrait pas révéler une pensée inconsciente : on est pas convaincu par le fait quil faille
mettre une pensée latente sous la pensée explicite du rêve sous le symptôme.
Sur la manifestation de linconscient, la connaissance de linconscient, le livre de référence est de Grünbaum, les
fondements de la psychanalyse. Grünbaum est avant tout un philosophe des sciences. Mais son problème est
dexaminer en détail la thèse dinflexibilité des hypothèses psychanalytiques, par ex. conjecture et futation de
1962 : il ny a pas de comportement humain qui puisse contredire une thèse de Freud. Il ny aura jamais de mise
à l’épreuve. Si le patient accepte linterprétation proposé, alors cest un élément de confirmation, mais sil
refuse, cest une résistance énergique à la vérité.
La psychanalyse, cest bien une connaissance empirique, jusqu’à un certain point. Chez Grünbaum, il provoque
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en disant que Freud tombe sur des falsificateurs de ses hypothèses : p est causalement nécessaire pour n sera
falsifié à chaque fois quune victime de n nest pas sujet à p. (p nest pas une condition nécessaire, sauf si on a
une cause étiologique forte : p implique nécessairement n. Cependant, si un cas nest pas valable, alors
lhypothèse tombe.) Freud est donc dans une marche scientifique tout à fait standard. Mais beaucoup
dhypothèse de la psychanalyse ne sont pas justement des hypothèses étiologiques fortes. Très souvent, p ne
cause pas inconditionnellement n, mais p dispose à n. Le retour de lOedipe féminin à la puberté peut conduire à
la déception car la mère de la jeune fille est enceinte, et entrainerait une orientation homosexuelle de la fille. On
a donc identifié ici un facteur de risque : quelque chose qui augmente la probabilité de. On est donc dans une
démarche scientifique tout a fait canonique.
Il reste selon lui un probme central, à savoir celui du sort réservé aux interprétations du psychanalyste par le
patient. Du fait du transfert, le patient est dans un état dextrême perceptibilité. Comment faire un partage entre
un assentiment subjectif dun patient et une confirmation objective ? Comment valider une certaine
interprétation ou hypothèse sil y a une sorte de disposition inconditionnelle à accepter ce qui vient de
lanalysant ?
Grünbaum est persuadé que Freud connait le problème et écrit un texte qui date de la première guerre :
conférence sur la thérapie analytique de 1917. On tombe donc sur the Tally Agument (argument dit de la
concordance).
Le patient est influençable, mais « ceci naffecte que son intelligence non sa maladie. » Il existe une source
subjective de confirmation de lhypothèse : lincidence que linterprétation a ou na pas, sur le cours ultérieur de
la maladie. Après tout, ces conflits seront seulement résolus, et ces résistances surmontées, si les suggestions
quon lui fait saccordent avec ce qui est réel en lui. Tout ne se passe pas dans un dialogue entre la conscience du
patient et les suggestion de lanalyste car ce quils disent ou ce quils pensent se rapporte à quelque chose
dextérieur à la conscience. La différence importante est que les énoncés faux peuvent convaincre
intellectuellement comme témoin de la maladie, mais ils ne peuvent pas modifier l’état de ce sujet si
linterprétation est erronée. Si on dit vrai, on a le moyen de transformer ce dont on parle, et cest ainsi que lon
aura un critère de la véracité des hypothèses. La connaissance de linconscient est attestée par lefficace de ??? et
ceci na rien à voir avec lassentiment suggestive du patient.
Il y a donc comparaison des traitements, entre lefficace des psychothérapies.
Problème de la mission spontanée. Ce que tend à montrer Grünbaum est que le temps de la concordance est la
meilleure fense de la psychanalyse en terme de validation par les conséquences positives. Mais, il est de
validation par les conséquences positives, et même tout à fait problématique, quil est douteux que ça suffise à
établir la vérité des thèses psychanalytiques.
Rappel : Argument de Popper revient à lidée le concept analytique est tellement lâche quil est réconciliable
avec nimporte quelle situation.
La prochaine fois : la conscience de soi.
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