
 
La puberté oblige à la réappropriation de son héritage et à se positionner au niveau de sa 
personnalité, c’est-à-dire de son territoire, d’une façon nouvelle, différente. Celle d’un adulte. 
 
Ce qui se passe aussi au niveau de tous les animaux supérieurs.  
La puberté  est aussi le moment  de révélation des difficultés,  des peurs, des angoisses qui 
subsistent, des incertitudes, de l’estime de soi.  
Tout  cela  va être  mis  à  l’épreuve. Qu’est-ce que tu as dans le ventre ?  Qu’est-ce que tu as 
dans la tête ?  
C’est cela la puberté et c’est pourquoi il y a tellement de troubles qui apparaissent.  
 
Dans  notre  société  beaucoup  plus  ouverte  et  justement  avec  une  société  plus  ouverte,  on 
s’aperçoit que  le problème n’est pas  tant de  celui de  l’interdit que celui de  la sécurité 
intérieure.   
La liberté, la permissivité peuvent faire apparaître avec plus de force le doute sur ses capacités 
à  faire  face  à  la  nouveauté  et  à  s’imposer.  Les  pathologies  dites  narcissiques  ou  de  la 
personnalité vont éclore.  
La liberté qui est la mise à l’épreuve de nos ressources est anxiogène parce qu’elle nous 
oblige à prendre nos responsabilités. Un ordre qui nous tombe dessus est certes écrasant mais 
plus rassurant. 
 
Ces troubles sont comme des conduites adaptatives en réponse à une menace de notre 
territoire. A l’exemple de l’éthologie, développée par Boris Cyrulnik, comme les animaux, 
nous sommes programmés pour défendre la vie et tout ce qui menace notre territoire. 
 
Ce  qui  caractérise  l’humain  par  rapport  à  l’animal,  c’est  que  nous sommes les seuls êtres 
vivants qui sommes conscients d’être conscients de nous.  
Ce qu’on trouve très bien exprimé dans le livre de Damasio, L’autre moi-même 3 qui montre 
comment à partir de la  matière,  à  un  moment donné,  l’esprit  est né. Ce qui  lui a  permis  de 
développer un langage symbolique.  
 
C’est la capacité réflexive qui autorise le langage et après, l’un et l’autre se renforcent.  
 
La  réflexivité  a  entraîné  une  rupture  qualitative  essentielle  à  partir  de  cette  prise  de 
conscience  de  l’homme  et  fait  naître la  capacité de  l’envie,  avoir  plus.  Ce  qui  n’est  pas  le 
problème des animaux. S’ils n’ont pas assez, ils vont prendre au voisin pour survivre, mais ils 
ne vont pas tout le temps comparer.  
 
L’envie est le résultat de cette conscience de nous-mêmes. 
 
- Avoir conscience que l’on va mourir et tout perdre va exacerber la créativité humaine.  
Il faut comprendre pourquoi on est sur terre, cette recherche est une forme d’addiction.  
Heureusement, ce  n’est  pas  une mauvaise  forme  de  l’addiction, il  y en  a de  beaucoup plus 
toxiques par la suite. 
 
- La deuxième conséquence est que nous sommes des êtres de paradoxe.  
Nous sommes conscients que pour être nous, il faut se nourrir des autres. Mais pour être, moi, 
différent des autres comment faire si je me nourris des autres ? 
C’est toute la question de l’obéissance, de la soumission aux parents qui va apparaître et que 
l’adolescent fait exploser. Plus on a besoin de l’autre, plus on va ressentir ce besoin comme 
un pouvoir de l’autre sur nous.