Thème 2 (ECO) : Mondialisation, finance internationale et

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Thème 2 (ECO) : Mondialisation, finance internationale et intégration européenne.
Chapitre 3 : Quelle place de l’Union européenne dans l’économie globale ?
Objectifs :
Ce chapitre est le dernier du thème « Mondialisation, finance internationale et intégration euro-
péenne». Il doit permettre de mettre en pratique les connaissances des deux chapitres précédents et il faut
donc être capable d’utiliser les théories du commerce international, afin de montrer comment et pourquoi les
États membres ont choisi d’intégrer leurs économies ; et, de plus, réutiliser les connaissances acquises sur
les mécanismes de change pour comprendre l’importance de l’Union monétaire dans le contexte monétaire
et financier international.
Enfin, ce chapitre rappelle le rôle des politiques macroéconomiques, en précisant leurs interdépen-
dances dans l’Union monétaire. On s’interrogera à cet égard sur les difficultés de coordination des politiques
économiques.
Le programme incite à ne pas développer les détails de la construction européenne mais, à l’inverse,
il insiste sur l’originalité de l’intégration européenne. Il faut donc montrer les objectifs de cette intégration.
Enfin, il faut insister sur l’Union monétaire et montrer la place de l’euro dans le contexte monétaire
et financier international, et sur les défis de l’UEM : préserver une politique monétaire autonome, tout en
ayant un taux de change fixe, créer une monnaie internationale capable de concurrencer le dollar, mener des
politiques cohérentes dans un espace économique intégré, où les politiques sont interdépendantes et doivent
donc être coordonnées.
Plan :
I. La construction européenne.
A. La construction européenne : un projet politique.
B. La dynamique de l’intégration.
Doc.1 et doc.2 p.122 ; doc.3 et doc.4 p.123
Doc.1 et doc.2 p.124 ; doc.3 et doc.4 p.125
C. Les institutions de l’Union européenne.
II. L’Union européenne dans l’économie mondiale.
A. Les gains procurés par l’intégration des marchés.
B. L’Union européenne entre régionalisation et mondialisation.
Doc.1 et doc.2 p.126 ; doc.3 et doc.4 p.127
C. Les difficultés de la conduite des politiques économiques.
Doc.1 et doc.2 p.128 ; doc.3 et doc.4 p.129
Doc.1 et doc.2 p.130 ; doc.3 et doc.4 p.131
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I. La construction européenne.
A. La construction européenne : un projet politique.
A la fin de la seconde guerre mondiale, les différentes nations européennes sont totalement anéanties.
Il faut alors redémarrer les économies, envisager la reconstruction et redéfinir les rapports entre les alliés et
les ennemis d’hier.
La remise en état des économies est notamment rendu possible avec l’aide du plan Marshall et les
Etats-Unis vont alors accroitre leur influence sur l’Europe occidentale à travers ces prêts. Dans le même
temps, les accords de Bretton Woods (1944) consacrent la suprématie économique et monétaire américaine.
Dans ce contexte, des voix s’élèvent en Europe pour mettre en route une dynamique européenne afin
d’éloigner définitivement les possibilités de conflit au sein du Vieux Continent.
Le 9 mai 1950, Robert Schuman met en avant la nécessité d’éliminer les oppositions entre les vieilles
nations européennes notamment la France et l’Allemagne.
En novembre 1954, Jean Monnet écrit : « Nos pays sont devenus trop petits pour le monde actuel, à
l’échelle des moyens techniques modernes, à la mesure de l’Amérique et de la Russie d’aujourd’hui, de la
Chine et de l’Inde de demain. L’unité des peuples européens, réunis dans les Etats-Unis d’Europe, est le
moyen de relever leur niveau de vie et de maintenir la paix ». Si l’idée d’Etats-Unis d’Europe est ancienne,
c’est l’expérience des deux guerres mondiales qui pousse les « pères fondateurs » ( Konrad Adenauer
(1876-1967) ; Alcide de Gasperi (1881-1954) ; Jean Monnet (1888-1979) ; Robert Schuman (1886-1963) ;
Paul-Henri Spaak (1899-1972)) à relancer le projet européen dans le but d’éviter le renouvellement des
« guerres fratricides » en Europe et pour cela de construire des solidarités fortes entre les Etats et entre les
peuples. Après l’échec de la Communauté Européenne de défense (1954), ce sont les solidarités écono-
miques qui sont privilégiées. C’est pourquoi, dès l’origine, il ne s’agit pas seulement de favoriser la libre
circulation des marchandises, mais surtout d’intensifier les liens commerciaux et culturels, de favoriser les
coopérations entre entreprises, universités, laboratoires de recherche, de susciter et de faciliter les échanges
entre européens (programmes Erasmus par exemple), de mettre en place des politiques communes (poli-
tiques agricole, régionale, énergétique, etc.). La perspective est clairement celle d’une forme ou d’une autre
d’intégration politique démocratique (élection du parlement européen au suffrage universel direct depuis
1979). C’est en ce sens que l’intégration européenne est originale, elle ne vise pas seulement à construire un
espace économique intégré mais à faire de l’Europe un acteur à part entière de la vie internationale (c’est
l’Union européenne en tant que telle qui siège à l’OMC, c’est l’Union européenne qui, aux côtés des Etats-
Unis et de la Russie, participe à la « troïka » pour le Proche Orient, etc.). D’autres expériences d’intégration
(l’ALENA par exemple) se situent uniquement dans la perspective du libre-échange. Mais dès lors qu’il
s’agit d’exprimer un certain volontarisme politique face aux marchés, la construction européenne est souvent
présentée comme un modèle. Par exemple, c’est en faisant référence à la construction européenne que le
président du Brésil, Lula da Silva, proposait dès 2003 un projet d’intégration latino américaine qui devait
déboucher sur une monnaie commune, une citoyenneté commune et un parlement commun. Cela a conduit à
l’entrée en vigueur de l’Union des nations sud américaines en mars 2011.
L’existence d’une politique extérieure et de sécurité commune, le renforcement de la coopération mi-
litaire, la charte des droits sociaux fondamentaux, interdisent donc de lire l’histoire de la construction euro-
péenne comme la simple réalisation d’un projet « libéral » de libre circulation des marchandises et des capi-
taux. Si cette dimension est effectivement présente, elle n’est pas la composante unique du processus.
Comme le soulignait François Perroux, un processus d’intégration suppose toujours la combinaison
d’opérations de marché et d’opérations hors-marché, de procédures privées et de procédures publiques.
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B. La dynamique de l’intégration.
Dans toutes les régions du monde, des processus d’intégration se sont mis place. On peut retenir la
définition classique de l’intégration de François Perroux (1903 1987) : « L’acte d’intégrer rassemble des
éléments pour former un tout, ou bien il augmente la cohérence d’un tout déjà existant » (L’économie du
XXe siècle).
L’intégration économique désigne le processus par lequel plusieurs nations s’accordent pour faciliter
les échanges entre elles, afin d’unifier progressivement leurs marchés, et d’en tirer des avantages mutuels.
Cette intégration s’accompagne de la création d’institutions communes chargées de gérer les intérêts
communs des pays.
Selon la « Théorie de l’intégration économique » (1961) de Bela Balassa (1928 1991), il existe cinq
degrés d’intégration :
- Création d’une simple zone de libre-échange entre les pays membres (suppression des barrières
douanières entre les pays membres et des limitations quantitatives).
- Transformation de cette zone de libre-échange en union douanière quand les pays adoptent un tarif
douanier commun vis-à-vis des pays non membres. La stratégie de la zone se précise donc vis-à-vis des
pays tiers.
- Marché commun quand la libre circulation ne concerne plus seulement les marchandises mais aussi
les capitaux et les hommes.
- Union économique quand les pays décident d’harmoniser leurs politiques nationales pour éviter les
tensions entre eux.
- Intégration économique et sociale quand les membres de l’Union créent des institutions politiques
qui gèrent les intérêts communs. Il s’agit d’une union économique et monétaire.
1. La création de l’Union européenne.
Les différentes transformations de la structure européenne peuvent s’intégrer dans le processus décrit
ci-dessus.
Dès l’origine du projet européen, la solution de la zone de libre-échange est écartée. Ce sont les ad-
versaires du Traité de Rome qui ont tenté de mettre en place l’Association européenne de Libre Echange à
partir de 1960 et qui se sont par la suite, pour la plupart, intégrés à l’Union européenne.
Dans l’Histoire de la construction européenne, les degrés d’intégration ne sont pas des étapes qui se
succèdent mais des processus qui s’entrecroisent. Il existe bien cependant une dynamique de l’intégration,
liée d’une part à des facteurs économiques (chaque pas en avant vers l’intégration économique incite à fran-
chir le pas suivant) et à des facteurs politiques (chaque crise de l’Europe donne lieu à un approfondissement
de l’intégration rendu nécessaire pour sauvegarder le projet politique d’union européenne). Par exemple,
l’union douanière et la libre circulation des facteurs de production poussent à l’intégration monétaire afin de
réaliser des économies de coût de transaction et la crise du SMI pousse à la création du SME.
L’approche de l’intégration monétaire par le Triangle des incompatibilités permet d’illustrer cette dyna-
mique de l’intégration.
Un petit rappel sur :
Le triangle d’incompatibilités de Robert Mundell.
Le « triangle d’incompatibilités », configuration mise en évidence par Robert Mundell (1932 ), se-
lon laquelle il est impossible pour un État de maintenir tout à la fois un taux de change fixe (l’appartenance
au Mécanisme de Change du SME), la liberté de circulation des mouvements de capitaux (l’absence de con-
trôle des changes) et le libre choix de sa politique monétaire (la fixation du niveau des taux d’intérêt à court
terme en fonction d’objectifs internes de politique économique).
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Ainsi, un pays qui déciderait une relance autonome en baissant les taux d’intérêt verrait immédia-
tement les capitaux placés dans sa devise se porter sur d’autres monnaies offrant une meilleure rémunéra-
tion. Sur le marché des changes, il en résulterait des ventes massives de sa devise et donc une dépréciation
qui finirait par rendre impossible son maintien dans la bande de fluctuation autorisée par l’appartenance
au régime de changes fixes. En revanche, l’abandon d’une des trois conditions permet la poursuite des deux
autres : en changes fixes, il est possible de conduire une politique monétaire autonome (baisse ou hausse
des taux d’intérêt par rapport à ceux des partenaires) à condition que le contrôle des changes empêche les
mouvements de capitaux (respectivement sorties ou entrées) qui inévitablement en découlent.
Si au contraire, dans ce même contexte de changes fixes le contrôle des changes est levé, il faut re-
noncer à toute politique monétaire autonome.
Enfin, il est loisible pour un gouvernement de mener la politique monétaire de son choix en
l’absence de contrôle des changes s’il abandonne tout objectif de change fixe. Par exemple, une relance
monétaire favorise les sorties de capitaux mais la dépréciation du taux de change qui en résulte n’est plus
considérée comme problématique puisque le taux de change est décidé par les seules forces du marché.
La Communauté européenne a fait le choix des changes fixes, d’abord dans le cadre de Bretton Woods
après l’entrée en vigueur de l’Accord Monétaire Européen (décembre 1958), ensuite, face à l’instabilité mo-
nétaire internationale, à travers le Serpent Monétaire Européen (SME) et le Système Monétaire Européen
(SME). Puis, l’Union européenne a fait le choix de la libre circulation des capitaux. Ces deux choix effec-
tués, l’autonomie des politiques monétaires n’était plus possible, c’est ce qui a conduit à la mise en place de
la monnaie unique.
Quelques repères :
La construction de l'Europe s'est faite en 7 grandes étapes :
La naissance de l'Europe.
9 mai 1950 : Robert SCHUMAN, ministre français des Affaires Étrangères, partisan d'une réconciliation
franco-allemande et d'un rapprochement de tous les pays libres d'Europe, propose dans un discours inspiré
de Jean MONNET, la gestion sous une autorité indépendante du marché du charbon et de l'acier.
18 avril 1951 : le traité fondant la première Communauté Européenne, celle du charbon et de l'acier (CE-
CA), est signé à Paris par 6 pays : Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas et République Fédérale
d'Allemagne.
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La création de la Communauté Économique Européenne.
25 mars 1957 : les 6 pays constituant la CECA signent les Traités de Rome instituant :
- la Communauté Économique Européenne, (CEE),
- la Communauté Européenne de l'Énergie Atomique, dite EURATOM.
1962 : mise en place de la Politique Agricole Commune (PAC), 1ère politique communautaire.
Yaounde, les débuts d'un rôle international.
20 juillet 1963 : les États fondateurs de la Communauté Européenne signent avec leurs anciennes colonies
africaines une convention garantissant à celles-ci certains avantages commerciaux et une aide financière. La
Convention de Lomé qui a suivi s'applique aujourd'hui à 70 pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique
1967 : les exécutifs des 3 communautés (CECA, CEE, Euratom) fusionnent et créent un Conseil et une
Commission uniques. On parlera désormais de la Communauté.
L'élargissement de la Communauté Européenne de 1973 à 1995.
1er janvier 1973 : premier élargissement de la Communauté au Danemark, à l'Irlande et au Royaume-Uni :
c'est l'Europe des 9.
1er janvier 1981 : entrée de la Grèce dans la Communauté : c'est l'Europe des 10.
1er janvier 1986 : l'Espagne et le Portugal deviennent membres de la Communauté : c'est l'Europe des 12.
1er janvier 1995 : l'Autriche, la Finlande et la Suède adhèrent à la Communauté, c'est l'Europe des 15.
Les premières élections du Parlement Européen au suffrage universel direct.
7-10 juin 1979 : depuis cette date, les députés européens sont élus au suffrage universel direct tous les cinq
ans dans chacun des pays de l'Union Européenne.
1979 : le Système Monétaire Européen (SME) est créé, il a pour but de stabiliser les taux de change. Il se
compose de trois éléments : l'ECU (European Currency Unit), un mécanisme de change et d'intervention et
différents mécanismes de crédit.
La signature de l'Acte Unique Européen.
17 février 1986 : l'Acte Unique Européen signé à cette date et dont l'entrée en vigueur est fixée au 1er juillet
1987, prévoit l'achèvement du grand marché intérieur, véritable marché commun sans frontières, au 1er jan-
vier 1993.
L'Union Européenne.
7 février 1992 : le Traité sur l'Union Européenne est signé à Maastricht.
1er janvier 1993 : achèvement quasi total du marché unique.
1er novembre 1993 : le Traité de Maastricht entre en vigueur et donne à la construction européenne une
nouvelle dimension. La Communauté Européenne, à vocation essentiellement économique, se transforme en
Union Européenne marquée par la réalisation de l'Union Politique et de l'Union Économique et Monétaire
qui réunit tous les pays en mesure d'adopter l'euro au 1er janvier 1999.
29 mars 1996 : ouverture, à Turin, de la conférence inter-gouvernementale sur la révision du traité de Maas-
tricht.
1er janvier 1999 : l'euro devient la monnaie unique européenne.
1er janvier 2002 : l'euro devient la monnaie nationale et est utilisée par tous les Français.
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