Voici le texte de l’allocution de la professeure Pauline Côté de l’Université du Québec à Rimouski,
instigatrice du colloque:
Mesdames, messieurs des personnalités d’honneur,
Mesdames, messieurs, les participants et participantes au colloque en provenance du Rwanda, des nombreux
autres pays des continents africain, européen et américain,
MERCI d’être là présents ici aujourd’hui à Kigali.
Merci particulièrement au milieu universitaire rwandais qui nous reçoit et nous permet d’organiser ce
colloque interdisciplinaire d’envergure internationale, ici même à Kigali, sous les auspices du Laboratoire
d’étude et d’action pour le développement de la recherche en éducation LÉADRE, de notre université, la plus
à l’Est du Québec, l’Université du Québec à Rimouski et cela en étroit partenariat avec la co-organisatrice,
la professeure Catalina Sagarra de l’Université de Trent au Canada et avec la l’appui du professeur Michaël
Rinn de l’Université de Bretagne occidentale en France, ici présent. Ce colloque se tient également sous le
haut patronage de la Commission canadienne de l’UNESCO dans le cadre des célébrations entourant le 50e
anniversaire de la Commission en 2007 et avec l’aide de l’Agence canadienne de développement
international (ACDI) qui a permis la participation de plusieurs participants du continent africain.
Problématique et objectifs visés par le colloque
La nécessité de comprendre comment prennent forme des conflits interethniques et religieux afin de
les éviter est devenue incontournable. Depuis les années de ce dernier siècle, plusieurs conflits génocidaires
ont eu lieu. Voir la sélection de liens sur les génocides et massacres de masse meurtriers au
vingtième siècle :
Le génocide arménien 1915 1923
La Shoah 1941 1945
L’holocauste Rom et Sinti 1941 – 1945
La guerre du Biafra (guerre civile au Nigéria) Juillet 1967 Janvier 1969
L’Ouganda sous Idi Amin Janvier 1971 – Avril 1979
Le Cambodge 1975 1979
La « Terreur Rouge » en Ethiopie 1977 1978
La répression contre les indigènes au Guatemala 1981 1983
La campagne de l’Anfal contre les Kurdes dans le Nord de l’Irak 1988 1991
La Bosnie-Herzégovine 1992 1995
Le Rwanda 1994 Le génocide des Tutsis
La République Démocratique du Congo (RDC) 1988 2007
Le Darfour (Soudan) 2003 2007
Nous savons que la prévention de tels conflits nécessite l’éducation des peuples à la paix et à la
tolérance. Et quand le pire a eu lieu, le pardon et la réconciliation sont œuvres de titans. Il va de soi que les
partenaires qui se sont donné la main pour l’organisation de ce colloque en attendent des retombées
concrètes. Le colloque est, en fait, une première grande étape d’un processus dynamique qui doit mener à la
création d’un Réseau international de recherche entre universités et associations de terrain sur la
compréhension des conflits et sur l’éducation à la paix, aux droits fondamentaux et à la démocratie. L'Afrique
presque toute entière vit des crises socio-politiques, génocide au Rwanda; massacre des Banyamulenge en
2004 dans l’est de la République Démocratique du Congo; guerre civile en Côte d'Ivoire; actes génocidaires
au Darfour (Soudan); perpétuels conflits entre la Somalie et l'Érythrée; etc. Face à tant d’instabilité
démocratique, politique, économique et sociale, nous prévoyons que les échanges de savoirs et d’expériences
de terrains qui auront lieu lors de notre colloque nous permettront d’atteindre les objectifs suivants :
que les populations africaines et d'ailleurs dans le monde comprennent les indicateurs des
conflits pouvant mener à des situations génocidaires;
qu’avec les Rwandais nous luttions contre l'oubli et que nous soyons conscientisés sur
l'attitude à prendre après une telle situation;
que les générations futures soient éduquées en conséquence (réflexions sur les outils
pédagogiques à développer; sur le langage; sur les techniques de communications non
violentes, etc.);
que tous ces savoirs et réflexions aient valeur universelle et puissent servir à tous les
participants et participantes afin qu’ils en tirent profit dans leur association et pays respectif.
Mais au-delà de ces buts immédiats, les participants œuvrant dans des champs disciplinaires, théoriques et
pratiques différents, puiseront à même les connaissances et les savoirs engendrés à cette occasion pour
nourrir leurs lieux d’enseignement et/ou d’implication sociale respectifs. Ils seront appelés, à travers les
diverses activités de diffusion des résultats, à poursuivre le travail théorique et pratique ébauché lors de cette
rencontre internationale, qui se veut de partage nord/sud. Comme le rappelle l’UNESCO « La paix ne tire
pas ses origines des traités. Elle est le fruit des soins particuliers accordés au respect des valeurs, des
attitudes et des comportements pacifiques qui insufflent l'énergie vitale nécessaire à la mise en œuvre des
principes de la coopération, de la non violence, des droits de la personne, de la diversité culturelle, de la
démocratie et de la tolérance. »
Nos objectifs visent, à court, moyen et long termes et grâce au rapprochement et à la collaboration
étroite entre Associations, ONG, Commissions de droits de la personne, Organisation de promotion de la
paix et du développement durable et Centres Universitaires, à :
soutenir la communication participative et la libre circulation de l’information et des connaissances;
favoriser la participation démocratique;
développer la compréhension, la tolérance et la solidarité;
fléchir et renforcer une culture de la paix par l’éducation;
réfléchir sur les diverses façons et moyens de promouvoir le développement économique et social
durable;
promouvoir le respect de tous les droits de la personne;
assurer l’égalité entre les hommes et les femmes
établir des réseaux de coopérations transversales et transnationales
créer un réseau interdisciplinaire et international sur la compréhension et la prévention des conflits
et sur l’éducation à la paix, aux droits fondamentaux et à la démocratie.
En résumé, grâce aux diverses tables rondes qui auront lieu, les organisateurs et participants travailleront de
concert autour de deux idées fondamentales qui serviront de base à tous les échanges et débats, à savoir : la
paix est une condition essentielle au développement durable; tout comme le développement est une condition
essentielle à la paix, et toute bonne gouvernance se doit de travailler en ce sens et dans les termes de cette
double contrainte
Quatre axes
Les spécialistes au colloque aborderont la problématique des mises en discours du génocide selon quatre
axes différents :
1) la perspective psychologique : Comment assurer la transmission fidèle des discours, des mots/maux du
génocide, de ses séquelles? Comment garantir la parole des survivants?Comment mieux comprendre les
mécanismes de reconstruction de Soi et du Monde?
2) la pédagogie : Quels sont les outils pédagogiques susceptibles de transmettre le savoir humain aux
générations futures? Quelle part faire à l’Institution scolaire dans l’écriture, la lecture et la compréhension
du monde? Comment enseigner la paix, la tolérance et la solidarité entre les peuples en respectant les
principes démocratiques et les libertés fondamentales?
3) l’expression sémiotique et artistique : Comment les textes testimoniaux, les médias, communiquent et
reconstruisent l’histoire et l’horreur? Comment ouvrir des horizons habitables avec tout le poids du passé,
pour que l’anéantissement ne ronge plus la mémoire et que des lieux de mémoire s’érigent et participent à la
remise sur pied du possible national et international?
4) les aspects historiques et juridiques : quel bilan global pouvons-nous faire de la situation historique et
juridique des conflits génocidaires au national comme à l’international? Dans l’immédiat post-génocide au
Rwanda, quel cheminement a été accompli depuis lors, tant dans le Tribunal Pénal International pour le
Rwanda (TPIR) que dans les Gacaca (tribunaux populaires).
Le rôle des communicants à chacune de ces tables rondes sera important surtout pour favoriser, initier les
échanges avec les autres participants (discutants) qui alimenteront également les discussions avec leur vécu
et leur problématique propre de recherche et d’intervention dans leur milieu et pays respectif.
Je souhaite donc à tous et à toutes de très fructueuses délibérations qui nous permettront de faire un pas de
plus vers la paix et la compréhension du monde dans lequel nous vivons et dont sommes tous et toutes
SOLIDAIRES et non solitaires.
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