Brucella sp est une bactérie pathogène à
développement intracellulaire facultatif, dont les
cellules-cibles sont les macrophages ; elle est
responsable d’une anthropozoonose : la brucellose.
Chez l’homme, la maladie se caractérise par une
septicémie, puis une fièvre ondulante pouvant
conduire à une maladie chronique. Actuellement, il
existe un traitement antibiotique efficace contre la
brucellose, mais qui se limite au stade aigu.
Cependant, des mutations spontanées peuvent
apparaître, produisant des souches résistantes aux
antibiotiques. De plus, il est relativement simple de
produire ces souches résistantes, notamment dans
le cadre du terrorisme bactériologique. Il est donc
important de développer de nouveaux agents anti-
infectieux non antibiotiques.
Récemment, lors d’une étude effectuée au
laboratoire, des mutations ont été induites dans les
différents gènes de Brucella suis, par insertion du
transposon Tn5, afin d’étudier l’influence de ces
mutations sur la multiplication des bactéries au
sein des macrophages THP-1 (réf. 1). Ainsi, 131
mutations dans 59 gènes différents ont été
sélectionnées. Une des mutations qui montre la
plus grande atténuation de la multiplication des
bactéries après 48h d’infection, par rapport à la
souche sauvage, est une mutation au sein du gène
codant pour la protéine DsbB. Cette protéine est
spécifique aux bactéries et semble, pour cela, être
un bon candidat pour la recherche d’agents qui
inhiberaient sa fonction, et donc la multiplication
des bactéries au sein des macrophages, lors d’une
infection.
DsbB est une protéine qui possède des
homologues dans la plupart des bactéries gram
négatives. Elle fait partie des protéines Dsb,
responsables de la formation et de l’isomérisation
des ponts disulfures au sein des protéines en
maturation dans le périplasme. Chez Escherichia
coli, il existe six protéines impliquées : DsbA, B,
C, D, E et G. Le mécanisme principal responsable
de la formation des ponts disulfures dans le
périplasme met en jeu les protéines DsbA et DsbB
(ref. 2). Dans ce processus, DsbA est l’oxydant
primaire : elle possède une séquence active CXXC
inclue dans un domaine thioredoxine-like. In vivo,
DsbA est à l’état oxydé, et se réduit en catalysant
la formation d’un pont disulfure à partir d’une
paire de cystéines d’une protéine substrat. Ensuite,
la forme réduite de DsbA revient à son état oxydé
natif par l’intermédiaire de DsbB. Cette dernière
est insérée dans la membrane cytoplasmique ; elle
possède quatre segments transmembranaires et
deux domaines périplasmiques contenant chacun
une paire de cystéines actives. Ces deux paires de
cystéines sont oxydées à l’état natif. La première
paire de cystéines réoxyde DsbA, et transfère les
deux électrons obtenus à la deuxième paire de
cystéines de DsbB. Finalement, les deux électrons
sont transférés vers la chaîne respiratoire via des
quinones ; et DsbB revient à l’état oxydé.
Mon travail, au cours de ce stage, a été de
développer un modèle permettant de tester des
inhibiteurs de la voie de formation des ponts
disulfures sur les protéines sécrétées dans le
périplasme, via DsbA, DsbB et les quinones ; puis
de tester certains inhibiteurs potentiels. Afin de
s’affranchir des contraintes imposées par la
manipulation de bactéries comme B. suis, nous
avons décidé de développer notre modèle à partir
de souches d’E. coli : CA 8000 sauvage et mutée
sur le gène dsbB. Ce modèle est rendu possible par
l’homologie entre les gènes dsbB d’E. coli et de B.
suis. Nous avons transfecté la souche mutante
dsbB- d’E. coli à l’aide du plasmide pBBR1MCS
contenant le gène dsbB de B. suis homologue au
gène muté (pBBR dsbB).
Afin de nous assurer de la validité de notre
modèle, nous avons testé la complémentation de la
souche mutée dsbB- d’E. coli par le gène
homologue de B. suis en étudiant la croissance des
différentes souches en présence de différentes
concentrations de dithiothreitol (DTT).
0
0,2
0,4
0,6
0,8
1
1,2
1,4
1,6
1,8
2
0 5 10 15 20 25 30
CA 8000
CA 8000 dsbB-
CA 8000 dsbB- + pBBR dsbB (B. suis)
fig 1. Courbe de croissance type des différentes souches d’E.
coli en présence de 4mM de DTT.