Ce qui manque par contre clairement dans la stratégie, c’est le rôle et la place qui doit revenir à
l’innovation ainsi que l’absence d’une évaluation chiffrée des répercussions sur l’économie et
l’emploi.
Bien avant l’accident nucléaire de Fukishima, Travail.Suisse était convaincu qu’il était possible de
faire reposer l’approvisionnement énergétique de notre pays principalement sur les énergies re-
nouvelables. Il y voyait aussi la possibilité de créer un nombre considérable de nouveaux emplois
dans l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables. C’est pour cette
raison que nous avions décidé de faire partie du Comité de l’initiative cleantech, déposée en jan-
vier 2012.
Ne pas oublier la dimension sociale
Etant donné que le Conseil fédéral approuve les objectifs de cette initiative, Travail.Suisse attend
maintenant que la stratégie énergétique 2050 les incorpore aussi. En effet, la reprise du but de
cette initiative permettra à la Suisse de faire un saut technologique très important, avec la création
de dizaines de milliers d’emplois de différents profils de qualification. C’est la raison pour laquelle
Travail.Suisse évalue la stratégie énergétique 2050 non seulement sous l’angle énergétique mais
aussi sous celui des effets sur l’innovation, la compétitivité et la création d’emplois.
On ne peut pas considérer la stratégie énergétique indépendamment des facteurs économiques et
sociaux car elle concerne de façon fondamentale :
l’innovation et la recherche (sur lesquelles la prospérité de la Suisse est construite). Il est
regrettable à ce sujet que la stratégie ne dise rien sur l’innovation et sur les domaines-clés
que la Suisse entend développer dans l’innovation énergétique ;
les emplois (création d’emplois dans de nouveaux secteurs mais aussi disparition
d’emplois dans d’autres, par exemple transports routiers, énergies fossiles etc.) ;
la question sociale et la redistribution avec par exemple l’augmentation de la taxe sur le
CO2, l’augmentation de la rétribution du courant à prix coûtant (RPC) et une réforme de la
fiscalité dont on ne connaît pas encore les contours exacts. Cette augmentation des taxes
aura des effets différents selon les catégories de revenus. C’est pourquoi, il faut prévoir
des mécanismes de redistribution qui corrigeront les effets régressifs sur les bas et
moyens revenus.
Selon les modélisations du DETEC, pour compenser la réduction progressive de la production
issue du nucléaire (actuellement 40% de la production d’électricité) il faudra accroître d’un tiers la
production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelables, soit près de 23 TWh (les 5
centrales nucléaires actuelles produisent 25 TWh). Y contribueront le plus le photovoltaïque (10,4
TWh), la géothermie (4,4 TWh) et l’éolien (4 TWh).D’ici à 2050, en trois étapes, la consommation
d’électricité doit diminuer de 21 TWh, soit 21 milliards de kWh, ce qui représente un quart de la
consommation.
Voir notre document « Initiative Cleantech. Une forte contribution pour la création d’emplois et le maintien de
la prospérité de la Suisse », 17p. www.travailsuisse.ch/fr/node/2880