
Jospin a le plus privatisé, preuve de l’évolution de la gauche sur cette question depuis les
nationalisations de 1981). En 2002, les entreprises publiques ne représentent plus que 8 % de l'emploi total
et 11 % du PIB (contre respectivement 19 % et 25 % en 1985). Parler d'un désengagement de l'État serait
toutefois excessif : les dépenses publiques représentent encore la moitié du PIB en 2002. La dernière
campagne électorale de 2007 montre encore de forts clivages politiques au sujet du rôle de l’Etat dans
l’économie : désengagement accéléré pour Nicolas Sarkozy ou déconcentration dans le cadre d’une
régionalisation accrue pour Ségolène Royal, la question de l’Etat en France est au cœur de tout débat sur les
réformes non seulement économiques et sociales mais aussi touchant à l’éducation et à la vie culturelle
(habile transition vers les parties suivantes)… De toute façon, les aspirations libérales de Nicolas Sarkozy se
sont heurtées dès 2008 à la nécessité pour la puissance publique d’intervenir dans la vie économique pour
enrayer les effets de la crise : le désengagement étatique n’est donc plus au programme, au contraire, certains
estiment que cette crise offre une revanche aux keynésiens, partisans d’un réarmement étatique
(renforcement de l’Etat-Providence).
II. Les mutations sociales
A. Les classes moyennes, entre affirmation et crise
- Les chocs pétroliers font passer la France d’une situation de quasi-plein-emploi (1,6% de la
population active au chômage en 1966) où la pauvreté est passagère, à une situation de chômage
de masse (10,4% en 1986) et structurel : il plombe la croissance et crée une nouvelle pauvreté à
partir des années 1990. La crise dans les bastions industriels finit de décomposer le parti
communiste et démantèles les banlieues rouges. Le chômage marginalise une partie de la
population active non préparée aux mutations dus système technique qui privilégie désormais les
services associés à la troisième phase de l’industrialisation. L’exclusion n’est plus seulement liées
à la perte de l’emploi mais aussi à une « désafiliation » (Robert Castel), à savoir une exclusion des
cercles de sociabilités formés par la famille, les amis, le quartier, le voisinage.
- Après 1945, c’est l’âge d’or des classes moyennes. Les catégories de cadres et des employés
prennent de l’importance ;on a parlé de « classe tampon », qui s’élargit au fur et à mesure de son
accession à la propriété. Certains sociologues (Alain Touraine) estime que dans la société
postindustrielle le conflit central (le conflit de classes) laisserait place à une multitude de
nouveaux mouvements sociaux (féminisme, mvt gay, écologisme, régionalisme, étudiants) à
partir des années 1970 (en fait, 1968 semble ici marquer une charnière). Les historiens
reprennent l’image de la montgolfière pour décrire la société française jusqu’aux années 1980,
puis l’image du sablier ; non seulement la précarité et le chômage touchent les moins qualifiés et