La première note d'espoir, c'est qu'il est possible de renverser cette
tendance. Mais il s'agit d'une véritable révolution. Les objectifs de réduction
des émissions sont connus: - 50% dans le monde, - 75% dans nos pays, d'ici
2050. Cela passe non seulement par l'accroissement substantiel de la part
d'énergie propre, mais également par un nouveau rapport à l'efficacité
énergétique: un développement impétueux du chemin de fer et des
autoroutes de la mer; l'imposition de normes antipollution ambitieuses aux
constructeurs automobiles; la construction massive de logements plus
économes en énergie; la formation à des technologies plus sobres; des
échanges internationaux reposant bien plus sur la coopération que sur la
concurrence; des investissements massifs sur le long terme; la prise en
compte de la notion de bien commun... autant dire quelques sérieux accrocs
à la mondialisation libérale!
Les résultats du récent G8 illustrent le chemin qui reste à parcourir
pour faire admettre leurs responsabilités aux principaux pollueurs: un
engagement, certes, pour une ouverture formelle, en décembre prochain, à
Bali, de négociations internationales sur l'après-Kyoto, en 2012, dans le cadre
de l'ONU. Mais les objectifs fixés sont non contraignants en ce qui concerne
la réduction des émissions de gaz à effet de serre; il y a une absence totale
de précision sur la période de référence qui servira de base au calcul des
réductions des émissions (pour l'UE, c'est 1990 - pour le G8, c'est le mystère);
enfin, il n'y a pas trace d'une référence à la nécessité de contenir la hausse
des températures à 2° Celsius au-dessus du niveau atteint avant la révolution
industrielle - condition sine qua non, selon les experts, pour éviter que le
changement climatique n'atteigne des proportions dramatiques.
C'est dire si la mobilisation des opinions publiques va être décisive,
dans la prochaine période, pour arracher aux décideurs les mesures
drastiques qui s'imposent.
Encore ne s'agit-il là que d'objectifs globaux. Or, si les effets du
changement climatique concernent toute l'humanité, ils touchent
inégalement le Nord et le Sud. Le niveau d'émissions par tête d'habitant en
2030 sera significativement plus élevé dans les pays développés que dans les
pays en développement, mais, à l'inverse, l'ampleur des dommages subis par
les populations risque d'être incommensurablement plus grande dans les pays
en développement que dans les pays développés. C'est cette dimension du
problème que nous souhaitions mettre en avant lors de cette conférence,
dont l'initiative revient à la composante "gauche verte nordique" de notre
groupe.
Mon collègue Jens Holm - qui est membre de la commission temporaire
sur le changement climatique du PE - évoquera cette question dans un instant
et il présentera nos éminents invités, qui s'exprimeront demain. Je me
limiterai donc au rappel de quelques données générales à cet égard,
soulignées avec force par les experts, notamment ceux de l'IPCC. Elles sont
terrifiantes!