49 jours

publicité
49 JOURS
un documentaire de 52 ‘ de Nina Barbier
Selon les pratiquants bouddhistes, la mort n'est pas une fin. Au-delà de la fin de
l’existence sur cette terre, il est une continuité d'expériences dans différents états
appelés "bardos" qui constituent le cycle du samsâra. Le terme tibétain qui
signifie "intervalle" ou "passage » désigne les différents états traversés par la
conscience. Au Ladahk, accompagner les esprits vers leur nouvelle demeure est
une étape cruciale ; c’est la condition même pour obtenir une existence
satisfaisante sur terre. Dans ce documentaire, nous suivrons un jeune lama et un
vieux Tulkou, lama réincarné, appelés en mission dans une famille Ladakhi au
chevet d’un défunt. Pendant 49 jours, la période d’errance de l’âme du défunt
dans les bardos, ils liront le Bardo Thodöl, le livre des morts tibétains et
accompliront les différents rituels bouddhistes en présence de la famille. Grâce à
leurs pratiques, le défunt atteindra une bonne renaissance.
1
Présentation
En Occident, toute personne conçoit son existence en terme de vie ou de mort, la mort étant
souvent considérée comme l’anéantissement définitif de l’individu, la négation de l’existence.
Or, selon la tradition tibétaine, l’existence n’est qu’une suite d’états de conscience appelés
« bardos » ou « états intermédiaires ». Le pratiquant bouddhiste aborde son existence dans la
perspective globale des différents bardos (au nombre de six généralement), de leur continuité
et interaction. La mort n’est donc pas l’objet d’une focalisation particulière, mais s’inscrit
dans un processus global continu qui est pris en compte dans son ensemble.
Pour les bouddhistes pratiquants, tout le monde doit se préparer à la mort : nous vivons tous
avec la certitude de mourir, seul le moment de la mort est incertain. Pour les pratiquants, la
mort est un phénomène aussi normal que la naissance et l’esprit est la seule chose qui survive
à la mort et qui renaîtra. La renaissance dépendra de la vie antécédente menée ou « karma »
qui fait que l’individu est toujours responsable de ses actions et héritera de leurs résultats au
moment de la mort. Au moment de la mort, des impressions provoquées par des événements
importants de la vie présente ou des existences passées, apparaissent activement à l’esprit qui
se trouve incapable de les rejeter, ce qui déterminera notre renaissance.
Les bardos
La totalité de notre existence
peut se résumer à 6 bardos ou « états de conscience
intermédiaire » . Le premier, le bardo de la vie est la part de l’existence qui se situe entre le
moment de la conception (l’entrée dans la matrice) et le moment de la mort (les premiers
symptômes de la mort). Au sein même de ce bardo se trouvent deux autres bardos : le bardo
du rêve ou du sommeil et le bardo de l’absorption méditative, qui sont des moments où l’on
change d’état de conscience. Viennent ensuite le bardo du moment de la mort, puis le bardo
du dharmata, le moment où l’esprit expérimente la possibilité de reconnaître sa propre nature.
Enfin, le bardo du devenir, est globalement l’intervalle entre une existence et la suivante.Plus
particulièrement chez les bouddhistes, le bardo du moment de la mort, où se produisent des
séries de dissolutions, aboutit à la claire lumière fondamentale, un moment de vérité pour tout
être vivant. Le Vajrayâna, le bouddhisme tantrique tibétain, propose différentes pratiques en
2
rapport avec ce moment crucial, leur succès dépendant essentiellement de la familiarité que
l’on a avec ces dissolutions.
L’instant de la mort
Selon les bouddhistes tibétains, il y a trois sortes de pensées au moment de l’approche de la
mort : le souvenir d’actions importantes, bonnes ou mauvaises, accomplies précédemment ou
karma, le symbole de ces actions ou Kammanimitta, et l’image de l’endroit où l’on doit
renaître -gatini mitta-. Suivant la vie menée antérieurement, les bouddhistes peuvent renaître
après la mort dans l’une ou l’autre des cinq possibilités suivantes, de la pire à la meilleure : le
lieu de souffrance extrême , le règne animal , les esprits , l’humanité , les mondes célestes.
Une fois, la personne décédée, l’esprit ne renaît pas immédiatement mais va dans le
« Bardo », l’endroit transitoire. L’esprit restera là pendant 49 jours avant de renaître. Ainsi, il
est important de réciter la prière, le "Bardo Thödo", pendant les quarante-neuf jours qui
suivent le décès pour guider la conscience durant l’état intermédiaire entre mort et
renaissance. Pour cela, la personne guidant l’esprit doit connaître le moment exact de la mort
de la personne et le corps doit avoir été préalablement brûlé pour libérer l’esprit.
divinité tenant le cycle des existences ou samsara
3
Le Bardo Thödol
Le « Bardo Thödol », livre des morts tibétain, présente les étapes de la préparation à la mort et
donne une description du chemin menant vers l’Au-delà...La lecture de ses pages faite à un
mourant pendant son agonie et même à un mort pendant ses funérailles, prépare l’être humain
à l’expérience qu’il va vivre. Son message peut aider les vivants à penser juste et à éviter de
retenir le mourant par des marques d’amour ou de sollicitude. De l’instant du souffle dernier
au moment où le défunt se prépare, soit à quitter définitivement le monde, soit à parcourir à
nouveau tout le cycle, de la naissance à la mort, riche d’une sagesse nouvelle: la connaissance
de la nature illusoire de la vie. Le Bardo Thödol est un livre essentiel dans la tradition
bouddhiste tibétaine.
Le Bardo Thodöl ou livre des morts tibétain
L’accompagnement vers la renaissance
Pour les bouddhistes, il est très important de faire face à la mort sans avoir peur afin d’entrer
avec des pensées positives qui dirigeront l’esprit vers une renaissance heureuse. Ainsi il est
important d’accompagner les êtres chers dans la mort et vers une bonne renaissance. Dès
l’agonie de la personne, tout est fait pour lui assurer la sérénité. Son corps est placé sur le côté
droit, par analogie avec la position du «lion couché» adoptée par Bouddha quand il mourut et
la famille prie à ses cotes. Après la mort, un moine sera présent pendant les 49 jours qui
suivent le décès pour réciter des mantras et des bénédictions afin d’apaiser l’esprit et de
l’accompagner vers sa nouvelle demeure. Ces paroles doivent éviter une renaissance
défavorable pendant le processus de dissolution de la conscience.
4
.
bouddha en parinirvana ( Inde)
La crémation
Trois jours après le décès intervient la crémation. Les bouddhistes n’enterrent pas leurs morts,
car ils pensent que cela entrave la renaissance ; pour eux, le corps n’est que l’enveloppe de
l’esprit et ne sert à rien après la mort, par conséquent, il est inutile de le garder. La crémation
est accompagnée d’un rituel de purification et d’offrandes.
QuickTime™ et un
décompresseur
sont requis pour visionner cette image.
Crémation d’un lama au Ladahk
5
La cérémonie du Po’wa
Toute personne qui naît doit mourir un jour. Nous ne savons pas quand et où adviendra ce
moment de la mort. Il est nécessaire pour cela de s’entraîner au Transfert de Conscience. Des
signes annoncent la mort durant une longue maladie ou dans des rêves ; des signes extérieurs,
intérieurs et secrets. D’après la tradition tibétaine, un membre de la famille du mourant a
coutume de demander l’assistance d’un Lama pour accomplir la cérémonie du Po’wa ou
« transfert de conscience ». Le Lama qui l’accomplit doit avoir été initié à la pratique par un
Tulku ou lama réincarné, et avoir fait une retraite pour mettre en pratique les enseignements
reçus jusqu’à l’obtention des signes indiqués lors de l’initiation. Il peut alors quitter sa retraite
avec la capacité d’instruire cette pratique à des moines, des nonnes et personnes laïques.
Ainsi, le lama sera pleinement conscient des signes d’approche de sa mort et pourra y faire
face avec un grand calme et une grande Équanimité. Le powa est une méthode simple,
ouverte à tous les pratiquants, mais essentielle qui permet de se familiariser avec le processus
de la mort, diminuant les angoisses au moment de notre mort. Grâce à un entraînement
régulier les pratiquants serons capables d’éjecter leur conscience vers la Terre Pure Amithaba
. En même temps cette pratique donne la compréhension et le pouvoir d’aider les proches
lorsqu’ils devront affronter la mort. Les habitants de l’Himalaya pratiquants sont habitués à
cette pratique. On prend généralement l’initiation de Powa avec un Tulku qui perpétue la
lignée de succession des maîtres de Powa. Les bénédictions d’une telle initiation rendront la
pratique sûre puisque les bénédictions de la lignée vont s’écouler sans entrave jusqu’au
disciple et apporteront avec eux de grands résultats.
6
NOTE D’INTENTION
Ma collaboration à l’émission « Sagesse Bouddhiste » diffusée sur France 2 depuis 10 ans
m’a conduit à rencontrer de nombreux pratiquants et spécialistes des différentes traditions
bouddhistes (Dharamsala : les nonnes philosophes, L’art bouddhiste tibétain au Népal,
Aoyama Roshi, nonne soto Zen au Japon, Dhammananda en Thaïlande). J’ai rencontré à
Dharamsala ( Himachal Pradesh, Inde) une nonne ladakhi exceptionnelle, Tsering Palmo qui
est également Amchi (médecin tibétain) . Avec Tsering Palmo, nous avons beaucoup échangé
et évoqué la mort récente de sa mère dans un petit village du Ladahk. C’est là que pour la
première fois, j’ai entendu parlé de la pratique du Powa pour laquelle Tsering avait suivi une
initiation par un grand Tulkou (lama réincarné). J’ai été passionnée par la connaissance de
Tsering Palmo sur les pratiques et rituels effectuées sur les mourants lors du moment de la
mort au Ladahk . Pour nous Occidentaux, la mort est un moment précis où toute existence
doit cesser, nous n’y sommes guère préparés ; après la mort, il n’y a plus rien. Dans les pays
bouddhistes, c’est tout le contraire ! Chaque être humain vit en ayant chaque jour conscience
de sa mort ; c’est à ce prix qu’il pourra atteindre une bonne renaissance. Pour le bouddhiste
pratiquant, la mort n’est qu’une étape, un passage. Tsering Palmo m’a aussi parlé du Bardo
Thödol, du livre des morts tibétain et des instants de conscience intermédiaire ou bardos qui y
sont décrits si précisément. Amchi, elle côtoie les mourants et est parfois confrontée à la mort.
L’idée de faire un film sur le thème de l’instant de la mort et des bardos faisait en moi son
chemin. Lorsque Tsering m’a proposé de venir rencontrer Tulkou Tupten Tsering dont elle
suit les enseignements, je lui ai promis de venir la voir au Ladakh.
C’est une immersion dans les pratiques et rituels bouddhistes liés à la mort dans la tradition
bouddhiste tibétaine que je souhaite proposer dans le film « 49 jours ». Le Ladahk, région du
nord de l’Inde dans l’état du Jamu-Cachemire, souvent appelé « Petit Tibet » , est célèbre
pour ses paysages et sa tradition bouddhiste authentique. Pendant 49 jours, le temps des 6
étapes du bardo, nous accompagnerons et suivrons Tupten Tsering et un jeune novice appelés
pour accompagner un défunt vers sa future renaissance.
Nina Barbier
7
8
Téléchargement