La soif de l`argent

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La soif de l'argent.
Nec deinde ulla belli occasione, ne iniusti quidem ac periculosi abstinuit, tam foederatis
quam infestis ac feris gentibus ultro lacessitis; adeo ut senatus quondam legatos ad
explorandum statum Galliarum mittendos decreverit ac nonnulli dedendum eum hostibus
censuerint. Sed prospere decedentibus rebus, saepius quam quisquam unquam supplicationes
impetravit.
Suétone, Jules César, 24
Abstinentiam neque in imperiis, neque in magistratibus praestitit.
Ut enim quidam monumentis suis testati sunt, in Hispania proconsule et a sociis pecunias
accepit, emendicatas in auxilium aeris alieni; et Lusitanorum quaedam oppida, quanquam nec
imperata detrectarent et advenienti portas patefacerent, diripuit hostiliter. ln Gallia fana
templaque deum donis referta expilavit; urbes diruit, saepius ob praedam quam ob delictum;
unde factum est ut auro abundaret.
Suétone, Jules César, 54
Vocabulaire.
- Iniustus : injuste.
- Periculosus : dangereux.
- Foederatus : allié, confédéré.
- Ultro : sans raison.
- Status, status : situation.
- Explorare, exploro, exploravi, exploratum : examiner.
- Prospere : avec bonheur, heureusement.
- Decedere, decedo, decessi, decessum : avoir un terme, finir.
- Saepius : plus souvent.
- Supplicatio, supplicationis : prières publiques ; actions de grâces rendues aux dieux.
- Abstinentia : désintéressement.
- Magistratus, magistratus : charge (dans le sens d’une fonction que l’on occupe).
- Monumentum : œuvre.
- Testari, testor, testatus sum : témoigner.
- Emendicare, emendico, emendicavi, emendicatum : mendier.
- Aes alienum, aeris alieni : (argent d’autrui) dette.
- Lusitani : les Lusitaniens (Le Portugal aujourd’hui).
- Imperatum : ordre, commandement.
- Detrectare, detrecto, detrectavi, detrectatum : écarter, rejeter.
- Hostiliter : sans pitié.
- Fanum : sanctuaire.
- Refertus + ablatif : plein, rempli de.
- Expilare, expilo, expilavi, expilatum : voler, piller, dépouiller.
- Diruere, diruo, dirui, dirutum : détruire, démolir.
- Delictum : délit.
- Fit, factum est : il se fait que, il se fit que + « ut » + subjonctif.
- Abundare, abundo, abundavi, abundatum + ablatif : être abondamment pourvu de.
Grammaire.
- Ut … decreverit / censuerint : Proposltion subordonnée de conséquence.
La conséquence de son exagération (adeo ut) fut que les
sénateurs imaginèrent l'envoi de commissaires.
- Legatos mittendos esse : proposition subordonnée infinitive.
Mittendos : adjectif verbal: mitt (thème 1) - e (voyelle thématique) - nd (suffixe) + finales
de « Bonus » (adjectif de la première classe)-; Attribut du sujet « legatos » ; que des
commissaires étaient à envoyer -> qu’il fallait envoyer des commissaires.
- Ad explorandum statum : Proposition subordonnée de but :
1) Ad + accus. : pour
2) Statum : pour la situation
3)
Explorandum (adjectif verbal) : explora (thèm1) - nd (suffixe) + finales de « Bonus »
(adjectif de la première classe) ; pour la situation à explorer -> pour explorer la
situation.
- Eum dedendum esse: Proposition subordonnée infinitive.
Dedendum : : adjectif verbal: ded (thème 1) - e (voyelle thématique) - nd (suffixe) + finales
de « Bonus » (adjectif de la première classe) ; Attribut du sujet « eum » ; qu’il était à livrer
-> qu’il fallait le livrer.
- Ut testati sunt : proposition subordonnée de comparaison.
- Saepius : adverbe au comparatif.
- Quisquam : sujets de « impetravit » sous-entendu; deuxième terme de la comparaison
- Quanquam detrectarent / patefacerent : Quanquam ou quamquam se construit
normalement avec 1 'indicatif, mais à partir du + ler siècle, on trouve la conjonction suivie
du subjonctif
Commentaire.
- Legatos ad explorandum statum.
Quand un gouverneur de province se livrait à des exactions trop monstrueuses et surtout
lorsqu'il y avait plainte des provinces, le sénat pouvait ouvrir une enquête (par l'envoi de
commissaires) et, éventuellement, intenter un procès au gouverneur en défaut.
- Supplicationes.
Plusieurs récompenses pouvaient être décernées aux généraux vainqueurs:
a) Les « supplicationes ».
Des « actions de grâces » : cérémonie où l'on se prosterne devant la statue du dieu et où
on lui baise les mains, les genoux et les pieds.
b) Les « ovationes ».
Des « ovations » consistant dans l'entrée solennelle à Rome du vainqueur qui immole une
brebis « ovis » au Capitole.
c) Le triomphe.
Consistant dans l'entrée solennelle à Rome du vainqueur précédé du butin et des
prisonniers de marque, lui-même assis sur un char doré attelé de quatre chevaux blancs,
vêtu d'une toge de pourpre brodée d'or, ayant à la main un sceptre d'ivoire, sur la tête une
couronne de laurier ( corona triumphalis) et suivi de l'armée victorieuse. Le cortège
traversait la ville pour se rendre au Capitole où le général vainqueur offrait un sacrifice de
quatre taureaux blancs à Jupiter.
- In Hispania.
César devint gouverneur de la province d'Espagne, avec le titre de propréteur, en -61; mais
pour cela, son ami Crassus avait dû se porter garant de ses dettes.
Les magistratures, à Rome, n’étaient pas rémunérées. Et l'on avait souvent dépensé
beaucoup (cadeaux, achats de votes, organisation de Jeux fastueux) pour gagner les faveurs
des électeurs.
On comptait alors beaucoup sur le gouvernement d'une province à titre de propréteur ou de
proconsul pour se renflouer.
Largement endetté quand il partit, César n'avait plus de dettes à son retour.
- Quel trait de la personnalité de César l'auteur .et-il en évidence?
Sa cupidité et son peu de scrupules. Pour César, la fin justifie 1es moyens.
- Comment son attitude était-elle possible alors que certains responsables (sénateurs)
condamnaient ses exactions?
1) En règle générale, Rome a toujours considéré que toute guerre destinée à servir sa
puissance était une guerre juste.
2) César conquérait de nouveaux territoires, riches en ressources alimentaires, minières et
humaines (esclaves), et appartenant à des populations que les Romains redoutaient et à
qui ils devaient une revanche (Rome faillit être vaincue au -3ème siècle par une attaque
des Sénons. Le peuple soutenait donc l'action de son champion.
3) Les alarmes du sénat, le défenseur des classes nobles depuis tout temps, pressentant dans
les succès de César une menace future pour son autorité, n'étalent pas non plus pour
déplaire à 1’opinion publique.
4) Depuis le début du. -1er siècle, l'armée est devenue permanente, avec des effectifs de
prolétaires gui ont trouvé là l'occasion de s'occuper et de se nourrir. Ces armées sont plus
dévouées à leur chef qu'à leur patrie et n’hésitent pas à se lancer dans des guerres civiles.
Questionnaire.
1. Un gouverneur de province était-il totalement libre de ses actes?
a) Les gouverneurs de province tiraient largement profit de leur charge.
b) En cas de plainte des provinces, leur gestion pouvait faire l'objet d une enquête et, en cas
d'exagération manifeste, le gouverneur en défaut pouvait être poursuivi en justice et
condamné.
2. Cite les trois types de récompenses qui pouvaient être accordées aux généraux
vainqueurs.
a) Les supplicationes.
b) Les ovationes.
c) Le triomphe.
3. Quel trait de la personnalité de César l'auteur met-il en évidence?
Sa cupidité et son manque de scrupules. Pour César, la fin justifie les moyens.
4. Comment l'attitude de César était-elle possible alors que certains responsables
(sénateurs) condamnaient ses exactions?
a) Toute guerre susceptible de servir la puissance de Rome était approuvée par l'opinion
publique.
b) César se servait, certes, mais apportait de nouvelles ressources à Rome (alimentaires,
minières, humaines (esclaves).
c) Les victoires de César étaient pour le peuple :
1) une revanche sur une très ancienne défaite de Rome face aux Sénons.
2) une revanche du parti populaire sur le sénat, défenseur des nobles.
d) César disposait d'une armée de métier plus fidèle à son chef qu'à sa patrie.
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