Robert Malthus (1766- 1834)
I) Biographie
Économiste britannique né en 1766, fils d'un gentilhomme ami de Jean-
Jacques Rousseau et de Hume, il est ordonné pasteur anglican en 1788.
Préoccupé par le nombre important de pauvres dans la société anglaise de
la fin du XVIIIe siècle, il estime que la cause essentielle de cette situation
réside dans le fait que la population croît plus vite que la production. Dans
cet esprit, il publie anonymement, en 1798, un Essai sur le principe de
population, qui a immédiatement un grand retentissement. En 1805, il est
nommé professeur d'histoire et d'économie politique au collège
d'Haileybury, près de Hertford.
II) La principale théorie
Théorie de la population
Economiste "pessimiste", il s'oppose à l'optimisme de Smith et Say par sa
théorie de la population: cette dernière croît comme une suite géométrique,
alors que les ressources augmentent à un rythme arithméthique. L'Europe
occidentale est en effet au seuil de la transition démographique qui la
conduira vers le régime de basse natalité et de basse mortalité que nous
connaissons aujourd'hui.
La croissance régulière est, de ce fait, impossible, et l'avenir est sombre
si on ne limite pas la croissance démographique. Cette "loi de Malthus" est
reprise par Marx, qui distingue la valeur de la force de travail et le produit
de la force de travail.
Dans son "Essai sur le principe de population" (1798), Malthus
développe une analyse anti- interventionniste en matière sociale. "Les lois
des pauvres ...créent les pauvres qu'elles assistent..".
Le seul remède à la pauvreté ne peut venir que des pauvres eux-
mêmes : davantage d'épargne, moins d'enfants ...
MALTHUSIANISME : Malthus avait développé l'idée, en particulier dans
"l'Essai sur le principe de population", qu'il existait un écart croissant entre
une population qui augmente en progression géométrique (1, 2, 4, 8, 16,...)
et des ressources, notamment alimentaires, augmentant moins vite, en
progression arithmétique (1,2,3,4,5,...). Cette "loi" de la population de
Malthus résulte en fait d'une observation très partielle : à une époque où la
chute de la mortalité avait précédé celle de la natalité, la croissance
démographique avait été temporairement très rapide. Malthus propose
alors diverses recettes pour éviter cet écart excessif entre population et
subsistances, en particulier diverses vertus morales et le mariage tardif,
pour freiner la croissance démographique.
Par extension, on entend aujourd'hui par malthusianisme deux types de
propositions:
- au sens étroit, toute politique visant à restreindre la natalité; le
malthusianisme vise donc l'ensemble des mesures anti-natalistes;
- au sens large, toute mesure artificielle de limitation de la production - ce
qui est paradoxal avec la pensée de Malthus. Le malthusianisme vise alors
tout ce qui freine le dynamisme de l'économie : les atteintes à la
concurrence, les professions fermées, ce qui a pour effet de freiner la
croissance économique et de pénaliser le consommateur.
L'étude des divers obstacles à la croissance économique en France montre
d'ailleurs qu'il s'agit le plus souvent d'obstacles réglementaires et
institutionnels : ce sont les positions dominantes, les privilèges
administratifs ou corporatifs, qui freinent le dynamisme des entreprises et
paralysent peu à peu la vie économique.
III) Les principaux ouvrages
Essai sur le principe de population, 1798
De la nature et du progrès du revenu, 1815
Principes d'économie politique, 1820
Définitions en économie politique, 1827
IV) Citations
« Parmi les obstacles préventifs, le fait de s'abstenir du mariage et la
chasteté forment ce que j'appelle la contrainte morale. Le libertinage, les
passions contraires à la nature, la profanation du lit nuptial et tous les
artifices employés pour cacher les suites des liaisons criminelles ou
irrégulières, sont des obstacles préventifs qui appartiennent manifestement
à la classe des vices »
« Parmi les obstacles destructifs, je désigne par le mot de malheur ceux qui
se présentent comme une suite inévitable des lois de la nature. Au
contraire, ceux que nous faisons naître nous-mêmes (comme les guerres,
les excès et plusieurs autres sortes de maux évitables) sont d'une nature
mixte. C’est le vice qui les suscite, et ils amènent à leur suite le malheur »
« Si la perspective que nous offre l'avenir à l'égard des maux produits par le
principe de population n'est pas aussi brillante que nous pourrions le
désirer, il s'en faut de beaucoup qu'elle soit décourageante: elle n'exclut
nullement, en tout cas, l'espoir d'améliorer graduellement la société
humaine »
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