Actes du Forum - Famille Missionnaire de Notre-Dame

Actes du Forum à Sens,
les 7 et 8 mars 2009
sur l’urgence de l’éducation
et
la première responsabilité
des parents éducateurs
en vue
d’une collaboration confiante
avec les éducateurs
dans la société
et l’Eglise.
Famille Missionnaire de Notre-Dame
et Foyers amis de Notre-Dame
07450 Saint-Pierre-de-Colombier
Tel. : [phone]
Fax : [phone]
Site : www.fmnd.org
E-mail : [e-mail]

2

3
Saint-Pierre-de-Colombier, le lundi 6 avril 2009,
La Famille Missionnaire de Notre-Dame et ses Foyers amis sont heureux de publier en
ce jour les Actes du Forum sur l’urgence de l’éducation qui a eu lieu dans notre Foyer de
Sens, les 7 et 8 mars 2009.
Ces Actes sont regroupés en quatre chapitres et trois annexes :
- Le premier chapitre contient toutes les interventions du premier Forum qui a eu lieu
le samedi 7 mars dans l’après-midi sur l’urgence de l’éducation.
- Le deuxième chapitre contient toutes les interventions du deuxième Forum qui a eu
lieu le samedi 7 mars au soir sur la responsabilité première des parents.
- Le troisième chapitre contient les comptes rendus des trois Carrefours du dimanche
sur la Charte des Droits de la Famille, l’école catholique et la catéchèse, ainsi que la
conclusion du Forum.
- La première annexe reprend le document de travail sur l’urgence de l’éducation qui
avait été donné à tous les participants avant le Forum.
- La deuxième annexe rassemble les témoignages des Foyers amis sur leurs difficultés
actuelles dans l’éducation des cœurs de leurs enfants.
- La troisième annexe contient des textes du Magistère sur l’éducation.
90 personnes ont participé au Forum. Elles se sont librement exprimées et écoutées et
se sont enrichies des idées des autres. Nous avons vraiment vécu ce que nous demandaient les
Père et Mère de la Famille Missionnaire de Notre-Dame : « exprimez vos idées et soyez
détachés. Ecoutez les idées des autres et enrichissez-vous de leurs idées ».
Notre intention en organisant ce Forum n’était pas de fonder une nouvelle association,
un réseau ou un groupe de pression, mais de permettre un échange libre et confiant entre des
parents et des responsables de l’éducation sur un sujet qui les touche de près et qui – pour un
certain nombre - les angoisse.
Notre Pape Benoît XVI avait choisi comme priorité pastorale pour le diocèse de
Rome, en l’année 2008, le thème de l’urgence de l’éducation. Ce choix du Saint-Père nous a
interpellés. Au cours de l’homélie de la Messe pour Jean-Paul II, en ce 2 avril 2009, il a
rappelé - en s’adressant tout particulièrement - aux jeunes l’urgence de l’éducation.
Nous sommes bien conscients que, pour affronter le défi de l’urgence de l’éducation,
nous ne devons pas agir en ordre dispersé, mais nous avons besoin d’une concertation et
d’une collaboration, fondées sur la vérité, l’amour et la confiance, entre tous les acteurs de
l’éducation : les parents, premiers responsables de l’éducation de leurs enfants, et tous les
acteurs de l’éducation tant dans notre société que dans notre Eglise.
Nous espérons que ces Actes pourront aider des parents, des éducateurs et des jeunes à
comprendre que l’urgence de l’éducation devrait vraiment être une priorité apostolique.
Nous confions au Cœur de Jésus, à Notre-Dame des Neiges et à Saint Joseph ces Actes
de notre Forum afin qu’ils puissent – malgré leurs limites et leurs imperfections - aider les
parents et leurs collaborateurs dans l’éducation à remplir leur difficile et irremplaçable
mission pour servir l’humanité et travailler à l’édification de la civilisation de l’amour !
Père Bernard, Modérateur de la
Famille Missionnaire de Notre-Dame

4
I) Premier Forum sur l'urgence de l'éducation
Intervention de Père Bernard :
Bien chers amis,
Nous vous remercions d’avoir répondu à l’invitation de notre Famille Missionnaire de
Notre-Dame et de ses Foyers amis pour ce premier Forum à Sens sur l’urgence de l’éducation.
Rappelons d’abord l’esprit dans lequel nous voudrions vivre ce Forum : un esprit d’humilité,
de vérité, d’amour et de confiance. Notre seule intention en prenant l’initiative de ce Forum
était d’aider les parents et leurs collaborateurs dans l’éducation à remplir leur difficile mais
irremplaçable mission au service de l’humanité et de l’édification de la civilisation de
l’amour.
L’éducation est un défi, le grand défi de notre temps ! Vos témoignages le
rappelleront, j’en suis convaincu. Ce défi, personne ne peut l’affronter seul ! Une
collaboration, fondée sur la confiance et la vérité, est nécessaire entre tous les acteurs de
l’éducation.
Les témoignages de nos Foyers amis - dont vous avez pu prendre connaissance grâce
au dossier qui vous a été remis - ont touché beaucoup de parents et d’éducateurs qui se
trouvent confrontés aux mêmes difficultés par rapport à l’éducation des enfants. L’éducation
est une belle et grande mission mais elle se vit dans la souffrance et l’amour. C’est l’Amour
de Dieu qui est l’âme de l’éducation chrétienne.
Notre Forum ne s’est pas donnée comme finalité la recherche de « boucs émissaires »
mais il veut être un lieu de liberté pour « dire » ce que chacun veut dire et écouter ce que les
autres ont à dire. Notre Père fondateur n’a pas cessé de nous rappeler à la suite de Mère Marie
Augusta : « exprimez vos idées, soyez détachés, enrichissez-vous des idées des autres ».
Puisse ce Forum être vécu dans un climat de liberté, d’écoute et de charité ! Puisse aussi ce
Forum nous donner la détermination pour affronter le défi de l’urgence de l’éducation. Nous
aimerions reprendre l’expression du nouveau Président des Etats-Unis, qui a conquis le cœur
de nombreux américains : « Yes, We can ! » Oui, nous pouvons, avec la grâce de Dieu,
affronter le défi de l’urgence de l’éducation. Mais ce « Yes, We can » n’est pas suffisant, nous
devons ajouter : « Oui, nous le voulons ». Dieu, en effet, ne nous impose pas de relever le
défi. C’est à nous de le vouloir ! Notre volonté ne doit pas être « velléitaire », « utopique »
mais « réaliste ». Nous ne pouvons pas, seuls, relever le défi de l’urgence de l’éducation.
Nous ne le pourrons qu’avec les parents et tous les responsables de l’éducation dans la société
et l’Eglise. En reprenant une expression de Benoît XVI, nous pourrions dire : « Nul n’est de
trop dans la mission de l’éducation ! »
Le thème de notre premier Forum est l’urgence de l’éducation. Sommes-nous
vraiment convaincus de cette urgence ? Benoît XVI disait le 21 janvier 2008 : « On parle
d'une grande "urgence éducative" confirmée par les échecs auxquels se heurtent trop souvent
nos efforts pour former des personnes solides, capables de collaborer avec les autres et de
donner un sens à leur vie. Nous en rejetons alors spontanément la faute sur les nouvelles
générations, comme si les enfants qui naissent aujourd'hui étaient différents de ceux qui
naissaient jadis. On parle, en outre, d'une "fracture entre les générations", qui existe certes et
qui est importante, mais qui est l'effet, plutôt que la cause, du manque de
transmission de certitudes et de valeurs. Devons-nous alors rejeter la faute sur les adultes
d'aujourd'hui, qui ne seraient plus capables d'éduquer? La tentation de renoncer est
certainement forte, chez les parents et chez les enseignants et, plus généralement, chez les
éducateurs, et plus encore le risque de ne pas même comprendre quel est leur rôle ou
mieux, la mission qui leur est confiée. En réalité, ce qui est en question ce sont non
seulement les responsabilités personnelles des adultes ou des jeunes, qui existent
effectivement et ne doivent pas être cachées, mais aussi une atmosphère diffuse, une mentalité
et une forme de culture qui conduisent à douter de la valeur de la personne humaine, de la
signification même de la vérité et du bien, en dernier ressort, de la bonté de la vie. Il devient
alors difficile de transmettre d'une génération à l'autre quelque chose de valable et de

5
certain, des règles de comportement, des objectifs crédibles autour desquels construire sa
vie ». Ces paroles de notre Saint-Père sont prophétiques : l’urgence de l’éducation existe
réellement parce que la tentation de renoncer à éduquer l’a emporté chez beaucoup.
Je voudrais souligner, avant de vous laisser la parole, quelques pistes importantes du
document de travail que l’on vous a remis. Ce document, j’en suis bien convaincu, est marqué
par l’imperfection : toutes les dimensions de l’éducation humaine ne sont pas développées.
J’attache une grande importance à ce Forum qui nous permettra d’élargir notre document de
travail et je puis vous assurer que je vais écouter avec grand intérêt tout ce que vous allez
nous dire et qui va nous enrichir.
Il est très important de faire connaître aujourd’hui aux parents et aux éducateurs les
fondamentaux de l’éducation chrétienne, qui sont aussi, de fait, les fondamentaux de toute
éducation humaine. Nous ne pouvons contraindre personne à accepter nos fondamentaux,
mais nous ne devons pas avoir peur d’en témoigner : ils ne nous appartiennent pas, ils sont
liés à la Révélation dont nous devons être les témoins. Les hommes du monde entier ont, eux
aussi, droit à connaître ces fondamentaux qui leur permettront d’atteindre la vraie liberté des
enfants de Dieu.
Le premier de ces fondamentaux révèle que l’homme n’est pas le fruit du hasard et de
la nécessité mais qu’Il est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu. L’éducation doit donc
rechercher l’imitation du Christ qui est, dans sa nature humaine, la vraie image de Dieu parce
qu’Il est le Fils unique de Dieu devenu le Fils de l’homme par son Incarnation.
Il est absolument nécessaire de rappeler que « l’homme historique » est marqué par les
conséquences du péché originel. Le Catéchisme dit : « Ignorer que l'homme a une nature
blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves erreurs dans le domaine de l'éducation, de la
politique, de l'action sociale (cf. CA 25 ) et des mœurs » (CCE 407).
Il est très important d’annoncer que l’homme historique a été « racheté » par le Christ
et qu’Il est appelé à la vie éternelle en Dieu. L’éducation chrétienne, c’est un fait, est
« christocentrique », tourné vers le Christ qui est l’alpha et l’oméga de toute éducation
chrétienne.
L’éducation humaine ne peut pas ignorer la complexité de la personne humaine dans
l’unité de son âme spirituelle et de son corps. L’homme n’est ni ange ni bête !
L’éducation doit embrasser toutes les dimensions de l’être humain : les sens,
l’affectivité, l’imagination, l’intelligence, la mémoire, la volonté, le cœur.
Le grand but de l’éducation est la liberté des enfants de Dieu par la perfection de
l’amour. L’éducateur doit aider l’éduqué à découvrir qu’Il a été créé par Dieu qui est Amour
en vue de l’Amour. Il vient de l’Amour et il va vers l’Amour. Mais il est bien difficile de faire
comprendre cela à ceux qui n’ont pas eu des parents procréateurs qui les ont engendrés dans
un acte d’amour… Ayons beaucoup de compassion mais, en même temps, témoignons de
notre Dieu Amour !
Dans notre document de travail, nous avons également souligné l’importance et la
nécessité de l’unité et de la complémentarité entre le père et la mère dans l’éducation des
enfants. Cette unité et cette complémentarité – homme/femme – doivent aussi se retrouver au-
delà du cadre de la Famille : l’humanité et l’Eglise ont besoin de cette unité et de cette
complémentarité pour relever le défi de l’urgence de l’éducation.
Le dernier point que je voudrais souligner est cette conviction réaliste : il n’existe pas
d’éducation sans souffrance et sans amour tant chez l’éducateur que chez l’éduqué. Je
pense que vos témoignages vont confirmer cela. Ils seront importants pour l’après-Forum, car
la société et l’Eglise ont besoin d’entendre vos convictions d’éducateurs mais aussi vos
souffrances de parents, d’enseignants, de directeurs d’école, de catéchistes, de prêtres et de
consacrés. Mais notre Forum ne veut pas en rester au niveau de la souffrance. Il veut au
contraire rappeler, à la suite du Père et de la Mère de notre Famille religieuse, que l’éducation
est une belle et grande mission, qui ne se réalise pas sans effort, c’est vrai, sans souffrance et
sans amour, mais qui trouve sa joie, sa grande joie, à faire grandir un être créé à l’image et à
la ressemblance de Dieu en vue de son vrai Bonheur éternel. Notre Père nous rappelait
souvent ces trois maîtres mots : patience, persévérance et confiance, mais il nous donnait