ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE RESTRICTED WT/TPR/S/130 17 mai 2004 (04-2082) Organe d'examen des politiques commerciales EXAMEN DES POLITIQUES COMMERCIALES SINGAPOUR Rapport du Secrétariat Le présent rapport, préparé pour le quatrième examen de la politique commerciale de Singapour, a été établi par le Secrétariat de l'OMC sous sa propre responsabilité. Ainsi qu'il est prévu dans l'Accord établissant le Mécanisme d'examen des politiques commerciales (Annexe 3 de l'Accord de Marrakech instituant l'Organisation mondiale du commerce), le Secrétariat a demandé au gouvernement singapourien des éclaircissements sur sa politique et ses pratiques commerciales. Les questions d'ordre technique concernant ce rapport peuvent être adressées à Mme Rohini Acharya (tél.: 022 739 5874) ou à M. Michael Daly (tél.: 022 739 5077). La déclaration de politique générale présentée par le gouvernement singapourien est reproduite dans le document WT/TPR/G/130. Note: Le présent rapport fait l'objet d'une distribution restreinte et ne doit pas être communiqué à la presse avant la fin de la réunion de l'Organe d'examen des politiques commerciales portant sur Singapour. Singapour WT/TPR/S/130 Page iii TABLE DES MATIÈRES Page OBSERVATIONS RÉCAPITULATIVES I. ix 1) ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE 2) CADRE DE LA POLITIQUE COMMERCIALE ET DE LA POLITIQUE DE L'INVESTISSEMENT 3) MESURES COMMERCIALES ET MESURES LIEES AU COMMERCE 4) AUTRES MESURES AGISSANT SUR LE COMMERCE 5) POLITIQUES SECTORIELLES xiii 6) PERSPECTIVES xiv x xi xii ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE 1 1) INTRODUCTION 1 2) RESULTATS ECONOMIQUES RECENTS 1 3) POLITIQUE MACRO-ECONOMIQUE 8 i) ii) iii) II. ix Politique monétaire et politique de taux de change Politique budgétaire Politique nationale des salaires 8 9 10 4) MESURES STRUCTURELLES 11 5) ÉVOLUTION DU COMMERCE EXTERIEUR 12 i) ii) iii) iv) 13 13 13 16 Composition du commerce de marchandises Structure géographique du commerce de marchandises Composition du commerce des services Structure géographique du commerce de services 6) ÉVOLUTION DE L'INVESTISSEMENT ETRANGER DIRECT (IED) 17 7) PERSPECTIVES 17 CADRE ET OBJECTIFS DE LA POLITIQUE COMMERCIALE 19 1) APERÇU GENERAL 19 2) CADRE CONSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE GENERAL 19 3) FORMULATION ET ADMINISTRATION DE LA POLITIQUE COMMERCIALE 20 i) ii) Organismes intervenant dans la mise en œuvre de la politique commerciale Principales lois régissant le commerce extérieur 20 22 WT/TPR/S/130 Page iv Examen des politiques commerciales Page 4) 5) III. 22 i) ii) iii) iv) 22 23 26 31 Organisation mondiale du commerce Accords régionaux Accords bilatéraux Autres préférences REGIME DE L'INVESTISSEMENT ETRANGER 31 i) ii) iii) 31 32 32 Aperçu général Lois et incitations Accords internationaux POLITIQUE ET PRATIQUES COMMERCIALES - ANALYSE PAR MESURE 34 1) INTRODUCTION 34 2) MESURES AGISSANT DIRECTEMENT SUR LES IMPORTATIONS 35 i) ii) iii) iv) v) vi) vii) viii) ix) x) 35 36 40 41 42 44 45 51 53 53 3) 4) IV. ACCORDS ET ARRANGEMENTS COMMERCIAUX Procédures douanières Droits de douane Autres prélèvements sur les importations Évaluation douanière et règles d'origine Prohibitions et restrictions à l'importation et licences d'importation Mesures contingentes Normes et prescriptions sanitaires et phytosanitaires Marchés publics Commerce d'État Autres mesures MESURES AGISSANT DIRECTEMENT SUR LES EXPORTATIONS 54 i) ii) iii) iv) v) 54 54 54 55 57 Procédures Taxes et autres prélèvements à l'exportation Prohibitions et restrictions à l'exportation et licences d'exportation Aides à l'exportation Zones franches MESURES AGISSANT SUR LA PRODUCTION ET LE COMMERCE EXTERIEUR 58 i) ii) iii) iv) v) 58 65 70 71 74 Politique industrielle Incitations Cadre juridique des entreprises Politique de la concurrence et gouvernement d'entreprise Droits de propriété intellectuelle POLITIQUE COMMERCIALE - ANALYSE PAR SECTEUR 79 1) INTRODUCTION 79 2) AGRICULTURE 80 Singapour WT/TPR/S/130 Page v Page 3) 4) INDUSTRIE MANUFACTURIERE 80 i) ii) 80 83 ÉLECTRICITE ET EAU 84 i) 84 87 ii) iii) 5) Aperçu général Stratégie d'adaptation Électricité Gaz Eau 88 SERVICES 89 i) 89 ii) iii) iv) v) vi) vii) viii) ix) Aperçu général Engagements dans le cadre de l'Accord général sur le commerce des services (AGCS) Banque et assurance Télécommunications Transports Transport aérien Transport maritime Services professionnels Services touristiques 89 90 99 102 106 108 111 116 BIBLIOGRAPHIE 119 APPENDICE – TABLEAUX 123 WT/TPR/S/130 Page vi Examen des politiques commerciales Page GRAPHIQUES I. ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE I.1 I.2 I.3 Évolution de la productivité totale des facteurs, 1983-2003 Composition du commerce de marchandises, 1999 et 2003 Structure géographique du commerce de marchandises, 1999 et 2003 III. POLITIQUE ET PRATIQUES COMMERCIALES - ANALYSE PAR MESURE III.1 III.2 Proportion de lignes tarifaires consolidées, par section du SH, 2003 Moyenne des taux consolidés, par section du SH, 2003 IV. POLITIQUE COMMERCIALE – ANALYSE PAR SECTEUR IV.1 IV.2 IV.3 Valeur ajoutée dans l'industrie manufacturière, 1999 et 2002 Taux d'intérêt des banques commerciales, 1996-2003 Prix maximum des communications téléphoniques entre Singapour et différents pays 5 14 15 37 38 81 94 100 TABLEAUX I. ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE I.1 I.2 I.3 I.4 Indicateurs macro-économiques, 1999-2003 Principaux indicateurs économiques et sociaux, 1999-2003 Sources des gains de productivité, 1981-2003 Commerce des services, 1999-2003 II. CADRE ET OBJECTIFS DE LA POLITIQUE COMMERCIALE II.1 II.2 Compétences ministérielles en matière commerciale Les accords bilatéraux de libre-échange de Singapour III. POLITIQUE ET PRATIQUES COMMERCIALES - ANALYSE PAR MESURE III.1 III.2 III.3 III.4 III.5 III.6 III.7 Taux consolidés, différentes années Droits NPF appliqués, 2003 Les règles d'origine préférentielles de Singapour, 2003 Normes singapouriennes, 2000-2003 Pourcentage de normes singapouriennes harmonisables alignées sur les normes internationales, 2000-2003 Incitations offertes par IE Singapore Incitations fiscales offertes par l'Office du développement économique IV. POLITIQUE COMMERCIALE – ANALYSE PAR SECTEUR IV.1 IV.2 L'industrie électronique et l'industrie chimique, 1999-2002 Nombre de banques par type et principaux ratios bancaires, 1999-2003 2 3 6 16 21 27 37 39 43 47 47 56 67 82 93 Singapour WT/TPR/S/130 Page vii Page APPENDICE – TABLEAUX I. ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE AI.1 AI.2 Investissement directs à l'étranger, par branche d'activité, 1999-2002 Investissement direct à l'étranger, par pays, 1999-2002 II. CADRE ET OBJECTIFS DE LA POLITIQUE COMMERCIALE AII.1 AII.2 Principales lois relatives au commerce Situation de certaines notifications présentées par Singapour à l'OMC, janvier 2000-janvier 2004 III. POLITIQUE ET PRATIQUES COMMERCIALES - ANALYSE PAR MESURE AIII.1 AIII.2 AIII.3 AIII.4 Prohibitions à l'importation, 1999 et janvier 2004 Produits soumis à une procédure de licence d'importation automatique et non automatique Exportations soumises à un contrôle, février 2004 Aide non fiscale au développement industriel (administrée par l'Office du développement économique et le SPRING) IV. POLITIQUE COMMERCIALE – ANALYSE PAR SECTEUR AIV.1 AIV.2 AIV.3 Détenteurs de licences pour l'électricité, 1er janvier 2004 Incitations offertes par l'Administration monétaire de Singapour Industrie touristique de Singapour, 1998-2003 125 126 127 128 130 132 135 136 140 141 143 Singapour OBSERVATIONS RÉCAPITULATIVES 1) WT/TPR/S/130 Page ix son économie et un déclin de l'emploi, en particulier dans l'industrie manufacturière. ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE 1. Singapour a bien surmonté la crise financière asiatique et son PIB a progressé de près de 7 pour cent en 1999 et 10 pour cent en 2000. La vigueur de ce redressement a été en grande partie due à une politique macro-économique avisée et à l'ouverture de l'économie singapourienne au commerce international et à l'investissement étranger. Toutefois, depuis, le fléchissement de l'économie mondiale s'est lourdement répercuté sur les exportations de Singapour dont le PIB a chuté de près de 2 pour cent en 2001. Les effets de cette mauvaise conjoncture ont été aggravés par l'apparition du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et par les événements du Moyen-Orient en 2003. En conséquence, la croissance est restée lente mais elle devrait s'accélérer pour atteindre 3,5 pour cent à 5,5 pour cent en 2004. Comme l'épargne nationale est toujours largement supérieure à l'investissement intérieur, l'écart étant en moyenne l'équivalent de 20 pour cent du PIB (pour la période 1999-2003), la position extérieure de Singapour reste solide. En particulier, la contrepartie de l'excédent d'épargne, qui a été investi à l'étranger, est l'existence d'excédents courants toujours importants puisqu'ils représentent en moyenne 20 pour cent du PIB (pour la même période). 2. Si la contraction de la demande extérieure a été la principale raison du ralentissement récent de la croissance, Singapour doit aussi résoudre plusieurs problèmes à long terme, notamment le fait que la productivité totale des facteurs (PTF), indicateur clé de l'efficience d'une économie, stagne depuis le milieu des années 90. Cela signifie que, même si la productivité du travail a continué d'augmenter grâce à des taux d'épargne et d'investissement élevés, la productivité du capital semble avoir diminué. En même temps, Singapour est exposée à la concurrence de plus en plus vive des producteurs de la région à bas coûts, ce qui entraîne une transformation structurelle de 3. Pour faire face à ces problèmes, Singapour a créé un Comité d'examen de la politique économique (ERC), qui a présenté son rapport en 2003. Le gouvernement a déjà donné suite à plusieurs de ses recommandations visant à réduire le coût global de la production. Il a pris les mesures suivantes: baisse du taux de l'impôt sur les bénéfices (qui est passé de 26 pour cent en 2000 à 22 pour cent en 2003), accompagnée d'une hausse de la taxe sur les biens et les services (GST) (dont le taux est passé de 3 pour cent à 5 pour cent), et baisse des cotisations obligatoires au Fonds central de prévoyance (CPF), dont le taux est tombé de 40 pour cent à 33 pour cent (20 pour cent à la charge des salariés et 13 pour cent à la charge des employeurs). 4. Pour relever le défi à plus long terme qui consiste à mettre fin au déclin récent de la PTF et à développer des activités à plus forte valeur ajoutée, le gouvernement mise principalement sur l'investissement dans les infrastructures nécessaires pour certaines branches d'activité et sur des incitations pour y attirer l'investissement privé. L'évolution de la PTF est liée à l'importance de la demande extérieure pour l'économie singapourienne; toutefois, cette évolution et le déclin de la productivité du capital qui y est associée soulèvent quelques préoccupations, notamment en ce qui concerne la politique industrielle interventionniste de Singapour et en particulier le fait que l'épargne considérable du pays est canalisée vers certains secteurs et activités par l'intermédiaire des entreprises liées à l'État (GLC) et au moyen d'incitations. Toutefois, Singapour est en train de redéfinir sa politique industrielle et de privatiser progressivement les GLC non stratégiques et a introduit la concurrence dans certains services. De plus, le gouvernement s'est engagé à adopter une loi générale sur la concurrence d'ici à 2005. WT/TPR/S/130 Page x 2) CADRE DE LA POLITIQUE COMMERCIALE ET DE LA POLITIQUE DE L'INVESTISSEMENT 5. Le commerce de marchandises de Singapour représente trois fois son PIB et, par conséquent, sa croissance dépend beaucoup de la demande extérieure. Singapour est depuis longtemps un partisan convaincu du système commercial multilatéral et accorde le traitement NPF à tous les Membres de l'OMC. Par ailleurs, elle fait partie de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ANASE), du Forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) et de la Réunion Asie-Europe (ASEM). La principale modification intervenue depuis le précédent examen a été la décision de négocier des accords de libre-échange bilatéraux. Alors qu'auparavant Singapour n'avait conclu aucun accord de ce type, en mars 2004 elle en avait signé avec la Nouvelle-Zélande, le Japon, les pays membres de l'AELE, l'Australie et les États-Unis, et était en train d'en négocier avec le Canada, le Chili (Pacifique-3, avec la Nouvelle-Zélande), l'Inde, la Jordanie, le Mexique et la Corée. Sous l'égide de l'ANASE, elle est en négociation avec la Chine, l'Inde et le Japon. En outre, elle pourrait bientôt engager des négociations avec Sri Lanka. 6. Dans le cadre de ses ALE bilatéraux, Singapour a pris des engagements qui vont au-delà de ceux pris dans le cadre de l'OMC (y compris l'AGCS et l'Accord sur les ADPIC), considérant que les ALE peuvent contribuer à renforcer la libéralisation au niveau multilatéral. 7. La responsabilité globale de la politique commerciale relève toujours du Ministère du commerce et de l'industrie. La principale modification apportée au cadre institutionnel de la politique commerciale depuis le précédent examen a été la transformation de l'Office du commerce extérieur (TDB) en une entité appelée International Enterprise Singapore (IE Singapore). IE Singapore, organisme officiel du Ministère du commerce et de l'industrie, aura pour priorité d'aider les entreprises Examen des politiques commerciales basées à Singapour à se développer et à s'internationaliser. Par souci de transparence, outre les consultations régulières avec les principales parties prenantes, telles que les associations professionnelles et les syndicats, le gouvernement a élaboré un projet de loi prévoyant des consultations publiques, généralement par l'intermédiaire de sites Internet de l'État, lorsqu'il y a lieu. 8. L'investissement étranger dans l'industrie manufacturière demeure libre de toute restriction. Les principales modifications concernant la politique de l'IED ont porté sur les services. En 1999, le plafonnement à 40 pour cent des participations étrangères au capital des banques singapouriennes a été supprimé. Le plafonnement à 70 pour cent des participations étrangères au capital des membres de la Bourse de Singapour a par ailleurs été supprimé. Dans le secteur des télécommunications, toutes les restrictions à l'IED (auparavant les participations directes étaient plafonnées à 49 pour cent et les participations indirectes à 24,99 pour cent) ont été levées en 2000. Il y a toujours des limitations de l'investissement étranger dans la radiodiffusion et la télédiffusion (49 pour cent sauf dérogation), les services de presse (plafond porté de 3 pour cent à 5 pour cent en 2002, avec possibilité de dérogation), les services juridiques (sociétés d'avocats et avocats étrangers pratiquant à Singapour) (avec toutefois une certaine libéralisation en 2000) et dans certains secteurs où les GLC occupent une position dominante (par exemple les participations étrangères au capital de la PSA Corporation, qui est une des deux principales entreprises gérant les ports singapouriens, sont plafonnées à 49 pour cent). Il y a aussi des restrictions visant l'acquisition par des étrangers de certains types de biens fonciers, sauf autorisation donnée par l'autorité compétente. Singapour 3) MESURES COMMERCIALES MESURES LIEES AU COMMERCE WT/TPR/S/130 Page xi ET 9. Très peu de mesures sont appliquées à la frontière et la plupart le sont pour des motifs liés à la santé, à la sécurité et à la protection de l'environnement. Le tarif douanier comporte des droits spécifiques pour six lignes seulement (alcools) et tous les autres droits sont appliqués au taux nul. Dans le cadre de ses accords de libre-échange régionaux et bilatéraux, Singapour admet en franchise de droits les produits assujettis à un droit NPF. 10. Singapour a consolidé 69 pour cent de ses droits. La moyenne simple des taux consolidés est actuellement de 7,5 pour cent. L'écart entre la moyenne des taux appliqués et la moyenne des taux consolidés peut être une cause d'incertitude puisqu'elle permet de majorer les taux appliqués jusqu'au niveau de la consolidation; cela ne s'est jamais produit durant la période examinée. Les taux consolidés sont particulièrement élevés pour les matières grasses, les produits végétaux, les préparations alimentaires, les cuirs et peaux, les textiles, les animaux d'élevage et les produits minéraux. Singapour prélève par ailleurs une taxe sur les biens et les services (GST), actuellement de 5 pour cent, qui s'applique à la plupart des marchandises, ainsi que des droits d'accise sur les alcools, les produits pétroliers, les tabacs et les véhicules automobiles. 11. Les autres mesures à la frontière sont des restrictions à l'importation ou à l'exportation qui, sauf dans le cas du riz et du caoutchouc (à l'exportation uniquement pour ce dernier), sont appliquées principalement pour des raisons liées à la protection de l'environnement, à la sécurité et à la santé. L'importation et l'exportation de riz font l'objet de restrictions pour des motifs de sécurité alimentaire et de stabilité des prix; il y a des licences pour le stockage et pour l'importation à des fins autres que le stockage; les importateurs sont tenus de stocker une quantité minimum de différentes variétés de riz, qui sont mises sur le marché en cas de pénurie. L'exportation de caoutchouc est assujettie à une licence dans le but de faire respecter les normes internationales. En outre, Singapour interdit l'importation de véhicules automobiles de plus de trois ans pour des motifs de protection de l'environnement et de sécurité routière. Les véhicules automobiles de plus de trois ans circulant à Singapour doivent passer un contrôle technique obligatoire mais les autorités soutiennent qu'on ne peut pas appliquer cette règle aux voitures de plus de trois ans importées car le contrôle n'est pas une garantie absolue et il est préférable de régler le problème à la source en interdisant l'importation. Afin de limiter le trafic automobile, Singapour perçoit des taxes très élevées sur l'achat de voitures et sur les carburants et exige que le réservoir de toutes les voitures qui se rendent en Malaisie soit au moins aux trois quarts plein au moment de la sortie du territoire. 12. Singapour a très peu recours à des mesures contingentes. Durant la période examinée, elle a supprimé les dernières mesures antidumping qui visaient les barres en acier pour armatures importées de Malaisie et de Turquie. Elle n'a pas pris de mesures compensatoires. Elle n'a pas de loi sur les sauvegardes et, même si elle peut prendre des mesures de sauvegarde en vertu de certains de ses accords commerciaux bilatéraux et régionaux, elle ne l'a jamais fait. Ses prescriptions sanitaires et phytosanitaires sont rigoureuses et chaque cargaison de produits alimentaires importée est contrôlée par les douanes. Certains produits (principalement viandes et volailles) ne peuvent être importés que de certains pays et, dans certains cas, que s'ils proviennent d'établissements accrédités dans ces pays. Singapour base autant que possible ses normes sur les normes internationales et quelque 75 pour cent des normes qui peuvent l'être sont alignées sur les normes internationales. 13. Singapour est partie à l'Accord de l'OMC sur les marchés publics depuis 1997. Dans le cadre des accords bilatéraux qu'elle a WT/TPR/S/130 Page xii récemment signés, elle a offert des concessions supplémentaires en matière d'accès aux marchés. 4) AUTRES MESURES AGISSANT SUR LE COMMERCE 14. Bien qu'elle applique peu de mesures à la frontière, Singapour a une politique industrielle active. Cette politique est mise en œuvre principalement au moyen d'incitations fiscales et autres visant à attirer les investissements dans certains secteurs et activités; actuellement, les incitations donnent la priorité aux activités à forte valeur ajoutée. Un système d'évaluation a posteriori a été mis en place pour examiner l'efficacité des incitations et, suite à cette évaluation, certaines ont été supprimées en 2003 et en 2004. Toutefois, le Secrétariat n'a pas eu connaissance d'analyses de coût/utilité des incitations ou des recettes sacrifiées à ce titre. Par ailleurs, le gouvernement contrôle rigoureusement l'allocation des terrains. Il a cherché à introduire une plus grande flexibilité des salaires, notamment au moyen des recommandations annuelles formulées par la Commission nationale des salaires (NWC), organe tripartite réunissant des représentants du gouvernement, des syndicats et des entreprises. 15. Le gouvernement mène depuis longtemps sa politique industrielle par l'intermédiaire des entreprises liées à l'État (GLC), qui avaient été créées pour appuyer les efforts d'industrialisation du pays à une époque où le marché des capitaux était sous-développé. Les GLC, qui appartiennent à la société holding d'État Temasek, opèrent dans un large éventail de secteurs, notamment la finance, les télécommunications et les médias, les transports et la logistique et les services d'utilité publique, et leur activité (s'ajoutant à celle des autres sociétés créées par des organismes officiels) représente quelque 13 pour cent du PIB. Bien qu'elles opèrent sur des bases commerciales dans le cadre de la Loi sur les sociétés, il y a de plus en plus de pressions en faveur d'une réduction des participations de l'État dans ces Examen des politiques commerciales entreprises. D'après des recherches récentes du FMI, il semble que, même si les GLC ne jouissent d'aucune aide ou garantie de l'État, elles sont plus prisées par les marchés financiers que les autres entreprises, ce qui leur permet de se financer à de meilleures conditions. Outre les sociétés détenues par la Temasek, un certain nombre d'organismes officiels ont aussi créé des entreprises dans le but d'aider certaines activités. Par exemple, l'Office du développement de l'économie a créé la société EDB Investments Pte Ltd (EDBI) pour investir dans le développement de groupes de production et des nouvelles technologies, ainsi qu'une autre société, appelée Startup Enterprise Development Scheme (SEEDS), chargée de cofinancer le lancement d'entreprises innovantes. 16. L'État a vendu certaines participations dans les GLC, y compris durant la période examinée, et le gouvernement a déclaré qu'il allait privatiser toutes les entreprises détenues par la Temasek sauf celles considérées comme stratégiques ou essentielles pour l'intérêt général, ou encore celles qui paraissent avoir un potentiel de croissance internationale. En outre, il a distribué des directives aux ministères et aux organismes officiels au sujet de la création d'entreprises par ces entités. Durant la période examinée (entre 1999 et février 2004), la Temasek a vendu des actions d'une vingtaine d'entreprises dont six paraissent avoir été entièrement privatisées; le Secrétariat n'a pas pu obtenir de données sur la taille ou la part de marché de ces entreprises ni sur leur contribution au PIB. 17. Singapour a des lois sectorielles sur la concurrence (par exemple pour l'électricité, le gaz et les télécommunications) mais n'a pas de politique générale de la concurrence. Une des modifications importantes intervenues depuis le précédent examen est la décision d'adopter une loi générale sur la concurrence, que le gouvernement s'est engagé à promulguer d'ici à 2005. Cette loi s'appliquerait à toutes les activités des entreprises privées et des GLC dans tous les secteurs, sauf exclusions ou exemptions pour des motifs de politique publique et d'intérêt général. En outre, depuis Singapour le précédent examen, Singapour a intensifié ses efforts visant à améliorer le gouvernement d'entreprise, notamment en élaborant un code volontaire du gouvernement d'entreprise pour les sociétés cotées en bourse; un Conseil de la transparence et du gouvernement d'entreprise, créé en 2002, a été chargé, entre autres, de définir des normes comptables, de renforcer le cadre régissant la divulgation de renseignements et les normes d'établissement des rapports et d'examiner et d'améliorer le cadre du gouvernement d'entreprise. 18. Des modifications ont été apportées au régime de la propriété intellectuelle, dont certaines suites à la conclusion d'accords bilatéraux. Ces modifications sont, entre autres, la prolongation de la protection du droit d'auteur jusqu'à 70 ans après la mort de l'auteur, des mesures visant à lutter contre le contournement des technologies qui protègent les œuvres visées par le droit d'auteur, la protection des marques réputées et la prolongation de la durée des brevets de produits pharmaceutiques en cas de retard de l'autorisation de mise sur le marché. En outre, depuis le précédent examen, Singapour a adhéré au Protocole de Madrid sur l'enregistrement des marques (le 31 octobre 2000). Elle a l'intention de modifier sa Loi sur les brevets pour tenir compte des modifications apportées en janvier 2004 au Traité de coopération en matière de brevets, de donner effet aux articles 1 à 6 des Recommandations conjointes concernant les dispositions relatives aux marques réputées (1999) et au Traité sur le droit des marques et d'adhérer à la Convention de Bruxelles relative à la distribution de signaux transportant des émissions transmis par satellite, à la Convention UPOV (1991), au Traité de l'OMPI sur le droit d'auteur (1996) et au Traité de l'OMPI sur les interprétations et exécutions et les phonogrammes (1996) d'ici au début de 2005. 5) POLITIQUES SECTORIELLES 19. Les principales activités économiques de Singapour sont l'industrie manufacturière WT/TPR/S/130 Page xiii et les services (qui représentent environ 26 pour cent et 63 pour cent du PIB respectivement). Le gouvernement s'est fixé pour objectif de maintenir la part de l'industrie manufacturière dans le PIB à 20 pour cent ou plus si possible. Les principales industries manufacturières sont l'électronique et la chimie; les produits électroniques sont les principaux produits manufacturés d'exportation. Singapour est exposée à une très vive concurrence des producteurs à bas coûts de la région et cherche donc à faire évoluer son industrie manufacturière vers des activités à forte valeur ajoutée. Le gouvernement cherche en outre à limiter le coût des intrants, notamment en accroissant la flexibilité du marché du travail et en fixant à un niveau approprié les prix d'autres intrants tels que l'électricité et la terre. Il a aussi entrepris de déréglementer et de libéraliser les services d'utilité publique (électricité et gaz). Les réformes les plus importantes ont été menées dans le sous-secteur de l'électricité: la propriété des centrales a été scindée de celle du réseau de transport d'énergie, le marché de la vente au détail a été libéralisé et une nouvelle autorité de régulation du marché de l'électricité a été créée. Ces réformes ont fait baisser le prix de l'électricité. 20. Plusieurs services ont aussi été libéralisés. Dans le secteur bancaire, le gouvernement a mis en œuvre un programme lancé en 1999 pour ouvrir à la concurrence le marché de la banque de détail, qui était relativement fermé. Les restrictions à l'investissement étranger ont été supprimées et des mesures ont été prises pour renforcer le contrôle et le gouvernement d'entreprise des banques. En outre, les restrictions à l'investissement étranger et à l'entrée sur le marché de l'assurance ont été supprimées. Le marché des télécommunications a été libéralisé en 2000, deux ans plus tôt que prévu initialement. Grâce aux mesures de libéralisation qui ont été prises, le nombre de fournisseurs de services a considérablement augmenté et les prix des télécommunications ont baissé. WT/TPR/S/130 Page xiv 21. Plusieurs activités de services, notamment le transport et le tourisme, ont été affectées par le récent fléchissement de l'économie mondiale, la crise du SRAS et les événements du Moyen-Orient en 2003. L'État a fourni des aides temporaires pour relancer la croissance et pour faire revenir les touristes et les voyageurs d'affaires. Le gouvernement essaie de développer les services de santé à l'intention des patients étrangers. Il a reconnu de nouveaux diplômes médicaux étrangers mais l'enregistrement du personnel médical formé à l'étranger reste très réglementé et dépend des offres d'emploi existantes. Singapour continue d'appliquer des restrictions aux non-Singapouriens pour la pratique du droit singapourien; malgré certaines réformes récentes, le nombre total d'avocats autorisés à pratiquer dans le pays est fixé par le gouvernement. 6) PERSPECTIVES 22. Comme l'économie singapourienne est très tributaire du commerce extérieur, durant la période examinée l'activité a subi les répercussions de la récente baisse de régime de l'économie mondiale. L'amélioration de la conjoncture internationale durant la deuxième moitié de 2003 permet toutefois de penser que Examen des politiques commerciales les perspectives économiques immédiates de Singapour sont bonnes. Le redressement du secteur des services après l'épisode du SRAS paraît aussi se poursuivre, notamment en ce qui concerne le tourisme et les services de transport. 23. À plus long terme, les perspectives pourraient être influencées par les mesures que prend actuellement le gouvernement pour faire progresser la PTF ainsi que par les transformations structurelles de l'économie résultant de la forte concurrence des autres producteurs de la région à bas coûts. Pour faire face à ces problèmes, le gouvernement a pris diverses mesures: réforme du régime d'épargne obligatoire (CPF); réduction de l'impôt direct compensée par une augmentation de l'impôt indirect (hausse du taux de la GST et réduction du taux de l'impôt sur les bénéfices); cession progressive des GLC, ce qui réduira le poids de l'État dans l'économie; et projet d'adoption d'une politique générale de la concurrence. Ces modifications structurelles et la libéralisation de services clés et des services d'utilité publique devraient intensifier la concurrence et donc accroître l'efficience de l'économie, ce qui lui permettra de mieux relever ces formidables défis.