Les matelas et coussins d’aide à la prévention et au traitement des escarres.
Caroline Hugeron, Laure Léon, Michelle Bellec, Célia Rech, Djamel Bensmail.
UF Blessés médullaires, Service de MPR, Hôpital R. Poincaré, 92380 Garches.
Les escarres constituent un réel problème de santé publique, augmentant la morbidité
et la mortalité des personnes atteintes et réduisant leur qualité de vie ainsi que celle de leur
entourage [1]. Leur présence multiplie par 2 à 4 le risque de décès chez les personnes âgées en
soins intensifs [2]. La survenue d’une escarre augmente la durée d’hospitalisation et la
lourdeur de la prise en charge. La prévalence dans les hôpitaux européens va de 8,2 à 23%
[3]. Chez les blessés médullaires, l’incidence est de 29% à la phase aiguë, 3% en cours de
rééducation, 17% au cours du suivi [4]. Ces patients ont d’autant plus de risque de développer
une escarre que leur MIF est basse [5]. Une étude américaine a évalué le surcoût de la prise en
charge des escarres chez les blessés médullaires à 2700$ par patient et à 59000$ en cas
d’ostéite associée [6].
La survenue des escarres est multifactorielle. En premier lieu, les pressions prolongées
et/ou intenses sont responsables d’une diminution de la pression transcutanée en oxygène,
source d’ischémie localisée. De ce fait, elles surviennent classiquement au niveau des zones
d’appui (sacrum, omoplates, apophyses épineuses, occiput, talons en décubitus dorsal,
malléoles, trochanter en décubitus latéral, ischions, face postérieures des trochanters en
position assise), mais d’autres localisations sont possibles en fonction de la position du
patient, particulièrement en cas d’attitudes vicieuses. Ces phénomènes d’hyperpression sont
majorés par les troubles moteurs et sensitifs [7]. Les autres causes sont la dénutrition,
l’anémie, la macération en particulier liée aux urines et selles, l’infection associée [8,9]. Les
populations les plus à risque sont donc les patients ayant une atteinte neurologique, les
patients nécessitant une réanimation et les personnes âgées. Des pathologies intercurrentes
vont également augmenter les risques, telles que le diabète et l’artérite.
Les matelas d’aide à la prévention et au traitement des escarres
Evaluation du risque d’escarre.
La prévention et la lutte contre les escarres doivent donc être une préoccupation des
équipes hospitalières et de l’entourage du patient. Le risque d’escarre doit être évalué au
moyen d’échelles et réévalué en fonction de l’évolution (aggravation transitoire à l’occasion
d’un syndrome infectieux intercurrent ou amélioration de l’état neurologique par exemple).
De nombreuses échelles ont été développées, telles que l’échelle de Norton, l’échelle
de Waterloo plus longue de passation, l’échelle de Gonesse…
Parmi les différentes échelles utilisées, l’échelle de Braden (Annexe 1) est
recommandée par l’ANAES en 2001. Elle évalue 6 variables : perception sensorielle,
humidité, activité, mobilité, nutrition, friction et cisaillement : le risque est
considéré comme important si le score est supérieur à 7, élevé de 8 à 12, modéré de 13 à17 et
bas au-dessus de 18.