TES, TL, TS Après la guerre froide, le monde depuis 1991.
Diffusion d'une interview d'H. Kissinger avant le 11-O9-01. Commentaire du discours de G. Bush père au congrès, le 11/09/91.
En 1991, Georges Bush père annonce l'instauration d'u nouvel ordre mondial ( " New world order " ). Il désigne ainsi la mise en
place un monde de paix et d'harmonie qu'il espère à l'issue de la guerre froide.
Cet espoir est-il satisfait aujourd'hui ?La fin d'un monde bipolaire marque-t-elle le début d'une ère sans affrontements ?
Comment s'organise le monde aujourd'hui ? Est-il dominé par une ou plusieurs puissances ? Quelles sont ses lignes de
fracture, ses divisions ?
I Plusieurs visions du monde après la guerre froide.
L'organisation géopolitique du monde peut être interprétée ou souhaitée selon plusieurs visions . Celles-ci dépendent du point
de vue ou du parti pris idéologique adopté.
Un monde unipolaire.
Un monde unipolaire serait un monde dominé par une superpuissance. C'est la thèse de l'hégémonie américaine. Dans cette
description, les E-U seraient les " gendarmes du monde ". Ce pays adopterait des décisions de façon unilatérale (choix de
l'intervention préventive en Irak ) , sans consulter les autres nations ( absence de multilateralisme) et sans sollicitation des
grandes organisations internationales (absence de résolution de l'ONU). C'est la thèse défendue par les néo-conservateur
qualifiés de " Faucons " à Washington tels que le vice-président Dick Cheney et " le ministre de la Défense " (secrétaire d'Etat
responsable du Pentagone) Donald Rumsfeld ou Paul Wolfowitz.
Mais il serait faux de considérer que cette domination a toujours été souhaitée par les autorités américaines et par les
américains. Après avoir ordonné un bombardement sur l'IRAK en 1998, Bill Clinton à la fin de son dernier mandat a voulu moins
impliquer son pays dans les conflits internationaux. Cette attitude était également celle de G. W. Bush au début de son mandat.
H. Kissinger, ancien secrétaire d'État aux affaires étrangères défendait alors également cette thèse. Mais les attentats du 11
septembre 2001 ont rendu ce discours intenable face à l'opinion américaine.
La théorie de la fin de l'histoire.
Cette théorie a été développée par Francis FUKUYAMA en 1992, dans un ouvrage intitulé " La fin de l'Histoire et le dernier
homme ". Selon cet historien américain, la fin du bloc communiste permettrait la généralisation du système de la démocratie
libérale à économie de marché. La raréfaction des économies non intégrées dans le marché mondial et le discours sur la
promotion généralisée de la démocratie semblerait confirmer cette thèse. Il ne faut cependant pas négliger l'existence de
résistances ( mouvement alter mondialistes, promotion d'un modèle social européen) ,d'économies traditionnelles dans le pays
les moins avancés ou le maintien d' États fonctionnant sur le modèle communiste comme la Corée du Nord.
Un monde multipolaire.
Dans ce cas de figure, le monde serait géré de façon multilatérale. C'est la vision du monde promue récemment par J. Chirac.
C'est également celle souhaitée par l'ancien ministre des affaires étrangère H. Védrine. Il convient cependant de noter que
même dans les visions les plus optimistes, ce monde reste très hiérarchisé. Avec des pôles majeurs (la Triade), des pôles
secondaires ou régionaux ( Russie, Chine, Inde, Pakistan, Brésil, Afrique du Sud).
La théorie du choc des civilisations.
En 1996, le politologue Samuel P. Huntington avance dans un article la théorie selon laquelle les relations internationales
s'expliqueraient d'abord par les oppositions entre 9 grands modèles sociétaux. Cette théorie est implicite dans le discours actuel
de la maison blanche qui oppose de façon réductrice le bien au mal ou qui mobilise le vocabulaire de la croisade. Seulement,
cette thèse est manichéenne et dangereuse. Elle réduit la définition des civilisations aux religions, elle néglige l'aspect mouvant
et perméable des cultures mondiales. Dans certains cas, on peut même se demander si elle ne légitime pas certains
affrontements.
La division Nord-Sud.
C'est une réalité. Cette opposition est le reflet des inégalités de développement dans le monde. Cependant, il ne faut pas
s'arrêter à cette seule division car le nord et les sud sont des ensembles hétérogènes. (voir leçon sur la diversité des suds)
En réalité, ces visions du monde se superposent. Réduire l'interprétation des relations internationales à l'une ou l'autre d'entre
elles, c'est négliger une dimension ou un éclairage important de la question.
II La fin d'un affrontement, mais de nombreux conflits.
La fin d'un affrontement Etats-Unis /URSS ?
Il est indéniable que l'année 1991 marque la fin de la guerre froide, c'est à dire d'un affrontement de blocs organisés sans conflit
direct entre les deux leaders internationaux. On a même assisté à un net rapprochement entre les E-U et la Russie. A la suite
du 11 septembre, Vladimir Poutine s'est même présenté comme un allié des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme
international qu'il assimile à la question Tchétchène. En mai 2002, un conseil OTAN /Russie a été crée. Mais dans le même
temps, la Russie voit d'un mauvais œil l'opération d'isolement que mènent les Etats-Unis en intégrant d'anciens pays de l'est
dans l'OTAN comme la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque, les pays Baltes, la Roumanie ou la Bulgarie. Il est à noter
qu'en 2003, la Russie a, comme la France, rejeté le principe d'une intervention en Irak.
La fin d'un péril nucléaire ?
Depuis la fin de la guerre froide, les deux grands cherchent à réduire leur arsenal nucléaire. Par exemple, en 2001, G. BUSH et
V.POUTINE ont signé un accord destiné à réduire leur armement de 2500 missiles pour les E-U et 1700 pour la Russie. De ce
point de vue, on observe donc un processus de déprolifération verticale. C'est à dire qu'il y a une réduction du nombre des
armes nucléaires.
Seulement, le risque de prolifération horizontale demeure. Le nombre d'États soupçonnés de posséder l'arme nucléaire ou des
programmes avancés augmente.
Aux 5 États qui possèdent officiellement l'arme nucléaire ( E-U -5000, Russie-5000, France-400, R-U-300, Chine-300) ,
s'ajoutent désormais des États qui possèdent l'arme nucléaire sans le déclarer ( Inde , Pakistan, Israël) et des États sur
lesquelles pèsent de fortes présomptions de détention ( Iran- Corée du Nord) . Il existe également des cas particuliers, comme
celui de l'Afrique du Sud qui a détenu l'arme nucléaire dès 1978, mais qui a abandonné tout programme nucléaire. L'Argentine
et le Brésil ont également abandonné leur programme.
La fin des conflits ?
Il est évident que la fin de la guerre froide ne correspond pas à une fin des guerres. La fin d'une menace n'a pas entraîné la fin
des conflits.
Il est possible de proposer une typologie des conflits.
Guerre : lutte entre deux ou plusieurs peuples ou pays en armes ( on admet que la guerre oppose deux partis de forces
relativement égales).
On distingue, en général, deux types de conflits :
Les conflits internationaux ou conflits inter-étatiques.
Les motifs de ces guerres sont variés. Conflits territoriaux ( Inde -Pakistan ; Syrie -Liban ; Guerre Iran -Irak)
Rivalités ancestrales avec une dimension politique et religieuse ( Conflits israélo-arabes).
Convoitises économiques ( guerre Irak - koweit )
Les conflits internes.
A dimension nationaliste ou ethnique : (ex- Yougoslavie, Rwanda, Nigeria, Sri Lanka)
A dimension religieuse : Indonésie, Philippines.
A dimension révolutionnaire : Chiapas au Mexique.
Aux motifs politiques complexes mais liés au contrôle du marché de la drogue : Colombie et Birmanie.
Il convient de noter enfin l'existence des conflits qui se manifestent par le terrorisme.
Face à ce terrorisme, les États sont fragilisés mais pas démunis. La question est de savoir si les réponses conventionnelles
sont adaptées à ce type d'affrontement qui n'est pas nouveau mais dont les dimensions ont changé. Nous en étudierons un
aspect dans le chapitre suivant.
Conclusion : La fin d'un mode bipolaire correspond à l'affirmation d'une superpuissance, certes, mais son hégémonie n'est pas
totale. D'autres puissances tentent dans leur intérêt de promouvoir le multilatéralisme. On observe également que les guerres
n'ont pas pour autant disparu ni la menace nucléaire. Les organisations internationales de maintien de la paix ont donc peut
être encore un rôle à jouer.
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